Chapitre 42 : Les Scorpius

Arno avançait dans le désert Aiel, le sable crissant sous ses bottes, tandis qu'il marmonnait une blague sarcastique à voix basse.

Alors qu'il passait entre deux formations rocheuses, quelque chose d'étrange attira son attention. Le silence, trop lourd, trop figé. Pas un souffle de vent. Pas un bruit de créature.

Il s'arrêta net, ses yeux aiguisés balayant le paysage. C'est alors qu'il les vit : des corps. Des corps d'Aiel éparpillés sur le sol, leurs visages tordus par l'agonie. Le sable sous eux était teinté de sang sombre, marbrant la terre d'éclats écarlates. Les traces d'un combat intense se lisaient partout, des armes brisées et des membres éparpillés attestant de la brutalité de l'affrontement.

« Et voilà, encore un buffet sanglant. On m'invite jamais à ces petites fêtes, » murmura Arno, jetant un coup d'œil rapide à sa fidèle épée en argent, Paulette, accrochée à son côté. « Pourquoi on me rate toujours sur les invitations ? »

Pourtant, l'humour, si habituel chez lui, était comme un voile fin sur ce qu'il ressentait vraiment. Il se pencha pour examiner l'un des corps, un guerrier Aiel qui tenait encore son arme dans une main crispée. Ses yeux, désormais éteints, parlaient d'une lutte acharnée contre quelque chose d'effroyable.

Mais quelque chose bougea à la périphérie de sa vision. Un petit mouvement timide, presque imperceptible. Arno se redressa immédiatement, ses instincts de sorceleur en alerte. Là, au milieu des cadavres, se trouvait une petite silhouette recroquevillée. Une fille, pas plus âgée que dix ans, tremblait, les yeux grands ouverts et remplis de terreur.

« Eh bien, qu'avons-nous là ? » souffla Arno, plus pour lui-même que pour elle. Il s'approcha lentement, levant une main en signe de paix, comme on le ferait avec un animal effrayé. « Hey, petite. Pas de panique, c'est moi, Arno. Sorceleur à temps partiel, clown à plein temps. »

Elle ne bougea pas, figée par la peur. Ses cheveux étaient emmêlés, et ses vêtements déchirés portaient des traces de sable et de sang.

« Je sais, je sais, je ne suis pas exactement Mary Poppins, » continua-t-il, essayant de la faire réagir. « Mais je suis tout ce que tu as pour l'instant. Et je te promets de ne pas te chanter de berceuse. Ou de te faire voler avec un parapluie. »

Les ombres se mirent à bouger, comme si elles prenaient vie. Arno sentait leur présence avant même de les voir. Un mouvement furtif dans la pénombre, une légère vibration dans l'air. Puis, soudain, elles surgirent.

D'abord une patte, massive, griffue, suivie d'une seconde. Puis un troisième Scorpius émergea lentement des rochers, leur carapace chitineuse luisant faiblement sous les derniers rayons du soleil. Ces créatures, semblables à des scorpions géants, étaient aussi imposantes qu'un cheval, avec des pinces capables de broyer des os et un dard venimeux prêt à frapper avec la rapidité de l'éclair.

« Génial, des scorpions géants... Parce que, bien sûr, le désert ne pouvait pas être un endroit paisible pour une promenade de santé, non ? » murmura Arno, son ton sarcastique à peine voilé.

Il dégaina lentement Paulette, son épée en argent, faisant scintiller sa lame dans la lumière mourante. Les Scorpius semblaient l'avoir repéré, car leurs dards s'agitaient nerveusement, prêts à bondir sur lui au moindre faux mouvement. Ils étaient les prédateurs du désert, habitués à dominer leur territoire, mais ils n'avaient jamais croisé un sorceleur.

Arno lança un coup d'œil rapide vers la petite fille, toujours figée de terreur, ses grands yeux noirs fixés sur les créatures. Elle n'avait pas bougé d'un pouce depuis qu'il l'avait découverte.

« Je te l'ai déjà dit, petite, » lança Arno à voix basse tout en surveillant les mouvements des Scorpius. « Mary Poppins n'est pas disponible, mais je suis tout ce que tu as. Alors, reste derrière moi, d'accord ? »

Il se plaça entre elle et les créatures, son corps tendu, prêt à réagir à la moindre attaque. Paulette brillait dans sa main, et même si son visage restait concentré, une petite flamme d'humour allumait toujours ses paroles.

« Trois scorpions géants... Facile, non ? C'est un combat totalement équitable. Enfin, pour eux. »

Le premier Scorpius s'avança, ses pinces claquant dans l'air comme un avertissement. Son corps massif se déplaçait avec une lourdeur trompeuse, et ses yeux multiples fixaient Arno avec une intention prédatrice. D'un coup, le monstre bondit en avant, son dard empoisonné piquant l'air en direction d'Arno avec une rapidité fulgurante.

Arno esquiva de justesse, son corps se mouvant avec l'agilité d'un rapace. Il roula sur le côté, sa lame tranchant dans l'air dans un mouvement fluide, visant l'une des pattes de la créature. La lame d'argent glissa contre la carapace épaisse, produisant un grincement désagréable mais ne causant que peu de dégâts.

« Ah... bien sûr, pourquoi pas une carapace aussi solide que ma patience ! » lâcha Arno en se redressant, évitant de justesse une pince qui se referma avec force là où il se trouvait une seconde plus tôt.

Il se déplaçait rapidement, sautant sur des rochers, se servant de sa maîtrise du terrain pour garder l'avantage. Paulette fendait l'air avec précision, cherchant les points vulnérables. Mais les Scorpius étaient des créatures dangereuses, et ils se coordonnaient dans leurs attaques, les pinces claquant, les dards sifflant à intervalles réguliers.

Le deuxième Scorpius s'approcha, tentant de prendre Arno en tenaille avec le premier. Arno devait se concentrer non seulement sur leur vitesse, mais aussi sur la petite fille derrière lui. Elle était la véritable raison pour laquelle il ne pouvait se permettre de perdre ici. Sa mission avait changé en un clin d'œil — il devait protéger cette enfant coûte que coûte.

Un autre dard fendit l'air, et cette fois Arno ne parvint pas à l'esquiver complètement. La pointe de la queue griffa son épaule gauche, déchirant la peau avec une brûlure intense. Le venin s'infiltra instantanément dans sa chair, déclenchant une vague de douleur.

« Ah, magnifique ! Exactement ce qu'il me manquait... du poison. Parce qu'un simple coup de griffe, c'est tellement mainstream, » grimaça Arno, serrant les dents sous la douleur. « Paulette, ma belle, c'est maintenant ou jamais. »

Arno contre-attaqua, sa lame tranchant cette fois avec plus de force, plus de rage. Il frappait les jointures entre les segments chitineux, là où la carapace était plus mince. Le premier Scorpius poussa un sifflement perçant lorsque la lame pénétra enfin dans un point sensible, sa pince se détachant dans une gerbe de liquide noirâtre.

Un regard en arrière vers la petite fille. Elle restait immobile, ses yeux toujours fixés sur lui, mais quelque chose dans son expression avait changé. Il n'y avait plus seulement de la peur ; il y avait une lueur d'espoir.

« Tiens bon, petite. Ça va aller, » murmura-t-il, se concentrant à nouveau sur le combat.

Il fallait que ce soit fini, et vite. Il n'était pas question de laisser ces créatures s'approcher de la gamine.

Le premier Scorpius, blessé mais non vaincu, tenta un nouveau coup de pince, mais Arno l'avait vu venir. Il sauta en arrière, laissant la pince claquer dans le vide, puis se retourna, frappant à nouveau avec Paulette, cette fois en visant directement le dard venimeux qui surplombait l'abdomen de la créature. Un coup net. Le dard se brisa dans un bruit sec, la créature sifflant de douleur avant de s'écrouler.

« Un de moins. Qui est le prochain pour une petite coupe d'été ? » souffla-t-il, un sourire en coin.

Mais il ne pouvait pas se relâcher. Le deuxième Scorpius se rapprochait déjà, ses pinces claquant de façon menaçante. Arno sentit le poids du combat commencer à peser sur ses muscles, mais son facteur autoguérisseur s'activait déjà, réparant la blessure infligée par le dard du premier monstre.

Le deuxième Scorpius attaqua avec une violence renouvelée, ses pinces cherchant à saisir Arno pour l'écraser. Le sorceleur esquiva la première attaque de justesse, mais la deuxième pince se referma sur son bras gauche, le soulevant légèrement du sol. Une onde de douleur traversa son corps.

« Eh bien, on dirait que tu es plutôt tactile, toi. Mais je ne suis pas fan des câlins mortels, désolé. »

Il utilisa sa flexibilité pour se contorsionner et éviter que la pince ne se referme complètement. Son bras droit, libre, leva Paulette et l'abattit avec force sur la pince qui le retenait. L'épée pénétra la carapace et coupa la pince en deux, libérant Arno qui retomba souplement sur ses pieds. Le deuxième Scorpius poussa un cri de douleur, secouant ses pattes dans un dernier réflexe avant de s'effondrer à son tour dans un bruit sourd.

« Paulette, ma chérie, tu es vraiment une tueuse. »

Il essuya d'un revers de manche la sueur qui perlait sur son front, ses yeux perçant cherchant déjà le troisième et dernier Scorpius. Celui-ci semblait plus prudent que les autres, se tenant en retrait, ses yeux multiples observant Arno avec une lueur presque intelligente. Il savait qu'Arno venait de vaincre deux des siens, mais il ne semblait pas avoir peur. Ce prédateur savait que, même blessé, Arno restait une menace sérieuse.

Le Scorpius chargea soudainement, son corps massif soulevant des nuages de sable alors que ses pinces s'ouvraient pour écraser Arno. Mais le sorceleur, déjà en mouvement, bondit en arrière, utilisant un rocher pour se propulser dans les airs. Avec une acrobatie élégante, il atterrit sur le dos du monstre.

« Oh là là, on dirait que je me suis fait un nouveau jouet, » plaisanta Arno en enfonçant Paulette profondément dans la carapace du Scorpius.

La créature se tordit violemment, essayant de désarçonner son adversaire, mais Arno planta fermement ses pieds sur son dos, tenant fermement sa prise sur Paulette. Avec un dernier effort, il enfonça l'épée encore plus profondément, jusqu'à toucher un point vital. Le Scorpius s'affaissa sous lui, mort.

Arno sauta à terre, essuyant sa lame d'un geste nonchalant avant de la remettre dans son fourreau. Son regard se tourna vers Shaia, toujours figée derrière lui, ses yeux écarquillés d'admiration et de peur mêlées.

« Et voilà, petite. C'était quoi déjà, trois Scorpius, c'est ça ? Je pensais qu'on en avait pour toute la journée, mais apparemment, ils avaient un emploi du temps serré. »

Il sourit légèrement, tentant de briser la tension du moment. Mais il savait que ce combat avait été plus difficile qu'il ne l'aurait admis, même si son humour masquait bien la fatigue qui commençait à peser sur ses épaules.

Il s'approcha de la fillette et s'accroupit devant elle, son ton redevenant plus sérieux.

« Ça va aller maintenant. Ils ne reviendront pas. »

Arno rangea Paulette dans son fourreau avec un soupir de satisfaction. Il s'approcha lentement de Shaia, veillant à ne pas l'effrayer davantage après ce qu'elle venait de vivre. La petite fille restait immobile, les yeux grands ouverts, fixant tour à tour Arno et les cadavres des Scorpius.

« Hey, petite, t'inquiète pas. Les grosses bêtes ne bougent plus. Elles ont eu leur dose pour aujourd'hui, » dit-il d'une voix douce, mais avec ce ton léger qu'il utilisait toujours, même dans les moments graves. « Je m'appelle Arno. Tu sais, je suis un chasseur de monstres, c'est mon boulot. »

Shaia le regarda avec méfiance, ses petites mains tremblant tandis qu'elle tentait de se tenir droite. Arno s'accroupit devant elle, essayant de ne pas paraître imposant. Il savait que la terreur qu'elle ressentait ne disparaîtrait pas avec quelques mots, mais il voulait au moins apaiser sa peur, ne serait-ce qu'un peu.

« Tu vois, je chasse les monstres comme eux. » Il montra du menton les cadavres des Scorpius. « Et parfois, je rencontre des personnes comme toi, des personnes que je dois protéger. Je suis là pour m'assurer que tout va bien pour toi maintenant. Et je dois avouer... » Il se gratta la tête d'un air faussement gêné. « Je suis pas trop doué avec les enfants, mais j'ai un don pour défoncer du monstre. Tu verras. »

Shaia le regarda, silencieuse, essayant de comprendre cet homme étrange qui venait de la sauver. Arno vit ses petits poings se détendre légèrement, ses yeux pleins de méfiance et de peur se transformant doucement en quelque chose de moins fermé, plus curieux.

« Moi... je m'appelle Shaia, » dit-elle enfin d'une voix faible. « Mon clan... ils sont tous... » Elle ne put finir sa phrase, sa voix se brisant alors que les larmes commençaient à couler.

Arno resta silencieux un moment, respectant la douleur de la jeune fille. Il savait ce que c'était que de tout perdre. Il l'avait vu, maintes fois, dans les yeux des survivants qu'il avait croisés au fil de ses années de chasse. Il s'avança lentement vers elle, lui tendant la main avec un sourire rassurant.

« Tu sais, Shaia, si je devais compter tous les monstres que j'ai battus, on pourrait faire un livre. Pas un très bon livre, je te l'accorde, mais au moins, ça serait divertissant. » Il laissa échapper un petit rire, cherchant à alléger la situation.

Shaia essuya ses larmes du revers de la main, regardant Arno avec un peu plus de confiance. Il y avait quelque chose dans son attitude nonchalante, presque décontractée, qui semblait apaiser son cœur. Peut-être était-ce la manière dont il parlait du danger avec tant d'ironie, ou simplement le fait qu'il était là, vivant, après avoir abattu trois monstres géants.

« J'ai perdu... tout le monde, » murmura-t-elle finalement. « Mon père, ma mère, et les autres. Ils... ils sont partis... »

Arno la regarda, son expression devenant plus douce. Il savait que rien de ce qu'il dirait ne pourrait vraiment atténuer la douleur qu'elle ressentait. Mais il pouvait au moins être là pour elle, à cet instant, quand elle en avait le plus besoin.

« Écoute, petite. Je sais que ça fait mal. Mais tu es toujours là. Et tant que tu es là, tu as un avenir. Moi, je vais m'assurer que tu restes en sécurité, d'accord ? Parce que, bon... je suis comme ça. Un héros incompris, jamais remercié, mais qui continue à sauver des gens, » plaisanta-t-il avec un sourire en coin.

Shaia hocha lentement la tête, ses larmes séchant peu à peu. Arno se releva et lui tendit la main.

« Bon, maintenant qu'on est potes, tu vas me dire où je peux t'amener. Il y a peut-être un endroit où tu seras en sécurité, non ? »

Shaia hésita, puis hocha la tête une seconde fois. « Ma grand-mère... elle vit dans une oasis, plus au sud. Elle y est depuis que... depuis que mon grand-père est mort. »

« Une oasis au sud ? Bien, c'est parfait ! Une petite promenade à travers un désert rempli de dangers mortels. Mon endroit préféré ! » Il fit un clin d'œil, et Shaia esquissa un faible sourire.

Arno se baissa pour être à sa hauteur. « Alors, voilà le plan, » dit-il en croisant les bras d'un air solennel. « Je t'emmène là-bas, on trouve ta grand-mère. C'est un marché honnête, non ? »

Shaia sourit timidement, ses yeux encore rougis par les larmes. « D'accord, » murmura-t-elle.

Arno se redressa, s'étirant un peu avant de poser la main sur le pommeau de Paulette. « Bon, parfait. On va s'en sortir. Et qui sait, peut-être que ta grand-mère me fera une bonne tarte en remerciement. Ça me changera des monstres. »

Shaia, malgré la gravité de la situation, laissa échapper un léger rire. Arno lui fit signe de le suivre et ils commencèrent à marcher ensemble vers l'oasis, vers un espoir de sécurité pour elle, et vers la prochaine aventure pour lui.

Arno se redressa, époussetant la poussière du désert qui s'était accumulée sur sa veste. Il regarda Shaia, qui observait toujours silencieusement le lieu du massacre, comme si elle s'attendait à voir apparaître un visage familier parmi les corps inertes des Aiel. Son cœur se serra, mais fidèle à son style, il ne laissa pas la tristesse le submerger.

« Allez, Shaia, il est temps qu'on parte d'ici, » dit-il d'un ton plus léger que la situation ne le méritait peut-être. « Je sais que cet endroit a tout le charme d'une auberge à Roanapur, mais crois-moi, il n'y a pas de service de chambre ici. » Il lui fit un clin d'œil en lui tendant la main.

Shaia détourna son regard des cadavres pour le fixer, et hésita un instant avant de saisir la main qu'il lui offrait. Ses doigts étaient encore tremblants, mais elle serra un peu plus fort que la première fois, signe qu'un peu de confiance commençait à se reconstruire en elle.

Ils marchèrent côte à côte, Arno gardant un œil sur les environs, son instinct de chasseur toujours en alerte. Le désert était traître, même sans les Scorpius ou les autres créatures qui rôdaient dans les environs. Mais il avait une mission maintenant, et cette mission, c'était Shaia. Il ne laisserait rien ni personne lui faire de mal. Pas après ce qu'elle avait déjà vécu.

« Tu sais, je ne suis pas très fort en géographie, » commença-t-il, rompant le silence. « Mais je suis presque sûr que les oasis ont une certaine logique pour se trouver au milieu de nulle part. Et si on a de la chance, il y aura même des palmiers, du bon jus de fruit frais et... Oh, qui sait, peut-être même un toboggan ! »

Shaia fronça les sourcils, surprise, avant de comprendre qu'il plaisantait. Un petit rire s'échappa enfin de ses lèvres, et elle couvrit sa bouche avec sa main comme si elle avait peur que cela soit interdit dans un moment comme celui-ci.

Arno la regarda avec un sourire amusé. « Ah, ça, c'est ce que j'aime voir. Un petit sourire, c'est bien mieux que les larmes. Tu sais, si tu rigoles encore, je pourrais même te raconter l'histoire où j'ai failli me faire manger par un griffon. »

« Vraiment ? » Shaia demanda, sa curiosité éveillée.

« Oh oui, et c'était pas beau à voir ! Mais je te raconterai ça plus tard, quand on sera installés à l'oasis. »

Le ton protecteur d'Arno ne faiblit pas tandis qu'ils progressaient dans le désert. Il jetait de temps en temps un regard attentif à la petite, vérifiant qu'elle tenait le coup. Il savait que le choc ne s'effacerait pas facilement, mais il espérait au moins lui redonner un peu de courage, assez pour affronter ce désert et peut-être un peu plus.

« Alors, cette oasis, elle est loin ? » demanda-t-il en tentant de paraître distrait, bien que ses sens restaient aiguisés.

« Je... je pense qu'elle est à un jours d'ici, » répondit Shaia. « C'est là où ma grand-mère vit. Elle pourra m'aider, je pense. » Sa voix était faible, mais elle tenait bon.

Arno hocha la tête. « Parfait, un jours, c'est rien. On y sera en un clin d'œil. Bon, d'accord, peut-être un peu plus qu'un clin d'œil, mais tu vois ce que je veux dire. »

Ils continuèrent de marcher, Shaia à ses côtés, et Arno réalisa que pour une fois, il n'était pas seulement en train de sauver quelqu'un de physique. Il aidait aussi cette petite à surmonter un vide émotionnel immense. Et bien que cela ne fût pas sa spécialité, il était prêt à tout essayer pour la faire se sentir un peu plus en sécurité.

Le désert s'étendait devant eux, infini, mais Arno gardait toujours son sourire, ses répliques pleines de dérision et ses histoires pour faire rire la petite fille. Ensemble, ils quittaient le lieu du massacre, laissant derrière eux le souvenir des Scorpius, pour se diriger vers la promesse de sécurité à l'oasis, quelque part, au sud.

« On va s'en sortir, Shaia, » dit-il avec conviction. « T'as Mary Poppins comme garde du corps, après tout. »