Je suis désolée du retard. Merci mille fois pour vos gentils messages et vos encouragements. Je vous promets que je fais de mon mieux pour que cette histoire ait une fin et que celle-ci soit aussi satisfaisante que possible.


, ça allait peut-être un peu trop loin pour lui.

« Drago ? Drago, tu m'entends ?

– Je… » Sa voix était trop aiguë. Il s'éclaircit la gorge avant de reprendre, plus fort et calmement : « Je vais bien !

– Drago ? Reviens, s'il te plaît ? »

Drago étudia la chose sur le sol sans s'en approcher, simplement en tournant autour d'elle comme s'il s'agissait d'un serpent venimeux qui ne le quitterait pas des yeux.

Une pierre aussi brillante qu'une étoile, engoncée dans une hideuse cage de plomb noir qui évoquait une serre de rapace. Son éclat pulsait doucement.

L'objet était de toute évidence ensorcelé. Il n'aurait pas dû pouvoir apparaître ainsi, il n'aurait pas dû pouvoir tomber de son cou. L'idée de sortir sa baguette et de procéder à un simple sortilège de détection l'effrayait. Soudain, il réalisa le risque qu'il avait pris en examinant la magie qui enchantait le miroir. Il fourra sa main dans sa poche et serra entre ses doigts les trois ou quatre amulettes qui s'y trouvaient. Elles n'indiquaient rien.

« Drago ? »

Même toucher la chose avec sa baguette pouvait être dangereux. Drago recula jusqu'à la penderie, décrocha un vêtement au hasard, puis revint s'accroupir à un mètre de l'objet. Il utilisa le cintre qu'il tint à bout de bras pour donner quelques coups dans le pendentif et le retourner.

Il réalisa que la cage qu'il avait cru être une serre était en réalité la réplique d'une main squelettique aux doigts tordus. Connaissant le propriétaire de l'artefact, le mauvais goût de celui-ci n'était guère surprenant.

Il crut aussi remarquer une anomalie dans la pierre. Une irrégularité, comme si un morceau manquait, comme si, à cet endroit là, la lumière qu'elle émettait vibrait sur une clef différente de partout ailleurs.

« Drago, je vais… Je vais défoncer le mur ! J'arrive, ne t'inquiète p…

– Par les Quatre Fondateurs… » pesta Drago.

Il se releva avec un grommellement, puis remit la robe sur son cintre et l'ensemble dans la penderie :

« Je vais bien, Potter ! Je reviens ! »

Il hésita quelques secondes devant les vêtements, pas tout à fait certain d'avoir remis son larcin parfaitement à sa place, puis haussa les épaules et retourna dans la chambre.

Il repéra aussitôt les murs craquelés de part et d'autre de la porte d'entrée.

Potter se tenait dans l'embrasure, les doigts crispés sur le chambranle. On aurait pu croire qu'il avait serré le bois jusqu'à le faire éclater. Plus vraisemblablement, sa magie s'était infiltrée dans les murs.

« Par Morgan, Potter ! »

Son visage était plus désespéré qu'Azkaban même.

Drago accéléra le pas pour le rejoindre et le rassurer. Il vit, dans son dos, le couloir blanc et brillant, couvert de givre.

« Potter, tout va bien, chercha-t-il à le rassurer. Je vais bien. Essaye de te calmer, tu te…

– Drago… »

Son gémissement était si pitoyable que Drago se tut et s'approcha.

Il craignait de sortir de la pièce, dont la température et la pression étaient soigneusement maintenues en place par un sortilège quelconque… Il craignait de se prendre de plein fouet la Magie cruelle de Potter… Mais il savait aussi que ce n'était pas la rage qui avait déclenché le phénomène mais l'inquiétude, et que celle-ci se tarirait dès qu'il aurait mis un pied dehors.

Potter n'avait pas bougé. Il se tenait au beau milieu du passage et ne laissait aucun espace disponible à Drago pour se faufiler. Sans trop réfléchir, celui-ci posa des mains sur son torse pour le faire reculer.

Il laissa échapper une exclamation de surprise et de souffrance.

Le contraste était saisissant, aussi net qu'un trait de plume sur le parchemin.

Il eut, pendant une demi-seconde, l'impression de plonger les bras dans une eau si glaciale que chacune de ses veines gelait d'un coup et éclatait. Ses os – les os fragiles et mille fois abîmés de ses phalanges – étaient soumis à une pression telle qu'ils ne pouvaient même pas imploser, même pas disparaître, comme s'ils étaient soudain le centre de l'univers et qu'ils devaient supporter la masse de galaxies entières.

Une demi-seconde.

Et puis Potter plaqua ses mains sur les siennes, les emprisonna, et la chaleur fût alors si intense qu'il crut qu'elles allaient se consumer, à nouveau.

Et enfin, l'envie.

La certitude que toute souffrance cesserait dès que Potter aurait posé ses lèvres sur les siennes, qu'il aurait glissé son sexe en lui, que la volupté serait éternelle, que le bonheur serait à lui, pour toujours, à l'instant où il se donnerait corps et âme à lui.

Potter l'avait tiré vers lui, comme pour le sauver d'un abîme. Il se retrouva entraîné par son poids et recula jusqu'à ce que son dos heurte le mur.

Sans y réfléchir, Drago fondit sur sa bouche. Potter avait entrouvert les lèvres sur la première syllabe de son prénom. Il n'eut pas le temps de l'articuler que Drago avait déjà insinué sa langue entre ses dents. Un ballet endiablé prit place : Drago voulait tout goûter de Potter, tout prendre, tout avaler. Il sentait ses mains sur son corps : la première glissée dans ses cheveux, avec ses ongles courts qui s'enfonçaient dans la peau de son crâne, et la seconde plaquée contre ses reins, qui tirait sur sa robe pour la remonter.

Il gémit dans sa bouche en sentant l'érection de Potter contre sa hanche. Son sexe continuait de prendre du volume et de durcir. Deux mains agrippèrent ses fesses, le soulevèrent de quelques centimètres, lui firent effectuer un demi-tour, et il se retrouva à son tour plaqué contre un mur glacial.

Il parvint à sortir la chemise de Potter de son pantalon et crut défaillir quand ses doigts trouvèrent la peau chaude et douce de son ventre. Il batailla, à l'aveuglette, contre les attaches et la fermeture éclair, et trouva le tissu distendu du boxer.

Potter enfouit son visage dans son cou et poussa un grognement de bête en rut. En réponse, Drago frissonna et se cambra autant que possible. Il tendit son visage vers le ciel pour laisser toute latitude à Potter qui se mit en tête de lui mordiller la jugulaire.

« Potter… »

Le grognement devint gémissement et les mains qui malaxaient douloureusement ses fesses se calmèrent pour devenir plus englobantes, sans perdre de leur force.

Drago haleta encore quelques secondes délicieuses avant de réaliser que les baisers avaient cessé, et qu'il ne restait que cela : la respiration laborieuse de Potter dans son cou et ses mains tremblantes, les doigts enfoncés dans sa chair.

« Potter ? »

Le froid sur son visage, trop éloigné de lui. Il baissa le nez pour chercher la peau douce et parfumée. Il trouva l'angle de sa mâchoire et inspira un bon coup. Il ne put s'empêcher d'y déposer un baiser léger avant de demander d'une voix douce :

« Potter …? dans une répétition un peu ridicule.

– T'es pas dans ton état normal », bredouilla Potter dans son cou.

Sa bouche envoya un courant d'air chaud et moite sur sa peau et il frissonna en gémissant.

Les mains de Potter quittèrent ses fesses et Drago en pleurnicha presque. En un mouvement, Potter plaqua ses avants-bras dans son dos pour l'enlacer si étroitement que Drago put même sentir contre son ventre le creux de son nombril.

Sa main à lui était toujours prisonnière de leurs corps serrés, et si son poignet tordu hurlait au martyr, la rondeur et la dureté qu'il sentait sous ses doigts avait de quoi le galvaniser.

Il remua maladroitement les doigts pour raviver la passion de Potter

« Bouge pas, haleta celui-ci contre sa gorge. Laisse moi une minute. Je vais me calmer, et…

– Potter, grogna Drago réponse. C'est maintenant que j'ai envie de toi. »

Un ricanement douloureux lui répondit.

« Justement. Justement, cette pièce t'a embrouillé l'esprit et… »

Drago rua brusquement afin de libérer son poignet. Il empoigna les hanches de Potter et les colla aux siennes afin de lui faire sentir sa propre excitation. Potter réagit en se coulant encore plus étroitement contre lui.

« Ce n'est pas la pièce. C'est ta magie. Ça ne durera pas, alors profites-en. Maintenant.

– hein ? »

Potter se tordit en arrière afin de se laisser la possibilité de le dévisager.

Drago ferma les yeux et gémit de frustration, puis, le crâne reposant sur la pierre de plus en plus tristement tiède du mur, il s'efforça de fixer Potter.

Venait doucement la conscience que si ébat il y avait, celui-ci n'aurait la saveur que d'un coït rapide et vulgaire. Drago musela la pensée : une étreinte brève et passionnée, c'était précisément ce dont il avait envie.

« Bon Sang, Potter, arrête de réfléchir, supplia-t-il en tâchant d'obéir lui-même à son conseil. Baise-moi.

– Non. »

La vulgarité dont Drago venait de faire preuve n'avait que raffermi la décision du Survivant. Potter posa, à son tour, ses mains sur les hanches de Drago, et maintint celui-ci contre le mur tandis qu'il s'éloignait d'un pas.

La molle tiédeur d'un air privé de Potter se fit plus cruelle. La certitude que même ce baiser avait manqué de quelque-chose plus absolue.

Potter le fixait de son regard attentif et trop prévenant.

« Crétin. »

L'insulte lui échappa.

Pendant quelques secondes, il s'était senti l'esprit si léger, empli de désirs si simples et réels… Rien à voir avec leur baiser de la veille, quand Drago avait dû fournir un effort pour ignorer l'identité de celui qui l'embrassait. Cette fois-ci, il avait eu parfaitement conscience de se trouver avec Potter, de vouloir Potter, d'être aimé par Potter et d'être capable de lui rendre cet amour.

À présent, la pensée n'était pas loin de le répugner. Le sentiment était moins violent mais plus lourd que sa panique et sa répulsion de la veille. S'ils avaient fait l'amour, il l'aurait certainement regretté. Il s'en serait voulu. Il se serait peut-être détesté.

Mais il n'en aurait pas souffert.

Il détourna le visage, agacé et confus. Potter le fixait, l'air d'attendre une explication, et celle-ci était difficile à fournir quand le sang pulsait encore dans ses joues et dans son aine.

« Est-ce que tu te sens un peu mieux ? osa demander Potter. Tu te souviens ce qu'il s'est passé ?

– Il ne s'est rien passé, par Morgan ! cracha Drago en retour. Il n'y avait rien ! Rien de rien ! »

Il était rare que Drago mente ouvertement à Potter et il regretta aussitôt de l'avoir fait. Oh, il révélait rarement toute la vérité et n'était pas avare de non-dits, de minorations ou d'enjolivements… Mais le mensonge pur et dur lui coûtait.

Étant donné le comportement du Survivant, il était cependant évident que l'autorisation à pénétrer de nouveau la tanière d'Ekrizdis risquait de ne jamais se présenter à nouveau, et Drago avait besoin de réfléchir posément aux tenants et aboutissants de sa découverte.

Malgré le mensonge, il réalisa que cette déclaration lui faisait du bien. Comme si le dire permettait de s'en convaincre.

« Je croyais que je te plaisais. C'était le moment ou jamais d'en profiter, ronchonna-t-il finalement.

– Par Merlin, maugréa Potter en le lâchant cette fois tout à fait. Oui, tu me plais. Évidemment que tu me plais. Je comprends même pas comment tu peux en douter. Mais je vais pas te sauter contre un mur alors que tu n'es pas toi-même.

– Je suis parfaitement moi-même. Je pense plutôt que je ne t'attire que lorsque tu me dégoûtes ! Et bien félicitations : c'est de nouveau le cas ! »

Potter tressaillit comme s'il venait de recevoir un coup et afficha une bouille blessée et affligée. Drago regretta son emportement et détourna le regard. Il croisa ses bras sur son ventre en espérant conserver ainsi un peu de la chaleur de Potter contre lui. Ses doigts agrippèrent le tissu de sa robe, au niveau des hanches, et ses mains lui parurent froides et mécaniques.

« Je suis désolé, se reprit-il. Je te présente mes excuses. C'est juste que… Que pour une fois je me sentais bien, et… Je… Le retour à la réalité est… difficile. »

Potter mit un long moment avant de répondre, la voix un peu cassée :

« C'est rien. Je suis désolé de te donner encore cette impression-là. Mais je t'assure que c'est tout le contraire. J'ai pas envie de profiter de toi alors que t'es sous l'emprise d'un truc pas naturel.

– La prochaine fois, ne t'embarrasse pas de ça. »

Drago réprima un frisson. L'idée que la situation se produise de nouveau était dérangeante, effrayante, écœurante. Il ferma les yeux et tâcha de se concentrer sur autre chose.

Peine perdue, la pensée tournait en boucle sous son crâne : Il n'en avait pas envie, mais il était capable de ressentir cette envie. Il était capable d'y songer s'il revenait dans la chambre, et de la provoquer s'il laissait Potter le frapper de sa magie. Il était capable de vouloir, il était capable d'espérer.

Potter le fixait toujours, le front soucieux et concerné, un bout de langue rose pincé entre ses dents.

Et dans son dos, au-dessus de son épaule, il y avait le rectangle doré de l'embrasure de la porte.