NDA 09/12/24 : Bonjour! C'est avec justesse que je poste ce chapitre, encore une fois, j'ai beaucoup de retard, et je galère à respecter les délais que je me suis imposée. J'espère que vous allez bien et que vous avez déjà tous vos cadeaux de prêts pour Noël? Moi presque, et je cours un peu partout, d'ailleurs, je poste depuis le train... Haha.
Je ne garantis pas un chapitre au mois suivant, je risque d'être débordée, mais j'essaierai.

Je vous souhaite une excellente lecture!


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Mardi 25 décembre 1944

Il était de notoriété publique que Tom Marvolo Riddle détestait tout ce qui était moldu. Le monde dans lequel il était né et avait passé sa petite enfance était un enfer qu'il se contentait de surmonter en faisant comme s'il n'avait jamais eu lieu. Ceux qui étaient au courant de ses origines n'osaient jamais lelui en parler, et c'était tant mieux.

Du moins tous ceux qui ne s'appelaient pas Snow.

«Allons, plus haute, l'épaule, mon garçon. Voilà, comme ça…» Lord John Snow lui soutenait l'épaule, tandis qu'il pointait - sans y voir grand-chose - la carabine qu'il avait dans les mains, sur une supposée cible à quelques mètres de leur position. «C'est très bien. Maintenant, souvenez-vous, inspirez, et pressez la gâchette en relâchant vôtre souffle, c'est très important.»

Tom n'avait aucune idée d'en quoi respirer pouvait être important en tirant à la carabine. Il était épuisé, il faisait nuit, il avait froid, et par-dessus-tout, cette partie de chasse à courre le rendait nerveux. Il sursauta lorsque son propre tir fit trembler l'outil de mort entre ses mains.

«Monsieur Mouses?!» Demanda le noble à la voix portante.

«En plein dedans, monsieur!» Cria en retour son valet de pied. Il était posté à l'autre bout du champ de tir, et n'avait pas parut inquiet à l'idée de mettre une arme pareille entre les mains d'un novice. Ni même de se tenir à coté de la cible visée par ledit novice.

Non. Vraiment, il était trop tôt pour qu'il réfléchisse comme eux. Ces gens étaient forcément fous. Ils violaient des centaines de lois à propos du secret des sorciers et s'en fichaient éperdument. Ils n'étaient même pas un tout petit peu préoccupé à l'idée de faire de la magie devant des moldus. Du moins tous ceux du domaine.

Les étudiants du Derbyshire étaient des étrangers devant lesquels la magie était interdite. Seule chose sensée dans ce manoir de cinglés.

«Bien, maintenant que tu sais utiliser un fusil, voyons comment tu t'en sors sur un Limousin!» Tom tiqua.

«Un quoi, Mylord?»

«Allons, allons, nous sommes une famille, appelle moi John.»

«B-Bien.»

«Les Limousins sont une race de chevaux de selle, très appréciée pour la chasse. Je possède les derniers, merci la magie!»

«La magie, My… John?» Questionna le jeune homme.

«Oui!» Le sorcier tapota son ventre en souriant. «Comme ils ont été croisés à tous les chevaux qui trainaient, la race est éteinte coté moldue, pour ma part, même si je décide de saillie avec des juments de race différentes pour éviter les dégâts que causent la consanguinité, j'utilise une potion d'adoption pour que seul le gêne du Limousin prône à la naissance sans pour autant dénaturer la santé de l'animal.»

Une claque aurait eu le même effet.

Si Lord John lâchait cette bombe au milieu du bal des débutantes chez les Malfoys, aucun d'entre eux ne survivraient à la guerre que cela déclencherait avec les sangs-purs. Le problème, c'était que Tom était la preuve même de cette réalité. La consanguinité détruisait tout chez un individu, y compris la magie. Tous les ouvrages issus des archives sorcières qu'il avait consulté au sujet des Gaunts, et le récit fait par son oncle - avant qu'il ne l'utilise comme bouc-émissaire - étaient clairs. Les héritiers de Salazar issu de cette famille étaient sur le déclin. À peine plus magiques que des cracmols, malades, infirmes… Il voyait cette même lueur de folie chez les Black de la branche principale, qui se mariaient entre frères et sœurs.

Mais lui, à cause de son moldu de père, avait apporté du sang neuf. C'était pourquoi il était en bonne santé et doté d'une puissance redoutable. Une puissance magique retrouvée… Mais ce n'était pas un discours à tenir si on veut rallier les sangs-purs à sa cause. Et c'est pourquoi il avait toujours joué sur la désinformation avec eux.

L'arrivée de Monsieur Mouses et d'un palefrenier accompagné d'une énorme bête à la robe brune le fit grimacer. Visiblement, ce Noël horrible n'était pas prêt de se terminer.

oOoOoOo

Evelyn s'étira avant d'ouvrir les yeux. Il faisait chaud dans la pièce, Charlotte avait certainement allumé la cheminée quelques heures plus tôt. Restant cependant sous la couette, la jeune femme se permit de vagabonder mentalement.

La veille avait été une réussite. Tom avait bel et bien cédé à son caprice, il lui avait même offert l'anneau des Gaunt en guise de serment. Et sa demande... Une partie de lui était sincère. Elle l'avait senti. Et la bague à son annulaire droit, magiquement ajustée, en était la preuve.

Levant sa main pour contempler le bijou, Evelyn soupira lourdement. C'était la plus belle preuve qu'il ait donnée. L'anneau lui parut même pulser comme un cœur sur son doigt. Deux serpents d'or dévorant une pierre noire en losange gravée d'un étrange symbole. Elle était presque sûre de l'avoir déjà vu, mais ne s'en formalisait pas non plus. C'était le bien le plus précieux de Tom, et il lui avait cédé.

Son cœur lui appartenait désormais.

Une pointe de regret l'anima. Des années durant, elle avait souhaité que ce jour arrive. Le jour où Tom verrait qu'elle avait toujours été à ses côtés, et l'aimerait pour ce qu'elle était. Le jour où ses rêves de gloire et d'éternité se seraient arrêté pour se poser sur elle et décider de l'avoir avant tout. Elle lui aurait offert les deux à une époque. Et même encore aujourd'hui, une petite part d'elle désirait encore son amour. Mais l'autre voulait sa vengeance.

Il avait été impossible pour elle de le rejoindre cette nuit. Lord John avait envoyé les femmes au petit salon vers dix heures, et emporté tous les hommes avec lui dans la bibliothèque pour discuter entre eux. Elles étaient parties se coucher peu avant minuit, mais les garçons étaient restés debout. Et avec la partie de chasse dés l'aube, il aurait été impossible qu'il se laisse aller devant elle.

Evelyn quitta son grand lit à montant floraux et se dirigea vers l'immense fenêtre qui surplombait le labyrinthe du domaine. D'ici, elle ne verrait pas les hommes, la forêt était de l'autre coté du manoir, mais à en jugée par la hauteur du soleil sur l'immensité blanche qui recouvrait le sol, ils devaient déjà être loin.

«Miss, vous êtes réveillée?» Demanda la petite voix de Charlotte à travers la porte.

«Entre, Charlotte. Je suis debout.» La rouquine entra alors avec une vasque d'eau chaude et une serviette.

«Je vous ais préparé de quoi vous rafraichir. Miss…? Pourquoi cet air affligé? Vous allez vous marier, et avec Monsieur Riddle, en plus, le garçon dont vous me parlez depuis des années!»

«Oh, je ne suis pas triste, Charlotte.» La rassura Evelyn. Pourtant, c'était un mensonge. Un beau mensonge. «J'espérais seulement me lever en même temps pour lui souhaiter bonne chance, mais j'ai trop dormi…» La jeune fille rosit en riant.

« Je ne crois pas qu'il vous en veuille, mademoiselle, le pauvre s'est couché très tardivement après une discussion avec monsieur vôtre père, et seulement deux heures après, Burrows l'a levé pour aller chasser. Vous pourrez l'accueillir pour le déjeuner.»

«Bien. Je porterai du bleu, pour aujourd'hui.»

«Je vais vous chercher une robe, Mademoiselle.» Assura Charlotte en déposant son fardeau sur la commode près du lit. Elle se dirigea ensuite vers une grande armoire. Au même moment, une chouette effraie vint tapoter contre la vitre à coup de bec. «Oh, une lettre sorcière.» S'amusa Charlotte en se dépêchant de revenir pour ouvrir la fenêtre et faire entrer l'oiseau.

«C'est Isis, la chouette de Soraya.» Expliqua Evelyn en récupérant la lettre à son nom.

«Elle est vraiment belle.» Assura Charlotte en cajolant l'oiseau qui se laissa faire avec plaisir.

Evelyn avait un magnifique coupe-papier en or blanc, de la forme d'un poignard écossais, posé sur son bureau. Mais elle n'utilisait jamais l'outil pour décacheter ses lettres. Un coup d'ongle suffisait.

Evelyn,

Ma famille a reçu la nouvelle ce matin. Et je ne sais pas si je suis heureuse pour toi ou terrifiée. Je sais que tu as toujours aimé Riddle, et j'ignore pourquoi il a soudainement décidé de se rapprocher de toi, mais qu'il te demande en mariage? L'année où tu es partie, il est devenu encore plus effrayant et manipulateur qu'il ne l'était. C'est un sorcier dangereux. Et si j'ose dire, un futur mage noir à n'en pas douter!

Je t'en prie, ne fais pas ça. Trouve un moyen de rompre ces fiançailles, ton père te cèdera tout, mais ne te met plus en danger comme ça. Je suis presque sûre qu'il a tué Myrthle en lieu et place du demi-géant. Je sais que je n'ai aucune preuve, et depuis que tu es rentrée, tu as bien plus confiance en toi, mais tu es mon amie et je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. S'il te plaît, protège-toi de cet homme.

Ta meilleure amie qui t'aime.

Soraya Shafiq.

La sorcière soupira. Elle était navrée de mentir à sa meilleure amie, mais elle n'avait pas le choix. Le monde entier devait croire à ses sentiments. À leur union future. Pour qu'on ne se pose plus de question une fois qu'il serait devenu son esclave.

Et tandis que Charlotte rapportait une longue robe bleue en velours et flanelle; Evelyn contemplait le petit coffret sur sa table de nuit. En son sein se cachaient deux épines de dragon. Deux artefacts d'une puissance incroyable et d'une influence monstrueuse. Il lui restait jusqu'au 31 pour planter la première. Elle n'avait plus droit à l'erreur.

Tom devrait dormir avec elle le soir du bal.

oOoOoOo

Il était presque onze heures lorsque les trois hommes franchirent la porte du domaine, légèrement couvert de boue, mais un sourire franc sur deux des visages sales.

Tom avait aimé chasser. C'était improbable, inconcevable, même, mais il avait aimé. Ce n'était pas la satisfaction de savoir qu'il allait manger le gibier qu'il avait lui-même tué qui le rendait heureux, c'était cette sensation de violence légale. La traque… Il en était ivre.

Le cheval, ça avait été un peu plus compliqué, et les chiens aussi, parce qu'il n'avait pas de bons souvenirs de l'orphelinat avec les animaux, mais une fois en selle… Lorsqu'il n'avait plus fait qu'un avec sa monture, et qu'ils avaient filés à travers les bois à la poursuite d'un sanglier, il s'était enfin sentit revivre. Enfin, il n'était plus la proie, mais le chasseur à nouveau.

«Jamais vu un homme cavaler aussi vite pour sa première fois à cheval, époustouflant!» Disait Lord John. «Une véritable flèche! On peut dire que tu as rabattu le caquet de ce petit prétentieux de Sheffield!»

Et il y avait ça, aussi. Les gamins du Derbyshire s'étaient joints à eux, et l'un des élèves pour devenir professeur de mathématiques s'était vanté d'être un expert en vénerie grâce à son père et ses oncles. Qu'il pouvait abattre un renard en courses à plusieurs miles les yeux bandés. L'homme était en effet doué, mais une fois que Tom avait compris que la carabine était une baguette mortelle et plus rapide, il n'avait pas été dur de la maitriser à son tour.

Sa horde avait ramassé deux sangliers, un renard, trois lièvres et cinq faisans. Il avait, pour ainsi dire, battu tout le monde sur leur propre terrain. Lord John vantait depuis ses mérites et se félicitait d'avoir un futur gendre capable de rivaliser avec lui dans l'art de la chasse.

«Messieurs,je vous conseille d'aller vous changer, avant que mère ne vous voie, sinon vous passerez très certainement la nuit dehors.» Leur assura Evelyn en se moquant un peu, tandis qu'elle arrivait par l'escalier du grand hall.

Tom ne répondit rien, lui offrant seulement un sourire encore un peu fougueux, tandis qu'il dévorait malgré lui, la demoiselle des yeux. Elle était belle, dans cette robe champêtre bleue et blanche avec du velours. Elle était belle qu'importe sa tenue. Pendant un instant, il imagina sa vie à ses côtés, en tant que beau-frère du lord, à gérer un domaine de cette taille. Lord John avait assuré de son soutient pour reprendre le nom des Gaunt et l'héritage de Serpentard, il avait encore mentionné cela peu après son premier gibier achevé. Il lui avait dit qu'il ferait un excellent chef de famille, et qu'il ramènerait les Gaunt au pouvoir. Un brin de légilimentie sur cet esprit tellement ouvert lui avait assuré de sa sincérité.

L'homme était prêt à l'aider quoi qu'il demande. Il était déjà membre de cette famille. Et c'était aussi délicieux qu'effrayant. Il n'avait aucune idée de comment se comporter. Il savait être l'ami charmant… Mais le gendre sur lequel tout le monde compte? Il n'y avait jamais songé auparavant.

La seule ombre au tableau était le Lord Régnant. Anthony arborait un air pincé digne de Dumbledore lorsqu'il le regardait. Il sentait la haine de cet ancien serpentard chaque fois qu'ils se retrouvaient dans la même pièce. Par ailleurs, un tir du sorcier l'avait frôlé de peu, pour venir toucher un faisan en plein vol. Tom n'était toujours pas sûr s'il s'agissait d'un accident ou d'une menace… Mais… Le lord était dangereux. Si seulement il savait que tout venait de sa cadette et non de lui, ça l'arrangerait…

Acceptant finalement l'aide de Burrows pour retirer ses bottes de cavalier une fois dans ses appartements, Tom se débarbouilla de toute la sueur et la boue. Il n'aurait jamais pensé qu'une telle activité puisse être aussi physique. Il n'aimait pas trop le Quidditch, bien qu'il y joue au poste de poursuiveur de temps à autre en guise de remplaçant, se montrant charmant et serviable dans sa propre équipé. Mais la chasse, c'était autre chose.

Enfilant des vêtements propres, il se dirigea ensuite d'un pas vif vers la salle à manger où la mère et la fille attendaient certainement.

Placé entre Evelyn et son père, Tom eu le loisir d'être à nouveau la cible des regards du lord régnant, mais surtout, il assista à la dispute pleinement insensée entre Lady Gisella, la mère de sa geôlière, et Lady Eva Elysabeth Carrington, dont il avait fait la connaissance la veille. La première sorcière de cette famille, une très vieille femme qui semblait sortir d'un conte moldu. L'air revêche, le visage ridé, les cheveux entièrement blancs et un nez crochu au milieu d'une figure austère.

Un napperon fut jeté entre les deux femmes, tandis que la matriarche grondait qu'il s'agissait de contrefaçon et qu'il était hors de question d'être servie avec des objets aussi inconvenants.

Heureusement pour eux, et surtout pour Tom, la dispute cessa lorsqu'il fut l'heure du thé et des cadeaux. Il était un peu honteux de son présent, mais n'ayant pas la fortune de ses hôtes, il avait fait au mieux. Pour la mère de sa désormais fiancée, une paire de boucles d'oreilles qu'il avait commandé à Filly Jewellery par le biais de Malfoy. Pour Lord John, il avait joué de ses contacts avec les Black pour lui obtenir un grimoire de potion de leur famille. Un traité sur les nouvelles lois sorcières pour Anthony, même s'il craignait que le serpentard ne le possède déjà.

Et enfin, n'ayant aucune idée de quoi offrir à Evelyn, puisqu'il venait déjà de se donner tout entier à sa demande, il avait finalement ensorcelé une rose rouge éternelle pour qu'elle s'ouvre au moindre contact de sa future propriétaire.

La surprise fut de voir qu'il y avait de très nombreux paquets à son nom, et pas uniquement de ses camarades de serpentard. Il reconnaissait le papier cadeau qu'on lui avait prêté en cuisine. De nombreux livres rares, des vêtements à sa taille de hautes qualités et des potions préparées… Tom ne sut pas si ce qu'il ressentait était de la joie ou de la peur. Des cadeaux, il en avait par ses alliés depuis quelques années, on lui offrait toujours des choses pour lui plaire. Mais là, tous ces présents étaient ici pour que lui, les apprécie… Une boule remonta dans sa gorge, alors qu'il plaçait ses présents en une pile bien rangée sur la table basse.

«Il t'en manque un.» susurra une voix dans son dos. Frissonnant en reconnaissant la noiraude, il se détourna de ses paquets pour la fixer, un peu perdu. L'émotion dû se lire dans ses yeux, parce qu'elle se crispa automatiquement, avant de lui tendre un petit paquet. Des fois, elle était vraiment étrange…

Soupirant, il ouvrit cet énième paquet en faisant très attention à ne pas déchirer le papier argenté constellé d'étoile. Beaucoup déchirait le papier cadeau, mais lui, il était méticuleux et ne prenait aucun risque d'abimer son contenant.

Le bracelet de force grec qu'il sorti d'une boite, dévoilant les runes de retenue pour baguette, signe qu'il s'agissait en vérité d'un holster digne des meilleurs aurors, le laissa pantois. Personne ne pourrait le désarmer tant que sa baguette serait reliée à l'étui par un charme précis. Evelyn lui offrait de nouveau de franchir un pas vers les sommets. Elle le savait excellent duelliste, et elle le lui montrait. Elle le célébrait.

La comédie devenait de plus en plus complexe à jouer. Où était la vérité et le jeu de rôle? Tom n'était vraiment plus sûr de ce qu'il ressentait. Et le baiser sur sa joue était aussi doux-amer que la truffe en chocolat qu'il engouffra pour cacher son malaise.

oOoOoOo

L'homme blond reposa sa tasse sur la soucoupe, et observa le journal sorcier qui se trouvait devant lui. Avec désinvolture, il fit venir à lui le papier d'un geste de sa baguette, sans même prononcer un mot.

Autour de lui, de nombreux hommes en uniformes s'affairaient, le saluant respectueusement à chaque passage devant ses yeux. Mais il n'en avait cure. La seule chose qui l'intéressait, c'était les nouvelles dans son pays cible.

Mariage, alliances, nouvelles lois. L'Angleterre ne semblait pas réaliser la menace qui pesait sur elle. Beaucoup d'étudiants réfugiés quittaient l'Europe pour venir étudier à Poudlard, et même là, ces derniers festoyaient de nouveau, persuadés que tout danger était écarté. Pauvres imbéciles, pensa l'homme.

«Sveltlana, où en sont tes armées?» Une femme blonde au port altier approcha de l'homme, elle aurait pu être magnifique si sa poitrine n'était pas couverte d'un duvet bleu vert. Le bout de ses doigts ne tenait pas de baguette, pour la simple et bonne raison que ses ongles ressemblaient à des serres.

«Prêtes, monseigneur. Nous volerons jusqu'à Londres dès que vous en donnerez l'ordre.»

«Bien. Va expliquer à Vassily et Soren que je ne tolère aucun retard dans l'entrainement de mes hommes.» La femme eut un sourire carnassier qui l'enlaidit encore plus, avant de littéralement s'envoler par la fenêtre.

La harpie partie, l'homme qui régnait sur les lieux se contenta de siroter sa boisson tout en lisant la gazette du sorcier. L'encart festif sur Poudlard et les apparitions de célébrités au club de Slughorn, le maître des potions, attira son attention. Plus précisément, la photo qui l'accompagnait.

Evelyn Snow, Héritière du Comte Harrington, de retour à Poudlard après une année en France. Ce n'était pas la jeune fille qui l'intéressait, encore qu'une fortune de cet acabit pût toujours être utile dans son effort de guerre. Mais plutôt, le collier qu'elle portait.

Il n'avait pas revu cette tulipe depuis plusieurs décennies.

Il était même improbable que cela puisse être le même, et pourtant, tout dans l'aspect du bijou lui rappelait son passé. Les deux feuilles encadrant la fleur, celle de gauche légèrement torsadée. La tulipe en elle-même, rouge aux bordures dorées et repliée, et le pistil, visible en trois brins jaunes.

«Liebe… Ne vois-tu pas ce qui se cache entre les murs de ta précieuse école…?» Murmura le sorcier en secouant la tête.

Transplanant pour rejoindre ses appartements, l'homme fouilla un moment sa bibliothèque avant d'en sortir un grimoire très bien entretenu. La couverture de cuir noire était gravée d'un symbole blanc, un triangle barré d'une ligne, et au centre, une opale aussi blanche que la lune. Ouvrant les contes de Breedle le Barde, l'homme écarta une mèche de cheveux auburn attachée à un ruban pour récupérer un parchemin plié. Il l'ouvrit, dévoilant ce qui ressemblait davantage à un dessin d'enfant, qu'à des notes sur la magie.

On pouvait y voir trois hommes tenant des bâtons qui jetaient des étoiles vertes et rouge sur une plage. Et plus loin, dans un champ de tulipes - toutes absolument identiques - une petite fille blonde était couchée. La date en bas lui rappelait ses années passées à Godric's Hollow en compagnie de son amour. Ce dessin avait prédit l'évènement qui allait le séparer de sa moitié, mais il n'y avait vu que la douceur d'une enfant fragile souhaitant le remercier pour avoir apporté des gâteaux russes. Peut-être aurait-il dû écouter les signes de la mère magie autour de cette petite dessinatrice.

1897.

Pour Gellert Grindelwald.
signé Ariana Dumbledore.