10. Halloween

Les éléments en italique sont des répliques reprises directement du livre "Harry Potter et la chambre des secrets" de J.K. Rowling


Le mois d'octobre fait son entrée dans la saison, provoquant un froid humide dans le château. Pendant des jours entiers, la pluie tombe à grosse goutte sur le château, empêchant les étudiants de se promener sur les rives du lac. Le vent est également très brusque, Harry a donc plusieurs entrainement de Quidditch qui tombent, pour sa plus grande joie. Il passe du temps avec Millicent, Drago, Neville et Hermione, profitant de ces jours de mauvais temps pour éviter de penser à tout ce à quoi il faudrait qu'il pense. Drago ne souhaite pas parler de ses parents, Hermione, chez qui il souhaite retourner pour les prochaines vacances, Millicent, qui semble se murer dans le silence pour une obscure raison… Tous ses amis ont des problèmes et Harry souhaite les aider. Pourtant, il possède également ses propres inquiétudes. Mary et Marlène ont-elles eu le temps de s'informer par rapport à une possible adoption ? Que se passerait-il s'il devait partir en Europe ? Quelle est cette menace qui effraie autant un elfe de maison ? Elfe de maison qui appartient à la famille de son meilleur ami ! Que cache Drago ? Et surtout, sa famille, pourquoi a-t-elle fait partie du camp de Voldemort pendant la guerre ? Quelles étaient ses motivations ?

Harry secoue la tête et pose sa tête sur la table qui se trouve devant lui. Il ne pense pas vouloir répondre à ces dernières questions. Il a peur de connaître la réponse. Il lui faut vraiment avoir une discussion avec Drago, mais son ami ne semble pas press, et évite au maximum Harry.

Actuellement, le survivant se trouve à la bibliothèque de l'école en compagnie de Neville et Millicent. Ces deux-là étudient ensemble la botanique en vue d'un examen, tandis que lui a préféré se pencher sur l'aspect théorique des potions. Pourtant, cette matière qui reste l'une de ses préférées n'arrive pas à chasser tous ces questionnements de son esprit. Au bout d'un moment, le garçon à la cicatrice se lève et annonce qu'il doit partir à son entraînement. Millicent hausse des sourcils, inquiète. Il pleut à verse dehors. Elle en vient presque à espérer que c'est un mensonge.

— Tu as vraiment entraînement ? Je veux dire, tu as vu comment il pleut ?

— Non Millicent, j'ai pas vu, ronchonne Harry en se levant.

En s'apercevant qu'il l'a légèrement vexée avec son ton, il lui adresse un petit sourire d'excuse. Elle lui sourit en retour avant de se replonger dans l'étude de la botanique. Alors que le garçon se dirige vers la sortie de la bibliothèque, une fille le rejoint. Légèrement plus grande que lui, elle lui offre un sourire éclatant. Harry la reconnaît sans difficulté. C'est Sofia, la fille de Dorcas. Une fois à l'extérieur de la bibliothèque, il la salue.

— Tu vas à ton entraînement de quidditch, demande la métisse en l'accompagnant.

— Oui, j'espère que ce sera pas trop long, sinon je vais finir par attraper froid !

— Bon courage en tout cas !

Quelques secondes ont passé sans qu'aucun des deux ne parlent. C'est finalement lorsqu'ils sont sur le point de se séparer que la jeune fille à la coupe afro reprend la parole.

— Si tu veux venir à la maison pour les prochaines vacances, dis-moi ! On pourrait passer du temps ensemble avec Mary et Marlène. En plus, ce sera Noël.

Il la remercie et lui fait un signe de main pour lui dire au revoir. Il sourit en notant dans un coin de sa tête qu'il devrait écrire à ses tantes pour avoir des nouvelles. Il sourit en se rappelant leur réaction lorsqu'elles ont appris pour ce qu'il s'est passé à la gare. Elles lui avaient écrit une longue lettre dans laquelle elles expriment leur inquiétude et leur envie qu'il les informe de la suite des évènements. Cela lui a fait très plaisir et il s'était sentit apprécié.

L'entraînement est un désastre. Le capitaine ne cesse de crier sur les joueurs pour leur donner des indications, mais celles-ci se perdent dans le vent. Impossible de comprendre qui va où tant le vent est fort et que la pluie tombe à drue. C'est la mine sombre qu'il retourne en direction du château, trempé de la tête au pied. Drago est rentré un peu plus tôt après une mauvaise chute, c'est pour cette raison qu'il laisse ses pas le porter jusqu'à l'infirmerie.

Dans les couloirs, il croise Nick Quasis-Sans-Tête, qui tient une lettre à la main. Son visage montre bien que le fantôme est inquiet, mais Harry le dépasse sans même lui dire bonjour, conscient que celui-ci déteste les Serpentards. Un miaulement le fait sursauter alors qu'il vient de dépasser le spectre. Désormais vraiment de mauvaise humeur, Harry sert les poings et prie que le concierge ne le trouve pas. Mais c'est déjà trop tard.

Tandis que le garçon à la cicatrice tente de se faire le plus petit possible, le chat le suit tout en miaulant et son maître apparaît. En voyant le visage déformé par la malsaine satisfaction du sorcier, Harry fronça le nez et soupira. Rusard a la respiration sifflante et le regard flamboyant tandis que ses yeux font des allers retours entre les traces de boues sur le sol et Harry Potter.

De la saleté ! s'écria-t-il, les bajoues frémissantes, les yeux exorbités.

Il pointa du doigt la mare de boue qui s'était formée autour de Harry.

Désordre et cochonneries ! J'en ai assez ! Suivez-moi, Potter !

Pour la première fois en deux ans, Harry entre dans le bureau de Argus Rusard. La pièce, misérable et dépourvue de fenêtres, était éclairée par une simple lampe à pétrole suspendue au plafond bas. Une vague odeur de poisson frit flottait dans l'air. Des placards en bois s'alignaient le long des murs, remplis de dossiers dans lesquels Rusard conservait le détail des punitions qu'il avait infligées aux élèves de Poudlard tout au long de sa carrière.

Un petit sourire apparaît sur la mise défaitiste de Harry lorsqu'il remarque que les jumeaux Weasley ont le droit à un casier entier pour eux seuls. Juste à côté sont rangées des chaînes et des menottes bien propres. Harry prend peur, se demandant si lui aussi aurait le droit à la fameuse punition consistant à être suspendu par les cheville. Moins rassuré, Harry s'assied doucement, espérant se faire oublier.

Rusard prit une plume et un morceau de parchemin qu'il étala devant lui.

Allons-y... marmonna-t-il d'un air furieux, remplissons le formulaire... Nom : Harry Potter. Crime…

N'exagérons rien, ce n'était qu'un peu de boue, coupa Harry.

Pour vous, ce n'est qu'un peu de boue, mon garçon, mais pour moi, c'est une heure de plus passée à récurer vos saletés ! s'exclama Rusard. Nous disions donc, crime : souillure du château... Châtiment proposé... La plume en l'air, Rusard lança un regard sournois à Harry qui attendait en retenant son souffle que tombe la sentence. Mais au moment où le concierge abaissa à nouveau sa plume, un grand BOUM se fit entendre juste au-dessus du bureau. La lampe à pétrole suspendue au plafond vacille quelques secondes.

PEEVES ! s'écria Rusard en jetant sa plume dans un accès de rage. Cette fois, je t'aurai ! Et sans un regard vers Harry, Rusard se rua hors du bureau, Miss Teigne sur ses talons.

Dans un soupir de soulagement, Harry s'affale sur sa chaise, espérant que le concierge ne revienne pas avant un bon quart d'heure. Il remercie silencieusement Peeves, l'esprit frappeur du château, pour cette distraction bienvenue. Son regard est soudainement attiré par une lettre assez épaisse, violette, avec des lettres en argent sur le devant. Sans gêne, Harry attrape le papier et commence à lire le contenu :

Vous vous sentez déboussolé dans le nouveau monde de la magie ? Vous n'osez plus jeter de sort en public par peur de paraître ridicule ? Tout le monde éclate de rire quand on vous voit tenir votre baguette magique ? Il existe une solution à vos problèmes !

Suite à ça, une description sur la méthode proposée, les témoignages, l'accompagnement et tout un tas d'autres informations sont notées. Un sourire vient flotter sur les lèvres de Harry. Le concierge est donc un cracmol ? Harry a déjà entendu parler de ce genre de personnes. Ce sont des enfants de sorciers qui ne manifestent que peu ou pas de magie. Soudain, il fronce les sourcils et efface le sourire de son visage. Il se rend compte qu'il vient de juger le personnage comme plus faible que lui et que cela lui a plu. Horrifié par ses propres pensées, Harry lâche la feuille comme si elle l'avait brûlée et s'assied sur sa chaise pour attendre Rusard. C'est à ce moment précis que le concierge choisi pour entrer dans le bureau d'un air triomphant.

Cette armoire à disparaître avait une grande valeur ! dit-il à Miss Teigne d'un air joyeux. Cette fois-ci, ma mignonne, Peeves est coincé !

Il posa les yeux sur Harry puis sur l'enveloppe de la méthode VITMAGIC. Harry se rendit compte trop tard qu'il l'avait jetée à une bonne cinquantaine de centimètres de l'endroit où elle se trouvait auparavant. Le visage d'ordinaire livide de Rusard vira au rouge brique. Harry se prépara à être submergé par une vague de fureur. Rusard saisit l'enveloppe d'un geste vif et la rangea dans un tiroir.

Vous... Vous avez lu ? balbutia-t-il.

—Oui, avoue Harry. Rusard se tordait les mains.

Si j'avais pensé que vous liriez ma correspondance privée... D'ailleurs, ce n'est pas à moi... C'est pour un ami... Néanmoins... Cependant..

Harry pince le plus possible ses lèvres, ne souhaitant pas rire du malheur de ce pauvre homme. Il essaie d'imaginer à quoi ressemblerait sa vie sans magie, ce qui le coupe immédiatement dans son fou rire silencieux. Sans magie il ne connaîtrait pas Drago, Millicent et tous ses amis. Il ne connaîtrait pas Poudlard. Il serait encore chez les Dursley et n'aurait jamais pu apprendre à connaître Mary et Marlène. La magie est sa raison d'être, la magie lui a permis de ne pas mourir dans ce trou à rat que les Dursley lui ont offert. Harry regarde intensément le visage rouge de l'homme et est tenté de lui proposer de l'aide. Il lui en faudra bien pour qu'il comprenne comment faire de la magie. Les yeux de l'homme semblent lui sortir par la tête, ce qui permet à Harry de sortir de sa torpeur. Mais avant qu'il ne dise quoi que ce soit, c'est Rusard qui prend la parole.

Très bien... Dans ce cas... Sortez... Et pas un mot... Non pas que... Enfin, si vous ne l'avez pas lu... Allez-vous-en, il faut que j'écrive un rapport sur Peeves...

Stupéfait, Harry se lève et s'apprête à sortir. Mais avant de sortir de la pièce, il tient alors à faire quelque chose pour Rusard. Bien qu'il soit insupportable et vraiment jamais de bonne humeur, Harry comprend désormais pourquoi. Devant les yeux médusés de Argus Rusard, il enlève ses chaussures pour lui montrer sa bonne foi. Il les prend à la main, puis se tourne vers lui et lui fait un petit sourire.

— Si vous en ressentez le besoin, je peux aussi essayer de vous apprendre, propose-t-il avant de s'enfuir sans entendre la réponse de l'adulte.

Le soir d'Halloween arrive très rapidement et le moral de Harry baisse de plus en plus alors que le jour se rapproche. La date de la mort de ses parents le hante depuis qu'il la connaît et cela lui fait mal au ventre qu'ils soient décédés le jour de la fête des morts. A la place de se rendre au festin, Harry décide de se rendre dans la cour pour profiter d'un petit moment de beau temps. La pluie a continué à tomber durant tout le mois d'octobre, de façon constante, c'est pourquoi il souhaite profiter des dernières lueurs du jour en plein air.

— Je viens avec toi, lui dit Drago. Je ne veux pas avoir à répondre aux questions stupides de Crabb et Goyle. Harry sourit, se souvenant que le blond était avec eux, avant de s'intéresser à lui. Bien que leur amitié n'ait pas duré longtemps, le Malefoy semble tout de même s'intéresser à eux, voire presque s'inquiéter par moment. Il l'a surpris à plusieurs reprises tenter de leur expliquer différentes matières vues en cours.

Pour toute réponse, Harry hoche la tête. Ensemble, ils se dirigent à l'extérieur du bâtiment tandis que tous les autres enfants et adolescents se dirigent impatiemment en direction de la grande salle. D'un coup de baguette, Drago sèche un carré d'herbe et s'assied, invitant Harry à le rejoindre. En voyant l'incertitude de son ami, il sourit.

— Il faut qu'on parle, soupire le blond.

— Ouais. Harry s'assit finalement et regarda dans le vide, ne sachant pas comment débuter la conversation.

— Mes parents ont travaillé avec Voldemort, annonce de but en blanc Drago. Harry hausse les sourcils. A l'expression de son ami blond, il devine que celui-ci a vraiment besoin de parler. Peut-être a-t-il attendu afin qu'il soit le seul à écouter ? En pensant qu'il est le seul à qui Drago fait assez confiance pour se confier, Harry sent son coeur gonfler de joie.

— Mes parents…. Je viens de deux lignée de sorciers sang-purs, les Malefoy par mon père et les Black par ma mère. Lorsque Tu-Sais-Qui est arrivé, mon père est immédiatement allé de son côté et l'une de mes tantes le suivait déjà depuis longtemps. Ma mère ne pouvait pas dire non. Je ne connais pas toute l'histoire, mais je sais que mon père aimait plus que tout les idées de Tu-Sais-Qui, alors que ma mère ne les supportait pas. Je n'ai pas le droit de te raconter ce que je vais te dire, donc tu dois me promettre de ne surtout pas le répéter à quiconque. Même Millicent ne doit pas le savoir.

— Tu peux me faire confiance.

— Tu-Sais-Qui a donné un livre à mon père et lui a dit de tout faire pour qu'il arrive ici, dans l'école s'il venait à disparaître. D'habitude il est à la maison … Mais mère m'a écrit pour me dire de faire attention parce qu' il n'y est plus. Je ne sais pas comment, mais il a réussi à l'emporter à Poudlard. Enfin, j'imagine…

Harry réfléchit à toute vitesse. Il s'agit très certainement de l'avertissement de Dobby, le livre doit probablement être plus dangereux qu'il n'y paraît. Mais comment savoir ce que cela va entraîner ? Et comment un elfe de maison pourrait-il être plus au courant des affaires du maître de famille que le propre fils ? Drago se tord les mains en voyant l'air concentré de Harry. Pendant une seconde, il se demande s'il était judicieux de confier ses pensées au héros du monde sorcier. Mais à peine cette pensée fait-elle irruption dans son esprit qu'il la rejette. Ce n'est pas le héros du monde sorcier, mais son meilleur ami. Celui pour qui il aurait pu donner sa vie l'année dernière, celui qui ne le juge jamais et qui ne remet jamais en doute ses paroles.

— Est ce que tu penses qu'il l'a mit dans tes affaires ? Demande Harry pour éloigner une bonne fois pour toute de cette hypothèse.

Drago secoua la tête.

— Non, mon père tient quand même à moi, je suis le parfait rejeton Malefoy, il ne lui viendrait pas à l'idée de me mettre en danger.

— Mais alors quand est-ce qu'il aurait pu apporter le livre à l'école ?

— J'en sais rien, il n'est pas venu depuis tellement d'années !

— Le chemin de Traverse, conclut une voix féminine derrière leur dos.

Surprit, les deux garçons se lèvent d'un bond et ont le réflexe de porter leur mains en direction de leur baguette magique. Heureusement pour eux, ce n'est que Millicent. Le cœur de Harry bat à mille à l'heure, mais il est rassuré de savoir que ce n'est que sa meilleure amie. Ils auraient été dans de beaux draps si cela avait été Parkinson, Goyle, Crabb ou encore un autre serpentard qui aurait entendu leur discussion.

— C'était une discussion privée, ronchonne Drago en se rasseyant au sol. Harry sourit à Millicent et celle-ci se fait une petite place proche de Harry.

— Oui, mais je sais comment il a pu faire pénétrer un objet sans que personne ne s'en rende compte, affirme la jeune fille dans un sourire. Le chemin de Traverse.

— T'es sérieuse, demande le blond en plissant les yeux, incertain.

— Oui, c'est logique, c'est le seul endroit où il est certain de pouvoir glisser un objet dans le chaudron de quelqu'un sans se faire remarquer ! En plus, il s'est presque battu avec le patriarche Weasley, c'était l'occasion parfaite… Par contre à qui il l'a confié, c'est une autre histoire

Les deux garçons se regardent et haussent les épaules. C'est la vérité.

— Du coup, c'est quoi qui a été apporté à Poudlard par ton père, demande la jeune fille en ramenant ses genoux contre sa poitrine.

Drago lui explique dans les grandes lignes ce qu'il vient de dire à Harry. Pendant une longue heure, les trois amis tentent de comprendre en quoi un livre peut être assez dangereux et pourrait potentiellement ôter la vie à Harry.

— Vraiment, demande Drago, Vous pensez vraiment que mon père en veut à la vie de mon meilleur pote ? Le cœur de Harry se réchauffe en entendant cette phrase.

— Ton père a servi Voldemort, qui est mort par la main de Harry… Enfin, de son front techniquement ! Du coup si il a des tendances vengeresse, ça ne m'étonnerait pas, explique avec dédain la seule fille du trio.

Harry sert les lèvres et ouvre de grands yeux. En effet, vu ainsi, cela donne froid dans le dos.

— Mais je suis juste un enfant, gémit Harry en se penchant en arrière.

— Justement, c'est d'autant plus facile de t'atteindre ! Tes parents sont morts, tes tuteurs légaux sont des moldus, personne ne cherche activement à te protéger… Du moins en apparence.

— Tu sais trouver les mots pour me rassurer, Millie, soupire Harry en se levant. Un sourire apparaît sur son visage en pensant à Mary, Marlène et Hermione, qui ont toujours pris soin de le protéger, ou du moins tenter, tout comme Drago et Millicent. Cela lui réchauffe le cœur.

— Je me demande pourquoi tu as été confié à des moldus, réfléchis tout haut Drago en tendant la main vers Harry pour qu'il l'aide à se relever. Le survivant hausse les épaules avant d'attraper la main tendue de son ami.

Désormais la nuit les entoure. Les étoiles commencent à briller dans le ciel sombre et le trio voit déjà quelques élèves se diriger vers leur dortoir. D'un commun accord, les trois enfants se lèvent et se dirigent vers les cachots. Les couloirs sont vides, ce qui fait rire les trois amis. Alors qu'ils sont d'habitude bondés, de les voir vide leur donne envie de courir et de réveiller les tableaux. Mais en bons Serpentards, ils se retiennent.

Ce fut à ce moment-là que Harry l'entendit à nouveau.

... déchire... écorche... tue... C'était la même voix, froide et mortelle, qu'il avait entendue dans le couloir des Serpentards. Il s'immobilisa et tendit l'oreille, en scrutant la pénombre du couloir.

Harry, qu'est-ce que...

C'est encore cette voix. Taisez-vous...

... si affamé... depuis si longtemps...

Ecoutez ! dit Harry.

... tuer... il est temps de tuer... La voix devenait de plus en plus faible.

Dans un élan de courage et de curiosité, Harry commence à courir dans la direction que prend la voix. Un mélange de peur et d'excitation se fait dans le coeur de Harry tandis qu'il gravit les marches le plus rapidement possible

Par ici ! s'écria-t-il. Il monta l'escalier quatre à quatre et se précipita dans le hall d'entrée. Mais le vacarme des conversations qui provenaient de la Grande Salle, où le festin d'Halloween se poursuivait, empêchait d'entendre quoi que ce soit d'autre. Harry monta alors au premier étage, suivi de Drago et de Millicent.

Harry, qu'est-ce que...

CHUT ! Harry tendit à nouveau l'oreille. Il entendait la voix qui continuait de s'éloigner en montant dans les étages.

... Je sens l'odeur du sang... L 'ODEUR DU SANG !

Il va y avoir un meurtre ! s'exclama Harry, l'estomac noué. Il monta les marches quatre à quatre jusqu'au deuxième, Drago et Millicent sur ses talons, puis il parcourut tout l'étage au pas de course, cherchant désespérément d'où pouvait venir la voix.

— Regardez ! s'écria Millicent en pointant quelque chose du doigt.

Lorsque les trois élèves de deuxième année regardent le mur, des lettres de sang les figent sur place. Le sang de Harry se glace et il lui semble ne plus pouvoir bouger. Dans son esprit, des hypothèses impossibles font leur apparition. Drago devine immédiatement la frayeur de son ami et se rapproche de lui pour lui poser une main sur l'épaule, sans pour autant quitter le mur des yeux. Millicent porte ses mains devant sa bouche tandis que des larmes viennent briller au coin de ses yeux. Le cauchemar qu'elle a vécu avec son meilleur ami l'an dernier va-t-il se reproduire ? Ne sont-ils toujours pas en sécurité ?

Inscrit sur le mur en lettres sanglantes, une phrases suffit à effrayer les trois serpentards :

"LA CHAMBRE DES SECRETS A ÉTÉ OUVERTE. ENNEMIS DE L'HÉRITIER, PRENEZ GARDE."

En constatant l'état de détresse dans lequel se trouvent ses deux amis, Drago s'avance pour se retrouver devant eux et tourne le dos au mur pour les prendre les deux par les épaules et les détourner des lettres ensanglantées. Comme des marionnettes, Millicent et Harry se laissent faire, bien trop secoués.

— Hermione, chuchota Harry, elle est en danger. Ses yeux fixent Drago sans le voir.

— Ainsi que tous les autres enfants né-moldus, confirme le blond pour tenter de les distraire

— C'est une catastrophe, murmure Millicent dans un sanglot.

Les trois amis se chuchotent ces quelques phrases, avec comme fond sonore les cris de joie de leurs camarades, qui profitent encore du festin d'halloween. Dans une volonté de les éloigner de la scène, Drago les fait reculer en profitant qu'ils soient encore en état de choc. Malheureusement après quelques secondes Harry reprend ses esprits et fixe son ami. Drago sent sa respiration se couper en constatant combien le regard de son ami appelle à l'aide.

— Pourquoi toujours à Halloween, gémit Harry. Ses yeux implorent le blond de le sortir de ce guêpier, mais celui-ci n'a pas plus d'idée que lui pour le sauver. Drago déplace sa main de l'épaule à la main de Harry, et la serre fort. Par ce contacte, il tente de lui transmettre toute son énergie et son amitié, mais cela ne semble pas marcher. Il suit la même démarche pour Millicent qui n'a pas encore dit un mot.

Le survivant sent son ventre se serrer. Est-ce de sa faute ?

— Oh non, regardez, gémit Millicent en laissant couler une larme sur sa joue. Elle s'avance un peu, mouillant ses chaussures. En entendant le bruit caractéristique d'une flaque, Drago sursaute et regarde le sol. Trempé. Assez pour qu'une petite mare prenne place juste sous le corps sans vie, figé, de Miss Teigne. La chatte du concierge pend au-dessus du petit plan d'eau, suspendue dans les airs par une simple corde.

— Elle n'est pas morte, murmura Drago en ouvrant de grands yeux, elle est figée.

— Figée, demande Millicent qui sèche ses larmes.

— Elle respire, mais son corps n'a plus la capacité de bouger, explique rapidement le blond. C'est comme si on avait arrêté le temps sur son corps. Il faut redémarrer son corps mais elle est vivante, promis.

— Il lui faut de la racine de Mandragore, affirme Harry en se rappelant le livre de botanique de cinquième année de sa mère qu'il a feuilleté quelques jours plus tôt pour prendre de l'avance.

— Et il faut aller chercher un adulte, implore Millicent. Le plus adulte des adultes.

Les trois amis ont à peine le temps de faire quelque pas que déjà une foule d'élèves arrive dans le couloir. Drago soupira d'agacement en comprenant qu'ils n'ont plus le temps de fuir la scène de crime. La plupart des étudiants sont des Gryffondor, avec eux, Hermione et Neville. En apercevant leurs amis vert et argent plus loins, ils accélèrent le pas pour les rejoindre, un grand sourire aux lèvres. Pourtant, les deux rouge et or déchantent rapidement en lisant les inscriptions dégoulinantes qui sont inscrites au mur.

— Mon dieu.

Hermione blêmit et s'approcha de Harry.

— Ne va pas te faire des idées, lui dit-elle immédiatement. Ce n'est pas de ta faute, tu m'entends.

A côté d'elle, les trois amis de l'élu hoche la tête pour confirmer les dires de Hermione. Le sentiment de honte et de culpabilité de Harry se fait plus léger mais ne disparaît pas complètement. Car ceci n'a pu être fait que par une personne et celle-ci en veut pour sa vie. Voldemort. Il n'y a que lui. Pourquoi n'est-il pas mort ?

— Pourquoi plus personne n'avance, commence à s'énerver Argus Rusard. Il joue des coudes afin d'aller à l'origine du bouchon, tout comme la professeure McGonagall, qui le suit de près.

Lorsqu'il vit Miss Teigne, il recula, horrifié, en se couvrant le visage de ses mains.

Ma chatte ! Ma chatte ! Qu'est-ce qui est arrivé à ma chatte ? hurla-t-il. Ses yeux exorbités se posèrent alors sur Harry.

Harry sert alors plus fort la main de Drago, qui se tient juste dans son dos. Les deux garçons cachent aux autres leurs contacts en se serrant l'un contre l'autre, autant choqué l'un que l'autre. Savoir qu'ils sont là pour l'un et pour l'autre les rassure, c'est pour cette raison qu'aucun des deux n'a encore décidé de rompre le contact. De sa deuxième main, Drago fait attention à ne pas lâcher la main de Millicent, qui resserre sa prise. Il est là pour eux. Le fait de vouloir les protéger donne à Drago le sentiment qu'il est plus fort. Légèrement plus en avant qu'eux, il foudroie le concierge du regard pour l'empêcher de dire une sottise.

Argus ! Dumbledore venait d'arriver dans le couloir, suivi de plusieurs professeurs. Un instant plus tard, il avait détaché Miss Teigne de la torchère.

Venez avec moi, Argus, dit-il à Rusard. Vous aussi, Mr Potter, Mr Malefoy et Miss Bulstrode.

Lockhart s'avança d'un air empressé.

Mon bureau est juste à côté. Monsieur le Directeur. Si vous souhaitez l'utiliser...

Merci Gilderoy, dit Dumbledore.

Les élèves silencieux s'écartèrent pour les laisser passer. Lockhart emboîta le pas de Dumbledore, suivi par les professeurs McGonagall et Rogue. Lorsqu'ils furent entrés dans le bureau de Lockhart, Dumbledore étendit Miss Teigne sur la table et commença à l'examiner. Harry, Drago et Millicent échangèrent des regards inquiets et se laissèrent tomber sur des chaises, dans un coin sombre de la pièce.

Les trois sont encore sous le choc de leur découverte. Heureusement, le fait qu'il y a des adultes présents dans la pièce rappelle à Harry sa promesse de ne parler qu'à des personnes en qui il voue une confiance des plus totale. Ici et actuellement, seuls ses amis la possèdent. Mais par égard aux sentiments de son meilleur ami, Harry est prêt à accorder cette confiance à son directeur de maison également. Les deux garçons se sont lâchés la main lorsqu'ils sont entrés dans la pièce, ne souhaitant pas que les professeurs soient témoins d'un moment de faiblesse de leur part. Millicent a elle aussi relâché la main de Drago après lui avoir souri, reconnaissante.

Dumbledore ausculta soigneusement la chatte sous le regard attentif du professeur McGonagall. La silhouette de Rogue se dessinait derrière eux dans la pénombre, avec une expression bizarre sur son visage, comme s'il s'efforçait de ne pas sourire. Lockhart, lui, papillonnait autour d'eux en faisant toutes sortes de commentaires ponctués par les sanglots de Rusard. Affalé sur une chaise, le visage dans les mains, le concierge n'avait pas le courage de regarder Miss Teigne. Dumbledore se mit à marmonner d'étranges paroles en donnant sur le corps de Miss Teigne de petits coups de sa baguette magique. Mais rien ne se produisit : on aurait dit qu'elle était empaillée. Enfin, Dumbledore se redressa.

Elle n'est pas morte, Argus, dit-il d'une voix douce.

Pas morte ? s'étrangla Rusard en regardant Miss Teigne à travers ses doigts écartés. Mais comment se fait-il qu'elle soit toute raide ?

Elle a été pétrifiée, dit Dumbledore.

C'est bien ce que je pensais, commenta Lockhart.

Mais de quelle manière, voilà ce que j'ignore, reprend Dumbledore.

C'est à lui qu'il faut le demander ! hurla Rusard en se tournant vers Harry.

Aucun élève de deuxième année n'aurait réussi à faire ça, assura Dumbledore. Il faut être un expert en magie noire pour y arriver...

C'est lui ! C'est lui ! insista Rusard, le visage violacé. Vous avez bien vu ce qu'il a écrit sur le mur ! Il a trouvé... dans mon bureau... Il sait que je suis... que je suis... Le visage de Rusard se tordit en une horrible grimace.

Il sait que je suis un Cracmol ! achève-t-il enfin.

Je n'ai jamais touché à Miss Teigne ! protesta Harry avec vigueur.

Si je peux me permettre, Monsieur le Directeur, intervint Rogue... Harry se sentit un peu mieux en entendant son directeur prendre la parole, jamais il n'irait contre son filleule et il sait que Harry est digne de confiance.

Je crois que Potter et ses amis se sont simplement trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, dit-il d'un air entendu.

C'est à ce moment-là que la professeure McGonagall intervient, le visage livide.

[...] Mais il est vrai qu'il y a de quoi nourrir des soupçons. Que faisaient-ils dans ce couloir à cette heure-là ? Pourquoi n'assiste t-ils pas au festin d'Halloween avec leurs camarades

C'est Millicent qui se désigne pour expliquer leur absence au festin. Harry n'aime pas Halloween car il s'agit de l'anniversaire de la mort de ses parents. En tant qu'amis, Drago et elle ont décidé de lui remonter le morale en allant faire un tour dehors. C'est en chemin vers la bibliothèque que les trois amis sont tombés sur miss Teigne et les inscriptions sur le mur. Évidemment, la jeune fille n'a pas mentionné que c'est Harry qui les a conduit là car il entend une voix qui a des tendances de meurtres, cela pourrait les mettre dans de trop sérieux ennuis.

Devant les aveux de la fillette, Harry voit dans les yeux des professeurs une lueur s'allumer. Celle de l'empathie et de la pitié. Le fait de mentionner ses parents, leur mort, et des amis lui permettant d'affronter ce deuil ne leur permet pas d'incriminer Harry et ses amis. Seul Rusard ne semble pas pris de pitié et les regarde avec des yeux meurtris de haine.

Ma chatte a été pétrifiée ! hurla-t-il, les yeux exorbités. J'exige un châtiment !

Nous parviendrons à la guérir, Argus, assura Dumbledore d'un ton patient. Mrs Chourave a réussi à se procurer des plants de mandragore. Dès qu'ils auront atteint leur maturité, je m'en servirai pour fabriquer une potion qui ramènera Miss Teigne à la vie.

Je m'en chargerai, intervint Lockhart, je l'ai fait des centaines de fois…

Je vous demande pardon, coupa Rogue, mais il me semble que le maître des potions, ici, c'est moi. Il y eut un silence gêné.

Vous pouvez partir, dit Dumbledore à Harry, Drago et Millicent.

Ils sortirent aussi vite qu'ils le purent en évitant toutefois de courir. Lorsqu'ils eurent atteint l'étage inférieur, ils pénétrèrent dans une classe vide et refermèrent soigneusement la porte derrière eux.

—Vous croyez qu'on aurait dû mentionner la voix que j'ai entendue ? demanda Harry.

—Non, répondit Millie sans la moindre hésitation. Entendre des voix, ce n'est pas bon signe, même chez les sorciers.

—Mais toi, tu me crois, au moins ?

—Bien sûr, assura précipitamment Millicent. Mais il faut reconnaître que c'est bizarre...

—Je sais bien que c'est bizarre, dit Harry. Et d'abord, qu'est-ce que ça voulait dire, ce graffiti ? La Chambre des Secrets a été ouverte... Qu'est-ce ça signifie ?

Drago soupira avant de commencer à leur expliquer l'histoire de la chambre des secrets. Apparemment, il y a une cinquantaine d'années, un adolescent à l'école ici aurait été un héritier du véritable Salazard Serpentard, lui donnant l'accès à la chambre des secrets. Celle-ci aurait la caractéristique principale d'enfermer un démon capable de tuer n'importe quel être vivant d'un seul regard. L'adolescent a libéré le démon et a malheureusement fait une victime qui hanterait apparemment toujours Poudlard. Puis, un autre étudiant aurait alors découvert qui est le fameux héritier et l'aurait dénoncé au directeur. Celui-ci aurait immédiatement fait renvoyer le fauteur de trouble. Depuis, la chambre est fermée.

— C'est ma mère qui m'a raconté ça. Après je n'ai pas plus de détail, mais je pourrai peut-être lui demander, si vous voulez.

— Volontier, accepte rapidement Harry en hochant la tête, plus on a d'infos, mieux c'est.

— C'était terrifiant, je pense que je vais faire des cauchemars cette nuit, avoue Millicent avec un petit sourire. Elle se passe les bras autour de la poitrine et frissonne.

— Et bah, Halloween c'est jamais de tout repos à Poudlard, s'exclame Harry pour détendre l'atmosphère.

Tandis qu'ils retournent dans leur dortoire, le garçon à la cicatrice ne cesse de penser au directeur. Ses yeux bleus calculateurs n'ont pas dévié de leur trajectoire lorsqu'ils se sont trouvés dans la même pièce. Le directeur ne l'a pas quitté des yeux alors que tout le monde s'inquiétait pour l'avenir du château.

Pendant les jours qui suivent, le seul sujet de conversation sur toutes les lèvres du château se trouve être Miss Teigne et l'inscription qui se trouvait sur le mur le soir de Halloween. Pourtant, Harry remarque une personne en particulier. Ginny. Ginny Weasley est la sœur de ce bon à rien de Ronald, mais elle semble bien plus intelligente et perspicace que lui. Depuis le début de l'année et accumule les bonnes notes. Pourtant, depuis Halloween, son excitation semble s'être atténuée. Harry ne la voit pas souvent, c'est essentiellement Hermione qui lui rapporte le comportement étrange de la jeune fille. Elle s'est endormie en classe. Elle sursaute au moindre bruit. Elle est plus pâle que d'habitude. Elle ne mange presque rien.

— Je m'inquiète pour la miss Weasley, annonce finalement Harry à ses amis. Il leur raconte ce que Hermione lui rapporte et leur propose d'aller la voir la prochaine fois qu'ils la croisent et qu'elle est seule.

— Tu ne crois pas que cela lui fera une mauvaise réputation si on la voit avec nous, demande Millicent, soucieuse de se rapprocher encore d'autres Gryffondor.

Harry hausse les épaules.

— Hermione s'en porte très bien, Neville pareil.

— Allons la voir à la bibliothèque pour qu'il y ait moins de monde, si ça te rassure, propose Drago.

Ainsi, deux jours après l'incident de Halloween, le samedi, Drago, Harry, Millicent, Hermion et Neville s'assoient à la table que Ginny Weasley occupe. En voyant tout ce monde prendre place autour d'elle, Ginny ouvre de grands yeux terrifiés, mais Harry la rassure d'un sourire. Ils sont assez loin de la porte pour que leurs chuchotements n'intéressent pas Madame Pince. Assis pile en face d'elle, c'est Harry qui commence à lui parler

— Salut, on s'inquiète pour toi, tu n'as pas l'air dans ton assiette ces derniers temps, tout va bien ?

— Tu sais, ce que je t'avais dit chez Fleury et Bott vaut toujours, sourit Millicent d'un air bienveillant.

— C'est gentil, merci…

— Je vois bien que tu ne manges pas et que tes frères ne prennent pas le temps de s'occuper de toi, donc si tu veux rester avec moi pendant ton temps libre n'hésite pas, d'accord ? Hermione avance sa main pour toucher celle de la rousse, mais celle-ci la ramène vers elle rapidement, inquiétant encore plus la brune.

— C'est gentil de vous inquiéter mais … tout va bien

Harry haussa un sourcil. Cela semble clairement faux, tout en la jeune fille crie pour demander de l'aide. Elle a maigri, des cernes forment des poches sous ses yeux qui sont habituellement d'un marron intense. Ses cheveux d'habitude flamboyants ont également l'air de s'être ternis.

— D'accord, abandonne le survivant. Il ne veut pas la forcer à dire des choses qu'elle ne souhaite pas.

Si elle ressent le besoin d'avoir de l'aide, elle viendrait le demander. En attendant, la seule chose qu'il peut faire pour elle est d'être présent pour elle et de gagner sa confiance. Le petit groupe dit au revoir à la jeune fille lorsque les frères jumeaux de cette dernière entrent dans la bibliothèque.

Bien que cela affecte Ginny, Harry a également noté que ses amis sont également touchés par ce qu'il s'est passé. Drago passe tout son temps dans les livres. Il s'est mit en tête de découvrir quelle est la bête affreuse, le démon qui se terre dans les sous-sol du château. Il ne passe plus beaucoup de temps avec Harry, si ce n'est pour les devoirs, ou pour parler de ses avancées.

Millicent s'est enfermée sur elle-même. Elle ne communique que pour affirmer que tout va bien, mais son ami remarque passablement bien qu'elle est nerveuse. La jeune fille est intelligente. Si la première attaque s'est produite sur un chat, il se pourrait bien que la prochaine soit sur l'un des étudiants qui se trouve dans l'enceinte du château. Le fait qu'un enfant puisse mourir à cause du créateur de sa maison la rend malade. Elle souhaite faire quelque chose, mais elle n'a pas de pouvoir. C'est pour cette raison qu'elle passe son temps à fouiller les archives pour découvrir qui était le premier à ouvrir la chambre des secrets. Si elle le découvre, elle pourrait peut-être faire le lien avec une personne qui se trouve actuellement au château.

Ce qui énerve Harry en revanche, c'est que l'un des étudiants de sa propre maison pourrait être celui qui a ouvert la chambre des secrets. Un adolescent ne devrait jamais avoir le pouvoir de vie ou de mort sur d'autres. L'idée que Voldemort puisse être à l'origine de cela trotte encore dans son esprit, mais de façon beaucoup moins claire. Comment aurait-il pu faire ? Ce n'est pas logique.

Tout le château est impacté par le message d'Halloween. Mais surtout, tous les nés-moldus sont désormais terrifiés à l'idée de croiser le monstre à l'origine de l'attaque de Miss Teigne.

Le mercredi suivant la discussion avec Ginny, Drago Harry et Millicent participe à un cours d'histoire de la magie des plus intéressant. Avant de se rendre au cours, Harry se dirige vers la bibliothèque, certain qu'il s'agit de l'endroit où se trouvent ses deux amis. En chemin, il croisa Justin Finch-Fletchley, l'élève de Poufsouffle dont il avait fait la connaissance au cours de botanique. Mais au moment où Harry s'apprêtait à lui dire bonjour, Justin fit volte-face et s'enfuit dans la direction opposée. Cela fait froid dans le dos à Harry. Pourtant, il comprend immédiatement la raison et baisse les yeux vers le sol. Justin est un né-moldu. Il peut penser que c'est lui, Harry Potter, l'héritier de Serpentard. Après tout, il se trouve dans la bonne maison, est puissant, a une histoire sombre… et c'est lui qui a découvert le corps de Miss Teigne. Il est le mieux placé pour avoir fait le coup. Cette réalisation lui fait mal, mais il relève la tête. Les personnes qu'il aime le croit, c'est tout ce qui compte. Ensemble, ils démasqueront le véritable fautif.

Le professeur Binns consulta ses notes et commença à débiter son cours d'une voix monotone. On aurait dit un vieil aspirateur essoufflé. Pourtant, ce mercredi-là, le cours ne fut pas aussi ennuyant que tous les autres. Au bout d'une demi-heure, alors que tout le monde dans la classe somnolait à moitié, Hermione leva soudain la main.

Oui, Miss, heu... dit le professeur en levant la tête.

Harry relève vivement la tête pour suivre plus correctement le cours, désormais intéressé. Bien qu'il ai eu la version du père de Drago, avoir celle d'un professeur présent durant les faits pourrait se révéler important.

Granger, professeur. J'aurais voulu vous demander si vous pouviez nous dire quelque chose sur la Chambre des Secrets, lança Hermione d'une voix claironnante. Les autres élèves se réveillèrent en sursaut.

Je fais des cours sur l'histoire de la magie, dit le professeur Binns de sa voix sifflante. Je m'occupe de faits, Miss Granger, pas de mythes ou de légendes.

Les légendes ne sont-elles pas toujours fondées sur des faits ? insista Hermione. Le professeur Binns avait l'air ahuri. De toute évidence, c'était la première fois de sa carrière qu'un élève l'interrompait.

On peut en discuter, bien sûr, dit-il d'une voix lente. Mais la légende dont vous parlez est tellement extravagante, tellement ridicule... Tous les élèves étaient à présent suspendus à ses lèvres. Binns semblait stupéfait devant l'intérêt soudain qu'on lui manifestait.

Eh bien, soit... dit-il. Voyons... Que pourrais-je vous dire sur la Chambre des Secrets ? Comme vous le savez tous, Poudlard a été fondé il y a plus de mille ans—la date précise n'est pas connue—par les quatre plus grands mages et sorcières de l'époque. Les quatre maisons de l'école portent leurs noms : Godric Gryffondor, Helga Poufsouffle, Rowena Serdaigle et Salazar Serpentard. Ils ont bâti ce château ensemble, hors de la vue des Moldus, car en ce temps-là, les gens du peuple avaient peur de la magie et les sorciers subissent de terribles persécutions. Pendant quelques années, les fondateurs de l'école travaillèrent ensemble dans une parfaite harmonie. Ils recherchaient des jeunes gens qui montraient des dons pour la magie et ils les faisaient venir au château pour assurer leur éducation. Mais peu à peu, des désaccords apparurent. Un conflit éclata entre Serpentard et les autres. Serpentard voulait qu'on se montre plus sélectif dans le choix des élèves admis à Poudlard. Il pensait que le savoir magique devait être réservé aux familles de sorciers et à elles seules. Il ne voulait pas prendre d'élèves nés de parents moldus car il estimait qu'on ne pouvait pas leur faire confiance. Au bout d'un moment, une grave dispute à ce sujet oppose Serpentard à Gryffondor, et Serpentard finit par quitter l'école.

Le professeur Binns fit une pause. Il avait l'air d'une vieille tortue toute ridée.

Voilà ce qu'on peut dire à partir de sources historiques dignes de foi, reprit-il. Mais ces faits authentiques ont été obscurcis par la légende hautement fantaisiste de la Chambre des Secrets. D'après cette légende, Serpentard aurait aménagé une salle cachée dans le château, une salle dont les autres ne connaissaient pas l'existence. Serpentard aurait ensuite scellé l'entrée de la Chambre des Secrets de telle sorte que personne ne puisse l'ouvrir jusqu'à ce que son authentique héritier arrive à l'école. Seul l'héritier de Serpentard aurait le pouvoir d'ouvrir la Chambre et d'utiliser la chose horrible qu'elle contient pour chasser de l'école ceux qui ne seraient pas dignes d'étudier la magie.

Harry est stupéfait. Bien que Drago lui ai rapporté les faits se déroulant il y a cinquante ans, ceux-ci débutent pourtant il y a bien plus d'années ! Cela ne le rassure pas et l'inquiète même, mais ce nouveau regard lui permet de mieux comprendre l'idée de Salazard. Ainsi, il pensait que seul les sorciers de sang pur devraient avoir l'opportunité d'étudier la magie. Cela répugne le survivant, qui secoue la tête pour éviter de penser à ce genre de choses.

Suite à l'explication du professeur, la classe est plongée dans un silence religieux que personne ne souhaite rompre. Tout le monde tente de comprendre les réels enjeux qui se trouvent là. Harry sent certains regards se poser sur lui mais n'y fait pas attention, reportant cette attention sur le fait qu'il soit celui qui a découvert les écritures. La majorité des étudiants fixent le professeur, espérant pouvoir profiter d'une suite.

Bien sûr, tout cela est totalement absurde, reprit le professeur d'un air agacé. Comme vous vous en doutez, l'école a été fouillée de fond en comble par les sorciers les plus érudits pour essayer de découvrir cette prétendue Chambre des Secrets. Et la conclusion, c'est qu'elle n'existe pas. Ce n'est qu'une affabulation destinée à faire peur aux naïfs.

Monsieur, dit Hermione, qu'est-ce que vous entendez exactement par la « chose horrible » qui se trouverait dans la Chambre des Secrets ?

Ce serait une sorte de monstre que seul l'héritier de Serpentard aurait le pouvoir de faire obéir. Les élèves échangèrent des regards inquiets.

Mais je puis vous l'assurer : cette chose n'existe pas. Il n'y a ni monstre, ni Chambre des Secrets.

Mais, Monsieur, objecta Seamus Finnigan, si la Chambre ne peut être ouverte que par l'héritier de Serpentard, il est normal que personne d'autre ne soit capable de la trouver, non ?

Absurde ! répliqua le professeur Binns d'un ton excédé. Si les directeurs et directrices de Poudlard qui se sont succédé au cours des siècles n'ont rien découvert...

Mais, professeur, il faut sans doute connaître la magie noire pour l'ouvrir, fit remarquer Parvati Patil.

Ce n'est pas parce qu'un sorcier ne se sert pas de la magie noire qu'il ne connaît pas, répliqua Binns. Si des gens comme Dumbledore...

Mais peut-être qu'il faut faire partie de la famille de Serpentard pour y arriver, et donc, Dumbledore... commença Dean Thomas. Mais le professeur Binns en avait assez.

Ça suffit, dit-il sèchement. Je vous répète qu'il s'agit d'un mythe ! Ça n'existe pas ! Il n'y a pas l'ombre d'une preuve que Serpentard ait construit ne serait-ce qu'un placard à balais secret dans ce château. Je regrette de vous avoir raconté une histoire aussi stupide. Et maintenant, si vous le voulez bien, nous allons retourner à l'histoire, c'est-à-dire à des faits établis et vérifiables !

Et quelques minutes plus tard, les élèves avaient replongé dans leur torpeur habituelle

Tandis que les étudiants sortent du cours, Harry entend malgré lui une phrase dite par Ronald Weasley

J'ai toujours su que ce Salazar Serpentard était un vieux fou complètement tordu, dit Ron. Son ami qui l'accompagne opine du chef pour confirmer son commentaire. Ils s'éloignent sans savoir que cette petite remarque a profondément irrité le sauveur de monde sorcier. Même les grands sorciers ont le droits de faire des erreurs et toutes les actions d'un mage noir ne sont pas foncièrement mauvaise. Tout n'est pas noir ou blanc, mais d'un mélange de gris, il faut savoir comprendre le contexte pour accorder une attention particulière.

Tandis qu'il discute du cours d'histoire avec Drago et Millicent, le petit Colin Crivey s'avance vers lui pour le saluer.

Salut, Harry !

Salut, Colin, répondit Harry machinalement.

Harry, il y a un type dans ma classe qui a dit que tu es... Mais Colin était trop petit, il ne pouvait pas résister à la marée des élèves qui l'entraînaient en direction de la Grande Salle. Il fut emporté en ayant tout juste le temps de lancer d'une petite voix aiguë :

A plus tard, Harry.

Qu'est-ce qu'il a bien pu dire sur toi son copain ? demanda Millicent.

Que je suis l'héritier de Serpentard, j'imagine, répondit Harry, l'estomac de plus en plus noué en se rappelant soudain la façon dont Justin Finch-Fletchley s'était enfui en le voyant arriver. Cela ne lui était pas venu à l'esprit dans un premier temps, mais en effet, cela fait sens. Il a été celui qui a trouvé la chatte de Rusard, il est à Serpentard, il est celui qui a survécu… il est celui qui a le plus de lien avec Voldemort, si cela compte également dans la balance.

Les gens croient n'importe quoi, dit Millie d'un air dégoûté. Enfin, la foule s'éclaircit et ils purent monter l'escalier sans difficulté.

Tu crois vraiment qu'il existe une Chambre des Secrets ? demanda Harry à Drago.

Je ne sais pas, répondit-il, les sourcils froncés. Dumbledore n'a pas pu guérir Miss Teigne, ce qui me fait penser qu'elle a été attaquée par quelque chose qui n'avait rien de... disons, d'humain...

En allant jusqu'au bout du couloir, le trio se rend compte qu'ils se trouvent désormais là où Miss Teigne a été retrouvée. Ils regardent l'endroit ou elle pendait du bout de la queue, le ventre noué. Millicent prend une grande inspiration et tente de se changer les idées en réfléchissant à haute voix.

— On sait qu'une très vieille légende dit qu'une bête féroce et légendaire veut tuer tous les nés moldus. On sait que cette chambre a déjà été ouverte une fois. On sait que… OH MON DIEU !

— Quoi, quoi, quoi, demande Harry, ne comprenant pas la soudaine mine éclairée de son amie.

— Mais bien sûr ! Drago ! Tu as bien dit que le fantôme de la fille morte hante encore Poulard ?

Surpris, le blond hocha lentement la tête tout en plissant les yeux.

— Regardez, là, s'exclame une fois de plus la jeune fille. Mais oui c'est logique !

— Mais quoi, Millie, explique, demande Harry, frustré qu'elle n'aille pas dans le détail.

— Ce sont les toilettes de Mimi geignarde, ça explique les flaques d'eau et le fantôme !

— Hein, demande en cœur les garçons, ne comprenant décidément plus rien à rien.