NDA 09/09/24 : Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien? Voici le nouveau chapitre de la malédiction de Tom, j'espère qu'il vous plaira, d'autant que pour une fois, attention, j'ai même de l'avance pour le prochain! Applaudissez, car c'est chose rare, avec moi!

Je vous souhaite une bonne lecture, et vous dit au mois prochain!


23

Jeudi 20 Décembre 1944.

14h

C'était la troisième fois qu'ils passaient devant cette statue en forme d'ours.

À moins qu'il n'y en ait plusieurs aux divers tournants de ce labyrinthe, Evelyn les faisait tourner en rond. La question que Tom se posait, cependant, c'était est-ce volontaire? Rien n'était moins sûr, avec la demoiselle. Quelle était la raison de cette balade aussi longue? Elle n'avait pratiquement pas dit un mot, s'accrochant seulement à son bras, sa cape de fourrure remontant sur son cou et la rendant d'autant plus énigmatique.

À son bras, l'héritière Snow poussa un autre soupir de résignation, un énième. Ce manège avait débuté au départ du petit salon où ils avaient déjeuné en compagnie des deux autres hommes de la famille. Mais le serpentard n'était pas vraiment réputé pour sa patience. Aussi, alors qu'ils tournaient sur la gauche pour entamer un chemin d'une dizaine de mètres - qui tournerait ensuite sur la droite, les feraient croiser un banc, puis revenir sur leur pas jusqu'à une statue d'ours - Tom craqua.

«Vas-tu me dire ce qu'il se passe ou comptes-tu abuser de mes nerfs à tourner en rond?»

«Nous ne tournons pas en rond.»

«Oh, arrêtes. C'était la troisième fois qu'on croisait cet ours, alors dis-le si tu es perdue, ou si quelque chose te dérange, mais ne me fais pas plus perdre mon temps, merci.» Tirant sur son bras pour le récupérer et faire totalement face à sa geôlière, Tom cherchait tout de même à conserver son calme.

«Nous ne tournons vraiment pas en rond, Tom…» Il serra les dents, persuadé qu'elle le prenait pour un imbécile, mais elle reprit. «Le labyrinthe est enchanté, les statues se déplacent dés qu'on a le dos tourné, et oui, il y a une dizaine d'ours, quatre loups, deux grands ducs et deux serpents.»

Tom inspira, prêt à souffler une nouvelle gueulante, s'étant attendu à une moquerie, puis réalisa ce que son discours signifiait.

«Nous n'avons pas pris dix fois le même chemin?» Elle secoua la tête, son chignon de fortune se dénouant lentement. «Et ce labyrinthe est enchanté? Donc tu n'es pas perdue?» Elle secoua de nouveau la tête.

«Je ne suis pas perdue. Du moins pas dans ce labyrinthe. Je le connais par cœur, c'était là que j'allais quand…» Elle se tut, réalisant qu'elle allait se dévoiler un peu trop, surtout face au futur mage noir.

«Que tu allais quand…?» Mais il fallait compter sur Tom pour ne pas lâcher le morceau. Ce qu'elle avait commencé à dire, c'était l'ouverture d'une faille. Et qui disait faille, disait faiblesse à exploiter. Evelyn sembla peser le pour et le contre, fixant ses gants blancs brodés de rubans.

«Je venais ici à chaque départ en vacances que je devais passer loin de Poudlard.» Tom se sentit bête, et un peu perplexe, il devait bien l'avouer.

«Pourquoi?» Oui? Pourquoi venait-elle s'isoler dans un endroit pareil avec une famille aussi aimante? Lui préférait Poudlard sans conteste, mais il passait tous ses étés dans un orphelinat miteux à la périphérie de Londres. Un endroit qui servait encore de terrain à cauchemars, et qui hantait ses pensées dès qu'on approchait de la fin d'année scolaire.

«Parce qu'il y avait quelqu'un que je ne voulais pas quitter, à Poudlard.» Finit-elle par avouer dans un souffle.

«Ton amie Shafiq?» La noiraude roula des yeux, agacée.

«Non, Soraya rentrait chez elle pour la majeure partie des vacances et elle est même déjà venue ici.»

«Alors qui? Je ne vois pas pour qui on voudrait rester à Poudlard quand on un château pareil à disposition et une famille comme la tienne.»

Evelyn manqua de répondre, une étrange lueur dans les yeux, avant de renoncer et secouer la tête, détachant pour de bon, le ruban qui ornait son chignon, et faisant tomber les quelques épingles que Miss Pendrick avait glissé tout le long pour faire tenir la coiffure.

«Laisse tomber, ça n'a plus vraiment d'importance, maintenant.» Tom capitula, incertain devant cette réponse. Est-ce que c'était pour lui? Non, ce serait stupide, elle avait montré être bien plus intelligente que ça, et être préparée à le piéger depuis longtemps. Pour autant, il avait bien remarqué l'incertitude de la jeune femme, et il n'allait pas laisser passer une telle chance.

«Bon… En ce cas, pourquoi es-tu perdue, et soupires-tu comme une âme en peine?» Et avant qu'elle ne puisse contester et lui dire de laisser tomber, il s'assura de captiver son attention, en prenant de nouveau son bras et en approchant son visage. Ignorant en lui-même, les battements de son cœur qui s'étaient accélérés.

«Tu réalises ce qu'il va se passer, durant ces vacances, Tom?» La frustration de se voir répondre une autre question le fit expirer par le nez.

«Oui, tu m'utilises contre les sangs-purs qui veulent t'épouser, je l'ai bien compris.»

«Non. Tu n'as rien compris.» Crispant les poings de se voir rabroué comme un gamin, Tom serra les dents.

«Eh bien, éclaires moi de tes lanternes, Ô puissante héritière Snow.» l'ironie aurait pu la faire sourire dans d'autres circonstances.

«Si je voulais juste t'utiliser, tu ne serais pas ici…» Il leva un sourcil inquisiteur. «Tu te doutes bien que mes parents ignorent ce que j'ai placé sur toi. Ils ne savent pas non plus ce que tu as fait, et Merlin nous en préserve.» Cette fois, c'était lui qui était perdu. «Tu es ici parce j'ai menti à mes parents.»

«Ça je l'ai bien compris…»

«Mais tu ne réalises pas…» Il souffla, la laissant poursuivre. «J'ai annoncé dans ma dernière lettre que tu voulais les rencontrer, parce que tu avais quelque chose d'important à leur demander…» Là, Tom comprit légèrement ce qu'elle essayait d'amener dans la conversation. «Je ne vais pas juste me balader à ton bras lors du bal des débutantes, Tom… Nous serons fiancés officiellement, et nous allons l'annoncer au monde sorcier.»

«Tu veux dire que tu as annoncé à ta famille que j'avais prévu de leur demander ta main?»

«Oui.»

«Donc Il va falloir que je le fasse. C'est la raison pour laquelle tu m'as trainé dans ce foutu dédale gelé, pour me l'annoncer.» Il marqua un temps d'arrêt, très pâle et nerveux. « Tu espérais me perdre ici, une fois l'annonce faite?» Et il était sérieusement en colère.

«Non…»

«Alors quoi?» Il serra son bras avec un peu plus de force, repoussant dans sa tête le danger que représentait cet acte, avec la malédiction qui pesait sur lui.«Tu comptais me l'annoncer quand, que je devais me transformer en fiancé officiel? Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, Snow, je ne suis pas dans ta tête et je ne comprends rien à tes projets farfelus! Tu m'as piégé, et je suis coincé, tu comptes t'arrêter quand? Lorsque je serais à genoux? Lorsque mon avenir tout entier aura été balayé par tes jeux de pouvoirs? Ou lorsque tu m'auras enfin tué? Parce que j'imagine que c'est ce qui finira par arriver, non?»

CLAC.

La joue rougie par le coup, la colère resta suspendue à ses lèvres. Ce n'était pas la première fois qu'on le giflait. Il était même, pour ainsi dire, un habitué des coups grâce à l'orphelinat. Mais c'était la toute première fois qu'il avait l'impression de l'avoir mérité. Pire, il avait la funeste sensation d'avoir provoqué quelque chose de mauvais, sans pour autant comprendre ce que ce pouvait être.

Comment pouvait-il savoir qu'Evelyn hésitait encore à mettre son plan à exécution, et que sa gueulante l'avait convaincue que c'était la meilleure chose à faire? Après tout, il ne comprenait même pas ce qu'elle avait en tête. Il voyait juste la rage et la résignation dans ses yeux bleus.

«Tu veux savoir pourquoi? Tom? Parce que c'était toi qui restais à Poudlard pendant les vacances. C'était avec toi que je voulais rester. Je sais d'où tu viens, et je sais comment tu as vécu ton enfance, je sais que tu as appris à écrire dans le train qui te menait à l'école pour la première fois, et je sais aussi que tu as gardé espoir d'avoir deux parents sorciers pendant nos cinq premières années. Tu allais à la bibliothèque faire des recherches pour les devoirs et t'avancer dans le programme afin d'être irréprochable, tu posais des questions de généalogie sorcière après les cours avec divers professeurs, ta puissance magique que tu contenais devant le professeur Dumbledore et ta façon de régler les problèmes avec de la magie noire lorsque tu le pouvais. J'ai tout vu. Je t'ai soutenu quand tu croyais que le monde entier s'en fichait. J'ai fait passer les livres que tu ne parvenais pas à trouver à tes camarades, j'ai toujours baissé la main lorsque toi tu la levais, et chaque fois que nous nous sommes retrouvés ensembles en classe, je t'ai laissé travailler pour que tu puisses faire tes tu sais pourquoi? Parce que j'ai toujours, TOUJOURS été là, quand TOI, tu en avais besoin.»

Essoufflée par sa logorrhée bien plus sincère que ce qu'elle s'était imaginé dire, Evelyn ferma les yeux et força pour qu'aucune larme traitresse ne vienne briser ce moment. Elle le remettait enfin à sa place, et plus que tout, elle allait finalement réussir à le coincer pour de bon.

«Et lorsque je t'ai enfin dit ce que je ressentais pour toi, lorsque j'ai eu le courage de dire que je t'aimais en dépit de tout et de tous… Tu t'es moqué de moi. Tu m'as dit que tu n'avais qu'à claquer des doigts pour avoir qui tu voulais, parce que tu avais du talent, et qu'une personne qui pleurniche, incapable de se battre vraiment pour ce qu'elle désire, ne valait rien à tes yeux.» Elle releva brusquement la tête, et les saphirs croisèrent les obsidiennes.

«Snow…» Murmura faiblement le serpentard, abasourdi.

«Comme tu peux le voir, j'ai décidé de suivre ton conseil, et je me suis battu pour t'avoir. Je ne compte pas te tuer, Tom. Je compte t'épouser, et mes jeux de pouvoirs, comme tu dis, c'est ce contre quoi je me battais avant même que tu saches écrire. Ah, d'ailleurs, tant que j'y penses, la fillette qui t'a montré comment tenir ta plume dans ce foutu wagon, c'était moi!»

Et Tom fixa la cape bordée de fourrure blanche lui faire dos et disparaître dans une nouvelle allée buissonneuse couverte de neige. Tout ce qu'elle venait de lui dire semblait tellement surréaliste, et en même temps honnête, qu'il n'arrivait pas à en saisir la moitié. Le souvenir fugace d'une silhouette enfantine l'aidant à écrire des lignes sur la table du compartiment, durant son premier trajet pour Poudlard, lui passa sous les yeux. Et il réalisa que les yeux de la fillette étaient les mêmes que ceux de la jeune femme. Il avait à l'époque décidé qu'elle serait sa première véritable amie. Jusqu'à la répartition.

Lorsqu'on l'avait pris à part pour lui expliquer que son nom étant inconnu parmi les 28 sacrés, que sa tenue était déplorable et qu'il avait intérêt à se tenir à carreaux s'il ne voulait pas dormir en cellule jusqu'à la fin de sa scolarité. On lui avait fait comprendre que les Serpentards ne se mélangeaient pas à la plèbe. Et les Poufsouffles en faisaient généralement partie. Au final, il avait ignoré et ostracisé la seule personne qui l'avait accepté dés le début sans le juger. Et même alors qu'il avait du sang sur les mains, qu'il était prêt à la torturer pour l'avoir piégé, elle ne désirait toujours qu'une seule chose… l'avoir à ses côtés.

Ce n'était pas la gentille Evelyn qui ne valait rien. C'était lui. Lui qui n'avait rien voulu voir. Lui qui avait repoussé la seule âme qui ne l'avait jamais abandonné. Lui qui n'avait pas vu à quel point elle était puissante et dangereuse, et se retenait pourtant. Pour lui. Pour qu'il brille à sa place… Evelyn Snow s'était éclipsée pour que lui puisse briller. Evelyn Snow qui venait de le planter dans le labyrinthe.

Et il n'arrivait même pas à lui en vouloir.