16. L'ami disparu

Les éléments en italique sont des répliques reprises directement du livre "Harry Potter et Le prisonnier d'Azkaban" de J.K. Rowling


Le 31 août, Harry débarque dans le chemin de Travers par cheminée. Sofia a insisté pour utiliser ce moyen de transport, arguant que de cette façon, Harry pourrait plus facilement s'y habituer. Bien qu'il s'agisse d'un bon argument, Harry n'a aucune envie de le prendre. Il l'a déjà testé pour se rendre et pour revenir de chez Millicent. Pourtant, il est arrivé par ce moyen à peine vingt minutes plus tôt. Désormais, il se dirige vers la banque en compagnie de Mary et Marlène, afin de relever de l'argent dans le coffre que ses parents lui ont légué. Sofia a croisé son petit-ami et est en train de lui parler, un peu plus bas dans la rue.

— Tu ne prends que de l'argent de poche pour Pré-au-Lard, c'est nous qui te payons les fournitures obligatoires, d'accord, demande Marlène juste avant d'entrer dans le bâtiment.

— Tu es sur ? Je suis riche tu sais, souffla le garçon à la cicatrice. Harry ne dit pas ça dans le but d'être égocentrique ou impoli. Simplement il sait qu'il a bien assez d'argent sur ce compte pour vivre confortablement pendant au moins trente ans.

— Cela ne change rien au fait que tu es désormais sous notre tutelle, tu es mon fils aux yeux de la loi sorcière et moldue. Nous devons subvenir à tes besoins en tant que parent.

Tout en entrant dans la banque, Harry se demande quel est le sentiment de Marlène à ce sujet. Le voit-elle comme son fils ? Peut être moins ? Il lève un regard vers elle tout en marchant en direction d'un bureau ou plusieurs gobelins s'affairent.

— Je suis quoi pour toi, demande-t-il maladroitement, sans trop savoir comment entamer la discussion.

Rapidement, il se rend compte que sa mère d'adoption ne l'a pas entendu. Il sourit. C'est peut-être mieux de parler de ça plus tard, dans un espace plus intime.

Une fois leurs identités confirmées, Harry, Mary et Marlène se font escorter jusqu'au moyen de transport gobelins. Harry entre à l'intérieur de la navette un sourire au lèvre. Cela lui rappelle largement les attractions moldus qu'il avait déjà eu l'occasion de tester. Une fois le coffre ouvert, Harry prend une poignée d'argent et la fourre dans la sacoche qu'il avait achetée la première fois qu'il était venu dans la rue sorcière. Il sourit à Marlène puis remonte dans le wagon pour aller au coffre personnel des McKinnon. Mary décline la proposition d'aller à son tour à son coffre.

Une fois sortis de la banque, ils rejoignent Sofia qui les attend à Fleury et Bott. La jeune fille a pleuré, cela se voit dans ses yeux. Mais en voyant qu'elle sourit et ne cherche pas à parler de ce qu'il s'est passé, les deux adultes ne posent pas de questions. La petite famille se dirige vers les boutiques une fois que Mary a payé pour la consommation de sa fille.

Harry achète les quelques livres qui lui manquent de la collection de sa mère. Il a hâte de pouvoir utiliser ses livres à elle durant les cours. En feuilletant les pages de certains, il a déjà pu remarquer que quelques inscriptions sont notées dans les marges. Du bout des doigts, il les avait effleurées en souriant. Un peu plus tard, il croise Hermione dans la rue. Il s'éloigne un peu de Mary et Marlène pour parler avec elle, tandis que Sofia se dirige vers une jolie jeune fille aux cheveux d'un noir profond et aux yeux légèrement plissé. Il reconnaît Cho Chang, l'attrapeuse Serdaigle. Harry rougit et se détourne pour se concentrer sur son amie.

— Tu as acheté un chat, s'étonne Harry en regardant l'épais pelage roux qui se pelote dans les bras de son amie. Les deux amis marchent sans but, heureux de se retrouver.

— Comme tu peux le voir, oui, dit-elle avec un grand sourire aux lèvres, apparemment, il est à moitié fléreur !

Devant la mine surprise de son amie, Hermione lui explique ce qu'est un fléreur, les yeux brillant d'excitation..

— C'est un animal qui s'apparente beaucoup au chat, mais regarde, il a des oreilles bien plus grandes et une queue beaucoup plus touffue au bout ! J'ai lu qu'il repère assez facilement si quelqu'un est mal attentionné et qu'il peut être très fidèle s'il affectionne son maître !

Harry hoche la tête en souriant. Évidemment que la jeune fille a déjà fait toutes les recherches possibles pour répondre correctement à ses questions. Soudain, le chat commence à se tortiller dans les bras de sa nouvelle maîtresse, jusqu'à tomber par terre. Harry se rend alors compte qu'il s'agit vraiment d'un très grand chat. La bête orange fuse vers le magasin en face de celui où sont arrêtés Harry et Hermione. Une fois devant, il saute sur une personne aux cheveux roux.

— AÏE ! Mais c'est quoi cette bestiole ! HO NON CROUTARD !

Hermione et Harry se précipitent vers la personne et découvrent Ronald Weasley, accompagné de toute sa petite famille.

— Il est à vous ce chat, demande un des jumeaux, qui regarde la scène comme s'il était au théâtre..

— Oui, je suis tellement désolée, je ne sais pas ce qui lui prend ! Pattenrond ! Hermione attrape son chat et commence à lui gratter le ventre pour le calmer avant de s'éloigner pour éviter une deuxième altercation.

— Bonjour, désolé pour le dérangement, elle vient d'acheter son chat, explique précipitamment Harry avant de tourner les talons pour aller rejoindre Hermione. Juste avant de partir en direction de son amie, il croise le regard de Ginny. Harry s'arrête dans son élan et lui fait un petit signe de la main, tout sourire.

— Salut Ginny, on se voit à Poudlard ! Puis il coule un regard vers les autres membres de la fratrie et remarque les jumeaux. Il leur adresse un signe de main avant de commencer à s'éloigner

Harry se détourne définitivement de la famille Weasley pour retrouver son amie. Ensemble, ils décident d'aller retrouver leur famille. Il les trouve facilement, grâce au pelage orange du nouvel animal de son amie. Tandis que la famille de Harry se déplace le long de la rue pour continuer ses achats, Harry et Hermione décident d'aller manger une glace. Marlène lui demande de faire bien attention à lui avant de lui embrasser le front et de lui passer une main dans les cheveux. Puis elle suit le mouvement de foule et rejoint Mary, qui discute avec deux personnes inconnues aux yeux de Harry. Une fois les deux amis assis, Harry décide d'entamer le sujet difficile.

— Tu as entendu parler de Sirius Black ?

— Mon dieu oui, il semble horrible, souffle la jeune fille tout en caressant délicatement son nouvel ami à quatre pattes.

— Je t'avais déjà dit que c'était mon parrain ?

Hermione pousse un petit cri et ouvre de grands yeux. Harry lui raconte alors ce que Mary et Marlène lui ont dit dans les grandes lignes. Pendant son histoire, il se rend compte qu'il ne ressent aucune honte. Seule la colère lui tord le ventre.

— Sirius Black est un mangemort notoire, mentionne Hermione, il fait partie de la famille Black, elle a toujours soutenu les mages noirs qui veulent supprimer les sorciers et sorcières qui n'ont pas le sang pur… C'est peut être pour cette raison que Voldemort cherchait tes parents, ta mère vient d'une famille moldue…

— Mais elle s'est mariée avec un sorcier d'un longue lignée, s'exclame Harry en se rappelant de la fresque chronologique qu'il avait découverte l'année précédente en compagnie de Drago. En pensant à Drago, il se rend compte que celui-ci lui manque beaucoup.

— Peut-être, continue la jeune fille tout en mangeant sa glace, mais elle était fille de moldu, son sang, d'après Voldemort, était sale.

— Mais c'est quoi ces bêtises, s'énerve Harry en laissant tomber sa cuillère à côté de sa coupe, pourquoi est-ce que le sang d'une personne serait sale si on vient d'une famille de moldus ?

Harry sent une fois de plus la colère lui monter au nez. Il connaît parfaitement les théories puristes, son meilleur ami a été bercé par cela durant toute son enfance et a pu déjà lui en parler, mais uniquement de façon assez évasive. Pourquoi une famille, si elle peut pratiquer de la magie, serait moins respectée qu'une autre sur le seul critère qu'il y a du sang non magique. Il qu'il se rende très bien compte qu'il s'agit de discrimination pur et dur et ne le supporte pas. Alors qu'il avait idéalisé le monde sorcier, il se rend compte que les même vices se répandent dans les mondes magiques et non magiques.

— Demande à Drago, il sera mieux placé pour te répondre, répond Hermione après avoir vidé son verre d'eau.

Afin de parler d'un sujet moins lourd, Harry décide de lui demander quelles options elle a fini par choisir. Lorsqu'elle lui cite les cinq options supplémentaires, Harry faillit recracher sa limonade. Comment pourrait-elle tout suivre ? A cette question, elle lui a sourit en lui confirmant que sa directrice de maison et elle avaient trouvé un moyen.

— Tu vas t'épuiser à vouloir trop faire, essais de lui faire réaliser Harry.

— Mais non, tout va bien se passer, je te promets que si je n'en peux plus, je lâcherais une matière ou deux ! C'est d'accord ?

Harry hausse les épaules, incertain. Cela ne semble pas être la meilleure solution. Mais connaissant Hermione, cela ne sert à rien d'argumenter plus.

Une fois leurs coupes de glaces et leurs boissons payées, les deux jeunes adolescents rejoignent les parents de Hermione et les tutrices de Harry pour continuer leurs achats. Malgré tout le mal que Harry se donne pour apercevoir une chevelure blonde sur son passage, il ne voit rien. Pas de Drago en vue. Pourtant ce dernier lui avait assuré qu'il serait présent aujourd'hui dans l'allée sorcière. Harry aurait volontiers passé du temps avec lui, surtout pour commenter le nouveau balais qui vient de sortir sur le marché, L'éclair de feu.

En lisant le petit écriteau qui se trouve devant le prototype qui se trouve en vitrice, Harry sent son coeur faire des blonds excités dans sa poitrine :

"Avec sa ligne aérodynamique et son manche en bois de frêne recouvert d'un vernis garanti inattaquable, ce balai de course représente le dernier cri en matière de technologie. Chaque modèle porte sur le manche un numéro de fabrication gravé à la main qui garantit sa qualité. Les branches de bouleau soigneusement sélectionnées ont été taillées une par une pour obtenir le meilleur coefficient de pénétration dans l'air, donnant à l'Éclair de Feu un équilibre et une précision insurpassables. Avec des accélérations de 0 à 240 km/h en dix secondes et un sortilège de freinage à toute épreuve, l'Éclair de Feu offre les meilleures performances et les meilleures conditions de sécurité actuellement disponibles sur le marché. Prix sur demande."

Harry soupire devant le balais, sans remarquer le sourire moqueur que ses tutrices abordent et la frustration de Sofia, qui n'apprécie pas autant le Quidditch que lui. Il rêve de pouvoir monter dessus et ressentir une fois de plus ce sentiment de liberté qui l'envahit lorsqu'il est dans les airs. Il repense aussi aux parties que Millicent, son père et lui avaient joué pendant les vacances. Une nouvelle fois, un sourire inonde son visage.

Une fois seul dans sa chambre, de retour à Ashton, Harry attrape le journal que Mary lui avait tendu quelques semaines plus tôt et relis pour la millième fois l'article.

"BLACK TOUJOURS INTROUVABLE

Sirius Black, qui peut prétendre au titre de plus infâme criminel jamais détenu à la forteresse d'Azkaban, échappe toujours aux recherches, nous confirme aujourd'hui le ministère de la Magie.

« Nous faisons notre possible pour capturer Black, nous a déclaré ce matin Cornélius Fudge, le ministre de la Magie, et nous demandons instamment à la communauté des sorcières et sorciers de rester calme. »

Fudge a été critiqué par certains membres de la Fédération internationale des Mages et Sorciers pour avoir informé de la situation le Premier ministre Moldu.

« Il est clair que c'était mon devoir, a déclaré Cornélius Fudge non sans une certaine irritation. Black est un fou, il représente un danger pour quiconque se trouve en sa présence, sorcier ou Moldu. J'ai obtenu du Premier ministre l'assurance qu'il ne dirait pas un mot à qui que ce soit de la véritable identité de Black. D'ailleurs, ne nous y trompons pas: qui le croirait si jamais il le faisait ? »

Les Moldus ont été avertis que Black était armé d'un pistolet (sorte de baguette magique dont les Moldus se servent pour s'entre-tuer), mais ce que craint la communauté des sorcières et sorciers, c'est un massacre tel que celui qui s'est produit il y a douze ans, lorsque Black a tué treize personnes d'un coup en lançant un seul sort."

Après quelques questions, Harry a appris que Azkaban est la prison sorcière la plus sécurisée au monde. Ses gardiens sont apparemment particulièrement assidus à la tâche et provoquent peur et dégoût autour d'eux. D'autres criminels de guerre sont également retenus là-bas, avec d'autres personnes faisant partie des mangemorts de Voldemort. Pourtant, Sirius avait réussi à s'en échapper. Comment ?

Le lendemain matin, Mary, Marlène et Sofia sont déjà dans la voiture lorsque Harry glisse sa malle dans le coffre de la grande voiture de Marlène. Le trajet se passe lentement, mais Harry est heureux d'être au calme. Il se rend compte qu'il n'est plus mal à l'aise lorsque les silences s'installent entre eux quatre. Au contraire. Pouvoir ne rien dire sans pour être gêné lui prouve qu'il est désormais à l'aise avec sa nouvelle famille. C'est pour cette raison qu'il décide de questionner les deux femmes assises à l'avant.

— Je suis quoi pour vous ?

Marlène appuie sur le frein pour stopper la voiture au feu rouge et ses mains se crispent sur le volant. Elle entrouvre la bouche mais la referme, ne sachant pas comment répondre à cette question. Elle fronce les sourcils et penche légèrement de côté et semble chercher la réponse appropriée à donner à l'adolescent. Elle espère que ses longs cheveux bruns cachent son désarroi, mais c'est sans compter sur le rétroviseur qui se trouve entre elle et Mary. En constatant le désarroi de Marlène, Harry grimace. Il n'aurait pas dû poser sa question.

— Super, t'as cassé Marlène, chuchote Sofia en pouffant, faisant rire Harry également.

Mary en revanche commence par sourire gentiment. Après avoir laissé passer quelques secondes, elle lui demande :

— Pourquoi cette question ?

— Sur le chemin de Travers, Marlène m'a expliqué que je suis son fils aux yeux des lois moldus et sorcières… Mais… Est-ce que vous me considérez vraiment comme votre fils ?

Il a volontairement insisté sur le dernier mot pour montrer à quel point il est fort et difficile à utiliser pour lui. En entendant cela, Sofia se fait toute petite, laissant cette discussion entre Harry et les deux adultes. Une fois de plus, c'est Mary qui reprend la parole.

— La maison dans laquelle tu habites est au nom de Marlène, le papier que tu as signé pour que tu sois adopté a aussi été signé de la main de Marlène. Je ne peux pas parler au nom de nous deux pour ces raisons. Pour moi, tu es comme mon neveux. Lily était comme une sœur, je l'aimais de tout mon cœur et jamais je ne me remettrais complètement de sa mort. C'est pour ça que je te vois comme mon neveux. Tu es le fils de ma sœur… En revanche, ma relation avec Sofia est différente.

Harry hoche la tête, comprenant le raisonnement. Il se détourne du regard bleu de Mary pour tenter de capter l'attention de Marlène. Celle-ci ne peut le regarder, scrutant la route pour éviter de provoquer un accident. elle reste silencieuse quelques secondes, réfléchissant à comment répondre. Lorsque le feu passe au rouge, elle redémarre.

— Je… Je ne veux pas avoir la prétention de me considérer comme ta mère uniquement parce que la loi me le demande. Si un jour tu te sens le courage de me demander cette faveur, j'accepterai le rôle avec joie, comme l'a fait Mary avec Sofia. Mais seulement quand tu sera prêt. Pour l'instant, si je peux te protéger et faire en sorte que tu sois heureux, ça me suffit.

Harry hausse les sourcils ne comprenant pas ce que la jeune femme essais de lui expliquer. Elle l'aime, mais pas assez pour le considérer comme son fils ? En revanche, il est très touché par sa dernière phrase, qui résonne en lui et lui donne confiance en lui. Il est aimé et protégé. Elle le fait parce qu'elle le souhaite et non pas par obligation, ce qui enchante le survivant.

— Ne va pas croire que ça veut dire que je t'aime moins que Sofia, ajoute la brune tout en s'engageant dans une nouvelle rue, Je t'aime de tout mon cœur et je te considère comme une part entière de ma vie et de ma famille. Je ne veux simplement pas remplacer ta mère. Je t'aime Harry, et tu fais partie de ma famille. Si un jour tu as besoin que je sois plus qu'une tante pour toi, tu n'as qu'à demander.

Rassuré, Harry sourit. S'il souhaite une mère, il n'a qu'à le demander. Pourtant, il se rend compte qu'il n'en a pas envie, du moins pour le moment. Il n'a pas encore assez demandé d'informations sur sa mère biologique. Il a besoin d'en savoir plus sur elle avant de pouvoir s'en détacher émotionnellement parlant. Il sourit en pensant à toutes les discussions qu'ils ont eu ensemble cet été. Elle lui ont raconté comment leur mère sortait en douce de chez elle pour aller chez ses amies, comment elle faisait si bien les pancakes et combien son rire était contagieux. Elles ont essayé de reproduire le chignon particulièrement défait que sa mère faisait pour étudier sans succès, et lui ont montré les plus belles photos d'elle tout en lui donnant le contexte. Un fête, un anniversaire, une glace à la plage, un concert à Londres…

— Merci, dit-il pour toute réponse.

— J'ai dit à tout le quartier que tu es mon frère, murmure Sofia en se rendant compte que cela n'était pas la meilleure chose à faire.

— Je suis très heureux de pouvoir avoir une sœur, lui sourit-il en posant sa main sur la sienne.

Retrouvant le sourire, Sofia blotti sa tête sur l'épaule de Harry et ferme les yeux. Tous deux ont réussi à se fabriquer leurs propres familles. Ils terminent le trajet main dans la main, heureux de pouvoir compter sur l'un et l'autre.

Une fois à la gare, tout le monde aide à décharger la voiture puis à mettre les bagages sur des cadis. Une fois fait, les trois fille et le survivant se dirigent à grands pas vers la voie neuf trois quarts. Afin de ne pas réitérer l'expérience de l'année précédente, Marlène choisit de passer avec Harry à travers le mur. C'est ensemble qu'ils débarquent sur la voie magique pour la première fois. Harry est aux anges, se sentant protégé des regards qui se posent sur lui grâce à l'allure et au charisme naturel de Marlène. Contrairement à l'année précédente, personne ne vient le voir pour lui demander un autographe. Mary et Sofia les suivent de près. Les deux adultes aident rapidement à poser les malles dans le train avant de prendre un moment pour se dire au revoir.

Comme l'avait dit au début de leur relation Mary, Harry s'est habitué aux câlins que les deux femmes offrent à tout bout de champ. Lorsque Marlène le prend dans ses bras, il la sert à son tour contre lui et profite d'entendre son cœur battre pendant quelques secondes. Lorsqu'elle le libère, Marlène lui embrasse le front, passe une main dans ses cheveux indisciplinés puis prend une mise plus sérieuse.

— J'ai signé l'autorisation pour Pré-au-lard, dit-elle, mais je veux que tu me promettes deux choses.

— Oui ?

— N'y va jamais seul, soit toujours accompagné, il faut vraiment que tu ne sois pas seul à l'extérieur. C'est la première chose. La deuxième règle est que tu ne dois pas chercher Black. C'est ton parrain et il a trahi tes parents, mais il est plus fort que toi. Plus puissant. Et très dangereux. Tu es un enfant, laisse les adultes s'occuper des affaires de grands. Si il vient à toi, tu cries. Le plus fort possible. Je viendrai.

Harry hoche la tête. Pour la première fois de sa vie, c'est lui qui tend les bras pour quémander une nouvelle dose de câlin. Émue, Marlène laisse le garçon se serrer contre elle et pose sa joue contre sa chevelure désordonnée.

— Une dernière chose, annonce Harry en se détachant de sa tutrice, j'aimerai beaucoup rencontrer Andromeda Black.

Marlène sourit et hoche la tête, lui promettant de faire ce qu'il faut pour que cette rencontre ait lieu.

Après avoir embrassé Mary et Marlène, Harry et Sofia montent dans le train pour aller chercher un compartiment vide. Les deux adolescents ont fait tout le train sans trouver un seul compartiment vide. Frustrés, ils décident d'entrer dans un ou un homme semble dormir. L'homme portait une robe de sorcier miteuse, rapiécée en plusieurs endroits. Il semblait malade et épuisé. Bien qu'il fût encore jeune, ses cheveux châtains étaient parsemés de mèches blanches.

Harry et Sofia posent leurs sacs le plus doucement possible pour éviter de réveiller le sorcier. .

— Merde, j'ai oublié la couverture pour Edwige, s'énerve Harry en se rendant compte que l'objet n'est pas dans ses affaires.

— Je pense que Mary doit l'avoir, fonce, tu as encore cinq minutes, lui assure Sofia.

Harry descend précipitamment du train et se dirige vers sa tutrice quand il entend son nom. Curieux, il se rend compte que deux personnes discutent en retrait. Comprenant qu'elles parlent de lui, Harry s'avance et essaie d'écouter la conversation. caché derrière un mur en pierre, il doit tendre l'oreille pour bien comprendre ce qui est dit.

Combien de fois faudra-t-il que je te le répète ? Ils n'en ont pas parlé dans la presse parce que Fudge ne veut pas que ça se sache, mais il s'est rendu à Azkaban la nuit où Black s'est évadé. Les gardiens lui ont dit que depuis un certain temps, Black parlait dans son sommeil et qu'il répétait toujours la même chose: « Il est à Poudlard... Il est à Poudlard... » Black a l'esprit dérangé, McKinnon, et il veut tuer Harry. A mon avis, il doit être persuadé que tuer Harry permettrait de ramener Tu-Sais-Qui au pouvoir. Black a tout perdu le soir où Harry a mis un terme aux agissements de Tu-Sais-Qui et il a eu tout le temps de ruminer ça pendant les douze ans qu'il a passés à Azkaban...

Harry se penche, n'en croyant pas ses oreilles. Il a bien reconnu la touffe rousse du père de famille des Weasley et celui-ci semble parler à Marlène.

Tu n'as qu'à faire ce que tu crois utile, Weasley, dit McKinnon, mais tu oublies Albus Dumbledore. Même si il semble avoir fait quelques écarts ces dernières années, il n'en reste pas moins l'un des sorciers le plus puissant que l'on connaisse. Il saura faire attention à Harry. J'ai confiance en lui.

Bien entendu. Il a fallu lui demander l'autorisation de poster des gardiens d'Azkaban aux différentes entrées de l'école. Il n'était pas très content, mais il a quand même accepté.

Pas très content ? Pourquoi serait-il mécontent s'ils parviennent à capturer Black ?

Dumbledore n'aime pas beaucoup les gardiens d'Azkaban, dit Mr Weasley. Moi non plus, d'ailleurs... Mais quand on a affaire à un sorcier tel que Black, il faut parfois travailler avec des gens qu'on préférerait éviter.

S'ils arrivent à sauver Harry, c'est tout ce qui compte.

Décidant qu'il trouverait une housse de coussin faisant office de couverture à Poudlard pour sa chouette, Harry s'éclipse. Tout en retournant au train, le survivant réfléchit à toute allure. Marlène lui a parlé de Sirius, du fait qu'il est son parrain, un mangemort et qu'il soit très fort de surplus. En revanche, elle lui a caché qu'il souhaitait le tuer. Il lève un regard vers la foule et une dernière question se pose à lui. Comment connaît-elle le patriarche Weasley ?

Tout en marchant dans le long couloir du Poudlard Express, l'adolescent comprend que cette année, il serait surveillé par toute l'école. Cependant, il ressent une pointe d'agacement lui chatouiller le ventre. Il n'est pas un incapable, ou un enfant qu'il faut protéger. Il a affronté deux fois Voldemort et il s'en est sorti à chaque fois. Cela doit bien vouloir dire quelque chose, non ? Pourtant les adultes continuent de le traîter comme un enfant qui ne devrait rien savoir pour sa propre sécurité. Une seconde après avoir pensé cela, Harry secoue la tête. Marlène lui a parlé de façon honnête et a simplement omis un détail qui n'avait pas d'importance sur le moment, ou dont elle n'avait pas encore connaissance. Sa tutrice ne le considère pas comme un enfant à secourir. Au contraire, elle l'implique et répond de façon honnête à chacunes de ses questions. Cette pensée lui réchauffe le cœur.

Une fois de retour dans le compartiment où Sofia était restée, il remarque que Drago et Millicent sont installés près d'elle. L'homme endormi est également toujours à sa place.

— Salut Harry, tu vas bien, demande Millicent en souriant.

— C'est pas trop tôt, le train part dans trente secondes, grogne Drago en lorgnant vers lui.

Seul le sourire en coin qu'il lui adresse confirme à Harry que le blond est heureux de le revoir. Le survivant s'assied à côté de son meilleur ami et raconte ce qu'il vient d'entendre.

— Sacrée entrée en matière, soupire Millicent en comprenant qu'il s'agirait encore une fois d'une année compliquée

— Pourquoi il se serait pas évadé pendant ta première année, quand tu étais plus vulnérable, s'il voulait tellement te tuer ? demande Drago en réfléchissant comme un serpentard.

— J'en sais rien, mais tout le monde s'inquiète pour moi, conclut Harry.

Après que chacun ai raconté quelques anecdotes de vacances, Millicent se penche pour regarder le bagage de l'homme qui dort toujours, la tête contre la vitre du wagon.

— Apparemment il s'appelle R.J. Lupin, murmure-t-elle à ses amis.

— Le Poudlard Express n'est pas réservé pour les étudiants, demande Harry, ne sachant pas si le train circule à d'autres dates que celles importantes pour l'école de magie.

— Si, mais c'est rare que des professeurs le prennent aussi, avoue Drago.

— R.J. Lupin, marmonne Sofia… ça me rappelle quelque chose mais quoi ? Harry ?

— Il y a bien un des amis de mon père…. Tu crois ?

Harry fixe l'homme de plus proche. Des cheveux couleur beige tombent sur son front et une cicatrice barre l'une des joues du sorcier. Remus Lupin est le nom de l'un des amis de James, se rappelle Harry en se remémorant certaines discussions avec Mary et Marlène. De plus, cet homme, bien que plus maigre et mal en point, a une ressemblance troublante avec les photographies qu'il a vu du Remus et son père. Mais pourquoi "J" ?

Sofia et Harry se lancent un regard. Il lui penche la tête de côté et relève ses sourcils, formulant une question sans parole. Un mouvement de son sourcil de sa sœur lui fait rapidement comprendre que oui. Peu probable, mais possible.

— C'est le nouveau prof de défense contre les forces du mal, commente Drago pour couper la discussion silencieuse qui se passe devant lui. Harry tourne la tête dans sa direction et hoche la tête, avant de poser son attention sur le sorcier qui se trouve à côté de Millicent.

— Tu imagines Harry ? Remus Lupin et Sirius Black sont tous les deux là et étaient les deux des amis de tes parents. C'est possible que Lupin connaisse la vérité de pourquoi il a dénoncé tes parents, annonce Sofia avec un sourire bancal.

— Ce qui m'inquiète surtout, c'est la façon dont Black s'y est pris pour s'échapper, dit doucement Drago en laissant sa tête aller en arrière contre le mur du wagon.

— Il ne doit pas y avoir trente six solutions, dit simplement Millicent.

— Merci pour ton aide, marmonna Harry avec un ton sarcastique.

— Vous avez pu faire signer vos autorisations pour aller à Pré-au-lard, demande Millicent en lançant un coup d'œil en direction de son meilleur ami, sceptique.

— Oui, pas de soucis, je dois simplement surtout ne pas rester seul dans le village, mais je veux absolument y aller ! On pourrait aller les quatre ensemble !

— Bonne idée, s'écrie Sofia, enchantée, on pourra aller à Honeydukes et vers la cabane hurlante !

— Ce serait bien de sortir de l'école de temps en temps, sourit Harry en imaginant déjà toutes les choses qu'il pourrait voir et acheter une fois dans le village sorcier.

— Il faudra quand même que tu fasses attention, ajoute Sofia en regardant Harry.

— Oui, garde en tête que Black n'a eu aucune peine à tuer treize personnes dans une rue bondée, ne pas être seul ne va pas forcément aider.

Les heures passent et les quatre adolescents discutent et vaquent à leurs occupations. Sofia sort un livre, Millicent écoute de la musique avec son walkman et Drago essaie de dormir. Harry aimerait beaucoup prendre Drago à part pour lui faire part de ses inquiétudes et lui demander pourquoi il n'était pas présent lorsqu'il était allé faire ses emplettes pour Poudlard. Mais il se retient et se décide à avoir cette discussion le soir-même, une fois dans les dortoirs.

Vers treize heures, une petite sorcière apparaît avec un chariot rempli de boisson et de nourriture. Harry lui prend un simple sandwich et une boîte de bonbons, souhaitant manger quelque chose étant donné qu'il reste encore quelques heures avant d'arriver. Il paye également une boisson à Sofia puis laisse la place à ses amis.

Vous ne croyez pas qu'on devrait le réveiller ? suggéra Sofia en montrant le professeur Lupin d'un signe de tête. Ça lui ferait peut-être du bien de manger quelque chose.

Millicent s'approcha de lui avec précaution.

Heu... Professeur ? dit-elle. Excusez-moi, professeur ? Il ne bouge pas.

Ne t'en fais pas, ma chérie, dit la sorcière qui tend à Harry un gros paquet de gâteaux. S'il a faim quand il se réveillera, je serai en tête du train, avec le machiniste.

J'imagine qu'il est simplement endormi, dit Harry à voix basse lorsque la sorcière a refermé la porte du compartiment. J'espère qu'il n'est pas mort ?

Non, non, il respire, murmure Millicent en prenant le gâteau que Drago lui donne.

Rien ne vient troubler la tranquillité des quatre amis durant encore quelques heures. Pendant la majeure partie du temps, Harry regarde par la fenêtre le ciel faire tomber des trombes d'eau en se posant des questions à n'en plus finir. Il réfléchit à Black, à ses parents, à Marlène, à l'école, ses études, Voldemort,... Il se dit finalement que dormir un peu ne pourrait pas lui faire de mal et il croise le bras après avoir fermé les yeux et posé sa tête contre son dossier. Pourtant, les bras de Morphé ne semblent pas le trouver et le sommeil ne vient pas à lui.

Le ciel est gris et les arbres semblent danser lorsque le train commence à ralentir. Sofia regarde sa montre et fronce les sourcils. Harry observe la valse des pins qu'il aperçoit à travers la vitre, trop perdu dans ses pensées pour comprendre qu'il n'est pas possible que le train soit déjà arrivé en gare. Millicent questionne Drago du regard. Ce dernier hausse les épaules.

Quelques instants plus tard, le train ralentit encore plus jusqu'à s'arrêter brusquement. Des chocs sourds se font entendre dans le train lorsque des bagages tombent de leurs filets. Les lumières s'éteignent brusquement, plongeant tout le train dans l'obscurité. Pendant quelques secondes, seul le bruit de la tempête à l'extérieur se fait entendre. Le fracas du vent et de la pluie contre la vitre rassure les adolescents dans le wagon. Ils sont en vie.

Il y a du mouvement, commenta Drago. On dirait que des gens montent dans le train.

La porte du compartiment s'ouvrit soudain et quelqu'un tomba lourdement sur les genoux de Harry.

Désolé. Vous savez ce qui se passe ? Ouille ! Pardon...

Salut Neville, dit Harry en le soulevant par un pan de sa cape.

Harry ? C'est toi ? Qu'est-ce qui se passe ?

Aucune idée ! Assieds-toi…

— Non je pense que je vais aller demander au machiniste ce qu'il se passe, on se voit plus tard.

— D'accord, fait attention à ne pas tomber !

Harry entend le bruit de la porte se fermer puis un petit cris juste devant leur compartiment. A tâton, il trouve la poignée de la porte et la fait coulisser sur sa droite pour comprendre ce qui se passe devant celle-ci.

— Tout va bien ?

— Oui oui, répondent les voix de Neville et Ginny.

— Ginny, demande Harry.

— Harry ! Je cherchais Ron, tu ne l'aurais pas vu ?

— Non, mais je ne pense pas que ce soit le moment de le chercher, viens t'asseoir avant de tomber !

Ginny s'avance et accepte la place que Harry lui propose juste à côté de lui, tandis que lui se colle un peu plus à Drago, qui se trouve assis à côté du professeur. En face, Sofia et Millicent appellent doucement Ginny à venir avec elles afin de laisser un peu plus de place aux garçons. La rousse se déplace non sans peine mais réussit finalement à se poser juste à côté de Millicent, qui lui attrape la main pour la rassurer.

Sofia se décide à réveiller le professeur.

— Excusez-moi monsieur, il faut vous réveiller, le train rencontre un problème, annonce la métisse tout en lui secouant doucement de l'épaule. Il n'en faut pas plus au professeur pour se réveiller. Lorsque ses yeux s'ouvrent et rencontrent celle de la jeune fille aux cheveux crépus, il sourit d'un air bienveillant.

— Bonjour, je m'appelle Remus Lupin, je crois comprendre pourquoi vous m'avez réveillé et vous avez bien fait, dit-il pour saluer Sofia. Celle-ci est alors contente que le train soit plongé dans le noir, car elle sent ses joues s'empourprer sous la voix du sorcier. Elle est douce et mystérieuse.

— Le train s'est arrêté alors qu'on ne se trouve pas encore à la gare et les lumières ne fonctionnent plus, explique rapidement Millicent après l'avoir rapidement salué, amusée par la réaction de Sofia.

— Bien, je pense que les machinistes font leur possible pour faire repartir le train. Savez-vous si nous avons traversé le périmètre de Poudlard ?

— Je pense que oui, il ne reste que vingt minutes de train environ, répond rapidement Sofia en se rappelant de l'heure qu'elle avait lu avant que les lampes ne s'éteignent.

Il y eut un faible craquement et une lueur tremblante éclaire le compartiment. Le professeur Lupin tenait au creux de sa main une poignée de flammes qui illuminait son visage gris et fatigué. Il avait les yeux vifs, cependant, et un regard alerte.

Restez où vous êtes, dit-il de sa voix rauque. Il se lève lentement en tenant les flammes devant lui.

Harry regarde Remus Lupin sans dire quoi que se soit. Il a tellement l'habitude de ne parler qu'à des adolescents qu'il ne sait plus s'exprimer à un adulte. Il a envie de lui poser des questions mais se rend compte que ce n'est clairement pas le bon moment, si bien qu'il les garde pour plus tard. En plus, si ça se trouve, il n'est pas le bon Lupin.

En arrivant à la porte, le Professeur l'ouvre et passe sa flamme à droite et à gauche afin de vérifier que le couloir est sans danger. Harry se lève, muni de sa baguette pour l'aider au besoin. Il n'a pas envie que le professeur soit blessé avant qu'il ait pu répondre à ses multiples questions. Debout dans le couloir, éclairée par les flammes vacillantes, se dressait une haute silhouette enveloppée d'une cape, le visage entièrement dissimulé par une cagoule. Le nouveau venu était si grand qu'il touchait presque le plafond. Harry baissa les yeux et ce qu'il vit lui retourna l'estomac. Une main dépassait de la cape, une main luisante, grisâtre, visqueuse et couverte de croûtes, comme si elle s'était putréfiée dans l'eau...

Comme si la créature avait surpris le regard de Harry, elle range sans main dans les plis de sa robe. Soudain, Harry se rend compte qu'il a froid. Une petite brune sort de sa bouche à chaque respiration. Harry sent son sang se figer et son âme se glacer tandis que le professeur se poste pile devant lui et dit d'une voix calme :

Personne dans ce compartiment ne cache Sirius Black sous sa cape. Allez-vous-en.

Mais le détraqueur ne recule pas. Au contraire, il continue d'avancer en direction de Harry, qui sent que ses jambes vont flancher si la créature n'arrête pas très rapidement d'avancer. Il veut lever sa baguette, mais la main de Ginny, qui veut le ramener à l'intérieur, l'en empêche. Elle s'agrippe à son bras, bien décidée à le protéger. La rousse le tire en arrière et réussit à le faire reculer au moment où Remus Lupin lève sa baguette magique. Harry sent sa tête tourner et la secoue brusquement.

— Expecto Patronum, récite presque religieusement le professeur en regardant la créature avancer. Une brume argentée sort de la baguette du sorcier. Harry voit la brume prendre forme mais n'arrive pas à distinguer ce qu'elle représente.

Tandis que la brume argentée part en direction de la créature noire, celle-ci fuit en partant très rapidement le long du couloir. Harry a juste le temps de la voir sortir de Wagon avant de sentir la main de Remus Lupin sur son bras.

— Tout va bien, Harry, demande le professeur en le menant dans le compartiment.

Ginny est encore accrochée à son bras, tremblante. Le professeur lui adresse un sourire calme, ce qui semble faire du bien à la rousse. Soudain, les lumières se rallument et le train recommence à bouger. Lentement mais sûrement, le Poudlard Express reprend sa route. Lupin attrape une énorme plaque de chocolat dans son sac et s'applique à la casser en morceau pour en donner un bout à chacun. Il donne dans un premier temps un gros bout à Ginny, qui semble également au fond du trou. Millicent et Sofia se trouvent de part et d'autre de la jeune fille, lui murmurant des paroles réconfortantes en espérant l'apaiser. Le deuxième bout de chocolat est pour Harry, puis pour Drago, Les filles reçoivent en dernier.

Qu'est-ce que c'était que cette chose ? demande Neville au professeur.

Un Détraqueur, répond Lupin qui distribue son chocolat aux autres. C'était l'un des Détraqueurs d'Azkaban.

Tous les étudiants présents dans le compartiment se tournent simultanément en direction de l'adulte, les yeux écarquillés de peur, excepté Harry, qui a le regard fixé sur l'homme. Remus Lupin semble bien plus vieux qu'il ne l'est réellement. Des rides se trouvent déjà sur son visage blême. Il est assez grand, fin, et émacié. Le Remus que Harry avait pu voir en photo ne ressemblait pas à cet homme. Jeune, heureux, le regard rieur. Celui-là a le regard triste et l'air d'avoir vécu la misère. Pourtant, il a les mêmes cheveux beiges coupés courts, les mêmes yeux bruns, la même expression sérieuse.

Drago se rapproche de Harry et lui passe un bras protecteur autour des épaules en lançant un regard interrogateur vers le professeur Lupin.

— Excusez-moi, je dois aller voir le machiniste, annonce Lupin avant de sortir d'un pas lent.

Pendant les quelques minutes ou Remus Lupin n'est pas dans le compartiment, le silence règne. En revenant, le professeur indique avec un sourire fatigué que le chocolat n'est pas empoisonné et qu'ils arriveraient dans une dizaine de minutes à la gare. Puis il se rassoit et ferme les yeux.

Harry observe le chocolat une seconde puis croque dedans. Etonnamment , il sent une chaleur se répandre dans son abdomen. Cela le détend et le rendant compte qu'il est toujours debout et que Drago l'a rejoint, il se rassied et laisse son ami prendre soin de lui. Il engloutit rapidement le reste de chocolat puis s'appuie contre Drago, qui garde son bras autour de son épaule. Il ferme les yeux et se laisse aller contre le blond.

Lorsque enfin le train arrive en gare, Harry et ses amis sont pressés de sortir. Dehors, un froid glacial se fait ressentir. Harry regrette rapidement la chaleur des compartiments mais pense à son dortoir et à son lit douillet qui l'attendent pour se forcer à marcher en direction des calèches. Tout en imaginant avec délice de retrouver son lit, Harry se demande ce que pourrait avoir à dire Severus Rogue sur Remus Lupin.

Les première année, par ici, lança une voix familière.

Harry se tourne en direction de Hagrid et lève la main pour le saluer. Le demi-géant fait de même avant de mener les plus jeunes en direction des barques pour traverser le lac. Harry suit Drago et Millicent pour monter dans une calèche tandis que Sofia lui dit à plus tard avant d'aller rejoindre des amies. Drago et Millicent marchent devant Harry, discutant ensemble. Ils lui lancent parfois des regards indiscrets pour savoir s'il va bien, avant de reprendre leur discussion.

Harry lève les yeux pour admirer le magnifique portail de Poudlard. Il est fer forgé et deux sangliers en fer montent également la garde de chaque côté. Plus de côté, Harry remarque également d'autres détraqueurs, ce qui lui donne des sueurs froides. Il sent une nausée lui monter au nez. Dès que la diligence s'arrête à quelques pas de lui, il se dépêche de monter dedans afin de s'éloigner le plus rapidement possible de ces créatures. Une fois le petit trajet terminé, il commence à regretter de ne pas avoir regardé par la fenêtre comme l'avait fait Millicent. Mais les créatures à la cagoules noir lui avaient fait tellement peur qu'il n'avait tout simplement plus pu bouger, se forçant à essayer de rester calme.

En descendant de la diligence, Harry aperçoit le nouveau professeur et se décide à aller vers lui. Malheureusement pour lui, il est bloqué par Ronald Weasley, qui semble assez en colère.

— Tu pourrais laisser ma sœur tranquille ? Ce n'est pas parce qu'elle t'admire que tu dois la forcer à rester dans ton compartiment ! C'est du harcèlement ! Je me suis inquiété pour elle, s'indigne le roux.

— Je suis désolé, s'excuse Harry en le regardant dans les yeux, n'ayant pas la force de se battre. Quand elle est arrivée les lumières se sont éteintes et je me suis dit qu'il était plus prudent qu'elle reste avec nous plutôt qu'elle déambule seule dans le noir.

Face à l'explication, le roux se fronce les sourcils. En comprenant que Harry a protégé la dernière de sa famille, il se radoucit.

— Ne l'entraîne pas dans tes sales affaires, c'est tout, conclut Ronald.

Alors que l'affaire semblait close pour le roux, son ami, Dean Thomas, qui se trouvait juste derrière lui, n'arrive pas à se retenir de faire un dernier commentaire.

— De toute manière, tous les serpents sont maléfiques, vaut mieux que Ginny évite de traîner avec eux.

Drago, qui a suivit toute la discussion, sourit d'un air mauvais et s'avance d'un air digne.

— Je crois que ce que tu voulais dire, c'est "mieux vaut être seul que mal accompagné". Je comprends mieux pourquoi elle ne s'est pas assise avec vous pendant le trajet.

Les mines offusquées de Thomas et Weasley font rire Harry, Drago et Millicent, qui passent devant eux afin de rejoindre le professeur qui avance à un rythme plus que correct. Malheureusement pour Harry et ses amis, il part sur la droite tandis que les étudiants doivent continuer à gravir les marches jusqu'à arriver devant la grande salle. Ils traversent les gigantesques portes en chêne puis gravissent les marches en marbre éclairées par des torches.

Alors qu'il entre dans la grande salle, Harry remarque que Hermione part sur la droite, accompagné de sa directrice de maison. il fronce les sourcils, ne sachant pas s'il doit se montrer inquiet ou simplement curieux. Il finit par suivre ses deux amis et va s'asseoir à la table des Serpentards ou son déjà assis la plupart de leur promotion.

La cérémonie de répartition se passe bien. Harry profite de chaque instant, se rappelant de ce que le choixpeau lui avait dit. Il avait tout pour les quatre maisons. Mais au vu de ses ambitions, Serpentard correspondait le plus à ses attentes. Bien qu'il ne se soit pas fait beaucoup d'amis, au moins, se sont des vrais. Pendant deux ans, il a réussi à ne laisser sa voix n'être que par des occasions extrême, entendue par des adultes. Mais maintenant que des options complémentaires sont ajoutées à son planning, il doute pouvoir continuer sur cette lancée. Pour cette raison, il décide de tenir le plus longtemps possible, mais de ne pas se retenir s'il en ressent le besoin. Là, les adultes doivent désormais connaître son opinion afin de le prendre en compte, il est assez âgé. La seule personne envers qui son ressentiment est encore profond est Albus Dumbledore.

Une fois la répartition terminée, le directeur s'avance pour dire quelques mots aux étudiants rassemblés tous ensemble dans la grande salle. Bien qu'il inspire une grande confiance, Harry refuse de lui donner la sienne. Il a fait trop d'erreurs pour juste accepter de faire confiance à cet homme à la barbe grisonnante.

Bienvenue à vous tous, dit Dumbledore, la barbe scintillante à la lueur des chandelles. Bienvenue pour une nouvelle année à Poudlard ! J'ai quelques petites choses à vous dire et comme l'une d'elles est très sérieuse, autant s'en débarrasser tout de suite avant que la bonne nourriture ne vous plonge dans une euphorie peu propice à la gravité...

Dumbledore s'éclaircit la gorge et poursuit:

Comme vous avez pu vous en apercevoir en les voyant fouiller le Poudlard Express, l'école a dû accueillir quelques Détraqueurs d'Azkaban qui nous ont été envoyés par le ministère de la Magie.

Harry se penche vers Drago et lui murmure que Dumbledore ne semble pas ravi de cette initiative. Le blond tape le poing que Harry lui tend en ricanant.

Ils sont postés à chaque entrée du domaine, continua Dumbledore, et tant qu'ils resteront là, tout le monde doit être bien conscient qu'il sera rigoureusement interdit de quitter l'école sans permission préalable. Les Détraqueurs ne se laissent pas abuser par des déguisements ou des ruses quelconque, pas même par les capes d'invisibilité, ajoute-t-il d'un ton amusé.

Harry lève les yeux au ciel. Drago pouffe de rire, tout comme Millicent.

— Comme si tu allais t'amuser à frôler la mort, soupira innocemment Drago en levant les yeux au ciel.

— La mort ? Les détraqueurs peuvent vraiment tuer, demande Harry en chuchotant.

— Si, ils aspirent ton âme, explique Millicent, c'est pour ça que Ginny ne te lâchait pas dans le train, elle ne voulait pas que tu meurs.

Harry sent une goutte de sueur froide glisser le long de son dos. Il frissonne en se rendant compte qu'il aurait pu mourir si Lupin n'était pas intervenu. Il faudrait qu'il pense à remercier Ginny, qui ne souhaitait que le sauver.

La nature des Détraqueurs ne les porte pas à prendre en considération les excuses ou les sollicitations. Je conseille donc à chacune et à chacun d'entre vous de ne jamais leur donner l'occasion de vous faire du mal. Je m'adresse tout particulièrement aux préfets, ainsi qu'à notre nouveau préfet en-chef et à son homologue féminin, pour qu'ils veillent à ce qu'aucun élève ne prenne l'initiative de contrarier les Détraqueurs.

Des éclats de voix se font entendre du côté des Gryffondor et Harry remarque que c'est l'un des frères de Ginny qui a écopé de l'insigne de préfet-en-chef. Il sourit en espérant que cela rassurerait la jeune fille. Cela lui permettrait peut-être de se confier sur les éléments qui s'étaient produits durant l'année précédente.

Pour continuer sur une note plus joyeuse, reprit-il, je suis heureux d'accueillir parmi nous deux nouveaux enseignants. Tout d'abord, le professeur Lupin qui a bien voulu se charger des cours de Défense contre les forces du Mal.

Harry, Millicent et Drago applaudissent de façon respectueuse avec les quelques autres élèves qui se trouvaient dans le wagon avec eux. Les autres élèves se contentent de dévisager le nouveau. Certains grimacent devant Lupin, qui a l'air miteux à côté des autres enseignants dans leurs belles robes de sorciers.

Regarde Rogue ! souffla Millicent à l'oreille de Harry.

Le regard acéré qu'adresse le professeur de potion au nouveau ne semble guère sympathique, ce qui amuse et contrarie à la fois Harry. Il ne sait pas encore s'il apprécie le professeur Lupin. En revanche, il sait qu'il aurait besoin de lui pour répondre à ses questions et pour apprendre à se défendre contre des détraqueurs. En plus de la colère habituelle dans les yeux de Severus Rogue, il y lit également du dégoût, ce qui l'interroge beaucoup.

Quant à la seconde nomination, reprit Dumbledore lorsque les applaudissements se furent évanouis, je dois tout d'abord vous informer que le professeur Brûlopot, qui enseignait les Soins aux créatures magiques, a pris sa retraite afin de pouvoir s'occuper plus longuement des derniers membres qui lui restaient. Je suis cependant ravi de vous annoncer que cette discipline sera désormais enseignée par Rubeus Hagrid qui a accepté d'ajouter cette nouvelle responsabilité à ses fonctions de garde-chasse.

Harry et Drago partagent un regard horrifié tandis que Millicent n'est pas certain de la prochaine réaction à avoir. Les deux garçons sont certains qu'ils vont devoir se confronter à de véritables animaux et ils imaginent d'avances les blessures qu'ils pourraient se faire. D'un autre côté, Millicent est partagée. Elle sait d'office que le garde-chasse serait un excellent professeur, en revanche il est parfois difficile pour lui quelles situations sont dangereuses ou non, ce qui pourrait être un problème pour la sécurité des étudiants.

— On a tout les trois pris soin aux créatures magiques comme option, c'est ça, redemande Harry assez lentement.

— Oui, lui répondirent sur le même ton ses deux amis.

Tous trois ont encore le regard rivé sur Hagrid en disant ces mots. Harry et Drago se tournent l'un vers l'autre simultanément, assez lentement et s'aperçoivent de leur état. Millicent est proche de l'hilarité tandis que Harry retient du mieux qu'il peut un fou rire. La mine effarée de Drago finit de les achever. Deux éclats de rire retentissent dans la grande salle tandis que les autres applaudissent chaleureusement le nouveau professeur.

— Les livres, s'écrie Drago, de plus en plus blême.

— Il n'y a que lui pour demander un livre monstrueux, s'exclame Millicent, provoquant un nouveau fou rire.

Je crois vous avoir dit l'essentiel, conclut Dumbledore. Que le festin commence !

Harry et Millicent calment doucement leur fou rire en se rendant compte que des élèves d'autres tables commencent à se tourner vers eux. Dès que la nourriture apparaît devant eux, les trois amis sautent dessus. La nourriture de Poudlard est toujours délicieuse, il est impossible de ne pas absolument tout aimer. En dessert, Harry engloutit avec appétit une grosse part de tarte à la mélasse, sa préférée, tandis que Millicent l'observe avec joie.

— Tu sembles tellement en meilleure forme que les deux premières années, s'exclame Millicent lorsque les trois amis se dirigent ensemble vers leur dortoire.

— J'ai pu manger correctement cet été, blague Harry pour éviter de rester sur ce sujet.

Les trois amis restent très longtemps dans la salle commune ce soir-là, rattrapant le temps perdu. Drago en profite pour excuser son absence le jour des achats des fournitures.

—- Mon père a tenu à ce que je reste à la maison, apparemment un invité devait venir, mais personne ne s'est présenté. Père était très en colère, je ne l'avais jamais vu dans cet état.

Harry, encore interrogé par la question de la pureté du sang, finit par questionner Drago. Celui-ci commence alors à lui expliquer ce que ses parents ont pris la peine de lui apprendre. Mais plus il en entend, plus Harry pense que tout cela ne rime absolument à rien. Cela n'a été inventé que parce que certaines familles voulaient avoir plus de pouvoir que d'autres, d'après lui. Millicent écoute la discussion, inquiète en entendant les tons de ses amis monter peu à peu. Harry est assis sur son lit dans son dortoir, tandis que Drago que se tient juste au bout de celui-ci, visiblement à bout de nerf.

– Écoute, Potter, lança Drago d'un ton froid et tranchant tout en croisant les bras, Les familles de sang-pur protègent notre monde magique. Tu ne peux pas comprendre, parce que tu n'as pas grandi là-dedans.

Harry serre les poings, son regard brille de colère.

— Tu crois que je ne comprends pas ? Ce que je comprends, c'est que cette idée de 'pureté' est débile. La magie n'a rien à voir avec la famille dans laquelle tu es né. Regarde Hermione ! Elle est née-Moldue et elle est plus brillante que la plupart des gens ici.

Millicent se tourna vers Drago avec un petit sourire apaisant. C'est sur lui qu'elle espère avoir le plus d'influence. Elle connaît mieux sa situation familiale, et à l'espoir qu'il l'écoute.

— Drago… Peut-être qu'on pourrait…

Mais Drago l'ignore. Son regard désormais glacial fixe son meilleur ami.

— Granger est une exception, Harry, rien de plus. La plupart des nés-Moldus ne connaissent même pas notre monde avant de recevoir leur lettre. Tu penses vraiment qu'ils peuvent comprendre ce qu'on vit ?

Millicent leva une main, cherchant à couper court à la dispute.

— Les gars, attendez, ce n'est pas une raison pour s'énerver comme ça. On peut en parler plus calmement, non ?

Mais ni l'un ni l'autre ne semblent prêts à écouter. Harry lui jeta un regard rapide avant de reporter son attention sur Drago. Pour l'instant, ce qu'elle pense n'a pas d'importance.

— Ce n'est pas une question de 'comprendre' notre monde, Drago. C'est une question de respect ! Les nés-Moldus n'ont pas à être traités comme s'ils étaient inférieurs simplement parce qu'ils ne sont pas issus d'une 'grande lignée'. Ça n'a aucun sens !

Drago haussa les épaules, un sourire suffisant aux lèvres. Il relève légèrement la tête et regarde son ami de haut, toujours autant outré que Harry ose remettre en question la totalité de son éducation.

— Peut-être que pour toi, ça n'a pas de sens. Mais c'est notre histoire, nos traditions. Ce n'est pas parce que ça ne te plaît pas que ça doit disparaître.

Harry éclate de rire, mais il n'y a rien d'amusé dans son expression. Au contraire, lorsqu'il s'arrêtre de rire, il lance un regard dédaigneux au blond.

— Oh, c'est tellement absurde ! Tu parles de traditions ? Ces traditions justifient les guerres, les souffrances et la haine entre les sorciers. C'est exactement ce qui a tué mes parents !

Millicent, de plus en plus mal à l'aise, pose une main sur l'épaule de Drago. A son contacte, Drago se ferme, contractant ses muscles tant la colère est présente dans son corps. Millicent prend peur, comprenant que cette dispute pourrait déclencher un point de non retour.

— Drago, ça ne sert à rien d'envenimer les choses. Peut-être que… peut-être qu'Harry a raison sur certains points, non ?

Drago haussa les épaules et repoussa sans délicatesse sa main. Il refuse de se laisser convaincre si facilement.

— Millicent, tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas si simple. Ces principes ont toujours fait partie de notre culture. Ça ne peut pas être juste… effacé parce que Potter le dit.

Harry croisa les bras, se penchant en avant, un éclat dur dans le regard.

— Ton 'histoire' n'a pas empêché Voldemort de massacrer des innocents et de s'attaquer aux nés-Moldus. C'est exactement ce genre de mentalité pourrie qui a mené aux pires crimes dans notre monde ! Et tu cautionnes ça ?

Drago ouvrit la bouche pour répliquer, mais cette fois, Millicent éleva la voix, visiblement frustrée. La discussion tourne en rond, et elle n'en peut clairement plus.

— Assez ! Arrêtez de vous crier dessus ! Elle se tourna vers Harry, puis vers Drago, essayant de capter leur attention. Peut-être qu'on pourrait… essayer d'écouter sans juger tout de suite, non ?

Mais Drago secoue la tête, Il refuse de céder tant que Harry n'arrête pas d'insulter tout ce en quoi il croit.

— Millicent, tu ne comprends pas. C'est… c'est notre identité, notre héritage. On ne peut pas juste tout effacer pour plaire à Potter.

Harry prend une grande inspiration et lutte pour se contenir. Il n'apprécie pas du tout cette discussion. Il sait qu'il est dur, voire méchant avec son ami, mais une mentalité pareil ne peut pas être possible si justement, il est son ami.

— Ce que je te demande, Drago, c'est d'ouvrir les yeux. Tout n'est pas noir et blanc. On ne choisit pas où on naît, mais on choisit ce qu'on fait de nos vies et comment on traite les autres.

Millicent, voit la tension grimper en flèche tandis que Drago devient de plus en plus rouge, insulté. Elle se place entre les deux, les bras écartés et les regarde l'un après l'autre avec le regard le plus autoritaire qu'elle peut.

— Vous vous comportez comme deux trolls ! Arrêtez d'essayer de vous convaincre l'un l'autre en criant. On est amis, non ?

Un silence lourd s'installa. Drago et Harry se regardèrent un long moment. Ils luttent intérieurement tous deux avec leurs croyances et la frustration de ne pas se faire entendre. Finalement, Drago détourne le regard, marmonnant dans un souffle, presque pour lui-même :

— Peut-être que tu as raison, Potter. Mais ça ne change pas ce que je crois… enfin, ce que j'ai toujours cru.

Harry, en apercevant cet infime recul, prend une inspiration et hoche la tête.

— Je te demande juste de réfléchir, Drago. Rien de plus.

Bien qu'il ai lancé la discussion, Harry ne s'attendait pas à ce que son ami ait des idées encore si arrêtées sur le statut de sang des sorciers et sorcières. Malgré le fait qu'il côtoie Millicent et Hermione, il se permet encore d'affirmer que les sang-purs sont supérieurs aux autres. En se couchant, Harry se demande s'il peut rester ami avec quelqu'un qui le prend de haut et le prend pour une race inférieure. Il se rend compte de ses pensées et se force à penser à autre chose. Drago, malgré son éducation, l'a toujours soutenu et aidé dans tout ce qu'il a entrepris.. Il est un bon ami et une bonne personne.

La dernière pensée du survivant avant de s'endormir est de se dire qu'il pourrait potentiellement perdre un ami… Mais également en gagner un nouveau, en s'alliant à Remus Lupin. Il se dit que l'idée devrait le réjouir, et pourtant ce n'est pas le cas. L'idée de que Drago et lui s'éloigne le répugne au plus haut point, si bien qu'il décide de terminer sa discussion avec Drago le lendemain.