Thème 50 : Retour impossible

Alors que votre ou vos personnages sont sur le point de faire leurs valises pour rentrer de vacances, des imprévus s'accumulent et il est rapidement clair qu'ils ne sont pas prêts de rentrer. A vous de voir ce qu'il leur arrive et pourquoi ils sont coincés. ça peut être n'importe quoi du billet d'avion perdu à l'attaque d'alien en passant le vol de passeport ou la belle-mère qui s'est perdu dans la jungle. Lâchez-vous !

500 mots minimum

cross avec RWRB


Henry se tourna vers Amy, l'agent de sécurité qui supervisait leur séjour à Alex et lui à Hawaï.

Le couple avait vu leur vie privée exposée par la presse un an et demi auparavant et depuis vivait en toute discrétion à Paris. Si les français avaient été excités lors de leur installation, l'effervescence était vite retombée et tous deux avaient pu avoir une vie tranquille, même si elle était toujours supervisée par les services secrets américains. Si du coup pour leur vie amoureuse tout avait été au beau fixe depuis que Henry avait décidé d'assumer qui il était devant les anglais, du côté familial ou professionnel cela avait été plus compliqué pour le prince. Sa famille, à l'exception de sa sœur Beatrice, l'avait rejeté en bloc, il avait perdu toutes ses fonctions officielles et la question de le garder dans la ligne de succession au trône était toujours discutée. C'était pour ces raisons-là qu'ils étaient partis à Paris, cette ville avait toujours été dans les rêves du prince et c'était aussi là où ils avaient fait l'amour pour la première fois avec Alex, un souvenir qu'il chérirait toute sa vie, il en était certain. Désœuvré alors qu'Alex continuait ses études politiques, Henry s'était lancé dans l'écriture, le moral fluctuant au gré des nouvelles de sa famille. Les derniers mois avaient été difficiles alors que des menaces planaient sur la famille royale, mais que la proposition de renforcer la sécurité du prince avait été refusée par le grand-père et le frère de celui-ci. Son moral avait alors plongé, ayant l'impression que sa vie n'avait pas d'importance pour eux et Alex avait redoublé d'attentions pour le faire sentir aimé et chéri. L'américain avait alors décidé de l'emmener en vacances à Hawaï une fois ses examens terminés et d'y passer un mois rien que tous les deux, avec les services secrets, à juste s'aimer.

C'était le dernier jour de leur séjour de rêve, le couple avait décidé de profiter une dernière fois de la plage privée de la villa qu'ils avaient loué avant de fermer leurs valises et de partir pour Washington rendre visite à la famille d'Alex, sauf que le texan était parti leur chercher des boissons dans la cuisine depuis un moment et Henry commençait à s'inquiéter de ne pas le voir revenir. Il partagea ses craintes avec Amy qui fit signe aux deux gardes qui encadraient la plage. Le prince rassembla leurs affaires et suivit la responsable de la sécurité vers la villa, sauf qu'elle lui en interdit l'entrée. Un des gardes resta avec lui alors qu'Amy et l'autre agent entraient dans la maison, arme au poing. Le stress et la peur montèrent en Henry qui se mit à prier pour qu'Alex aille bien, que ce soit juste une fausse alerte, sauf que les mots que prononcèrent Amy en revenant à l'extérieur lui donnèrent l'impression de se noyer, il tomba à genoux, en proie à une crise de panique, tout son corps tremblait. Il avait l'impression de nager en plein cauchemar.


Steve, Danny, Kono, Adam, Lou et Jerry préparaient un barbecue chez le premier lorsque son portable sonna.

"McGarrett ? Gouverneur."

Tout le monde se tut pendant que le militaire était au téléphone, commençant même à ranger le repas, sachant déjà qu'ils avaient une affaire.

"On a une urgence, c'est grave. Le gouverneur nous dira de quoi il retourne au bureau. C'est une affaire de très haute importance sur laquelle il faudra faire preuve de la plus grande discrétion. Il refuse d'en parler au téléphone."

Tous sentirent que quelque chose de grave était arrivé ou risquait d'arriver. Ils saluèrent Adam qui se porta volontaire pour finir de ranger et montèrent dans leurs voitures pour rejoindre leurs locaux au plus vite.

Ils durent prendre sur eux pour retenir leur expressions de surprise lorsqu'ils découvrirent autour de leur table numérique le Gouverneur, le prince Henry Fox-Mountchristen-Windsor, ainsi que plusieurs agents des services secrets. Le visage du prince était défait malgré sa tentative de cacher ses émotions, personne n'était dupe.

Le gouverneur fit les présentations et, avec l'aide de Chin, afficha une photo et une vidéo sur le grand écran. La photo était celle d'Alex Claremont-Diaz, le fils d'Ellen Claremont, la présidente des États-Unis. Il n'était un secret pour personne que Alex Claremont-Diaz et Henry Fox-Mountchristen-Windsor étaient en couple et voir la photo du premier à l'écran alors que le second semblait sur le point de s'effondrer donna tout de suite une idée à l'équipe des enjeux politiques qui risquaient de peser sur les épaules.

"Monsieur Claremont-Diaz a été enlevé entre onze heures et midi aujourd'hui dans la villa que lui et sa majesté avaient loué pour leurs vacances, et son garde du corps a été tué."

Il afficha une photo du corps pour illustrer ses propos.

"Madame la présidente a été prévenue et elle et son mari sont actuellement en vol pour Honolulu.

- La vidéo, c'est quoi ? l'interrompit Steve qui n'en avait rien à faire de l'arrivée de la présidente pour l'instant.

- Sa majesté a reçu une vidéo il y a une heure environ, lui prouvant que monsieur Claremont-Diaz était toujours en vie."

Le gouverneur allait lancer la vidéo, mais Danny l'arrêta.

"Vous l'avez regardée ? demanda-t-il à Henry.

- Oui.

- Vous n'êtes pas obligé de la revoir à nouveau, si vous voulez, je vous accompagne dans un bureau.

- Je… ça ira, merci."

Personne n'était dupe, ils avaient repéré les mains tremblantes du prince, les larmes dans ses yeux et surtout son coup d'œil au gouverneur avant de répondre. Steve décida alors de prendre le gouverneur à part et de le guider vers la sortie, lui assurant qu'ils avaient bien compris les enjeux de cette affaire et qu'ils allaient la mener en sous-marin. Quand il revint, le prince sembla plus détendu.

"Votre majesté, commença Steve.

- Henry, appelez-moi Henry et appelez-le Alex, ce sera plus simple si vous nous traitez comme des humains et non comme des pièces de musée."

Un silence accueillit sa déclaration et ils comprirent tous que les pincettes avec lesquelles le gouverneur avait dû prendre le prince ne lui avaient pas plus.

"Très bien Henry, comme l'a dit Danny vous n'avez pas à revoir cette vidéo, nous comprenons qu'elle puisse être difficile à regarder pour vous.

- Ca ira."

Il n'insista pas plus et lança l'enregistrement. On y voyait Alex en short de bain, attaché à une chaise au milieu de ce qui semblait être un sous-sol, il ne semblait y avoir aucune source de lumière naturelle dans la pièce et l'ampoule donnait un teint jaunâtre au jeune homme qui semblait effrayé. Il avait plusieurs bleus sur le torse, les bras et le visage, signe qu'il n'avait pas dû se lancer faire lors de sa capture.

"Cher prince, la situation est simple, nous voulons les plans du lieu où se déroule demain l'anniversaire de votre frère Philip. Vous nous indiquerez les accès au lieu, les protocoles de sécurité et la liste des personnes présentes, y comprit les gardes. Je vous rappellerai à quatre heures cet après-midi. Il ne tient qu'à vous qu'il reste en vie."

Pendant tout le discours du ravisseur, Alex s'était tenu tranquille, mais il s'agita à la dernière phrase.

"Ne leur donne rien Henry ! Ne…"

Il fut coupé par un coup de feu et sa phrase se transforma en cri de douleur alors que le sang commençait à sortir de son épaule droite.

"Il n'est pas très coopératif, alors à ta place, je ferai vite."

Henry pleurait en silence, incapable de regarder l'homme de sa vie souffrir ainsi et de garder un visage neutre. Il avait mal pour lui, mal de ne pas pouvoir le sortir de là, mal de savoir qu'il serait incapable de remplir les conditions des ravisseurs.

Steve et Danny échangèrent un regard, le cœur serré pour ce jeune homme à qui on demandait de trahir sa famille pour sauver l'homme qu'il aimait.

"Même si je voulais leur donner ce qu'ils veulent, je ne pourrais pas, leur confia le prince. Je n'ai même pas été invité à l'anniversaire de mon frère. Je ne sais pas où ça se passe et personne ne nous aidera si j'appelais ma famille."

Le cœur des enquêteurs ce sera plus encore, cet homme habillé de son costume et qui avait ce port royal, était en fait une personne seule et perdue à qui on venait de retirer la personne qu'il avait de plus chère.

Steve ne s'appesantit pas sur ses sentiments et lança les opérations. Chin devait analyser la vidéo avec Charlie et en tirer tout ce qu'ils pouvaient, que ce soit sur le fils de la présidente, le lieu où il était retenu, la voix du ravisseur ou les bruits de fond. A cause de la confidentialité de l'enquête, Chin demanda à Charlie de monter le rejoindre dans leurs locaux avec son ordinateur portable et ils s'isolèrent dans le bureau du plus âgé. Jerry se vit confier la tâche d'essayer de trouver les informations qu'ils manquaient au prince. Lou et Danny partirent dans la villa de location avec Max pour relever les indices sur place. Kono fit passer des interrogatoires cognitifs au prince et aux agents de la sécurité afin de raviver les moindres petits détails qui pourraient les aider à retrouver Alex. Steve, lui, alla à la rencontre du gouverneur pour savoir quelle marge de manœuvre ils avaient. Il avait bien compris que Henry ne souhaitait pas solliciter sa famille pour sauver son petit-ami, qu'il considérait cette action comme une cause perdue, mais le militaire voyait dans les revendications un attentat en préparation contre la couronne d'Angleterre. Il voulait piéger les ravisseurs avec l'aide de la famille royale, mais il voyait bien que ce serait difficile de le faire sans l'accord de la présidente américaine.

Il expliqua son plan au gouverneur qui l'approuva du bout des lèvres et qui le mit en contact vidéo avec la présidente via une ligne sécurisée. La femme avait les traits tirés par l'inquiétude, mais restait calme, bien plus que son mari à ses côtés.

"Madame la présidente, je vous présente le commandant Steve McGarrett, il est en charge de l'enquête pour retrouver votre fils.

- Commandant, j'espère que vous m'apportez de bonnes nouvelles.

- Toute mon équipe décortique les indices que nous avons madame, et travaille avec le prince Henry et vos agents pour le retrouver."

Une micro-expression de déception passa sur son visage, mais elle se reprit.

"Comment puis-je aider, commandant ?

- Je pense Madame, vu les demandes des ravisseurs, qu'ils préparent un attentat contre la couronne d'Angleterre.

- Et vous pensez que la couronne m'écoutera plus que Henry ?

- Il est persuadé qu'ils ne l'écouteront pas, voire que ça pourrait faire empirer la situation.

- Je comprends, je vais leur parler. Dites-moi de quoi vous avez besoin et pour quand."

Steve lui transmit ces éléments et alla à la rencontre de Henry. Le prince fut à la fois soulagé et inquiet que cette histoire remonte jusqu'à sa famille, mais plus que les retombées, il craignait de perdre Alex. Les heures qui suivirent semblèrent durer une éternité pour lui. Il ne pouvait pas aider davantage les enquêteurs et ne voulait pas les déconcentrer de leur travail, mais en même temps il mourait de ne pas avoir de nouvelles ni d'Alex, ni des avancées de l'enquête. Plus l'heure tournait, plus il avait peur de ne rien pouvoir donner aux ravisseurs, qu'ils tuent Alex. Il ne savait pas ce qu'il deviendrait sans lui, il était tombé amoureux du texan dès leur première rencontre et il était devenu son tout dès qu'ils s'étaient mis ensemble. Etre séparé de lui avait été une torture dans les débuts de leur relation, mais là, il avait l'impression d'étouffer.

Il fut soulagé de voir Steve revenir vers lui vingt minutes avant quatre heures.

"Alors, Madame la présidente s'est arrangée avec votre famille, nous avons tous les documents qu'ils ont demandé. Lorsqu'ils vont rappeler vous devez faire durer la communication le plus longtemps possible, demandez-le de parler à Alex ou de pouvoir le voir en vidéo, faites leur répéter la procédure pour leur transmettre les informations, ne leur donnez rien sans avoir la preuve qu'Alex va bien et qu'ils vont le relâcher en bonne santé. Ne leur parlez pas de nous, si vous mettez la vidéo, mettez-vous devant un mur blanc pour qu'ils ne reconnaissent pas le lieu. Ne parlez pas de la présidente. Nous allons tout enregistrer pour être sûrs de ne rien louper et nous resterons à côté de vous pour vous aider."

Henry passa ses mains sur son visage et souffla un coup avant de se lever pour suivre Steve. Ce dernier n'était pas rentré dans les détails de l'avancée de l'enquête pour ne pas le déstabiliser, mais il savait que la famille royale était remontée contre le couple, même si l'appel de la présidente américaine avait peut-être permis d'éviter un attentat. Ils avaient décidé de déplacer l'évènement dans un nouveau lieu, mais avaient décidé de faire venir les voitures avec des agents déguisés dans le premier lieu de réception. Tout se mettait en place dans la plus grande discrétion pour piéger les terroristes sur le sol anglais. Du côté américain, les choses étaient plus compliquées, les indices qu'ils avaient relevé ne leur permettaient pas d'identifier un suspect ou le lieu où Alex pouvait être retenu. Steve espérait que ce nouvel appel débloquerait l'enquête.

La tension monta dans la pièce alors que tous attendaient l'appel, Henry sursauta quand le téléphone laissé dans la villa par les ravisseurs pour communiquer avec lui sonna. L'équipe se mit tout de suite à tracer l'appel alors que le prince se sentait trembler.

"Allo ?

- Avez-vous les informations que je vous ai demandé ?

- Oui.

- Vous allez me les envoyer par email à l'adresse que je vais vous communiquer.

- Dites-moi d'abord où trouver Alex.

- Je vous le dirai quand j'aurai vérifié vos informations."

Henry lança un regard perdu à Steve qui écrivit sur un papier "preuve en vie".

"Comment je peux savoir qu'il va bien ?

- Je vais vous envoyer un lien pour le voir en temps réel.

- Ce n'est pas suffisant !

- Vous vous en contenterez. Vous avez cinq minutes pour m'envoyer les documents, ensuite il y aura des pénalités, à vous de voir les risques que vous souhaitez prendre.

- Ne lui donne rien Hen…" retentit la voix d'Alex derrière l'homme, mais la communication fut coupée.

Henry était perdu, il n'avait aucune garantie, s'il envoyait ces documents, allaient-ils tuer Alex ou le libérer ? Autour de lui les inspecteurs s'agitaient, Kono tapait à toute vitesse sur son ordinateur pour implanter un cheval de Troie dans les fichiers numériques. Chin et Charlie croisaient les nouvelles données de géolocalisation qu'ils venaient d'obtenir avec les précédentes.

Le téléphone du prince sonna à deux reprises. Le premier message contenait l'adresse email, le second un lien URL. Chin transféra le lien sur leur table numérique et le fit ouvrir sur l'écran géant. Une vidéo montrant Alex, toujours attaché à sa chaise, mais dans un état inquiétant. Il avait du sang sur plus de la moitié de son visage, la blessure à son épaule saignait toujours malgré le pansement sommaire qui atténuer le saignement et il avait du sang sur tout le côté droit de son torse. Sa peau était trop pâle pour son teint naturel et il semblait prêt à s'évanouir. Au-dessus de lui était affiché un compte à rebours qui indiquait quatre minutes trente.

Henry ne retint pas son exclamation de stupeur et perdit pied avec tout ce qui n'était pas son homme et le minuteur.

Steve appela Max en urgence pour qu'il évalue combien de temps le prisonnier avait avant que son état ne devienne une urgence vitale.

"Kono, dis-moi que tu es prête à envoyer les fichiers, gronda le commandant.

- Presque.

- Kono, quinze secondes."

La jeune femme pianotait à toute vitesse sur l'écran, mais elle ne fut pas assez rapide. La détonation et le cri de douleur les firent tous sursauter. Henry regarda avec horreur une deuxième tâche rouge se former à côté de la première sur l'épaule de son homme. Il avait envie de pleurer et de vomir, mais plus que tout de se battre pour sortir Alex de là. Les chiffres du compte à rebours défilèrent pour s'arrêter sur une minute.

"Kono ?

- Il me faut au moins deux minutes Steve.

- Il ne les a pas. Charlie prépare l'email pendant qu'elle termine."

La tension était à son comble, tout le monde faisait de son mieux, mais ce ne fut pas suffisant, l'email partit alors qu'une nouvelle détonation résonnait dans la pièce. Cette fois, ce fut sur la hanche du prisonnier qu'une tâche rouge se forma.

"Alex, souffla Henry dont les larmes coulaient à torrent. Accroche-toi, je t'en supplie, accroche-toi."

Steve et Danny échangèrent un regard triste, ils ne pouvaient rien faire pour aider le prince à supporter ce qu'il venait de voir. Ce fut à ce moment-là que Max, accompagné de Jerry, arrivèrent.

Le médecin eut un hoquet inquiet quand il découvrit Alex dont le visage était tordu de douleur. Le jeune homme avait une respiration lourde qui passait en sifflant entre ses dents serrées. Steve voulut éloigner Henry pour que Max délivre son diagnostic, mais le prince refusa.

"Ce que je vais vous dire est approximatif…

- Max…" gronda Steve.

Ils n'avaient pas de temps à perdre et il voulait entendre ce que Jerry avait à dire, le complotiste s'était déjà rapproché de Danny et tous deux tapotaient sur la table numérique.

"Je dirais trente minutes avant qu'il ne puisse plus lutter contre l'inconscience, une heure trente maximum avant qu'il n'ait perdu trop de sang."

Henry eut besoin de s'asseoir, s'ils ne le retrouvaient pas vite, Alex serait mort avant que l'avion de ses parents n'atterrisse. Alex ne pouvait pas mourir, Henry ne s'en remettrait pas, il le savait, le texan était l'homme de sa vie, il ne pouvait pas continuer sans lui.

Steve attira son attention vers les photos à l'écran, trois hommes. Deux ne disaient rien au prince, mais il eut un doute sur le troisième.

"David Edward Simpson, lui indiqua Jerry. Il est suspecté d'être un descendant non reconnu d'Edward VIII.

- Est-ce qu'il pourrait prétendre au trône ? demanda Chin.

- Non, il est trop éloigné dans la lignée de succession, il faudrait que toute la famille… oh mon dieu !"

Henry n'eut pas à terminer sa phrase. Ils avaient tous compris que cet homme avait décidé de tuer tous les prétendants au trône dont Henry, pour pouvoir s'asseoir dessus. Le prince fut tout de suite déplacé loin des fenêtres, il ne pouvait plus voir tout l'écran, mais il voyait toujours Alex, cela lui suffisait. Il n'avait pas peur pour sa propre vie, seule celle de son homme lui importait et il refusait de quitter les locaux des enquêteurs. Les agents rattachés à sa protection se placèrent entre lui et les fenêtres pour faire bouclier de leurs corps pendant que l'équipe s'activait.

Il y eut un moment de confusion pendant lequel Steve était au téléphone avec le gouverneur, Danny et Lou suivaient les associés connus de ces hommes et cherchaient leurs traces, Chin et Charlie traquaient le lien de la vidéo, Kono le cheval de Troie qu'elle avait placé sur les dossiers et Max analysait à l'écran les réactions d'Alex qui peinait à garder les yeux ouverts. Henry s'accrocha à leur agitation comme à une bouée de sauvetage, il espérait que de cette effervescence allait les faire avancer.

"On l'a ! s'écria d'un coup Chin.

- On s'équipe et on y va, répondit Steve.

- Je viens avec vous, intervint Henry.

- Certainement pas, vous êtes une cible potentielle, vous restez là !

- Mais…

- Kono, tu gardes un oeil sur lui et tu coordonnes l'intervention. Je veux le SWAT et une ambulance quand on arrive.

- Oui patron !"

Henry se sentit inutile alors qu'il les regardait partir. Amy lui souffla que le commandant avait raison, que la meilleure manière pour lui d'aider Alex était de ne pas se mettre en danger, mais il n'arrivait pas à s'en convaincre. Il tourna son regard vers l'écran et vers l'hawaïenne qui avait mis une oreillette.

"OK, Steve les équipes sont en route, l'ambulance sera là-bas juste avant vous ou en même temps, le SWAT sûrement un peu plus tard."

Henry n'entendait pas les réponses de l'équipe, mais il pouvait observer les réactions de la jeune femme. Pour l'instant son attitude concentrée, mais détendue en même temps le rassurait. Son regard fut attiré par Alex, un homme encagoulé était devant lui.

"Kono !" appela-t-il pour qu'elle regarde elle aussi ce qu'il se passait.

L'homme mit une claque au blessé pour le réveiller et ce dernier reprit conscience dans un gémissement de douleur.

"Ouvre la bouche."

Alex ne fit rien d'autre que lui renvoyer un regard plein de dédain, mais l'homme n'était pas patient. Il le saisit par les joues d'une main et enfonça ses doigts dans sa peau pour le forcer à desserrer sa mâchoire. Il glissa ensuite un objet entre ses lèvres et le fit mordre dessus. Il lui maintint le menton vers le haut alors qu'il lui parlait.

"C'est une bombe, si tu relâches la pression dessus, boom. Si tu fais le moindre bruit, boom. Compris ?"

Henry fut horrifié par la tournure des évènements et ce ne fut pas le seul, l'expression d'Alex parlait pour lui, mais aussi celles des quatres personnes avec lui dans la pièce. Kono ne perdit pas de temps et contacta Steve.

"Oui, Kono ? demanda celui-ci tout en conduisant.

- Ils l'ont équipé d'une mini-bombe qui réagit au son et à la pression de ses dents.

- Commandant, avec sa perte de sang, il a dû mal à rester conscient, s'il s'évanouit, il risque de relâcher la pression.

- Merde, jura Steve. Kono ! Tu fais venir les démineurs. Tu demandes aux urgentistes de préparer un kit de premiers soins et une minerve qui l'empêchera d'ouvrir la bouche. Où en est l'ambulance ?

- Une minute, répondit la jeune femme.

- Et le SWAT ?

- Cinq.

- On aura pas le temps de les attendre. On va sécuriser la pièce où Alex est et la protéger jusqu'à l'arrivée des gars du SWAT. Les ambulanciers ne peuvent pas entrer tant que la bombe n'a pas été désarmée.

- Reçu, les démineurs sont en route et les ambulanciers arrivent. Ils sont prêts avec ce que tu as demandé.

- Merci."

Steve accéléra, personne ne parlait dans la voiture, ils roulaient à presque deux cents kilomètres par heure sur les routes tortueuses de l'île, ils ne voulaient surtout pas déconcentrer le conducteur. Le militaire pila devant l'usine abandonnée où ils pensaient qu'Alex était retenu. Ils enfilèrent tous leur gilet par balle et avancèrent vers l'entrée. Danny se saisit du matériel médical alors que ses coéquipiers sécurisaient l'entrée principale. Steve avait donné la consigne de ne pas utiliser leurs armes à feu tant que la bombe n'était pas désactivée, il ne voulait prendre aucun risque avec la vie du jeune homme.

Le militaire plongea deux hommes dans l'inconscience, Lou en assoma un ainsi que Chin avant qu'ils n'ouvrent la bonne porte et ne découvre Alex, prêt à tourner de l'œil. Steve fut à ses côtés en une seconde, prenant son visage en coupe pour s'assurer de ne pas prendre de risque.

"Eh Alex, je te tiens. Ca va aller, OK ?"

Le jeune homme le regarda d'un air fatigué, mais aussi soulagé.

Chin et Lou sécurisèrent la pièce alors que Danny rejoignait Steve. Ils commencèrent par passer la minerve autour du cou du blessé. Ce dernier leur offrit un regard reconnaissant quand il sentit le collier se refermer et soutenir sa mâchoire. Ils vérifièrent ensuite que la chaise n'était pas piégée et Danny coupa les liens qui retenaient Alex alors que Steve le prenait avec douceur contre lui pour l'accompagner au sol. Le militaire se saisit de la main du jeune homme et la serra, il voyait la peur et la fatigue dans ses yeux.

"Steve, il a besoin d'un tourniquet à l'épaule et d'un point de compression à la hanche."

Le soldat comprit le sous-entendu, ils risquaient de le faire crier de douleur en réalisant ces gestes.

"Kono, ETA ?

- Deux minutes, ils sont presque…"

Des coups de feu retentirent et coupèrent la conversation.

La jeune femme se jeta au sol alors qu'Amy et l'autre garde se couchaient sur Henry. Dès que les tirs cessèrent, la jeune femme rampa jusqu'à la fenêtre détruite. Elle repéra le tireur en train de recharger, sortit son arme et tira. Elle le vit tomber de l'arbre où il était perché. Ne repérant personne d'autre dans les arbres, elle alla s'assurer de l'état d'Henry, puis, voyant qu'il allait bien, appela la sécurité du palais. Elle ramassa ensuite son oreillette et rappela Steve.

Henry tourna son regard vers l'écran, mais celui-ci avait été brisé pendant la fusillade. L'angoisse l'inonda, ne plus voir Alex le terrorisait, il fixa son regard sur Kono, essayant de lire son langage corporel en attendant qu'elle partage ses informations.

Steve fut soulagé d'entendre la voix de la jeune femme à nouveau. Elle lui fit une synthèse de l'attaque en deux phrases et l'informa que les agents de sécurité du palais s'assuraient que le tireur était seul. Le commandant l'informa que les démineurs étaient là et s'occupaient d'Alex.

Ce dernier s'accrochait à sa main alors que les officiers en tenue de cosmonaute lui donnaient des consignes. Son air soulagé lorsque Steve avait refusé de le laisser avait conforté le soldat dans sa décision de rester à ses côtés. Le reste de l'équipe se tenait à distance raisonnable avec les secouristes qui attendaient le signal pour s'approcher.

Enfin, après un temps qui sembla durer une éternité, un des cosmonautes retira l'objet de la bouche d'Alex et s'éloigna avec pour le mettre dans une boîte sécurisée. Steve fit signe aux secouristes d'approcher et serra la main dans la sienne.

"C'est fini, ça va aller maintenant, chuchota-t-il.

- Henry ? demanda Alex d'une voix faible.

- Il va bien, il vous retrouvera à l'hôpital.

- Merci." souffla le blessé avant de laisser couler ses larmes.

Les secouristes le prirent en charge et Steve décida de monter dans l'ambulance avec lui. Il chargea Lou et Chin de relever les indices sur place avec l'aide de la police. Il demanda à Danny d'aller tenir le gouverneur au courant de la situation et de s'occuper du trajet de la présidente et son mari jusqu'à l'hôpital. Il demanda à Kono de les rejoindre à l'hôpital avec Henry, mais aussi d'organiser la protection des deux hommes.

Le prince pleura dans les bras d'Amy quand il apprit qu'Alex était en route pour se faire soigner, il avait du mal à comprendre que ce cauchemar touchait à sa fin et n'avait qu'une hâte, retrouver l'homme qu'il aimait.

Cependant, cette histoire n'était pas terminée. Toute une aile de l'hôpital fut condamnée et placée sous sécurité renforcée pour que le couple présidentiel et les deux jeunes hommes puissent y rester en toute sécurité. Le 5-0 continua de veiller sur eux à tour de rôle pendant que les autres continuaient de chercher les coupables de cet enlèvement. La présidente les remercia tous chaleureusement et mit quatre agents des services secrets en contact avec eux pour trouver les responsables. Ces agents étaient eux-mêmes en contact avec leurs homologues anglais. Il leur fallut en tout deux semaines pour faire tomber toutes les personnes ayant trempé dans ce complot.

Alex resta inconscient trois jours après être sorti du bloc opératoire. Henry ne quitta jamais son chevet, ni ses parents. Le personnel de l'hôpital leur avait installé des lits d'appoint, mais le prince s'endormait en général plié en deux, assis sur un fauteuil, la tête sur le lit d'Alex, sa main dans la sienne ou dans ses cheveux. Ce fut dans cette position qu'Alex le trouva lorsqu'il reprit conscience. Ses parents vinrent l'embrasser et Ellen réveilla Henry avec douceur. La joie dans le regard du jeune homme passa dans celui d'Alex qui tira faiblement sur sa main pour qu'il le prenne dans ses bras. L'anglais ne se fit pas prier et son cœur se gonfla de joie et d'amour alors qu'il embrassait sa tempe.


Le 5-0 prenait l'apéritif autour d'un barbecue chez Steve et Danny quand la sonnette retentit. Le militaire alla ouvrir la porte, se demandant qui cela pouvait bien être étant donné qu'ils étaient déjà tous là. Sa surprise fut visible sur son visage et fit rire le groupe sur le palier.

"Je voulais vous remercier de m'avoir sauvé en personne." déclara Alex.

Sa main était accrochée à celle de Henry dont le visage était radieux. Derrière eux se tenaient la présidente et son mari.

"C'est normal, répondit-il maladroitement. Euh, toute l'équipe est là, vous voulez vous joindre à nous ?

- On ne veut pas déranger, contra Ellen.

- Vous ne dérangez pas, et ça fera plaisir à tout le monde de le voir sur ses jambes."

La famille présidentielle accepta et rejoignit le groupe qui fut ravi de les voir. Kono osa demander à Henry comment les choses allaient avec sa famille et celui-ci fut heureux de leur dire que c'était en bonne voie pour s'arranger. Finalement tout le monde passa à table, un verre de vin ou une bière à la main, et ils partagèrent une agréable soirée tous ensemble.