Chapitre 5 - Une vie toute en couleur AU

Je me suis finalement décidée à parler à Emma avant lundi. Je ne voulais pas que la nouvelle tombe brutalement. J'attrape mon téléphone, mais au moment d'appuyer sur « Appeler », un message d'Emma apparaît :

Emma : « J'ai vérifié votre agenda pour lundi. Vous n'avez pas mentionné de nouvelles consignes pour la sécurité. C'est un oubli ? »

J'hésite. Je peux encore inventer une excuse... mais je sais très bien qu'Emma verrait clair dans mon jeu.

Regina : « Ce n'est pas un oubli. J'ai décidé d'essayer une semaine sans protection rapprochée. Je veux voir si je peux gérer seule. »

La réponse d'Emma ne se fit pas attendre.

Emma : « Une semaine ? Tu plaisantes, j'espère. Tu sais que ce n'est pas une bonne idée. On en parle en face à face. Ce soir. Je viens chez toi. »

Je soupire et pose mon téléphone, me préparant mentalement à la discussion de ce soir. Je sais qu'Emma ne lâcherait rien.


Scène du soir chez Regina :

J'ai préparé des boissons et des snacks, espérant adoucir la conversation. Emma n'allait plus tarder, elle m'avait envoyé un message il y a quelques minutes. La sonnette retentit, je triture mes mains de stress avant de lui ouvrir la porte. Je ne voulais rien laisser paraître.

Tu es bornée, dit Emma en entrant.

Je suis Maire, je peux prendre mes décisions seule, répliquais-je en croisant les bras.

Et moi, je suis ton agent de protection. Ma mission, c'est d'assurer ta sécurité, je ne peux pas le faire si tu ne me laisses pas faire mon travail. Tu te rends compte s'il venait à t'arriver quelque chose ? Tu es vulnérable sans protection. Que tu ne veuilles plus que je sois là, je peux l'accepter, mais que tu refuses toute protection, ça, c'est non Regina !

Le ton montait légèrement, mais quelque chose dans la tension semblait... différent.

Je pose mon verre sur la table basse et plante mon regard dans celui d'Emma

Pourquoi revenir vers moi, alors que tous les signes indiquent que je ne veux plus travailler avec toi ? Tu crois que je peux oublier ce qui s'est passé ? Josh est presque mort et j'ai failli y passer aussi ! Et toi... toi, tu étais à deux doigts d'y rester. Tu penses que je peux continuer comme si rien ne s'était produit ? Je ne peux pas vivre avec ça sur la conscience, Emma. ? Josh est presque mort ! J'ai failli mourir et surtout tu as failli mourir parce que ton travail c'est de me protéger. Comme je te l'ai déjà dit, je ne peux pas accepter ça.

Emma hésita, cherchant ses mots.

Parce que je ne peux pas m'arrêter de veiller sur toi. Tu ne te rends pas compte à quel point tu es une cible. Ce n'est pas juste une possibilité, Regina, c'est une certitude. Et si je ne suis pas là pour empêcher ça, alors qui le fera ? parce que l'idée qu'il t'arrive quoi que ce soit me rend malade. Ne refuse pas ta protection. Tu te punis en faisant ça.

J'ouvre la bouche pour répondre, mais aucun mot ne sort. Je sens mon cœur s'accélérer.

Emma...

Je vois Emma faire un pas vers moi, l'air déterminé. Ses épaules sont tendues, ses poings serrés, mais ses yeux trahissent une inquiétude qu'elle tente de masquer. L'atmosphère dans la pièce semble s'épaissir, comme si l'air devenait plus lourd. Je sens mon souffle se raccourcir sous son regard perçant, et pourtant, je suis incapable de détourner les yeux.

Je sais que c'est difficile pour toi de faire confiance après tout ce que tu as vécu, mais laisse moi être là. J'ai veillé sur toi, je t'ai protégée, tu es rentrée entière. Tu peux me faire confiance.

Je baisse les yeux, mes barrières commencent à se fissurer. J'inspire profondément avant de relever le regard.

D'accord... mais promets moi que tu seras prudente. Je ne peux pas te perdre. Dis-je presque dans un murmure. Je n'étais même pas sûre qu'elle ait entendu la suite.

Emma sourit doucement et hoche la tête.

— Je te le promets.

La tension dans la pièce s'apaise lentement alors qu'on s'assoit pour continuer la conversation. Pourtant, je sais que cette discussion n'était que le début d'un changement plus profond.


Lundi matin au bureau :

Je suis arrivée au bureau en avance. J'avais besoin d'un moment pour organiser ma journée et éviter de me laisser envahir par mes émotions après le week-end. Ruby m'attendait déjà avec mon café. Elle avait ce sourire complice, mais aussi curieux.

Bonjour Madame la Maire, comme toujours, en avance, dit-elle en me tendant ma tasse.

Merci, Ruby. Il faut bien commencer la semaine du bon pied, répondis-je en essayant de paraître détendue.

Mais je n'eus pas beaucoup de répit. À peine installée, Emma fait son apparition. Elle portait son expression professionnelle, mais je peux lire dans ses yeux qu'elle n'a pas oublié notre conversation de samedi soir.

— Tout est sous contrôle pour aujourd'hui, dit-elle en me tendant un dossier avec les plans de sécurité. — Merci, Emma.

Nos regards se croisèrent, et même si aucun mot supplémentaire n'avait été échangé, je sais qu'on est sur la même longueur d'onde. Le travail reprend, mais quelque chose entre nous avait changé.


Déjeuner avec le commissaire de police :

Midi arriva plus vite que je ne l'aurais pensé. Emma m'accompagna jusqu'au restaurant réservé pour le déjeuner avec le commissaire de police. Son regard balaya la salle dès notre arrivée, et je sentis sa vigilance monter d'un cran.

Je fis signe au commissaire qui était déjà installé. Nous échangeâmes des politesses avant de nous asseoir.

— Madame la Maire, merci de me recevoir. J'aurais préféré que ce soit dans des circonstances moins stressantes, dit-il en consultant rapidement un dossier posé à côté de son assiette.

— Croyez-moi, moi aussi, répondis-je en posant mon sac à côté. Que se passe-t-il ?

Il jeta un regard rapide à Emma, puis se pencha légèrement vers moi.

— Nous avons reçu des informations ce matin. Il semble que l'agresseur de la semaine dernière ne soit pas un cas isolé. Il était en contact avec d'autres individus ayant des griefs similaires envers la mairie et donc envers vous.

Je sentis mon estomac se nouer. Une vague d'angoisse monta, mais je la refoulai rapidement.

— Vous surveillez ça de près ? demandai-je, d'une voix plus ferme que je n'aurais voulu.

Le commissaire hoche la tête.

— Oui, mais il serait prudent d'envisager un renforcement de votre sécurité personnelle, du moins temporairement. Il serait dommage de vous passer du Lieutenant Swan ou de quiconque.

— J'ai déjà pris ma décision, répondis-je rapidement. Je veux éviter d'attirer plus l'attention sur moi avec un dispositif visible.

Emma se pencha vers moi et murmura assez fort pour que le commissaire l'entende :

— Vous n'avez pas besoin d'un dispositif visible, mais vous avez besoin de protection. On en reparle après ce déjeuner, dit-elle avant de se redresser.

Le commissaire hoche la tête.

— Je vous laisse y réfléchir. Mais sachez que notre priorité est votre sécurité, Madame la Maire. Si je vous conseille de renforcer votre sécurité, ce n'est pas pour vous faire plaisir loin de là, sinon je serais resté au chaud dans mon bureau.

Le reste du déjeuner se passa dans un calme relatif. En quittant le restaurant, Emma m'ouvrit la porte de la voiture et se plaça immédiatement à mes côtés.

— Tu ne me laisses vraiment pas le choix, hein ? lançai-je en essayant de détendre l'atmosphère.

— Jamais, répondit-elle avec un sourire discret. Et je pense que vous le savez très bien.

Sur le trajet du retour, je me surprenais à envisager sérieusement de revenir sur ma décision.


Retour au bureau :

De retour à la mairie, je m'efforçai de reprendre le contrôle de mes émotions. Emma m'accompagna jusqu'à mon bureau.

— Vous avez besoin de quelque chose avant votre interview ? demanda-t-elle en vérifiant son téléphone.

— Non, merci. Je crois que j'ai juste besoin de quelques minutes pour souffler, répondis-je en tentant de cacher la nervosité qui menaçait de me submerger.

Elle m'observa un instant, puis acquiesça.

— Je vais rester dans le coin. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez où me trouver.

Elle quitta mon bureau et ferma doucement la porte. Je soupirai et me laissai tomber dans mon fauteuil. Mon esprit revenait encore et encore à la conversation avec le commissaire.

Je savais qu'Emma avait raison. Je savais qu'elle ne me laisserait pas affronter tout ça seule. Mais accepter cette idée signifiait aussi reconnaître à quel point j'avais besoin d'elle. Pas seulement en tant qu'agent de protection, mais en tant qu'alliée.

Quelques coups légers à la porte me sortirent de mes pensées. Ruby passa la tête dans l'embrasure.

— Madame la Maire, les journalistes sont arrivés. Vous êtes prête ?

Je me redressai et ajustai ma veste.

— Toujours prête, Ruby.

Mais au fond de moi, je savais que la journée était loin d'être terminée.


Salle de réunion de la mairie :

L'interview commence avec les habituelles salutations formelles et les questions sur les projets urbains en cours. Mais très vite, le ton changea.

— Madame la Maire, après l'incident de la semaine dernière, de nombreux habitants se demandent si vous vous sentez en sécurité. Que leur répondez-vous ? demanda l'un des journalistes, son micro tendu vers moi.

Je pris une inspiration contrôlée avant de répondre.

— La sécurité de nos citoyens est ma priorité absolue, et je suis en constante collaboration avec les forces de l'ordre pour renforcer les mesures nécessaires. En ce qui me concerne, je fais confiance à l'équipe chargée de ma protection. Ils sont formés et compétents.

Je pouvais sentir Emma, postée discrètement dans la pièce, garder son regard fixé sur moi. Cette simple présence me donnait la force de rester calme.

— Pourtant, vous avez choisi de réduire votre dispositif de sécurité personnel. Pourquoi ? reprit un autre journaliste.

Je me figeai un instant. Cette question, je l'avais anticipée, mais elle n'en restait pas moins difficile. Je relevai les yeux.

— Qui vous a dit cela ? Le dispositif n'a pas changé, merci de ne pas divulguer d'informations erronées et d'autant plus qui concernent ma sécurité.

L'interview toucha finalement à sa fin. Alors que les journalistes quittaient la salle, Emma s'approcha.

— Pas mal du tout, lança-t-elle avec un demi-sourire.

— Merci, répondis-je en attrapant un verre d'eau.


Retour au bureau

Une fois de retour dans mon bureau, je laissai échapper un soupir. Ruby entre presque aussitôt avec une pile de dossiers.

— Voici les documents pour la réunion de demain sur les infrastructures, dit-elle en les posant sur mon bureau. Et je vous ai laissé un post-it pour les points clés.

— Merci, Ruby. Vous êtes un ange.

Elle me lance un sourire rapide avant de quitter la pièce. Je profite d'un moment de silence pour m'asseoir et relire les notes.

Mais mon esprit refuse de se calmer. Mes yeux parcouraient les lignes du rapport sans vraiment les lire. Je sais que quelque chose ne va pas, et ce n'est pas juste lié aux infrastructures de la ville.

Un coup léger à la porte interrompit mes pensées.

— Entrez.

Emma passa la tête par l'ouverture.

— Tout va bien ? demanda-t-elle, son ton léger mais ses yeux inquiets.

— Oui ça va, répondis-je en fermant le dossier devant moi. Entre.

Elle entre et referme doucement la porte derrière elle. Elle porte toujours cet air sérieux qui me rassure autant qu'il m'agace parfois.

— Je voulais vérifier que vous n'aviez rien oublié pour la réunion de demain, dit-elle tout en jetant un coup d'œil à mon bureau.

— Je suis prête. Enfin, presque, répondis-je en croisant les bras.

Emma reste silencieuse un moment avant de s'approcher.

— Vous réfléchissez encore à ce que le commissaire vous a dit, pas vrai ? Regina, je ne vais pas prétendre que ce travail est facile. Mais vous devez me faire confiance.

Je pris une profonde inspiration avant de répondre :

— Tu as raison. Je veux renforcer ma sécurité.

Emma plissa les yeux, surprise par ma réponse. Elle me dévisagea un instant comme si elle tentait de déceler un mensonge.

— D'accord... Mais qu'est-ce qui a changé ? Hier encore, tu étais catégorique.

Je haussai les épaules en évitant son regard.

— J'ai juste... réfléchi. Je ne peux pas prendre de risques inutiles.

Emma s'approcha encore, sa voix plus douce mais teintée de suspicion.

— Tu sais que tu peux tout me dire, Regina. Ce n'est pas seulement une décision professionnelle, n'est-ce pas ?

Je sentis mon estomac se nouer à nouveau. Elle me connaissait trop bien. Mais je secouai la tête pour mettre fin à la conversation.

— Ce n'est rien, Emma. Juste une décision logique. Maintenant, peux-tu t'assurer que tout est prêt pour demain ?

Elle me regarda un instant, comme si elle hésitait à insister, puis hocha lentement la tête.

— Bien sûr. Mais je garde un œil sur toi, ajouta-t-elle avec un sourire en coin.

Je souris faiblement et la regardai quitter la pièce. Mon cœur battait encore un peu trop vite. Emma avait raison de se méfier. Moi-même, je n'étais pas certaine de pourquoi j'avais changé d'avis. Mais une chose était sûre : je ne pouvais pas ignorer ce pressentiment qui me hantait.


Le soir tombe rapidement, et je me retrouve seule dans mon bureau. Je jette un œil à l'horloge murale. Il est presque 20 heures. Ruby est déjà partie, et je sais qu'Emma n'est sûrement pas loin. Je range mes dossiers et attrape mon manteau.

En sortant, je la vois. Emma est appuyée contre le mur près de l'entrée, les bras croisés. Ses yeux balayent rapidement la pièce avant de se poser sur moi. Elle redresse la tête, l'air attentif.

— Vous travaillez trop, dit-elle avec un léger sourire. Mais ses yeux restent sérieux, comme si elle cherchait à lire quelque chose sur mon visage.

— C'est l'un des inconvénients d'être maire, répondis-je avec un sourire fatigué. Et toi ? Tu m'attends ?

— Toujours. Je voulais m'assurer que vous ne restez pas trop tard.

Je hoche la tête et m'approche d'elle. Pourtant, son ton et son regard me donnent l'impression qu'elle analyse chacun de mes mouvements. Comme si elle s'attendait à ce que je lui cache quelque chose.

— Merci, Emma. Pour être là. Pour tout.

Elle me regarde un instant, ses yeux perçant à travers mon masque de calme apparent.

— Je suis là pour ça, Regina, dit-elle doucement, mais avec une intensité qui me fait frissonner.

Ces mots me frappent plus fort que je ne veux l'admettre. Une partie de moi veut lui faire confiance, mais l'autre s'accroche désespérément à cette distance que je tente de maintenir. Je baisse brièvement les yeux, essayant de reprendre mon souffle.

— Tu es trop attentive, Emma. Je vais bien, vraiment, dis-je en tentant de masquer ma nervosité.

Mais je vois son regard s'assombrir légèrement. Elle n'est pas convaincue.

— Vous savez que je ne suis pas du genre à laisser passer quelque chose d'étrange. Et là, Regina, il y a quelque chose. Alors, si vous changez d'avis sur ce que vous voulez partager... je suis là.

Elle recule légèrement, mais je peux encore sentir sa vigilance, comme un poids dans l'air. Emma m'accompagne jusqu'à la voiture, et je sens sa présence rassurante à chaque pas. Pourtant, même cette assurance me paraît fragile, comme si un équilibre précaire pouvait basculer à tout instant.

En montant dans la voiture, je la vois jeter un dernier regard circulaire autour de nous avant de fermer la portière. Mon cœur bat un peu plus vite. Elle sait. Elle sait qu'il y a quelque chose que je ne dis pas. Et je ne suis pas certaine de pouvoir garder ce secret encore longtemps.


Le lendemain matin

Je suis arrivée au bureau plus tôt que d'habitude, ce qui n'est pas peu dire. Ruby n'était même pas encore installée à son poste lorsque je suis entrée dans mon bureau. Je pose mon manteau sur le porte-manteau et allume mon ordinateur.

Quelques minutes plus tard, Ruby passe timidement la tête par la porte.

— Vous êtes encore plus matinale qu'habituellement, Madame la Maire ? dit-elle, surprise. Vous n'avez pas dormi ici au moins ?

— Non ne vous en faites pas, je suis partie après vous et revenue avant vous. Cela ne veut pas dire que vous devez en faire de même d'accord.

Elle hoche la tête avant de déposer mon café sur la table.

— Vous avez une réunion à dix heures avec l'équipe de communication, puis un point avec les chefs de service à midi. Emma est aussi passée tôt ce matin. Elle a dit qu'elle vous verrait plus tard pour parler des nouvelles mesures de sécurité.

J'hoche la tête tout en consultant mon agenda. Emma. Rien qu'en entendant son nom, je ressens un mélange étrange de réconfort et d'appréhension.

Plus tard dans la matinée, alors que je termine de relire mes notes pour la réunion, la porte s'ouvrit sur une blonde. Je déteste quand elle ne toque pas.

— Bonjour madame la Maire !

— Ruby m'a dit que vous souhaitiez me voir à propos des nouvelles mesures de sécurité.

Elle acquiesce et dépose un dossier sur mon bureau.

— J'ai révisé les protocoles après notre discussion d'hier. Il y a eu quelques ajustements nécessaires. Je voudrais qu'on les passe en revue.

J'hoche la tête et ouvre le dossier. Alors qu'elle commence à expliquer les changements, je l'écoute attentivement, mais une petite partie de moi reste distraite. Je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point elle prend son rôle au sérieux. Et à quel point cela me rassure.

— Regina ? Tout va bien ? demande-t-elle soudain en remarquant mon silence prolongé.

Je secoue légèrement la tête.

— Oui. Désolée, j'étais juste en train de réfléchir.

Elle me fixe un instant, puis reprend.

— Vous savez que je suis là pour ça, non ? Pour que vous n'ayez pas à tout gérer seule.

Ses mots me touchent plus que je ne le montre. Je me contente d'acquiescer avant de retourner au dossier.

Mais au fond de moi, je sens mon estomac se nouer. Je ne peux ignorer l'ombre de doute qui plane au-dessus de moi. Emma continue de parler, mais je capte un éclat dans ses yeux. Elle sait que quelque chose ne va pas.

— Tu sembles plus nerveuse qu'hier, remarque-t-elle soudain. Qu'est-ce qui a changé, Regina ?

Je relève les yeux et tente de masquer mon trouble.

— Rien. Je veux juste éviter les risques inutiles.

Emma fronce légèrement les sourcils et se penche vers moi.

— Tu sais que je te connais trop bien pour avaler ça. Qu'est-ce qui te tracasse ?

Je détourne le regard, cherchant mes mots.

— Ce n'est rien, Emma. Juste une précaution. Je préfère ne pas prendre de risques.

Elle reste silencieuse un instant avant de reculer légèrement, mais je peux voir dans son regard qu'elle n'est pas convaincue.

— Très bien. Mais je garde un œil sur toi, dit-elle en refermant doucement le dossier.

La réunion approche et je sens déjà la tension monter. Je referme le dossier et m'apprête à me lever quand Emma me devance et se redresse.

— Je vais vous accompagner jusqu'à la salle, annonce-t-elle.

Je lève un sourcil.

— Tu comptes m'accompagner à toutes mes réunions maintenant ?

— Juste celles où je pense que tu pourrais avoir besoin d'un soutien discret, répond-elle avec un léger sourire.

Je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour avant de secouer la tête.

— Tu es impossible.

— Et efficace, réplique-t-elle en ouvrant la porte pour me laisser passer.

Nous traversons le couloir en silence, mais je sens sa présence constante à mes côtés. Une présence rassurante, même si je refuse de l'admettre à voix haute.

Arrivée dans la salle, je prends une profonde inspiration et entre, Emma s'installant discrètement dans un coin. Les membres de l'équipe de communication sont déjà là, certains feuilletant leurs notes, d'autres discutant à voix basse.

Je m'assois à la tête de la table et sors mes documents.

— Merci à tous d'être là. Nous avons beaucoup à couvrir aujourd'hui, alors commençons sans tarder, dis-je en ouvrant mon carnet de notes.

L'un des membres, Mark, prend la parole.

— Madame la Maire, nous avons revu les éléments concernant votre prochaine apparition publique et nous avons quelques suggestions. Après l'attaque de la semaine dernière, nous pensons qu'il serait judicieux d'adopter un ton plus rassurant dans vos déclarations, mais sans minimiser ce qui s'est passé.

Je hoche la tête.

— Je suis d'accord. Les habitants ont besoin d'être rassurés sur notre gestion de la situation, mais ils doivent aussi sentir que nous restons transparents et honnêtes. Avez-vous préparé un brouillon pour mon discours ?

La réunion continue dans cette dynamique. Emma reste dans un coin, mais je ressens constamment son regard posé sur moi, comme si elle cherchait encore des réponses.

Après la réunion, elle m'intercepte à la sortie.

— Tu es sûre que tu ne veux rien me dire ? demande-t-elle doucement.

Je lève les yeux vers elle et, pour la première fois, je sens mes défenses faiblir. Mais au lieu de répondre, je me contente d'un sourire forcé et d'un léger hochement de tête.

— Je vais bien, Emma. Fais-moi confiance.

Mais même en prononçant ces mots, je sens qu'elle ne me croit pas. Et peut-être qu'elle a raison.


Je referme mon carnet de notes et sors de la salle de réunion, Emma toujours sur mes talons. Son regard scrutateur ne faiblit pas.

— Tu vas finir par me faire un trou dans le dos à force de me fixer comme ça, dis-je en essayant de détendre l'atmosphère.

— Peut-être que si tu arrêtais d'avoir l'air d'une bombe à retardement, je pourrais me détendre, réplique-t-elle, le ton léger mais les yeux sérieux.

Je m'arrête et me tourne vers elle dans le couloir désert.

— Lieutenant… Je ne sais pas dans quelle langue je dois vous le dire, mais tout va bien, dis-je, énervée, mes yeux lui lançant des éclairs. Malgré le fait que nous étions seules, je la vouvoie pour lui montrer mon mécontentement.

Elle croise les bras, clairement peu convaincue.

— Tu ne me donnes aucune raison de te croire. Et ce n'est pas ton genre d'accepter de la protection sans broncher. Alors, qu'est-ce que tu me caches ?

Je détourne les yeux, cherchant mes mots. Un frisson me parcourt en repensant à l'attaque. L'image floue de l'agresseur, le regard froid, revient hanter mon esprit. Mais je secoue la tête.

— Je ne vous cache rien, Lieutenant Swan.

Elle s'avance d'un pas, réduisant la distance entre nous. Son regard se durcit.

— Je ne lâcherai pas, Régina.

Son ton est ferme, presque tranchant, et je sais qu'elle ne lâchera pas l'affaire. Une tension électrique flotte dans l'air, comme si une confrontation était inévitable.

— Vous n'avez pas besoin d'être a mes basques. J'ai tout sous contrôle, rétorquai-je sèchement, mais ma voix tremble légèrement, ce qui n'échappe pas à Emma.

— Vous croyez que je ne vois pas que vous êtes effrayée ? murmure-t-elle, son ton adouci mais tout aussi déterminé.

Je prends une profonde inspiration et me redresse.

— Ce n'est pas de la peur. C'est de la prudence.

— Non, c'est bien plus que ça, coupe-t-elle. Et je vais rester là jusqu'à ce que vous soyez prête à m'en parler.

Son regard reste ancré dans le mien, et je finis par détourner les yeux. Malgré mes efforts pour paraître forte, elle lit en moi comme dans un livre ouvert.

— Très bien, mais pas maintenant, murmuré-je.

Elle hoche la tête, apparemment satisfaite d'avoir au moins arraché cet aveu.

— D'accord. Mais je garde un œil sur vous.

Je soupire et reprends ma marche vers mon bureau, sentant son regard fixé dans mon dos. Même si sa présence est agaçante, une partie de moi ne peut s'empêcher d'en être reconnaissante.


Après m'avoir laissée dans mon bureau, Emma retourne dans son véhicule garé près de l'entrée principale. Elle ouvre son ordinateur portable et accède aux bases de données sécurisées de la mairie. Ses doigts volent sur le clavier alors qu'elle passe en revue les enregistrements des caméras de surveillance et les rapports d'accès aux bâtiments.

— Qu'est-ce que tu mijotes, Regina ? murmure-t-elle, les sourcils froncés.

Une séquence attire son attention. Regina quittant son bureau par la sortie arrière, jetant un regard nerveux par-dessus son épaule avant de disparaître hors champ. Emma serre la mâchoire.

— Tu ne me facilites pas la tâche, souffle-t-elle en attrapant son téléphone pour tenter d'appeler Regina. Pas de réponse.

Elle jette un œil à sa montre et décide d'agir. Son instinct hurle que quelque chose ne va pas.

POV Regina

De mon côté, je n'arrive pas à rester en place. Mon cœur bat trop vite. J'attrape ma veste et sors discrètement par une porte secondaire, vérifiant plusieurs fois que personne ne me suit. Je me dirige vers une vieille ruelle où des signalements d'activités suspectes ont été relevés récemment.

Je ne devrais pas être là. Mais attendre qu'Emma décide à ma place m'est insupportable. On m'avait donné rendez-vous dans cette ruelle, pour me donner des réponses aux questions dont je me posais sur ma propre sécurité.

Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Emma, probablement. Mais je l'ignore. Je n'ai pas besoin de ses sermons maintenant. Tout ce que je veux, c'est comprendre ce qui se passe.

Alors que je progresse dans l'obscurité, un bruit résonne derrière moi. Un pas, peut-être deux. Mon cœur s'emballe. Je m'arrête brusquement et me retourne.

— Il y a quelqu'un ?! Lançai-je, mais seule ma voix résonne contre les murs.

Une sueur froide me coule dans le dos. Je reprends ma marche, plus rapide cette fois. Mais soudain, une ombre surgit d'un renfoncement. Je recule, trébuche et chute lourdement sur le bitume. Une douleur vive explose dans mon poignet.

— Merde !

Avant même que je puisse me redresser, une voix familière perce l'air.

— Regina !

Je lève les yeux et aperçois Emma qui arrive en courant, son arme déjà sortie. Elle balaie la ruelle du regard avant de se précipiter vers moi.

— Tu es blessée ?! demande-t-elle en s'agenouillant à mes côtés, ses yeux passant rapidement aux ombres environnantes.

— Ce n'est rien, balbutié-je en serrant mon poignet.

— Ce n'est pas rien ! Qu'est-ce que tu fabriques ici toute seule bon sang?! Rugit-elle, sa voix tremblante de colère et d'inquiétude.

Je tente de répondre, mais elle ne me laisse pas le temps.

— Tu aurais pu être attaquée ou pire, Regina !

Elle inspecte ma blessure rapidement, mais ses mains tremblent légèrement. Je n'arrive pas à savoir si c'est la colère ou la peur.


Retour à la mairie :

Emma me ramène à la mairie sans un mot. De retour dans mon bureau, elle referme la porte et croise les bras, son regard perçant cloué sur moi.

— Maintenant, tu vas tout m'expliquer. Tout de suite.

Je m'appuie contre le bord de mon bureau, cherchant mes mots.

— Ce n'était rien. Je voulais juste vérifier quelque chose…

— Vérifier quoi ? Seule, sans m'en parler ?! Tu t'es mise en danger. Tu crois que c'est ça, la prudence ?

Je baisse les yeux.

— J'avais besoin de réponses.

— Alors tu vas m'en parler. Maintenant. Parce que si tu continues comme ça, Regina, je ne pourrai pas te protéger. Et tu ne peux pas te permettre de jouer avec ta sécurité.

Son ton est ferme, presque brisé. Je sens son inquiétude, mais aussi sa frustration. Je sais qu'elle a raison. Mais avant que je ne puisse parler, Ruby entre précipitamment dans le bureau.

— Emma… on vient de recevoir un message. Quelqu'un prétend savoir ce qui s'est passé avec l'agression. Et il veut parler à la Maire.

Emma me regarde, et je sens mon estomac se nouer. Cette fois, il n'y a plus d'échappatoire.

Régina fixe Ruby, le souffle coupé.

— Il veut me parler ? demandai je, la voix légèrement tremblante malgré moi.

Ruby acquiesce, jetant un regard inquiet vers Emma.

— Il a dit que c'était urgent et qu'il avait des informations cruciales. Mais il refuse de parler à quelqu'un d'autre que vous.

Emma lève les mains, visiblement agacée.

— Hé ho ! Vous oubliez que je suis là et que je ne sais pas ce qu'il se passe ? demande-t-elle. Puis elle serre la mâchoire et se tourne vers moi. Tu vas m'expliquer, Regina. Tout de suite.

Je prends une profonde inspiration, sentant mon cœur s'accélérer.

— Je suis allé dehors toute seule dans la pénombre car j'ai reçu un message de quelqu'un qui souhaitait me rencontrer pour me donner des informations sur ce qui c'est passé la semaine passé. C'est tout ce que je sais. Je pense qu'il prend contact avec nous du coup d'une manière plus officielle, vu que tu es venue à mon secours, mais je ne peux pas laisser passer cette opportunité, Emma.

Emma serre les dents et me fixe un moment avant de répondre :

— Et tu penses vraiment que tu peux lui faire confiance ? Ce type pourrait être une diversion pour t'attirer dans un piège.

Je croise les bras pour masquer mes tremblements.

— Peut-être bien, mais je veux en avoir le cœur net.

Emma me fixe un instant, puis finit par hocher la tête.

— Très bien. Mais c'est moi qui contrôle la situation. Pas un geste sans mon signal, compris ?

— Compris.

Elle se tourne vers Ruby.

— Préviens la police. Je veux une équipe en renfort à proximité, mais discrète.

Ruby hoche la tête et sort en trombe.


Quelques heures plus tard, nous arrivons sur le lieu de rendez-vous : un entrepôt abandonné en périphérie de la ville. Emma garde une main sur son arme tout en balayant les alentours d'un regard circulaire.

— On ne reste pas longtemps, murmure-t-elle.

J'acquiesce, l'estomac noué.

Une silhouette émerge de l'ombre. Un homme au visage marqué, les mains enfoncées dans ses poches.

— Vous êtes venue, dit-il, sa voix rauque résonnant dans l'entrepôt.

Emma avance d'un pas, interposant son corps entre lui et moi.

— Qui êtes-vous ? Et pourquoi voulez-vous parler à la Maire ?

Il esquisse un sourire nerveux.

— J'étais avec eux. Ceux qui ont orchestré l'attaque. Mais maintenant, ils me cherchent aussi. Je sais ce qu'ils préparent.

Emma resserre sa prise sur son arme.

— Des noms. Maintenant.

— Je vous les donnerai. Mais d'abord, vous devez me promettre une protection. Sans ça, je suis un homme mort.

Je m'apprête à répondre quand un bruit sourd retentit derrière nous. Emma me plaque au sol au moment où un coup de feu éclate, brisant une vitre dans un fracas assourdissant.


Merci beaucoup de vos review. Ca me fait extrêmement plaisir !

Je vous souhaite une bon Reveillon ! J'espère également que vous avez bien fêté Noel !

Oui Régina n'est pas possible, a s'écouter seulement elle uniquement.

Je suis en train d'écrire actuellement une autre fiction toujours AU sur Emma et Régina. Donc je pense que cette fic aura encore 2-3 chapitres ils seront sans doute plus longs car je ne veux pas de fin baclé.