NDA 09/07/24 : Bonsoir à tous, sachez que le chapitre du jour est tout frais. Je l'ai fini à l'instant, c'est peu dire. J'espère qu'il est correct, je n'ai pas pris le temps de relire pour le coup. Malgré tout, je vous souhaite une bonne lecture à tous, et celui qui saisit ma référence débile aura un cadeau au chapitre suivant!
Bye bye!
21
Mercredi 19 décembre 1944
18h
Les rails crissèrent sur le chemin de fer, l'annonce de la rentrée en gare venait tout juste de retentir, que le groupe hétéroclite du compartiment du fond, se séparait en deux. Les garçons, composés d'Alphard, Abraxas, Tom et Auguste Flint, quittèrent ce dernier en fermant derrière eux, laissant Doréa, Evelyn, Soraya et Adelaïde Prewett se changer. Il n'était pas en bons termes avec la dernière, mais le couple qu'il formait avec la poufsouffle suffisait à taire les affrontements verbaux. Qui plus est, Evelyn avait apparemment soutenu la cadette Prewett, répartie à Serdaigle, contre un groupe de chahuteurs de gryffondors.
Aussi, l'ainée semblait reconnaître avoir une dette envers sa geôlière, ce qui pouvait être utile s'il intervertissait les rôles. Mais pour le moment, il n'avait guère de choix que de subir son entourage et ses décisions.
Tom ressentit la même pointe de jalousie qu'à l'accoutumé en enfilant sa livrée habituelle là où ses camarades portaient d'élégants costumes à la pointe de la mode. Il n'avait acheté qu'une tenue de soirée avec ses petits boulots d'été et l'argent volé aux Gaunt, le reste était issu de la bourse de Poudlard pour les orphelins. Bien que propre, sa chemise était plus grise que blanche et son veston élimé, il avait recoupé quelques fils à hauteur des manches de sa veste, mais l'ensemble demeurait miteux en apparence.
Et le sorcier sut à la seconde où il repassa la porte du compartiment que même chez sa camarade sang-mêlé, sa pauvreté serait affichée comme un panneau publicitaire luminescent.
Vêtue d'un tailleur blanc à ruban lacé au col, composé d'une jupe à carreaux écossaise mi-longue, et d'une veste recoupée à la taille par une ceinture de soie, Evelyn détonnait tout autant que lui au milieu de la noblesse sorcière. Pour autant, le ruban à voilette blanche qu'elle portait sur le côté gauche de son chignon affirmait son rang tout comme les autres filles portaient des tiares aux armoiries familiales. Les petits gants de dentelles blanches – pas vraiment utile contre la froidure de l'hiver, complétait sa tenue.
Un brin de nervosité s'empara du garçon.
S'il avait appris très tôt les règles de convenances sorcières, il n'avait aucune idée de celles qui régissaient la noblesse moldue. L'étiquette était-elle différente entre les deux mondes ? Oui, évidemment, question rhétorique, mais… à quel point ? Tom détestait nager dans l'inconnu, et il allait y plonger tête la première sous peu.
Les rails crissèrent de nouveau, et le train marqua son arrêt en gare un peu violemment pour Evelyn, perchée sur ses escarpins brodés. Tom la rattrapa in-extremis, avant de laisser passer leurs camarades vers la sortie. Les valises étaient d'ores et déjà rétrécies, avantage de la majorité pour plusieurs d'entre eux, qui avaient autorisation d'user de la magie en dehors de l'école.
Sortant du train, ils s'arrêtèrent à quai un moment pour saluer certains parents nobles, évitant la famille Potter au mieux.
« Que devons-nous faire… ? » Demanda Tom discrètement, en passant sa main dans le dos de sa compagne d'infortune.
« Quittons la voie, une voiture nous attend devant King Cross. »
Tom leva un sourcil. Il n'avait jamais eu l'occasion de monter dans une voiture moldue, se cantonnant au métro qui était moins cher, pour rejoindre la gare, puis au magicobus lorsqu'il avait eu sa baguette. Il obtempéra cependant, et tous deux franchir le mur invisible pour les moldus, rejoignant la foule d'hommes et de femmes qui rentraient du travail. La guerre était à leur porte, mais ça n'empêchait pas les non sorciers de vivre, ou travailler.
Evelyn le guida d'un pas lent, et bien qu'il la suive, il put voir les changements d'expressions sur son visage comme on assiste à la confection d'un nouveau tableau. Un air de ravissement prit place sur son facies, ses lèvres étirèrent un sourire, et ses yeux brillèrent. S'attendant à voir le frère de la demoiselle ou un membre de sa famille, Tom eut droit à la plus belle claque qu'il eut jamais reçu. Un homme les attendait bel et bien devant la gare, vêtu d'une livrée bien plus propre et sophistiquée que la sienne sous un épais manteau en peau de cuir noir, et portant des gants blanc immaculé. Par réflexe, il tendit la main pour serrer celle de l'inconnu, mais n'eut qu'un regard sur sa main de la part de l'homme.
« Mademoiselle Evelyn, j'espère que vous et votre ami avez fait bon voyage. » Et il s'inclina respectueusement en ouvrant la porte d'une Dynamic française de 1936 noire.
Habitué aux elfes de maison, il ne s'était pas préparé à un domestique humain. Et à en juger par la tenue de l'homme et ses manières, un moldu. Rougissant de honte, Tom récupéra sa main avant de venir lisser les plis imaginaires de sa veste pour cacher sa gêne.
« À peine épuisant, merci Daniels. » Salua Evelyn avec son sourire radieux et bon enfant. « Combien de temps estimez-vous que nous mettrons à arriver ? »
« Probablement trois heures, mademoiselle, le trafic est assez dense le soir. » Il l'aida à rentrer dans l'automobile aux sièges de cuirs beige, et vint ouvrir la porte de l'autre côté de la voiture pour Tom avec un geste respectueux.
Le sorcier serra les dents, avant d'incliner du chef et s'engouffrer à son tour dans la voiture. Plus miséreux que les domestiques moldus… Un comble. Pire, un moldu pouvait-il être mit dans le secret ? N'était-ce pas interdit si ce n'était pas directement un membre de la famille ? Il savait les mariages de sangs-mêlés controversés justement à ce propos. Désireux de comprendre la situation familiale de son hôte et geôlière, Tom décida de rester silencieux pour le reste du trajet et d'écouter la conversation entre cette dernière et le fameux Daniels.
Tom comprit donc qu'il s'agissait du chauffeur moldu personnel de la famille, que Madame Roberts était l'intendante, son époux le maître d'hôtel, et que tous deux géraient d'une main de fer les domestiques moldus et cracmols de la demeure. Tom ne savait pas s'il devait s'horrifier d'apprendre qu'il allait croiser des moldus et des cracmols tous les jours, où s'il devait en apprendre plus sur ce système ingénieux pour ne pas être servis par des créatures magiques hideuses et illettrées.
« Et comment va Burrows ? » L'homme étira un sourire amusé dans le rétroviseur à la question.
« Il espère toujours devenir le valet de monsieur vôtre père. Nous avons eu quelques conflits ouverts aux cuisines. »
« Un jour il comprendra pourquoi cela ne lui est pas accessible. J'espère qu'il laissera tranquille ce cher Monsieur Mouse. »
Tom ne dit rien, enregistrant mentalement qu'il y avait dans la bâtisse un jeune homme ambitieux qui causaient des ennuis dans l'espoir d'obtenir un meilleur poste. Il comprenait parfaitement ce genre de choses, pour avoir travaillé lui-même toute sa scolarité dans ce but. Et il n'apprécia pas du tout la remarque de sa geôlière à ce sujet, le pensait-elle aussi incapable de surpasser son rang ? De s'élever à autre chose que le rôle d'un orphelin sorcier ?
Il serra les poings et se contenta de regarder le paysage défiler derrière la vitre. Sans même s'en rendre compte, ses paupières se voilèrent, et il sombra dans un sommeil léger peuplé de rêves aussi étranges qu'incongrus. Des songes dans lesquels il devait sortir Evelyn d'un ancien cabanon en ruine, poursuivi par des nuages de mouches noires et jaunes, et où il finissait par se faire attraper par un esprit malfaisant sans visage, mais avec la voix de Dumbledore. Parfois il y arrivait, mais le spectre le rattrapait lui, et Evelyn s'enfuyait sans se retourner. Parfois, c'était elle que la créature saisissait au cou, et le nuage de mouches l'emportait alors dans les ténèbres, tandis que Dumbledore lui disait qu'il était trop faible pour combattre l'obscurus de son clan.
« Tom, nous sommes arrivés… » Murmura une voix dans son rêve, alors que le monstre lui tapotait le bras gentiment.
Quittant le sommeil paradoxal, l'héritier de Serpentard dû reprendre pieds dans la réalité en se voyant ouvrir la porte par un autre homme que celui qui conduisait plus tôt. Un grand brun en livrée tout aussi propre que le chauffeur, mais sans manteau, et aux yeux perçant, lui indiquait la sortie. De l'autre côté, Evelyn avait eu droit au même traitement et s'aidait de la main gantée du serviteur pour sortir.
« Merci, Hugues. Burrows, c'est un plaisir de vous revoir. » Fit Evelyn après un sourire au blond qui l'avait aidé.
« Tout le plaisir est pour moi, Mademoiselle Snow. » Fut la réponse du brun. Et Tom comprit immédiatement pourquoi il ne pourrait jamais monter en grade. Tout chez lui suintait le poison, encore plus dans le ton utilisé pour répondre à sa maîtresse. Une part du sorcier se jura de surveiller les consommations de cette dernière autant qu'à Poudlard.
Il faisait nuit noire, et un manteau de neige recouvrait certainement la grande allée qu'ils avaient empruntés, aussi, Tom ne vit pas les jardins ni les alentours du château, en revanche, il découvrit la bâtisse en elle-même et se figea sur place.
Les Malfoy auraient tué pour un château tel que celui-ci.
Ignorant les craquements de ses pas dans la neige, il laissa ses yeux noirs parcourir l'immense bâtiment rectangulaire aux allures néo-gothiques, et dont les fenêtres aux bordures marquées d'entrelacs laissaient échapper quelques lumières diffuses.
« Il faudra faire attention, une partie de l'aile Ouest sert d'hébergement aux futurs enseignants issus de l'université de Derby. » Prévint le blond avec douceur.
« Les bombardements ? » Questionna Evelyn.
« Oui. La majeure partie des locaux ont été rasés, l'endroit étant en attente de reconstruction, monsieur vôtre frère a proposé cette alternative auprès de la chambre des lords. » Tom frémit. Il n'était pas moldu, et il ne suivait que peu l'histoire de l'Angleterre non sorcière, mais la chambre des lords ? ça il savait parfaitement ce que c'était. Le frère de Snow était donc un lord moldu en passe de devenir lord sorcier ?
Ce n'était plus vraiment étonnant que Potter cherche à mettre la main sur elle. Il s'assurait ainsi une fortune colossale, et un héritage des deux cotés sans avoir rien à faire. Et si le frère n'était pas marié… Le titre de lord reviendrait sûrement à la progéniture d'Evelyn. Voire à son époux, qui prendrait part à la politique moldue et sorcière. Un pied dans l'antre du roi. Car le roi George VI, lui, était unique, et bel et bien au-dessus du ministère de la magie.
« Ma petite princesse, enfin te voilà ! » Tom cilla en découvrant sur le pas de la grande porte ornementée, un trio pour le moins invraisemblable.
Evelyn lui avait dressé un très bref portrait de sa famille avant le départ, pour ne pas qu'il soit confus, mais elle n'avait pas mentionné leur apparence physique. Aussi, il s'était attendu à retrouver les rondeurs pâles de sa geôlière chez sa mère, et il n'aurait pas pu plus se tromper.
L'épouse du comte dépassait clairement sa fille de deux têtes au moins, et semblait nager dans des vêtements trop grands, qu'il voyait pourtant bien ajusté au niveau des poignets. Sa maigreur n'entachait cependant pas son visage délicat au teint de pêche, ni ses grands yeux bleu sombre éclairés par la lanterne à sa gauche.
À coté se tenait un homme à l'embonpoint à peine caché sous un veston noir brodé d'or dont les boutons n'étaient pas tous noués. Le visage rond, des boucles rousses et un petit bouc pointu sur le menton. Il avait les mêmes yeux qu'Evelyn, mais son sourire à lui était plus que sincère. Pour ne pas dire fortement joyeux. Il ouvrit les bras, accueillant avec joie l'étreinte de sa fille cadette.
Et derrière eux se tenait le mélange masculin des deux sorciers ô combien différents. Là où Evelyn était petite, très pâle, aux cheveux noirs comme sa mère, et possédant de jolies rondeurs, son frère était aussi grand que Tom, roux aux cheveux tenus en catogan, des yeux bleu nuit sur une peau halée, et une musculature sèche cachée sous un grand manteau noir. Le visage lui-même était taillé à la serpe, et il dardait sur le serpentard un regard menaçant.
Et Tom prit conscience qu'avant même de faire face à la noblesse sorcière pour débarrasser Evelyn des mariages arrangés, il allait d'abord devoir faire ses preuves auprès du frère. Le noble dans les deux mondes. L'homme qui tolérait les voleurs dans son antre à condition qu'ils soient torturés jusqu'à la folie par leur simple présence. Un sorcier de huit ans son ainé qui était parfaitement capable de tuer une dizaine d'hommes de sang-froid, voire avec le flegme d'un être qui se débarrasse des nuisibles. Un homme comme lui, mais possédant d'ores et déjà le pouvoir.
Anthony Charles Robert Snow, 9e comte d'Harrigton.
