Chapitre 16 : Kayako

Carrie était assise à l'ombre d'un arbre sur l'île de Ponza, l'air pensif, son téléphone en main. Ses doigts glissaient sur l'écran tandis qu'elle parcourait des articles et des vidéos en ligne, une expression de plus en plus inquiète se dessinant sur son visage. Après avoir récemment découvert un monde où les malédictions étaient bien plus réelles que ce qu'elle aurait jamais cru possible, chaque légende semblait porter une nouvelle menace. C'est alors qu'une vidéo attira particulièrement son attention. Elle parlait d'une maison maudite au Japon, un endroit où tous ceux qui y entraient étaient condamnés à une mort certaine.

Carrie en avait entendu parler, mais elle n'avait jamais pris ces récits au sérieux. Pourtant, après avoir vu Gabriel combattre Sadako, elle savait que certaines de ces légendes étaient bien plus qu'un simple folklore. Son cœur se serra en pensant à ce que cela pourrait signifier. Elle savait qu'elle devait en parler à Gabriel, immédiatement.

Elle se leva, le regard perdu dans la mer, et se précipita vers la demeure de Gabriel et Circé. Gabriel était assis, en pleine méditation, mais elle n'osait pas attendre.

— Gabriel, je suis désolée de te déranger, mais il faut que tu voies ça, dit-elle en lui tendant son téléphone.

Il ouvrit les yeux, prenant l'appareil avec une certaine curiosité. Il regarda la vidéo, ses traits se durcissant à mesure qu'il écoutait les récits glaçants des survivants et des témoins. Une maison où la mort et la haine régnaient, où chaque visiteur rencontrait un destin terrible.

— C'est plus qu'une simple rumeur, souffla Carrie. Je le sens, tout comme tu as senti la présence de Sadako.

Gabriel hocha lentement la tête, réfléchissant. Le Japon était imprégné de mysticisme et de forces occultes anciennes. Cette maison pouvait très bien être le foyer d'une nouvelle entité, et peut-être une encore plus ancienne et plus terrible que Sadako.

— Tu as bien fait de me prévenir, Carrie, répondit-il calmement. Je vais enquêter sur place. Il faut savoir si cette malédiction est réelle ou non.

Carrie l'observa, inquiète, mais elle savait qu'il ne reculait jamais face au danger. Il se leva, prêt à partir. Circé, toujours silencieuse mais présente dans l'ombre, observa la scène. Elle ne dit rien, mais leurs regards se croisèrent. Elle avait confiance en Gabriel.

L'arrivée à Tokyo fut immédiate. L'aura mystique de Circé l'avait transporté jusqu'à la métropole japonaise en un clin d'œil. Il marchait à travers les rues bondées, sous l'apparence de Gabriel Belmont, un simple mortel aux yeux des passants, mais il pouvait déjà sentir l'atmosphère se modifier à mesure qu'il approchait de son objectif. Ce quartier résidentiel banal cachait bien plus qu'il n'y paraissait.

Les bâtiments, tous identiques, se tenaient en rangées parfaitement alignées. Mais alors qu'il se rapprochait de la maison maudite, l'air semblait devenir plus lourd, chaque pas résonnant dans ses oreilles comme si le silence l'enveloppait. Il observa les alentours, notant l'absence de vie. Aucun oiseau ne chantait, aucune voix ne s'élevait des maisons. Tout était trop calme.

Dracula savait que cette mission serait différente des précédentes. Ici, il affrontait un mal plus insidieux, enraciné dans les fondations mêmes de cette demeure.

Les rumeurs étaient vraies, pensa-t-il. Cette maison n'était pas un simple lieu hanté. Elle suintait la mort. Chaque brique, chaque planche de bois était imprégnée de l'horreur du passé. La malédiction s'était accrochée à cet endroit, comme un cancer, refusant de partir.

Alors qu'il se tenait à une certaine distance, Gabriel ferma les yeux, se laissant porter par les énergies autour de lui. La tristesse profonde qui en émanait était presque tangible. Il ressentait la douleur d'une femme, Kayako. Son nom, gravé dans les échos spirituels de cette demeure, résonnait dans les abysses de son esprit. Le meurtre brutal qu'elle avait subi, la trahison, la haine... Tout cela se déversait dans ce quartier comme une vague de désespoir sans fin.

Il inspira profondément, préparant son esprit et son corps à l'affrontement imminent. Contrairement aux esprits plus récents, Kayako portait en elle une souffrance qui avait transformé sa propre mort en une force destructrice, piégeant tous ceux qui osaient pénétrer cet endroit maudit.

— Cette maison est imprégnée de douleur et de mort, murmura Gabriel, les yeux toujours fermés. Le mal ici est profond, enraciné dans le passé. Mais je ne reculerai pas.

La mission serait périlleuse, mais Gabriel Belmont, Seigneur des Ténèbres, savait qu'il ne pouvait laisser cette entité continuer de tourmenter les âmes innocentes. Il se rapprocha lentement de l'entrée, prêt à affronter Kayako et la malédiction qui entourait cette maison.

Un frisson parcourut son échine alors qu'il se tenait devant la porte, prêt à entrer.

Gabriel ouvrit la porte de la maison maudite avec une lenteur calculée. La poignée glaciale, couverte d'une fine pellicule de poussière, cédait sous sa pression, émettant un léger grincement sinistre. Dès l'instant où il posa un pied à l'intérieur, l'atmosphère changea du tout au tout. Le froid se fit plus intense, comme si l'air lui-même portait le poids d'un mal ancien, imprégné de désespoir. Ses sens, aiguisés par des siècles d'expérience, captèrent immédiatement une présence invisible, tapie dans les ombres de la maison. Chaque recoin semblait respirer la souffrance et la mort.

Il referma la porte derrière lui, coupant le monde extérieur et s'immergeant complètement dans le royaume de Kayako. L'intérieur de la maison était étrangement ordinaire, mais cette banalité rendait l'endroit encore plus inquiétant. Les meubles, bien que recouverts de poussière, étaient en place, comme si les habitants de la maison étaient partis brusquement, laissant derrière eux une scène figée dans le temps.

Les murs, jaunis par les années, paraissaient s'étirer et se contracter légèrement, comme s'ils étaient vivants. Chaque pas de Gabriel sur le sol en bois provoquait un craquement, mais ce n'était pas le seul bruit qui résonnait dans la maison. Des chuchotements, presque imperceptibles, flottaient dans l'air. Des murmures indistincts, étouffés, comme si quelqu'un, quelque part, essayait de parler mais n'en avait plus la force. Gabriel savait qu'il était observé.

Il avança prudemment dans le couloir, ses yeux perçant les ténèbres. Le long des murs, il pouvait apercevoir des traces, des éclaboussures de sang séché à peine visibles, témoins d'une violence passée. Chaque pièce qu'il traversait dégageait une sensation plus forte de malaise, comme si la maison elle-même cherchait à le repousser.

Puis, dans l'une des pièces à l'arrière de la maison, il découvrit ce qu'il cherchait : des fragments de l'histoire tragique de Kayako. Des journaux intimes, éparpillés sur une table, des photographies encadrées montrant une famille apparemment heureuse, et un miroir brisé. Gabriel s'approcha des journaux, feuilletant les pages avec une attention particulière. Les mots, griffonnés à la hâte, racontaient la descente aux enfers d'une femme autrefois pleine de vie, piégée dans une relation marquée par la jalousie et la suspicion. Le mari de Kayako, en proie à une paranoïa destructrice, avait fini par la tuer, la croyant infidèle.

Les dernières pages étaient tachées de sang, des mots à peine lisibles, comme si Kayako elle-même avait tenté de laisser une trace de son désespoir dans ses derniers instants.

Gabriel fronça les sourcils. "La haine et la douleur", murmura-t-il. "C'est ce qui a donné naissance à cette malédiction."

Il réalisa que Kayako n'était pas simplement une âme en peine ; elle était devenue une manifestation pure de la haine, son désespoir et sa colère ayant imprégné les murs de cette maison, piégeant quiconque y entrait dans un cycle de souffrance sans fin. La mort de Kayako, violente et injuste, avait libéré une énergie si puissante qu'elle avait corrompu la maison elle-même, la transformant en un lieu maudit.

Gabriel se redressa, ses pensées tournées vers la mission qui l'attendait. Pour briser la malédiction, il devait libérer cette âme tourmentée. Il devait rompre le cycle de haine et de vengeance qui maintenait Kayako prisonnière de cet endroit.

Alors qu'il refermait doucement le journal, un bruit sourd résonna dans la maison. Un craquement, suivi d'un grattement continu, comme si quelque chose ou quelqu'un se déplaçait dans les murs mêmes. Gabriel se redressa, son instinct de prédateur en éveil. Les ombres autour de lui commençaient à se mouvoir, ondulant de manière anormale, comme si elles prenaient vie.

Le grattement s'intensifiait, accompagné de chuchotements incompréhensibles qui semblaient se rapprocher. Gabriel recula lentement, ses yeux scrutant les alentours. Chaque pièce semblait se déformer sous l'influence de la malédiction, et il savait que Kayako approchait. L'air se faisait de plus en plus lourd, chaque respiration devenant plus difficile, comme si une force invisible tentait de l'étouffer.

Puis, soudainement, le grattement s'arrêta. Le silence, plus terrifiant encore que le bruit, envahit la maison. Gabriel se tenait au centre de la pièce, parfaitement immobile. Il savait qu'elle était là, quelque part dans les ténèbres, à l'affût. Le temps sembla s'étirer, chaque seconde devenant une éternité.

Un murmure sourd se fit entendre, suivi d'un bruit glacial. Puis, dans un coin de la pièce, quelque chose bougea. Lentement, une forme émergea des ombres, rampant avec une lenteur insupportable. Gabriel la vit enfin : Kayako. Son corps déformé, tordu par la souffrance et la mort, se déplaçait avec une grâce morbide. Ses longs cheveux noirs cachaient son visage, mais son aura dégageait une haine palpable.

Elle traînait son corps avec des mouvements saccadés, sa respiration gutturale remplissant la pièce d'une horreur indicible. Derrière elle, Gabriel aperçut une autre forme plus petite. L'esprit de Toshio, son fils, au regard vide et sans vie, flottait dans les ténèbres, silencieux mais accusateur.

La tension monta d'un cran, l'air devenant glacial. Gabriel savait qu'il ne pouvait reculer. Il devait faire face à cette manifestation du désespoir, non pas pour l'affronter physiquement, mais pour la libérer de son tourment éternel.

Gabriel n'était pas un simple mortel. Il n'était pas effrayé par la mort, ni par les esprits vengeurs. Ses yeux perçants ne vacillèrent pas en la voyant ramper vers lui, ses bras tordus s'étendant comme pour l'attraper et l'emmener dans son monde d'horreurs sans fin. Au contraire, il sentait en elle la même rage qu'il avait autrefois connue, la même douleur qui, autrefois, l'avait presque consumé.

"Kayako..." murmura-t-il, avec une pointe de tristesse dans la voix, "je comprends ta souffrance. Mais je ne peux te laisser continuer ainsi."

Alors, en un mouvement fluide et naturel, Gabriel se transforma. Son apparence humaine se dissipa, révélant son véritable visage : celui de Dracula. Ses yeux prirent une lueur rougeâtre, ses traits devinrent plus durs, plus sombres, et une aura d'autorité et de puissance se dégagea de lui. Le froid qui l'entourait ne le toucha pas. Sa veste noire flottait légèrement dans l'air stagnant, comme animée par une énergie propre. Il n'était plus Gabriel Belmont, mais le Seigneur des Ténèbres.

Avec une rapidité surnaturelle, il fit jaillir son Shadow Whip, une arme qu'il maîtrisait à la perfection, imprégnée de pouvoir vampirique. Le fouet noir, entouré d'une aura sombre, fendit l'air avec un sifflement mortel. Il frappa Kayako, qui recula sous l'impact, son corps se tordant dans une douleur spectrale. Mais cela ne l'arrêta pas. Kayako se redressa, plus déformée encore, ses mouvements devenant plus chaotiques et imprévisibles.

Gabriel savait que Kayako n'était pas une simple ennemie à détruire physiquement. Elle était liée à la maison, à la malédiction elle-même, et tout combat purement physique ne serait qu'une perte de temps. Mais il devait néanmoins repousser ses assauts, l'empêcher d'atteindre son objectif : l'envahir, le briser de l'intérieur.

C'est alors que Kayako changea de stratégie. Elle cessa ses attaques directes et tenta de pénétrer dans l'esprit de Gabriel. Un frisson glacé parcourut l'échine du vampire. Kayako possédait des pouvoirs bien au-delà de la simple matérialisation. Elle pouvait manipuler les peurs les plus profondes, fouiller dans l'âme de ses victimes pour y trouver des blessures anciennes, et les utiliser pour les détruire.

Soudain, des visions commencèrent à apparaître devant les yeux de Gabriel. Des scènes de morts passées, de souffrances qu'il avait infligées ou endurées au fil des siècles. Des batailles sanglantes, des visages de ceux qu'il avait perdus, des cris étouffés, des flammes engloutissant des villages entiers... Chaque image était plus terrifiante que la précédente, chaque souvenir ravivait une douleur ancienne.

Mais Gabriel ne céda pas. Il ferma les yeux, se concentrant. Il avait déjà traversé ces épreuves, ces souffrances. Il les avait surmontées. Ce n'était pas la première fois qu'il affrontait des visions d'horreur, ni la première fois qu'il combattait un esprit aussi puissant. Il savait que ces images n'étaient que des illusions, des reflets d'un passé qui ne pouvait plus l'affecter.

"Tu ne peux pas me briser, Kayako," murmura-t-il d'une voix ferme, tandis que les images continuaient de défiler devant lui. "Je suis plus fort que ces visions. Plus fort que tes illusions."

Kayako intensifia ses attaques mentales. Elle cherchait désespérément un point faible, une faille dans la forteresse mentale de Gabriel. Mais il n'en avait pas. Ses siècles d'existence, marqués par la douleur et la rédemption, l'avaient rendu invulnérable à ce genre de manipulation. Il avait affronté des démons, des forces bien plus terrifiantes. Et aujourd'hui, il ne comptait pas fléchir.

Le Shadow Whip claqua à nouveau, repoussant Kayako et ses tentatives d'invasion mentale. Gabriel, bien qu'affrontant les manifestations de la malédiction, gardait une concentration inébranlable. Il devait atteindre la source de cette malédiction, la briser, et libérer l'âme torturée de Kayako. Ce n'était plus une simple question de combat, mais de libération.

Alors que Kayako et Toshio tentaient une nouvelle approche, les ombres autour de Gabriel commencèrent à se resserrer. Mais il restait ferme, ses pouvoirs vampiriques le protégeant de l'horreur qui l'entourait. Il savait que la confrontation était loin d'être terminée, mais il ne laisserait pas la haine de Kayako l'envahir.

Dracula était prêt pour la suite du combat, et il savait que la clé de la victoire résidait dans sa compréhension de la malédiction elle-même.

Gabriel restait immobile, les yeux fixés sur l'ombre mouvante de Kayako. Malgré la menace palpable de la malédiction qui l'entourait, il ne voyait pas en elle une simple force destructrice. Derrière la haine et la terreur, il discernait une âme tourmentée, piégée dans une boucle infinie de douleur et de vengeance. Cela lui rappelait son propre passé, lorsqu'il avait lui-même été consumé par la colère et l'obscurité. Aujourd'hui, il était là non pour la détruire, mais pour la libérer de cette prison spirituelle.

Dracula se redressa, son esprit se concentrant sur la prochaine étape. Il savait que le combat physique ne suffirait pas. La malédiction de Kayako n'était pas quelque chose qu'il pouvait simplement trancher ou brûler. C'était une force ancienne, liée au désespoir et à la souffrance humaine, et pour y mettre fin, il devait aller au-delà du simple affrontement. Il devait utiliser ses connaissances occultes et pénétrer au cœur même de la malédiction.

"Kayako..." murmura-t-il doucement, presque pour lui-même. "Tu ne mérites pas ce sort. Je vais briser ce lien qui te retient."

D'un geste fluide, Gabriel sortit de sa veste un petit sac contenant de la poudre sacrée, qu'il avait utilisée lors de ses nombreuses batailles contre les forces des ténèbres. Il l'ouvrit et, avec une grande précision, il traça un cercle sur le sol, autour de lui. Chaque ligne était tracée avec soin, formant un symbole ancien, une protection contre les esprits vengeurs. Puis, il se pencha et grava des runes anciennes dans le sol poussiéreux. Ces symboles, imprégnés de magie millénaire, étaient conçus pour neutraliser les énergies maudites.

Le cercle de protection terminé, une lueur bleutée commença à émaner des runes, irradiant une lumière faible mais puissante. Cette barrière spirituelle empêcherait Kayako de l'atteindre directement, mais ce n'était qu'une mesure temporaire. Il savait qu'il devait atteindre la pièce où elle avait été assassinée pour briser la malédiction à sa source.

Alors que Dracula se redressait, prêt à avancer vers la chambre à l'étage, les manifestations spectrales de Kayako se firent plus agressives. Les ombres s'épaissirent, tourbillonnant autour de lui, tandis que les murs craquaient sous une pression invisible. Des éclats de gémissements et de cris remplissaient l'air, résonnant dans la maison comme des échos des vies brisées qui avaient été piégées ici.

Kayako, plus désespérée que jamais, tenta de pénétrer le cercle de protection, ses longs bras tordus frappant contre la barrière magique. Mais chaque fois qu'elle approchait, les runes scintillaient d'une lumière vive, repoussant son esprit vengeur avec force. Gabriel restait calme, concentré. Il savait que la malédiction luttait pour sa survie, mais il était déterminé à aller jusqu'au bout.

Soudain, une lueur éclatante émergea de l'obscurité : la Void Sword. Dans les mains de Gabriel, cette épée magique était plus qu'une arme physique. Elle pouvait drainer l'énergie spirituelle de ses ennemis, affaiblissant les malédictions et les âmes piégées. D'un mouvement vif, Dracula brandit la Void Sword et frappa les manifestations spectrales qui l'entouraient. Chaque coup portait un impact direct sur l'essence de Kayako, dispersant les ombres qui tentaient de le submerger.

Le premier coup frappa Kayako en pleine poitrine, son corps spectral se tordant sous l'effet de la magie vampirique. Un cri strident s'échappa de ses lèvres, mais elle n'était pas vaincue. Au contraire, elle se replia dans les ténèbres, essayant de réorganiser ses forces.

Gabriel savait qu'il devait poursuivre son offensive. Il avança avec une assurance calme, la Void Sword brillant d'une lumière intense. Chaque fois qu'il frappait l'un des esprits vengeurs ou les ombres qui envahissaient la maison, une partie de la malédiction s'affaiblissait. Mais il sentait que cela ne suffirait pas. Les coups qu'il portait étaient puissants, mais la source de la malédiction était trop profondément enracinée pour être simplement coupée.

La malédiction de Kayako était liée à cet endroit, à cette maison, et plus précisément à la chambre où elle avait été brutalement assassinée. Dracula ne cherchait pas à la détruire, mais à briser le cycle de souffrance qui l'emprisonnait.

"Ce que je fais, je le fais pour toi, Kayako," murmura-t-il en continuant de se frayer un chemin à travers les ombres.

Il gravit les escaliers avec précaution, chaque pas résonnant comme un écho dans la maison silencieuse. L'air devenait plus lourd à mesure qu'il se rapprochait de la pièce à l'étage, là où tout avait commencé. Il pouvait sentir l'intensité de la malédiction augmenter, les murs suintaient presque de cette haine accumulée au fil des années. Kayako n'avait jamais voulu cette vie, ni cette mort. Son âme avait été brisée par la trahison, mais aujourd'hui, Gabriel comptait bien lui offrir une chance de paix.

Lorsqu'il atteignit la porte de la chambre, il s'arrêta un instant. Il savait que c'était ici que la confrontation finale aurait lieu, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine pitié pour Kayako. Ce qu'elle était devenue n'était pas de sa faute. Elle était, à bien des égards, une victime des circonstances, tout comme lui l'avait été autrefois.

"Je ne te laisserai pas souffrir plus longtemps," dit-il doucement avant de pousser la porte.

À l'intérieur, la pièce était telle qu'elle avait été laissée après le meurtre. L'air était lourd, presque irrespirable. Des marques de violence étaient encore visibles sur les murs, et au centre de la pièce, Gabriel pouvait presque voir l'écho de la scène qui s'était déroulée ici des années auparavant. C'était ici que Kayako avait été assassinée, et c'était ici qu'il mettrait fin à la malédiction.

Il leva la Void Sword au-dessus de sa tête, prêt à plonger l'épée dans le sol, là où le sang de Kayako avait été versé. Mais avant qu'il ne puisse frapper, Kayako réapparut devant lui, plus terrifiante que jamais, ses yeux brûlants de haine.

"Tu ne pourras pas m'arrêter," semblait dire son regard, mais Gabriel n'hésita pas. Il savait que c'était sa seule chance.

Avec une détermination inébranlable, il abattit la Void Sword dans le sol, libérant une onde de choc spirituelle qui se répandit dans toute la maison. Les ombres vacillèrent, les murs tremblèrent, et un cri perçant résonna à travers les murs alors que l'âme de Kayako commençait à se libérer.

Gabriel observait en silence, déterminé à finir ce qu'il avait commencé. Il ne laissait aucune place à l'hésitation.

Gabriel sentait que le moment était venu. L'air dans la pièce vibrait sous la pression des énergies surnaturelles, comme si la maison elle-même résistait à l'idée de libérer l'esprit qui y régnait depuis si longtemps. Mais Gabriel savait que pour libérer Kayako, il devait aller au-delà des rituels conventionnels. La malédiction était trop profondément enracinée dans le tissu même de la maison.

Il se concentra, tenant fermement la Void Sword d'une main tandis que, de l'autre, il forma un signe complexe avec ses doigts, un symbole ancien qu'il avait appris au cours de ses siècles d'existence.

"Invocation de Lumière Pure," murmura-t-il, sa voix grave résonnant dans la pièce.

Une lumière douce commença à émaner de ses paumes, grandissant en intensité à chaque seconde. Contrairement aux éclats violents de la Void Sword ou du Shadow Whip, cette lumière n'avait rien de destructeur. Elle était faite pour guérir, pour libérer, et son but ultime était de purifier les âmes piégées par la haine et la vengeance. C'était un pouvoir que Gabriel n'utilisait qu'en de rares occasions, car son propre chemin était souvent celui des ombres et de la nuit. Mais ici, face à Kayako, il savait que c'était la seule manière de briser le cycle.

La lumière se répandit dans la pièce, chassant les ombres qui s'étaient amoncelées dans les coins, repoussant les ténèbres qui avaient enveloppé Kayako depuis sa mort. Kayako, toujours rampant vers Gabriel, fut touchée par ce halo purificateur. Son corps spectral se tordit sous l'effet de la lumière, comme si chaque parcelle de son être était déchirée entre la rage et le soulagement. Un cri perçant s'échappa de ses lèvres, un son à la fois terrifiant et empreint d'une profonde tristesse.

"AAAAHHHHH!"

Le gémissement déchirant de Kayako résonna à travers la maison, faisant trembler les murs. C'était une lutte acharnée. L'esprit vengeur, encore rempli de haine, résista de toutes ses forces. Ses mains tordues tentaient d'agripper le sol, ses cheveux noirs balayant l'air dans une fureur désespérée. Elle ne voulait pas partir, refusait de lâcher prise sur la souffrance qui l'avait tenue captive pendant des années.

Mais la Lumière Pure continuait de croître, formant un vortex autour d'elle, dissociant lentement les liens spirituels qui la maintenaient dans ce monde. Chaque fragment de lumière atteignant Kayako faisait disparaître un peu plus de son essence vengeresse, révélant la véritable âme cachée sous cette façade terrifiante. Sous les couches de rage et de malédiction, il y avait encore une trace de l'ancienne Kayako : une femme qui n'avait été qu'une victime.

Gabriel la regarda, sans haine, sans colère, seulement avec une détermination tranquille.

"Ton temps ici est révolu, Kayako. Ce monde n'est plus le tien. Rejoins ceux qui t'attendent de l'autre côté."

À ces mots, Kayako sembla ralentir, son corps spectral se figeant presque, comme si, malgré elle, elle entendait l'appel de l'autre côté. Ses mouvements devinrent plus hésitants, moins violents. La Lumière Pure enveloppait maintenant toute la pièce, illuminant chaque recoin autrefois envahi par les ténèbres. Les grattements des murs cessèrent, les murmures disparurent, et la maison se retrouva plongée dans un calme surnaturel.

Finalement, le cri de Kayako se transforma en un gémissement plus doux, plus humain. Son visage déformé par la haine commença à se lisser, perdant l'horreur qui l'avait définie pendant tant d'années. Une larme fantomatique coula sur sa joue pâle avant que son corps ne se désagrège lentement en poussière d'ombre, emporté par la Lumière Pure.

Gabriel sentit une onde de choc spirituelle balayer la pièce, comme un poids immense qui se levait enfin. La malédiction de Kayako, source de terreur et de désespoir pendant tant d'années, venait d'être brisée. La maison, autrefois théâtre de tant d'horreurs, était maintenant vide, dépourvue de toute présence maléfique.

Le silence qui s'ensuivit était presque assourdissant. Gabriel se redressa, abaissant la Void Sword, son regard parcourant la pièce qui semblait soudain bien plus petite et bien moins intimidante sans la présence de Kayako.

Un léger sourire se dessina sur son visage. Il savait que Kayako n'était plus une menace pour ce monde, et même si elle ne pouvait plus revenir, son esprit semblait apaisé. Elle était enfin libre de la haine qui l'avait consumée.

Gabriel se détourna de la chambre, se dirigeant vers la sortie de la maison. Chaque pas qu'il faisait semblait plus léger, comme si l'air lui-même s'était purifié. En franchissant la porte d'entrée, il leva les yeux vers le ciel, laissant la douce lumière du matin percer à travers les nuages gris.

"Repose en paix, Kayako," murmura-t-il, avant de disparaître dans l'ombre, prêt à affronter les prochaines ténèbres qui surgiraient dans ce monde.

Dracula resta immobile quelques instants après la disparition de Kayako et Toshio. La maison, autrefois imprégnée d'une atmosphère étouffante, de haine et de désespoir, était redevenue silencieuse. Le calme qui régnait à présent semblait presque surréaliste, comme si le lieu, enfin débarrassé de la malédiction qui l'avait enchaîné pendant tant d'années, respirait de nouveau. L'air, qui avait été lourd et oppressant, s'était allégé, laissant la pièce baignée dans une étrange sérénité.

Gabriel scruta les murs fissurés, les meubles délabrés, témoins d'une tragédie passée. Il pouvait encore sentir les traces résiduelles du drame qui avait dévasté cette famille, mais elles n'avaient plus de pouvoir sur ce lieu. L'âme de Kayako, libérée de son fardeau, ne reviendrait plus hanter ces lieux. Il savait que cette maison, désormais, ne serait plus qu'une coquille vide, dépourvue des ombres qui l'habitaient.

Dracula se dirigea lentement vers l'entrée, laissant son regard vagabonder une dernière fois sur les lieux. Il ne restait plus de signe de Kayako ou de Toshio, plus de gémissements ni de grattements, rien d'autre que le silence. Il resta encore un moment, écoutant ce calme étrange, presque apaisant. Il savait que, parfois, ces victoires silencieuses, ces libérations d'âmes en peine, avaient autant de valeur que les plus grands triomphes contre les forces des ténèbres.

Il sortit finalement de la maison, laissant derrière lui un endroit qui avait autrefois été un lieu de terreur. Le soleil, caché derrière une fine couche de nuages, jetait une lumière pâle sur le quartier résidentiel silencieux. Le contraste entre l'horreur qui s'était déroulée à l'intérieur de la maison et la normalité apparente de l'extérieur ne manqua pas d'interpeller Gabriel. Ce genre de malédictions, invisibles au monde extérieur, n'était que trop fréquent. Mais aujourd'hui, une autre tragédie avait pris fin.

Alors qu'il s'éloignait de la maison, Gabriel ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine tristesse. Kayako n'avait jamais été une créature de pure malveillance. C'était la souffrance et la trahison qui l'avaient transformée en une force vengeresse, tout comme tant d'autres esprits qu'il avait croisés au cours de sa longue existence. Cette histoire lui rappelait à quel point la haine et la vengeance étaient des poisons insidieux, capables de transformer les victimes en bourreaux.

Le fait d'avoir libéré Kayako lui procurait une certaine satisfaction, non pas parce qu'il avait vaincu une autre créature, mais parce qu'il avait brisé un cycle de souffrance et de destruction. Il savait qu'au fond de cette malédiction, il y avait eu une âme piégée, cherchant à se libérer de sa propre douleur.

"Les ténèbres ne sont pas toujours le plus grand ennemi," murmura-t-il pour lui-même. "Parfois, c'est le poids du passé qui enchaîne une âme."

Ses pensées dérivèrent vers Carrie, et il se demanda si elle comprenait vraiment à quel point il était essentiel de ne jamais laisser la douleur et la colère dicter ses actions. La malédiction de Kayako était un exemple tragique de ce qui arrivait lorsqu'on laissait les émotions négatives prendre le dessus.

Dracula s'était toujours efforcé de maintenir un équilibre entre son propre passé sanglant et sa quête de rédemption. Il comprenait Kayako mieux que quiconque, mais il savait aussi que certaines âmes devaient être guidées vers la paix, même si elles ne le comprenaient pas elles-mêmes.

Après avoir accompli sa mission, Gabriel retourna à Ponza, la tranquillité de l'île italienne contrastant avec l'horreur de la maison japonaise. Il trouva Carrie en train de se promener près de la mer, ses yeux brillants de curiosité et de questions. Dès qu'elle aperçut Gabriel, elle accourut vers lui, impatiente d'en savoir plus.

"Alors, Gabriel, c'était vrai ? La maison était vraiment maudite ?" demanda-t-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

Gabriel hocha la tête. "Oui, Carrie. La rumeur était vraie. La maison était hantée par une âme tourmentée, une victime de la tragédie qui s'y est déroulée."

Carrie le regarda, incertaine de ce que cela signifiait. "Et tu as réussi à la... détruire ?"

Gabriel prit une profonde inspiration, cherchant les mots justes. "Pas la détruire. La libérer. Kayako n'était pas un monstre, elle était une victime, tout comme les personnes qu'elle hantait. Mais elle était piégée dans un cycle de vengeance. Mon rôle n'était pas de l'anéantir, mais de l'aider à trouver la paix."

Carrie sembla réfléchir à ces paroles, ses yeux cherchant dans les siens une explication plus profonde. "C'est ce que tu fais ? Libérer des âmes piégées dans la douleur ?"

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Gabriel. "Pas toujours. Il y a des monstres à combattre, des ténèbres à repousser, mais parfois... il suffit de comprendre la souffrance pour briser la malédiction. Tous ne sont pas des ennemis à abattre. Parfois, ce sont des âmes à sauver."

Carrie hocha la tête, semblant comprendre, au moins partiellement. Elle avait vu de près les forces obscures qui régnaient sur ce monde, mais elle apprenait que tout n'était pas une question de pouvoir ou de destruction. Il y avait aussi une place pour la compassion, même dans les situations les plus sombres.

Leur discussion dériva vers des sujets plus légers alors qu'ils se promenaient le long de la plage. Gabriel, malgré son air toujours imposant et taciturne, semblait apaisé. Il avait accompli une nouvelle mission, mais plus encore, il avait donné une leçon importante à Carrie. Le monde était rempli de créatures effrayantes, mais il y avait toujours de l'espoir, même pour celles qui semblaient irrécupérables.

"Viens, Carrie," dit-il finalement. "Il est temps de rentrer. Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre et à préparer."

Carrie sourit, suivant son mentor avec une confiance renouvelée. La malédiction de Kayako avait été brisée, mais Gabriel savait que leur voyage ne faisait que commencer. D'autres défis les attendaient, mais ils étaient prêts.