NDA 09/11/24 : Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien? Merci encore à Serpentfou pour toutes ses reviews. J'espère que cette histoire vous plait toujours, car nous entrerons bientôt dans la phase destructrice, huhu!
Bonne lecture ~
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Lundi 24 décembre 1944
Le rendez-vous festif dans le hall était à dix-huit heures. Tom était dans ses appartements depuis le milieu d'après-midi, et cherchait une parade pour s'enfuir.
Le programme de la soirée ne lui plaisait pas des masses, encore moins ce qu'il avait pour obligation de faire, et ce qu'il avait entendu des domestiques l'angoissait. Lord John et Lord Anthony comptaient l'emmener chasser en compagnie de certains nobles et étudiants de Derbyshire, aux aurores. Il avait la nette impression qu'ils comptaient l'exécuter suite à un projet qu'il n'avait aucune envie de mettre en place!
Un accident de chasse est si vite arrivé, non? avec leurs armes moldues, là…
Il l'imaginait avec aisance. Ils partiraient avant le lever du soleil, avec les chevaux et les chiens, tous nombreux et emmitouflés dans leur cape. Il ferait trop sombre pour discerner quoi que ce soit, puis on l'enverrait vérifier les collets ou quelque chose du genre, et il prendrait une balle dans le dos. Une balle perdue, sans doute, parce qu'il aurait bougé et qu'on l'aurait pris pour un sanglier.
Prenant son visage entre ses mains, Tom expira bruyamment. Il n'y avait aucune échappatoire à moins d'utiliser la magie. Mais il n'était pas totalement sûr que la malédiction ne s'enclencherait pas s'il tentait une fugue, et il était certain que deux voire trois membres de cette famille pourraient l'arrêter sans effort s'il la tentait. Probablement avec un avada de la part du Lord régnant.
La pensée que le sorcier irait le cueillir partout où il pourrait se cacher, avec des sorts qu'il ne connaissait hélas pas, le fit hyperventiler. Bien entendu, Tom avait des bases en magie noire, il avait appris tout ce qu'il avait pu grâce aux livres de la réserves et aux diverses bibliothèques de ses camarades. Mais il sentait aussi la magie de son hôte pulser avec violence chaque fois qu'il le croisait, et il sentait les protections du manoir, différentes de celles des jardins, caresser sa magie à chaque entrée.
Si duel entre eux deux il devait y avoir, Tom n'aurait que sa jeunesse et sa vélocité pour l'emporter. Le lord était dangereux. Probablement tout autant qu'Evelyn ou leur mère, bien que dans des degrés différents.
En même temps, qu'avait-il à craindre de fiançailles? Tout était faux depuis le début, leur relation, leur proximité, qu'est-ce qu'une fausse annonce? ça ne permettrait qu'à la demoiselle d'être tranquille lors du bal des débutantes le soir du nouvel an. Et ce n'était pas forcément définitif non plus, Evelyn finirait forcément par le libérer de ses obligations… N'est-ce pas?
Elle ne comptait pas le tuer. Elle l'avait dit. Mais elle avait absolument tout fait pour qu'il n'ait plus d'autres choix qu'elle, dans sa vie. Reculerait-elle un jour? Regretterait-elle de ne pas avoir choisi un autre parti sorcier? Comme un Potter ou un Black? Ou même Malfoy? Evelyn avait quatre grands parents sorciers, ce qui faisait d'elle, ainsi que son frère, la première génération de sang-purs de leur clan.
Quant à lui, bien qu'il soit l'héritier de Salazar Serpentard, il n'en avait que le demi sang, ni son nom, ni sa pureté, et encore moins sa fortune. Il n'était qu'un orphelin talentueux. Certaines familles contestaient encore sa puissance, et même s'il parvenait à charmer les plus grands lignages, tous doutaient à cause de son nom. Il fallait toujours ruser pour se voir ouvrir une quelconque porte. Voilà pourquoi il désirait devenir Voldemort. Parce qu'il n'y aurait plus de nom moldu pour entacher la vérité.
«Tom?» La prise de parole le fit sursauter. Depuis quand était-elle là? Il n'avait pas entendu frapper, rien!
«Oui?» Il fallait reprendre contenance, angoisser n'était pas son genre, il allait compter jusqu'à dix puis reprendre le contrôle de la situation et…
Est-ce qu'elle était en robe de chambre? Oui… Oui, forcément, elle devait être en train de se préparer pour le réveillon, elle aussi. La vue du paquet entre ses mains le fit froncer les sourcils, que manigançait la jeune femme, encore?
«Je ne t'ai pas vu à la bibliothèque tout à l'heure, alors je me suis permise de venir.» Le serpentard réalisa qu'elle ne venait pas de la porte d'entrée, mais d'un couloir derrière elle, se tenant entre le bureau et le miroir à pied. Miroir qui avait visiblement été décalé. Un mécanisme lié au plancher? Astucieux. Il aurait aimé savoir que la jeune femme pouvait aller et venir dans sa chambre avant d'y dormir.
«Que puis-je pour toi?» Dommage, il avait été plus froid que ce qu'il l'avait voulu. La reprise de ses émotions n'était pas encore parfaite.
«T'apporter une tenue, pour ce soir… Je me suis dit qu'elle te plairait…» Elle lui tendit le paquet, et si Tom sentit la morsure de la honte revenir en force à cause du vêtement proposé, cette dernière s'estompa en découvrant ce dernier.
C'était une tenue de soirée mélangeant le travail moldu et sorcier. Une chemise à col en lin blanche, fine, avec des manches resserrées par des boutons en argent frappé d'un serpent. Un gilet vert forêt quadrillé, en cachemire, qui semblait chaud et possédait une poche montre. Un ensemble ajusté noir en coton satiné, l'encolure de la veste était ronde, et se formait en double poitrine. Chaque bouton en argent était, eux aussi, frappé d'un serpent. Mais étant plus gros, il put déceler le S autour duquel l'animal était enroulé.
Et sous le tout se trouvait un manteau fourré à revers, qui aurait aussi bien put passer pour une cape sorcière, d'un vert très sombre, et dont la fourrure intérieure était noire de jais. Ce dernier se fermait par des armoiries en argent sur l'avant du buste, des armoiries qu'il n'avait vu qu'en dessin dans de très vieux ouvrages, et sur les meubles de sa chambre de préfet de Serpentard.
Les vêtements étaient neufs, il n'en doutait absolument pas, mais la réplique exacte de cette broche lui fit comprendre à quel point Evelyn le connaissait bien. Elle n'était pas légilimens, il le savait, et pourtant, un instant, il douta.
«Quand as-tu préparé ça?»
«Le jour où Potter m'a abordédans l'espoir de me présenter à son bras pour le bal.» Une vingtaine de jours, donc…
«Comment as-tu fait? Il a l'air…» Parfaitement ajusté. Mais il n'avait pas besoin de terminer sa phrase.
«Comme ceci.»
Et elle vint l'entourer de ses bras malgré la tenue peu décente, serrant le bout de ses doigts pour le tenir, et l'obligeant à soulever le paquet à bout de bras. Elle l'avait déjà serré comme ça, après diverses classes communes, sous prétexte qu'elle avait froid.
À ce stade, ce n'était plus un coup d'avance, c'était dix. Et il n'en avait anticipé aucun!
Sauf qu'à présent, il comprenait pourquoi il ne parvenait pas à l'anticiper. Tom était doué, manipulateur à ses heures perdues et charmeur le reste du temps. Mais il faisait toujours tout pour que les autres l'apprécient encore plus et lui rende service, par crainte de le décevoir. Evelyn, elle, faisait ses coups en douce pour le rendre heureux. Pour qu'il ait tout ce dont il avait besoin. Et comme ce n'était absolument pas quelque chose à laquelle il s'attendrait d'une autre personne, puisque les gens tenaient toujours à ce qu'il sache les actes commis pour lui ou en son nom, il ne le voyait pas venir.
Plus encore, n'ayant pas les codes pour comprendre les relations amicales et encore moins amoureuse, aucune des gestuelles de la demoiselle n'avaient mené à ce genre de réflexion. Tout, ces derniers mois, avaient eu pour but de le déstabiliser ou l'agacer. C'était ce que lui, avait vu. La vérité, c'était qu'elle attirait son attention, le soutenait et l'aimait sans l'idolâtrer. Et ça, c'était dur à admettre.
Tom soupira, résigné, et bien qu'il ne puisse pas entourer Evelyn de ses bras à cause du paquet tenu, il vint nicher son visage au creux de son cou. Elle sentait bon. Ça l'énervait. Il ne savait pas trop quoi ressentir, finalement. Devait-il être heureux? De voir qu'une personne le connaissait vraiment sur le bout des doigts? Ou craintif, car cette personne l'oblige à faire des choses qu'il ne veut absolument pas? Il n'en savait rien. Evelyn était spéciale.
Les bras pâles le lâchèrent enfin, sans pour autant que leur propriétaire ne s'éloigne. Le piège se referma sur lui avant même qu'il n'ait eu le temps de réagir, et il ferma les yeux. Cette fois, c'était un baiser timide et léger. Et sans avoir besoin de fouiller dans sa tête, Tom lut les incertitudes de celle qui allait devenir sa fiancée par ce geste.
À quoi bon lutter? Ses mains froides se posèrent sur son torse, et il frissonna sous sa robe de chambre. Pour autant, son corps réclamait toujours plus de contact, malgré lui. Foutu pour foutu…
«Mademoiselle Snow, vous êtes là?» La voix de Charlotte Pendrick, en écho dans le couloir secret, le fit s'écarter brutalement de la maléficienne. Si la moldue en parlait au frère? Il se ferait écarteler… Puis brûler vif sans sa baguette, certainement.
«J'arrive Charlotte.» Répondit Evelyn sans pour autant quitter des yeux le serpentard. «À tout à l'heure, Tom…»
Et elle disparue derrière le mur coulissant, ce qui eut pour effet de replacer le miroir et l'obliger à voir son reflet. Il avait le haut des joues un peu rouge, lorsque son visage demeurait blanc. Tom ressemblait à un fragile Poufsouffle. Tout ce qu'il ne voulait pas!
oOoOoOo
Le grand hall était magnifique…
La première fois que Tom avait fêté Noël, c'était à Poudlard. On ne fêtait rien du tout à l'orphelinat. Il avait trouvé que l'immense sapin porté par le concierge était splendide, et pour la première fois dans l'hiver, il s'était senti chaleureusement accueilli. Bien que la magie soit à proscrire à cause des étudiants de Derbyshire, les décorations du manoir était incroyable.
De longues guirlandes feuillues s'enroulaient autour des rampes d'escaliers, ces derniers remontant jusqu'à un palier central – c'était par-là que les dames descendraient une fois prêtes. Le tout était attaché avec de larges rubans de velours rouge agrémenté d'étoiles dorées.
Le sapin en lui-même, au centre, était des plus simple, mais tout aussi grand qu'à Poudlard, et de belles guirlandes colorées et chatoyantes s'y logeaient. Il y avait d'ailleurs plusieurs bougies accrochées à des endroits stratégiques pour pouvoir être allumé sans risquer un incendie. Et outre la beauté du lieu, il y avait quelque chose dans l'atmosphère, un parfum entêtant, mélange de cannelle, de chocolat, de châtaigne grillée et de menthe.
Ça sentait bon.
Il avait enfilé son nouveau costume et triturait du bout des doigts l'anneau des Gaunt à sa main. Ayant délaissé la cape chaude qui ne leur servait pas en intérieur, il se sentait pourtant nu, observé ainsi sous toutes les coutures.
Car Anthony le fixait sans même cligner des yeux, une expression de pure neutralité collée au visage. Tom était quasiment sûr que l'homme s'imaginait en train de l'étrangler. Heureusement pour lui, un étudiant s'approcha du lord régnant, une coupe à la main. Forcé de le lâcher des yeux, Anthony finit par répondre au garçon, le sujet mathématique semblait l'intéresser.
«Eh bien, Tom. Vous semblez anxieux, mon petit.» Dit une voix chaude dans son dos.
Surpris de ne pas avoir senti la présence de l'ancien lord, Tom se tourna vers l'homme dont la silhouette évoquait un bonhomme de neige très chic.
«Milord…» Le salua le serpentard en s'inclinant quelque peu, main sur le cœur.
«Allons, pas de ça, entre nous…» Lui sourit Lord John en secouant les mains. «Je me doute que vous guettez ces dames, mais elles ont toujours tardé à venir, alors ne vous tracassez pas.» Tom hocha la tête. «Dites-moi, je vous ais souvent vu travailler à la bibliothèque ces derniers jours, vous vous y plaisez?» Craignant de mentir, Tom joua sur les mots, talentueux dans ce domaine.
«Beaucoup, outre son architecture très particulière, je n'ai jamais vu de bibliothèque aussi fournie, si ce n'est à Poudlard, et il s'agit d'une école.» John rougit en souriant, orgueilleux.
«Je reconnais que c'est une belle pièce, cependant, le mélange des deux mondes aide beaucoup à la remplir. Je dirais même qu'il est plus que probable que les deux tiers des livres soient moldus.» Dit-il sous le ton de la confidence.
«Le plus important n'est pas l'origine du livre, maisla connaissance.» Fut la réponse tout à fait honnête du garçon. «J'ai…» Il ignorait ce qu'Evelyn avait raconté sur lui, les parents avaient déjà discuté de ses résultats scolaires. «J'ai quelques antécédents peu…»
«Oh ne vous en faites pas, vous n'avez pas à tout dévoiler dans chaque conversation. Gardez-en un peu pour plus tard, d'accord? Nous avons une longue soirée devant nous!» Il rit, se tapotant le ventre, ce qui rappela fortement le professeur Slughorn.«Dites-moi, mon cher, je sais de source sûre que vous êtes talentueux en potion. Que pensez-vous des derniers travaux de Rubens Winikus?» Tom cligna des yeux, remettant immédiatement son cerveau en route.
«Sur la poussos?»
«Oui!» Pendant un instant, il avait oublié que le lord était tout autant versé dans la politique que les potions. «Il a trouvé un moyen de réduire le temps d'action, et bien qu'il n'ait pas vraiment expliqué le processus, je reste persuadé que la qualité de ses géraniums dentu y est pour quelque chose.»
«Ce serait fort possible, on sait déjà que la teinte des pétales peut plus ou moins accélérer la croissance des os, dans les potions vitaminées pour enfants.»
«Voyez, vous avez le même raisonnement que moi…» Le lord fit la grimace. «Ah, s'il n'y avait pas de droit sur cette potion et sa recette, je ferais quelques expériences à mon tour…»
«Rien ne vous en empêche. Vous ne pourrez pas la commercialiser, c'est tout ce que cela implique.»
«Hmm… C'est bien dit. Venez dans mon labo, nous allons…» Mais alors que le lord empoignait le bras du jeune homme pour l'entrainez dans une expérience, il fut arrêté par son propre valet de pied.
«Vous n'irez nulle part, monsieur, Madame votre épouse ne va pas tarder, et nous sommes un jour de fête, ne l'oubliez pas.» Le rabroua gentiment monsieur Mouses.
«Oh. Oui, tu as raison. Demain… Nous irons demain, après la chasse.» Le valet sourit avant de s'écarter. Tom réalisa qu'ils avaient tous fait des efforts vestimentaires, les serviteurs compris.
«Monsieur…» Le ton de sa voix n'était pas assuré, ce n'était pas bon. Mais en même temps, il n'avait absolument aucune envie de faire sa demande, en fait. De faire une demande tout court. Il ne voulait rien de tout ça. Mais c'était prévu… Du moins, Evelyn l'avait prévu.
«Oui, mon petit?» Tom soupira intérieurement. Il trouverait un moyen de lui faire payer ça. Il ne savait pas encore comment, mais il trouverait. Et elle sera obligée de le lâcher, oui, voilà…
«Je souhaiterai vous demander quelque chose d'important.» Une corde, vite, un avada. Il voulait crever. «Quelque chose de crucial même, et la raison pour laquelle je suis ici…» Comment on tournait ce type de discussion?
«Oh, tout va bien, Tom. Je suis déjà au courant. C'était assez évident, tu sais?» Lui sourit l'ancien Lord en lui tapotant le bras.
«Monsieur?»
«Allons, si ta tenue ne reflétait pas tes origines, l'anneau à ta main l'a fait pour toi.» Une sueur froide coula le long de son échine. L'homme avait-il reconnu la nature de l'anneau à son doigt? Qu'il s'agissait d'un horcruxe? «Je suis même plutôt satisfait de voir que tu as décidé de reprendre ce clan…»
«Pardon?» On ne parlait pas d'horcruxe, là.
«Bien sûr, j'imagine que nos comparses aux sangs-purs vont grincer des dents, mais… Toi, plus qu'un autre, permettra de redorer le blason des Gaunt, tu es talentueux, intelligent et puissant, ce que ces bigots consanguins ne sont aucunement. Oui… Salazar Serpentard serait fier d'avoir un héritier tel que toi pour reprendre son nom.»
«Père?» Anthony avait visiblement écouté la conversation, et s'il avait toujours des envies de meurtres sur Tom, son faciès avait perdu des couleurs. Était-ce la mention des Gaunt? Une famille au sang-pur tellement malade qui s'était officiellement éteinte. Ou bien celle du fondateur de Poudlard? Tom n'en savait rien. Ce dont il prenait conscience, en revanche, c'était qu'Evelyn avait clairement expliqué ses origines et bien préparé le terrain.
Ce qui voulait dire que cette famille encore non pure, était plus au courant de ce qu'il était, que tous ses camarades de Poudlard riches et nobles.
Encore que, plus riche, il se posait sérieusement la question.
«Tom, cessez de vous tourmenter. Je connais vos intentions envers ma fille, et tout autre sorcier de vôtre condition, j'aurais dit non, bien entendu.»
«Non?» Sa porte de sortie était-elle ouverte?
«Evidemment… Rares sont les sangs-mêlés sans un sou capable de redresser une ancienne famille sacrée, et encore moins avec une telle poigne. Mais je n'ai aucun doute à vôtre sujet. Vous êtes brillant, Tom. Et vous irez très loin. Cela ne fait aucun doute, aussi, je ne crains pas de vous céder la main de ma fille.»
«Père!» Gronda soudainement Anthony.
«D'autant plus que, bénédiction ou pas, l'amour n'en a toujours fait qu'à sa tête, encore plus quand ma fille est au milieu, je le crains.» L'homme rit, tapotant l'épaule de son fils. «Allons, Anthony, je sais que tu as bien plus de mal à t'y faire que moi, mais ta sœur est une jeune adulte, à présent. Elle peut faire ses choix sans nous avoir sur le dos.»
« Monsieur. Les voilà.» Informa soudainement Monsieur Mouses.
Tom laissa son besoin de fugue au placard, ayant compris qu'il n'avait plus du tout le choix et qu'en plus, il était soutenu pour d'obscures raisons, et leva les yeux vers le grand escalier. Que tous les étudiants fassent de même avec des chuchotements ébahis lui passa au-dessus.
Lady Harrington était belle. Dans une longue robe de flanelle et de velours moldue, brun chocolat, avec d'innombrables voiles élégants sur les épaules. Sa chevelure noire était remontée en un chignon délicat orné d'un ruban d'or. Une série de perles nacrée ornait son cou et descendait sur un décolleté serré. Evelyn la surpassait pourtant mille fois.
Dans une robe semblable à celle de sa mère, quoique plus proche de la mode sorcière, sa geôlière évoluait dans des tons émeraudes. Le velours de sa robe dévoilait ses épaules nues et retombait en des manches bouffantes courtes. Un décolleté court en V et un laçage qu'il pouvait deviner dans son dos, faisait remonter avec élégance, sa poitrine. Poitrine sur laquelle dansait une longue chaine en argent tenant la tulipe qu'elle ne quittait jamais. La longue tresse en épi noire était sertie de bijoux étoilé.
Que le spectacle commence… Pensa Tom.
Ignorant les regards béats des abrutis du Derbyshire, le serpentard s'avança avec élégance jusqu'au palier des escaliers. Il embrassa la main gantée de Lady Harrington, qui lui offrit un sourire charmé, avant de s'approcher d'Evelyn.
Genou à terre, dans la pure tradition, il retira l'anneau des Gaunt - son horcruxe le plus précieux - de sa main, et fit sa demande. Il aurait pu métamorphoser n'importe quoi en bague de fiançailles, mais il savait que la principale concernée l'aurait remarqué immédiatement, et par la même occasion, son frère, lord régnant, aussi. Non, l'horcruxe était sa seule solution. Et cela lui permettrait au passage de garder un œil sur sa geôlière. Il craignait cependant qu'une fois en contact avec l'anneau, cette dernière découvre immédiatement la vérité.
«Evelyn Snow…» Il était doué pour charmer tout le monde et obtenir le moindre de ses désirs. Pourtant, en cet instant crucial, il perdait ses mots. « Toutes mes croyances sont tombées le jour où j'ai croisé ta route… L'impact de ta présence dans ma vie est si… improbable… Que je ne saurais dire si je suis ému ou terrifié de t'avoir à mes côtés. Pour autant, te perdre m'est inconcevable, et en cette soirée du réveillon, je te le demande enfin… Accepterais-tu de partager ma vie jusqu'à la fin des temps…?» Une part de lui s'était fait honnête, l'autre souhaitait toujours qu'elle lui dise non et s'enfuit à sa place. Mais il savait que ce n'était pas possible. Plus rien ne pouvait leur permettre de reculer. Cette mascarade se poursuivait sans qu'il n'en contrôle plus rien.
Non. Il pouvait encore maitriser certaines choses. Il allait inverser la tendance, il le fallait. Il…
«Et bien plus encore…»
Les applaudissements autour d'eux ne purent l'empêcher de glisser l'anneau des Gaunt à son doigt, ni de l'embrasser chastement sur les lèvres en se relevant. Pur spectacle. C'était ce qu'il devait se dire.
Parce qu'il ne pouvait pas du tout apprécier une telle réponse, n'est-ce pas?
