Chapitre 24: Jason Voorhees

L'île de Ponza s'étendait sous le ciel crépusculaire, baignée par une lumière douce qui peignait les eaux d'un bleu profond, presque mystique. Ses collines escarpées, recouvertes de verdure, semblaient être les gardiennes silencieuses d'un sanctuaire oublié par le monde. Loin des regards, loin des tumultes de la civilisation, l'île avait été transformée par Circé en un lieu de paix et de guérison, un refuge où la magie ancienne cohabitait harmonieusement avec la nature.

Gabriel Dracula contemplait l'horizon depuis la terrasse de leur demeure, une ancienne villa romaine restaurée avec soin. Le vent marin caressait son visage, portant avec lui les murmures de l'île. La quiétude qui régnait ici lui apportait un apaisement qu'il n'avait jamais connu dans sa longue existence. Pour la première fois depuis des siècles, il avait trouvé un semblant de paix. Pourtant, même dans ce cadre idyllique, il restait vigilant, conscient que le monde extérieur recelait encore des horreurs à affronter.

À l'intérieur de la villa, Circé était plongée dans un rituel de divination, ses longs cheveux noirs tombant en cascade autour de son visage tandis qu'elle se tenait devant un bassin d'eau cristalline. Des runes anciennes entouraient le miroir d'eau, vibrantes sous l'influence de sa magie. Carrie, leur protégée, observait en silence, ses yeux fixés sur les mouvements gracieux de Circé. Elle apprenait chaque jour à maîtriser ses pouvoirs télékinétiques, mais elle savait que la magie de Circé restait bien plus ancienne et plus complexe.

« Qu'est-ce que tu vois ? » demanda Dracula en entrant doucement dans la pièce. Sa voix, profonde et calme, fit écho dans la salle voûtée.

Circé ne répondit pas tout de suite. Elle était concentrée, son regard perçant les flots mystiques des visions qui dansaient sur la surface de l'eau. Finalement, elle se redressa, le visage légèrement marqué par une inquiétude sourde.

« Quelque chose... ou plutôt quelqu'un, » murmura-t-elle. « Une force brutale, implacable... » Elle fit une pause, fermant les yeux pour se recentrer. « Jason Voorhees. C'est ainsi qu'il se nomme. Il est lié à un lac... un lieu de mort et de souffrance. Il est animé par une haine si profonde qu'elle le maintient en vie malgré toutes les tentatives pour l'arrêter. »

Dracula fronça les sourcils. Le nom était inconnu de lui, mais la description évoquait une entité bien plus dangereuse qu'un simple tueur en série. « Un être qui ne peut être détruit par des moyens ordinaires, je présume. »

Circé hocha la tête, toujours plongée dans ses pensées. « C'est plus que cela. C'est une malédiction qui le guide. Son esprit est enfermé dans une boucle de vengeance sans fin. Chaque fois qu'il tombe, il se relève, plus fort, plus haineux. »

Carrie, qui avait écouté attentivement, se tourna vers Dracula, une lueur d'inquiétude dans les yeux. « Tu penses partir pour l'affronter, pas vrai ? » Sa voix tremblait légèrement.

Dracula s'approcha d'elle, posant une main réconfortante sur son épaule. « Oui, je dois. S'il continue, il fera encore d'autres victimes innocentes. Ce n'est pas un mal que je peux ignorer. »

Circé se leva à son tour, ses yeux d'un bleu profond croisant ceux de Dracula. « Fais attention, Gabriel. Ce n'est pas seulement sa force qui le rend dangereux, c'est sa ténacité. Il ne renoncera pas, peu importe les blessures que tu lui infligeras. Mais je sais que tu reviendras... tu reviens toujours. »

Un sourire léger se dessina sur les lèvres de Dracula, une rareté. « J'ai traversé bien pire que cela. Jason ne sera pas différent. » Mais même en prononçant ces mots, il savait qu'il ne devait pas sous-estimer une créature guidée par une haine aussi profonde.

Circé hocha la tête en silence, plaçant une main douce sur la poitrine de Dracula, là où battait son cœur immortel. « Nous t'attendrons ici, Gabriel. »

Dracula quitta la villa en silence, sachant qu'il laissait derrière lui non seulement un sanctuaire, mais aussi sa famille. L'île de Ponza resterait protégée, mais au-delà de ses eaux calmes, une nouvelle bataille l'attendait. Et il irait l'affronter, seul.

Le ciel s'obscurcissait alors que Dracula se préparait à quitter l'île. L'atmosphère paisible de Ponza, si sereine quelques heures plus tôt, semblait soudain plus lourde, comme si elle ressentait l'inquiétude qui pesait sur les épaules de ceux qu'il laissait derrière lui. Devant la villa, Circé et Carrie l'observaient en silence, leurs silhouettes se découpant dans la lumière dorée du crépuscule.

Carrie, qui avait gardé le silence jusque-là, finit par briser la tension palpable. « Gabriel… » commença-t-elle, sa voix tremblante d'une émotion qu'elle peinait à contenir. « Je veux venir avec toi. Je peux t'aider, je le sais. »

Elle fit un pas en avant, ses yeux brillants de détermination. Depuis son arrivée à Ponza, Carrie avait appris à contrôler une part de ses pouvoirs, mais elle restait consciente de la rage destructrice qu'elle contenait en elle. Elle voulait prouver qu'elle pouvait utiliser cette force pour faire le bien, tout comme Dracula l'avait fait avec ses propres ténèbres.

Mais Dracula, sans un mot, secoua la tête et posa un regard bienveillant sur elle. « Non, Carrie. Cette créature… Jason… est différente. Ce n'est pas un ennemi que tu peux affronter seule. Il est sans pitié et insensible à la douleur. Si tu viens avec moi, tu courras un danger bien plus grand que tout ce que tu as affronté jusqu'ici. »

Carrie serra les poings, sa frustration visible. « Mais je ne veux pas rester ici à ne rien faire pendant que tu risques ta vie ! »

Dracula s'approcha d'elle, ses traits se détendant légèrement. « Carrie, tu as encore tant à apprendre. Ta place est ici, avec Circé. Tu dois la protéger en mon absence. » Sa voix se fit plus douce, presque paternelle. « Et si je ne reviens pas… » Il marqua une pause, mais Carrie secoua vivement la tête.

« Ne dis pas ça ! » s'écria-t-elle, des larmes embuant ses yeux.

« Si je ne reviens pas, tu devras prendre soin d'elle, » acheva Dracula, imperturbable mais plein de sollicitude.

Circé s'avança alors, son regard croisant celui de Dracula avec une intensité familière. « Tu reviendras, Gabriel. Je le sais. » Sa voix était basse, mais empreinte d'une confiance inébranlable.

Dracula baissa légèrement les yeux, un rare moment de vulnérabilité perçant son masque de froideur. Il savait qu'elle croyait en lui, qu'elle voyait en lui une force invincible, mais même les créatures les plus puissantes pouvaient tomber face à des malédictions aussi profondes que celle qui rongeait Jason Voorhees.

Circé posa une main sur sa joue, effleurant sa peau froide. « Reviens-moi en sécurité, Gabriel. Pas pour le monde. Pas pour tes quêtes. Reviens pour nous. »

Il lui prit doucement la main et la serra, ses yeux se plongeant dans les siens, silencieusement promettant de tout faire pour revenir. Puis, sans un mot de plus, il se détourna, laissant derrière lui l'île, ses proches, et la quiétude qu'il avait appris à chérir.

La nuit s'étendait maintenant autour de lui, et il savait qu'au-delà de l'horizon l'attendait une créature implacable. Mais il devait y aller, seul, comme toujours.

Le vent soufflait à travers les arbres noueux qui bordaient Crystal Lake, apportant avec lui une odeur de terre humide et de décomposition. La nuit était tombée depuis longtemps, et la lune pleine se reflétait sur les eaux sombres et calmes du lac, donnant l'illusion d'une tranquillité trompeuse. Pourtant, dès que Dracula posa le pied sur les rives du lac, il ressentit la présence maléfique qui imprégnait les lieux. L'air même semblait chargé d'une énergie stagnante, lourde, comme si le temps ici s'était figé dans un cycle éternel de mort et de désespoir.

Crystal Lake était bien plus qu'un simple endroit maudit. C'était un lieu où les ténèbres s'étaient enracinées, nourries par des décennies de meurtres et de souffrances. Les arbres, dressés comme des sentinelles silencieuses, semblaient témoigner des horreurs qui s'y étaient déroulées. Le sol, parsemé de feuilles mortes et de débris, portait les traces d'un passé sanglant, et chaque craquement sous les pas de Dracula résonnait comme un écho sinistre.

« Jason Voorhees... », murmura Dracula en balayant la zone du regard. « Je sens ta présence. »

Il savait que la créature l'attendait, quelque part dans ces bois oppressants. Jason n'était pas un être ordinaire, et Dracula pouvait ressentir l'énergie particulière qui émanait de ce lieu. C'était une aura de vengeance, de haine et de souffrance, un mal enraciné dans la terre elle-même. Les âmes tourmentées de ses victimes semblaient hanter l'endroit, emprisonnées dans un cycle infini de terreur.

Dracula avança lentement, ses sens vampiriques en alerte. Il écoutait, non seulement les bruits de la forêt, mais aussi les pulsations sourdes des énergies occultes qui vibraient sous la surface du lac et dans les profondeurs de la forêt environnante. Le vent semblait murmurer des avertissements, comme si la nature elle-même voulait dissuader quiconque de s'aventurer ici.

Les cabanes délabrées, vestiges d'un camp de vacances abandonné depuis des années, se dressaient comme des ombres grotesques contre le ciel nocturne. Les fenêtres brisées, les portes qui grinçaient dans le vent, tout rappelait que ce lieu avait été témoin de scènes horribles. Dracula, avec son regard perçant, pouvait presque voir les ombres du passé flotter autour des bâtiments, les hurlements silencieux des jeunes gens qui avaient tenté, en vain, de fuir Jason.

Il se pencha légèrement, effleurant du bout des doigts une branche cassée. Les éclats de violence étaient encore visibles, marquant la brutalité avec laquelle la créature traquait ses proies. Jason ne tuait pas seulement, il chassait avec une méthode froide et implacable. Ses victimes n'avaient jamais eu de chance, et même dans leur terreur, elles n'étaient que des pantins dans son jeu macabre.

« Je sens ta haine... » murmura Dracula en se redressant, son regard perçant la pénombre. Il savait que Jason ne tarderait pas à se manifester. L'énergie de la créature n'était pas celle d'un être vivant, mais plutôt celle d'une force ancienne, alimentée par un mal insatiable. Dracula ressentait cette rage, cette vengeance qui pulsait à travers les bois comme un battement de cœur enragé.

Le lac, étendu devant lui, restait étrangement calme, ses eaux noires renvoyant l'image parfaite de la lune brillante. Mais cette sérénité n'était qu'un masque, une façade fragile couvrant les abîmes sombres où la malédiction de Jason prenait racine. Dracula s'approcha de la berge, ses yeux scrutant les eaux troubles. Il savait que c'était ici que tout avait commencé, et que c'était ici que tout devait se terminer.

Il se concentra, fermant un instant les yeux, laissant ses sens vampiriques s'étendre au-delà du visible. Il ressentit le poids des années passées, la souffrance des victimes, mais aussi quelque chose de plus profond, de plus primitif. L'esprit de Jason, ou ce qu'il en restait, était là, tapi dans l'ombre, attendant son heure. Ce n'était pas une créature qu'il pouvait tuer avec de simples coups. C'était une force qui devait être confrontée, une malédiction qu'il devait briser.

Un craquement soudain derrière lui attira son attention. Il se retourna d'un geste fluide, ses sens déjà en alerte. Mais tout n'était que silence et ténèbres. Jason attendait son moment, caché dans l'ombre des arbres ou sous la surface du lac, prêt à bondir lorsque le moment serait propice.

Dracula, cependant, n'était pas un simple mortel. Il n'avait pas peur de cette créature. Au contraire, il attendait leur confrontation avec une patience froide, car il savait que, quelle que soit la brutalité de Jason, il était supérieur à lui. Mais il n'était pas ici pour simplement tuer, il était là pour comprendre. Jason n'était pas un simple monstre ; il était l'incarnation d'une tragédie qui avait transformé une victime en bourreau. Dracula devait aller au-delà de la violence et trouver un moyen de libérer cette âme torturée de son cycle infernal.

« Très bien, Jason », murmura Dracula en s'avançant lentement dans les ténèbres. « Viens à moi. »

Le silence se fit plus pesant encore, comme si la forêt elle-même retenait son souffle. L'affrontement tant attendu ne tarderait plus. Jason Voorhees se révélerait bientôt.

Un silence lourd s'était installé autour de Crystal Lake, si épais qu'il semblait envelopper Dracula. Pourtant, au-delà de ce calme trompeur, il percevait une présence, une force qui se rapprochait lentement, comme un prédateur sûr de sa proie. Puis, sans prévenir, un craquement sinistre résonna dans les bois. Des branches se brisaient, des pas lourds écrasaient le sol meuble, et une silhouette émergea lentement de l'obscurité des arbres.

Jason Voorhees.

Il apparaissait comme un spectre vengeur, une figure imposante qui dépassait de loin la carrure d'un homme ordinaire. Son masque de hockey, fissuré et sale, cachait un visage de haine insondable, mais ses yeux, sombres et inexpressifs, étaient les fenêtres d'une âme rongée par des décennies de souffrance et de colère. Sa machette, rougie par le sang séché, pendait dans sa main droite, traînant sur le sol avec un grincement métallique sinistre. Chaque pas de Jason était lourd, presque mécanique, comme s'il était mu par une force invisible et implacable.

Dracula, immobile, observa la créature s'approcher. Il n'était pas impressionné. Jason était un monstre, oui, mais le vampire avait affronté des créatures bien plus redoutables. Ce n'était pas la brutalité physique de Jason qui le rendait dangereux, mais la ténacité aveugle qui l'animait, cette incapacité à ressentir la douleur, la peur, ou même le doute.

Jason s'arrêta à quelques mètres de Dracula, son souffle rauque brisant le silence. Un moment de tension s'installa, lourd de promesses sanglantes. Dracula fixa les yeux noirs derrière le masque, cherchant une trace d'humanité, une lueur quelconque. Il n'y trouva que le vide.

« Tu n'es plus qu'une coquille vide, » murmura Dracula. « Mais ta haine ne te sauvera pas ce soir. »

Sans un mot, sans un cri, Jason leva brusquement sa machette et se lança vers Dracula, une tempête de violence pure. Sa force brute était redoutable, chaque coup de la machette capable de fendre la pierre et le métal. Pourtant, Dracula, avec une agilité vampirique, esquiva le premier coup sans difficulté. D'un mouvement fluide, il recula légèrement, ses yeux suivant les moindres mouvements de la créature.

Jason, implacable, ne laissa pas un instant de répit. Il continua son assaut avec une brutalité aveugle, sa machette balayant l'air dans des arcs meurtriers. Mais Dracula restait insaisissable, esquivant avec une précision chirurgicale. Ses mouvements étaient un ballet de grâce et de puissance, chaque esquive calculée pour garder Jason à distance sans effort apparent.

D'un geste rapide, Dracula fit apparaître son Shadow Whip, un fouet d'ombre noire qui s'étira comme un serpent vengeur. Le fouet claqua dans l'air, s'enroulant autour du bras de Jason, la lame de la machette prise au piège. Dracula tira violemment, projetant Jason en arrière avec une force inhumaine. Le monstre tituba, mais ne tomba pas. D'un simple geste, Jason brisa le fouet d'ombre comme s'il s'agissait de papier, reprenant immédiatement son attaque.

Dracula plissa les yeux, intéressé. La force de Jason était impressionnante, mais prévisible. Une fois de plus, Jason balança sa machette avec une force titanesque, mais Dracula déploya ses ailes démoniaques et s'éleva dans les airs, hors de portée. Le tueur, incapable de voler, regarda son adversaire avec la même indifférence mécanique. Pour lui, qu'importe la distance, il attaquerait encore et encore jusqu'à ce que sa cible tombe.

Depuis les airs, Dracula observa son adversaire, puis, d'un mouvement rapide, dégaina la Void Sword. La lame, imprégnée d'une énergie glaciale, brilla sous la lumière de la lune. Il plongea soudainement, la lame tranchante s'enfonçant dans l'épaule de Jason, qui grogna sous l'impact. Mais au lieu de reculer, Jason agrippa la lame à deux mains et tenta de forcer Dracula à lâcher prise.

Le vampire ne céda pas. Il enfonça la lame plus profondément, cherchant à paralyser Jason, mais le monstre ne montrait aucun signe de douleur. Même avec une épée plantée dans son corps, Jason continuait d'avancer, tirant sur la lame pour rapprocher Dracula de lui, comme si la douleur n'était qu'une distraction mineure.

« Fascinant, » murmura Dracula avant de relâcher sa prise et de reculer d'un bond. Jason laissa tomber la Void Sword, la lame tombant au sol avec un bruit sourd. Le corps du tueur se régénérait déjà, ses blessures se refermant à une vitesse anormale.

Mais Dracula n'était pas impressionné. Il connaissait ce type de régénération, et il savait comment la contrer. D'un nouveau geste rapide, il invoqua de nouveau son Shadow Whip, l'arme sombre sifflant dans l'air alors qu'elle enroulait cette fois les jambes de Jason, le tirant violemment au sol. Le monstre tomba lourdement, mais se redressa presque instantanément, se débarrassant de l'emprise du fouet avec une facilité déconcertante.

Jason ne ralentissait jamais. Peu importait les blessures, les coups, il se relevait toujours. Chaque fois que Dracula tentait de l'immobiliser, il brisait ses liens comme s'ils n'étaient rien. L'insensibilité totale à la douleur rendait Jason particulièrement dangereux, car il n'avait aucune peur, aucune hésitation. Il avançait toujours, implacable, avec une seule mission : tuer.

Mais Dracula était bien plus qu'un combattant physique. Il dominait ce combat non seulement par la force, mais par la ruse et la stratégie. Chaque mouvement de Jason, chaque coup porté, était une ouverture pour lui, une faiblesse qu'il exploitait sans relâche. Dracula esquivait, contre-attaquait, et frappait là où le monstre était le plus vulnérable. Même si Jason ne ressentait pas la douleur, son corps n'était pas invincible. Il se régénérait, oui, mais à un coût. Dracula le comprenait maintenant.

Jason frappa à nouveau, mais cette fois Dracula contra avec une onde télékinétique, projetant le tueur en arrière avec une force colossale. Jason s'écrasa contre un arbre, brisant le tronc sous l'impact. Mais avant même que la poussière ne retombe, Jason était déjà debout, sa machette toujours en main, prêt à poursuivre son attaque.

« Insensible à tout, » murmura Dracula en se préparant pour la prochaine offensive. « Mais tu n'es pas immortel. Tout le monde a une faiblesse. »

Le vampire se redressa, prêt pour la suite. Jason était une force implacable, mais il n'était pas invincible. Dracula le savait maintenant. Il n'allait pas vaincre Jason par la simple violence. Il devait aller au-delà, comprendre l'essence même de la malédiction qui le maintenait en vie. C'était là que résidait la clé de sa victoire.

Le vent s'était temporairement apaisé autour de Crystal Lake, et, pour la première fois depuis le début du combat, Dracula arrêta ses assauts. Jason, toujours debout malgré ses blessures, le regardait avec une indifférence glaciale. Le silence lourd entre eux semblait presque irréel, comme si le monde avait cessé de tourner pendant un instant. Mais Dracula savait que ce n'était qu'une pause temporaire. Jason attaquerait à nouveau, inlassablement, implacablement. Pourtant, Dracula hésitait.

Il avait déjà affronté des monstres, des créatures assoiffées de sang et de destruction, mais Jason était différent. Sa rage, sa force, et surtout son insensibilité à la douleur semblaient provenir d'une source plus profonde, plus tragique. Ce n'était pas une simple malédiction qui le maintenait en vie, c'était autre chose. Quelque chose de plus ancien, de plus torturé. Dracula le sentait dans l'air, dans l'énergie sombre qui imprégnait le tueur.

Prenant un risque, Dracula plongea ses yeux écarlates dans les orbites sombres du masque de Jason. Il allait là où aucun autre être n'avait osé s'aventurer. Utilisant ses pouvoirs de manipulation mentale, il tenta de sonder l'esprit de Jason, d'explorer les ténèbres qui l'habitaient.

Ce qu'il trouva fut un abîme sans fond.

L'esprit de Jason n'était pas vide, mais saturé de douleur. Dracula perçut des fragments de souvenirs, des éclats d'un passé brisé. Une image d'un garçon, solitaire, rejeté par ceux qui auraient dû le protéger. Des rires moqueurs, des visages d'enfants cruels qui le repoussaient. Puis, le moment tragique : le lac, l'eau froide et sombre, la sensation d'étouffement alors que le jeune Jason coulait, incapable de nager. L'abandon. La peur. La mort.

Dracula vit aussi la douleur d'une mère enragée, Pamela Voorhees, consumée par le chagrin et la vengeance après la mort de son fils. Le lien entre eux était si puissant qu'il avait transcendé la mort elle-même, enfermant Jason dans un cycle de haine et de violence perpétuels. Chaque coup qu'il avait reçu, chaque cri qu'il avait entendu pendant sa jeunesse, s'étaient transformés en une rage incontrôlable, une force brute qui avait pris le contrôle de son corps après sa résurrection.

Jason était une victime, une âme brisée par la cruauté humaine, mais ce qu'il était devenu ne pouvait pas être ignoré. Il avait laissé sa haine, son désir de vengeance, le transformer en quelque chose de bien pire. Ses mains, autrefois innocentes, étaient maintenant couvertes du sang d'innombrables innocents. Dracula ressentait la souffrance dans chaque fibre de son être, mais cela ne justifiait pas les horreurs que Jason avait commises.

« Tu n'as jamais eu de chance, » murmura Dracula, toujours plongé dans l'esprit du tueur. « Mais tu as fait le choix de te laisser consumer par ta haine. »

Il recula doucement de cette plongée dans l'esprit de Jason, un goût amer dans la bouche. Dracula comprenait mieux maintenant. Jason n'était pas simplement un monstre. Il était le produit d'une tragédie humaine, une victime du destin. Mais cela ne changeait rien à la situation actuelle. Jason avait choisi la voie de la violence, et aucune rédemption ne pourrait le sauver.

Dracula leva les yeux vers le ciel nocturne, les étoiles brillant faiblement au-dessus de lui. Il savait ce qu'il devait faire. Jason ne pouvait pas être sauvé, du moins pas par des moyens conventionnels. Cette créature de vengeance était enfermée dans un cycle sans fin, et Dracula devait y mettre un terme.

« Je suis désolé, Jason », dit-il d'une voix empreinte de tristesse. « Mais il faut que cela s'arrête ici. Tu as tué trop d'innocents. Je ne peux pas te laisser continuer. »

Il se redressa, prêt à affronter une dernière fois ce monstre torturé. Il n'était pas ici pour tuer un homme, mais pour libérer une âme qui avait été capturée par la haine et la souffrance. Le seul moyen de libérer Jason de ce cycle infernal était de l'arrêter définitivement, et Dracula savait que cela passerait par une confrontation finale.

Jason, de son côté, ne bougeait pas, comme s'il attendait, insensible à ce que Dracula venait de découvrir. Pour lui, il n'y avait ni paix ni espoir de rédemption. Seulement la vengeance. Et Dracula savait qu'il devait l'affronter avec cette vérité en tête.

Le combat s'était envenimé autour des rives de Crystal Lake, les ombres des arbres pliant sous l'intensité du duel qui s'y déroulait. Dracula, dominant à chaque coup, savait qu'il devait agir vite. Jason Voorhees, malgré les blessures infligées, se relevait sans cesse, implacable. Chaque nouvelle tentative de Dracula d'immobiliser la créature ne faisait que révéler davantage l'étendue de la malédiction qui le liait à ce lieu. Jason n'était pas seulement une force brute, il était la personnification d'une haine profonde, d'une souffrance qui avait pris racine ici, au cœur de ce lac maudit.

« Il est temps d'en finir, » murmura Dracula, sentant que ce n'était pas un adversaire qu'il pouvait vaincre uniquement par la force.

Avec une rapidité vampirique, il bondit en arrière, s'éloignant de Jason. La créature ne tarda pas à se remettre debout, balançant sa machette, ses pas lourds résonnant sur la terre humide. Mais Dracula n'avait pas l'intention de continuer un affrontement physique. Il savait que Jason ne pourrait être détruit par des moyens conventionnels. La malédiction qui pesait sur lui venait des profondeurs du lac, là où son histoire tragique avait commencé. C'est là que Dracula devait l'emmener.

Avec une agilité surnaturelle, Dracula s'élança vers les eaux sombres du lac, ses ailes démoniaques se déployant brièvement pour le propulser. Derrière lui, Jason le suivait, indifférent aux dangers, ses pas lourds éclaboussant la surface de l'eau alors qu'il avançait sans relâche. Dracula ralentit, suffisamment pour attirer Jason plus loin dans les profondeurs du lac.

L'eau, glaciale et noire comme la nuit, engloutit bientôt les pieds de Dracula. Il ressentait la malédiction, le poids lourd de la magie noire qui imprégnait chaque goutte de ce lac. C'était ici que tout avait commencé, ici que Jason avait perdu sa vie et son humanité. Il n'était plus qu'une ombre de lui-même, condamné à répéter le cycle de la violence encore et encore.

« Je sens ton tourment, Jason, » murmura Dracula, ses yeux scrutant l'obscurité qui enveloppait les deux adversaires. « Mais ce soir, tu seras libre. »

Jason, sans un mot, continua à avancer, la mâchoire serrée sous son masque de hockey, ses intentions meurtrières n'ayant pas faibli. Sa machette se leva à nouveau, prête à frapper. Mais avant qu'il ne puisse atteindre Dracula, celui-ci leva les bras, ses yeux s'illuminant d'une lueur surnaturelle.

Le temps sembla ralentir. Les eaux du lac se mirent à vibrer, une onde de pouvoir se propageant autour de Dracula. Le vampire, concentré, rassembla toutes ses forces occultes et divines. Sa voix résonna comme un murmure, mais son pouvoir était palpable. L'Invocation de Lumière Pure, une énergie divine qu'il n'utilisait que dans les moments les plus critiques, s'éveillait en lui.

Un cercle de lumière commença à se former sous Dracula, illuminant les eaux noires du lac d'une lueur éblouissante. Les vagues autour de lui se soulevèrent doucement, comme si même la nature répondait à son appel. Il prononça des paroles anciennes, des incantations oubliées, et bientôt, une vague d'énergie lumineuse se propagea depuis ses mains, s'étendant autour de lui dans un éclat pur.

Jason, frappé par cette lumière divine, recula brièvement, la première trace d'hésitation visible dans ses mouvements. La lumière ne se contentait pas d'aveugler, elle perturbait la malédiction même qui le maintenait en vie. L'aura de haine et de souffrance qui entourait Jason semblait se fissurer sous l'effet de cette pureté, comme si quelque chose de profond, de viscéral, commençait à se briser en lui.

Mais même affaibli, Jason n'était pas vaincu. Dans un ultime sursaut de rage, il se jeta vers Dracula, levant sa machette avec une force décuplée par la haine. Mais Dracula l'avait anticipé. Avec un geste fluide, il évita l'attaque, puis d'un revers de main empli de lumière, il frappa Jason de plein fouet, une onde de pureté divine traversant le corps de la créature.

Jason tituba, sa machette tombant de sa main. Il se tourna lentement vers Dracula, ses mouvements plus lents, plus erratiques. Le masque, fissuré par la lumière, laissait entrevoir des yeux autrefois pleins de haine, mais qui, à cet instant, semblaient refléter autre chose. De la confusion, de la fatigue, peut-être même une infime trace d'humanité.

« Jason... » murmura Dracula, s'approchant de lui, la lumière émanant toujours de son corps. « Repose enfin. »

Avec une douceur presque surnaturelle, Dracula posa une main lumineuse sur la poitrine de Jason. La lumière, pure et bienveillante, s'infiltra dans le corps de la créature, disséminant la malédiction qui avait pesé sur lui pendant tant d'années. Le lac, autrefois si sombre et maudit, commença à réagir à cette purification. L'eau elle-même devint lumineuse, comme si elle absorbait l'énergie libérée par Dracula.

Jason, figé, cessa de bouger. La rage qui avait animé chaque fibre de son être se dissipait lentement, remplacée par une paix qu'il n'avait jamais connue. Ses yeux, autrefois brillants de colère, s'éteignirent doucement, et son corps, désormais privé de la malédiction qui le maintenait en vie, commença à se dissoudre sous l'effet de la lumière.

Lentement, Jason disparut, englouti par les eaux du lac qui semblaient l'absorber dans un dernier adieu. Le masque de hockey tomba lourdement à la surface de l'eau, flottant un instant avant d'être englouti à son tour.

Le calme revint. La surface du lac se lissa, la lumière s'estompant peu à peu jusqu'à ce qu'il ne reste que la lune pour illuminer les eaux redevenues calmes. La malédiction de Crystal Lake avait été levée. Jason Voorhees, enfin libéré de son cycle infernal, reposait maintenant en paix.

Dracula, toujours debout dans les eaux froides, baissa lentement les bras. Il regarda les dernières ondulations du lac disparaître, puis ferma les yeux. « Repose en paix, Jason. »

Le vampire se redressa et, sans un mot de plus, se tourna vers la berge. Le combat était terminé. Jason avait été vaincu, mais plus important encore, il avait été libéré.

Les vagues de la mer Tyrrhénienne déferlaient doucement sur les rivages de l'île de Ponza alors que Dracula marchait silencieusement vers la villa. Le crépuscule teintait le ciel d'une lumière dorée, et malgré la beauté apaisante du paysage, une lourde fatigue pesait sur ses épaules. Le combat était terminé, mais l'écho des ténèbres qu'il avait traversées à Crystal Lake restait encore dans son esprit. Ce n'était pas la violence qui l'épuisait, mais la lourdeur de la malédiction qu'il avait brisée. Jason Voorhees était enfin en paix, mais Dracula savait que d'autres créatures, d'autres âmes torturées, attendaient dans l'ombre.

Circé et Carrie l'attendaient sur la terrasse, leurs visages éclairés par la lueur douce des torches. Dès qu'il posa le pied sur le seuil, Carrie se précipita vers lui, un mélange de soulagement et de peur dans le regard. Elle n'avait pas dit un mot depuis son départ, mais chaque seconde de son absence avait semblé une éternité.

« Tu es revenu… » murmura-t-elle, ses yeux scrutant son visage comme pour s'assurer qu'il était vraiment là.

Dracula, impassible, hocha la tête. « Oui. La menace est écartée. Jason ne reviendra plus. »

Carrie hocha la tête, mais son inquiétude ne se dissipa pas entièrement. Elle savait que chaque victoire de Dracula n'était qu'une bataille dans une guerre sans fin. Circé, debout à quelques pas, s'avança doucement vers lui, une main posée sur son cœur immortel.

« Je savais que tu reviendrais, » dit-elle d'une voix douce, mais teintée de gravité. « Mais tu sembles plus fatigué que d'habitude. »

Dracula détourna les yeux vers l'horizon, là où la mer et le ciel se confondaient dans une union paisible. « Ce n'était pas une créature ordinaire. Jason Voorhees… Il n'était pas simplement un monstre à détruire. C'était une âme torturée, emprisonnée dans une malédiction qu'il n'avait pas choisie. »

Un silence s'installa, lourd de significations. Circé, avec toute sa sagesse millénaire, comprenait la complexité des êtres qu'ils affrontaient. Il ne s'agissait pas simplement d'éliminer les menaces, mais parfois, de les libérer.

« Tu l'as libéré, » dit-elle doucement, devinant ce qui pesait sur son esprit.

Dracula acquiesça, mais son regard restait fixé sur les vagues. « Oui. Il n'était pas responsable de ce qu'il était devenu. Mais cela ne change rien au fait qu'il a tué tant d'innocents. Sa haine était si profonde qu'elle l'a transformé en une force destructrice, et pourtant, au fond de lui, il restait cette âme perdue, un enfant noyé dans les ténèbres. »

Carrie écoutait attentivement, réfléchissant à ce que cela signifiait. Elle aussi portait en elle une grande puissance, une force capable de détruire si elle ne parvenait pas à la contrôler. L'histoire de Jason la touchait de près, bien plus qu'elle ne l'avouait.

« Crois-tu que toutes les créatures que tu affrontes peuvent être sauvées ? » demanda-t-elle timidement.

Dracula se tourna vers elle, son expression impénétrable. « Non. Pas toutes. Certaines choisissent le mal, et celles-là ne méritent pas la rédemption. Mais d'autres, comme Jason, sont victimes de forces qu'elles ne peuvent contrôler. Elles sont prises au piège de leur propre souffrance. C'est à moi de discerner la différence. »

Carrie hocha la tête, pensive. Elle comprenait mieux maintenant le poids que Dracula portait en lui. Il n'était pas seulement un guerrier des ombres, mais un protecteur, un juge des âmes perdues. Circé s'approcha de lui, posant une main réconfortante sur son épaule.

« C'est une lourde tâche, Gabriel, mais tu n'es pas seul. Nous sommes ici avec toi, et nous le serons toujours, » dit-elle, ses yeux pleins de tendresse.

Dracula tourna la tête vers elle, un rare sourire se dessinant sur ses lèvres. « Vous êtes ma lumière dans ces ténèbres. »

Un silence confortable s'installa alors que tous trois observaient l'horizon. La paix sur l'île était palpable, comme un baume apaisant après le tumulte des événements de Crystal Lake. Mais Dracula savait que cette paix, bien que précieuse, était temporaire. Le monde regorgeait encore de créatures maudites, d'âmes torturées, et il savait que son rôle de protecteur ne s'arrêtait jamais.

« Chaque créature que nous affrontons me rappelle une chose, » murmura-t-il finalement, brisant le silence. « Même dans les ténèbres les plus profondes, il y a parfois une lueur de lumière. Certaines âmes peuvent encore être sauvées, même si elles ne le méritent pas toujours. C'est cela qui rend ce combat supportable. »

Circé hocha la tête, comprenant parfaitement ses paroles. Elle aussi, avec ses millénaires d'expérience, avait vu le pire et le meilleur de l'humanité. Dracula, malgré sa nature vampirique, se battait pour un équilibre fragile entre ces deux extrêmes.

« Nous ne pourrons pas sauver tout le monde, » dit-elle, « mais ceux que nous pouvons aider méritent une chance. Même Jason, au fond, a trouvé la paix grâce à toi. »

Dracula resta silencieux un instant, méditant sur ses mots. « Oui. La paix… C'est tout ce que certains recherchent, même s'ils ne le savent pas. »

La nuit s'installa doucement autour d'eux, mais sur l'île de Ponza, la paix continuait de régner. Dracula savait que cette quiétude ne durerait peut-être pas, que d'autres créatures des ténèbres surgiraient. Mais pour l'instant, il trouvait un réconfort dans la présence de Circé et Carrie, dans cette famille qu'il avait choisi de protéger.

Et alors que les ombres s'allongeaient autour d'eux, il se permit de fermer les yeux, juste un instant, savourant ce moment de calme avant la prochaine bataille.