Chapitre 2 : Prisonnière

[POV Ariel]

Je rassemble au mieux, mes mots et esprits. J'essaye de raconter ce qui m'est probablement arrivée avec cette « réincarnation ». Je vois Barbe Blanche être étonné, sceptique même.

Et je commets l'erreur de l'avertir que Teach allait tuer Thatch pour s'emparer de son fruit du démon qu'il avait trouvé. Je n'aurai pas dû, mais Thatch ne méritait pas un tel sort, en plus il avait été si gentil avec moi, que je ne pouvais pas rester silencieuse sur son funeste destin.

Je comprends que trop tard que j'aurai dû me taire ou tout du moins attendre avant de déballer tout ça, car Barbe Blanche me pointe sa lame sous mon menton :

- Ton histoire est rocambolesque et difficile à croire…. Qui t'a envoyé ? La Marine ? Un Empereur ?

- Je…

- Je n'admettrai pas qu'on tente de semer le trouble et la zizanie dans ma famille.

C'est ce qu'il pense ?

- Ce… ce n'est pas mon intention. J'espère me tromper sur ce drame et qu'il n'arrivera jamais…

- Silence ! Je connais Teach depuis des années, jamais il ne pourrait commettre pareille horreur ! Réponds qui t'envoie ?

- Personne, je vous le promets.

Il se lève d'un pas menaçant, je me lève et recule en le voyant se diriger vers moi, je me mets à courir :

- Je vous en prie ! Criai-je apeuré.

Il m'attrape avec une facilité déconcertante et me met sur son épaule, m'enserrant dans son bras pour m'empêcher de m'enfuir :

- Qu'est-ce que vous allez me faire ? Demandai-je terrifiée.

Il ne me répond pas, je me débats, j'essaye de me libérer, mes cris alertent le navire et tout le monde débarque et nous dévisage. Tous demandent à Barbe Blanche ce qui se passe, mais il ne dit rien. Il donne juste l'ordre de ne pas le suivre.

Et moi je vois les portes défilées, où il m'emmène ?

- Vous commettez une méprise, fis-je en criant quand il me dépose sans douceur au sol.

D'un rapide coup d'œil je vois que ça ressemble à une prison.

- Si tu veux sortir dis-moi qui t'envoie.

Il m'enferme à double tour, je me jette sur les barreaux de ma porte de cellule :

- Je vous promets que je dis la vérité ! Jurai-je. Je sais que ça n'a pas de sens !

Je le vois s'éloigner, alors que moi je panique en larmes :

- Vous… vous n'allez pas me torturer ? Demandai-je la voix brisée.

Il s'arrête et se retourne légèrement :

- Cesses de geindre, je ne suis pas du genre à torturer mes prisonniers, alors une prisonnière…. J'espère ne pas avoir à torturer une femme….

Il part en fermant à clé la pièce où je me trouve, me laissant seule, ses paroles… je ne sais pas si ça doit me rassurer ou me faire peur.

Est-ce qu'il pourrait en arriver à me torturer s'il ne me croit pas ?

Je me sens glissée le long des barreaux.

Qu'ai-je fait ?

Je m'effondre en pleurs, je regarde autour de moi, c'est sinistre, sombre, il n'y a qu'un hublot pour seul éclairage.

C'est une assez grande pièce, mais je suis enfermée dans le coin de celle-ci, je suis entourée de deux murs et les deux autres sont des barreaux de ma geôle, qui donnent vue sur le reste de la pièce.

J'ai un banc en bois qui fait office de lit et j'ai un petit paravent qui sépare ma cellule et les WC, avec un tout petit robinet d'eau à côté j'ai un savon, et c'est tout.

Je sanglote à chaudes larmes en haletant, j'ai l'impression de revenir des années en arrière :

- Il… il faut que je me calme….

Je tente de reprendre le contrôle de ma respiration, je ne dois pas laisser ma panique prendre le dessus…. Après de longues minutes je parvins enfin à me calmer et je commence à remettre de l'ordre dans mes idées.

[POV Barbe Blanche]

Hum je n'arrive pas à croire ce tissu d'âneries, même si elle m'a semblait sincère…

Elle a un bon jeu d'actrice cependant, elle doit être désespérée pour agir ainsi.

Je pense qu'on la fait chanter pour qu'elle fasse la sale besogne. Si elle accepte de parler je peux envisager de l'aider à se libérer de ceux qui l'oppressent. Ainsi que ceux qu'elle chérit, si ce sont eux qui sont menacés directement.

- Père que se passe-t-il ? Pourquoi l'avez-vous enfermé ? Demanda Thatch.

- J'ai mes raisons et pour l'heure je n'ai rien à te dire, ni à toi, ni au reste du navire, rétorquai-je.

Je vois que mon fils n'approuve pas, sa mine est sombre.

- Interdiction de lui parler et d'aller la voir, de toute façon je l'ai enfermé à double tour. J'espère que j'ai été clair.

Je vois que Thatch à la mâchoire serrée, il est contrarié :

- Très clair. Je ferai passer le message, dit-il.

Cela lui avait demandé beaucoup d'efforts de formuler ces mots.

Il partit d'un pas vif.

Bon il va falloir que je découvre qui elle est réellement, je me demande même si Ariel est sa vraie identité. Ce qui n'est pas impossible vue la couche de mensonges qu'elle m'a servie.

[POV Ariel]

Plusieurs heures passent, la lumière du jour s'amoindrit, je n'y vois presque plus.

Je gratte le bois du banc doucement, je suis vidée de force, d'énergie et même de solution pour tenter de me sortir d'ici.

J'entends soudain un tour de clé, je me redresse et me tourne vers la porte.

Newgate entre un plateau repas à la main qu'il pose dans un coin, sur une table qui se trouve en dehors de ma cellule.

Il allume trois torches, ce qui éclaire un tant soit peu la pièce où je me trouve.

Et je vois Barbe Blanche s'asseoir sur une chaise :

- Alors es-tu décidée à me dire qui t'envoie ?

- Personne, répondis-je.

Pendant une heure je lui répète la même chose et il insiste, me disant qu'il ne me fera aucun mal si j'avoue tout et qu'il est prêt à m'aider :

- Je ne suis au service de personne et je suis encore moins menacée ! Criai-je à cran.

Il me fixe sans dire un mot et se dirige vers la table et je le vois défaire une partie du plateau repas qu'il avait ramené. Je le regarde faire… je crois comprendre, il veut m'affamer !

Il doit estimer que je ne mérite pas un repas complet, donc il me laisse que le strict minimum.

Il me fait passer le plateau par une encoche en bas des barreaux :

- Je te souhaite une bonne nuit et j'espère que demain matin tu seras plus coopérative.

Je n'ai plus la force de protester quand il s'en va, je suis épuisée.

Je regarde ce qu'il m'a laissé, un bon litre d'eau et un petit pain, je n'irai pas loin.

Surtout que je n'ai pas mangé depuis que je me suis réveillée.

Je prends le plateau et m'installer sur mon lit de fortune et je mange, il est moelleux, je m'attendais à un pain sec. Je le mange en silence ça calme un peu ma faim.

Je bois de l'eau, ça fait du volume et mon ventre cesse de me tourmenter avec ses bruits affreux.

Bon sang ! Se réincarner pour subir ça de nouveau, j'aurais préféré rester morte !

Ces années difficiles que j'avais passé dans chez cette famille d'accueil peu scrupuleuse, qui me faisait comprendre que je n'étais qu'une tare… un déchet, l'enfant du pêché…

Ça encore… j'avais pu l'encaisser… mais… mais j'avais été affamée, torturée et esclavagée !

Ces horribles années, je les pensais derrière-moi… et là… être emprisonnée ici avec des restrictions alimentaires… non ! J'ai l'impression que cet horrible cauchemar reprend !

Instinctivement je m'allonge sur ma banquette et me recroqueville, les larmes me montent aux yeux. Il… non… je ne dois pas laisser mes angoisses me dominer.

Sinon Barbe Blanche risque d'utiliser cela contre moi et d'accentuer son mauvais traitement. Je ne dois pas laisser transparaitre que j'ai vécu ça, je ne pourrais pas supporter de revivre cet enfer une nouvelle fois.

Je me concentre sur ma respiration et commence des exercices dessus pour me calmer. Maintenant que j'avais un objectif je me concentrais dessus.

Le temps passe… et je suis plus sereine, pour le moment.

J'inspecte ma cellule mais à l'évidence il n'y a pas ce que je cherche.

Cet endroit n'est pas chauffé, j'ai froid et je n'ai rien pour me couvrir et me réchauffer.

Je me pose sur mon banc résignée… il ne va pas y avoir qu'une restriction alimentaire…

Je soupire désespérée en versant une larme…. Il faut que je me fasse à l'idée maintenant que je ne vais pas qu'être affamée et enfermée. C'est difficile de me préparer mentalement à tout ça, après tant d'années….

Je m'allonge en me recroquevillant pour tenter de me réchauffer ainsi.

J'essaye tant bien que mal de m'endormir, mais c'est difficile sans matelas et couverture.

Je m'endors avec peine, en pleurant silencieusement de revivre ce calvaire passé. J'espérai secrètement qu'il prendrait fin rapidement.

Quand je me réveille je suis courbaturée de partout.

Je me lève péniblement et m'étire avant d'aller aux toilettes, je me lave les mains avec le savon non sans serrer les dents, l'eau du robinet est glaciale, ça me brûle limite la peau.

Toutes les conditions sont réunies pour me rendre la vie la plus difficile possible.

Soudain je me tends, des pas ! Ça se rapproche, Barbe Blanche arrive.

Il apparait, avec un plateau chargé, je sens qu'il va refaire le même coup. C'est tellement cruel toute cette nourriture quand on a faim et de savoir qu'on n'aurait droit qu'à une infime partie, parce que monsieur ne me croit pas.

- Alors ? Plus bavarde ?

Je suis tentée de mentir, mais quoi dire ? Quoi inventer ? Non je ne peux pas mentir.

- Je vous ai déjà tout dit. Il vous est vraiment impossible d'envisager ne serait-ce qu'un instant que je suis sincère ? Demandai-je doucement.

Il me fixe sans rien dire, il semble me sonder.

- Je dois reconnaître que tu me parais sincère… cependant, j'ai confiance en mes fils, je les connais contrairement à toi….

Il ne me croit pas, il ne doute d'aucun de ses fils, mais… c'est tellement logique en même temps.

- Alors vous pouvez partir avec votre plateau, soufflai-je.

Je me retourne pour lui faire dos et m'assoit sur mon couchage.

La faim me tiraille vraiment, mais je me refuse de mentir, si je fais ça, ça serait lui donner raison, qui sait ce qu'il me réserve. Et puis je crains trop les conséquences, n'ai-je pas commis cette erreur en voulant le prévenir que Teach allait tuer Thatch ?

- C'est moi qui impose les règles ici !

Cette phrase me sort de mes réflexions, la voix de Barbe Blanche est froide, il n'a pas apprécié mes derniers propos où je l'invite à partir, pourtant je n'étais pas provocante, juste fatiguée et dépitée. Cependant il a dû le vivre comme un affront.

Je décide de ne pas répondre, ni même de le regarder, que pourrais-je dire ?

Et puis je ne veux pas croiser son regard, ni celui de cette nourriture, mon ventre se tord de faim et fait du bruit.

Non, je refuse de céder ! Vous ignorez ce que j'ai enduré Barbe Blanche, vous ne me ferez pas craquer comme ça. Surtout que je n'ai rien commis de mal ! Si je craque ça revient à avouer que je suis coupable de quelque chose. Alors non je ne dois pas craquer, je ne suis coupable de rien.

Je l'entends soupirer :

- Pourquoi ne me dis-tu pas qui t'envoie, je te promets protection en plus de lever cette punition.

- Je n'ai personne à protéger.

Je m'élance telle une furie sur les barreaux qui me séparent de Barbe Blanche qui arque un sourcil de me voir réagir ainsi :

- J'hésite grandement à vous mentir pour sortir d'ici, c'est vrai, mais je m'y refuse, la vérité est une chose trop importante à mes yeux ! Je vous ai tout dit ! Je n'ai rien à rajouter de plus ! Je n'ai pas à avouer des crimes que je n'ai pas commis pour votre bon plaisir !

Un silence résonne alors, je le fixe et il soutient mon regard, je sens sa colère monter. J'ai perdu mon sang froid et j'en viens à le regretter.

Soudain je sens le sol sous mes pieds légèrement trembler, bon sang !

Les tremblements s'intensifièrent, je chancelle :

- Vous êtes fou ! Vous voulez couler votre navire et vos fils avec ? Hurlai-je horrifiée.

Je m'agrippe aux barreaux, je perds l'équilibre et je me retrouve à même le sol, c'est affreux :

- Tu es ma prisonnière ! C'est la dernière fois que tu as intérêt à me parler ainsi !

Je sens une bourrasque si violente que je lâche les barreaux, je pousse un cri en percutant mon couchage au passage.

Les secousses cessent enfin.

- Aïe…, gémis-je en me tenant l'épaule droite en essayant de me relever.

Je le vois partir sans un regard et claquer la porte derrière lui non sans m'enfermer à double tour.

Je pleure de douleur, de peur et de désespoir mêlé.

Je vois que le plateau repas s'est rependu sur le sol, mon ventre se tord un peu plus :

- La ferme !

Je vois le pain à terre, je me lève en tenant mon épaule droite, j'arrive à le chopper, le reste c'était visiblement de la soupe, quel gâchis.

Comme… comme je me déteste ! Je me sens faible et misérable à ne penser qu'à manger. Mais le souvenir de la faim qui vous dévore, vous consume… l'état de faiblesse et de fatigue extrême où on se trouve…

Pitié je ne veux pas revivre ça…

Je sanglote à chaudes larmes, j'essuie mes yeux et tente de me calmer, je dois rester calme et ne pas paniquer. Je dois m'accrocher à cette pensée.

J'essaye de me dire que pour l'instant il ne me torture pas, ni ne me transforme en une esclave. Mais le fait qu'il n'en ait rien à faire de ma blessure m'inquiète et me laisse présager des moments compliqués.

Je secoue la tête, je dois garder mon calme, déjà… il faut que je reprenne des forces…

Je regarde mon pain et je souffle dessus, afin de retirer la poussière qu'il pourrait trainer et je mange rapidement, j'aurai préféré ne pas avoir à manger quelque chose qui est tombé au sol… mais je ne suis plus à ça près et puis… j'ai connu pire… je m'estime chanceuse d'avoir quelque chose qui n'a pas tourné ou moisi…

A cette simple pensée des flashs me reviennent, je secoue la tête pour chasser ces souvenirs de mon esprit, pour m'aider je me concentre sur le goût du pain et le fait que mon ventre se calme.

Pour le moment je n'aurais pas à subir le tiraillement de la faim… c'est déjà ça.

Et puis au moins j'ai la chance d'avoir accès à l'eau si j'ai soif. J'essaye de trouver un peu de réconfort dans ces affreuses conditions de détention.

Je me lève en grimaçant, mon bras me lance…. Je m'avance vers le robinet et je bois directement l'eau à la sortie, elle est gelée c'est affreux et il n'y a pas qu'elle.

Je suis frigorifiée, j'essaye de me réchauffer, mais c'est impossible, je n'ai ni eau chaude, ni repas tout court et encore moins chaud, ni couverture ou vêtement supplémentaire.

Et en plus l'endroit est légèrement humide.

Je regarde autour de moi, comme si j'avais le vain espoir de trouver, je ne sais pas une petite boite avec un drap dedans que je n'aurais pas vue ? Mais rien, c'était peine perdue.

Dommage j'aurais donné cher pour avoir quelque chose, ne serait-ce qu'un bout de tissus pour caler mon bras droit, ça me lance, j'espère ne m'être rien cassé.

J'essaye de me masser mais rien n'y fait, la douleur est trop vive, je crains mettre blessée en tombant…. Je vais éviter de toucher mon bras pour le moment, peut-être qu'avec un peu de chance ce n'est qu'une question de temps et que la douleur va disparaitre.

[POV Barbe Blanche]

Bon sang ! Je tourne en rond dans ma chambre, elle me parait vraiment sincère….

Elle ne change pas d'un iota sa version de l'histoire.

Et puis ce qui m'interloque c'est qu'elle a craint pour mes fils quand j'ai utilisé mes pouvoirs dans la pièce où nous nous trouvions, elle pense aux autres, avant sa sécurité, avant elle…

Non, elle veut juste m'attendrir et que je baisse ma garde.

J'ai confiance en Teach, je le connais depuis des décennies.

Mais cette petite me sème le doute, elle me parait si sincère.

Et dans le même temps je suis très méfiant, je pense que le but c'est de semer la zizanie, vicieuse, mais classique comme stratégie.

Non je ne peux décemment pas me laisser berner de la sorte, pourquoi devrai-je accorder plus de crédit à une parfaite étrangère qu'à mon fils ?

Il faut qu'elle crache le morceau, je n'aime pas l'idée de la libérer et qu'elle fasse son rapport aux commanditaires de cette mascarade, mais je n'aime pas non plus l'idée de la laisser sur le navire.

Et puis même si pour l'heure, ce n'est pas un problème, ce n'est qu'une question de temps avant qu'un de mes fils ait la très mauvaise idée de passer outre, mon interdiction d'aller lui parler.

Je dois la faire craquer au plus vite, la sécurité de mes fils est en jeu, et accessoirement la mienne comme j'ignore dans quelle mesure nous sommes en danger.

Mais… ça me déplait de la torturer ainsi…

Je n'ai malheureusement pas le choix…


Oui... oui ça change de ce que je fais d'habitude... Barbe Blanche est pas très... sympathique... mais ça reste un Empereur, un pirate ^^"

Si cela vous plait laissez vos commentaires ^^

Hâte de vous lire et à la semaine prochaine pour la suite.