NDA 09/01/24 : Bonne année!J'espère ne pas vous avoir fait trop attendre. Je vous souhaite qu'elle soit meilleure que la précédente, pleine de fantaisie et de joie! Et de drames écrits! Voici un nouveau chapitre, qui j'espère, vous plaira. Le suivant sera pour le 9 février, je reprends un rythme plus calme, et j'en suis navrée, mais c'est pour essayer d'assurer sur tous les fronts!

N'hésitez pas à me sonner si vous pensez à quelque chose, si vous avez aimé, ou pas, s'il manque quelque chose. Même les fautes, c'est bon de le signaler!

Bonne lecture à tous ~


15

Mardi 4 décembre. 1944.

11h10

Sortant du cours de divination où elle avait reçu de nouvelles menaces sur son avenir, Evelyn soupira douloureusement. Elle avait une heure de libre avant de pouvoir aller manger, et Soraya n'était pas en état de la voir, l'infirmier lui avait donné des calmants à la récréation pour l'aider à dormir malgré la douleur. Aussi, elle avait donc une heure à tuer. Seule.

Se dirigeant tout de même vers la grande salle, elle avisa sa table, quasiment vide, et se dit que pour une fois, ça ne serait pas si dérangeant. S'y installant confortablement, elle sortit ses livres et cahiers pour entamer ses devoirs. Une théière fumante apparue devant ses affaires, et elle se servit, remerciant les elfes de maison par réflexe, pour cette attention bienveillante.

Chez elle, pas d'elfes, mais des hommes et des femmes qui travaillaient jour et nuit pour que le manoir soit propre, accueillant et toujours noble. Aussi, les serviteurs étaient payés, et même s'ils étaient des domestiques, la bienséance voulait qu'on les remercie. Hors de question de les maltraiter, comme le font certains sorciers avec les elfes de maison.

Prenant son livre de défense contre les forces du mal, elle l'ouvrit à la page 245, et commença à relire les informations sur les inferis qu'on trouvait parfois dans les vieux cimetières sorciers, ou prés de ruines anciennes. Et qui était par ailleurs, l'apanage des sorciers noirs. La notion des sortilèges explosifs et/ou inflammables pour les détruire était très clair. Aucune autre magie n'était fonctionnelle, hormis la décapitation. Mais il fallait que le sort de découpe soit d'une puissance égale ou supérieure à celle qui maintient le monstre en vie.

Le professeur Evermore était dur avec ses élèves. Outre sa misogynie involontaire - puisqu'il partait du principe que les femmes étaient plus faibles que les hommes, preuve avec l'absence d'une grande partie des filles dans son cours - il restait un très bon enseignant. Passionné, il savait parfaitement décrire les créatures dangereuses qu'un sorcier pouvait avoir à combattre, et surtout, il donnait des anecdotes historiques à ce sujet. Comment un patronus avait repoussé un morempli, comment repousser des crabes de feu quand on n'a rien sous la main.

En gros, il leur apprenait à survivre.

Et les cours où il réunissait les quatre maisons, il préparait ses élèves à un futur plein de danger. Il leur avait fait comprendre que serpentard ou serdaigle, une fois adulte et contre un ennemi, ça ne comptait plus. Il les entrainait donc à lancer des sorts contre des mannequins animés, et prévoyait ensuite un exercice plus grand, avec des équipes mixtes, pour leur montrer comment fonctionnent réellement les aurors. Un métier qu'il avait quitté uniquement pour leur enseigner, à cause de la montée au pouvoir de Grindelwald.

On ne voulait pas que les jeunes se retrouvent éradiqués immédiatement par le mage noir et ses fidèles. Pour autant, si les cours étaient passionnants, Evelyn n'était pas très douée. Elle avait des idées, bien sûr, et elle savait désarmer un adversaire pas trop rapide, ou même invoquer un bouclier. Le problème pour elle, était ailleurs. Le fait qu'elle maintienne une malédiction en place lui coutait beaucoup d'énergie, et puis, il y avait son secret.

User de trop de magie l'obligeait à se recharger plus souvent. A méditer, comme le pensait son amie. Mais la vérité, c'était que recharger était le terme adéquat. Sous son uniforme, caché par sa chemise, se trouvait le délicat tulipe rouge offert par Marina Debalourde. La source de sa puissance nouvelle. Tous les vendredi soir, elle s'attelait à recharger la magie de l'objet en communiant avec les autres élèves et leur protectrice.

C'était à cause de ça qu'elle n'avait pas pu sauver Soraya de ses camarades à temps. Elle ne pouvait pas couper l'harmonisation en plein milieu, sinon elle prenait le risque de perdre ses nouveaux pouvoirs. Et elle en avait besoin pour ses projets contre Tom. Comme les séances d'entrainements étaient en fin de semaine, elle était déjà sur ses réserves, et ne pouvaient pas se permettre de trop tirer jusqu'au soir. Sinon, et bien, elle s'évanouissait, comme pour l'attaque d'Helen Fergusson par Travers.

« Excuses moi… Snow ? » Demanda une voix un peu rauque sur sa droite.

Relevant la tête, elle croisa les yeux noisette de Charlus Potter. Le garçon était plutôt grand, bien plus que Riddle, et plein de charme. La mâchoire carrée des sportifs, le regard franc, le nez droit, et un sourire en coin. Il avait les cheveux plus longs que la moyenne et les brossais à peine. Musclé de manière plutôt visible, il était l'ennemi numéro un du serpentard avant qu'elle n'en prenne la place. Puissant, intelligent, gentil, riche et connu. Entre ses parents qui étaient de puissants membres de la communauté sorcière et son jeune oncle qui venait de faire fortune avec sa potion lissemplis, tout Poudlard le connaissait.

La coqueluche des filles, après Tom. Mais il n'avait jamais plu à Evelyn. Trop sûr de lui, trop parfait, trop faux. Quand on est quelqu'un de bien, on ne regarde pas les gens de hauts, et on aide les plus faibles. Il l'avait toujours regardé avec mépris, depuis la première année jusqu'à son départ. Parce qu'à ses yeux, comme aux yeux de tous les sangs-purs, sa noblesse était faussée. Et comme elle n'avait pas un physique très accrocheur, il était plus facile de l'ignorer à l'époque.

Mais depuis son retour, elle savait qu'elle lui plaisait, et c'était encore plus hypocrite, qu'elle voyait bien qu'il essayait de nouer le contact. Elle savait d'ailleurs pourquoi, ce n'était pas difficile à deviner. C'était même pour ainsi dire, passé dans la presse. Les Potter avaient décidé de couper les vivres à Charlus lorsqu'il aurait fini ses études, afin de l'obliger à travailler de ses mains et faire fortune comme un homme.

Et elle, bien qu'elle ne soit pas l'héritière, risquait de rendre son époux très riche, puisqu'Anthony, son frère et chef de famille, n'avait pas d'enfant en route malgré son mariage, quatre ans plus tôt. Et bien que son père ne soit pas de la chambre des lords du magenmagot, puisque considéré encore comme un sang-mêlé, son fils, lui, avaient quatre grands parents sorciers, ce qui lui octroyait son sang « pur. » Même si ce n'était pas assez pour les 28 sacrés, la fortune familiale, issue de la noblesse moldue toujours d'actualité, faisait des envieux.

Evelyn Snow était un excellent parti. D'une riche famille, désormais jolie, et surtout, pas assez pure, selon les rites sorciers, pour avoir son mot à dire. Aussi, une proposition de mariage par les Potter serait vu comme un cadeau inestimable. Un moyen de réellement s'ancrer dans la société sorcière avec une position stable. Ça aurait pu lui plaire, à une époque. En fait, elle avait même nourri ce rêve lorsqu'elle était petite. Qu'un riche prince au sang-pur se tourne vers elle à Poudlard et tombe amoureux.

Mais elle avait rencontré Tom dans le train, ce petit garçon pâle et fermé, tout maigre, avec des vêtements de seconde-main. Il s'entrainait à écrire avec une plume, et le regard noir qu'il lui avait jeté lorsqu'elle s'était approchée en aurait effrayé plus d'un. Elle s'était rendu compte que son prince charmant, c'était lui, ce garçon ténébreux qui faisait des O énormes et des taches sur son parchemin d'essai. Qui tirait la langue en pleine concentration, et levait un unique sourcil lorsqu'il n'était pas convaincu.

« Que veux-tu, Potter ? »

« J'ai remarqué que tu faisais ton devoir de défense… Et je me demandais… si toi et moi, nous pourrions en discuter. Tu es la seule qui maitrise le patronus, et je voulais savoir comment tu as fait. Après tout, c'est le seul sort utile et… »

Mais Evelyn ne l'écoutait plus vraiment. Le cours de sortilège où elle avait réussi à démontrer ses talents - non reconnus par le professeur Laguigne - l'avait laissé tellement épuisée, qu'elle n'avait pas fait attention autour d'elle. Et comme ensuite, elle avait eu divination, elle avait foncé jusqu'à l'infirmerie pour voir Soraya. Avant bien sûr, de se faire refouler, et d'arriver légèrement en retard dans la classe enfumée d'encens pestilentiel.

Elle n'avait donc pas remarqué être la seule à avoir donné un patronus corporel en classe.

Cependant, au vu de la disposition des élèves, il était impossible que le garçon brun qui lui faisait face puisse l'avoir vu. Il était à l'autre bout de la salle, vers la porte, quand elle, s'était retrouvée à coté d'Abraxas, au premier rang. Ce dernier remplaçant Soraya. Et s'il avait posé de très nombreuses questions sur elle, il était évident d'une part, que la demande venait de Tom, et de l'autre, qu'il cherchait à savoir comment elle avait fait pour autant changer.

Ainsi, que Charlus Potter ait pu voir sa réussite, alors qu'hormis Malfoy, personne n'avait dû y faire attention, c'était étrange. Sauf s'il cherchait déjà à l'approcher. Auquel cas, elle allait devoir trouver une solution rapidement. Elle n'avait aucune envie de devenir l'épouse de, et il était hors de question qu'elle embarrasse sa famille pour autant.

« Je me disais qu'on pourrait travailler dessus tous deux, si ça te dit. Ça nous ferait gagner des points supplémentaires, après tout. Et si je suis avec toi, le professeur Laguigne ne pourra pas t'ignorer comme elle le fait habituellement. » Evelyn papillonna des yeux, cherchant à reprendre le fil de la conversation.

« Pardon, tu veux faire la dissertation combinée de défense et sortilège avec moi ? » Le garçon lui offrit un sourire charmeur.

« Oui, si tu le veux bien. » Nouveau sourire. « Je me chargerai de la partie recherche sur le morempli et les créatures des ténèbres qui nécessitent des sortilèges lumineux, et toi, sur le fonctionnement de ces sortilèges et leurs usages naturels. Ça t'irait ? »

« Je suis désolée, Potter mais… » Il la coupa.

« Appelle moi Charlus. » Ciel, il était visible à des kilomètres.

« Charlus. Je suis désolée, mais je ne compte pas faire cette dissertation en binôme. Je souhaite la faire seule. »

« Seule ? » Il parut surpris.

« Oui, pourquoi est-ce étonnant ? » Le gryffondor se passa une main dans les cheveux, les agitant et faisant voler les effluves de son parfum autour d'eux.

« Et bien, je craignais que, si je ne te demandais pas directement de travailler avec moi, tu finisses par faire cette dissertation avec Riddle. » Evelyn tiqua et pencha légèrement la tête sur le côté. Il y avait quelque chose d'étrange avec cet aveu.

« Et si ça avait été le cas ? Si j'avais décidé de travailler avec Tom ? » L'usage du prénom du concerné fit grimacer le sorcier.

« Et bien… Tu fais ce que tu veux, bien entendu. Mais je trouve ça dommage. Je sais qu'il plaît beaucoup aux filles, mais il n'est pas ce qu'il prétend être, et tu as peut-être ses faveurs pour l'instant, mais ça ne durera pas. Et tu le sais. Il est mauvais… » Le gryffondor se racla la gorge. « Je ne voudrais pas qu'il te fasse du mal, ou profite de toi. Tu es bien plus intelligente que ça. Et tu mérites beaucoup mieux ! » La tirade aurait pu être sincère, après tout, il avait raison sur bien des points.

Riddle était dangereux. Très dangereux même, puisqu'il avait du sang sur les mains et s'en était sorti sans problème. Sauf que Potter était un opportuniste de première, et que toute la descente du serpentard, il l'avait fait en regardant par-dessus sa tête. Ce qui ne signifiait qu'une chose. Cette tirade n'avait aucun but de la protéger elle, pour ce qu'elle était, mais de la ravir des mains du serpentard. Utiliser le danger encouru en présence du garçon était risible.

Il n'avait pas dû bien voir son patronus, clairement.

« Beaucoup mieux ? » Le visage du garçon s'éclaira.

« Bien sûr ! Tu es une personne incroyable. Ce que tu as vécu dans tes premières années à Poudlard, et là, tu as remonté la pente, mieux, tu es encore plus forte qu'avant. Plus forte et plus belle. » Lui rappeler les années de honte n'était cependant pas une bonne idée.

« Je te remercie. Pour tes compliments, et tes conseils. Mais je préfère me forger un avis toute seule. Qui plus est… »

« Ah, tu es là. » La voix de Tom manqua de la surprendre.

Elle n'avait pas surveillé les alentours et encore moins sa localisation, puisqu'il était normalement en cours de soins aux créatures magiques. Que faisait-il ici ?

« Riddle… » Gronda Charlus en fronçant les sourcils et en plissant le nez comme si une mauvaise odeur venait d'emplir la grande salle.

« Potter. » Fut la réponse à peine dégoûtée du serpentard.

Après le noiraud, les serpentards se tenaient en ligne droite, deux de chaque côté. Comme des hommes de main. Potter n'aimait pas ça. Il était venu aborder la jeune femme seule pour la mettre en confiance, mais là, il faisait face à toute une bande de rampants. Et pas n'importe laquelle. Lui et Tom se lancèrent des doloris à travers le regard.

« Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous avez cours. » C'est Alphard Black qui répondit avec enjouement.

« Plus maintenant. Et je ne suis pas sûr qu'on ait cours de soins aux créatures de sitôt. »

« Un problème ? » Demanda Evelyn en ignorant la joute visuelle entre les deux garçons.

« Il semblerait que l'hippogriffe qu'on étudiait était un male en rut, et voir le professeur approcher sa femelle n'a pas plu. » La Poufsouffle écarquilla les yeux.

« Il est… ? »

« À l'infirmerie. Ne t'en fais pas. Même si je doute qu'il garde son bras, notre professeur est en vie. » Annonça Tom.

« Grâce à Tom. » Se permit d'ajouter Malfoy.

« Tu joues les héros, Riddle. Ça ne te ressemble pas. » Se moqua Charlus en croisant les bras. « Tu espérais gagner quelques points supplémentaires pendant l'agonie du prof ? » Tom ferma les yeux une seconde et se mit à sourire de manière méprisante.

« Je n'ai fait que mon travail. En tant que préfet en chef, je me dois d'agir pour le bien de l'école lorsque je le juge nécessaire. Tout le monde ne peut se targuer d'avoir ce genre de responsabilité. »

« Merci, Tom… J'aime beaucoup le professeur Brulopot. » Le noiraud détourna les yeux du lion, et son regard se fit plus doux à l'adresse d'Evelyn.

« Je sais. » Ignorant désormais purement et simplement le gryffondor, il jeta un coup d'œil aux affaires de cours de la sorcière. « Pouvons-nous nous joindre à toi ? »

« Bien sûr. » Elle lui fit signe, et il prit place à sa droite. Malfoy et Black leur firent face. Jeremiah Rowle prit la droite du blond, et Nathaniel Avery celle du plus âgé des nombreux cousins blacks.

Charlus mit quelques temps avant de se décider de partir, rejoignant sa propre table, dégouté de son échec. Une fois parti cependant, Tom se pencha légèrement sur la jeune femme à sa droite, tandis qu'elle copiait soigneusement des notes sur un brouillon. Malgré lui, il captura les effluves de son parfum, et frissonna.

« Un problème avec saint Potter ? » Evelyn redressa la tête et fit face au garçon.

« Tu veux dire, hormis son existence ? »

Rowley siffla entre ses dents devant le mépris plus que visible. Ils avaient tous bien compris que la jaune et noire ne mâchait plus ses mots, mais une telle hargne à l'encontre d'un spécimen aussi prometteur que Potter, aux yeux de la société, c'était perturbant. Surtout venant d'une personne ne faisant pas partie de la maison serpentard.

« Oui, hormis ça. »

« Non. » Répondit sèchement Evelyn.

« Allons, tu mens mieux que ça, d'habitude. »

Et elle hésita. Parce que parler de ce qui la touchait réellement, c'était admettre qu'elle appréciait passer du temps avec ce mage noir en devenir. Même si elle savait qu'il cherchait un moyen de briser sa malédiction, et qu'il faisait semblant, comme elle l'avait voulue, elle. Pour autant, il y avait du monde à cette table, des gens avec qui elle pouvait discuter de magie, de cours, et qui n'osaient pas la juger. Des gens qui, à vrai dire, étaient dans la même situation qu'elle.

Rowle était fiancé depuis la rentrée précédente, à une première année issue de la famille Diggory. Black avait éconduit trois demandes en mariage de familles de sang-pur moins riche que la sienne. Malfoy… Malfoy était convaincue que son épouse serait une belle norvégienne qu'il rencontrerait en vacances, dans l'un des nombreux chalets de sa famille.

« Le bal des débutantes aura bientôt lieu. Voilà ce qu'il y a… »

Le simple fait d'évoquer cet évènement fut suffisant pour que les quatre garçons en face d'eux deux baisse la tête. Tom quant à lui, se contenta de hocher la sienne. Pourtant, il serra un peu plus fortement les plis de son pantalon d'uniforme, dissimulant l'étrange sensation qui pointait dans son ventre à la mention de ces festivités réunissant de futurs couples. Ça, et le fait que l'approche de Potter ne signifiait qu'une seule chose.

Il convoitait Evelyn Snow.

oOoOoOo

« Que feras-tu pendant ces vacances ? » Chuchota Evelyn en versant quelques gouttes de venin d'accromantule dans leur potion.

Le breuvage, qui était à l'origine vert foncé, s'éclaircit jusqu'à devenir quasiment pastel. Tom approcha sa planche à découper et usa de son couteau pour repousser les dés fins de rosés des prés qu'il venait de préparer. La noiraude en profita pour touiller leur mixture dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Et la couleur changea de nouveau, devenant mauve avec des reflets argentés. Tom se remit à la découpe.

« Je vais chez Abraxas. » Il marqua une pause, écrasant ses figues avec le plat de sa lame. « Pourquoi cette question ? »

« Je me demandais, juste… »

« À d'autres. Qu'as-tu en tête ? Il n'y a personne pour nous écouter, et même si ça arrivait, quelqu'un ne tardera pas à faire sauter son chaudron. »

Un demi sourire fleurit sur les lèvres de la jeune femme. Oui, ça finissait toujours par se produire, comme le professeur ne faisait que peu attention à ce que faisaient ses élèves, tant qu'il pouvait discuter avec les plus populaires et plus riches.

« Je me demandais si tu restais à l'école, ou si tu comptais suivre le bal. »

« Etant donné que c'est la mère de mon hôte qui l'organisera cette année, je n'ai pas vraiment d'autre choix que d'y participer. »

« C'est madame Malfoy qui s'en charge ? »

« Tout juste. »

Elle baissa les yeux sur leur préparation et augmenta un peu le feu sous le chaudron. Tom n'avait aucune patience pour ce genre de discussion. Parler de soirées mondaines le rendait exécrable. Il trouvait ces festivités plus hypocrites que le professeur de métamorphose. Les jupons et mariages ne l'intéressaient pas. Et il n'aimait pas du tout l'idée que sa geôlière puisse être aussi frivole et autant s'y impliquer.

« Pour quelqu'un qui disait ne pas apprécier Potter à cause de cette même soirée, je trouve qu'elle revient beaucoup dans ta bouche, depuis ce midi. » Finit-il par lâcher un peu froidement. Mais la réponse ne tarda pas.

« Pour ta gouverne, j'étais trop jeune lorsque j'ai quitté Poudlard pour faire mes débuts. Aussi, cette soirée, comme tu le dis si bien, sera mon entrée dans la noblesse sorcière en tant que futur parti d'un noble abruti et impitoyable. Est-ce que tu comprends ce que cela signifie, ou je dois te faire un dessin, Riddle ? » L'agressivité évidente ne le fit pas ciller.

En revanche, son esprit se mit à carburer à toute vitesse sur les propos tenus. Evelyn Snow venait d'admettre qu'elle allait être au centre de cette soirée parmi les jeunes promises. La chair fraiche, comme s'amusaient à dire certains dans son dortoir. Potter l'avait approché presque deux semaines avant les vacances. Il ne cherchait pas juste à lui ravir la jeune femme, il cherchait une épouse. Ils cherchaient tous une épouse.

Et Evelyn, aussi intelligente et douée soit-elle, n'avait aucun moyen d'éviter ça sans pousser sa famille dans l'embarras et la honte.

Tom se rendit compte que même une maléficienne comme elle, avait des failles devant le pouvoir masculin de leur société. Et s'il aurait put facilement en jouer pour obtenir de nouvelles informations et peut-être, un moyen de se libérer, il se rendit compte que, tout comme la demoiselle, il n'avait aucune envie de la voir s'avancer au milieu des sangs-purs pour ce foutu bal.