Voici le chapitre 25. Il est possible que je fasse une petite pause dans les posts, car je suis ... en manque d'inspiration. Je suis bloquée un peu plus loin dans mon histoire, et j'ai besoin de prendre un peu de recul pour trouver ce qui manque. En attendant le déblocage, j'espère que ce chapitre vous plaira.

Chapitre 25:

Neville Londubat poussa timidement la porte de l'infirmerie, tenant sa main enveloppée d'un linge tâché de sang. Il s'était fait mordre par son Snargalouf dont le pot avait négligemment été oublié sur sa table de nuit. En cherchant sa baguette à tâtons, ce matin, ses doigts avaient malencontreusement trouvé les crocs acérés de la plante carnivore. La douleur était vive, mais ce n'était rien comparé au choc qui l'attendait.

Madame Pomfresh? appela-t-il d'une voix incertaine, ses yeux parcourant la pièce à la recherche de l'infirmière.

La lumière du matin pénétrait doucement dans l'infirmerie, caressant les murs de pierre d'une lueur dorée. Le silence n'était troublé que par le crépitement discret d'un feu magique allumé dans l'âtre, réchauffant l'atmosphère.

Neville fit un pas hésitant dans l'infirmerie avant de s'arrêter net, figé par la scène qui s'offrait à lui.

Sur l'un des lits, Severus Rogue était assis, ou plutôt à demi affalé, endormi. Mais ce qui paralysa Neville, ce qui défia toute logique dans son esprit, c'était la jeune femme blottie contre lui. Sa tête reposait sur le torse de son professeur de potions, ses traits détendus, paisibles, comme si elle avait trouvé là un sanctuaire. Les bras de Rogue l'entouraient avec une douceur que Neville aurait jugée impossible venant de cet homme si froid, si distant. Cette proximité paraissait irréelle, comme un tableau figé dans une autre réalité.

Neville sentit son esprit vaciller, incapable de réconcilier l'image terrifiante du professeur Rogue qui terrorisait ses élèves avec celle, presque tendre, de l'homme devant lui. Était-ce une sorte d'illusion? Un mauvais rêve? Mais non, tout semblait trop tangible, trop réel.

Il ouvrit la bouche, cherchant à articuler quelque chose, mais aucun son ne sortit. Était-ce vraiment Rogue? Le même homme qui aboyait ses ordres en cours de potions, qui distribuait des points en moins avec un plaisir évident?

Un rire étouffé résonna soudain derrière lui, et il sursauta, tournant précipitamment la tête.

Dumbledore se tenait là, un sourire amusé éclairant son visage, ses yeux pétillants derrière ses lunettes en demi-lune.

Ne sont-ils pas adorables? fit-il, son ton empreint d'une douceur taquine.

Neville ouvrit la bouche encore plus grand, cherchant une réponse appropriée, mais rien ne vint. Il détourna les yeux, rouge jusqu'aux oreilles, tandis que Dumbledore posait un regard presque attendri sur la scène.

Le rire, bien que faible, fut suffisant pour tirer Rogue de son sommeil. Il ouvrit brusquement les yeux, plissant les paupières face à la lumière du matin. Une seconde de confusion passa sur son visage avant qu'il ne comprenne la situation.

Il réalisa alors que ses bras étaient toujours autour de Brittany et qu'un Neville figé et bouche bée se tenait devant lui.

Fermez cette bouche, Londubat, grogna-t-il d'une voix acérée. Et si un mot de ceci atteint une quelconque oreille, je vous garantis que votre vie deviendra un véritable enfer.

Neville, terrifié, avala difficilement sa salive et hocha frénétiquement la tête.

Allons, Severus, modérez vos menaces. Comment va votre épouse, ce matin? dit Dumbledore en retenant un autre rire.

Neville ouvrit encore un peu plus grand les yeux, comme s'il venait de recevoir un sortilège de stupéfixion.

Sortez immédiatement d'ici! Gronda Rogue en se redressant doucement pour ne pas réveiller Brittany.

Neville hocha de nouveau la tête, fit un demi-tour précipité et quitta l'infirmerie en courant, oubliant totalement sa blessure.

Dumbledore, toujours souriant, observa Rogue qui réajustait distraitement la couverture sur la jeune femme.

Vous jubilez, Dumbledore, n'est-ce pas? lâcha Rogue avec amertume, une lueur d'agacement dans le regard.

Le directeur se contenta d'un haussement d'épaules, son sourire s'élargissant.

Je suppose que vous avez passé une nuit mouvementée.

Oh, on croirait entendre Carrick. Ce n'était pas exactement une "nuit de rêve", si vous voulez tout savoir, répondit Rogue sèchement. Elle a fait des cauchemars et n'arrêtait pas de se réveiller en panique. J'ai dû… la maintenir pour éviter qu'elle ne se blesse. Elle fait beaucoup trop de bruit, pour une muette, grogna-t-il.

Rogue détourna les yeux, masquant l'inconfort de ses propres mots. Dumbledore le regarda attentivement, percevant l'ombre de culpabilité qui traversait le masque impassible de son maître des potions.

Et la potion de sommeil sans rêves?

Poppy a refusé, répondit-il en se massant les tempes. Avec la potion calmante qu'elle avait prise, elle craignait une interaction indésirable.

À cet instant, Madame Pomfresh entra dans la pièce, un plateau de fioles et de compresses en main.

Bonjour, directeur, dit-elle en inclinant légèrement la tête. La nuit a été difficile pour Madame Rogue. Elle s'est réveillée plusieurs fois, complètement désorientée. Mais elle semble stable ce matin.

Merci, Poppy, répondit Dumbledore avec chaleur.

Sur le lit, Brittany remua légèrement, ses paupières papillonnant alors qu'elle émergeait lentement du sommeil. Ses yeux s'ouvrirent enfin, et elle balaya la pièce d'un regard encore brumeux, s'arrêtant sur la silhouette de Rogue. Il était debout près de son lit, les bras croisés, son visage comme figé dans une expression neutre, mais ses yeux sombres étaient fixés sur elle avec une intensité qui la troubla.

Brittany détourna le regard, prenant une inspiration tremblante. Elle se redressa légèrement, arrangeant mécaniquement les draps autour d'elle.

Vous êtes réveillée, murmura doucement Dumbledore en s'installant sur une chaise près du lit.

Brittany ne répondit pas. Ses yeux dérivèrent vers les fenêtres où les rayons du soleil jouaient avec les rideaux, projetant une lumière douce et apaisante dans la pièce. Malgré cette tranquillité apparente, une tension sourde semblait l'habiter.

Rogue, immobile, l'observait en silence, son regard accroché aux moindres mouvements de sa femme. Sa posture était rigide, mais son esprit, lui, était en ébullition. La veille, il avait vu Brittany confrontée à l'horreur et au danger, des visions qu'aucune préparation n'aurait pu atténuer. C'est toi qui l'as mise là-dedans, lui rappela une petite voix cinglante au fond de lui. Il tenta de la faire taire, mais une vague de culpabilité l'envahit. Il avait voulu croire qu'elle pouvait gérer cette mission, qu'elle était suffisamment forte pour cela. Mais en la voyant ainsi, fatiguée et fragile, il ne pouvait s'empêcher de se demander s'il n'avait pas commis une erreur.

Comment vous sentez-vous? demanda Poppy en se rapprochant du lit.

Brittany leva les yeux vers elle, mais se contenta d'un bref acquiescement en guise de réponse. Elle semblait lutter contre une tempête intérieure, oscillant entre fatigue, colère, honte et une résignation qu'elle peinait à dissimuler.

L'infirmière lança quelques sorts de détection, ses gestes empreints de douceur et d'efficacité.

La potion que vous avez prise ne fait plus effet, déclara-t-elle finalement. Vous pourrez reprendre un philtre calmant pour la nuit prochaine. Avec un peu de chance, vous devriez pouvoir dormir correctement cette fois-ci. Je vous laisse finir votre discussion, et vous pourrez repartir.

Tandis que Poppy retournait à son bureau, Dumbledore observa Brittany avec une attention calculée. Il lissait sa barbe d'un geste mécanique, visiblement en train de préparer ses mots. Mais Brittany, encore marquée par la soirée précédente, ne lui laissa pas le temps de parler. Elle se redressa lentement, ses mouvements empreints de fatigue, mais ses yeux brillaient d'une lueur de défi.

Puis-je rentrer à Spinner's End maintenant? demanda-t-elle sèchement, sa voix tranchante rompant le silence.

Rogue sentit un poids s'alourdir dans sa poitrine. Chaque mot de Brittany résonnait comme une accusation, et bien qu'elle ne l'ait pas dit explicitement, il savait qu'elle lui en voulait.

Dumbledore, imperturbable, intervint avant que Rogue n'ait pu répondre.

Vous pourriez, bien sûr, dit-il avec son ton habituellement bienveillant. Mais ce ne serait pas prudent. Vous avez besoin de repos, et ici, vous êtes en sécurité.

En sécurité? répéta Brittany, incrédule, son regard se durcissant.

Dumbledore resta impassible, son ton devenant plus grave.

Je crains en effet que certains Mangemorts aient envie d'en savoir plus sur vous. Severus étant à Poudlard, ils pourraient être tentés de vous rendre une petite visite…

Brittany fronça les sourcils, ses poings se serrant sur les draps.

Qui ça, « ils » ?

Un silence pesant s'installa, et Rogue sentit son sang se glacer. Il savait qu'il devait répondre, mais les mots semblaient s'accrocher à sa gorge. Finalement, il lâcha, sa voix froide :

Bellatrix.

Brittany tourna aussitôt la tête vers lui, ses yeux étincelants de colère. Rogue soutint son regard, son masque impassible commençant à se fissurer. La tension dans la pièce était palpable.

Et pourquoi votre petite amie voudrait-elle me rendre visite? demanda-t-elle d'un ton acéré.

Il sentait sa propre rage monter en flèche. Elle prenait tout cela de travers, et il ne pouvait lui en vouloir. Mais y était-il pour quelque chose ? Il n'avait jamais voulu de Bellatrix dans sa vie. Il ne la trouvait pas à son goût, elle était folle à lier, instable, impitoyable.

Bellatrix Lestrange n'avait rien d'une femme désirable à ses yeux. Son rire strident, son regard exalté, cette façon qu'elle avait de se repaître de la souffrance des autres… Tout en elle l'exaspérait. Elle n'était qu'un pur produit du fanatisme des Black, une adoratrice sans limites de Voldemort, prête à tout pour lui plaire, quitte à piétiner la raison et l'humanité.

Non, il ne l'avait jamais trouvée séduisante. Il préférait les femmes douces, celles qui possédaient une lumière, une forme de fragilité qui n'avait rien de factice. Lily... Son esprit dériva un instant vers elle, vers cette tendresse qu'il n'avait jamais retrouvée ailleurs.

Et pourtant…

Il fronça imperceptiblement les sourcils. Brittany n'avait rien à voir avec Lily, mais elle était à mille lieues de Bellatrix. Elle avait du caractère, une volonté farouche, mais jamais elle ne se complaisait dans la cruauté. Elle ne cherchait pas à plaire ni à écraser les autres sous sa supériorité. Il la savait farouchement indépendante, mais il y avait aussi, chez elle, une douceur qu'elle ne laissait paraître qu'à demi-mots. Une vulnérabilité qu'elle tentait de masquer derrière son mutisme et son attitude distante.

Rogue se redressa légèrement, agacé par ses propres pensées. Ce n'était pas le moment de s'attarder sur ce genre de considérations. Il serra les poings. Brittany pouvait bien penser ce qu'elle voulait. Mais il était hors de question qu'il se justifie pour des sottises pareilles.

Vous savez quoi, Albus? lança-t-il finalement, sa voix empreinte de sarcasme. Je vais vous laisser vous débrouiller, pour une fois. Racontez-lui tout, sans omettre de préciser que vous avez refusé que je l'informe de cela avant la soirée d'hier.

Dumbledore haussa légèrement les sourcils, avant d'entreprendre les confessions:

Bellatrix Lestrange est une femme farouchement dévouée au Seigneur des Ténèbres. Parmi ses serviteurs, elle est sans doute l'une des plus convaincues, mais aussi l'une des plus impitoyables. Lorsque Severus a intégré le premier cercle, Bellatrix y a vu une opportunité. Une opportunité d'asseoir sa propre position en gagnant davantage de confiance auprès de son … maître.

Dumbledore marqua une pause, comme s'il choisissait soigneusement ses mots.

Bellatrix, bien qu'étant une femme mariée, n'a pas hésité à… jouer de ses charmes auprès de Severus pour parvenir à ses fins.

Brittany resta figée, ses yeux s'écarquillant légèrement.

Cela dit, reprit Dumbledore, j'ai vu là une chance de détourner cette relation à notre avantage. Et j'ai demandé à Severus de céder, dans une certaine mesure, aux avances de Bellatrix afin de lui soutirer des informations précieuses.

Brittany sentit son souffle se couper. Elle se redressa brusquement, son visage rouge de colère.

Vous… vous lui avez demandé de… jouer les prostituées? s'écria-t-elle, sa voix tremblant de stupeur et d'indignation. Mais vous êtes complètement malade!

Dumbledore, imperturbable, inclina légèrement la tête.

Je comprends que cela puisse vous choquer.

Et il a accepté? poursuivit-elle, les yeux rivés sur Rogue.

Rogue, qui s'était tenu en retrait jusque-là, fixa le sol, sa mâchoire serrée. Brittany n'en croyait pas ses oreilles.

Je reconnais que j'ai sous-estimé l'impact que cette information pourrait avoir sur vous. Et pour cela, je suis désolé, Brittany. Mais sachez qu'à présent, je veux dire maintenant que vous etes marié, je ne lui demanderai plus jamais ce genre de sacrifices.

Sacrifices? rétorqua-t-elle d'un ton glacial. Vous ne réalisez même pas ce que vous demandez aux gens, n'est-ce pas? Vous jouez avec les vies et les émotions comme si c'était des pions sur un échiquier.

Rogue releva enfin les yeux, croisant brièvement le regard de Brittany. C'était la deuxième fois qu'elle tenait tête au grand Albus Dumbledore, cet éternel marionnettiste à qui personne n'osait jamais dire non. Et, contre toute attente, il ne pouvait s'empêcher d'en éprouver une certaine fierté. Encore une fois.

Dumbledore, quant à lui, se contenta de sourire légèrement, comme s'il anticipait déjà la prochaine étape de son plan.

Ce qui compte, c'est que nous avancions. Brittany, pour assurer votre sécurité, il est impératif que vous restiez à Poudlard.

Alors je suis retenue prisonnière, c'est ça? lança-t-elle, la voix vibrante de colère. Après mon père, c'est mon mari qui me met en cage?

Un silence s'installa, tendu, avant que Dumbledore ne réponde calmement :

Vous pouvez aller et venir comme bon vous semble dans le château. Je suppose que vous pourriez également sortir à Pré-au-Lard.

Il tourna la tête vers Rogue, l'interrogeant du regard.

Je n'ai pas l'intention de vous interdire quoi que ce soit, répliqua Rogue, croisant les bras. Cependant, même si cela me peine beaucoup de devoir l'admettre… Albus a raison. Vous ne serez pas en sécurité à Spinner's End. Pas seule, la nuit.

Dumbledore intervint, lissant sa barbe d'un air méditatif.

J'ai une proposition à vous faire, Brittany. Il chercha ses mots quelques instants, avant de reprendre. Rusard a besoin d'aide. Peut-être pourriez-vous travailler à ses côtés? Ainsi, votre présence serait tout à fait légitime, et vous seriez libre de circuler dans le château.

Rusard? Un Cracmol, Dumbledore? intervint Rogue avec une ironie cinglante. Comment vais-je expliquer au Seigneur des Ténèbres que j'accepte que ma femme nettoie les toilettes avec le concierge?

Vous marquez un point, Severus, admit-il.

Rogue, après un bref instant d'hésitation, se tourna vers Brittany.

Elle pourrait assister Hagrid. Elle l'aiderait dans ses tâches et pourrait l'accompagner… dans la forêt.

Sa voix s'adoucit malgré lui. Il se demanda brièvement pourquoi il se souciait autant de la réaction de Brittany, pourquoi il espérait que cette idée lui plairait.

Les yeux de Brittany vacillèrent un instant, et son visage, durci par la colère, sembla se détendre légèrement.

Seriez-vous d'accord, Brittany? demanda Dumbledore avec un sourire encourageant.

Elle resta silencieuse un instant, semblant peser ses options. Puis, d'un léger hochement de tête, elle acquiesça.

Parfait! s'exclama Dumbledore, ravi. Et pour officialiser votre présence, je vais présenter Mme Rogue à nos élèves lors du prochain repas.

Il était tellement joyeux qu'il en oublia toute retenue, laissant échapper un léger sautillement de satisfaction.

Absolument pas! grogna Rogue, se renfrognant immédiatement.

Dumbledore haussa un sourcil interrogateur.

Pourquoi pas?

Parce que ma vie privée n'a pas à être étalée devant tout Poudlard! rétorqua Rogue avec véhémence.

Brittany sentit une chaleur furieuse monter en elle. Ses poings se serrèrent instinctivement, et elle se tourna brusquement vers lui, ses yeux lançant des éclairs.

Peut-être auriez-vous préféré présenter "Bella"? lança-t-elle d'un ton acéré.

Le visage de Rogue se contracta, ses sourcils se fronçant davantage. Il sentit une colère sourde éclater en lui, alimentée par une frustration qu'il ne parvenait pas à formuler.

Ça suffit! s'écria-t-il, sa voix grondant comme un coup de tonnerre. Pensez ce que vous voulez, je m'en fiche! En quoi cela vous dérange-t-il, de toute façon? Notre mariage n'est rien de plus qu'un arrangement! J'aurais mieux fait d'être Veilleur des Menhirs, loin de tout ce cirque!*

Sa dernière réplique fendit l'air comme un coup de fouet. Il pivota brusquement, sa robe noire tourbillonnant dans un mouvement dramatique, et il se dirigea vers la porte.

Saleté de bonnes femmes! rugit-il en claquant la porte avec une violence qui fit vibrer les murs.

Dans le couloir, Neville Londubat, tenant toujours sa main ensanglantée enveloppée dans un linge, se figea à la vue de son professeur. Rogue, dont les pas résonnaient lourdement, croisa son regard.

Qu'est-ce que vous regardez, Londubat?

Neville, mortifié, recula précipitamment avant de prendre ses jambes à son cou, disparaissant dans les méandres du château.

* sorcier reclus, chargé de surveiller des lieux magiques anciens et interdit d'interactions sociales. Profession totalement inventée, il va de soi.