Hello,
Voici le nouveau chapitre, un peu moins chargé que prévu mais j'ai un peu de mal à écrire en ce moment mais je fais de mon mieux. En tout cas merci aux nouvelles personnes qui suivent pour histoire, vous êtes un vrai soutient.
Alors bonne lecture,
Bises,
XCheschireCat
Harry n'était pas un petit garçon idiot, il était même plus intelligent que la moyenne mais surtout très observateur. Et il avait bien compris qu'un sujet inquiétait Martin et Piotr ces derniers jours, jusqu'à aujourd'hui. Mais ce matin l'argentin avait descendu les escaliers en sifflotant un air latin avant d'étaler une couche épaisse de dulche de leche sur une brioche toastée. Visiblement tout allait mieux pour lui alors Harry haussa mentalement les épaules. Les garçons pouvaient avoir toutes sortes de problèmes en passant de disputes avec des voisins un peu trop velléitaires à des problèmes de vol ou de trafic pour Killian. Quoi qu'il en soit, Harry avait appris à ne plus poser de question car de toute manière, personne n'y répondait jamais. Alors le petit sorcier apprenait en observant, et en regardant attentivement le blond, le petit garçon se mit à espérer que Piotr allait bien, que la joie de Martin ne soit pas due à la défaite de l'autre.
Toujours à se disputer avant de se rabibocher ces deux-là.
Martin lui mit une pichenette sur le front.
-"Et alors chico, tu revasses dans tes céréales ?
-Non je réfléchis, tu devrais essayer de temps en temps."
L'argentin mit une main sur son cœur, et prit un air blessé.
-"Outch ! Ça fait mal ce que tu me dis là. Ne fait pas comme ta sœur, apprends donc à peser tes paroles.
-Mais c'est pourtant tellement vrai." Ricana Harry.
Le blond se contenta de prendre une nouvelle bouchée de sa tartine, remplissant ses joues comme celles d'un hamster. L'argentin semblait plus heureux maintenant qu'il savait qu'il pouvait rester en Irlande. Il s'était bien habitué à la maison du Père Cunningham, sa blessure à la jambe avait guéri, il avait visité son future lycée la veille et le père s'assurer qu'il aille à des réunions pour addicts organisées par l'église. Harry pouvait s'habituer à Martin et à sa bonne humeur.
-"Allez. Habille-toi, on doit être à l'hippodrome à l'heure sinon Piotr va nous faire une crise de nerfs."
Le petit garçon acquiesça et bu son reste de lait d'une traite avant de se lever. Ils devaient se rendre à la course de chevaux au Down Royal Racecourse pour la dernière course de l'année. Et peut-être aussi la dernière de Piotr, d'adolescent commençait à être trop grand pour être jockey. Le soviétique qui avait toujours été petit et fluet avait grandit d'un coup, à son grand désespoir, le disqualifiant d'office pour la prochaine saison. Il mettait maintenant tous ses espoirs sur Harry, qui pour la première fois était bien heureux d'être plus petit que tout les autres.
Les enfants n'eurent qu'à attendre un quinzaine de minutes avant que l'un des chauffeurs de Killian ne s'arrête. Franck était au volant de la berline noir qui les emmena à l'hippodrome. Le chauffeur bavarda un peu avec eux, Harry ne le connaissait pas très bien contrairement à ses petits frères, les jumeaux Nelson qui étaient plus proches de l'âge d'Harry. Les jumeaux Nelson avaient accompagné le petit sorcier dans ses explorations de la région, ils venaient régulièrement à l'église probablement pour être un peu plus libres que chez eux. Car Harry avait eu l'occasion de rencontrer les parents Nelson et n'avait pas beaucoup aimé l'impression qu'il se dégageait d'eux. Surtout le père boucher de profession qui prêtait sa boutique aux indépendantistes. Non, vraiment, Harry pouvait comprendre pourquoi les enfants Nelson voulaient passer autant de temps loin de la maison; après tout lui avait pareil quand il vivait chez l'oncle Vernon.
"-Nous y voilà ! "Annonça Franck en se garant sur le parking bondé de l'hippodrome. Harry jeta un coup d'œil par la fenêtre de la berline, un peu anxieux à l'idée d'être coincé dans une marée humaine. Martin ajusta l'écharpe verte du plus jeune avant de sortir pour le prendre par la main pour le guider jusque dans les tribunes ou la famille Kray avait des places. Bien serré contre les pans du manteau de l'argentin, la foule était moins effrayante pour le petit garçon. Surtout quand Martin la traversait, elle s'écartait d'elle même face à lui. Et une fois dans les tribunes, Harry se sentit mieux, surtout lorsqu'il reconnut Finn, le plus jeune frère Kray.
"-Salut Harry." Fit l'autre garçon en secouant la main.
"-Salut Finn, toute ta famille à fait le voyage depuis Londres?
-Yep. Ils voulaient passer Noël en Irlande cette année. Après aujourd'hui on descend à la maison de campagne de Cork.
-Ça a l'air bien." Commenta Harry tout en jetant un regard vers les pistes ou les chevaux n'étaient pas encore en place. "Faire Noël avec toute ta famille. Surtout ceux que l'on ne voit pas souvent.
-On voit que tu ne les connais pas." Marmonna Finn en jetant un regard noir à son père. Harry pour sa part évita de regarder Kray Sr de peur que l'homme se rappelle d'Harry comme le garçon qui l'avait envoyé à l'hôpital il y a deux ans. Finn capta la crainte de son ami et lui sourit avec sympathie. "T'inquiète pas pour le vieux, avec son AVC il ne rappel de rien et de toute manière, personne ne comprend vraiment quand il parle. Sauf Tante Dolly.
-Hum... Je suppose que ça vaut mieux pour moi.
-Les garçons." Interrompit Martin dans leur dos. "Vous devriez vous concentrez, la course commence.
Le petit sorcier hocha la tête avant de porter ses yeux sur piste où les cavaliers entraient dans les starting block. Harry repéra Piotr sur son cheval alzan sur l'une des lignes de milieu et dès que le départ fut donné le garçon se leva pour encourager le soviétique. Sous les hourras de la foule Piotr cavalait en tête, léger comme une plume sur le gazon. Le duo semblait voler, voler vers la victoire. Harry applaudit comme un fou, jusqu'en avoir mal aux mains lorsque la course se termina. La plupart des gens autour en faisait de même heureux de voir les anglais loin derrière leur champion local.
- "Whaou ! "S'écria Finn les joues rougies par le vent froid et l'excitation. "J'aimerai savoir monter à cheval comme lui !
- Moi aussi. J'aimerai qu'il m'apprenne.
- Je suis certain qu'il le fera. Il est souvent ici avec toi. Alors que moi, à Londres, je n'ai pas beaucoup d'occasion.
- Demande à tes grands frères de rester un peu ici."
Finn fit un moue dubitative.
- "Je l'ai déjà fait, d'après eux c'est trop dangereux surtout avec les gars en oranges qui patrouillent dans le coin." Finn se rapprocha d'Harry pour murmurer sur le ton de la confidence. "L'autre jour j'ai entendu Killian parler avec Sean. Apparemment les royalistes surveillent l'église du Père Cunningham parce qu'il rend visite aux prisonniers politiques. Il parait qu'ils ont toujours un gars ou deux qui sont dans le coin mais personne ne s'en prend à lui, parce que c'est un prêtre assez populaire. Il paraît qu'il a connu Bobby Sands..."
Finn avait beaucoup d'admiration dans la noix en disant ces mots. Harry n'avait pas réalisé à quel point son protecteur était important, jusqu'à aujourd'hui.
- "Si tu ne peux pas aller à Belfast. "Répondit lentement Harry en rassemblant ses pensées." Je suis certain que le père nous laissera venir à Londres plus souvent. On pourra emmener Piotr avec nous..."
Finn le puit dans les bras, un brusquement et le sera fort. "Merci Harry. t'es vraiment un super ami."
Ça faisait quoi… presque deux ans ? Deux ans que ses geôliers lui avaient coupé le bras, et pourtant Sirius avait encore mal, comme au premier jour. Allongé sur sa paillasse humide, les yeux fermés, il s'imaginait ouvrir et fermer le poing de sa main gauche. Encore et encore. Comme si ça pouvait faire taire la douleur.
Est-ce que cela aidait ? Sirius n'en était pas certain. Mais au moins, ça lui faisait passer le temps et l'éloignait de ces pensées morbides que les détraqueurs faisaient resurgir.
"-Black, allez, réveille-toi."
La voix traînante du gardien Peck résonna tandis qu'il déverrouillait la porte de la cellule. Sirius tourna vers lui un regard vitreux. Il ne l'avait pas entendu arriver. Peck, dans son uniforme noir, avait les traits tirés, l'air menaçant. Mais il était bien moins dur qu'avant. Sirius savait de quoi il parlait. Après tout, ce même homme l'avait torturé il y a deux ans, cherchant à comprendre comment il avait réussi à s'évader de la cellule. Pourtant, malgré tout, Sirius l'appréciait d'une certaine manière. Parce que lui aussi, Azkaban l'avait brisé.
"- Qu'est-ce qu'il y a, Peck ? Les grands patrons veulent encore savoir comment j'ai fait ?" demanda-t-il d'une voix désabusée, sans bouger.
"- Non. T'as de la visite en bas."
Sirius se redressa lentement, ses os protestant douloureusement à chaque mouvement. Il manqua de retomber sur sa couchette en voulant s'appuyer sur son bras manquant. Mais la visite devait être Pandora, il n'y avait qu'elle qui venait encore le voir dans ce trou oublié. Alors il se concentra pour ses prochains mouvements.
Peck le prit fermement par le bras valide et l'aida à descendre les escaliers glissants du couloir. Sirius lui en fut presque reconnaissant. Sans ça, il se serait probablement brisé la nuque. Ils s'arrêtèrent devant la porte de la salle de visite. Le gardien lui passa une paire de menottes ensorcelées, les accrochant à la table de métal.
"-Ai-je l'air présentable ?" demanda Sirius avec un sourire en coin. Il n'aimait pas que Pandora le voie en loque. Elle faisait toujours de son mieux pour le sortir d'ici, c'était la moindre des choses qu'il pouvait faire.
Peck le regarda de haut en bas, puis leva sa baguette. Par réflexe, Sirius rentra la tête dans les épaules, prêt à encaisser un coup. Mais le sort du gardien ne fit que dompter un peu ses cheveux et sa barbe, et nettoyer la crasse accumulée sur son visage.
"-Là, c'est mieux." Puis Peck quitta la salle sans un mot de plus.
Le visiteur entra moins d'une minute plus tard. Mais ce n'était pas Pandora. Sirius sentit son souffle se bloquer dans sa poitrine. Parce que l'homme qui venait d'entrer… il le connaissait trop bien.
"-Moony !?" s'écria-t-il, incapable de se retenir. Il tenta de se lever, mais les chaînes autour de sa main et de sa taille le ramenèrent brutalement contre la chaise. Son ami se tenait là, devant lui, comme une apparition irréelle. Sirius cligna des yeux, s'attendant presque à ce qu'il disparaisse. Il oublia même comment parler, tandis que Remus prenait lentement place sur l'autre chaise de la pièce. "Moony… ? Je… je ne sais pas quoi dire..."
Mais Remus ne répondit pas. Il le fixait, sans vraiment le voir, les yeux ambre voilés, comme perdus ailleurs.
Sirius détailla son ami plus attentivement. Ses cheveux avaient poussé, en une masse indomptable. Il ne s'était visiblement pas rasé depuis longtemps. De grandes cernes bleutées s'étendaient sous ses yeux, et de nouvelles cicatrices s'étaient ajoutées à celles que Sirius connaissait déjà.
Et il y avait autre chose. Quelque chose qui clochait mais qu'il puisse dire de quoi il s'agissait.
"-Remus...
-Arrête."
La voix claqua comme un fouet. Froide. Dure. Sirius sursauta, rentrant instinctivement la tête dans les épaules, comme si son ami venait de le frapper.
"-Arrête de parler. Tais-toi." Le silence qui suivit était écrasant. Remus inspira profondément avant de reprendre, d'un ton rauque. "Tu as une sale tête." Un rire sans joie lui échappa. "Et un bras en moins."
Sirius releva les yeux, piqué par la remarque. Et c'est là qu'il le vit. Ce qui lui avait échappé jusque-là. Les pupilles dilatées. Les gouttes de sueur coulant sur son front. Les mains qui tremblaient. Remus était drogué.
"-Remus…" balbutia Sirius en se penchant légèrement vers lui. "Je…"
Il ne savait pas quoi dire, pas quoi faire pour l'aider. Il voulait des nouvelles d'Harry. Savoir s'il était toujours porté disparu. Si quelqu'un le recherchait encore. C'était trop. Trop de questions. Trop de mots. Son souffle s'emballa. Court et superficiel. Il se sentait pris dans une tempête, incapable de respirer. Face à un vent bien trop fort pour lui.
"-Remus… Harry. Comment va Harry ?"
Un éclat glacé passa dans le regard de son ami.
"-Harry ?! Parce que maintenant tu te préoccupes d'Harry ?" Remus ricana, un rire amer et cassé. "C'était pas vraiment le cas le jour où tu as vendu James et Lily à Voldemort."
-C'était pas moi, Moony."
La voix de Sirius se brisa en une plainte désespérée. Il cherchait son regard, s'accrochait à l'espoir d'y voir une once de doute, une brèche dans sa colère.
"-Je te le jure, Moony. S'il te plaît, tu dois me croire.
-Te croire ? Alors que tu t'obstines à mentir !"
Remus s'emportait, sa rage montant en flèche. Plus il criait, plus Sirius se recroquevillait, cherchant à se fondre dans le mobilier. S'il avait pu l'animagus se serait transformé sur le champs pour tenter d'échapper à la tempête.
"-Et arrête ça !" Le poing de Remus s'abattit brutalement sur la table, déformant légèrement le métal. "Arrête d'envoyer Pandora Lovegood chez moi ! Arrête de courir après tout le monde ! Accepte ta peine, c'est la moindre des choses après tout le mal que tu as causé !" Les mots du loup avait figé Sirius avec plus d'efficacité que n'importe quel sort, il pouvait seulement sentir ses jambes sous la chaise trembler sans qu'ils ne puissent les contrôler. "Tu as tué James et Lily ! Tu as tué Peter et treize Moldus ! À cause de toi, Harry est orphelin et…" Sa voix se brisa. "Et je me suis retrouvé seul au monde." Les larmes qui auraient menacé de couler chez Sirius depuis le début de la dispute glissaient maintenant le long de ses joues.
Sirius ouvrit la bouche, une dernière fois.
"-Remus, je …
-Non."
Un ordre, sec, sans appel. Le loup-garou détourna le regard, son corps tendu comme une corde prête à rompre. Sa respiration était hachée, irrégulière, comme s'il se battait pour garder le contrôle.
Sirius ne bougea pas. Il savait reconnaître une rage sur le point d'exploser, il avait vu son ami, trop de fois se transformer en loup-garou pour ne pas en reconnaître les signes. C'était comme si la pleine lune se trouvait dans cette salle de visite miteuse, mais Sirius n'avait pas affronter le loup, seulement Remus. Et s'était bien pire.
Son ami leva le bras mais ne le frappa pas. Il n'en avait même pas besoin, pas avec ce regard plein de mépris et ce silence poisseux. Et dire qu'il y avait eu tant d'années d'amitié, et maintenant il ne restait plus que ça. Remus passa une main tremblante sur son visage.
"-J'aurais dû te tuer, ce soir-là." Sirius releva la tête si brusquement que les chaînes cliquetèrent violemment contre la table. Remus ne le regardait même pas. "J'aurais dû te traquer avant le Ministère. Avant Azkaban. Avant que tu n'aies la chance de t'enfuir comme le lâche que tu es."
Le visiteur se leva, chancelant à peine, mais ses doigts s'attardèrent sur le métal de la chaise, comme s'il hésitait. Sirius sentait son cœur cogner contre ses côtes. Il voulait parler, supplier, crier, mais aucun mot ne sortait, tout était dans sa gorge. Remus atteignit la porte. Avant de s'arrêter.
C'est là que tout bascula.
"-Harry… il n'a pas besoin de toi."
Sirius releva brusquement les yeux. Remus se figea. L'air sembla se figer autour d'eux, lourd, irrespirable. Le loup avait parlé trop vite. Il le savait. Sirius le savait silence tendu s'étira. Sirius sentit le sang marteler ses tempes. Son cœur s'accéléra. Il aurait pu passer la phrase en boucle dans son esprit, la disséquer jusqu'à l'obsession.
"Harry n'a pas besoin de toi."
Harry est en vie.
Harry est quelque part.
Et Remus sait où. Le corps de Sirius réagit avant son cerveau. Il se tendit en avant, tirant sur ses chaînes, son souffle court, prêt à s'agripper à n'importe quel indice.
"-Remus
-Non."
Cette fois, sa voix était éraillée, brutale. Remus recula, se murant immédiatement dans le silence, comme s'il espérait que Sirius oublie ce qu'il venait de dire. Sirius ne l'oublierait pas. Il n'oublierait jamais. Remus posa la main sur la porte, mais cette fois, son geste n'avait plus rien de rageur. Il y avait juste une grande fatigue en plus.
"-Ne me fais plus chercher après toi, Black."
Il sortit. La porte claqua derrière lui. Et Sirius resta là, seul, les poignets meurtris par les menottes, les yeux rivés sur la table cabossée. Il avait perdu Remus ce soir, c'était un fait. Mais pour la première fois depuis des années…
Il allait retrouver Harry.
Finalement, Bill avait accepté de l'aider à cacher leur repaire aux yeux du monde. Le septième année avait passé tout un week-end à graver des runes sur la porte en bois et les montants en pierre. Dani avait été très impressionnée, mais elle avait trop d'orgueil pour l'admettre. Surtout après s'être heurtée à son refus initial.
Quand il eut terminé, elle s'approcha lentement de la porte. Sauf qu'il n'y avait plus de porte. Le bois s'était fondu dans la pierre, invisible à l'œil nu. Dani plissa les yeux et glissa ses doigts sur la surface lisse. Rien. Pas d'aspérité, pas d'interstice.
"- Comment je suis censée entrer maintenant ?"
Bill, appuyé contre un mur, sourit légèrement, amusé.
"-Essaie encore."
Elle fronça les sourcils et recommença, plus lentement. Cette fois, elle sentit un espace minuscule entre deux pierres. Instinctivement, elle y passa ses doigts et trouva une poignée de métal. La porte s'ouvrit sans un bruit.
Vraiment, c'était un travail magnifique. Mais elle ne lui dirait pas.
Depuis, Dani avait pris possession de la salle abandonnée sous le regard indulgent de Bill. Elle avait déplacé les vieilles tables poussiéreuses, empilé les caisses de Piotr dans un coin et surtout, installé un chaudron fumant sur une paillasse improvisée. À présent, elle préparait un filtre de confusion, élément clé de sa vengeance contre les Serpentard qui l'avaient envoyée à l'infirmerie. Concentrée, elle broyait minutieusement des achillées séchées dans un mortier, tandis que Bill, assis un peu plus loin, révisait ses ASPICs.
De temps à autre, Dani lui jetait un coup d'œil. Il semblait… éteint. Fatigué, oui, mais il y avait autre chose. Quelque chose qu'elle ne comprenait pas encore. Mais elle finirait par savoir. Laissant sa potion reposer, Dani se dirigea vers l'une des caisses et en sortit deux bouteilles de Coca. Elle en tendit une à Bill avant de s'asseoir sur une chaise à côté de lui.
"-Tiens, essaye ça. C'est une merveille du monde moldu."
Bill prit la bouteille et observa le liquide noir pétillant avec suspicion.
"-Je pense plutôt que tu veux m'empoisonner.
-Je ne le ferais pas comme ça," Ricana la rouquine avant de boire une gorgée.
Bill l'imita prudemment et haussa les sourcils.
"-Whaou ! Je ne m'attendais pas à ça. Les Moldus boivent vraiment ça ?"
Dani hocha la tête.
"-Il y a quoi dedans ?
-Aucune idée. Il vaut peut-être mieux ne pas chercher à savoir."
Le préfet observa sa bouteille avec plus de crainte, mais en reprit quand même une gorgée.
"-Et ta potion ? Elle en est où ?
-Presque finie. Il ne reste plus que le temps de repos et le charme.
-Impressionnant. Tu comptes leur donner quand ?
-Vendredi au petit-déjeuner. On a deux heures de potions juste après et, normalement, samedi à l'heure du train, ils seront tous à l'infirmerie.
-Tous ? Je pensais que tu voulais juste te venger de Keen. Tu n'as pas peur d'être suspecte si tous ceux qui t'ont agressé finissent chez Pomfresh ?
-Que les professeurs aient des doutes, je m'en fiche. Quant aux autres, ça leur passera peut-être l'envie de me faire chier.
- Charmant…"
Dani lui donna un coup de coude pour son ton désobligeant avant de se lever pour attraper son sac de cours.
"- J'te laisse, perfect préfet, j'ai cours contrairement à toi.
-Je lancerai ton charme si tu n'es pas revenue," marmonna l'adolescent en replongeant dans son livre.
Dani lui fit un signe de la main avant de quitter la pièce. Il ne répondit pas.
Les heures qui la séparaient du vendredi matin passèrent lentement. Elle trépignait d'impatience, à la fois excitée par sa vengeance et par l'idée de rentrer chez elle. Le matin venu, elle patientait dans le hall d'entrée avant le petit-déjeuner, ses doigts parcourant fébrilement la fiole du philtre de confusion. Alors qu'elle prenait une grande inspiration, prête à se diriger vers les tables, une main s'abattit sur son épaule.
"-Miss Fell. Je voudrais vous parler un moment, c'est important."
Le professeur Leighton se tenait face à elle, un sourire accroché aux lèvres. Mais ses yeux, eux, restaient froids. Surprise par la demande et prise au piège par sa main toujours posée sur son épaule, Dani acquiesça et le suivit.
Une petite voix, qui ressemblait étrangement à celle de Kilian, résonna dans son esprit : Il serait plus prudent de te débarrasser de la potion avant qu'un enseignant ne te demande de vider tes poches.
Profitant d'un moment d'inattention de Leighton, elle glissa discrètement la fiole dans une niche derrière des bougies. Une bonne chose de faite.
Le bureau du professeur était situé dans un cul-de-sac au premier étage. Dani y entra avec autant d'appréhension que de frustration.
"-Je vous en prie, Miss Fell, asseyez-vous." Il désigna le fauteuil en face de son bureau. "Une tasse de thé ?
-Oui, merci, monsieur."
Il lui tendit une tasse dont l'odeur de cannelle était terriblement forte.
"-Puis-je savoir pourquoi vous vouliez me voir ?"
Leighton la fixa un instant, comme pour jauger sa réaction.
"-Eh bien, pour tout vous dire, je suis inquiet." Il marqua une pause, scrutant la jeune fille qui prit une gorgée du liquide chaud. " Inquiet de ce qui s'est passé. Vous n'avez toujours aucun souvenir ?
-Non, monsieur." Dani se mordit la lèvre. "Je suis désolée.
-Ne le soyez pas, Miss, vous n'y êtes pour rien. Vous n'êtes que la victime dans cette histoire." Son sourire bienveillant la mit mal à l'aise. Savoir que l'attention de son professeur était porté sur elle, la rendait nerveuse même s'il essayait visiblement de la mettre mal à l'aise. "J'ai pris la liberté de retourner chez vous pour parler avec vos tuteurs." Dani se crispa sur son siège. Ses mensonges ne tenaient qu'à un fil. Si Leighton ou un autre professeur découvrait qu'elle ne vivait plus dans cet appartement miteux depuis des années, elle aurait de gros ennuis. Et ça, c'était sans parler de Harry. "Malheureusement, il n'y avait personne…" Elle se détendit légèrement. C'était toujours mieux que si Leighton était tombé sur les filles du bordel du rez-de-chaussée. "Savez-vous où ils sont ?
-Où ils sont… ?" balbutia Dani. "Mes tuteurs ? Vous voulez savoir où ils sont ?" Le professeur acquiesça. "Aucune idée. Je ne sais jamais où ils sont quand je suis ici."
L'iranienne haussa les épaules, prenant un air penaud, tout en cherchant désespérément un alibi plausible.
"-Dans tous les cas, sachez que vous pouvez compter sur l'équipe professorale si vous avez un problème. Ici ou ailleurs." Il laissa planer un silence. Une invitation à se confier que Daniella refusa de saisir. "Je ne suis pas là pour vous nuire, Miss Fell. Je veux sincèrement vous aider." Il hésita un moment cherchant ses mots. "Et à titre personnel, je sais ce que ça fait de venir d'un quartier comme l'East End." Il eut un sourire un peu triste. "Je viens moi-même de Leeds. Je sais comment ce monde fonctionne, vous comprenez ce que je veux dire."
Dani hocha la tête, sans trop savoir quoi faire de cette information. Mais elle nota qu'en cas de problème, c'était probablement avec lui qu'elle aurait le plus de marge de manœuvre.
"-Merci, monsieur.
-Très bien, vous pouvez y aller. La porte de mon bureau vous restera toujours ouverte.
-Encore merci."
Quand la cloche sonna, Dani se précipita vers les cachots, furieuse d'avoir perdu son temps. Frustrée de savoir qu'elle ne pourrait pas se venger de Keen et de sa clique avant les vacances.
Putain de professeur.
Alors votre avis?
Je sais que Sirius et Remus pètent un peu un plomb, mais parfois c'est ça la vie. Sirius est au bout du rouleau, avec un SSPT et probablement dépressif. Remus n'est pas mieux avec des douleurs chroniques, un addiction non géré et frustré de voir que sa vie ne s'améliore pas alors qu'il a retrouvé Harry.
Et Leighton continu de roder comme un vautour.
