Chapitre 5: Une Nuit sur le Pontar
Le bateau glissait doucement sur les eaux sombres du Pontar, éclairé par une lune pleine et brillante qui se reflétait sur la surface calme du fleuve. L'air était frais, et une légère brise soufflait, apportant avec elle des murmures lointains. Arno, adossé contre la rambarde du pont, regardait l'horizon en silence. Le calme de la nuit l'entourait, et malgré sa tendance à attirer les ennuis, il trouvait cette traversée presque… agréable.
« On dirait une de ces scènes de Titanic, » murmura-t-il en se parlant à lui-même, jetant un coup d'œil aux cabines du bateau. « Tout ce qu'il manque, c'est une histoire d'amour tragique avec des violons et, bien sûr, un iceberg. Mais vu que c'est le Pontar et non l'océan… »
Il haussa les épaules et sourit sous son masque, amusé par l'absurdité de la comparaison. Si seulement ce bateau avait le même luxe que le Titanic. À bord de ce rafiot en bois, les cabines étaient bien plus modestes, et le plus proche qu'ils avaient d'une salle de bal était une petite table branlante dans une cabine où quelques marchands jouaient aux cartes.
Arno laissa son regard errer sur les quelques passagers qui s'étaient aventurés sur le pont pour profiter de la nuit. La plupart semblaient nerveux, lançant des regards furtifs autour d'eux comme si quelque chose allait surgir de l'obscurité. Un marchand, les yeux écarquillés, tenait sa lanterne comme s'il s'attendait à ce qu'un monstre surgisse de l'eau à tout moment. Arno sourit en voyant la scène.
« Eh bien, au moins, ça met un peu d'ambiance. Je me croyais sur La Croisière s'amuse, mais apparemment, c'est plutôt Les Dents de la Mer version fluviale. » Il passa une main sur son masque, essayant de ne pas éclater de rire.
Les membres de l'équipage, eux, semblaient plus détendus. Ils vaquaient à leurs occupations, ignorant les craintes des passagers. Après tout, ils avaient traversé ces eaux des centaines de fois sans incident majeur, et rien dans l'air ne semblait indiquer que cette nuit serait différente. Enfin… presque rien.
Arno se redressa légèrement, sentant une tension subtile dans l'air. C'était presque imperceptible, mais son instinct de sorceleur, toujours en éveil, le lui murmurait. Quelque chose n'allait pas. Peut-être une légère variation dans le bruit de l'eau ou un changement dans la direction du vent. Rien de concret, mais suffisant pour capter son attention.
« Hmm, ça sent l'embrouille, » pensa-t-il en balayant du regard l'horizon, cette fois avec plus de sérieux. « Ou alors c'est juste mon sixième sens qui veut s'amuser. »
Il haussa les épaules et décida de ne pas trop s'en inquiéter pour l'instant. Ce n'était probablement rien. Il avait appris à ne pas s'emballer pour des sensations floues. Si un danger approchait vraiment, il le saurait rapidement.
Il se laissa aller à observer l'équipage plus en détail. Le capitaine, un homme à la barbe grisonnante, surveillait la navigation tout en échangeant quelques mots avec son second. Les voiles claquaient doucement au vent, et le bateau avançait lentement sur le fleuve, ses mouvements presque hypnotiques. En temps normal, une nuit aussi calme serait l'occasion de méditer un peu, ou de faire des projets pour l'avenir. Mais Arno, fidèle à lui-même, préférait plutôt plaisanter avec la situation.
« Et si je faisais comme Leonardo DiCaprio et je criais que je suis le roi du monde ? Non, peut-être pas. Avec ma chance, je finirais par attirer l'attention d'un monstre aquatique ou, pire, d'un couple de nobles qui voudraient m'engager pour des trucs ennuyeux. »
Il se redressa enfin, croisant les bras, son regard toujours fixé sur l'eau. Une pensée l'effleura, presque amusante : tout allait bien. Et c'était peut-être justement ça qui l'inquiétait.
Les passagers, malgré leur nervosité, semblaient s'acclimater à l'atmosphère nocturne. Quelques-uns s'étaient assis dans des coins plus tranquilles du pont, murmurant entre eux, sans doute pour se rassurer mutuellement. Arno les observa, toujours avec ce léger sourire en coin. Il n'avait pas peur des créatures nocturnes, et encore moins des aléas du Pontar. Mais il savait qu'une nuit aussi calme pouvait souvent cacher de mauvaises surprises.
Le vent se fit plus frais, et Arno resserra légèrement sa capuche.
Une légère brume commençait à se lever, recouvrant l'eau d'un voile presque spectral. Les lumières du bateau perçaient à peine l'épaisseur de la brume, créant une atmosphère presque irréelle. C'était beau, en un sens. Paisible.
« Bon, à ce rythme, c'est sûr que je vais finir par chanter 'My Heart Will Go On'. Mais ça risque de faire fuir l'équipage. »
Malgré ses sarcasmes habituels, une tension subtile continuait de flotter dans l'air. Quelque chose n'allait pas. Peut-être que ce n'était rien, juste son imagination qui jouait des tours. Mais l'instinct d'Arno le poussait à rester sur ses gardes. Les nuits trop calmes avaient tendance à cacher des tempêtes.
Alors que la brume s'épaississait, étouffant presque les sons environnants, Arno se redressa encore une fois. Ses doigts glissèrent doucement sur la poignée de Paulette, prête à être dégainée à tout moment. Il jeta un dernier regard vers l'équipage, puis vers les passagers, dont l'inquiétude grandissait à mesure que l'ambiance devenait plus oppressante.
« Oh, je le sens venir, ça va être une de ces nuits. Vous savez, le genre où tout va bien… jusqu'à ce que ça parte en carnage complet. »
Il sourit à cette idée, mais son regard était déjà plus sérieux. Quelque chose approchait, et il ne tarderait pas à le découvrir.
Le vent semblait s'être levé sans prévenir, et la brume s'épaississait à vue d'œil, réduisant la visibilité à quelques mètres seulement. Arno se tenait toujours près de la rambarde, observant les volutes de brouillard qui enveloppaient maintenant le bateau comme un linceul. L'atmosphère paisible du début de la traversée avait laissé place à une sensation d'oppression. Le silence, qui régnait auparavant, était maintenant trop lourd, presque palpable.
« Voilà qui devient intéressant… ou effrayant, selon votre point de vue, » lança Arno à personne en particulier, un sourire toujours accroché à ses lèvres. « J'ai connu des soirées plus calmes, mais j'ai l'impression que celle-ci va me réserver quelques surprises. »
L'équipage, jusqu'ici détendu, commençait à ressentir l'inquiétude monter. Le capitaine, qui se tenait à la barre, fronça les sourcils, scrutant la brume comme s'il essayait de percer un mystère caché. Il échangea quelques mots rapides avec son second, et deux marins se précipitèrent pour vérifier les cordages et ajuster les voiles, comme s'ils pouvaient anticiper une tempête invisible.
Arno, de son côté, ne se laissa pas prendre par la panique ambiante. Il resta debout, les mains croisées, observant la scène avec un mélange d'amusement et de méfiance. Son instinct lui criait que quelque chose se préparait, mais il ne pouvait encore en identifier la nature. Pas de tempête en vue, pas de monstre marin géant à l'horizon, et pourtant… quelque chose d'étrange flottait dans l'air.
« Ils devraient vraiment apprendre à se détendre, » murmura-t-il en jetant un coup d'œil aux passagers qui se serraient les uns contre les autres, comme si leur peur allait les protéger. « Qui sait ? On finira peut-être par se transformer en personnages de Titanic, mais sans la partie romantique tragique. Parce que, sérieusement, qui a besoin de ça ? »
Mais soudain, une ombre passa rapidement dans la brume, à peine visible, mais assez pour qu'Arno s'en aperçoive. Un mouvement furtif, quelque chose qui glissait dans l'obscurité comme un prédateur silencieux. Il fronça les sourcils et posa la main sur Paulette, prêt à réagir.
« Ah, voilà. Les ennuis se pointent enfin. J'allais finir par m'ennuyer. »
Une seconde ombre, plus proche cette fois, fendit l'air autour du bateau. Un souffle glacial accompagna son passage, faisant frissonner l'équipage et les passagers. Des murmures paniqués commencèrent à s'élever, certains des passagers se précipitant sous le pont, espérant trouver refuge à l'abri des cabines. Arno, lui, resta immobile, guettant les moindres signes d'activité.
Un cri déchirant brisa finalement le silence. L'un des marins, posté à la proue du bateau, s'effondra brutalement, son corps projeté en arrière par une force invisible. Son hurlement s'étouffa presque aussitôt dans un gargouillis sinistre. Les autres membres de l'équipage, figés par la peur, n'eurent pas le temps de réagir avant que la créature n'apparaisse.
Arno plissa les yeux et sourit, toujours aussi serein malgré la scène qui se déroulait devant lui. « Bon, on dirait que notre petite croisière a pris un virage… vampirique. » Devant lui, une alpyre émergea de la brume, ses yeux rouges brillant comme des braises dans l'obscurité.
La créature, semblable à un vampire dans toute sa splendeur cauchemardesque, portait des griffes aussi longues que des dagues et des crocs aussi aiguisés que des lames. Elle bondit sur un autre marin avec une rapidité effrayante, lui tranchant la gorge avant de le laisser s'écrouler dans une mare de sang.
Arno dégaina Paulette avec un soupir. « Et moi qui pensais que cette soirée serait calme. » Il se tourna rapidement vers l'équipage, haussant les épaules avec désinvolture. « Ne vous inquiétez pas, je gère. Enfin… si vous ne vous faites pas tous dévorer avant. »
Les alpyres, attirées par le sang frais, commençaient à se regrouper autour du bateau, leurs formes furtives glissant dans la brume comme des spectres. Leurs cris stridents déchiraient l'air, et déjà plusieurs passagers se faisaient happer par les créatures, disparaissant dans le brouillard avec des hurlements d'agonie.
« Et voilà, Une Nuit en Enfer, version fluviale. Manque plus que le Titty Twister et quelques margaritas. »
Arno se lança finalement dans la mêlée, Paulette virevoltant avec une rapidité presque inhumaine. L'alpyre la plus proche tenta de se jeter sur lui, mais elle fut accueillie par la lame en argent qui trancha net dans sa gorge. La créature poussa un dernier cri guttural avant de s'effondrer sur le sol du pont, son corps inerte.
« Allez, mes petits monstres, venez prendre votre dose. Moi, je suis prêt. »
Une alpyre bondit sur un passager terrifié, ses crocs se refermant brutalement sur la gorge de l'homme. Un cri perça l'air, rapidement étouffé par le bruit déchirant de la chair. Le corps du malheureux s'effondra dans une flaque de sang, tandis que l'alpyre hissait son visage ensanglanté vers le ciel, ses yeux brillant de satisfaction macabre.
Arno secoua la tête. « Eh bien, je vois qu'on ne se fait pas prier pour un buffet. C'est Buffy contre les vampires meets Carnage au clair de lune ici. »
Sans attendre, une seconde créature fondit sur l'un des marins, ses griffes lacérant l'air avec une rapidité fulgurante. Le marin tenta de se défendre, levant son bras pour parer l'attaque, mais les griffes de l'alpyre s'enfoncèrent dans sa chair, tranchant l'os comme du beurre. L'homme hurla de douleur, son bras tombant au sol dans un craquement horrible avant que la créature ne le projette violemment par-dessus bord.
Le chaos éclata. Les passagers et l'équipage, terrorisés, se dispersèrent sur le pont, certains essayant désespérément de fuir les alpyres, d'autres paralysés par la peur. La scène ressemblait à un tableau de panique incontrôlable, chaque cri de terreur accentuant le carnage sanglant qui se déroulait sous les yeux d'Arno.
« Bon, allez, assez rigolé, » grommela-t-il en se jetant dans la mêlée. Paulette siffla dans l'air alors qu'il frappait le premier alpyre qui s'approchait. La lame en argent trouva sa cible dans le torse de la créature, traversant ses côtes avant de ressortir dans un éclat de sang noir. La créature poussa un cri strident avant de s'effondrer sur le pont.
« Voilà, qui est la tueuse maintenant ? » lança-t-il avec un clin d'œil imaginaire à Buffy, en extirpant Paulette du cadavre. Il se redressa, un sourire malicieux sur les lèvres. « On dirait que je tiens mieux le rôle qu'elle, non ? »
Mais il n'avait pas le temps de savourer sa réplique. Deux autres alpyres fondirent sur lui, leurs griffes tranchant l'air, cherchant à le déchiqueter. Arno se pencha en arrière, esquivant de justesse, avant de pivoter sur lui-même et d'abattre Paulette en un mouvement rapide. La lame trouva une nouvelle fois sa cible, décapitant l'un des alpyres dans un tourbillon de sang.
« Tête volante, première classe ! » s'exclama-t-il alors que la tête décapitée roulait sur le sol du pont. Le corps sans vie de la créature s'effondra à ses pieds, avant de se tordre en convulsions et de se dissoudre en un amas de poussière noire.
Arno se tourna vers l'autre alpyre, esquivant habilement ses griffes avant de planter Paulette dans sa cuisse. La créature hurla et tenta de s'éloigner, mais Arno la suivit avec une agilité surprenante, enchaînant les coups d'épée avec précision. En quelques secondes, la créature était réduite à un tas de membres dispersés sur le pont, chacun se tordant brièvement avant de s'immobiliser.
« Ils ne tiennent vraiment pas bien la distance, ces types. Peut-être que je devrais leur donner quelques conseils de régénération. »
La scène autour de lui était apocalyptique. Les alpyres attaquaient sans relâche, se jetant sur les passagers avec une faim insatiable. Arno pouvait entendre les cris des victimes se mêler aux grognements des créatures, et le pont était désormais jonché de cadavres mutilés et de sang.
Il évita une nouvelle attaque de justesse, s'accroupissant pour échapper à une créature qui bondissait sur lui. En se redressant, il lança Paulette dans un arc rapide, découpant les tendons de l'alpyre, qui s'effondra sur le sol, hurlant de douleur. Arno s'approcha tranquillement, levant son épée avec désinvolture. « Désolé, mon pote, mais il va falloir que je mette fin à ton abonnement à la Croisière Sanglante. »
D'un geste rapide, il abattit son épée, tranchant net la tête de la créature. Le corps de l'alpyre s'effondra, inerte, tandis que son sang noir coulait à flots sur le pont.
Un autre alpyre tenta de l'attaquer par derrière, mais Arno, toujours sur ses gardes, pivota habilement, envoyant Paulette s'enfoncer dans la poitrine du monstre. Il le repoussa avec force, faisant éclater ses côtes dans une gerbe de sang noir.
« Allez, on enchaîne. Je commence à me sentir comme dans une séance d'entraînement spéciale vampires, et je dois dire que j'ai rarement eu un public aussi enthousiaste. »
Les alpyres semblaient sans fin, surgissant de la brume par vagues, chacun plus avide de chair humaine que le précédent. Mais Arno, fidèle à lui-même, ne flanchait pas. Ses coups étaient précis, ses mouvements rapides, et son humour inépuisable.
« Alors, c'est tout ? On fait du grabuge, on mord deux ou trois passagers, et puis c'est terminé ? » Il esquiva un coup de griffe qui faillit lui déchirer le bras, contre-attaquant immédiatement avec une violence calculée. « Je commence à m'ennuyer. J'espérais quelque chose de plus spectaculaire, comme dans Buffy. Tu sais, des grands combats avec des chorégraphies cools. Mais vous, vous êtes juste… prévisibles. »
Il planta Paulette une nouvelle fois dans le torse d'un alpyre, qui se convulsa avant de tomber au sol, mort.
Le premier assaut des alpyres n'avait été qu'un prélude. À peine les premières créatures réduites en poussière que de nouvelles ombres surgirent de la brume, beaucoup plus rapides et violentes. Le bateau, déjà marqué par le chaos et le sang, devint soudain le théâtre d'une véritable boucherie. Les alpyres, affamées, se déchaînèrent avec une férocité décuplée.
Les cris des passagers et de l'équipage résonnaient dans l'air. Ceux qui n'avaient pas encore succombé à la première vague étaient désespérément en fuite, cherchant une cachette qui, dans cette nuit infernale, semblait inexistante. Quelques marins tentaient de brandir des armes de fortune – haches, couteaux de cuisine, tout ce qui leur tombait sous la main – mais leurs efforts étaient dérisoires face à la puissance et à la rapidité des alpyres.
« Sérieusement, les gars, » grommela Arno en évitant un coup de griffe qui manqua de lui arracher l'épaule. « On dirait des touristes de La Croisière s'amuse tombés dans un film d'horreur. C'est presque gênant. »
Il lança Paulette en avant, tranchant la gorge d'une créature qui s'élançait vers lui. Le sang noir gicla sur le pont alors que l'alpyre s'effondrait, son corps tordu par la douleur avant de disparaître en une traînée de fumée. Mais à peine cette menace écartée qu'une autre surgit de la brume, prête à bondir sur Arno.
Il esquiva de justesse, se penchant en arrière dans un mouvement fluide. « Alors, qui est l'idiot qui a organisé cette croisière de l'enfer ? Parce que sérieusement, je ne suis pas impressionné par le service. »
Un hurlement retentit sur sa droite. Arno se tourna pour voir un passager, un marchand de taille imposante, se faire littéralement déchiqueter par deux alpyres qui s'étaient abattues sur lui comme des prédateurs affamés. L'homme tenta de se défendre, agitant une vieille hache rouillée, mais il n'eut pas le temps de riposter avant que les créatures ne lui déchirent la gorge, aspergeant le pont de sang.
Arno grimaça légèrement. « Ouch. Pas un joli tableau, celui-là. Note à moi-même : ne jamais laisser un humain utiliser des armes. Ils sont aussi utiles qu'un poisson sur la terre ferme. »
Les alpyres ne s'arrêtaient plus. Elles semblaient déchaînées, se délectant de la panique et du carnage qu'elles provoquaient. Chaque cri de terreur, chaque éclat de sang sur le bois du bateau ne faisait qu'intensifier leur frénésie. Et malgré ses efforts, Arno savait que la bataille devenait de plus en plus chaotique.
Mais il ne faiblit pas. Son facteur autoguérisseur travaillait à plein régime. Chaque coup de griffe, chaque morsure qu'il subissait se refermait rapidement, lui permettant de continuer à se battre sans ralentir.
Une alpyre parvint à l'atteindre, plantant ses griffes dans son flanc avec une force terrifiante. Arno grimaça de douleur, mais son sourire sarcastique ne disparut pas. « Aïe… ça, c'est pas sympa. Mais t'inquiète pas, ça se répare. »
Il pivota sur lui-même, envoyant Paulette en pleine tête de l'alpyre, qui lâcha immédiatement prise en poussant un cri de douleur. Le coup fut si rapide et précis que la créature ne comprit pas ce qui lui arrivait avant que sa tête ne roule sur le pont, se transformant peu à peu en cendres.
« Je te l'avais dit. Auto-réparation activée. » Arno souffla un instant, essuyant rapidement le sang sur son flanc, avant de reprendre son souffle. « Sérieusement, c'est ma routine maintenant. Des nuits comme ça, j'en ai tout le temps. Je devrais peut-être écrire un guide sur comment survivre aux attaques de créatures nocturnes. 'Le Sorceleur à la Grande Gueule vous dit tout' ! »
Une autre créature bondit sur lui, ses crocs prêts à se refermer sur son cou. Arno esquiva d'un mouvement rapide, se plaçant derrière l'alpyre avant de plonger Claudette, sa lame en acier, dans son dos. Le cri strident qui s'échappa de la gorge du monstre résonna dans la nuit, avant que son corps ne s'effondre mollement.
Mais les alpyres ne ralentissaient pas. Leurs attaques devenaient de plus en plus violentes, et Arno, bien qu'habitué à ce genre de carnage, sentait que cette bataille ne serait pas facile. Chaque créature abattue était remplacée par deux autres, et le bateau devenait un véritable champ de bataille ensanglanté.
Il jeta un coup d'œil rapide autour de lui. Des cadavres jonchaient le pont, certains marins encore vivants tentaient désespérément de repousser les créatures avec de faibles moyens, tandis que les alpyres s'acharnaient sur ceux qui étaient encore debout. La scène ressemblait à un massacre inévitable, une nuit où personne ne sortirait indemne.
« Eh bien, c'est vraiment une ambiance d'enfer, » murmura-t-il en évitant une nouvelle attaque. « J'aurais dû amener du pop-corn. Ça aurait été parfait. »
Il balança Paulette une nouvelle fois, tranchant la gorge d'un alpyre qui s'approchait dangereusement de lui. Le corps tomba mollement à ses pieds, se dissipant dans la fumée. « Ok, sérieusement, on se calme les gars. J'ai une soirée tranquille à finir ici. »
Les blessures sur son corps commençaient à s'accumuler, mais Arno ne ralentissait pas. Son facteur autoguérisseur continuait de faire son travail, réparant chaque entaille, chaque morsure, comme si son corps refusait d'abandonner.
« Je commence à penser que c'est vraiment devenu une habitude pour moi, ces soirées sanglantes, » pensa-t-il tout en frappant deux autres alpyres. « Un jour, je vais finir par me lasser. Mais ce ne sera pas ce soir. »
Les alpyres continuaient d'attaquer, mais Arno était un véritable tourbillon de lames et de sarcasmes. Chaque coup était précis, chaque mouvement calculé, malgré son air désinvolte. Les créatures tombaient les unes après les autres, mais elles continuaient de surgir de la brume, comme un flot ininterrompu.
Arno, toujours debout malgré ses blessures, esquiva un dernier coup avant de planter Paulette dans le cœur de la créature. « Allez, next ! »
Le silence, interrompu seulement par les grognements des alpyres, devint lourd alors que la brume, déjà épaisse, sembla se refermer encore davantage autour du bateau. Arno, debout au milieu d'un pont jonché de cadavres et de cendres, essuya la sueur qui perlait sous son masque. Ses muscles, bien que régénérés par son facteur autoguérisseur, commençaient à montrer des signes de fatigue. Mais les alpyres n'en avaient pas fini. Et lui non plus.
« Ok, » murmura-t-il pour lui-même, tout en observant les dernières ombres qui se rapprochaient. « Qu'est-ce que diable je suis allé faire dans cette galère ? »
Soudain, la troisième vague d'alpyres se déchaîna avec une sauvagerie qui surpassait toutes les précédentes. Ces créatures, bien plus rapides et agressives, semblaient déterminées à anéantir le peu de résistance restante à bord du bateau. Les membres de l'équipage, déjà décimés, tentaient encore de lutter, mais leurs forces étaient dérisoires face à cette menace surnaturelle. Leurs cris de terreur étaient désormais mêlés aux bruits des griffes déchirant la chair.
Arno esquiva une nouvelle attaque, bondissant sur le côté avec une agilité remarquable. Paulette fendit l'air, tranchant la gorge d'un alpyre qui s'écroula à ses pieds. « Tu ne devrais pas trop te réjouir, mon pote. Ici, c'est moi le boss. »
Les créatures n'en tenaient pas compte, comme si la douleur et la mort n'avaient plus d'effet sur elles. Une autre bondit vers lui, ses crocs prêts à se planter dans sa gorge, mais Arno la bloqua avec un coup rapide de Claudette, l'envoyant voler dans un hurlement de frustration.
« Ok, on passe en mode sérieuse. Enfin, presque. »
Le combat devint alors plus intense. Arno, bien que fatigué, se mouvait avec une précision chirurgicale, ses épées dansant autour de lui comme une extension de son propre corps. Chaque alpyre qui s'approchait était éliminée sans hésitation, même si leurs attaques devenaient plus vicieuses. Le pont était maintenant recouvert de sang et de cendres, une scène de carnage inimaginable.
Arno, essuyant un filet de sang coulant de son bras, ne put s'empêcher de sourire. « Sérieusement, les gars, c'est tout ce que vous avez ? J'ai vu des bals de village plus dangereux que ça. »
Les derniers membres d'équipage luttaient désespérément, mais beaucoup d'entre eux tombaient sous les griffes des alpyres. Leurs cris d'agonie résonnaient dans la nuit tandis que les créatures festoyaient sur leurs cadavres, déchirant la chair avec une férocité inhumaine. Arno savait qu'il devait agir vite s'il voulait éviter un massacre total.
« Je déteste quand ça finit comme ça, » murmura-t-il, esquivant une nouvelle attaque et plantant Paulette dans le ventre d'une créature. « Un massacre, des cris, et personne pour m'applaudir à la fin. »
Les alpyres ne semblaient plus avoir de fin, mais Arno restait concentré. Il en abattait une, puis une autre, son corps fatigué mais implacable. Les coups pleuvaient, ses lames frappant avec une précision mortelle, et pourtant les créatures revenaient encore et encore.
« Bon, vous commencez à me saouler, » lâcha-t-il en tranchant la tête d'un alpyre qui avait osé s'approcher trop près. « C'est une croisière sanglante, pas un buffet à volonté. »
Enfin, après ce qui semblait être une éternité, la dernière alpyre se jeta sur lui. Arno, épuisé mais toujours debout, esquiva l'attaque d'un bond avant de planter Paulette profondément dans la poitrine de la créature. Le monstre poussa un dernier cri de douleur, se tordant sur le sol du pont avant de finalement s'immobiliser. Le silence retomba.
Arno reprit son souffle, ses muscles endoloris protestant contre l'effort. Le pont du bateau était en ruines. Des cadavres jonchaient le sol, mélangés aux cendres des alpyres. Le vent, qui s'était calmé, portait encore l'odeur du sang et de la mort. Tout était calme à présent, mais l'équipage avait payé un prix énorme pour cette nuit infernale.
Il se redressa, jetant un regard autour de lui. « Eh bien, on peut dire que cette croisière était un peu plus mouvementée que prévu. » Il sourit faiblement, s'approchant des derniers survivants, peu nombreux et tremblants de peur. « Désolé les gars, mais va falloir me payer un supplément pour le service de sécurité. »
Il posa les mains sur ses hanches, observant le désastre autour de lui. « On dirait bien que j'ai survécu à quelque chose d'encore plus sanglant que le Titanic. » Puis, levant les bras vers le ciel, il ajouta : « À ce rythme, je vais finir par survivre au Radeau de la Méduse aussi. »
Arno éclata de rire malgré la fatigue qui pesait sur lui. Tout cela semblait irréel. Mais une fois de plus, il avait survécu à une nuit infernale, même si cette fois, c'était dans des circonstances encore plus extrêmes que d'habitude.
Le bateau, quant à lui, flottait toujours, bien que mal en point. Les voiles déchirées claquaient faiblement au vent, et les bruits du fleuve revenaient peu à peu, comme pour signaler la fin du cauchemar.
Arno jeta un dernier coup d'œil aux cendres éparpillées sur le pont, puis se dirigea vers l'avant du bateau, observant l'horizon. La Redania n'était plus très loin, et une autre aventure l'attendait sans doute là-bas.
« Bon, je pense que je vais prendre une petite pause bien méritée avant d'attaquer la prochaine galère. Qui sait ce que ces tarés de Redaniens me réservent ? »
Il s'étira légèrement, un sourire toujours collé sur son visage fatigué. Il avait survécu à une nuit en enfer, une de plus, et il était encore debout.
« Allez, la suite ! » murmura-t-il, avant de laisser la brise nocturne apaiser ses muscles endoloris.
Le silence s'était finalement installé sur le bateau. Seul le clapotis régulier de l'eau contre la coque brisait l'immobilité morbide qui régnait. Les cadavres, humains et alpyres, jonchaient le pont, et le vent léger faisait à peine bouger les voiles déchirées. Arno se redressa, essuyant une dernière fois le sang séché sur son bras. Ses blessures étaient presque toutes guéries, mais la fatigue se faisait sentir.
Il observa le carnage autour de lui avec un regard désinvolte. Des corps mutilés, des traces de griffes partout, et ce mélange familier de sang et de cendres. Une nuit classique pour lui, rien de vraiment surprenant, mais il devait bien admettre que l'intensité de cette bataille avait dépassé ses attentes.
« Eh bien, c'était… quelque chose, » souffla-t-il en s'étirant doucement. Son corps avait beau être endurant, même lui ressentait le besoin de faire une pause après un tel carnage.
Il s'approcha du dernier marin survivant, un pauvre gars qui avait miraculeusement tenu jusqu'à la fin de l'assaut des alpyres. Le visage du marin était figé dans une expression de terreur, mais au moins, il était en vie. Enfin… jusqu'à ce qu'un bout du mât, fragilisé par le combat, ne se détache soudainement du gréement pour venir s'écraser lourdement sur lui.
Arno resta immobile un instant, observant le corps du marin sous le poids du mât brisé. Il haussa un sourcil, puis se pinça l'arête du nez.
« Sérieusement ? Il a survécu à des vampires, et c'est un fichu mât qui l'achève ? La vie est vraiment une garce. »
Il lâcha un soupir avant de lever les yeux vers le ciel, comme s'il cherchait une explication divine à cette ironie macabre. Mais aucune réponse ne vint, et il se contenta de secouer la tête, un sourire amusé sur les lèvres.
«On dirait que c'est le scénario parfait pour un film d'horreur. Je devrais peut-être écrire un script, tiens. Ça pourrait s'appeler 'Croisière en enfer'… ou un truc du genre. Et devinez quoi, je suis le héros. Évidemment. »
Arno s'installa alors à la proue du bateau, prenant un moment pour profiter du calme retrouvé. Le Pontar, désormais redevenu paisible, s'étendait devant lui, ses eaux scintillant doucement sous la lumière de la lune. Loin de la bataille, tout paraissait si tranquille. C'était presque absurde de penser que quelques instants plus tôt, le pont du bateau était un véritable champ de bataille sanglant.
Il laissa échapper un petit rire en repensant aux événements de la nuit. « Vous savez, je commence à croire que ma vie entière est un film d'horreur à petit budget. Un truc où on enchaîne les monstres sans jamais prendre le temps de souffler. Sauf que moi, je n'ai pas besoin d'effets spéciaux. Tout est bien réel. »
Il s'allongea lentement, ses muscles fatigués protestant légèrement. La proue du bateau, bien que modeste, offrait un endroit parfait pour se détendre après une nuit aussi mouvementée. Il ferma les yeux un instant, laissant la brise fraîche apaiser son esprit.
« Une nuit en enfer, hein ? J'aurais bien aimé que ça finisse avec Salma Hayek qui danse. Mais non, tout ce que j'ai eu, c'est une armée d'alpyres sanguinaires. C'est vraiment pas juste. »
Il soupira, un sourire aux lèvres, en se remémorant la scène iconique de Une Nuit en Enfer. « Pas de Titty Twister, pas de Salma. Mais bon, au moins, j'ai survécu. On se contente de ce qu'on a. »
Arno ouvrit un œil, observant à nouveau les étoiles scintillantes au-dessus de lui. Il pensait déjà à sa prochaine destination, mais il se retint de spoiler la suite de ses aventures. « Vous pensiez vraiment que j'allais vous dire où je vais ? Non, non, pas de ça. Vous verrez bien en temps voulu. Mais laissez-moi vous dire une chose : c'est encore plus tordu que cette nuit. »
Fatigué mais satisfait, il laissa enfin le calme l'envahir complètement. Ses pensées divaguèrent un instant vers le futur, mais pour l'instant, il s'autorisa à savourer cette petite victoire. Certes, le bateau était en lambeaux, l'équipage décimé, mais lui, Arno, était toujours debout. Et pour un sorceleur comme lui, c'était tout ce qui comptait.
« Alors, c'est quoi la morale de cette histoire ? Peut-être que je devrais me reconvertir dans le tourisme. Organiser des croisières pour survivants. 'Croisière sanglante garantie, avec en prime un sorceleur qui assure le service après-vente'. Ça pourrait marcher, non ? »
Il se redressa légèrement, un sourire amusé aux lèvres, avant de finalement se laisser glisser dans un sommeil léger. Demain serait un autre jour, une autre aventure. Mais pour l'instant, il avait bien mérité ce repos.
La brise douce du Pontar caressait son visage alors que le bateau continuait doucement sa route, ses voiles déchirées flottant faiblement au vent. Arno, allongé à la proue, s'endormit enfin, prêt pour la prochaine folie qui l'attendait.
