Chapitre 4 : Présent surprenant
Les éléments en italique sont des répliques reprises directement du livre "Harry Potter à l'école des sorciers" de J.K. Rowling
Le lendemain matin, Harry reçoit un hibou de la part de Severus Rogue. Il commence par refuser de l'ouvrir, connaissant déjà la demande de son professeur. Il veut probablement le voir pour parler de l'histoire du Troll. Et du fait qu'il a parlé de façon sèche et horrible à une professeure. Mentalement, Harry n'est pas préparé à être renvoyé. Ce n'est pas quelque chose qu'il souhaite. Son souhait est de finir ses études pour être puissant et respecté pour ses connaissances, pas pour un acte dont il n'a aucun souvenir. Ce n'est que sur le temps de midi que Harry se décide enfin à ouvrir le récépissé. Drago et Millicent à ses côtés, le brun lit le contenu de l'enveloppe et soupire de façon dramatique.
— Bah, tranquille, annonce Millicent en fourrant une pomme de terre dans sa bouche.
— T'en fais pas, il n'est pas méchant, il ne va pas te manger, se moque Drago en se servant de quelques légumes encore chauds.
Harry lui mange simplement une tartine de fromage et de jambon. Dans ses pensées, le garçon n'écoute pas ses amis parler autour de lui. La tête dans les nuages, il ne prête aucune attention à ce qu'il se passe autour de lui. Sa seule préoccupation est de communiquer avec Severus sans avoir à lui parler. La réponse lui arrive en pleine figure quelques minutes plus tard. Drago !
— Hé, tu pourrais venir avec moi chez Rogue ? Pour parler à ma place.
— Tu n'es pas sérieux là ?
Une ride se fait sur la longueur du front de Drago, reflétant quelque peu de l'incompréhension et un soupçon d'énervement. Le blond ne comprend pas vraiment ce qu'il se passe dans la tête de son ami par moment. Il n'a pas adressé un seul mot à un seul adulte depuis la rentrée scolaire, se contentant de prendre des notes. De plus, il parle apparemment parfois à Madame Bibine et peut crier sur McGonagall. En revanche, parler avec Severus Rogue est un obstacle insurmontable. Savoir que son parrain est un adulte auquel son ami refuse de parler énerve Drago plus qu'il ne le voudrait.
— S'il te plaît, je ne veux pas parler aux adultes, ou au moins minimiser ma communication orale avec eux.
— Il ne t'as rien fait Rogue, parle lui, je ne ferais pas ton traducteur.
— Il a quel âge, demande brusquement Harry.
—Je ne sais pas, je dirais qu'il a environ une trentaine d'années, peut-être plus.
— Il était à l'école avec mes parents. Mes parents sont morts il y a dix ans. Il aurait pu empêcher leur mort. Il aurait pu empêcher que l'on me mette dans une famille qui me hait de toute son âme. Il me hait aussi. Alors oui, il m'a fait quelque chose. Il fait partie des adultes qui aurait pu changer les choses autant pour moi que pour le reste du monde magique.
À ces mots, Harry se lève. Il sait que ce n'est pas entièrement vrai. Il sait qu'il a blessé son ami. Il a conscience qu'il n'a pas assez d'éléments en main pour accuser Rogue de quoi que ce soit. Pourtant, il est persuadé que le professeur est quelqu'un d'assez important pour avoir le pouvoir de changer les choses. Le brun à la cicatrice attrape une pomme et son sac avant de partir de la grande salle. Apparemment, il a rendez-vous avec son directeur dans deux heures. Cela lui donne le temps d'étudier et de se renseigner sur les fonctions d'une pierre philosophale.
Harry ne voit pas passer les heures, penché sur ses livres. La pierre philosophale est réellement fascinante. Lorsque Drago avait dit que son possesseur avait environ 500 ans, alors qu'il s'agissait de la pure vérité. Une chose qui en revanche ne l'intéresse pas tant que cela, c'est ce que Severus Rogue pense de son excursion de la veille pour sauver une Gryffondor. Pourtant, Harry se sent obligé de se rendre au rendez-vous. Il est l'élève, Rogue, le professeur. Vive la hiérarchie.
Lorsque Harry se trouve enfin devant le bureau de son directeur, il a à peine le temps de frapper que la porte s'ouvre sur un Drago souriant. Celui-ci ouvre de grands yeux avant de saluer Harry et de partir en direction de la salle commune. Harry se rappelle alors qu'en effet, le professeur de potion est le parrain de Drago. Bien entendu qu'ils ont des moments privilégiés. Il a au moins une famille, lui. Amère, Harry regarde Drago partir dans la direction de la salle commune.
— Entrez jeune homme, tonne la voix de Severus Rogue.
Harry s'exécute après avoir dit bonsoir à son professeur. Ils se dirigent vers le centre de la pièce où sont placés un bureau, deux chaises et part, et d'autres. Autour, il y a des vitrines qui exposent des potions et des ingrédients. Harry recule légèrement en apercevant des yeux et des pattes dans différents bocaux remplis de liquides transparents. La pièce est assez sombre, malgré le feu qui brûle dans l'âtre derrière la chaise qu'occupe le professeur Rogue.
— Harry Potter. Vous êtes le portrait craché de votre père.
— Et j'ai les yeux de ma mère. Je le sais.
— Tient. Vous avez décidé de parler.
Harry préfère ne rien répondre à cela, sachant qu'il vient d'accorder une victoire au professeur. Pourtant, il garde la tête haute. Il ne se laisserait pas faire.
— Avez-vous connu mes parents ?
Surpris, Rogue hausse les sourcils et s'installe dans le fond de son fauteuil. Les mains croisées sur la table entre eux, il semble réfléchir durant des secondes qui durent une éternité pour Harry.
— Oui.
— Pouvez-vous me parler d'eux ?
— Posez vos questions.
— Comment était ma mère ?
De nouveau, silence. Harry sait qu'il a posé la bonne question. Rogue cherche ses mots, ne souhaitant pas donner une mauvaise image de sa mère tout en essayant de dépeindre la réalité. Le garçonnet se rend parfaitement compte que le professeur est mal à l'aise pour parler d'une morte qui plus est était l'une de ses camarades de classe.
— Votre mère était l'une des élèves les plus intelligentes de sa promotion. Elle traînait toujours avec des filles de toutes les maisons. Elle était à Gryffondor. Votre mère... était douée en sortilèges et en Potion. C'est certainement d'elle que vous tenez votre facilité dans ces deux matières.
En disant ces quelques mots, Harry se rend compte que Rogue a le regard dans le vague. Ses yeux se font lointains et un sourire presque inexistant semble flotter sur son visage. Surpris, Harry se rend compte que son professeur aimait très probablement sa mère.
— Et mon père ?
Immédiatement, le visage de Severus Rogue se ferme.
— Il était fier. Arrogant. Téméraire. Il aimait faire des farces avec sa clique.
C'est tout ce que Harry peut espérer du professeur pour le moment. Harry comprend clairement que son professeur nourrit un ressentiment profond envers son père. Qu'a-t-il bien pu faire pour s'attirer les foudres de l'homme qui se trouve devant lui ? Comment, même mort, peut-il provoquer autant de haine ?
— Il ne s'agit pas là du sujet que je souhaite aborder avec vous, Potter. Peut-on à présent se focaliser sur des éléments présents ?
— Bien sûr professeur.
— Le Troll d'hier. Racontez-moi la vérité.
N'y voyant aucun inconvénient, Harry lui raconte ce qu'il s'est passé sans omettre le moindre détail. Il explique également que Drago s'est engagé de lui-même, bien qu'il l'ait incité à le suivre. En revanche, il ne parle pas de Bulstrode et de Parkinson afin de leur éviter des ennuis. Il est pratiquement certain que son ami blond a déjà donné sa version au professeur, alors autant ne pas taire ses actions. En revanche, il espère sincèrement que les deux filles n'ont pas été mentionnées dans le discours de Drago.
- Bien. Je vous crois.
Harry hausse les sourcils, surpris. Serait-ce tout ? Toujours impassible, Rogue lui annonce clairement qu'il a fait perdre quelques points à sa maison pour avoir couru vers le danger. Puis il lui décrit comment McGonagall a tout de même tenu à remercier Serpentard d'avoir sauvé Hermione Granger en accordant à Drago et lui 10 points chacun.
— Merci monsieur.
— Ce n'est pas moi qu'il faut remercier.
Après quelques secondes, Rogue reprend la parole.
— Pourquoi parlez-vous aussi peu en présence de personnes adultes ?
Pendant une seconde, Harry est tenté. Il se dit que cela pourrait être agréable que au moins une personne soit au courant. Que cela pourrait être bien afin d'éviter d'être renvoyé chez les Dursley cet été. Pourtant, une petite voix le dissuade, persuadée que le professeur utilisera cette information contre lui, pour lui faire du mal ou pour le virer. Pendant une seconde, Harry a réellement eu envie de pleurer et de se confier au professeur Rogue. Mais il tient bon, ravale ses sentiments et décline.
— Je ne souhaite pas en discuter.
— Bien. Alors ce sera tout. Merci, Potter, vous pouvez partir.
Interdit, Harry se lève, fait un signe de remerciement vers Rogue puis lui tourne le dos pour se diriger vers la sortie. Il ouvre la porte, sort, la ferme et enfin souffle un grand coup pour dégager la pression. Il a parlé. Longtemps. A un adulte. Plus jamais. Suite à cela, Harry se rend dans sa salle commune afin d'aller poser des questions à Drago sur le fameux Severus Rogue.
Harry n'a pas le temps de chercher son ami blond que celui-ci s'approche de lui, l'air décontracté.
— Alors ?
— Alors bien. On peut discuter ?
— Oui.
Ce soir-là, ni Drago ni Harry ne se présentent au repas du soir. Ils parlent pendant de longues heures sur plusieurs sujets qu'ils ne pouvaient repousser. La pierre Philosophale, Nicolas Flamel, le chien, la réaction de Harry chez Hagrid, leurs découvertes, le Troll. Ils discutent de tous ces sujets qui semblent importants en oubliant de mentionner le plus important. Severus Rogue et sa relation avec la mère du survivant, Lily Potter.
La saison de Quidditch a enfin commencé. Harry ne comprend pas tout l'engouement qui se fait autour de ce jeu. Il comprend la sensation de liberté et l'envie de faire des choses dangereuses. Mais voler derrière une balle volante ? Ce n'est en tout cas pas ce qu'il avait prévu de faire dans son école de magie. Pourtant c'est bien ce qui arrive. De plus, le temps est désormais assez froid. Ses coéquipiers lui affirment qu'il se réchaufferait une fois sur le terrain, mais le garçon n'en est pas si certain. Harry est prêt. Il est dans les loges des joueurs. Il regarde fixement la porte qui mène sur le terrain, aux milieux de gradins remplis de personnes. Cela le terrifie mais l'excite en même temps. Harry sent l'adrénaline couler dans ses veines. Le capitaine de l'équipe fait un petit speech, mais le jeune attrapeur n'écoute pas, bien trop occupé à stresser sur le fait que tout le monde va l'observer. Personne ne sait encore qu'il est le nouvel attrapeur. Comment vont-ils réagir ?
— Potter !
Harry tourne vivement la tête pour prêter attention à la personne qui vient de l'appeler. Il se rappelle alors son nom. Marcus Flint, capitaine de l'équipe.
— Ton job, ton seul et unique job, c'est de trouver le vif et de le prendre avant l'autre attrapeur. C'est qui déjà ?
— C'est encore Drew Floyd il me semble, elle est bonne mais pas assez, annonce un des garçons que Harry identifie comme étant Terence Higgs, l'un des deux batteurs
— Parfait, Potter, tu prends le vif et tu le montre à tout le monde au-dessus de ta tête, pigé ?
Harry grimace devant les ordres de son capitaine. Il lui parle comme à un enfant à qui on doit tout apprendre et cela ne lui plait pas. Il lui a déjà expliqué tout ça à chaque entraînement. Pourquoi le redire une fois de plus ? Ce n'est pas utile, et ne sert qu'à lui enlever le peu de confiance que Harry possède pour ce qui va suivre.
— Au coup de sifflet les gars.
Puis ils se regardent tous tour à tour, des sourires carnassiers aux lèvres, mettant Harry de côté. Cela non plus ne lui plait pas, mais il doit bien faire avec. Comme annoncé, au coup de sifflet, tout le monde saute sur son balai et franchit la porte en bois pour être acclamé par le public. Harry se rend rapidement compte que ce sont uniquement les Serpentard qui les acclament. Les autres les huent pour certains, d'autres se contentent de les ignorer pour se concentrer sur les Gryffondor. Cela met Harry en rage. Ils ne savent pas encore combien il est bon. Ils ne savent pas qu'il n'a pas été pris pour de l'argent mais bien pour ses talents. Dans un élan de témérité, Harry effectue un saut périlleux dans les airs pour bien faire comprendre à tout le monde qu'il est capable de bien plus que ce qu'on lui attribue. De là où il se trouve, le survivant réussit tout de même à apercevoir ses amis dans les gradins. Eux l'acclament, et savent qui il est. Cela le rassure. Une fois un tour de terrain fait, toute l'équipe ainsi que celle de Gryffondor pose pied à terre.
Au milieu du cercle de joueurs qui s'est formé se tient madame Bibine. Toujours aussi vive, ses yeux jaunes se posent sur Harry. Elle lui fait un sourire rapide avant de prendre une mine des plus sérieuses.
—Je veux que la rencontre soit placée sous le signe du fair-play, prévint-elle lorsque tous les joueurs sont rassemblés autour d'elle.
Le courage de Harry fond légèrement en remarquant que cette remarque s'adresse surtout à son capitaine. Il jette un rapide coup d'œil vers les tribunes de Serpentard. En voyant Millicent l'acclamer au côté d'un Drago qui sourit doucement, il sourit. Il y arriverait.
—En position sur vos balais, s'il vous plaît.
Dès que le coup de sifflet est donné, quinze joueurs s'élèvent dans les aires et se placent dans l'espace selon l'entraînement qu'ils ont reçu. Immédiatement, Harry monte assez haut pour avoir une vision d'ensemble. Son but, attraper le vif pour en finir le plus rapidement possible avec ce jeu.
—Angelina Johnson, de l'équipe de Gryffondor, s'empare immédiatement du Souafle, dit le commentateur. Cette fille est décidément un excellent poursuiveur, et en plus, elle est plutôt jolie...
Harry sourit en entendant immédiatement McGonagall reprendre Jordan, le commentateur. Bien que le garçon soit un pro-Gryffondor, il reconnaît qu'il sait parfaitement donner l'intonation des matchs et détendre l'atmosphère.
—Angelina passe à Alicia Spinnet, qui jouait l'année dernière comme suppléante. Nouvelle passe à Johnson et... non, c'est Marcus Flint, le capitaine des Serpentard qui reprend le Souafle et qui vole comme un aigle vers les buts adverses, il va mar... non, le tir est arrêté par Olivier Dubois, le gardien de Gryffondor. Gryffondor reprend le Souafle avec Katie Bell qui fait un joli plongeon pour éviter Flint et —AÏE—voilà qui a dû faire mal, un Cognard en pleine tête — le Souafle aux Serpentard — Adrian Pucey se précipite vers les buts, mais il est arrêté par un deuxième Cognard envoyé par Fred ou George Weasley, impossible d'être plus précis. En tout cas, c'est un joli coup du batteur de Gryffondor et Johnson reprend le Souafle sans aucun adversaire devant elle. Elle vole vraiment, c'est le cas de le dire, elle évite un Cognard, les buts sont devant elle, vas-y, Angelina —Bletchey, le gardien de but, plonge et GRYFFONDOR MARQUE !
Harry grimace. Si son équipe continue de jouer comme ça, ils n'arriveront jamais à marquer un seul but tout en étant fair-play. Le garçon sent la colère de Flint depuis là où il est. Il sait que jamais il ne se pardonnerait si son équipe devait tricher. C'est pour ça que Harry plonge soudainement dans le jeu.
—Serpentard reprend le Souafle, dit Lee Jordan. Le poursuiveur Pucey évite deux Cognards, les deux frères Weasley et Bell, la poursuiveuse, et fonce vers —attendez un peu, est-ce que c'était le Vif d'Or ?
Harry n'écoute plus les commentaires. Il se focalise sur le petit éclat doré qu'il vient d'apercevoir sur les bordures du terrain. Immédiatement, toutes ses pensées s'échappent. Plus le balai prend de la vitesse, plus Harry sourit. Le vent frappe violemment ses joues roses tandis que ses yeux suivent attentivement la trajectoire du vif. Attentif, il ne se préoccupe pas du jeu autour de lui. Il ne se rend pas compte que tout le monde est en train de l'observer dans un murmure d'admiration. Le temps semble s'être arrêté pour lui. Harry est libre. Le vent froid fait encore rougir son nez tandis qu'il tend le bras. Il y est presque. Le moment lui paraît surréaliste. Il est là, penché sur son balai, frôlant du bout de ses doigts froid la petite balle qui le fera gagner le jeu.
Brusquement, un mouvement le fait redresser son balai et pratiquement arrêter sa course. Harry est violemment projeté en arrière avec son balai lorsqu'il évite de justesse la collision avec son propre partenaire. L'un des attaquants s'est malencontreusement trouvé sur son chemin. Celui-ci monte son poing en l'air, provoquant l'attrapeur et lui criant de faire plus attention. Harry lève les yeux aux ciels. Peu importe. Il lève les yeux vers le haut et retourne prendre sa place, déçu. Il aurait pu gagner si rapidement. Toute la scène s'est déroulée si rapidement que Lee Jordan est à court de mots. Ce n'est que lorsque le jeu reprend de façon normale qu'il reprend les commentaires, encore choqué par la scène de Harry qui fonçait tête baissée vers le sol à une vitesse phénoménale.
—Serpentard prend le Souafle avec Flint qui passe à Spinnet qui passe à Bell —frappée au visage par un Cognard, j'espère qu'elle a le nez cassé ! Non, non, je plaisantais, professeur... Oh non ! SERPENTARD MARQUE !
Harry sourit. Au moins son équipe fait son travail.
Brusquement, des doigts se pointèrent en direction de Harry. Son balai s'était mis à tourner sur lui-même et il parvenait tout juste à se cramponner au manche. La foule laissa échapper une exclamation de terreur. Le Nimbus 2000 venait de faire une embardée plus violente que les autres, désarçonnant Harry qui avait réussi à se rattraper au manche d'une seule main et restait suspendu dans le vide.
Harry regarde de tous les côtés, ne comprenant pas ce qu'il se passe. Affolé, il se tourne dans un automatisme en direction des tribunes de Serpentard. A sa grande surprise, Drago lui montre les pouces levés, semblant lui assurer que tout irait bien. D'un mouvement de hanche et en accentuant le peu de force qu'il possède dans les bras, Harry réussit avec difficulté à se remettre sur son balai. Immédiatement, il repart à la recherche du vif d'or, soudainement pressé de remettre pied à terre. Malheureusement pour lui, son balai en a décidé autrement. Celui-ci commence à avancer et reculer, aller de haut en bas, sans que Harry ait le moindre contrôle sur celui-ci. C'est avec joie que Harry se rend compte après trente longues secondes que son balai semble enfin se calmer. C'est sur cette note qu'il voit le vif. Sans attendre, il se lance à sa poursuite. Mais il freine brusquement en se rendant compte qu'il a mal calculé la distance entre le vif et lui. Il est devant lui. Et il n'arrive pas à s'arrêter. Paniquant, Harry ouvre la bouche pour crier.
— Est-ce que Harry Potter va bien, demande le commentateur en voyant que le garçon s'étouffe.
— J'ai le vif, hurle l'attrapeur Serpentard après l'avoir recraché dans sa main. Haletant mais bien vivant, le garçon à la cicatrice montre à toute l'école qu'il a réussi. Il lève son bras en l'air, serrant dans son poing la petite balle dorée.
— C'était un match magnifique, admet Hermione en prenant son ami dans ses bras. Harry accueille l'accolade avec un grand sourire, heureux de sa performance. Il a très envie de partager sa joie avec ses amis et de fêter sa réussite, mais les traits de Hermione et de Neville ne semblent pas si joyeux. Inquiet, il fronce les sourcils et questionne les deux Gryffondor tandis que ses amis Serpentard arrivent derrière eux...
— C'est Rogue qui a fait le coup, affirma Neville. On l'a vu, Hermione et moi. Il était en train de jeter un sort à ton balai. Il te fixait des yeux en marmonnant des formules magiques.
Harry regarde Drago. Celui-ci s'arrête dans sa marche et regarde le Gryffondor d'un air maussade. Apparemment, il n'est pas d'accord avec les dires du garçon.
— Rogue ne ferait pas ça. Il ne ferait pas risquer la vie d'un élève, affirme le blond en s'intégrant dans le petit cercle que forme le groupe d'amis. Millicent se fraie également une place à côté d'Hermione, qui lui sourit gentiment.
— Nous avons vu que Quirell également murmurait des choses. Rogue tentait certainement de contrer son sort. C'est Millicent qui vient de prendre la parole, plus sérieuse que jamais.
Drago et Neville se fixent de longues secondes, tous deux certains d'avoir raison. Leur bataille de regards commence à se faire remarquer par les autres élèves qui circulent autour d'eux.
— Venez, allons dans la cour, murmure Harry en tirant la manche de Hermione pour l'inciter à marcher avec lui. Tout en essayant de garder un œil sur les garçons qui les suivent un peu plus en arrière, le survivant essaie de comprendre la situation avec son amie.
— Donc on est d'accord que Quirell et Rogues parlaient pendant le match, mais ce n'était pas aux personnes à côté d'eux, demande-t-il tout en regardant devant lui.
— C'est ça, confirme la lionne, je ne sais pas lequel a fait le coup, mais celui qui l'a fait voulait te faire du mal.
Après avoir lancé un regard vers Drago qui marche derrière lui, Harry demande doucement à Hermione si elle pense que Severus Rogue pourrait être coupable.
— Je ne pense pas. Le visage grave, la rouge et or réfléchit activement à la réponse aux différentes questions qui sont dans son esprit. Harry sourit, heureux d'avoir trouvé des gens aussi impliqués dans les mystères qui peuvent l'entourer.
Une fois dans la cour, Hermione et Neville s'assoient sur le rebord de la fontaine avec Millicent tandis que Drago et Harry se tiennent debout, côte à côte en face d'eux. Drago fixe quelques courtes secondes, s'assurant que l'état physique de son ami est bon. Rassuré, il ouvre la bouche pour défendre son professeur.
— Bon écoutez, j'ai une confiance aveugle envers Rogue. C'est un ami de ma famille. Je le connais bien et jamais il ne ferait ce genre de chose. Il ne risquerait jamais la vie d'un élève, pour me répéter !
— On a bien compris ! Mais vraiment ? Quirell ? Notre professeur gentillet qui bégaie.
Devant cette déclaration de Millicent, les quatre étudiants restent muets. Il est vrai que ce professeur est absolument le contraire de ce qui pourrait être appelé un méchant.
— Allons voir Rogue.
Harry se tourne vers Drago, interdit devant sa proposition.
— Pour lui dire quoi exactement, se moque Harry, "Oh bonjour monsieur, on voulait savoir si c'est vous qui avez ensorcelé mon balai pendant le match de ce matin ?"
— Il s'agirait d'une meilleure idée que de faire des hypothèses farfelues.
Dans un sursaut, Harry et Drago se retournent alors que leurs amis se lèvent précipitamment. Si concentrés sur leur conversation, les étudiants en ont oublié de regarder autour d'eux, si bien que leur professeur de potion a pu s'approcher et tout entendre sans trop de difficultés. Le visage figé et les mains dans le dos, Severus est imposant. Hermione avale avec difficulté sa salive, peureuse de se retrouver en retenue à cause de ce genre de malentendus. Neville et Harry sont en revanche bien décidés à tirer cette histoire au clair. Drago laisse apparaître son petit sourire en coin si célèbre.
- Sachez, que je n'ai rien avoir avec cet… incident.
Une semaine avant les vacances de Noël, une feuille passe entre les rangs du petit-déjeuner. Harry observe ce que font les élèves autour de lui. Peu d'entre eux écrivent quelque chose sur le bout de papier avant de le tendre à son voisin. Lorsqu'il arrive vers Drago, Harry lit par-dessus son épaule.
— C'est pour ceux qui restent ici pendant les vacances de Noël, explique le blond en passant la feuille à Millicent. Celle-ci n'y jette pas un seul regard et la passe immédiatement à Pansy Parkinson qui se trouve en face d'elle.
— Je vais rester je pense, Poudlard est le seul endroit où je me sens bien, confie Harry à ses amis. Ceux-ci sont heureux de voir que leur ami va mieux qu'en début d'année.
Une fois le déjeuner avalé, tout le monde se lève pour aller en cours. Il ne reste plus qu'une semaine avant les vacances, tout le monde est pressé d'en terminer. Cette semaine semble être la plus rapide pour Harry. Les cours sont assez simples.
Il est en concurrence avec Drago et Hermione la plupart du temps, qui sont les deux autres meilleurs élèves de leur promotion. Pour la première fois de sa vie, le petit garçon est heureux. Il est content de pouvoir se créer des souvenirs qui lui rendront le sourire plus tard. La vie chez les Dursley était un enfer, découvrir que le monde magique l'a trahi est une torture. Mais ces moments de paix et de joie qu'il partage actuellement avec ses premiers vrais amis dans le seul lieu où il se sent accepté fait de Harry le plus heureux du monde.
Lorsqu'enfin les vacances pointent le bout de leur nez, Harry et Drago passent la plupart de leur temps dehors. De la neige est entassée de partout, si bien qu'ils décident de faire le plus gros bonhomme de neige du monde. Esseulés mais plus heureux que jamais, les deux amis passent leurs après-midis entiers dans le parc à créer des sculptures et à faire des batailles de boules de neige. Le matin de noël, la pile de cadeaux devant le lit des Harry lui semble imposante. Devant lui se dressent cinq cadeaux mieux emballés les uns que les autres. Impatient, il réveille Drago en le secouant pour qu'ils puissent défaire leurs cadeaux ensemble.
Le premier cadeau que Harry ouvre est celui d'Hermione. Une énorme boite de chocogrenouille, lui rappelant leur première rencontre dans le train. Il sourit en en fourrant une en bouche. Il en propose une à Drago, qui décline.
Un autre paquet, tout petit, contenait un simple mot : Nous avons reçu ton message. Voici ton cadeau de Noël, de la part de l'oncle Vernon et de la tante Pétunia. Une pièce de cinquante pence était collée au papier à l'aide d'un morceau de ruban adhésif.
— C'est gentil de leur part, dit Harry.
— Des radins, se moque Drago en ouvrant un autre cadeau lui venant de son parrain. Une fois débarrassé du papier cadeau, il sourit et range son cadeau dans sa malle avant de se tourner vers Harry.
Il n'y avait plus qu'un seul paquet à ouvrir. Harry déchira le papier et un morceau de tissu très léger, d'une teinte argentée, glissa sur le sol où il forma un petit tas aux reflets luisants.
— Une cape d'invisibilité, souffle Drago, estomaqué.
Harry regarde le bout de tissus, interdit. Toujours au sol, il n'arrive pas à croire que ce simple morceau de tissu puisse être… Si, il s'agit bel et bien d'une cape d'invisibilité. Drago observe avec émerveillement le cadeau de Harry, rêvant de pouvoir posséder la même chose. Harry ramasse son présent. Pendant quelques secondes, les deux garçons regardent sans rien dire la cape, semblant coupés du monde.
— C'est une vraie, murmura Drago en touchant la chose du bout des doigts, c'est une vraie de vraie.
— C'est possible de faire des fausses capes d'invisibilités, ricane Harry, certains qu'il est impossible. Mais le regard que lui lance Drago semble dire le contraire.
— Les vraies sont faites à partir des poils des demiguises, alors que d'autres sont faites à base de tissus normal sur lequel est posé des sortilèges, des formules artithmantique ou différents types de potions. Ce ne sont pas vraiment des fausses, mais des pâles copies des capacités de celles faites avec les poils demiguises.
Harry haussa un sourcil, intéressé. Il se rend compte qu' en plus d'une communauté magique, le monde est également pourvu d'espèces animales magiques ! Il faudrait qu'il se renseigne, cela peut toujours servir.
— Il y a un mot, annonce Drago en ramassant un bout de papier au milieu de l'emballage cadeau de la cape. Il le lit rapidement puis fait la moue, déçu.
— Il ne dit pas qui est l'expéditeur.
Harry hausse des épaule et prend le morceau de papier des mains de son ami pour le lire à son tour :
« Ton père m'a laissé ceci avant de mourir. Il est temps que tu en hérites. Fais-en bon usage. Très joyeux Noël. »
— Sérieusement, s'étonne tout haut le survivant, exaspéré.
Pourquoi tout le monde doit faire des secrets ? Ne serait-ce pas plus simple que tout le monde ait connaissance de tout afin qu'il n'ait pas à se poser toutes les questions qui tourmentent son esprit ? Comment était son père, comment et pourquoi sont-ils réellement morts, qui lui a envoyé ce colis…. Harry fronça le nez. Tous ces mystères mettent ses nerfs à rude épreuve.
— Tu devrais demander à Rogue, propose Drago en fourrant une dragée surprise en bouche.
— Demander quoi ?
— Qui est le plus probable de posséder des affaires à tes parents, pour ne pas avoir à mentionner la cape. Ne mentionne jamais la cape devant des professeurs ! Il te la confisquerai, c'est un objet magique interdit dans l'enceinte de l'école. Si Rusard te prend avec ça, t'es mort mon gars.
Harry sourit en voyant l'air scandalisé de Drago. Jamais il ne dirait quoi que ce soit à aucun professeur car cela pourrait clairement compromettre sa capacité à garder son nouveau cadeau pour lui seul. Une fois calmé grâce aux pitreries de Malefoy, Harry passe la cape sur ses épaules. Tout sourire, il observe sa main et son bras devenus invisibles. Une fois remis de leurs émotions, les deux amis décident de passer à autre chose. Les cadeaux c'est bien, mais l'ambiance au château, c'est mieux ! Les élèves de Serpentards sont ceux qui sont les plus nombreux à être restés. Ils sont trois premières années, un deuxième et une quinzaine d'adolescents qui sont entre la troisième et la septième année.
Jamais Harry n'avait passé un aussi bon réveillon. Dindes rôties, saucisses grillées, sauces onctueuses, confiture d'airelles et partout sur les tables, des pochettes-surprises avec des pétards qui explosaient en faisant jaillir des cadeaux. Les pétards surprises n'avaient rien à voir avec ceux que les Dursley avaient l'habitude d'acheter. Ils n'étaient pas remplis de petits jouets en plastique et de chapeaux en papier crépon.
Harry n'arrête pas de manger, heureux de pouvoir profiter de ce festin avec Drago. Les deux amis ne cessent de se conseiller différents plats, tout en jouant aux échecs ensemble. Drago tente tant bien que mal d'apprendre à jouer à Harry, mais les pièces du jeu sorcier ne semblent pas de cet avis ! Une fois les plats salés terminés, des bûches de noël ainsi que du pudding apparaissent sur la table, faisant pousser des petits cris de joie à quelques étudiants. Lorsque enfin les deux serpents relèvent la tête pour observer les professeurs, il se rendent compte que le professeur Dumbledore avait troqué son chapeau pointu de sorcier pour un bonnet à fleurs qu'il avait trouvé dans une pochette-surprise ! Ils rient pendant quelques secondes du directeur avant de décider que retourner dans la salle commune de leur maison ne leur ferait pas de mal. En quittant la table, Harry avait les bras encombrés de cadeaux découverts dans les pétards surprises, notamment des ballons lumineux increvables, un kit pour faire pousser des verrues et un jeu d'échecs version sorcier.
— Parle-moi des animaux magiques, demande Harry tandis qu'ils se dirigent à pas lent vers leur salle commune.
Drago sourit et s'empresse de répondre, passionné par une créature particulière.
— Avant je t'ai parlé des demiguise, ils sont impressionnants ! C'est des animaux très intelligents qui peuvent voir l'avenir quelques secondes à l'avance si des catastrophes ou des événements violents se produisent. Ils ont des poils longs et argentés et peuvent devenir invisibles à volonté, d'où les capes d'invisibilité.
Harry écoute attentivement, pendu aux lèvres du garçon.
— Quand j'étais petit, j'adorais les veaudelune ! C'est aussi des mammifères, de la même famille que les sombrals ou que les licornes ! Mais ils sont plus petits et ont de plus grosses tête, raconte Drago en rigolant.
— Des plus grosses têtes, sourit Harry en essayant d'imaginer l'animal.
— Ouaip ! Ils se déplacent en sautant ! C'est hilarant ! Je te montrerais une photo si j'en trouve ! Mais mon animal magique préféré ce sont les dragons.
— Étonnant, se moque le garçon à la cicatrice.
Harry regarde Drago. Le blond a un grand sourire aux lèvres. Il lui raconte alors que son prénom vient de cet animal. Il est donc tout naturel qu'il s'y intéresse ! Il lui parle des nombreuses sortes de Dragons et de la faiblesses de leurs yeux. Pendant un bon quart d'heure, Harry n'arrive plus à faire arrêter son ami de parler. Sa passion pour le sujet est si évidente que ça en fait rire le survivant.
Ce Noël là est définitivement le meilleur que Harry n'ait jamais passé. Après une heure à parler avec Drago tout en tentant de gagner contre lui aux échecs sorciers, les deux garçons décident d'aller dehors pour se bouger un peu ! Ils passent tout l'après-midi dans le parc, à faire des batailles de boules de neige. Ce n'est que vers quatre heures trente que frigorifiés, mouillés et essoufflés, les deux amis décident de rentrer. Ils prennent chacun leur tour une longue douche chaude avant de s'emmitoufler dans les couvertures, juste devant leur feu de cheminée. Jusqu'au souper, Drago explique tout ce qu'il sait des animaux aquatiques magiques qu'il connaît. Sirènes, strangulots, monstres du Loch Ness, dragons marins… Harry ne prononce presque pas un seul mot, admirant les connaissances riches de son ami.
Ils allèrent ensuite prendre un thé accompagné de sandwiches à la dinde, de petits pains, de gâteaux à la confiture et de pudding de Noël. Somnolents et le ventre plein, Drago tout comme Harry estiment avoir passé le meilleur noël de leur vie.
Tandis que Drago commence à somnoler dans son lit après cette journée, Harry observe la cape d'invisibilité. Impossible de dormir, il ne comprend toujours pas qui a bien pu la lui envoyer. Finalement, le sommeil finit par avoir raison de lui. Harry s'endort heureux, mais dérangé. Au milieu de la nuit, il se réveille en sursaut. Se passant la main dans les cheveux, il tente de calmer sa respiration. Il a rêvé de Gringotts, que le wagon dans lequel il était monté tombait dans des abîmes sans fond. Désormais parfaitement réveillé, Harry prend la cape. Il a envie de l'essayer. Il se lève et la met autour de ses épaules. Il voit ses mains et ses pieds disparaître. En regardant à ses pieds, il ne vit que des ombres et la tâche d'un rayon de lune. Il sourit et sent un frisson d'excitation le parcourir.
Pieds nu, le garçon marche sur les dalles lisses et froides du château. Sans but vraiment précis, Harry hère dans le château, certains que personne ne le surprendrait, pas même la chatte de Rusard. Le garçon sourit à cette idée. Il est intouchable ! Soudain, il s'arrête. Il entend des paroles en face de lui. A quelques mètres de lui, Rusard et Rogue marchent. Les yeux exorbités, Harry se rend compte de ce que cela signifie. Le couloir dans lequel il se trouve est assez grand pour que au moins trois personnes se tiennent côte à côte, mais il suffit d'un seul mouvement pour que l'un des deux adultes se rende compte qu'ils ne sont pas seuls ! Harry sent la panique monter dans sa gorge et il se colle au mur. Sous sa main, il sent alors du bois. Une porte ouverte ! Rapidement et silencieusement, Harry entre dans la pièce et ferme doucement la porte. Il se tient derrière elle, incertains que cela marcherait. Heureusement pour lui, le professeur et le concierge passent devant la porte sans lui accorder le moindre regard. En entendant leurs pas s'éloigner, Harry s'autorise à respirer. Il se passe la main dans les cheveux. Il avait eu très chaud ! Ce n'est qu'à ce moment-là que Harry commence à regarder autour de lui.
La pièce ou il se trouve est plongée dans le noir, si bien que seule la lueure de la lune vient éclairer le mobiliser. Harry remarque des bancs et des chaises, mais elles semblent pleines de poussière. Harry s'avance un peu et remarque alors une forme sombre au fond de la pièce.
Désormais plus intrigué que alarmé, Harry enlève la cape d'invisibilité tout en la gardant dans ses bras. Lentement, il se dirige vers l'objet étranger. Une fois devant, le survivant se rend compte qu'il s'agit d'un miroir. Il s'observe quelques secondes à peine, notant ses joues rouges. Il hausse les sourire avec un sourire et s'apprête à prendre la pause lorsqu'il voit des gens apparaître derrière lui. Effrayé, il se retourne brusquement, mais remarque qu'il est bien seul dans la pièce. Il refait face au miroir, interloqué.
— Qui êtes-vous, demande Harry dans une question rhétorique en s'adressant au miroir.
Une femme rousse se tient derrière son épaule gauche. Ses yeux verts brillent de larmes alors que son sourire est immense. Son visage est parsemé de quelques taches de rousseur. Harry plissa les yeux avant de les ouvrir complètement. Le sourire qu'il abordait encore une minute plutôt s'efface.
— Maman ? murmure-t-il, la gorge enrouée.
Il tourne les yeux vers l'homme qui se trouve derrière son épaule droite. Deux têtes de plus que lui, des yeux marrons entourés de lunettes ovales, Harry a l'impression de se regarder dans un miroir. Sauf que son reflet se trouve bel et bien sur le miroir et que celui-ci en est un deuxième. Le même sourire. Les mêmes cheveux. Le même visage.
— Papa, articule difficilement Harry en retenant ses larmes.
A côté d'eux se trouvent une petite fille, rousse elle aussi, mais aux yeux marrons. Une sœur, il aurait peut-être eu une sœur. Une larme coule sur sa joue tandis que le garçon s'avance vers le miroir pour toucher la joue de sa mère du bout des doigts. C'est ça, une famille ?
La tristesse envahit son cœur et sa tête, l'empêchant de réfléchir correctement. Pendant longtemps, Harry resta debout devant le miroir, à espérer que les trois personnes représentées sortiraient à un moment donné. Ce n'est que longtemps après son arrivée, à cause d'un bruit sourd, qu'il sort de sa transe. Après un dernier regard brillant vers sa famille, Harry lui tourne le dos.
— Je reviendrai...
Le lendemain matin, Harry s'empresse de tout raconter à Drago.
— Un miroir qui montre tes parents ? C'est quoi, un miroir qui montre les morts ?
— Oui, non… Je sais pas !
— Il y avait quelque chose d'écrit ? Si c'est magique il y a peut-être une incantation de gravée dessus !
— Il me semble que oui mais je ne suis plus sûr.
Intrigués, le blond lui promet de l'accompagner le nuit d'après. Durant toute la journée, impossible pour Harry de se concentrer. Plus aucune de ses pensées ne va envers le chien, la trappe, Nicolas Flamel, le monde magique ou encore autre chose. Tout ce à quoi Harry est capable de penser, c'est ses parents. Drago voit pertinemment que son ami est dans la lune. Il essaie de le distraire, mais rien à faire.
Vers 23 heures, les deux garçons mettent la cape et se faufilent dans les couloirs. Harry avance résolument, certain du trajet à emprunter. Drago le suit de près, également caché sous la cape. Une fois devant l'armure qu'il avait aperçu la veille, il avance encore de quelques pas puis tourne la poignée de la porte sur sa droite. Il reconnaît immédiatement la pièce et y entre immédiatement. Harry et Dago enlèvent la cape. Harry court presque jusqu'au miroir, pressé de revoir le visage souriant de sa mère. Drago grimace, sceptique. Il pose la cape précieusement sur la table avant de s'avancer également proche du miroir.
—Tu vois ? murmura Harry.
— Non, je ne vois rien du tout...
— Regarde ! Regarde, ils sont tous là...
— Je ne vois que toi.
— Regarde bien. Mets-toi à ma place.
Une fois à la place de Harry, Drago essaie de regarder ce que son ami veut qu'il voit. Mais c'est une toute autre chose qui vient à lui. Stupéfait, le blond sent les larmes lui monter aux yeux. C'est impossible, tout bonnement impossible. Une larme coule sur sa joue, larme que Harry ne voit pas. Drago commence alors à regarder autre chose que son reflet, désormais certains du rôle de ce miroir. Il s'éloigne de celui-ci et enjoint son ami à faire de même en le tirant légèrement. Ils reculent ensemble de quelques pas.
— Regarde.
Drago pointe du doigt le haut du miroir. Le cadre de celui-ci est fait d'un bois sombre, mais il est claire que la tête a été gravée et peinte de sorte à ce que des lettres soient visibles :
« Riséd elrue ocnot edsi amega siv notsap ert nomen ej »
— Lit le à l'envers, demande Drago sans détacher son regard du reflet du miroir.
Bien entendu qu'il souhaite regarder dedans. Mais ce qu'il y voit est tellement douloureux, tellement désiré, tellement fort, que cela le blesse plus qu'autre chose. Drago trouve qu'il s'agit réellement d'un sentiment étrange. Il n'a jamais autant souhaité souffrir afin de regarder ce qu'est son désir.
— Je ne montre pas ton visage mais de ton cœur le désir… Non … C'est … Harry baisse les yeux conscient également à présent que regarder ce miroir est fait afin de torturer l'esprit des personnes. Son ressentiment contre le monde magique n'en ressort que plus fortement. Comment ose-t-il lui enlever sa famille, ses parents, sa sœur, pour ne lui accorder que l'image d'une vie parfaite ? Ce n'est que lorsque Drago met sa main sur son épaule que Harry se rend compte qu'il pleure.
— Partons d'ici, murmure Drago d'une voix cassée. Ils récupèrent rapidement la cape d'invisibilité et ensemble, ils se dépêchent de rejoindre leur salle commune.
Le lendemain matin, ni Drago ni Harry ne sortent de leurs lit avant 11 heures du matin. Ils décident d'aller faire un tour à l'extérieur. Harry sourit doucement à la vue de l'épaisse couche de neige toujours présente malgré le soleil. Ils tentent de s'amuser en se taquinant et en se jetant de la neige dessus, mais rien ne marche. Il finissent par marcher simplement côte à côte autour du lac, les mains dans les poches et leurs nez enfouis dans leurs écharpes.
— Tu as vu quoi dans le miroir, demande soudainement Harry.
— Je …
Drago baisse les yeux, ne sachant pas s'il a envie de répondre à cette question. Ce qu'il a vu est personnel. Très personnel. Après réflexion, il sait qu'il n'a pas envie de raconter ce pan de sa vie à son ami.
— Je ne veux pas en parler, dit-il simplement en formant un nuage de vapeur avec sa respiration.
C'est dans le calme que les garçons rentrent au château. Ce soir-là, Drago entend très clairement Harry prendre la cape qui repose dorénavant dans sa malle. Il sent le regard que Harry pose sur son lit. Il comprend parfaitement l'hésitation de son ami. C'est pour cette raison qu'il fait semblant de dormir. Il est hors de question qu'il revoit ce qui ne pourrait jamais se produire.
Harry sort du dortoir sur la pointe des pieds. En respirant le plus faiblement possible, il refait le chemin qui mène à la salle de classe qui lui permet de rencontrer sa famille. Harry ouvre pour la troisième fois la porte en bois qui renferme le miroir du Rised sans savoir qu'il s'agit de la dernière.
— Bonsoir, murmure-t-il en s'asseyant devant le reflet de ses parents.
Pendant une heure, le survivant regarde ses parents. Ils lui sourient avec douceur, mais également avec tristesse, comme s'ils savaient exactement ce que leur fils traverse. C'est en restant ainsi à regarder la famille qu'il a perdu que Harry se rend compte du vide qu'il ressent en lui. Il lui semble que personne ne pourrait le combler. La tristesse, la colère, la déception, la rage et la peur tourbillonnent dans le creux de son ventre. Avant de comprendre tout ce qu'il avait perdu, il ne souffrait pas tant que cela. Maintenant c'est une autre histoire. Le garçon est perdu dans une multitude de sentiment qu'il ne pensait plus jamais ressentir après être partir de chez son oncle et sa tante. La haine qu'il ressent envers Voldemort, Dumbledore et le monde magique est immense, tellement, qu'elle éclipse son aversion pour les moldus qui l'ont élevé. Les sorciers lui ont volé le droit d'être aimé. Cette fois ce n'est pas une larme, mais des centaines qui coulent le long ses joues. Il essuie son menton d'une manche et ferme les yeux pour se calmer, mais rien à faire. Ce qu'il lui faut, c'est une vengeance. Une fois les larmes taries et séchées, Harry sourit à ses parents.
— Je vengerais votre mort, murmure-t-il plus pour lui-même que pour ses parents, qui semblent le regarder avec compassion.
— Alors ? Tu es encore là, Harry ?
Harry se fige, reconnaissant immédiatement la voix du professeur Dumbledore. Il se tourne. Sa robe extravagante et ses lunettes font ricaner Harry, qui le regarde une seconde dans les yeux avant de justifier son léger sursaut.
— Je ne vous avais pas vu, Monsieur.
— On dirait que l'invisibilité te rend myope, dit Dumbledore.
C'est lui. C'est Dumbledore qui détenait la cape d'invisibilité avant qu'elle lui revienne. Inconsciemment, il serre entre ses doigts le tissu. Elle est à son père. Pas à ce vieux fou.
— Comme des centaines de personnes avant toi, tu as découvert le bonheur de contempler le Miroir du Riséd.
— Si c'est ça le bonheur, je n'en veux pas, marmonna Harry en pensant à ce qu'il rate dans la réalité. Ce reflet ne viendra jamais bousculer son quotidien. Il lui offre une simple image.
— Mais j'imagine que tu as compris ce qu'il fait ?
— Oui.
— Vraiment ?
— Expliquez-moi et je vous le dirais, provoque Harry d'un ton sec. Pour seule réponse, Dumbledore sourit et met ses mains dans son dos.
— Il ne nous montre rien d'autre que le désir le plus profond, le plus cher, que nous ayons au fond de notre cœur. Toi qui n'as jamais connu ta famille, tu l'as vue soudain devant toi. Ronald Weasley, qui a toujours vécu dans l'ombre de ses frères, s'est vu enfin tout seul, couvert de gloire et d'honneurs. Mais ce miroir ne peut nous apporter ni la connaissance, ni la vérité. Des hommes ont dépéri ou sont devenus fous en contemplant ce qu'ils y voyaient, car ils ne savaient pas si ce que le miroir leur montrait était réel, ou même possible. Demain, le miroir sera déménagé ailleurs, et je te demande de ne pas essayer de le retrouver. Mais si jamais il t'arrive encore de tomber dessus, tu seras averti, désormais. Ça ne fait pas grand bien de s'installer dans les rêves en oubliant de vivre, souviens-toi de ça. Et maintenant, remets donc cette cape merveilleuse et retourne te coucher.
Harry se lève, fatigué. Il ne reviendrait plus jamais. Alors qu'il pose la main sur la poignée de la porte pour s'échapper, Harry plisse les yeux et se tourne vers son directeur.
— Et vous, qu'est-ce que vous voyez quand vous regardez le miroir ?
— Moi ? Je me vois avec une bonne paire de chaussettes de laine à la main.
Sans un regard en plus pour le directeur, Harry sort. Une fois hors de sa vue, il lève les yeux au ciel. Soit cet homme est fou, soit c'est un génie, soit il est un imbécile.
