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Les éléments en italique sont des répliques reprises directement du livre "Harry Potter et Le prisonnier d'Azkaban" de J.K. Rowling


Le lendemain matin, Harry reste quelques minutes à contempler le plafond du dortoir avant de se lever. Il pense à la conversation qu'il a eu avec Marlène, celle avec Drago, mais également au professeur de défense contre les forces du mal. Harry ferme les yeux et soupire avant de se tirer hors de la couette. Bien qu'il soit content d'être à Poudlard, le nombre de choses auxquelles il doit penser l'épuise. Sans prendre la peine d'attraper son sac, il se dirige vers le lit de Drago et ouvre les rideaux en grand. .

— Debout là-dedans, dit-il en s'éloignant du lit de son ami pour passer à la salle de bain.

— Déjà, marmonna Drago d'une voix ensommeillée, non, je veux encore dormir !

Le blond attrape sa couverture et la remonte jusque par-dessus sa tête dans le but de pouvoir remonter le temps et continuer à dormir. Pourtant, bien que ses yeux soient fermés, le sommeil refuse de l'emporter. Il ouvre les yeux en repensant à la discussion qu'il a eu avec son ami. Celle-ci l'a beaucoup touché.

Il est vrai que ses grands-parents étaient moldus, et il est aussi vrai qu'Hermione est meilleure que lui alors qu'elle a des parents non sorciers. Mais alors en quoi le sang est-il important si deux sorciers de milieux différents peuvent avoir le même niveau de magie ? En y réfléchissant bien, il se rend compte que malgré ses deux parents magiques, Neville Londubat est l'un des derniers de sa promotion. Il referme les yeux et prend la décision d'envoyer un hibou à sa mère, qui répondrait probablement mieux que son père à cette question. Tout ce que son père s'est donné tant de mal à lui inculquer, tout ce qu'il a pu lui raconter sur la pureté du sang devient hypothétique. Cela revient à remettre en question une vérité que son père affectionne et lui a appris comme étant la vérité. Cela terrorise Drago.

Pendant le trajet jusqu'à la grande salle, aucun des garçons ne parle. Entre eux, Millicent fait passer son regard entre ses deux amis, se demandant s'ils ont eu l'occasion de reparler.

— J'espère qu'il y aura des gaufres ce matin, dit-elle en chantonnant pour détendre l'atmosphère.

— Il y a toujours des gaufres, Millie, répond sèchement Harry sans prendre la peine de la regarder.

La jeune fille soupire sans prendre l'attaque personnellement. Une fois assis, un élève passe à Drago une pile de papier.

— L'emploi du temps des troisièmes années, dit-il avant de se détourner.

Le blond prend une feuille puis passe la pile à ses amis pour qu'ils puissent s'en servir à leur tour. Une fois leurs horaires en main, ils mangent sans dire un mot. Cela attriste Millicent, qui cherche désespérément un moyen de faire en sorte que ses deux amis se retrouvent. Mais malgré toutes les blagues, tous les visage rigolos et toutes les farces possible, elle se retrouve rapidement à court de moyen et commence à en avoir assez.

— Vous êtes vraiment énervants tous les deux, s'écrie-t-elle tandis que le trio se sépare pour aller chacun vers son cours.

Harry hausse les sourcils et tourne un regard vers Drago pour voir si les mots de la fille ont fait mouche, mais rien à faire. Son ami regarde droit devant lui, le regard froid et les lèvres pincées. Il ne semble toujours pas vouloir parler. De son côté, Drago ne veut pas regarder en direction de Harry. Il sent son regard vers lui. Mais s'il croise son regard, il est certain qu'il s'excuserait. Pourtant ce n'est pas à lui de le faire. C'est à Harry, c'est lui qui a insulté son éducation.

— J'y vais, marmonne Millicent, frustrée. Elle part presque en tapant des pieds, furieuse que ses amis ne fassent pas un seul effort alors qu'ils viennent de se retrouver.

— Attends, j'ai divination avec toi, s'écria Harry en la poursuivant.

— Nan ! Parle à Drago !

Ce dernier pouffe de rire avant de tourner les talons pour se rendre en arithmancie. Il a bien d'autres choses à faire que de réconforter son ami concernant l'égalité des sangs.

— Tu as quoi ce matin, demande Harry, d'abord tu fais des blagues et maintenant tu es en colère ?

— Evidemment que je suis en colère ! S'écrie la brune un peu trop fort. Certains étudiants se retournent sur leur chemin et elle s'excuse doucement après avoir baissé les yeux et accéléré le pas.

— Mais pourquoi ?

Elle baisse son rythme de marche pour permettre à Harry de la rejoindre avant de parler doucement sur un rythme assez rapide qui surprend le garçon.

— Hier soir tu t'es insulté toi-même, puis tu nous a insulté Drago et moi. Tu penses que c'est sa faute s' il a été élevé comme ça ? Tu penses que c'est de sa faute si ses parents lui ont appris à penser que les sang-mêlé et que enfants de moldus sont inférieur aux sang-pur ? Il n'était et n'est encore qu'un enfant ! Laisse lui le temps de se faire sa propre opinion ! Mes parents m'ont enseigné que tous les humains sont égalitaires et que le partage rend le monde meilleur. Il m'ont transmis des valeurs importantes à leurs yeux comme le respect de l'autre, le partage et la reconnaissance. Mais tout le monde n'a pas la même éducation. J'ai de la chance d'avoir vécu avec des parents aimant qui me respecte et écoute mon opinion. Drago n'a pas eu cette chance. Même s'ils l'aiment, ils prônent des valeurs complètement différentes des nôtres !

Millicent s'arrête de parler après s'être rendue compte qu'elle dévie du sujet originel. Elle commence à monter les marches qui mènent à la tour nord, Harry sur ses talons.

— Je n'ai jamais dit le contraire, simplement après deux ans à Poudlard, il a bien dû se rendre compte que les statuts de sang n'ont rien à voir avec la réalité, non ?

— Que te disais Drago dans ses lettres, cet été, demanda brusquement la fille sans s'arrêter. Elle souffle un peu fort, déjà fatiguée de gravir la tour.

— Pas grand chose, qu'il était en voyage et qu'il avait hâte de rentrer à Poudlard, répondit Harry en haussant les épaules.

— Hé bien moi il m'a parlé de ce qu'il faisait avec ses parents. Il a passé son temps à des réceptions de sang-pur qui prône ce statut de sang que tu trouves si débile, annonce-t-elle avec vigueur en le fusillant du regard.

— Il m'a parlé de tous ces galas ou il est obligé de se rendre dans le but de trouver une épouse qui possède un bon parti. Il m'a parlé de toutes ces étiquettes qu'il est obligé de porter et de toute la pression, les obligations, les devoirs, tout ce qu'on attend de lui. Il est un héritier Harry, il porte l'honneur et le nom de sa famille entre ses mains. Il a des obligations que tu ne connaîtras jamais, finit-elle sur un ton plus doux.

— Parce que mes parents sont morts, répond sèchement Harry en accélérant le pas.

Ses poings se serrent et il doit se faire violence pour ne pas crier sur son amie lorsque celle-ci revient à la charge en lui courant après. S'il avait eu des parents il aurait compris ce que ressentait Drago ? Tout en marchant assez rapidement, un souvenir lui remonte. Mangemorts. Ses parents font partie du groupe des partisans de Voldemort. Drago a été bercé dans l'idée que Voldemort est le sauveur du monde sorcier. Cette idée rend Harry malade pendant une seconde, avant de se rappeler qu'il connaît Drago. Il le respecte et l'apprécie beaucoup. Jamais il ne pourrait penser que Voldemort a tué des gens pour la bonne cause, si ?

— Ce n'est pas ce que je voulais dire et tu le sais très bien, tu es juste trop bûté et en colère pour écouter ce que je dis, espèce d'idiot !

Une fois sa dernière phrase sortie, Millicent accélère le pas à son tour tandis que Harry arrête de marcher pour lui laisser de l'avance. La jeune fille est cette fois hors d'elle, ce qui n'arrive que très rarement. Elle comprend que Harry possède une douleur qu'elle ne pourrait jamais comprendre, celle d'avoir perdu ses parents et de ne l'avoir jamais connu. Mais il ne peut pas continuer à prendre son traumatisme comme excuse pour ne pas accepter ce qui se passe autour de lui ! Il ne se rend pas compte que plusieurs réalités puissent coexister.

Harry prend une grande inspiration en fermant les yeux puis expire en ouvrant ses doigts. Une fois certains qu'il ne dirait rien qu'il pourrait regretter, il se remet en marche pour monter les nombreux étages qui restent avant d'arriver au sommet de la tour.

En entrant dans la salle, Harry ne fait pas attention à ce qui l'entoure. Il a chaud et transpire à cause de toutes les marches qu'il vient de gravir avec son sac sur le côté. L'échelle à monter pour atteindre la salle lui a fait dépenser ses dernières réserves d'énergie. Il observe ceux qui se trouvent dans la salle et s'arrange pour ne pas s'asseoir en face de Millicent. Malheureusement, en cherchant à éviter son amie, il se retrouve à la même table que Ronald Weasley. Cette constatation lui arrache un soupir abattu, mais il s'affale tout de même sur le tabouret que lui tend Neville Londubat, également assis à la table. Harry et lui se sourient quelques secondes, heureux de se retrouver.

— Tu as passé de bonnes vacances, demande Harry en sortant ses affaires.

— Oui, ma grand-mère a eu pas mal de visite alors j'ai eu vraiment beaucoup de temps pour moi ! Et toi ?

— C'était incroyable, ma vie a changé, c'est magique, lui confie le brun avec des étoiles dans les yeux.

— Tu as l'air en meilleure forme que les deux dernières années en tout cas, confirme Neville en souriant.

En regardant plus attentivement ou il est arrivé, Harry se rend compte que l'endroit n'avait rien d'une salle de classe. On avait plutôt l'impression de se trouver dans un vieux grenier aménagé en salon de thé à l'ancienne. Une vingtaine de petites tables circulaires, entourées de fauteuils recouverts de chintz et de petits poufs rebondis, occupent tout l'espace. Une faible lumière rouge éclaire la pièce. Tous les rideaux des fenêtres sont tirés et des foulards rouges enveloppent les lampes. Il règne une chaleur étouffante et une bouilloire de cuivre, chauffée par les flammes d'une cheminée au manteau encombré d'objets divers, répand un étrange et capiteux parfum qui donne presque la nausée. Les étagères qui recouvrent les murs circulaires sont encombrées de plumes poussiéreuses, de bouts de chandelle, de jeux de cartes complètement usées, d'innombrables boules de cristal et d'un vaste choix de tasses à thé.

Où est-elle ? demande Ron.

Une voix douce s'élève dans la pièce à peine une seconde après que Ron ait posé sa question.

Bienvenue, dit la voix. Je suis heureuse de vous voir enfin dans le monde physique.

Une forme humaine se détache soudainement du fond de la classe et tous les élèves se tournent pour faire face à leur enseignante de divination. Celle-ci porte plus de collier de perle que Harry n'en a jamais vu et des lunettes impressionnante qui lui donne l'air d'une femme insecte tellement celles-ci aggrandissent ses yeux. Les bras de la professeur sont également décorés de nombreux bijoux. Contrairement à la cape normale que portent tous les enseignants de l'école, elle possède une sorte de voile doré pailleté. Harry fronça le nez tout en se demandant s'il doit rire ou pleurer. Est-ce réellement l'enseignante ? Si oui, est-il encore possible de changer de cours ?

Asseyez-vous, mes enfants, asseyez-vous, dit-elle.

Les derniers arrivants prennent rapidement place. Harry lance un regard en direction de Millicent et remarque qu'elle le regarde aussi. La jeune fille détourne néanmoins le regard dès que celui-ci croise celui de Harry. La colère passée, Harry se sent mal désormais. Des mots durs ont été dit et il se rend compte que son amie a raison. Toutes les personnes qui l'ont aidé l'ont fait avec des valeurs fortes et bienveillantes. Drago mérite de pouvoir grandir avec les mêmes, pas avec celles déformées par son père qui n'a apparemment pas su rester une bonne personne. En se rendant compte qu'il critique l'éducation de son ami ainsi que toutes ses connaissances, Harry se sent coupable. Hier, il a fait pire.

Lorsque le survivant relève le regard, la professeure ajuste son châle et poursuit son discours.

Vous avez donc choisi d'étudier la Divination, le plus difficile des arts magiques. Je dois vous avertir dès le début que si vous n'avez pas le don de double vue, il y a peu de chance que je puisse vous enseigner quoi que ce soit. Les livres ne permettent pas d'aller bien loin dans ce domaine...

Harry fronçe les sourcils tandis que Millicent amorce un petit mouvement de recul. La théorie ne s'apprend pas ailleurs que dans les livres, comment veut-elle faire ? Ron a un petit rire en voyant le regard indigné de Harry face à cette indication.

De nombreux sorciers et sorcières, par ailleurs très doués pour provoquer des explosions, répandre des odeurs bizarres ou disparaître soudainement, se révèlent incapables de pénétrer les voiles mystérieux de l'avenir, poursuivit le professeur Trelawney, ses gros yeux brillants fixant l'un après l'autre les visages anxieux de ses élèves.

C'est un don qui n'est accordé qu'à un petit nombre. Vous, mon garçon, dit-elle brusquement à Neville qui faillit tomber de son pouf, est-ce que votre grand-mère va bien ?

Oui, je crois, répond Neville d'une voix tremblante.

Si j'étais vous, je n'en serais pas si sûre, dit le professeur Trelawney dont les boucles d'oreilles en émeraude étincellent à la lueur du feu.

Cette année, nous verrons les méthodes de base de la Divination, poursuit le professeur d'une voix paisible. Nous consacrerons le premier trimestre à la lecture des feuilles de thé. Le trimestre suivant, nous étudierons les lignes de la main. Ah, au fait, ma chérie, ajouta-t-elle en se tournant soudain vers Parvati Patil, il faudra vous méfier d'un homme aux cheveux roux.

Harry faillit exploser de rire en voyant la jeune fille éloigner son fauteuil de celui de Ron après lui avoir lancé un regard inquiet. Décidément, il n'a rien à faire dans ce cours, tout est bien trop abstrait !

Au troisième trimestre, reprend le professeur Trelawney, nous en viendrons aux boules de cristal, si nous en avons fini avec les signes du feu. Malheureusement, les classes seront interrompues en février à cause d'une épidémie de grippe. Je deviendrai moi-même aphone. Et aux alentours de Pâques, quelqu'un parmi nous va nous quitter à tout jamais.

Confuse, Millicent ne sait pas encore quoi penser de son choix d'option. La professeure a l'air particulièrement perchée. En regardant dans la direction de Harry, elle faillit éclater de rire en voyant son visage déformé par la consternation. Son humeur s'adoucit et elle se rend compte qu'elle a été dure avec son ami. Même si elle a reçu une bonne éducation et tout l'amour du monde, Harry lui n'a connu qu'une famille qui haïssait sa nature sorcière. C'est sûrement bien pire que de grandir dans le manoir Black.

Je voudrais vous demander, ma chérie, dit-elle alors à Lavande Brown qui se recroqueville dans son fauteuil, de me passer la plus grande des théières en argent. Lavande parut soulagée. Elle se leva, prit une énorme théière sur une étagère et la posa sur la table devant le professeur Trelawney.

Merci, ma chérie. Je vous signale au passage que ce que vous redoutez tant se produira le vendredi 16 octobre. Lavande se mit à trembler.

Maintenant je veux que vous fassiez équipe deux par deux. Prenez une tasse à thé sur l'étagère, venez me l'apporter et je la remplirai. Ensuite, vous vous assiérez et vous boirez le thé jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les feuilles au fond de la tasse. Vous ferez tourner ces feuilles trois fois dans la tasse avec votre main gauche, puis vous retournerez la tasse au-dessus de la soucoupe. Vous attendez que la dernière goutte de thé soit tombée, et enfin vous donnez la tasse à votre partenaire pour qu'il la lise. Vous interprétez les formes obtenues en vous référant aux pages 5 et 6 de votre livre Lever le voile du futur. Je passerai parmi vous pour vous aider. Ah, et vous, ajouta-t-elle en prenant Neville par le bras pour le faire lever, quand vous aurez cassé votre première tasse, j'aimerais bien que vous en preniez une bleue. Je tiens beaucoup aux rosés.

Quelques instants plus tard, Harry se retourne brusquement en entendant un bruit de vaisselle brisée derrière lui. Neville, l'air penaud regarde la tasse rose brisée à ses pieds sans savoir quoi faire. Le professeur Trelawney se précipita avec une pelle et une balayette.

Alors, maintenant, une bleue, si ça ne vous ennuie pas... Merci…

En revenant à sa table avec sa tasse remplis de thé brûlant, Harry décide d'attendre quelques instants que le liquide refroidisse avant de le boire. Pour faire passer le temps, il décide de se concentrer sur le garçon roux qui se trouve en face de lui.

— On fait équipe, demande soudainement Ronald en voyant le brun le fixer.

— Avec moi ? demande Harry, surpris.

— Oui avec toi, sinon je te demanderai pas.

— D'accord…

Ils tiennent tout deux leur deux mains autour de leur thé, sans se regarder, pendant quelques instants.

— Au fait, merci pour ce que tu as fait pour Ginny dans le train, reprend Ronald en regardant Harry dans les yeux, j'ai eu très peur pour elle et je me suis emballé. Tu lui as peut-être sauvé la vie avec ces bêtes qui se promenaient.

L'air coupable de Ronald fait sourire Harry. Bien que les deux garçons aient commencé sur le mauvais pied, il réussit à voir un petit espoir percer. Pour cette raison, il se permet un peu d'autodérision.

— Tu es vraiment un Gryffondor pour demander à un vil serpentard de faire équipe avec toi, rigole Harry avec un sourire en coin.

Pour toute réponse, Ron se permet un petit sourire timide.

Lorsque Neville arrive avec sa tasse, Harry et Ronald ont déjà terminé leurs boissons et commencent à analyser leur fond de tasse après avoir fait tout ce que Trelawney avait demandé.

Bon, alors, dit Ron, tandis qu'ils ouvraient leur livre aux pages 5 et 6, qu'est-ce que tu vois dans la mienne ?

Un truc marron et tout mou, répondit Harry. Désormais une odeur se balade dans toute la salle. Celle-ci embrume l'esprit de Harry, qui a désormais très envie de se coucher et de dormir. Il se force à garder les yeux ouverts en se promettant de monter les escaliers plus tôt la prochaine fois pour ne pas être dans cet état dans les prochains cours.

Ouvrez votre esprit, mes chéris, laissez vos yeux voir ce qu'il y a au-delà des apparences ! s'écria le professeur Trelawney dans la pénombre.

Il y a une vague forme de croix, dit-il en consultant son livre. Ça veut dire que tu vas connaître « des épreuves et des souffrances », désolé, mais il y a autre chose qui pourrait bien être un soleil. Alors, attends, je regarde... Ça veut dire « un grand bonheur »... Donc tu vas souffrir, mais tu seras très heureux...

Tu aurais intérêt à faire vérifier ton Troisième Œil, si tu veux mon avis, dit Ron. Tous deux réprimèrent un éclat de rire sous le regard perçant du professeur Trelawney. De l'autre côté de la pièce, Millicent observe le manège des deux garçons avec un œil attentif. Comment Harry peut-il être ami avec celui qu'il a presque détesté pendant deux ans ?

A moi, dit Ron. Il regarda dans la tasse de Harry, le front plissé par l'effort.

Il y a une espèce de boule qui ressemble un peu à un chapeau melon, annonça-t-il. Tu vas peut-être travailler pour le ministère de la Magie... Il tourna la tasse dans l'autre sens.

De ce côté-là, on dirait plutôt un gland... Qu'est-ce que ça veut dire ? Il parcourt les deux pages du livre.

Harry sourit en voyant combien le Gryffondor se prête à l'exercice alors que c'est la chose la plus stupide et inutile qu'il ai jamais faite. Intérieurement, il se promet d'aller toucher un mot à Severus pour demander s'il est encore possible de changer de cours pour l'année. En regardant plus attentivement dans la salle, il se rend compte qu'Hermione est également présente. Il fronce les sourcils en se rappelant de l'avoir vue prendre le chemin pour aller en Arithmancie.

Ah, « une somme d'argent inattendue, de l'or qui arrive de lui-même... » [...] Je vois aussi autre chose... Il tourna à nouveau la tasse.

Ça ressemble à un animal... Oui, voilà la tête... On dirait un hippopotame... non, un mouton... Le professeur Trelawney s'approcha d'eux tandis que Harry laissait échapper un petit rire.

Montrez-moi ça, dit-elle d'un ton réprobateur en arrachant la tasse de Harry des mains de Ron. Tout le monde se tut et attendit. Le professeur Trelawney observait attentivement le fond de la tasse en la faisant tourner dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

Le faucon... mon pauvre chéri, vous avez un ennemi mortel.

Tout le monde sait ça, dit Hermione juste assez fort pour que cela parvienne à Trelawney. Harry est content qu'elle soit là. Pour la première fois, elle ne semble pas convaincue par un enseignant. Et il ne peut pas lui donner tord.

— Je suis Harry Potter, indique le brun à la cicatrice en haussant les épaules en voyant que la professeure regarde Hermion d'un regard qu'il n'est pas certain d'apprécier. Si en plus d'être particulièrement dramatique elle ne respecte pas ses élèves, Harry demanderait des comptes à Severus Rogue. Comment Dumbledore a-t-il pu engager une incompétente pareille ?

Sans prêter attention à ce que son étudiant lui dit, Trelawney continue à observer le fond de la tasse en la tournant dans tous les sens.

La massue... Une attaque. Mon dieu, mon dieu, ce n'est pas une très bonne tasse...

J'avais cru voir un chapeau melon, dit timidement Ron.

— La tête de mort... Il y a un grand danger sur votre chemin, mon pauvre chéri...

La professeur ne semble pas dérangée avec tous les regards qui se posent sur elle et continue son inspection. Harry lève les yeux au ciel. Oui sa vie est un peu catastrophique à cause de Voldemort, mais il est désormais mort. N'est-ce pas ? A cet instant, sa cicatrice se met à picoter. Il faillit lever la main pour la frotter mais se retient. Il ne souhaite pas donner d'explication à cette professeure plus que louche. Celle-ci tourne une dernière fois la tasse et pousse un cri avant d'aller se laisser tomber dans un fauteuil. Elle ferme les yeux et Harry lève les yeux au ciel. Si dramatique ! La professeure lève une main qu'elle pose sur sa poitrine comme pour calmer sa respiration avant de rouvrir les yeux.

Mon pauvre.. pauvre garçon... Non, il vaut mieux ne rien dire... Ne me demandez rien...

Qu'est-ce que vous avez vu, professeur ? demanda aussitôt Hannah Abbot.

Harry remarque alors que les élèves présents se lèvent silencieusement pour venir se presser autour de leur banc, à Ronald, Neville et lui. Heureusement, il sent la présence rassurante de Millicent et de Hermione juste derrière lui. Les deux filles se sont levées pour venir le soutenir, ce qui lui fait grandement plaisir.

Mon pauvre chéri, dit le professeur Trelawney en ouvrant de grands yeux au regard tragique. Le Sinistros est sur vous.

— Le quoi ? interroge Harry, ne comprenant pas de quoi elle parle. Il se tourne vers Ron, mais celui-ci ne lui offre qu'un regard horrifié, comme la plupart des élèves de la salle. Heureusement, Millicent se glisse vers lui et pose une main protectrice sur son épaule. La jeune fille fusille l'enseignante du regard.

Le Sinistros, mon pauvre chéri, le Sinistros ! s'écria le professeur Trelawney qui semble choquée que Harry n'ait pas compris. Le gigantesque chien fantôme qui hante les cimetières ! Mon pauvre chéri, c'est le pire des présages, un présage de mort !

— Arrêtez d'effrayer tout le monde, demande doucement Hermione en s'avançant légèrement et croisant ses bras devant sa poitrine. La prestance de la jeune fille impressionne Harry, car il n'a pas un seul souvenir de Hermione faisant face à un professeur pour le contredire de cette façon. .

L'hostilité dans les yeux de Trelawney lorsqu'elle observe la jeune fille finit d'énerver Harry. Il lève doucement l'épaule sur laquelle Millicent s'appuie pour lui signifier que tout va bien et elle enlève doucement sa main tout en regardant fixement la professeure.

— Est-ce que ça vous amuse d'effrayer comme ça des troisième années ? Le sinistros sérieusement ? C'est une légende, il n'a même pas vraiment de pouvoir d'après les légendes. Ce que vous dites est stupide, avance Millicent pour détourner le regard que l'adulte pose sur Hermione.

Des regards impressionnés se posent sur la serpentard, qui soutient le regard sa professeure. Bien que les serpentards ne soient pas courageux, ils protègent les leurs, entend Harry dans un murmure derrière lui. Cela le fait sourire. C'est ce que leur avait dit Severus Rogue lorsqu'il les avait emmené dans la salle commune le premier soir de leur scolarité. Il est heureux de constater que ses camarades prennent cela très au sérieux.

Excusez-moi de vous dire ça, ma chérie, mais je ne perçois pas une très grande aura autour de vous. Vous me semblez faire preuve d'une réceptivité très limitée aux résonances de l'avenir.

Seamus Finnigan balance la tête de gauche à droite.

On dirait un Sinistros si on le regarde comme ça, dit-il les yeux à demi fermés, mais vu comme ça, on pense plutôt à un âne, ajouta-t-il en penchant la tête vers la gauche.

Quand vous aurez décidé si je dois mourir ou non, vous me le direz, déclare Harry, ennuyé. Ce n'est plus drôle.

Je crois que nous allons en rester là pour aujourd'hui, dit le professeur Trelawney de sa voix la plus mystérieuse. Vous pouvez ranger vos affaires.

En attendant notre prochain cours, que la fortune vous soit favorable, dit le professeur Trelawney d'une voix faible. Ah, au fait, vous, ajouta-t-elle en montrant Neville, vous allez arriver très en retard la prochaine fois, alors essayez de travailler un peu plus pour rattraper.

Les étudiants se dispersent pour aller chercher leurs affaires pour partir, content de finir plus tôt. En posant son livre dans son sac, Harry remarque que Ron l'évite du regard, tout comme plusieurs autres élèves. Il décide alors d'avoir une bonne discussion avec le roux. Une fois l'échelle descendue, il trottine jusqu'au roux et commence à marcher à ses côtés sous les regards intrigués des autres étudiants. Millicent les rejoint mais reste un peu en retrait, ne voulant pas déranger.

— Tu as entendu Bulstrode, dit-il en sortant à ses côtés.

— Tu comprends pas, la plupart des sorciers sont effrayés par les sinistros, lui répond le roux en frémissant.

— Mais je comprends pas, si c'est pas un animal avec des pouvoirs, en quoi est-ce un présage de mort ?

— Potter, dit-il à voix basse et d'un ton grave, tu n'as jamais vu de grand chien noir, n'est-ce pas ?

Surpris par le ton, Harry hoche la tête de gauche à droite. Le soupir de soulagement qui s'échappe des lèvres du Gryffondor l'interroge encore plus.

— Si tu avais vu un Sinistros, c est... c'est très mauvais signe, dit-il. Un jour, mon... mon oncle Bilius en a vu un et il est mort vingt-quatre heures plus tard !

— Donc ce n'est qu'un présage de mort, ce n'est pas la mort, résume Harry en continuant de descendre des escaliers pour se rendre en cours de métamorphose.

— En soit, oui, mais fait attention, parce que si tu en vois un, tu ne risques pas de vivre encore très longtemps, termine le roux dans un murmure. Puis il fait un signe d'au revoir à Harry et Millicent pour se diriger vers sa classe d'histoire de la magie.

— Tu en penses quoi, demanda Harry à son amie qui a suivi la discussion.

— Que comme les moldus, les sorciers sont superstitieux.

La discussion s'arrête là. Les deux amis finissent par enfin trouver la salle de classe et s'installent ensemble sur un banc, oubliant complètement leur dispute. S'étant installé au milieu de la classe, les deux serpents ne se rendent pas compte que d'autres élèves de leurs années les fixent, interrogés autant que effrayés. Harry décide d'en faire abstraction et de se concentrer sur ce qui se passe devant lui. Drago les a rejoint, mais contrairement à son habitude, il ne s'est pas assis juste derrière le survivant. Pour la première fois depuis la première année, il a rejoint Crabb et Goyle. Blessé, Harry essaie de ne pas y prêter attention.

Le premier cours de métamorphose est très impressionnant pour un début d'année. La professeure McGonagall commence par leur faire un petit aspect théorique sur la transformation en animagi avant de leur faire une démonstration. Dans un pop sonor, un chat prend la place de l'enseignante. L'animal a une fourrure grise et les ronds noir qui ressortent sur le tour de ses yeux ressemble fortemetn aux lunette que l'enseignante porte en tant habituel. Après s'être à nouveau transformée en humaine, McGonagall regarde sa classe, l'air dépitée.

Enfin, qu'est-ce qui vous arrive aujourd'hui ? [...] C'est la première fois que mes métamorphoses ne déclenchent aucun applaudissement.

Soudain, Harry se sent très observé. Tous les regards sont tournés vers lui, ce qui lui fait monter le rouge aux joues. En plus d'être célèbre pour sa cicatrice, il l'est maintant car une femme étrange lui a dit qu'il est poursuivit par un présage de mort. Super.

Voilà ce qui s'est passé, professeur, dit-il, nous avons eu notre premier cours de Divination, nous avons lu l'avenir dans les feuilles de thé et...

Ah, je comprends, l'interrompit le professeur McGonagall en fronçant les sourcils. Inutile d'aller plus loin, Mr Tracey. Dites-moi plutôt qui doit mourir cette année ? Les élèves la regardèrent avec des yeux ronds.

Sans dire un mot, Harry lève la main, réprimant un petit rire. Apparemment la professeure est autant sceptique que Millicent, Hermione et lui sur la fiabilité des affirmations de la professeure Trelawney.

Je vois, dit le professeur McGonagall en fixant Harry de ses yeux brillants. Il faut savoir, Potter, que chaque année depuis son arrivée dans cette école, Sibylle Trelawney a prédit la mort de quelqu'un. Or, jusqu'à présent, tout le monde est resté bien vivant. Elle commence toujours l'année scolaire en décelant des présages de mort. Si je n'avais pas pour habitude de ne jamais dire de mal de mes collègues... Le professeur McGonagall s'interrompit et chacun put voir que les ailes de son nez étaient devenues livides.

La Divination est l'une des branches les plus nébuleuses de la magie, reprit-elle plus calmement. Je ne vous cacherai pas que j'éprouve un certain agacement devant ce genre de pratiques. Les voyants véritables sont extrêmement rares et le professeur Trelawney... Elle s'interrompit à nouveau, puis continua d'un ton très naturel:

Vous me paraissez en excellente santé, Potter, aussi j'ai le regret de vous annoncer que vous ne serez pas dispensé de faire votre prochain devoir. Mais si vous mourez, je vous promets que vous ne serez pas obligé de me le rendre.

Des rires s'élèvent dans la classe, si bien que Harry réussit enfin à se détendre complètement. Bien qu'il ait montré très peu d'intérêt pour le cours précédent, recevoir une prémonition concernant sa mort n'est pas bon pour le stress.

Une fois le cours de métamorphose terminé, Harry et Millicent rejoignent Drago, qui est déjà parti à la grande salle, pour manger. Après que Millie ait raconté ce qu'il s'est passé à leur ami blond, celui-ci blêmit.

— Vraiment ? Un sinistros ? J'ai étudié la légende avec mère lorsque j'étais petit, mais je n'en ai pas un bon souvenir.

— Hoo bébé, tu as fait des cauchemars, se moque doucement Harry en ricanant.

— Oui ! S'exclame Drago, outré, j'ai fait tellement de cauchemars ! C'est un énorme chien ! Si tu le vois tu vas mourir ! C'est effrayant ! C'est pour ça que je préfère les Dragons.

Millicent et Harry se regardent une seconde.

— Tu te rends compte qu'un dragon c'est quelque chose comme… mille fois plus dangereux qu'un sinistros, demande Millicent, un soupçon de moquerie dans la voix.

Pour toute réponse, Drago lève les yeux au ciel et propose de déjà sortir pour aller en cours de soin aux créatures magiques. Ses deux amis éclatent de rire et le suivent à l'extérieur, toujours en riant. Harry et Drago marchent côte à côte, ne sachant pas très bien comment se réconcilier. Demander pardon n'est facile pour aucun des deux garçons. Millicent observe leur manège, contente. C'est un bon début. Aller à l'extérieur fait beaucoup de bien au survivant, qui prend une grande respiration. L'odeur du petrichor dans l'air lui chatouille les narines et pour la énième fois, il se dit que cette odeur est réellement la meilleure au monde.

— Je suis désolé, annonce finalement Harry, brisant le silence, Je n'aurais pas dû tout rapporter à moi hier soir.

— Non en effet, répond son ami en levant un sourcil.

Millicent regarde Drago, scandalisée et lui donne un coup de coude pour qu'il se bouge. Le garçon tourne la tête vers elle pour se plaindre mais voit que la jeune fille passe son regard avec insistance entre les deux amis.

— Moi aussi je suis désolé, soupira finalement Drago en comprenant le message, bien qu'il ne sache pas vraiment pourquoi il s'excuse. Heureusement, il remarque immédiatement que Harry se détend. Admettre ses torts, même si on ne les connaît pas, a du bon apparemment.

Les trois amis voient de loin le garde-chasse de Poudlard, qui semble les attendre devant la porte de sa cabane. L'immense sourire sur ses lèvres effraye un peu les serpents, qui hésitent fortement à faire demi-tour. Mais en apercevant leurs camarades, ils prennent leur courage à deux mains et décident de rester. Hagrid a l'air vraiment impatient de commencer son cour, apparemment incapable de rester en place.

Venez, venez, dépêchez-vous ! lança-t-il. Vous allez avoir une bonne surprise ! Vous n'allez pas vous ennuyer, croyez-moi ! Tout le monde est là ? Très bien, suivez-moi !

Drago et Harry s'interrogent du regard mais le suivent à distance. Ils marchent le long de la forêt interdite. En voyant les immenses arbres, Harry retourne en première année quelques secondes. Quirrell et Rogue dans cette forêt inquiétante, lui au sommet d'un arbre tentant d'entendre des bribes de conversations. Il ne revient à l'instant présent que lorsque son ami lui donne un petit coup d'épaule pour lui signifier d'écouter. Harry regarde autour de lui et se rend compte qu'il se trouve dans une sorte de petit enclos ouvert.

Rassemblez-vous le long de la barrière ! cria Hagrid. Voilà, comme ça... Il faut que tout le monde puisse bien voir. Alors, première chose, vous allez ouvrir vos livres...

Comment on fait ? demanda la voix glaciale et traînante de Drago.

Quoi ? dit Hagrid.

Comment on fait pour ouvrir nos livres, répéta Malefoy.

Il sortit son exemplaire du Monstrueux Livre des Monstres qu'il avait ficelé avec un morceau de corde. D'autres élèves sortent également les leurs. Certains, comme Harry, les avaient attachés avec une ceinture, d'autres les avaient serrés dans des sacs étroits ou les avaient fermés avec d'énormes pinces.

— Personne n'a... n'a réussi à ouvrir son livre ? demanda Hagrid, stupéfait. Les élèves firent « non » de la tête.

— Il faut simplement les caresser, dit Hagrid, comme si c'était la chose la plus évidente du monde. Regardez… Le demi-géant attrape le premier livre à sa portée, celui de Hermione, qui se tient juste devant Harry et ses amis. Il défait rapidement le papier plastique utilisé par la jeune fille et attrape le livre. Bien que celui-ci essaye de le mordre, il passe son doigt sur la tranche, ce qui le fait frissonner puis s'ouvrir. Tout fière, le professeur met en avant le livre pour que tout le monde puisse regarder.

Oh, sommes-nous bêtes, dit Pansy Parkinson d'un ton goguenard. Il suffisait de les caresser ! On aurait dû le deviner tout de suite !

Je... je les trouvais plutôt drôles, dit Hagrid à Hermione d'une voix mal assurée.

Oh, extraordinairement drôles ! répliqua Daphné Greengrass. Quelle merveilleuse idée de nous faire acheter des livres qui essaient de nous dévorer la main !

Silence, Greengrasse, dit Drago à voix basse.

Depuis que Hagrid lui a permis de voir un bébé dragon, il le porte en respect. Leur passion commune pour les animaux fantastiques leur a permis d'avoir de longues discussions particulièrement intéressantes. Bien que le blond ne soit pas certain des bonnes pratiques pédagogiques du nouveau professeur, il tient à montrer qu'il a son soutien. Cela surprend la totalité des Serpentards présent pour ce cours, qui bouche-bés, n'osent plus rien dire.

Bien, alors... reprit Hagrid qui semblait avoir perdu le fil. Donc, vous... vous avez vos livres et... et maintenant, il ne vous manque plus que des créatures magiques. Je vais aller vous chercher. Attendez-moi... Il s'éloigna et disparut dans la forêt

Vraiment, cette école est tombée bien bas, dit Pansy d'une voix forte. Voilà que ce bon à rien est devenu professeur !

— Il est le plus apte à nous parler de créatures fantastiques, le défend Hermione en se tournant vers Pansy Parkinson pour lui dire sa façon de penser.

Ooooooooooooh ! s'exclama soudain Lavande Brown d'une voix suraiguë en pointant le doigt vers l'extrémité de l'enclos.

Une douzaine de créatures parmi les plus bizarres que Harry ait jamais vues trottinait dans leur direction. Elles avaient le corps, les pattes arrière et la queue d'un cheval mais leurs pattes avant, leurs ailes et leur tête semblaient provenir d'aigles monstrueux dotés de longs becs d'une couleur gris acier, et de grands yeux orange. Leurs pattes avant étaient pourvues de serres redoutables d'une quinzaine de centimètres de long. Les créatures portaient autour du cou d'épais colliers de cuir attachés à de longues chaînes dont Hagrid tenait les extrémités dans sa main immense.

Allez, en avant ! rugit Hagrid en agitant les chaînes pour faire entrer les monstres dans l'enclos.

Tous les élèves sans exceptions reculent d'un pas en remarquant que Hagrid attache les créatures à la barrière qui se trouve juste devant eux. Certains ouvres de grands yeux, effrayés.

Ce sont des hippogriffes ! annonça Hagrid d'un ton joyeux. Magnifiques, n'est-ce pas ?

— Incroyable, ne peux s'empêcher de murmurer Millicent en voyant les animaux majestueux devant ses yeux.

— C'est magique, affirme Hermione, médusée par le spectacle.

Drago et Harry profitent du spectacle ensemble, sans un mot. Malgré l'apparence incongrue des créatures, elles dégagent une prestance et une beauté à couper le souffle de n'importe quoi. Parkinson et Greengrass sont elles aussi époustouflées par la présentation que Hagrid vient de leur offrir. L'éclat de leurs plumes enchantent les adolescents qui admirent les différentes couleurs qui se reflètent dans le soleil de l'après-midi.

— Bien, dit Hagrid en se frottant les mains, le visage rayonnant, si vous voulez bien vous approcher un peu...

Les étudiants se collent un peu plus à la barrière. Bien que le spectacle soit fabuleux, aucun d'eux n'ose s'approcher, trop effrayée de se prendre un coup de sabot dans le ventre. Ronald et Hermione s'avancent légèrement pour montrer l'exemple, provoquant un sourire chez Hagrid. Neville les suit, bien moins confiant que les deux premiers.

La première chose qu'il faut savoir, c'est que les hippogriffes font preuve d'une très grande fierté, dit Hagrid. Ils sont très susceptibles. Surtout, ne les insultez jamais, sinon ce sera peut-être la dernière chose que vous aurez faite dans votre vie.

Le silence est presque religieux devant les explications de Hagrid. Drago a très envie de faire des remarques acerbes, mais se retient pour laisser le professeur donner son cours. Il se penche parfois vers Harry pour lui faire part de critiques, ce qui fait rire Harry. Celui s'attire les foudre de Hermione, qui lui lance un regard d'avertissement.

On doit toujours attendre que l'hippogriffe fasse le premier geste, poursuivit Hagrid. C'est une créature très attachée à la politesse. Il faut s'avancer vers lui, le saluer en s'inclinant et attendre. S'il vous salue à son tour, vous avez le droit de le toucher. Sinon, je vous conseille de filer très vite parce que, croyez-moi, leurs griffes font du dégât. Alors ? Qui veut essayer le premier ?

— Un animal qui décide si on le respecte ? C'est bien une idée de Gryffondor… marmonne Millicent en ricanant.

Tandis que certains hippogriffes semblent se contenter de leur conditions, les plus proches du groupe d'étudiants semblent se lasser de l'herbe qui se présente à leur pieds et commence à agiter puissamment leurs ailes. Ces démonstrations de puissance font se décaler un peu plus les étudiants. Hagrid semble triste et implore presque du regard le groupe, espérant que l'un d'eux se rapprocherait. Aucun des étudiants n'est encore assez confiant pour tester une approche.

— Vous pourriez nous donner l'exemple, demande Hermione d'une petite voix, espérant que cela pourrait rassurer le groupe et permettre aux plus courageux de tester.

— Les hippogriffes présents me connaissent tous et me font confiance, me voir faire ne vous apprendrait rien, explique Hagrid en se tortillant les doigts.

— Vous resterez proche de celui qui le fait, demande une voix dans le tas d'étudiants.

— Bien évidemment, tonne Hagrid, le but n'est pas de vous assommez mais de vous apprendre quelque chose ! Je serai avec vous tout du long !

— Alors je veux bien essayer, murmure une élève de serdaigle. Des étoiles dans les yeux, la jeune fille semble épatée. Harry essaie de se rappeler de son prénom quand Millicent se penche vers lui pour le lui dire.

— C'est Lisa Turpin ! Apparemment elle adore les animaux et voudrait pouvoir travailler au département de régulation des animaux magique, c'est dingue de déjà savoir ce qu'on veut faire de sa vie déjà en troisième année. Harry hoche la tête pour montrer qu'il écoute, impressionné.

— Moi aussi je sais ce que je veux, s'indigne Drago en entendant son amie.

— Ha ouais ?

— N'importe quoi tant que c'est dans les potions !

— Comme Rogue, s'esclaffe la jeune fille tout doucement pour éviter de se faire remarquer.

Pendant que le trio discute, Hagrid attrape la corde qui se rattache au coup d'un hippogriffe aux magnifiques plumes grises. Il l'amène dans un petit enclos à côté afin de reproduire l'exercice qu'il a décrit un peu plus tôt.

— Approche Turpin, appelle Hagrid avec un grand sourire. Il vient à la rencontre de l'étudiante et lui pose sa grande main dans le dos pour la rassurer.

— Voici Buck, dit-il en s'approchant doucement de l'animal, toujours aux côtés de l'étudiante. Une fois assez proche, il s'efface de côté tout en restant assez proche pour pouvoir intervenir en cas de besoin.

Lisa croise le regard de l'animal par hasard et sursaute en voyant ses grands yeux orange la fixer d'un air féroce. Elle reste immobile quelques secondes, attendant les instructions du professeur.

Attention, maintenant, Lisa, dit Hagrid à voix basse. Tu as croisé son regard, essaye de ne pas ciller... Les hippogriffes se méfient quand on cligne des yeux trop souvent...

Harry sent que la jeune fille est très stressée par l'exercice, tout autant qu'elle est fascinée par l'animal. Le sourire béat qu'elle laisse apparaître sur son visage est contagieux, si bien que Harry est finalement impatient de pouvoir lui-même se soumettre à l'exercice.

C'est ça, très bien, Lisa, dit Hagrid. Maintenant, incline-toi...

Maladroitement, la jeune fille aux cheveux d'un brun chocolat présente sa nuque à l'animal. Ses cheveux tombent en cascade autour de son visage, si bien que les autres étudiants ne voient pas qu'elle reprend son souffle après avoir eu la peur de sa vie. En relevant la tête, elle recroise le regard de Buck et lui sourit timidement. L'hippogriffe continue de le regarder d'un air hautain sans faire le moindre geste.

Ah, dit Hagrid qui semblait contrarié. Bon... recule, maintenant. Il ne faut rien brusquer...

Sous les yeux médusés des étudiants, l'animal légendaire s'incline devant la fille de 13 ans. Il replie une de ses pattes avant et tend l'autre avant de pencher sa tête vers elle. La jeune fille ouvre de grands yeux et porte ses mains devant sa bouche pour s'empêcher de pousser un petit cri de joie.

Bravo, Lisa ! s'exclama Hagrid, enchanté. Vas-y, tu peux le toucher maintenant ! Caresse-lui le bec !

Immédiatement, Harry et ses amis voient que la fille n'est pas prête à cela. Pourtant, le professeur la pousse légèrement en direction de l'animal et elle finit par tendre une main tremblante vers le bec de Buck l'hippogriffe. Sous la caresse, Buck ferme les yeux et semble profiter du moment. Des murmures admiratifs se répandent entre les étudiants, qui espèrent que tout se passera autant bien lorsque ce sera leur tour.

— Parfait, Lisa, dit Hagrid, je crois qu'il va te laisser monter sur son dos, maintenant !

— Pardon, demande la serdaigle en relevant vivement la tête vers son professeur, je crois pas non, dit-elle en s'éloignant vivement de l'animal. Celui-ci gratte le sable et tend la tête en direction de la fille, qui recule encore plus de façon à mettre une distance respectable entre elle et la créature magique.

Grâce à la prestation de la jeune serdaigle, tout le monde commence à entrer dans l'enclos le plus prudemment possible afin de s'essayer à l'exercice. Rapidement, plusieurs groupes se forment pour essayer de saluer puis toucher l'animal fantastique. Le reste du cours se passe sans encombre. Hagrid explique avec passion le mode de vie des hippogriffes et tout ce qu'i savoir sur eux. Certains étudiants acceptent de faire un tour sur le dos de l'animal, et repartent enchantés. Harry ne s'y prête pas. Bien qu'il soit capable de voler sur un balai, il ne se sent pas capable d'avoir autant confiance en une créature magique qu'il ne peut pas contrôler.

Drago réussit facilement à caresser le bec de Buck, tout comme Harry. Millicent en revanche a bien trop peur de s'approcher pour même regarder une de ces créatures dans les yeux. C'est avec l'aide de Hagrid qu'elle réussit à surmonter sa peur et réussir finalement à toucher du bout des doigts les plumes de l'animal.

— Je ne pensais pas que Hagrid ramènerait des animaux aussi incroyables au premier cours, s'égosille Drago, les yeux brillant de joie une fois qu'il se trouve assez loin de ses camarades de cours.

— Honnêtement ça ne m'étonne pas de lui, ricane Millicent en frissonnant à l'idée que tous les cours se déroulent comme celui-ci.

— C'était magnifique, commente simplement Harry, le regard rêveur. Il se remémore le Kelpy dans la crique qu'il avait pu apercevoir pendant l'été. L'image splendide lui avait encore plus donné envie d'en savoir plus sur les créatures magiques qui existent réellement et que les moldus ne peuvent pas voir.

Le reste de la journée se passe très lentement par rapport au cours de soin aux créatures magiques. Celui-ci a converti tout le monde, et l'école entière semble d'accord pour affirmer que le professeur a fait sensation avec son premier cours. Harry et Drago sont définitivement réconciliés et ont décidé de ne plus parler de la pureté du sang tant que ce serait un sujet qui fâche. Bien que tout semble aller pour le mieux dans cette journée, Harry n'arrête pas de penser à Remus Lupin.

Devrait-il aller lui parler, déclencher une discussion ? Devrait-il d'abord en parler à Rogue pour lui demander des conseils ? Ou bien devrait-il attendre que le professeur de défense fasse de lui-même un pas vers lui ? La perte de son meilleur ami et sa femme a du être une épreuve terrible, dont il ne semble pas être remis… A-t-il même le droit de les mentionner devant lui ? Fatigué de réfléchir à ça, il décide de d'abord en parler à ses amis. Ce soir-là, il rejoint Sofia dehors pour marcher quelques mètres. Les deux jeunes sorciers se sont mis d'accord pour se voir deux soirs par semaines à dix-huit heure dans le parc pour garder le contacte.

— Tu as parlé à Remus Lupin, lui demande Sofia l'air innocent.

— Non, pas encore, répond Harry en s'asseyant sur l'herbe proche de l'eau.

— Pourquoi ? C'est le meilleur ami de ton père ! Tu pourrais enfin mieux le connaître et il pourrait te parler de lui !

— En soit qu'est ce que ça m'apporterait, demande Harry avec un soupir, Rogue m'a bien dit que c'était quelqu'un qui faisait des blagues pas très gentilles.

— Franchement, tu vas te contenter de cette explication, de seulement son point de vue ? Harry, tu as besoin d'une vue d'ensemble pour te faire une vraie opinion, tu es plus intelligent que ça ! Et puis c'est un professeur merveilleux !

— Je sais pas, marmonne Harry, les mains dans les poches.

— Dis-toi qu'il pourrait peut-être vouloir faire partie de ta vie… Après tout, ton père était son meilleur ami.

Harry et Sofia se séparent devant la grande salle pour se diriger chacun vers ses camarades respectifs. Millicent est plongée dans un roman policier tout en mangeant très lentement une tartine, tandis que Drago a les coudes posés sur la table, les yeux fixement posés sur la table des Gryffondors.

— Tu as fait copain copain avec Weasmoche, demande le blond sans attendre que Harry soit assis.

— Pas tant que ça, Millicent m'a lâché, fallait bien que je trouve quelqu'un, assure-t-il en enjambant le banc pour s'asseoir.

— Je t'ai pas lâché, grogne la jeune fille en baissant son livre, j'étais fâchée.

— Ouais, bah n'empêche que tu es allé te mettre à la table de Pansy et Daphné.

— Roh, la ferme !

Harry lève les yeux et croise le regard de Sofia à la table des Serdaigles. Elle lui sourit et, d'un mouvement de tête, lui fait comprendre qu'elle aimerait qu'il parle à ses amis de leur sujet de discussion. Il fronce du nez et hausse légèrement les épaules pour lui dire qu'il n'a pas envie de leur infliger ça. Elle fait les gros yeux et recule légèrement sa tête, comme pour lui indiquer qu'il est stupide de ne pas se confier. Harry sourit et rigole légèrement. Il lève les yeux au ciel toujours en souriant pour indiquer à sa sœur qu'elle a gagné. Elle lui offre un magnifique sourire qui lui fait chaud au cœur.

— Bon les gars, je sais pas trop quoi faire avec Lupin, avoue-t-il enfin à Drago et Millicent.

— Et comment Sofia a fait pour te pousser à nous en parler juste avec quelques mimiques, demande Millicent, un peu jalouse de la complicité qui se trouve entre ces deux-là.

— Je sais pas, elle est comme ça, sourit Harry en relevant les yeux pour chercher les cheveux noir de sa soeur. Elle parle désormais à Lisa Turpin et Cho Chang, assisent à côté d'elle.

— Et bien quoi Lupin ? Faut que tu ailles lui parler c'est tout ? Tu fais tout pour mieux connaître tes parents depuis la première année et c'est la personne la plus proche de lui que tu pouvais imaginer, argumente Drago en se servant de la purée de pomme de terre.

— Et puis, il s'est battu pendant la guerre, il pourrait être un bon allié si tu t'y prend bien. Tu te rappelle comme tu ne faisais pas confiance à Rogue au début ? Bah lui c'est pareil, continue Drago, tu dois juste apprendre à le connaître. Et puis, c'est un bon prof, dépend comment, si tu t'entend bien avec lui, il pourrait te donner des conseils sur comment te défendre…

Harry reste bête devant la réponse de son ami, qui a complètement raison.

— Oui mais…

— Y a pas de mais, en fait, dit Millicent en haussant les épaules, tu te tues à essayer de comprendre qui tu es et d'où tu viens. C'est vraiment le meilleur moyen qui t'ai été présenté jusqu'à maintenant. Il connait ton père mieux que personne, et puis lui parler ne veut pas dire lui faire confiance immédiatement ! Laisse-lui le bénéfice du doute…

De nouveau, Harry ne sait que dire. Ses amis ont raison et il le sait. Pourtant, quelque chose l'empêche d'aller voir le nouveau professeur pour le solliciter.

— J'aimerais d'abord voir Rogue je crois.

— Pourquoi, demanda Drago en avançant un verre entier de jus de citrouille.

— C'est le seul adulte en qui j'ai confiance, comme tu l'as dit, dit en ricannant le survivant. Non, je veux surtout savoir ce que lui il pense de Lupin pour savoir combien je peux avoir confiance en ce qu'il me dira quand j'irais le voir…

— D'accord, tu veux qu'on vienne avec toi, demande Millicent en regardant son ami.

— Non non, mais c'est gentil de proposer, je vais aller après le repas.

— Tu ne veux pas envoyer un message à Mary et Marlène pour leur dire qu'il est ton professeur ?

Harry hoche négativement la tête. Ses tantes semblent bien trop proches de lui pour avoir un jugement objectif, contrairement à Rogue qui est la personne la plus objective qu'il connaisse.