Thème 69 : C'est arrivé un 28 avril
28 AVRIL 1789 : Mutinerie à bord du Bounty
Le 28 avril 1789, au large de Tahiti, une mutinerie se produit à bord du Bounty. Elle oppose le commandant du navire, William Bligh, à ses hommes conduits par l'officier Fletcher Christian. Une partie des mutins trouvera refuge sur l'atoll de Pitcairn...
Ecrire sur une rébellion ou sur une mutinerie. 1000 mots minimum
Steve et Danny sortirent de leur cabine pour se rendre dans le restaurant du bateau sur lequel ils passaient quelques jours en amoureux. Ils avaient réalisé que pour le bien-être de leur couple, ils avaient besoin de temps à l'écart d'Hawaï et de leur travail. Ils avaient donc décidé de passer une semaine sur une croisière dans les îles du Pacifique. Ils avaient surtout profité des cinq premiers jours pour se retrouver à l'abri des regards dans leur cabine, ne sortant que pour manger et pour Steve, pour faire quelques exercices matinaux sur le pont au lever du soleil, avant de revenir retrouver son amant.
Ce jour-là, quand ils arrivèrent dans la salle du dîner, douze personnes en plus d'eux étaient installées à table, soit l'ensemble des passagers. Les portes se fermèrent dès qu'ils furent assis et le couple eut l'intuition que quelque chose n'allait pas, celle-ci se confirma lorsqu'aucun personnel ne se présenta pour leur amener leurs plats après quelques minutes d'attente. Steve se leva et tenta d'ouvrir la porte, mais celle-ci était verrouillée, il échangea un regard concerné avec Danny, il y avait un problème.
Avant que l'un d'entre eux n'ait pu esquisser le moindre geste, un coup de feu retentit. Tous les passagers sursautèrent et échangèrent des regards paniqués, ils se demandaient s'ils avaient bien interprété ce qu'ils avaient entendu. Deux coups de feu supplémentaires leur confirmèrent leurs craintes et beaucoup eurent le réflexe de s'accroupir.
Steve et Danny firent le tour des portes, mais l'une d'elle s'ouvrit sur trois membres d'équipage, armés de pistolets, avant qu'ils n'aient pu sortir.
"Messieurs-dames, le capitaine et ses lieutenants ont été démis de leurs fonctions, nous prenons leurs postes dès à présent. Votre repas va vous êtes servi dans quelques instants, merci de reprendre vos places."
Steve et Danny, comme les autres passagers, s'executèrent. Le repas fut servi et consommé dans un silence de plomb, tout le monde avait conscience de la menace informulée qui planait sur eux.
"Les membres de l'équipage vont à présent vous conduire dans vos cabines, nous vous remercions de les suivre sans protester." reprit le nouveau capitaine une fois les mets consommés.
Steve et Danny suivirent l'homme qui énonça leur numéro de cabine tout en comptant le nombre de personnes armées qu'ils repéraient sur leur passage. Ils entendirent leur porte de cabine se verrouiller derrière eux et Danny jeta un regard par l'œil de bœuf.
"Il monte la garde devant la porte." chuchota-il à son homme.
Steve l'attira alors dans la salle de bains et lui désigna le hublot ouvert.
"L'ouverture est assez grande pour que je passe, murmura-t-il.
- Et tu comptes faire quoi ensuite ? Spiderman ? railla Danny à voix basse.
- Il y a toujours de quoi s'accrocher à l'extérieur des bateaux, tout ira bien. Je veux savoir de quoi il retourne, ils ne peuvent pas avoir fait ça pour rien.
- Et moi, je fais quoi ?
- Tu attends mon retour ou mon signal."
Le visage de Danny se ferma, il n'aimait pas ça du tout, mais il se savait aussi incapable de suivre Steve dans son escalade de la coque. Le soldat ne manqua pas son expression et posa sa main sur sa nuque avant de joindre leurs lèvres.
"Je serai prudent, souffla Steve contre les lèvres de son amour.
- Tu ne connais pas la définition de ce mot."
Le militaire lui offrit un sourire effronté avant de déplacer une chaise sous le hublot, de l'ouvrir et de passer avec difficulté à travers. Danny le regarda faire l'estomac serré, inquiet de ne pas pouvoir assurer ses arrières ni garder un œil sur lui. Il glissa sa tête à travers l'ouverture et observa son homme glisser en silence le long de la coque avant de remonter vers le pont. Danny le perdit de vue avant qu'il n'ait atteint le pont à cause de la nuit tombée et rentra. Il retourna à la porte et surveilla ce qu'il se passait dans le couloir.
Trente minutes passèrent avant qu'un bruit n'attire le gardien de sa cabine hors de son champ de vision, plusieurs bruits sourds lui donnèrent une idée de ce qui se passait hors de sa vue. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'il découvrit, sans surprise mais soulagé, la silhouette de son soldat se détacher dans les ombres du couloir.
Steve passa le badge du garde sur la serrure électronique et libéra Danny.
"Tu vois, pas une égratignure." le railla-t-il.
Le policier le fit taire d'un baiser rapide.
"Alors, quelle est la situation ?
-Le capitaine et ses deux lieutenants sont morts, toujours dans la salle de commandement. Le bateau a mis le cap vers le sud. J'ai cru comprendre qu'ils doivent rencontrer un autre bateau pour leur livrer une famille contre de l'argent. J'ai pu envoyer un SOS, mais je ne sais pas s'il a été reçu. Ils ont parlé d'aller récupérer la famille et de tuer les autres passagers.
-Allons-y alors."
Steve vola un dernier baiser papillon à son homme et ils quittèrent leur cabine sur leurs gardes et partirent faire le tour des autres cabines. Ils parvinrent à faire sortir deux couples sans problème, mais le couple restant était déjà mort quand ils arrivèrent. Steve et Danny cachèrent leurs rescapés dans une salle condamnée, la verrouillèrent et prirent la direction de la salle de commandement. Un homme d'une cinquantaine, une femme d'environ trente ans et deux enfants de moins de dix ans, étaient ligotés au centre de la pièce. L'homme avait du sang qui coulait le long de son front, mais sinon ils semblaient tous indemnes. Cinq membres d'équipage gardaient la famille alors que les trois hommes qui s'étaient appropriés le commandement naviguaient debout face à l'océan.
Les policiers hésitèrent, ils n'étaient pas armés et à deux contre sept, ils risquaient de mettre la vie des otages en danger en intervenant. Le canon d'une arme posée sur la nuque de Danny mit fin à leurs réflexions. Le regard de Steve se fit noir, mais il ne pouvait rien faire, le tireur ne pouvait pas louper son tir à cette distance.
Le marin leur fit signe de se lever et d'entrer dans la pièce.
"Des fouineurs, déclara-t-il, attirant l'attention de ses collègues.
- Mets-les face au mur, si l'un d'eux bouge, tu les tues tous les deux." répondit le capitaine.
Danny sentit son sang geler dans ses veines alors que Steve ne contenait sa fureur qu'à cause du danger pour celui qu'il aimait. Si son regard avait pu tuer tous les mutins auraient été tués sur le champ, mais il s'agenouilla sans protester, les mains derrière la tête, face au mur, Danny l'imitant à sa droite.
Ils restèrent près de deux heures ainsi, sur leurs gardes, immobiles dans cette position inconfortable, à écouter chaque phrase, chaque bruit pour essayer de trouver un échappatoire. Leur angoissante attente fut interrompue par le bruit sourd d'un corps qui tombe. Le temps fut comme suspendu pendant une seconde et tout dégénéra, des coups de feu éclatèrent, Steve se retourna pour découvrir un groupe de US Marines prendre le contrôle de la salle. Il se précipita sur les otages pour les coucher sur le sol et ne se releva que lorsque le capharnaüm se calma. Son cœur se serra quand son regard tomba sur le corps de Danny, face contre terre, dans une mare de sang.
Steve faisait les cent pas dans le couloir du navire militaire qui avait répondu à son appel à l'aide. Le bilan de l'opération était de huit membres de l'équipage tués, deux civils et Danny dont la survie était entre les mains du médecin militaire. Steve n'en pouvait plus de cette attente, il priait pour que son amour survive, mais aussi pour que le docteur ne soit pas un boucher comme il y en avait tant dans l'armée.
La porte s'ouvrit enfin sur un soldat infirmier.
"Il va s'en sortir."
Passée cette phrase, Steve n'entendit plus rien, plus rien ne comptait à part être aux côtés de Danny, le ramener chez eux et prendre soin de lui.
