NDA 9/11/23 : Bonjour, j'espère que vous allez bien? Navrée pour le temps d'attente sur ce chapitre, je souhaitais d'abord conclure une autre fanfic un peu particulière. J'espère cependant que l'histoire ici vous plaît, et que ce morceau, un peu court, vous satisfera tout de même. Prochain post le 23 Novembre!
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Jeudi 15 novembre 1944
Il faisait froid dans les cachots, malgré les chaudrons bouillonnants sur le feu, et la présence d'un sortilège d'atmosphère.
Ceci dit, l'ambiance était paisible, pour une fois. Personne n'avait encore fait sauter sa potion, ou fondre sa paillasse. Et il n'y avait pas eu de disputes entre les binômes non plus. Le professeur Slughorn observait avec un intérêt bienveillant, le duo du premier rang de gauche. Tom Riddle et Evelyn Snow. Un couple improbable mais ô combien prometteur.
Lors du départ de la jeune fille, il s'était attristé de la perte d'un si bon élément en potion, mais la jeune enfant était sortie traumatisée d'une expérience terrible. Et là revoilà, deux années plus tard, encore plus confiante et talentueuse qu'auparavant. Si Albus avait des soupçons sur le rapprochement des deux sorciers, lui n'en avait aucun.
Il était évident que c'était l'amour qui rapprochait ces deux êtres !
Slughorn était profondément naïf, à vrai dire. Mais comment pouvait-il savoir que c'était une vengeance qui les liait ? Evelyn avait fait l'objet de nombreuses attaques féminines, suite à son sauvetage public de Tom. Les jalouses étaient au rendez-vous. Sortilèges dans le dos, croche-patte dans les couloirs, pétards-surprise dans son chaudron. Parfois, on remplaçait son encrier par une farce de chez Zonko.
Et c'était devenu pire lors du cours d'éducation familiale de madame Pervenche. L'enseignante, une femme austère et aigrie, apprenait aux filles – et aux filles uniquement – l'art d'être une bonne épouse. On y étudiait les charmes d'entretien ménagers, l'art de plier les vêtements avec sa baguette pour qu'ils restent intact malgré le temps, les nombreux sorts de séchages, coutures, cuisine…
Evelyn s'était ramené avec un uniforme froissé et taché d'encre, dû à une explosion lors du cours précédent. Et si faire apparaître les quatre éléments et les mélanger était désormais sa spécialité, on était loin du compte pour ce qui était des sorts de ce cours. Non, Evelyn ne ferait pas une bonne femme au foyer. Elle le savait. Et elle ne comptait pas le devenir, quoi qu'il arrive. Elle avait une revanche à prendre sur Tom, et ensuite, elle deviendrait la première enchanteresse élémentaire depuis des siècles.
Un but particulièrement louable, quand on savait que la dernière n'était nulle autre qu'Angèle de la Barthe.
Le fait est, qu'elle avait perdu bon nombre de points en arrivant ainsi négligée, qu'elle n'avait - bien évidemment - pas réussi à enchanter ses aiguilles pour tricoter une paire de chaussettes – échec qui semblait plus volontaire que véritablement un manque de concentration – et levé les yeux au ciel tellement souvent qu'elle avait même écopé d'une retenue.
Alors, cette perte de point pour Poufsouffle, allié au fait qu'elle et Riddle étaient ensemble presque tous les jours désormais… ça entrainait des complications.
Comme maintenant, même si elle préférait se damner, plutôt que d'avouer avoir été naïve, et mangé un chocolat offert par un première année. Ça aurait pu être un philtre d'amour. C'est vrai, elle y avait songé. Mais non. Elle avait froid, terriblement froid, outrageusement froid. Et, tandis qu'elle pillait ses scarabées pour les réduire en poudre, elle se sentait partir en avant. Le souffle court, Evelyn perdit pieds une seconde.
On se glissa dans son dos, venant tenir le couteau massif qu'elle utilisait par-dessus sa main, pour l'empêcher de se couper avec. Tom, dans une attitude prévenante – dû au fait qu'il n'arrêtait pas de devoir courir après Snow pour la protéger, et se protéger lui-même – l'avait vu. Elle avait l'air aussi mal que lui, deux semaines auparavant.
« Snow, qu'est-ce qu'il se passe ? » Elle eut un petit rire, alors qu'elle sentait les bras puissants se glisser sous les siens après lui avoir fait lâcher le couteau.
« Je crois… qu'un mauvais… potioniste… m'a eu. » Ciel, la terre tournait beaucoup trop vite, et elle avait mal au ventre. Terriblement mal. « Tom… Aide moi… » La supplique, loin d'être autoritaire, pour une fois, fit naître un étrange sentiment d'inquiétude chez le sorcier.
Retournant brutalement la jeune femme pour la voir de face, il pâlit. Le regard vitreux, le teint très pâle, les lèvres bleues, et du sang s'écoulant de son nez. Il pouvait presque reconnaître le mauvais dosage de poudre d'asphodèle. La goutte du mort vivant. C'était bien joué. Très bien joué. Celui qui avait fait ça, avait dû l'attendrir pour qu'elle ne se méfie pas. Et maintenant, elle agonisait entre ses bras. Parce qu'un mauvais dosage pouvait détruire les organes. Tous. Un à un. Elle était résistante, pour une petite sorcière.
Tom compta. Un. Deux. Trois…
« Professeur Slughorn, j'emmène Snow à l'infirmerie en urgence. » Annonça le serpentard d'un ton qui demeurait sans appel.
Le professeur bedonnant, qui était à l'autre bout de la salle, ne comprit pas immédiatement ce qu'il se passait. Tom souleva Evelyn et la prit dans ses bras, avant de quitter la salle en courant, abandonnant leur philtre de paix en plein milieu de sa préparation, provoquant foule de bavardages.
Ce fut le regard vide et le sang présent sur le visage de son élève, qui le convainquit de ne pas les sanctionner pour une telle fuite de sa classe. D'un geste de sa baguette, il fit disparaître le contenu du chaudron et nettoya leur paillasse, rangeant les affaires de ses élèves, qu'il leur ramènerait à l'infirmerie. Il allait devoir trouver qui était à l'origine de cet empoisonnement avant que son élève favori ne déclenche une guerre dans les couloirs.
oOoOoOo
Evelyn était loin d'être lourde, malgré ses jolies rondeurs. Tom se fustigea pour cette pensée déplacée. Mais il était difficile de penser autrement en sentant son corps pressé contre son torse dans sa course, après autant de rêves érotiques avec elle. La garce, elle savait qu'il n'allait pas cesser d'y penser, même une fois les rêves arrêtés.
Son état était hélas, préoccupant. De plus en plus blanche, ses lèvres avaient noirci, et le bord de ses yeux était marqué de veines noires, signe que son sang était infecté. Aussi, elle était plus que crispée entre ses bras, subissant des crampes douloureuses qui lui faisait déglutir du sang. Et Tom n'était pas certain que ce soit dû à des morsures, mais plutôt à ses organes en pleine destruction.
« Tiens le coup. Snow. Plus que deux étages. » Même en courant, il parvenait à lui répondre.
Evelyn déglutit, s'étouffant, et du sang noir s'écoula sur son menton, tachant au passage, la chemise du Serpentard.
« Je ne pourrais pas… Pas tenir… »
« Tu as intérêt, après ce que tu as placé sur moi. Alors serre les dents. » Elle toussa, et le sang chaud coula sur sa chemise à nouveau, glissant jusque dans son cou. Il réalisa qu'elle avait raison. Elle ne tiendrait pas dans cet état. Merde. Il pouvait se vanter de connaître bien des secrets sur la magie, mais quelqu'un capable de savoir avec exactitude, comment fonctionne son corps sous l'effet de chaque sort et potion, y compris déréglé, c'était fort. Même le manque de sommeil, elle était plus résistante que lui.
Tom ignorait qu'Evelyn, contrairement à lui, recevait un traitement de potions fortifiantes produite par son amie quotidiennement.
Il fallait réfléchir rapidement. Si elle continuait de se crisper et lutter, le poison allait l'atteindre encore plus vite. Il fallait qu'elle s'apaise. Mais vu le foirage de l'agresseur, sur sa potion, s'apaiser était clairement impossible.
« Tom… Il faut que ça cesse. Ça fait mal. Ça fait vraiment très mal… » Elle le suppliait.
Dans un autre contexte, il aurait adoré l'entendre le supplier ainsi. Mais ce n'était pas lui qui était à l'origine de cette torture. Et le fait qu'il soit condamné s'il lui arrivait quelque chose n'arrangeait pas ses affaires. Une toute petite part de lui trouvait ça dommage qu'une personne capable de le berner autant de fois, y passe à cause d'un imbécile jaloux.
« Je t'en prie… Tom… Je n'en peux plus… ça… ça fait trop mal… » Les larmes lui firent plus mal que prévu. Il céda.
« Je vais t'endormir, Evelyn… D'accord ? » Il ne se rendit pas compte d'avoir employé son prénom.
« Non, reste avec moi… S'il te plaît… C'est déjà tout noir… » Tout noir ? Ah, elle avait perdu la vue, maintenant. Le reste n'allait pas tarder à suivre. Ce n'était pas bon signe du tout.
« Je reste avec toi, mais il faut que tu dormes, Evelyn. Tu me retrouveras à ton réveil. » Et tout en parlant, il s'était arrêté pour sortir sa baguette en if.
« Tu promets ? » Une seconde, un arrêt. Evelyn Snow, la personne qui avait décidé de le torturer et l'humilier – le sauver avait été relayé très loin au fond de son esprit – voulait qu'il promette de la veiller ? Ce monde marchait sur la tête. Elle aurait dû le craindre, craindre son courroux, qu'il déjoue ses plans, la torture sous un doloris puissant, la tue… Ou la fasse tuer. Mais non. Elle craignait le reste du monde, et le suppliait de rester.
« Je te le promets. Maintenant dors, Evelyn… » Il murmura le sort, et un rayon bleuté s'échappa de sa baguette pour venir recouvrir les paupières noircies de la sorcière.
Il ne rangea pas sa baguette, la gardant en main tout en reprenant sa course. Aussi, il ouvrit les portes de l'infirmerie d'un sort efficace. Un peu trop vu l'explosion.
« J'ai besoin d'aide ! Un mauvais dosage de la goutte du mort vivant, vite ! »
Et l'infirmier Bobby Jones boita jusqu'à sa nouvelle patiente, ordonnant à son élève de la placer sur un lit. Il lui ordonna ensuite de retourner en classe, avant de se faire rabrouer sèchement. Tom avait promis. Et s'il trouvait ça prodigieusement ridicule, il avait quand même décidé de tenir cette promesse.
Au bout de deux heures de soin laborieux, Evelyn Snow reprit connaissance. Toujours gelée de son agression, elle avait cependant l'esprit plus clair, et aucune douleur ne subsistait, hormis une sensation légère de brulure sur les lèvres. Tom avait tenu parole, il était resté à ses côtés tout le long des soins, tenant sa main blême entre ses longs doigts chauds. Il retira finalement sa main en découvrant qu'elle se réveillait, et lui intima de ne plus accepter n'importe quoi venant de n'importe qui, avant de quitter l'infirmerie sans un mot de plus.
Ce n'est qu'au soir, au moment de son départ de l'infirmerie, que la vérité la frappa.
Tom l'avait endormie avant qu'elle ne prenne l'antidote. Elle n'avait donc pas pu l'avaler seule, surtout après que ses organes vitaux eurent été touché. Quelqu'un lui avait donc fait prendre la potion, à la manière du conte.
Tom était parti sans l'insulter ni se moquer. Il lui avait juste demandé de faire attention. Tom lui avait tenu la main, il l'avait gardé dans la sienne, chaude. Ses lèvres subissaient la même chaleur à son réveil. Elle les effleura du bout des doigts. Oh.
« Evelyn, tu… Tu te se-sens bien… ? » La voix de Soraya, dans leur dortoir, la sortie de sa torpeur, et elle retira sa main.
« Oui. Ça va… Juste de la fatigue. »
Mais non. Ça n'allait pas. Tom l'avait embrassé. Il l'avait embrassé pour la réveiller avec une potion bien spécifique. Il aurait pu laisser ce travail à n'importe qui, même un enseignant. Mais il l'avait fait lui, elle le savait, elle n'avait aucun doute là-dessus. Sa vengeance venait de prendre une tournure toute nouvelle. Tom était en train de sombrer, c'était évident, maintenant.
Et si, la part vengeresse d'Evelyn obtenait satisfaction de voir ses plans enfin fonctionner, celle encore aimante, se demandait « Et si… ? » Oui.
Et si Tom succombait vraiment ?
