Ce chapitre est beaucoup plus soft que le précédent.
Pour moi il est tout public.
Chapitre 16 : Reconstruction
[PDV Ariel]
Hum… où suis-je ?
Je vois une dame, Lucien et Gino, immédiatement je me rappelle et je me redresse vivement :
- Vous… vous leur avez….
- Je n'ai rien dit sur les détails que tu m'as donnés. Je les ai appelés en renfort en leur disant que tu t'étais confiée et que t'étais évanouis, rien de plus, me rassura Gino. Je ne me permettrai pas de révéler ton passé à quiconque sans ton accord.
Je m'apaise et j'essaye de rassembler mes esprits :
- N'ayez crainte mon enfant personne ne vous jugera ou vous fera de mal, fit la voix douce de la dame. Comment vous sentez-vous ?
- Pas très bien….
- C'est normal, mais ça ira mieux avec le temps, poursuivit mon interlocutrice.
- Rosa a raison, c'est déjà très bien que tu ais un peu parlé, fit Lucien.
- C'était très courageux, tu peux être fière de toi, continue Gino.
- Je me sens plus misérable que fièrement…, arrivei-je à dire d'une voix faible.
Rosa m'enlace dans ses soutiens-gorge :
- Ne vous sentez pas misérable, c'est laisser ceux qui vous ont blessés gagner sur vous. Vous avez fait le plus dur en parlant à Gino, maintenant tout sera beaucoup plus simple, même si à vos yeux c'est tout le contraire. Croyez-moi, le plus dur c'est de parler.
Je me remets à pleurer, leurs mots étaient si gentils, si empreint d'espoir et de réconfort. C'est tremblante que je répondis à l'étreinte de Rosa et que je me laissai bercer.
- Tu passes quand tu veux en boutique même si tu ne veux rien acheté, tu es la bienvenue, viens pour t'aérer l'esprit ou parler. Tu trouveras ici que des oreilles attentives, sens-toi libre ici, libre de toutes tes chaînes, me murmura Rosa. Nous voyons tous que malgré ton visage souriant que tu as beaucoup souffert que tu en souffres encore.
- Merci….
Je me sentais vidée et j'avais aussi terriblement mal aux yeux d'avoir tant pleuré :
- Que veux-tu faire mon enfant ? Je demande doucement Rosa.
- Je ne sais pas trop…
- J'ai peut-être une idée, tu m'as dit que tu voulais en apprendre plus sur Piacere, pourquoi ne pas lire le livre que tu as emprunté, ça semblait te tenir à cœur, fit Lucien.
- Oui… je compte le poursuivre ce soir…
- Tu devrais prendre ton après-midi, être au calme et faire une activité qui te détendra, reprend Gino.
- Non, je dois vous aider, je vous l'ai promis.
- J'ai compris que ça te tenait à cœur, alors tu sais quoi, je ne vais pas poursuivre l'inventaire que tu as commencé à mener, mes pierres t'attendront demain ou même plus tard. Je te promets que tu pourras les admirateur à loisir et finir ton travail qui est jusqu'ici excellent.
- Vraiment ? Vous… vous… ça ne vous embête pas ? Demandai-je hésiter.
- Du tout mon enfant, ton bien-être est bien plus important à nos yeux. Le bien-être de chacun d'entre nous est la priorité des autres c'est comme ça que nous fonctionnons, répondit Gino.
Ils sont si chaleureux, malgré tout je me sens hésitant à accepter de prendre mon après-midi.
Je regarde mes trois interlocuteurs, leur bonté, leur gentillesse qui transparaient dans leurs regards m'incitaient petit à petit à accepter leur proposition.
- D'accord… je reviendrai demain vous aider.
- Prends ton temps Ariel, vient même un peu plus tard si tu veux vraiment venir, tu as besoin d'une bonne nuit de sommeil, d'accord ?
- D'accord, finis-je par accepter.
Je me relevai doucement, sur m'aida et sur moi raccompagna, je réalisai que les appartements de Gino étaient au-dessus de sa boutique.
- Puis-je te accompagner ? Demande Lucien. Je serais plus tranquille et je pense que je ne serai pas le seul.
- Si vous voulez… mais je pense ne pas être très loquace, répondis-je.
- Tu n'as aucune obligation, je veux avant tout m'assurer que tu rentres dans de bonnes conditions.
J'imagine qu'après avoir fait un malaise, ils préfèrent vérifier que je ne récidive pas.
Je finis par accepter que Lucien me raccompagne :
- Merci pour vos gentilles paroles. A demain Gino.
- A demain ma petite Ariel.
Je salue Gino et Rosa de la main en m'éloignant, suivi de près par Lucien.
Le trajet se passe en silence, mais ce silence n'est pas non plus oppressant ou gênant. Lucien, comme n'importe quel habitant de l'île que j'ai pu croiser, ne souhaite pas me mettre mal à l'aise, donc il ne me pose aucune question et je l'en remerciai en silence.
Au bout de quelques minutes nous étions au pied de mon balcon :
- Merci de m'avoir raccompagné.
- Je t'en prie. Tu sens mieux ?
- Un peu…, je commence à réaliser… je crois que ça m'a fait du bien.
- Sans nul doute, je vais te laisser, repose-toi bien et si tu souhaites d'autres ouvrages ma porte t'est ouverte.
- Merci, je n'y manquerais pas, bon après-midi.
- Bon après-midi.
Je remontai avant d'entrer enfin dans ma chambre et de fermer derrière-moi.
Je m'avance vers mon lit et je m'assois avant de finalement décider de m'allonger. Je me sens vidée, sans énergie et je m'endors sans trop m'en rendre compte.
Quand j'émerge le soleil est en train de se coucher, ma chambre s'est parée de ton orangé.
Mince j'étais vraiment KO pour dormir plusieurs heures.
Je me lève et je me dirige vers la salle à manger, j'entends un brouhaha, je dois être la dernière ou l'une des dernières. J'ouvre la porte et j'entre :
- Oh Ariel tu t'es réveillée, me lance Mana.
- Tu étais passé dans ma chambre ? Exigez-je.
- Oui, on ne t'a pas vu rentrer, il se faisait tard, donc je suis allée voir dans ta chambre à tout hasard et j'ai vu que tu dormais. Je n'ai pas eu le cœur de te réveiller.
- Merci de m'avoir laissé dormir, j'en avais besoin.
Je m'installai et j'expliquai que j'avais exprimé à Gino une bonne partie de mon passé.
J'annonçai que j'avais pleuré et fait un malaise, d'où le fait que je rentre plus tôt et que je dorme, mon mental avait besoin de repos.
A ma surprise… quoique pas tant que ça, personne ne me pose de questions. Tous m'encourageaient à parler quand je me sentirai disposé.
Mais personne ne pose plus de question et je les remerciai silencieusement de me laisser digérer.
Je mangeai un peu, ça me fit du bien, ça me réconfortait même.
Cependant je n'avais pas non plus grand appétit, j'avais tellement été chamboulée et remuée que je n'arrivais à presque rien avaler.
Au moins j'avais repris quelques forces, je pense que demain ça ira mieux, il fallait que j'encaisse tout ça.
- Gino m'a dit de venir plus tard pour me reposer, donc ne soyez pas inquiet si je pars un peu plus tard, avertis-je avant de me retirer. C'était très bon, merci pour ce repas, passez une bonne nuit.
- Repose-toi bien, lancement Dan.
Tout le monde me souhaita une bonne nuit et je me dirigeai vers ma chambre avant de m'y enfermer.
Je prie une bonne douche chaude, avant de me changer pour quelque chose de plus confortable.
Je n'ai pas vraiment sommeil après avoir dormit toute l'après-midi.
J'ai bien envie de lire un peu.
Je récupère mon bouquin et reprend ma lecture.
J'attaque un nouveau chapitre et ça présente les îles environnantes.
Sur les cinq, quatre fournissaient les fruits, légumes et les poissons. Voilà qui explique les stands bien fournis.
La dernière, la plus petite et la plus sauvage, répondant au doux nom de Savana, renferme un gros gisement de pierres précieuses d'une très grande qualité. Oh voilà la source d'approvisionnement en pierres précieuses de Gino.
Je vois c'est très récemment que le gisement a été découvert, il y a presque 15 ans, grâce à quelques curieux de l'archipel, partis en exploration.
Cette découverte aura eu le mérite de redonner du souffle à l'économie de Piacere qui vendait très cher ses pierres à cause de leurs puretés et couleurs.
Eh bien, c'est intéressant.
Je suis tellement triste que la seule choisi qu'on retienne de l'île soit les plaisirs charnels, car clairement plus j'en lis, plus je découvre que ce n'est pas l'unique richesse de Piacere qui arrive à vivre en autonomie .
Je dévore le reste du livre, surtout que j'attaque des chapitres très intéressants sur la cuisine, l'artisanat et les savoir-faire, et tout ce qui concerne la faune et la flore.
Je découvre que mes colocataires ont tous un talent. J'apprends que Cléa est celle qui fabrique tous les vêtements qui sont vendus en boutiques ! Mon dieu mais ça représente un travail colossal !
Les vendeuses que j'ai vues ne font que vendre et gérer les boutiques tandis que Cléa s'occupe de la conception et de la réalisation. Eh bien… mais Cléa a l'air d'aimer coudre, donc si cela lui tresse tant mieux.
Il y a aussi des potiers, les restaurateurs bien évidemment, un cordonnier, des musiciens, etc.
Je découvre ainsi que Leck est un excellent cordonnier à ses heures perdues et qu'il aime collaborer avec Cléa pour faire des chaussures originales et travaillées.
Je lis que Just est potier, j'imagine que comme Cléa, lui et Leck, ont leurs ateliers. On m'a fait visiter la résidence, mais il ya des salles qu'on a passé. J'imagine que c'est dans ces dernières où ils travaillent et que donc c'est un peu leur repère et jardin secret. C'est certainement pour ça qu'on m'a incité à ne pas entrer sans autorisation et je trouve ça dommage.
Parce qu'on a beaucoup l'image d'eux qui gèrent cette maison close, mais pour le reste ils ne le montrer pas… à moins qu'ils cherchent la tranquillité, je pense que ça doit être ça. On a dû tellement par le passé les exploiter, je pense qu'ils veulent juste faire ce qu'ils aiment sans pression, sans jugement, en secret. Après tout ils ont été si exposés à la vue de tous jusque dans l'intimité, j'imagine qu'ils ont envie de retrouver le contrôle sur un pan de leurs vies.
Finalement je comprends ce besoin de liberté, de secret.
En tout cas c'est incroyable, ça me fascine même, je suis admiratif de tant de talent, juste que je regrette un peu qu'on retienne que la luxure et pas le reste.
Je finis mon ouvrage à une heure assez tardive de la nuit. Je baille avant de m'étirer et de me lover contre mon coussin et de m'endormir instantanément.
Je me réveille bien tardivement, le soleil est haut et il n'est pas loin de 11h, mon dieu ! Gino !
Je sais bien que je peux arriver quand je veux, mais je m'en veux un peu de pas pouvoir honorer pleinement ma promesse.
Bon j'ai le temps d'aller manger et de me préparer sans avoir à me presser.
Une fois habillée de ma tenue du jour, je me dirige vers le salon, mais je ne trouve personne, il doit être un peu trop tôt pour le déjeuner j'imagine. Bon allons directement en cuisine.
Personne ? Je me demande si c'est normal ce silence qui est assez inhabituel….
J'ai quand même un peu peur… je me décide avant d'aller déjeuner de faire une ronde rapide.
Je cherche un moment avant d'aller vers les annexes et là je vois une ligne de garde devant les chambres.
D'accord en fait ils sont tous en train de prendre du bon temps. Bon moi voilà rassurée.
Je fais des demi-tours et je m'éloigne avant de revenir aux cuisines.
Quelqu'un a préparé une salade de pâte avec de l'avocat et des crevettes. Oh ça a l'air super bon ! Mon ventre se plaint, oui, oui ça arrive.
Je m'en prends une portion, hum c'est tellement bon.
Je me régale, après ça je me fais des tartines de pain avec du beurre qui a un goût incomparable, un vrai pêché mignon.
Et pour le dessert je me prends une part de tarte à l'ananas, délicieuse elle aussi.
Je ne sais pas qui a cuisiné quoi, mais il y a de nombreux talents ici.
J'ai bien envie de faire quelque chose pour ce soir, hum qu'est-ce que je pourrais faire ? Faut que j'y réfléchisse après tout, il ya le marché, ça va m'inspirer pour tout à l'heure.
Ma foi affaire conclue, je me lave les mains et me débarbouille avant de prendre mon panier d'osier et mes sous, puis je dors.
J'ai plus d'une heure devant moi avant d'aller voir Gino, je me dirige vers la place, il ya tant de stands de fruits, légumes et viandes.
Que pourrais-je faire ? J'hésite tant entre faire une entrée, un plat ou un dessert, je veux me concentrer que sur un mets, ça m'avait pris du temps la dernière fois de faire tout le repas.
Oh il ya des fraises magnifiques… je n'arrive pas à m'en détacher… elles sentent bons… je sens que je vais faire un délicieux fraisier ! Voilà mon idée !
J'achète tout ce qu'il me faut, je me prends trois bons kilos, j'admets en avoir pris plus car je veux en grignoter certaines comme ça. La vendeuse m'en a donné une à goûter elles sont si sucrées, si gouteuses, un vrai délice.
Je m'installe d'ailleurs à un coin d'ombre et j'en mange quelques-unes tout en admirant le paysage autour de moi, mon regard se pose sur une petite fille qui à l'air contrarié et de s'ennuyer. Elle doit avoir 7 ou 8 ans, elle a de beaux cheveux blonds et des jolis yeux verts.
Je prends mon panier chargé de mes fraises et m'approcher :
- Bonjour, excuse-moi, tu n'as pas l'air d'aller bien, as-tu besoin d'aide ? Tu es perdu ? Demandai-je doucement en m'agenouillant pour être à sa hauteur.
- Non madame, c'est juste que ma maman elle tient le stand là-bas… mais je m'ennuie, maman veut pouvoir me surveiller même si elle vend…
- Oh je vois, effectivement le temps doit te paraitre long.
- Oui… et c'est comme ça presque tous les jours… je n'aime pas les jours de marché ! C'est nul ! Dit-elle en boudant et en croisant les bras.
- Je comprends, tu aimes faire quoi de ton temps libre ?
Je m'assoie à ses côtés et je discute avec elle :
- J'aime bien les histoires de princesses !
- Veux-tu que je t'en raconte une ?
- Ah oui !
Cette petite est emballée, alors je commence à lui contre l'histoire de Cendrillon, la petite était suspendue à mes lèvres.
Je m'amusai à faire de grands gestes avec mes bras et à changer ma voix pour incarner chaque personnage, ce qui la faisait rire.
Je ne m'en rendis pas compte tout de suite, mais d'autres enfants s'étaient installés autour de moi pour m'écouter. Visiblement eux aussi étaient là un peu par contrainte, car leurs mères ne pouvaient pas les laisser seules chez elles.
Mais cela ne semblait pas déranger les mères, au contraire, elles guettaient de temps à autre, mais je sentais qu'elles n'avaient pas peur de moi. Certainement car elles voyaient que leurs enfants n'étaient pas en danger et qu'ils étaient très sages et attentifs.
Je continue mon récit jusqu'à l'achever d'une belle fin heureuse :
-UNE AUTRE ! S'exclamèrent en cœur les enfants autour de moi.
- Je ne suis pas certaine d'avoir le temps, vos mamans approchent.
- Ohhhhhh ! Firent-ils en cœurs déçus.
En effet, ils se retournèrent et virent que leurs mamans avaient remballés leurs affaires et n'attendaient qu'une chose c'était de les récupérer.
- Merci beaucoup Mademoiselle d'avoir occupé nos enfants.
- Ce n'est rien vous savez….
- Maman, maman, je peux rester avec la gentille dame qui raconte des histoires pendant que tu travailles ? Exigez un petit garçon.
- Moi aussi, s'exclamèrent d'autres enfants.
Et bin… je ne pensais pas avoir un si grand succès, mais j'imagine que rester des heures ici sans avoir d'activités pour les occuper doit être assez terrible pour eux.
- Mais calmez-vous voyez, madame n'est peut-être pas disponible et il faut aussi lui demander si elle est d'accord, fit une maman.
- On doit admettre que ça nous a bien dépanné, Mademoiselle, dites-moi, seriez-vous d'accord pour occuper nos petits pendant que nous travaillons ? Nous vous dédommagerons bien sûr.
- Oh euh…, pour dire vrai, j'ai commencé à raconter cette histoire, car cette petite fille était triste, j'ai voulu lui remonter le moral, mais je ne pensais pas faire cela, répondis-je.
Cependant c'était une façon de gagner de l'argent qui allaient mieux me convenir.
- Mais je peux essayer sur une journée, voir si cela me convient.
A cette simple phrase, je vis les yeux des enfants sans exception, briller, visiblement ils avaient très envie que je sois leur nounou et ils étaient déterminés à faire en sorte que ça se passe bien :
- On sera très sage !
Tous promirent de l'être :
- Calmez-vous les enfants, vous risquez de mettre mal à l'aise madame, fit une maman.
- Ce n'est rien, ils semblent si contents, je les comprends, repris-je. Cependant, cela vous va vraiment si je surveille vos enfants ? Demandai-je.
- Oui, cela nous arrangera toutes et puis vous avez dû l'apprendre que nous pouvons voir les intentions de chacun, et nous voyons que vous êtes très gentille, nous n'avons pas d'inquiétude quant à la sécurité de nos poussins.
- Alors tant mieux si cela vous va… puis-je vous demander vos horaires ?
- Le lundi à mercredi, quand on vend ici, on arrive vers 9h pour installer et on finit vers 15h le temps de tout remballer. Quand nous allons sur les îles des royaumes voisins le jeudi et vendredi on part 1h plus tôt et on finit 1h plus tard. Le samedi et le dimanche nous ne vendons pas.
- D'accord, je dois honorer mon travail chez Gino, il me reste un jour et demi à faire. Donc après-demain ça vous ira ?
- Oui parfaitement, nous avons hâte de vous retrouver et je crois que nos petits aussi.
- Oui, je suis désolée mais je dois vous laisser, Gino m'attend justement.
- Pas de problème, à bientôt Mademoiselle. Oh attendez prenez ceci, c'est de la part de nous toutes pour votre aide.
- Oh je… merci…, mais… vous ne me devez rien, bégayai-je.
- Acceptez cet argent s'il vous plait, vous avez gardé nos enfants occupés, calmes et en sécurité. Cela mérite un dédommagement, d'autant plus que vous n'y étiez pas obligés et pourtant vous l'avez fait de bon cœur, alors vous le méritez, autrement nous allons nous sentir mal.
Elle prit mes mains et me laissa l'argent, je les regardai, elles aussi, on resta ainsi quelques secondes, avant que je finisse par accepter et je les remerciai, avant de les saluer une dernière fois, car Gino m'attendait, je ne voulais pas être en retard !
Une fois devant la boutique de Gino, je toque doucement sa porte avant d'entrer timidement :
- Bonjour….
- Oh bonjour Ariel comment te sens-tu ? Mieux j'espère.
- Un peu mieux…, je suis vraiment désolée pour hier…
- Mais non voyons pourquoi t'excuses-tu ?
- J'ai tellement honte d'avoir lâché prise comme ça… et de pas avoir pu vous aider.
- Ariel, Ariel, tu te tracasses trop mon enfant, c'est normal de craquer, tu as le droit de craquer. Et puis pour le fait de m'aider, on peut décaler tes jours de travail. Ce n'est pas un problème. Honnêtement on ne parle pas de quelque chose d'irrécupérable ou d'indispensable.
- Vous… vous… m'en voulez vraiment pas ? Exigez-je timidement.
- Bien sûr que non, pas le moins du monde, j'étais plus inquiet qu'autre chose. Je dirai même que je culpabilisais de t'avoir mis dans cet état, même si je pense que ça t'a fait du bien de pleurer et de vider ton sac. Cela se voit que vous intériorise tout…
-….
- Dis-moi Ariel, ai-je tort de penser que tes bourreaux t'interdisaient de pleurer ou de te plaindre, sous peine de te punir ?
Je baissais la tête et détournait les yeux, Gino tapait dans le mille, je ne savais quoi dire ou faire, cette discussion me mettait très mal à l'aise :
- Tu as le droit de te plaindre et de pleurer, tout ce que ces gens t'ont interdit tu dois te l'autoriser maintenant, il faut que tu en prennes conscience. Tu sais hier… tu as dit que tu devais te mettre au travail, pour ne pas me faire attendre. Je pense que tu étais en train d'agir comme un automate. Je voudrais que tu n'aies plus ce genre de réaction à l'avenir, cela va te faire du mal et les personnes malintentionnées s'en serviront contre toi. Je te souhaite vraiment que tu arrive à surpasser tout ça.
- Merci… vous êtes si gentil avec moi…
- C'est normal Ariel, plus encore quand on a une personne aussi gentille que toi, par effet miroir sur une envie d'être gentil. Même si j'estime que la gentillesse devrait être la base de toute relation dans ce monde. Malheureusement il est imparfait, mais si seulement il pouvait y avoir plus de personnes comme toi, le monde irait mieux.
Je lui souris faiblement, Gino a vraiment le petit mot pour vous réconforter.
- Merci Gino, merci pour vos mots si gentils et réconfortant… je vais essayer… j'aimerai ne plus souffrir…
- Je le sais, c'est ce que nous te souhaitons de tout cœur.
- Merci…. Est-ce que… je peux reprendre l'inventaire ? Exigez-je timidement.
- Oh oui bien sûr, vient installé-toi, comme tu le vois j'ai tout laissé en l'état.
- Merci, je vous promets de tout finir demain soir.
Gino rit de bon cœur et moi aussi, je reprends là où je m'étais arrêtée sur les : améthystes.
Contempler, trier, compter les gemmes m'apaise, je me sens un peu plus étendu au fils des heures qui passent.
- J'ai fini Gino, je continue sur quoi ?
- Encore ? Mais tu les enchaînes cet après-midi, tu es sacrément efficace.
- Cela m'a aussi beaucoup étendre, donc ça a dû jouer dans ma productivité, si je puis dire.
- Certainement, rit Gino. On continue demain, il reste quoi, 20 minutes, ça ne vaut pas la peine de commencer un nouvel inventaire.
- Dommage…, fis-je penaude.
- Ton enthousiasme fait plaisir à voir en tout cas. Ah… dire que… je vais certainement t'ôter ton sourire…
- Que voulez-vous dire ? Demandai-je en voyant sa mine attristée.
- Il faut que je te dise une dernière chose, hier tu m'as dit ce que tu avais subi… Avant on percevait que tu avais vécu quelque chose, depuis que tu as dit pour tes marques passées… on les voit. Tant que tu ne disais rien, que tu n'autorisais quiconque de savoir, aucun d'entre nous les voyait. Je suis désolé de ne rien avoir dit avant, ça faisait beaucoup à encaisser. Mais il fallait que je te le dise avant qu'une autre personne ne le fasse.
- Donc… vous… vous voyez mes anciennes cicatrices, bien que mon corps n'ait plus de stigmates en apparence, répétai-je doucement.
- Oui… je peux te dire par exemple que tu avais sur le visage une cicatrice sacrée qui te barrait le visage en diagonale.
Impossible !
J'écarquille les yeux.
Je ne sais pas trop comment assimiler cette information. D'un côté je me dis qu'au moins les gens d'ici ne douteront pas du fait que je mente, mais de l'autre… être à nue ainsi, je me sens si vulnérable.
Je relève mes yeux vers Gino, il est embarrassé, je m'approche de lui et lui prends ses mains en les serrant doucement :
- Merci de moi l'avoir dit, j'imagine que vous devez tous vous demander pourquoi je n'ai plus de marques sur le corps.
- Certes, mais tu n'as pas à nous répondre, le plus important ce n'est pas cela, c'est que tu arrive à te livrer à quelqu'un sur tes traumatismes et d'y travailler. Je suis soulagé que tu prends bien ce que je viens de te dire.
- J'ai bien compris qu'ici il y avait toute une population locale aussi bienveillante que protectrice et j'en mesure un peu plus l'importance de jour en jour. Je sens que beaucoup ici aimerait me poser des questions, mais que personne ne le fait. Ce n'est pas de la peur, juste vous me laissez du temps et de l'espace, vous attendez que je me livre quand je me sentirais prête. Je sais que malgré toutes les informations que vous pouvez percevoir en moi, vous ne les utiliserez pas à mauvais escient. Je pense que vous êtes plutôt mal à l'aise de voir dans quel état est mon corps et mon mental, car vous percevez mes souffrances, mêmes celles passées. Et cela doit vous hanter, vous devez vous sentir si impuissants, vous qui désirez tant m'aider. Honnêtement je ne prends que bien tout ce que vous venez de me dire, car je réalise à quel point je suis bien tombé et à quel point je suis chanceuse d'avoir des gens si formidables.
- C'est que tu dors les violons en plus…
Je vois Gino être touché par mes mots et verser une petite larme.
- Tu es vraiment adorable… je ne comprendrais jamais comment des gens peuvent être aussi cruels avec autrui.
- C'est la nature humaine…, murmurai-je doucement.
Je pense qu'il n'y a pas une seule vraie bonne réponse à la question de Gino, l'amour, le pouvoir, la jalousie, les convictions, le plaisir de faire du mal, l'argent, il y a tant de raisons. qui explique la cruauté de l'Homme.
Et j'imagine que Gino et le reste des habitants doivent être assez écoeurés de ce genre de méfaits, ils l'ont aussi vécu. Et moi voir avec mes marques maintenant, doivent leur rappeler leurs traumatismes et passés, ça doit les rendre fous. Je m'en veux de leur faire subir ça et de leurs rappeler les heures les plus sombres de leur histoire :
- Peut-être, mais heureusement qu'il ya aussi des personnes qui comme toi illuminant ce monde, c'est là où je me dis que tout espoir n'est pas perdu.
- Vous êtes gentil, je peux en dire aussi de vous et du reste de Piacere. Vous m'avez donné envie de m'ouvrir aux autres. J'ai toujours été méfiante, je ne pouvais pas faire confiance aux gens, j'avais peur à cause de ce que j'avais subi. Et même en travaillant je n'avais que peu de reconnaissance et on m'a aussi parfois volé mes idées et mon travail. Je me suis référée sur moi-même mais en arrivant ici… je me sentais étrangement apaisée, je ne sais pas pourquoi je sentais que peut-être ici tout ira mieux. Et ça s'est confirmé, j'ai découvert des personnes sincères et les joies de partager des moments avec elles. Je ne sais vraiment pas comment vous remerciez vous et toutes les personnes que j'ai croisées ici. Vous m'avez fait beaucoup de bien en si peu de temps.
Je pense que c'est pour ça que je me suis réincarnée ici, dans ce monde, mes débuts ont été épouvantables et chaotiques. Mais c'était peut-être une étape indispensable, peut-être un moyen de vivre une dernière fois ces moments si douloureux pour mieux apprécier le cadeau qu'on m'offrait. Après tout j'ignore tout du pourquoi du comment je m'étais réincarnée, alors qui sait.
- Je suis content d'apprendre que ton arrivée ici t'a fait beaucoup de bien. Continuez de prendre soin de vous et vis ta vie comme tu le sens.
- Je n'y manquerai pas.
C'est marrant il me donne le même conseil que Lila, mais j'imagine qu'ils ont raison, je n'ai fait que subir la vie, je n'en ai pas réellement profité… sauf depuis mon arrivée ici sur Piacere.
- Bon… je… je vais y aller… je vous dis à demain Gino.
- Oui à demain ma petite Ariel, passe une bonne soirée.
Je le salue avant de partir le cœur plus léger.
J'espère que vous appréciez découvrir au fils des chapitres plus de choses sur l'Archipel Piacere. Ainsi que sur le Haki de l'observation, donc oui ceux qui ont un bon niveau verront les cicatrices d'Ariel, du temps de sa jeunesse quand elle se nommait Dolores, si et seulement si consciemment ou non elle est d'accord pour en parler, montrer cette partie d'elle.
Le fait qu'elle en est parlé ses cicatrices se sont révélées.
Donc pour Barbe Blanche et Thatch au début de l'histoire, c'est passé sous leur radar, idem pour Lila et les autres. Mais maintenant ça va changer, maintenant c'est des choses qu'on va voir chez Ariel.
