Chapitre 51 : Les Retrouvailles
Les retrouvailles avec Triss étaient aussi attendues qu'inattendues pour Arno. Alors qu'il suivait Ciri à travers le sentier menant à la résidence de Geralt, un tourbillon d'émotions s'agitait en lui. Il voulait rester fidèle à lui-même, faire une blague ou deux, mais une partie de lui, plus profonde, comprenait que cette rencontre allait être bien plus importante qu'il ne voulait l'admettre.
Et là, au loin, il l'aperçut. Triss. Elle se tenait dans la cour, près de la fontaine, les cheveux roux brillants dans la lumière douce du matin. Les larmes perlaient déjà dans ses yeux, reflétant l'émotion pure qui l'envahissait. Dès qu'elle vit Arno, elle porta une main à sa bouche, incapable de contenir le mélange de joie et de soulagement qui lui nouait la gorge.
Arno, fidèle à lui-même, s'arrêta brusquement à quelques mètres d'elle et leva la main. « Temps mort ! » lança-t-il soudain, à la surprise générale.
Ciri, qui savait que quelque chose d'absurde allait suivre, soupira d'un air amusé, tandis que Triss fronça les sourcils, confuse.
« Donne-moi juste une seconde, j'ai besoin de me protéger, on ne sait jamais avec toi, Triss. » Il fit apparaître, comme par magie, une pièce d'armure métallique qu'il fixa maladroitement autour de son entrejambe, ajoutant un clin d'œil malicieux. « On se souvient tous de ce qui s'est passé la dernière fois que tu étais en colère contre moi... Je me dis qu'un peu de protection ne ferait pas de mal. »
Triss, surprise par cette sortie, éclata de rire malgré elle. Ses larmes de joie se mêlaient désormais à son rire chaleureux. « Tu es une andouille, Arno ! »
Sans plus attendre, elle traversa la distance qui les séparait et se jeta littéralement dans ses bras. Arno, pris de court, tituba légèrement sous l'impact, mais l'étreignit fermement, comme si le poids de son absence était soudain trop lourd à porter. Leur étreinte était forte, sincère, dénuée des masques émotionnels qu'ils avaient portés pendant si longtemps.
« Triss, » murmura-t-il doucement, sa voix plus grave qu'à l'accoutumée, alors qu'il la serrait contre lui.
Triss, les bras autour de son cou, le regardait avec une intensité qu'il n'avait pas vue depuis longtemps. « Tu m'as tellement manqué, » avoua-t-elle en caressant doucement son visage. Elle observa attentivement chaque trait, chaque cicatrice qui marquait sa peau, mais cette fois, il ne détourna pas le regard. Il ne pouvait plus fuir.
« Moi aussi, tu m'as manqué... plus que je ne saurais le dire. »
Et là, sans un mot de plus, Triss l'attrapa par le col et l'embrassa avec une passion qu'Arno n'avait pas imaginée. L'intensité du baiser chassa toute pensée de blague ou d'auto-dérision de son esprit. Il lui rendit son baiser avec tout autant de ferveur, ses mains glissant dans ses cheveux de feu, comme si ce moment était suspendu hors du temps. Tout le sarcasme, toute la façade qu'il entretenait pour se protéger s'effondra en un instant. Pour une fois, il était simplement lui-même.
Quand ils se séparèrent, leurs visages encore tout proches, Triss laissa échapper un souffle tremblant avant de murmurer : « Je t'aime, Arno. Je crois que je l'ai toujours su... mais je n'ai jamais eu le courage de te le dire. »
Arno baissa les yeux, presque hésitant. « Et moi, je... j'ai toujours pensé que je ne méritais pas de t'aimer. » Il passa une main sur son visage, traçant une de ses cicatrices. « Ce visage, ce corps... je me suis toujours vu comme un monstre. Comment pourrais-je te demander d'aimer quelque chose comme ça ? »
Triss le fixa avec tendresse et secoua la tête. « Tu n'es pas un monstre, Arno. Tu n'as jamais été un monstre. J'ai aimé l'homme derrière le masque, celui qui a toujours été là, qui m'a fait rire, qui m'a protégé. C'est toi, Arno. »
Arno sourit enfin, un sourire sincère, dépouillé de tout sarcasme. « Eh bien, si tu peux supporter de me regarder tous les matins, alors je pense qu'on est prêts à affronter le reste ensemble. »
Triss le frappa doucement sur l'épaule en riant. « Arrête de dire des bêtises. »
Ils s'embrassèrent à nouveau, plus tendrement cette fois, savourant la simplicité de ce moment après tant d'incertitudes, de quêtes, et de distances. Pour la première fois depuis des mois, Arno ressentait une paix intérieure qu'il n'avait plus connue depuis longtemps.
« Je crois que je suis prêt pour la suite, » murmura-t-il contre ses lèvres avant de reculer légèrement. « Enfin, après avoir retiré cette fichue armure, parce que franchement, c'est pas confortable. »
Le repas autour de la grande table était animé par une ambiance légère et détendue. L'air était chargé de rires et de curiosité, tandis que chacun savourait les plats disposés devant eux. Triss, assise près d'Arno, n'avait pas quitté son regard une seule seconde depuis leur réunion émotive. Ciri, Geralt et Yennefer, quant à eux, étaient tout aussi attentifs, impatients d'entendre les récits d'Arno après tant de mois d'absence.
Geralt, toujours calme et pragmatique, brisa la tranquillité d'une voix posée : « Alors, Arno, quelles péripéties t'ont tenu si longtemps loin de nous ? »
Arno, un large sourire sur le visage, se redressa sur sa chaise avec son habituel air théâtral. « Ah, mes amis, vous ne croirez jamais ce que j'ai dû affronter ! » lança-t-il en tapant des mains, attirant l'attention générale.
« Tiens, ça commence bien, » marmonna Geralt avec un sourire en coin, déjà habitué aux exagérations d'Arno.
Arno leva une main dramatique. « Laissez-moi vous parler de Julian, un jeune pyromancien Vous connaissez sûrement ce nom ? »
Triss, perplexe, fronça légèrement les sourcils. « Un pyromancien, tu dis ? »
« Exactement ! Un gamin avec une affinité pour le feu, » reprit Arno. « Il n'a pas les cheveux en feu, hein, c'est réservé à toi, ma chère Triss. Non, Julian, il était plus du genre à faire exploser tout ce qui se trouvait autour de lui quand il avait des doutes. »
Ciri, amusée, demanda : « Et comment as-tu croisé sa route ? »
Arno prit une grande inspiration théâtrale, faisant un geste dramatique. « Eh bien, tout a commencé quand je suis tombé sur lui par hasard. Julian voulait tout faire cramer et j'ai du jouer à Pascal le Grand Frère pour le dissuader. Puis un guerrier du futur est arrivé.
Oui, vous m'avez bien entendu, un guerrier du futur. Cable, c'était son nom. Il était là pour buter Julian parce qu'il croyait que ce petit pyromancien allait causer la destruction de tout son monde. »
Yennefer leva un sourcil, son regard perçant croisant celui de Triss. « Rien que ça ? » dit-elle avec une ironie subtile.
Arno hocha la tête avec un sourire malin. « Vous n'imaginez pas à quel point c'était intense. Je suis intervenu juste à temps, bien sûr. » Il fit une pause, savourant l'attention générale. « Vous voyez, j'ai convaincu Cable que tuer le gamin n'était pas la solution. Alors, au lieu de s'entre-tuer, nous avons formé une alliance temporaire pour combattre un ennemi encore plus redoutable : le Fléau. »
Geralt, bien qu'habitué aux histoires épiques, sembla intrigué. « Le Fléau ? »
Arno se pencha en avant, l'air sérieux. « Oh, oui. Un gars avec une armure magique qui le transformait en troll en acier ambulant. Cable avait une grenade interdimensionnelle avec lui. L'idée était simple : piéger le Fléau et l'envoyer ailleurs. Mais, comme vous vous en doutez, tout ne s'est pas passé comme prévu. »
Arno haussa les épaules avec un sourire désinvolte. « Disons simplement que le Fléau et moi, nous avons fait un petit tour forcé dans un autre monde... »
Geralt croisa les bras, son regard scrutant Arno avec un intérêt renouvelé. « Et que s'est-il passé ensuite ? »
Arno fit une pause dramatique avant de poursuivre : « Nous avons atterri dans un monde dévasté par la guerre contre les forces du mal, un endroit où la magie était à la fois une bénédiction et une malédiction. C'est là que j'ai rencontré Rand, un gamin bizarre qui était, paraît-il, "l'Élu" d'une prophétie. Un de ces types qui doit soit sauver, soit détruire son monde. Je vous épargne les détails de la prophétie – vous connaissez le genre. Bref, j'ai sauvé son village accompagné de magiciens et de guerriers, puis j'ai voyagé avec eux, Rand et d'autre gamins car ils étaient poursuivis par des forces maléfiques. »
Arno se gratta la tête, l'air faussement modeste. «Ce monde était infesté de créatures appelées Trollocs, des hybrides entre humains et bêtes. Charmants, ces bestioles. Bref, j'ai dû escorter Rand et ses amis jusqu'à une place forte, tout en évitant de me faire dévorer. »
Yennefer, toujours aussi sceptique, lança : « Et comment se sont comportées ces fameuses magiciennes dont tu parlais ? »
Arno grimaça. « Ah, les Aes Sedai... Oui, les magiciennes. Elles sont puissantes, mais disons qu'elles n'étaient pas toutes ravies de me voir. Les Ajah Rouges, surtout, voulaient faire des expériences sur moi, me traiter comme un cobaye. J'ai réussi à m'en sortir, mais disons que je ne suis pas pressé de les revoir. Heureusement, certaines d'entre elles, comme Moiraine ou l'Amyrlin, étaient plus... ouvertes d'esprit. »
Le rire éclata autour de la table à la mention des Ajah Rouges. Geralt secoua la tête, visiblement amusé par l'absurdité de la situation. « Je parie que tu leur as donné du fil à retordre. »
Arno fit une moue faussement humble. « Moi ? Retordre du fil ? Je suis un ange, voyons. » Puis il se tourna vers Triss, son expression changeant légèrement, une lueur plus douce dans son regard. « Et Julian ? J'ai entendu dire qu'il était en sécurité ? »
Triss hocha la tête, ses yeux brillants. « Oui, il est sain et sauf à l'Académie de Ban Ard. Il est entré à l'école de magie pour garçons. Il a un grand potentiel. »
Un sourire sincère éclaira le visage d'Arno. « C'est une bonne nouvelle. Le gamin avait du talent, et avec un peu de chance, il ne fera pas tout exploser. »
Ciri, amusée, se pencha en avant. « Et le désert ? Il y a encore des monstres que tu as rencontrés là-bas ? »
Arno éclata de rire. « Ah, le désert... J'ai rencontré les Faucons des Dunes. Des guerriers redoutables, avec une Sagette du nom de Shael. Une vraie combattante, avec un don pour les rêves et une connexion avec le monde mystique. Ils m'ont aidé à traverser des tempêtes de sable, des rochers mouvants... Tout un périple. Je ne m'attendais pas à une telle aventure. »
Le rire éclata une fois de plus autour de la table, chacun savourant non seulement le repas mais aussi les récits invraisemblables d'Arno. La légèreté et l'amitié enveloppaient la pièce, et même Yennefer ne pouvait s'empêcher de sourire à certaines des anecdotes rocambolesques.
« Je pense que tu aurais dû rester dans ce monde, » plaisanta Geralt. « Ça t'aurait évité de finir dans des situations toujours plus farfelues. »
Arno leva son verre. « Peut-être, mais où serait le fun dans tout ça ? » Puis, plus sérieusement, il se tourna vers Triss. « C'est bon d'être de retour, et c'est encore mieux de savoir que je ne serai pas seul pour la suite. »
Triss lui serra doucement la main sous la table, un sourire complice aux lèvres. Ils étaient enfin réunis, après tant d'épreuves, et autour d'eux, leurs amis formaient un cercle de soutien, de curiosité et d'amitié indéfectible.
Leur repas se poursuivit dans la bonne humeur, ponctué de questions, d'histoires, et de rires sincères. Arno, fidèle à lui-même, ne manquait jamais une occasion de glisser une remarque humoristique, mais au fond, tout le monde savait qu'il était heureux d'être enfin chez lui, entouré des personnes qui comptaient le plus pour lui.
Alors que le repas d'Arno et ses amis continuait dans une ambiance chaleureuse et pleine de rires, loin de là, dans un autre monde, plusieurs personnes ressentaient une perturbation subtile dans les énergies qui les entouraient. Chacun, à sa manière, comprit qu'une présence qu'ils avaient connue – Arno – avait quitté leur monde.
Moiraine Sedai, assise dans son bureau à la Tour Blanche, ressentit un frisson la traverser alors qu'elle feuilletait de vieux manuscrits, cherchant des réponses à une ancienne prophétie. Ses mains s'arrêtèrent, immobiles sur la page, tandis qu'une vague de conscience la traversait. Arno, l'étranger aux manières désinvoltes mais au cœur noble, avait quitté ce monde.
Elle leva les yeux, fixant un point invisible dans la pièce.
« Alors, il est enfin parti, » murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour quiconque autour. Un mélange de respect et de curiosité l'envahit. Malgré son comportement parfois imprévisible, Arno avait joué un rôle crucial dans les récents événements, et elle ne pouvait nier son importance dans la bataille contre les Ténèbres.
Avec un soupir, elle referma le livre devant elle, laissant ses pensées dériver un instant vers cet homme étrange. « Puisses-tu trouver ton chemin, Sorceleur. »
Rand al'Thor, l'Élu, se tenait seul sur une colline surplombant les vastes terres de Cairhien. Le vent soufflait fort, soulevant des vagues d'herbe autour de lui. Perdu dans ses pensées, il méditait sur les prochaines étapes de son voyage tumultueux en tant que Dragon Réincarné.
Soudain, une sensation familière, une présence qu'il avait à peine remarquée jusqu'à ce moment, disparut de son esprit comme une bougie soufflée par le vent. Il fronça les sourcils et porta la main à son torse, là où le poids invisible de sa destinée reposait constamment.
Il comprit immédiatement ce qui s'était passé. Arno, l'étrange sorceleur qui l'avait aidé durant ses heures les plus sombres, avait quitté ce monde. Il ne savait pas exactement comment, mais il savait.
Un sourire en coin se dessina sur son visage. « J'espère que tu es en paix, mon ami, » murmura-t-il en regardant l'horizon. « Peut-être qu'un jour, nous nous reverrons, mais d'ici là, je continuerai à porter ce fardeau. Merci pour ton aide. »
Le vent sembla porter ses mots loin de lui, comme un adieu silencieux à un compagnon parti pour d'autres aventures.
Dans un endroit beaucoup plus sombre, Liandrin Sedai, membre des Ajah Rouges, se tenait dans l'ombre d'une vieille bibliothèque poussiéreuse, les bras croisés et les yeux mi-clos, méditant sur ses plans futurs. Elle avait toujours nourri un intérêt particulier pour Arno, non pas par affection, mais par suspicion. Il représentait un mystère, un puzzle qu'elle n'avait jamais pu résoudre entièrement.
Soudain, une absence se fit sentir, un vide qu'elle ne pouvait pas expliquer. Liandrin fronça les sourcils, ses pensées s'éclaircissant alors qu'elle réalisa que l'homme qu'elle avait tant voulu étudier n'était plus là. Arno avait quitté leur monde.
Elle pinça les lèvres, son esprit tournant rapidement. « Alors, tu es parti, sorceleur. » Sa voix était froide, presque indifférente, mais sous cette façade, il y avait une pointe d'irritation. Elle avait espéré en apprendre davantage sur lui, peut-être même l'utiliser pour ses propres desseins. Mais cette opportunité venait de s'envoler.
« Peu importe, » se dit-elle à voix haute, se redressant avec une froideur habituelle. « Le Dragon est encore ici, et il y a d'autres pions sur cet échiquier. »
Elle tourna les talons, disparaissant dans les ombres de la bibliothèque, son esprit déjà focalisé sur de nouveaux complots.
Après le repas, l'atmosphère dans la maison de Toussaint était chaleureuse et détendue. Les rires légers résonnaient dans la pièce, et chacun semblait savourer ces retrouvailles. Arno, fidèle à lui-même, ponctuait les discussions de ses répliques sarcastiques, provoquant des éclats de rire chez ses compagnons. Mais au-delà des plaisanteries, un sentiment plus profond unissait le groupe : le soulagement et la joie de voir Arno sain et sauf, de retour parmi eux.
Geralt, appuyé contre la table, observait Arno avec son regard perçant habituel, mais une lueur plus douce brillait dans ses yeux. « J'ai toujours su que tu t'en sortirais, » lança-t-il d'une voix calme, tout en mordant dans un morceau de pain. « Mais de là à te retrouver dans des mondes remplis de prophéties et de Force du Mal... » Il secoua la tête, amusé. « Tu as toujours eu un talent pour te retrouver dans des situations improbables. »
« Que veux-tu, » répondit Arno avec un sourire en coin, « les trolls, les pyromanciens fous et les guerriers du futur ont besoin d'un guide touristique, et je suis toujours partant pour une petite aventure. »
Ciri, assise près de la cheminée, ajouta en riant : « Et moi qui pensais avoir vu tous les mondes les plus étranges. Il semble que je doive encore en apprendre. »
Yennefer, comme à son habitude, restait pragmatique. Elle croisa les bras, son regard violet fixé sur Arno, jaugeant chaque détail de son récit. « Tu as eu de la chance de t'en sortir avec tout ça. Je suis impressionnée que tu aies survécu à autant de chaos, mais je suppose que la chance et toi, vous avez un lien particulier. »
Arno fit mine de réfléchir. « Chance ? Talent, ma chère. Talent. Et une dose d'ironie peut-être. » Il leva son verre en signe de défi. « Et il paraît que la chance sourit aux audacieux, alors je dois être sacrément audacieux. »
Triss, assise juste à côté d'Arno, posa une main légère sur son bras, son regard se perdant un instant dans celui du sorceleur. Leurs yeux s'étaient déjà croisés plusieurs fois durant la soirée, mais ce moment était différent. Ils semblaient se parler sans mots, une connexion invisible mais palpable. La magicienne n'avait pas cessé de sourire depuis son retour, mais à cet instant, elle laissa échapper un soupir, une expression de soulagement qui en disait long sur ses émotions.
« Je suis tellement heureuse que tu sois là, Arno, » dit-elle doucement, sa voix pleine de sincérité. « Chaque minute où tu étais loin, je craignais le pire. »
Arno tourna la tête vers elle, sa propre expression se faisant plus sérieuse. « Tu sais, j'ai toujours eu l'habitude de tout affronter seul. Mais... » Il marqua une pause, cherchant ses mots. « Peut-être que je ne devrais plus. Plus maintenant. Plus quand tu es là. »
Il esquissa un sourire, mais il était moins sarcastique, plus doux cette fois. « Je te promets que je ne te laisserai plus jamais tomber. »
Triss serra un peu plus son bras, son sourire s'agrandissant. « Je compte bien te tenir à cette promesse. »
Geralt, observant la scène avec une certaine tendresse cachée derrière son masque stoïque, se leva lentement de sa chaise. « C'est un bon moment pour prendre l'air, je crois. »
« Exactement, » ajouta Yennefer en se levant à son tour, l'air espiègle. « Laissons un peu d'intimité à nos tourtereaux. »
Ciri, souriant, hocha la tête et les suivit vers la porte. « On reviendra quand vous aurez fini de vous promettre des choses. »
Arno leur lança un regard faussement outré. « Oh, mais restez donc ! Vous manquez la meilleure partie. »
Mais ils étaient déjà partis, leur laissant enfin un peu de solitude. Une fois seuls, le silence tomba, seulement perturbé par le crépitement doux du feu.
« C'était une sacrée soirée, » murmura Triss, se rapprochant d'Arno.
« Et elle n'est pas encore terminée, » répondit-il doucement, enlaçant tendrement Triss. Cette fois, il n'y avait ni sarcasme ni blague. Juste une sincérité profonde, celle qu'il avait si souvent enfouie derrière son humour et ses provocations.
Triss se blottit contre lui, savourant ce moment de paix après tant de tourments. « J'ai vraiment cru que je ne te reverrais jamais, » murmura-t-elle.
Arno baissa les yeux vers elle, caressant doucement ses cheveux roux. « Je suis là maintenant. Et je ne vais nulle part. »
Ils restèrent ainsi, dans une étreinte silencieuse, un instant parfait de réconfort et de promesse, une promesse de ne plus jamais se perdre, peu importe les mondes qui les séparaient.
La nuit avançait, mais le lien entre eux, lui, ne faisait que se renforcer.
FIN
« Ah, vous êtes encore là, hein ? Vous pensiez que tout était terminé avec ce grand mot 'FIN' en majuscules bien stylées ? Vous savez, les bonnes histoires ne se terminent jamais vraiment. »
Il se redresse, tapote son armure poussiéreuse et se lève avec une fausse grimace de douleur. « D'ailleurs, merci d'avoir tenu jusqu'ici. Sérieusement, après tout ce bazar interdimensionnel, les combats contre des trucs qui auraient dû rester dans des livres de contes, et mes tentatives désespérées d'éviter les grenades du futur, vous êtes encore là. Vous devez être aussi fous que moi. »
Il rit, passant une main sur son masque, l'air faussement introspectif.
. « Je dois dire que je me suis bien amusé. Entre les trolls, les prophéties et les déserts qui n'en finissent pas, c'était franchement épique. Bon, d'accord, certaines parties étaient un peu dures – merci Cable pour la grenade, très sympa. Et franchement, les Ajah Rouges... ne m'en parlez même pas. »
Arno regarde à droite, puis à gauche, comme pour s'assurer qu'aucune sorcière n'est sur le point d'apparaître. Il baisse la voix en chuchotant dramatiquement : « Je les adore, hein. Mais si je pouvais éviter une autre séance 'on va examiner pourquoi les hommes deviennent fous en touchant à la magie' avec elles, ça m'arrangerait. »
Il se frotte les mains, comme s'il préparait quelque chose. « Mais bon, maintenant que je suis rentré, je me demande ce que l'avenir me réserve. Des vacances bien méritées ? Peut-être pas. Parce qu'avec mon incroyable chance, je vais probablement être rappelé pour sauver un autre univers. Ou deux. »
Arno fait un clin d'œil. « Alors, si un jour vous voyez un portail qui s'ouvre dans votre salon, ne paniquez pas. C'est peut-être juste moi, en route pour une nouvelle aventure. » Il sourit, un sourire plein de promesses et d'espièglerie.
« Ou qui sait, peut-être que Triss finira par m'y envoyer moi-même pour m'éviter des ennuis avec ses nouvelles copines magiciennes. » Il secoue la tête, faussement dramatique, puis se redresse avec une petite lueur d'espoir dans les yeux.
« Enfin, mes amis, c'était un sacré voyage. Si nos chemins devaient se recroiser, je serai prêt. En attendant, gardez l'œil ouvert, ne faites pas confiance aux grenades du futur, et surtout... évitez les Ajah Rouges. Sérieusement, je ne rigole pas. »
Avec un dernier sourire, Arno se penche en avant comme pour saluer les lecteurs, avant de reculer lentement dans l'ombre. Sa voix résonne une dernière fois : « Merci d'avoir suivi cette épopée, mes chers lecteurs. On se reverra peut-être... ou peut-être pas. »
Et juste avant de disparaître complètement dans le noir, il lève un doigt. « Mais, si jamais vous avez besoin d'un sorceleur immortel avec une grande gueule et un goût pour l'aventure, vous savez où me trouver. »
