Chapitre 3
Lundi 1er Septembre 1944
19h.
La grande salle se remplissait d'élèves et de bavardages, on était heureux de se retrouver, on parlait de l'été, des vacances, des divers voyages, de la guerre qui faisait rage dehors. Certains n'étaient pas revenus, alors on parlait de leurs familles disparues, on s'inquiétait…
Evelyn, dans son uniforme de Poufsouffle, attendait sagement avec les futures premières années, qu'on explique son retour. Elle avait conservé son ruban dans les cheveux, mais il était jaune à présent, pour s'accorder à son uniforme.
La plupart des enfants s'inquiétaient de leur répartition : une fillette pleurait, parce qu'un autre lui avait dit qu'il fallait combattre un dragon pour être réparti. Un petit dénouait en tremblant sa cravate noire et la renouait par la suite. Même s'il y avait une grande majorité de garçons ici, tous n'étaient que des bambins à peine sortis de leur foyer. Jamais ils n'avaient visité d'aussi grandes bâtisses, et Evelyn se revoyait au même âge, dans le même état.
Et attendre le professeur Dumbledore pour qu'il leur explique alors qu'il devait être occupé allez savoir où, ne faisait qu'augmenter l'angoisse palpable du couloir. La partie tendre qui était resté au fond d'elle s'anima, et elle se racla la gorge, attirant l'attention des plus jeunes. Les murmures s'élevèrent alors, les enfants moldus parlant d'une princesse à la peau diaphane, aux cheveux noirs comme l'ébène et aux lèvres rouge comme le sang.
« Bonsoir, et merci pour la comparaison, je dois reconnaître que ça me plaît beaucoup. Je suis Evelyn, et j'appartiens à la maison Poufsouffle. » Elle offrit un sourire incroyablement tendre aux petits chérubins qui la fixaient. « Rassurez-vous, je n'ai jamais eu à passer d'épreuves dangereuses, ou combattre quoi que ce soit, pour être répartie. »
Elle leva son index comme pour énoncer plusieurs vérités.
« Vous devez seulement rester vous-même, on vous posera un chapeau magique sur la tête, qui saura dire quelle qualité vous caractérise au mieux. » La fillette qui pleurait au début renifla et tira sur sa robe de sorcière.
« Mais si… si on n'a pas de qualité… ? » Snow leva la main comme pour chasser une mouche.
« Baliverne. Nous avons tous des qualités plus ou moins variées et importantes chez nous. Là, vous serez réparti selon ces dernières. Si vous êtes ambitieux, vous irez à Serpentard, si vous êtes travailleurs, alors vous irez à Serdaigle, si vous êtes courageux, ce sera à Gryffondor.
« Et pour Poufsouffle ? » La voix venait du milieu de la foule infantile.
« Poufsouffle représente la loyauté et accueille tous ceux qui le désirent. »
« Et Poudlard est ravi de vous retrouver en bonne santé, Miss Snow. » La voix du professeur de Métamorphose la fit se fermer un peu. Il avait toujours été gentil, c'est vrai, mais lorsque Tom l'avait brisé, et que les filles de l'école l'avaient achevé, il n'avait rien fait du tout.
Cependant, le fait de donner son nom de famille fit augmenter le volume sonore parmi les plus jeunes. Ils l'avaient comparé à Snow White, et voilà qu'ils découvraient son nom. Ils étaient d'ailleurs stupéfaits qu'un professeur soit content du retour d'une élève, comme si elle était importante.
Et cette pensée se fraya un chemin dans l'esprit juvéniles des petites têtes blondes. Evelyn Snow devait être importante, elle était belle, intelligente, rassurante. Le directeur adjoint était content de la retrouver. Sans le savoir, Albus Dumbledore venait de donner à la jeune femme plus de poids que le préfet des blaireaux.
Et ce n'était absolument pas négligeable.
Le vieux barbu expliqua alors comment allait se passer la répartition, le passage par ordre alphabétique. Que de toutes façons, il allait déjà réintroduire la jeune femme dans l'école, avant de faire l'appel.
Lorsque son nom fut appelé, elle passa les portes à double-battant qui menait à la grande salle, sous les murmures ahuris, surpris, ou perturbés, de ses camarades de classe. On s'attendait à voir une petite brune boutonneuse avec des tresses, la tête basse et les mains tremblantes.
Ils virent une jeune femme séduisante à la place, qui remontait l'allée entre les deux tables centrales, jusqu'à Albus Dumbledore.
« Comme je vous le disais, toute l'école vous souhaite un bon retour parmi nous, Miss Snow, en espérant que vous puissiez passer une septième année des plus agréables. »
Les murmures s'étaient tut. On la regardait de tous les côtés, et parmi les Serpentards qui l'avaient lynché, beaucoup avaient désormais la bouche ouverte.
Snow croisa le regard de Riddle, dont les prunelles étaient aussi froides que l'arctique. Elle lui offrit un clin d'œil et alla prendre place à la table des jaunes et noirs.
