Le soleil était brillant et la journée n'aurait pas pu être plus radieuse. Le ciel était aussi bleu que la voiture qu'elles étaient justement en train de filer. Cette dernière s'engagea soudainement dans une rue sur la droite.

— Sérieusement Lexa ? Tu n'as toujours pas répondu à ma question. Tu n'en as pas envie ?

La brune aux yeux verts la darda d'un regard noir avant de reposer son regard sur le bitume, faisant lever les yeux au ciel à sa coéquipière qui le remarqua malgré ses lunettes de soleil.

— On pourrait en parler plus tard, O' ? Ou jamais, même ? Parce que là ce n'est pas vraiment le bon moment, prit tout de même la peine de lui répondre la plus âgée.

Le véhicule bleu accéléra tout d'un coup, s'engageant dans une autre rue à une allure assez rapide.

— Je suis à peu près certaine que Costia aurait voulu…

— Octavia ! Arrêtes tout de suite et met en route la sirène au lieu de dire n'importe quoi, la rabroua-t-elle en serrant légèrement la mâchoire. Il nous a repérées…

La conductrice ne perdit pas une seconde pour suivre leur suspect, s'engageant à son tour dans la rue, zigzagant dans la circulation assez dense pour ne pas perdre la Toyota Yaris Bleue.

Son amie et coéquipière relâcha un profond soupire, décidant tout de même de faire rapidement ce que lui avait dit son amie et coéquipière. C'est vrai que ce n'était certainement pas le meilleur moment alors qu'elles étaient venait d'engager une course poursuite à travers la ville…

— Central, ici la Détective Blake. On continu toujours de suivre le suspect, informa la plus jeune en activant la radio.

Lexa jura quand le véhicule qu'elle poursuivait passa entre deux camions pour les semer, Octavia retenant à peine un cri quand elles évitèrent de justesse de s'encastrer dans l'un d'entre-deux. Mais d'un œil vif, la conductrice retrouva rapidement le véhicule dans la circulation et revint à la charge.

Elle devait admettre que même si leur Dodge chargeur était tout de même plus puissante que celle qu'elles poursuivaient, la Toyota avait l'avantage d'être plus petite. Et dans la situation actuelle et les rues bondées, c'était un énorme avantage pour le suspect.

La course poursuite dura encore un moment, sans que les deux brunes ne parviennent à faire arrêter la voiture devant elle. Mais Lexa était également une très bonne conductrice et ne le laisserait pas s'échapper aussi facilement.

La Yaris tourna dans subitement avec un crissement de frein, s'engageant dans une ruelle dans laquelle elle passa de justesse, profitant pour distancer au maximum la voiture de police.

— Lexa ! Non ! On va ne jamais passer ! Hurla la Blake en écarquillant les yeux, ne voyant pas sa coéquipière ralentir. Fait pas ça !

Toujours aussi concentrée, son froncement de sourcil le confirmant, la conductrice appuya sur la commande permettant de fermer les rétroviseurs. Elle s'engagea à son tour sans ralentir dans l'étroite ruelle, les rétroviseurs se fermant in extremis, ces derniers à quelques millimètres à peine des deux côtés du mur.

Elle entendit Octavia soupirer bruyamment de soulagement à ses côtés et ne put empêcher un sourire fin de faire son apparition au coin de ses lèvres. Ne perdant pas de temps, elle essaya de rattraper le retard pris sur ceux qu'elles poursuivant.

Heureusement, dans cette partie de la ville la circulation semblait un peu plus fluide et la Wood fut rassurée en se disant qu'il y aurait moins de risque de dommage collatéraux. Les pneus de la voiture noire quittèrent le sol quelques secondes avant de violemment s'y reposer. La conductrice dû mettre un coup de volant pour reprendre le contrôle, évitant que la Dodge noire ne parte en tête à queue.

— Tu comptes le rattraper, Lexa ?

Lexa ne put s'empêcher de serrer les dents quand le suspect qu'elles suivaient toujours et dont elles se rapprochaient dangereusement percuta une moto à contre sens. Dans un crissement effroyable causé par les freins et la gomme des pneus, la Lieutenant évita au tout dernier moment la moto qui glissait vers elles, s'arrêtant à juste quelques mètres du pilote à terre.

Le conducteur de la voiture bleue en avait profité pour mettre une grande distance entre eux. Alors avec un regard toujours calme et concentré, la policière reprit la chasse à une allure plus que démesurée.

— Prépare toi, Octavia, lui ordonna sa coéquipière.

Avec un signe de tête que la plus vieille ne vit pas, cette dernière sortie son arme. Elle savait que si elle avait l'occasion, ce serait à elle de tirer dans les pneus pour faire arrêter la voiture. Tout en veillant à ne pas faire de dégâts aux alentours.

La plus grande vint mettre la voiture à gauche de leur suspect. Mais la Blake ne put faire quoi que ce soit. Le conducteur venait de faire feu sur elles en les voyants aussi proches et Lexa dû braquer violemment et mettre un grand coup de frein pour éviter les balles. Cependant, l'homme ayant quitté la route des yeux pour les viser, il ne put éviter le terre-plein. Celui-ci agit comme un tremplin et la voiture bleue vint s'encastrer de plein fouet et dans un bruit sinistre contre le mur.

Approchant la Dodge, elles ouvrirent les portières et se dirigèrent vers l'épave qu'était devenue la Toyota Yaris. Elles levèrent leur arme en direction de la voiture, ne sachant pas ce qu'il en était du conducteur. En s'approchant, elles ne purent louper la quantité de sang et l'ouverture sur son crâne qui semblait avoir percuté le pare-brise. Elles échangèrent un regard, avant que Lexa baisse son arme et s'approche pour prendre le pouls de l'homme.

— Bon… Ce n'est pas avec lui qu'on aurait plus d'infos sur ce trafic… Déclara la Blake quand son amie lui fit signe qu'il était mort.

Elles appelèrent une patrouille pour venir fermer la zone, le temps que le corps et la voiture ne soit récupéré. Il pourrait peut-être y avoir des preuves, les deux jeunes femmes restèrent donc là le temps que la scène soit nettoyée.

Reprenant la direction de la Dodge quand tout fut pris en charge, Octavia se rua au volant. Sa coéquipière ne put s'empêcher de hausser un sourcil.

— Je conduis ! Tint à préciser malgré tout la Blake avec un air réprobateur. C'est vrai que c'était utile, même si complètement inconscient. Mais il faut vraiment que tu arrêtes de te prendre pour Steve McQueen.

Mettant un léger coup dans l'épaule de la brune aux yeux verts qui n'avait pu s'empêcher de sourire légèrement, elle se remit en direction du poste pour se remettre sur une piste en attendant les résultats de la scientifique concernant le véhicule.

— Lexa tu vas te tuer ! Ralenti bordel ! Entendit-elle la voix de sa partenaire lui crier dans son oreillette.

Même quand elles n'étaient pas dans le même véhicule elle lui faisait des reproches…

— Tout vas bien, O'. Prend la prochaine intersection à droite et tu devrais pouvoir lui couper la route.

Faisant fi des commentaires de sa coéquipière lui disant de faire plus attention, la brune accéléra la vitesse de sa moto pour continuer de mettre la pression à la voiture qu'elle poursuivait. Elle évita de justesse la collision avec une voiture quand ses assaillants essayèrent de lui rentrer dedans.

La Wood retourna se mettre non loin de la voiture qui roulait toujours. L'intersection dont elles avaient parlé avec Blake se trouvait à quelques mètres. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est que la vitre se baissa et qu'il fit feu sur elle avant de venir la percuter légèrement.

Sans qu'elle ne puisse rien faire, la Ducati Monster de la jeune Wood se retrouva au sol au même moment où l'homme qu'elle suivait freina brusquement en voyant la Dodge Charger noire arriver face à lui. Perdant le contrôle, la voiture percuta violemment la glissière présente sur le côté.

A quelques mètres, Octavia se rapprocha d'eux, l'arme levée vers l'homme qui semblait inconscient.

— Lexa ! Hurla-t-elle encore une fois.

N'ayant toujours aucune réponse de sa partenaire malgré ses appels pourtant répétés, elle décida de se diriger rapidement vers elle. L'homme qu'elle suivait semblait complètement dans les pommes et à ce moment son amie lui importait plus.

A peine eut-elle le temps de venir à ses côtés, que la brune enleva doucement son casque qu'elle déposa à côté d'elle. Elle avait le regard un peu moins vif que d'habitude et l'arcade légèrement ouverte, mais semblait aller bien. Alors elle la prit dans ses bras.

— Lex' espèce de malade, j'ai cru que t'allais pas t'en tirer cette fois…

La jeune femme allait lui répondre, mais elle se remit sur ses jambes instantanément comme si elle ne venait pas de glisser sur quelques mètres contre le bitume. Le regard fixé derrière sa coéquipière, elle se mit soudain à courir le plus rapidement qui lui fut possible.

La Wood avait aperçu l'homme sortir de la voiture et prendre la direction opposé à la leur. Et il n'y avait absolument aucune chance qu'il ne s'échappe. Alors même si elle était moins rapide que d'habitude elle rattrapa le blond qui boitait, avant de le plaquer au sol. S'en étant aussi aperçu, Octavia lui avait emboîté le pas et son arme était pointé dans sa direction.

— Tu es en état d'arrestation, l'en informa tout de même la plus vieille après lui avoir mis les menottes.

— Je m'en occupe, lui dit sa partenaire en prenant l'homme par le bras et en lui récitant ses droits avant de l'enfermer dans la voiture.

Au cas où, la Lieutenant les suivi jusqu'à la voiture.

— Ça va Lexa ? Tu en es sûre ?

— Oui, ne t'en fait pas ! On se retrouve au poste.

— Attends ! Lui ordonna-t-elle en commençant à baisser la fermeture de la veste en cuir de sa coéquipière.

— Qu'est-ce que tu fais O' ? Je ne suis pas certaine que Lincoln ne soit d'accord avec ça… Et moi pas vraiment non plus, pour le coup.

— Mais tais-toi idiote ! La darda-t-elle d'un regard noir.

La jeune femme lui fit un sourire en coin et allait répliquer quelque chose, quand elle laissa s'échapper une légère plainte de douleur quand la Blake lui retira complètement sa veste. Dirigeant son regard vert sur l'objet de sa douleur, elle se rendit compte qu'une balle lui avait un peu plus que frôlée le bras. Elle avait donc une ouverture d'une petite longueur sous l'épaule dont le sang s'écoulait doucement. Récupérant sa veste, elle se rendit compte que celle-ci portait la même marque.

— Génial… Dit-elle les dents serrées plus par la blessure subite par le vêtement que par celle de son bras.

Déchirant une partie de son haut noir sous le regard de sa coéquipière, elle banda la blessure pour faire cesser une partie de l'écoulement rouge.

— Tu vas à l'hôpital, lui dit avec fermeté son amie en sachant qu'elle n'avait absolument pas prévu de le faire. Tu veux que je t'y emmène ?

— Ça ne sert à rien Octavia… Ce n'est rien du tout.

— Tu y vas Alexandria Wood ! Tu as besoin de quelques points de suture je te signale. A moins que tu ne veuilles que j'entre mon doigt dedans pour voir la profondeur ?

— Très bien… Soupira la jeune femme avec ennuis. J'y vais en moto tout de suite, ne t'en fais pas… Espèce de psychopathe vas.

— Très bien, répéta-t-elle en ignorant l'insulte. Je préviens le Capitaine de ton retard. Et cette fois, ne roule pas comme une malade bon Dieu !

Elles s'étaient alors séparées, Lexa retournant sur sa moto pour prendre la direction de l'hôpital le plus proche de l'endroit où elle se trouvait.

La brune s'installa dans la salle des urgences, attendant son tour avec calme. Elle n'aimait pas particulièrement ce genre d'endroit, mais elle y avait assez été pour supporter d'y passer un peu de temps et s'y sentir à peu près à l'aise. Et sincèrement, se doutant du savon que son Capitaine allait probablement lui passer dès son retour au poste face à sa conduite qu'elle qualifierait de "complètement inconsciente"... Elle préférait encore à cet instant passer le maximum de temps ici avant d'avoir cette confrontation.

Mais malheureusement, sa prière silencieuse ne fut pas exhaussée. Une jeune femme en blouse blanche, assez jolie elle devait le reconnaître, été venue rapidement à sa rencontre en la saluant avant de la diriger un peu plus loin.

— C'est une belle blessure que vous avez là, dit la blonde en l'évaluant après avoir délicatement retiré le bandage maison. Il va vous falloir quelques points de suture pour la refermer.

— Cela aurait pu être pire. Je n'ai pas besoin d'anesthésiant, Docteur, dit-elle rapidement avec un sourire en voyant la jeune sur le point de récupérer une seringue. Promis, je ne crierai pas. Pas pour ça en tout cas.

— Comme vous voulez, lui répondit la chirurgienne en préparant le fil et en commençant à travailler, amusée quand elle vit la brune grimacer légèrement. Comment est-ce que vous vous êtes fait ça au juste ?

— Je travaille dans la police, répondit simplement Lexa. C'est habituel pour moi et là c'est assez superficiel. J'ai connu bien pire.

— On peut voir ça, répondit la blonde en finissant les derniers points.

Elle avait effectivement pu apercevoir les cicatrices et le point d'entrée d'une balle sur l'épaule de la brune. La jeune femme posa avec délicatesse un pansement sur la blessure et banda le bras de la brune.

— En tout cas, vous avez tenu votre parole, s'amusa celle en blouse blanche, je ne vous ai pas du tout entendu crier !

— C'est surtout de votre fait, j'ai à peine senti votre aiguille transpercer ma peau, Docteur. A croire que d'habitude les médecins sont un peu plus brutaux, Déclara la brune avec un léger sourire.

La blonde secoua la tête tout en laissant échapper un rire qui résonnât magnifiquement aux oreilles de la Wood.

— Je vais aussi mettre un point autocollant sur votre arcade, si vous me le permettez. Ça cicatrisera mieux et plus vite que si l'on ne fait rien.

Lui faisant signe qu'il n'y avait pas de problème, elle commença à nettoyer la plaie avec toujours autant de délicatesse avant de déposer le dit point.

— J'imagine que je n'ai pas à vous faire de recommandation particulière sur le soin de la blessure ? Lui demanda-t-elle en jetant ce qu'elle avait utilisé sur la brune.

— Non, j'ai l'habitude, répondit-elle en remettant sa veste en cuir avec un minimum de précaution. Merci beaucoup, Docteur… ?

— Griffin, lui répondit la blonde avec un sourire. Docteur Clarke Griffin. Et de rien, n'hésitez pas à repasser si vous êtes encore blessée. Comme ça je pourrai voir si vous êtes toujours aussi résistante qu'aujourd'hui ! Mais si vous évitiez de vous blesser, ce serait bien aussi !

— C'est noté Docteur Griffin, sourit légèrement Lexa en croisant les yeux bleus avant de prendre la direction de la sortie.

Dans d'autres circonstances, elle aurait bien essayé sans encore problème de la mettre dans son lit. Mais elle devait aller se faire engueuler pas son Capitaine et ce n'était absolument pas le moment ni le lieu de draguer. Même si elle devait admettre que cette femme lui avait très clairement tapé dans l'œil. C'était encore moins le moment, d'autant plus qu'elle avait pu apercevoir une alliance à la main de la belle blonde.

— Alors ! Ça va ? Lui demanda Octavia inquiète, qu'elle croisa en bas du poste avec un mug de café en carton à la main.

— Je suis réparée, ne t'en fais pas, leva-t-elle les yeux au ciel. Mais qu'est-ce que tu fais là toute seule avec ton verre ?

— Lincoln vient tout juste de partir, dit la plus jeune avec les yeux brillants. Il est venu boire un café avec moi en finissant sa garde.

— Sérieusement ? Il ne pouvait pas attendre deux heures que tu rentres chez vous ? Releva la Wood avec un sourire mesquin.

— Je te signale que ton filleul est avec nous à la maison aussi ! Rétorqua-t-elle avec un sourire. Et même si j'aime mon fils plus que tout, j'aime bien aussi passer des moments seule avec mon mari. Tu es au courant qu'on est obligé de …

Ne voulant même pas prendre le risque d'entendre la suite et fin de cette phrase, sachant très bien ce qu'il allait en être, Lexa se rua dans le bâtiment sans attendre. Sa coéquipière vint la rejoindre dans l'ascenseur avec un sourire en coin.

A peine eurent-elles le temps de passer les portes vitrées pour se rendre à leurs bureaux, que Lexa fut apostrophée dans l'open-space.

— Wood ! Dans mon bureau tout de suite !

Octavia laissa échapper un rire face à l'air dépité de sa coéquipière, avant que cette dernière ne prenne la direction du bureau de la Capitaine Indra Johnson en soupirant.

— Capitaine, si c'est pour ce qu'il s'est passé sur la route tout à l'heure…

— Cela n'a rien à voir, la coupa la femme âgée en lui faisant signe de prendre place face à elle. Même si vous auriez pu encore une fois vous en passer… C'est la deuxième cette semaine et cette fois-ci vous avez en plus été blessée.

La Lieutenant baissa légèrement la tête, puis un moment passa pendant lequel les deux femmes se regardèrent simplement dans le silence.

— Nous avons de fortes raisons de croire qu'un assez gros trafic de drogue a lieu et transite par un hôpital en ville, lui apprit la Capitaine.

— Comment ça dans un hôpital ? Et comment est-ce que vous êtes au courant de ça ? Parce que je ne suis au courant d'aucun traf…

— Wood ! Je tiens à vous rappeler que je suis votre Capitaine, l'engueula la gradée pour la faire cesser.

— Désolée Capitaine. Je vous écoute.

— Bien. Je tiens l'information d'une chirurgienne qui travaille actuellement dans cet hôpital. Et avant que vous ne me posiez la question, c'est parce que je connais bien son beau-père qui est l'un de mes amis qu'elle m'a contacté. Elle m'a informé que depuis quelques temps elle a de plus en plus de suspicion sur un trafic de drogue. Mais je n'ai pas plus d'information. Je veux que vous passiez en repérage et que vous échangiez avec cette chirurgienne pour savoir ce qu'il en est exactement.

— Capitaine… Nous ne pouvons pas lancer une enquête sur des on-dit que vous auriez entendus… Et sans plus de détails en plus.

— Je lui fais entièrement confiance, Wood. Et c'est pour ça que je veux que vous entriez en contact avec elle. Elle connait très bien les lieux et sera votre informatrice dans l'établissement.

— Et après ? Demanda la brune en fronçant les sourcils.

Elle connaissait bien sa Capitaine et savait qu'elle lui cachait quelque chose. Après tout, c'était elle qui l'avait sorti des ennuis quand elle était plus jeune et encore un complet électron libre cherchant sa place.

— J'aimerais que tu infiltre le groupe si ça s'avère nécessaire, Lexa. Déclara finalement la plus vieille en la regardant fixement.

La Wood baissa les yeux vers ses mains, déglutissant difficilement. Elle releva cependant la tête vers sa supérieure.

— J'accepte, décréta-t-elle avec assurance.

— Tu es certaine Lexa ? Je préfère que ce soit toi, mais je comprendrais que tu ne veuilles pas. Je pourrais demander à Blake de le faire à ta place, si tu ne veux pas. Vu ce qu'il s'est passé la dernière fois…

— Non Indra, dit la jeune femme qui utilisait rarement le prénom de sa Capitaine au poste. Je vais le faire. Je ne peux pas laisser ce qui s'est passé me toucher.

La responsable du poste la regarda étrangement et un instant de silence passa.

— Pas dans le travail, en tout cas, ajouta la brune aux yeux verts d'une voix blanche. Et je te promets de faire attention. C'est quel hôpital ?

— C'est celui qui est dans le centre-ville.

— J'en reviens, justement. C'est où je suis allé pour faire soigner ma blessure.

— Et bien ça facilite les choses alors. La chirurgienne est Clarke Griffin.

— Ça facilite encore plus, c'est elle qui s'est occupée de moi tout à l'heure, déclara Lexa. Mais laissez-moi quelques jours pour prendre en main cette affaire et faire le point sur celles en cours, Capitaine. Je ne peux pas non plus abandonner tout le reste d'un seul coup.

Après la fin de la journée, elle rentra à son appartement et se dirigea vers le bar. Tout de suite après avoir déposé ses affaires, elle se servit un verre de bourbon. Là face à elle, à travers sa grande baie vitrée, elle pouvait voir la ville évoluer dans la nuit.

Mais ce soir, son regard était vide et elle se contenta de vider peu à peu son verre, avant de s'en resservir un autre. C'était peut-être une erreur d'avoir accepté l'affaire que lui avait donné son Capitaine. Il était même certain qu'elle aurait dû refuser. Mais elle devait le faire, si Indra le lui avait demandé c'est qu'elle avait vraiment besoin d'elle.

La dernière infiltration qu'elle avait effectuée avait pris fin il y a un peu plus de six ans. Et elle n'avait pas vraiment était couronnée de succès. Pas de son point de vue, en tout cas. Bien qu'elle ait finalement réussi à faire cesser le trafic en récupérant une très grande partie de la marchandise. Même si elle n'avait jamais pu accéder au grand Chef, dont elle connaissait pourtant le nom, elle avait réussi à faire tomber la plupart des têtes. Lexa avait reçu une médaille pour son travail exemplaire et avait été encensé par les grands pontes de la Police. Même si tout ça était resté officieux, ne pouvant pas permettre au grand public de la connaitre.

Mais elle n'avait eu que faire de ces stupides remerciements, de ce stupide bout de métal. Parce qu'elle avait perdu ce qui comptait le plus à ce moment-là pour elle à cause de cette affaire. Sa fiancée, Costia Baines. Elle avait retrouvé le corps de sa future femme et sa voiture complètement carbonisée devant la maison qu'elles habitaient alors un soir en rentrant. La scientifique avait eu du mal à réussir à confirmer l'identité de la jeune femme tellement le corps avait été détruite, même si ça avait été le cas.

Les images avaient tourné en boucle dans sa tête pendant des semaines sans arrêt. Encore aujourd'hui, elle n'avait pu supprimer complètement l'image gravée profondément dans sa rétine. Et c'était entièrement de sa faute. Elle avait cherché la responsable de l'organisation, Kristen Green pendant des mois. Mais sans aucun résultat.

Depuis lors, elle avait refusé de laisser entrer quelqu'un à nouveau dans sa vie, qui que ce soit. Pas de cette façon-là du moins. Elle avait enchaînée les aventures sans lendemain, ne s'autorisant plus à s'attacher à personne d'autre. Octavia avait pourtant essayé de la faire passer au-dessus de ça, sans aucuns résultats positifs.

Alors pour la seule fois depuis le moment où elle avait perdue Costia et depuis que avait décidé d'avancer, elle s'autorisa à laisser son armure tomber et craqua. Elle jeta son verre de toute manière déjà presque vide avec violence contre le mur, celui-ci volant en éclats. Le fracas qu'elle avait elle-même causé à cet instant résonna durement dans ses tympans.

Et elle se laissa tomber au sol contre le mur, quelques larmes roulant silencieusement le long de ses joues. La brune resta prostrée dans cette position pendant plusieurs minutes. Peut-être des heures, elle ne savait plus, avant de se relever en essuyant de sa manche les derniers vestiges des preuves de ses larmes.

— L'amour est une faiblesse, se répéta-t-elle encore une fois à voix haute, froidement.

Malgré tout ça, son boulot et son devoir passait avant tout. Avant mes ses sentiments et ce qu'elle pouvait vouloir. Et c'est pourquoi elle avait assuré à Indra Johnson qu'elle suivrait cette piste sur l'hôpital. Jetant un œil à la bouteille de bourbon bien entamée, elle décida d'aller se coucher, titubant légèrement jusqu'à son lit.

Le lendemain elle se réveilla avec l'esprit bien plus clair que quelques heures auparavant. Elle fila sous la douche comme première chose, se détendant sous l'eau chaude. Heureusement qu'elle ne ressentait en général jamais l'effet de l'alcool le lendemain. Arriver au bureau avec une gueule de bois n'aurait pas vraiment été la meilleure chose à faire, surtout qu'elle était certainement que sa Capitaine n'attendait qu'un signe négatif pour la retirer de l'enquête à venir.

La brune aux yeux verts venait de déposer ses affaires sur son bureau, avant que sa coéquipière arrive et prenne place à ses côtés.

— Salut Lex' ! Tu vas finalement me dire ce qu'il s'est passé hier avec le Capitaine ?

— Je dois mener une enquête qui pourrait conduire à une infiltration, lui répondit-elle d'une voix neutre en ne levant pas les yeux des documents qu'elle avait entre les mains.

Comprenant, Octavia ne dit pas un mot de plus, se contentant de travailler dans le calme à côté d'elle. Son amie lui parlerait quand elle le voudrait, ce qui pour elle voulait peut-être dire jamais.

— Donc on doit faire un point sur les affaires en cours, reprit Lexa un peu plus tard. Je pourrais certainement t'apporter mon aide, mais je préfère que tu aies tous les détails. Au moins pour le moment où je serais en infiltration et où je ne pourrai peut-être plus t'aider.

Pendant les quelques jours qui suivirent, elles allèrent assez peu sur le terrain, se contentant de revoir les détails des enquêtes en cours. Lexa passa plus de temps au bureau que jamais ces derniers, se procurant toutes les informations possibles sur l'hôpital en question. Ce qui fut assez peu, en travaillant avec les ressources en sa possession.

Elle devait maintenant aller voir le Docteur Clarke Griffin pour engager les choses, elle ne pouvait pas le faire directement à l'hôpital et ne pouvait pas non plus laisser de traces écrites. Et la Wood devait mettre la chirurgienne en confiance et en sécurité, après tout elle avait dénoncé un très probable trafic de drogue se déroulant sur son lieu de travail. Dont ses responsables avaient peut-être connaissance.

La seule chose qu'elle voyait pour y parvenir, c'était de se rendre directement chez elle pour la voir. Mais ne connaissant pas ses heures, elle devrait certainement se poster devant la maison et attendre qu'elle arrive. C'est donc ce qu'elle décida de faire après avoir vérifiée l'adresse. Elle prévint Octavia et se mit en route.

Apercevant un café juste en face de la maison, elle y prit place et observa l'endroit pour détecter des signes de la présence de la blonde. Plus tard en fin d'après-midi, elle vit un homme quitter le bâtiment. Grace aux recherches qu'elle avait effectuées, Lexa savait que c'était le mari de Clarke Griffin. Ce dernier travaillant à l'hôpital également, mieux valait qu'il ne sache rien de l'enquête, du moins pour le moment.

Elle était non loin de sa moto sur un banc, quand une berline blanche vint se garer à l'adresse qu'elle surveillait jusqu'à maintenant. Apercevant une blonde quitter le véhicule avant d'entrer dans la dite maison, elle s'en rapprocha. L'officier attendit un petit moment avant de venir frapper à la porte, laissant le temps à la propriétaire des lieux d'arriver et de déposer ses affaires.

— Bonjour, dit la blonde en ouvrant la porte, fronçant les sourcils en voyant la jeune femme.

— Bonjour Docteur Griffin, je peux entrer ? Lui dit-elle en montrant rapidement son insigne. Je suis le Lieutenant Lexa Wood, c'est le Capitaine Indra Johnson qui m'envoie.

— Oui, oui, bien sûr ! Entrez, je vous en prie.

Comme elle le lui avait dit, Clarke ouvrit la porte en grand pour la laisser passer avec un léger sourire, que Lexa lui rendit. La maîtresse de maison la conduisit dans le salon, lui faisant signe de prendre place sur le canapé.

— Comment va votre bras ? Demanda la chirurgienne qui s'installa en face de la brune.

— Bien, merci. Je ne pensais pas qu'avec le monde que vous devez voir tous les jours vous pourriez vous en souvenir, déclara Lexa surprise.

— C'était i peine quelques jours, lui répondit la blonde avec un sourire. Je peux vous offrir quelques choses à boire ?

Après que Lexa ait répondu, Clarke revint avec un verre d'eau qu'elle déposa devant elle et se réinstalla.

— Le Capitaine m'a informé que vous soupçonniez un potentiel trafic de drogue au sein de l'hôpital, commença la jeune femme aux yeux verts. Vous pourriez m'en dire plus ?

— Je pense que c'est le cas, depuis quelques temps. J'ai eu des doutes avec la disparition de plus en plus importante de médicaments qui peuvent entrer dans les ingrédients de fabrication. Et certaines salles ont été complètement fermés, soit disant pour rénovations.

— Nous sommes d'accord pour le vol de médicaments, ça peut être suspect, commença Lexa en fronçant les sourcils. Mais pour ce qui en est de la rénovation, n'est-il pas normal de garder les salles en bon état dans un hôpital ?

— En théorie, oui. Mais je ne pense pas que ce soit nécessaire quand les salles ont été entièrement rénovées l'année dernière. J'ai pris le parti d'aller voir le Directeur de l'établissement, Dante Wallace, qui m'a affirmé n'y avoir aucuns problèmes. Ni pour les vols, qu'il a qualifié de simple « pertes », ni pour la fermeture des salles.

Lexa l'avait laissé parler, prenant des notes sur un carnet de ce que la blonde venait de dire.

— Il est au courant que vous en avez parlé à la police ?

— Non, absolument pas. Je n'en ai parlé à personne à l'hôpital. Je vous ai contacté sur conseil de mon beau-père, Marcus Kane. Il est directeur d'un hôpital à l'autre bout du pays, j'ai voulu savoir ce qu'il en pensait. Et il m'a confirmé trouver ça suspect et m'a donné le numéro d'Indra Johnson.

— Vous avez bien fait de la contacter, Docteur Griffin. Je me permets de vous le demander, mais en avez-vous parlé avec votre mari ? Je sais qu'il travaille également à l'hôpital en tant qu'agent mortuaire, si je ne me trompe pas.

— De ce qui se passe ? Oui, mais il pense que ce n'est rien. Pour ce qui est de votre implication, non je ne lui ai rien dit pour le moment.

La brune la regarda en réfléchissant, avant de prendre quelque notes et de relever la tête. Elle fixa ses yeux verts dans ceux bleus de la Griffin.

— Ne le faite pas. Les choses peuvent se savoir rapidement et l'existence de l'enquête pourrait remonter dans les oreilles de personnes potentiellement impliquées. De plus, s'il est au courant il pourrait devenir une cible principale. Et je vous assure que vous ne voulez pas que ce soit le cas.

La blonde ne répondit pas, se contentant de hocher la tête en voyant une étincelle de tristesse très furtive passer dans les yeux verts. Mais ça avait été si bref qu'elle se demanda si elle l'avait réellement vue ou plutôt rêver.

— Docteur Griffin, pourriez-vous me donner un peu plus d'informations sur l'hôpital et ses employés ? Je ne veux pas vous déranger plus longtemps, mais j'en ai vraiment besoin.

— Ne vous inquiétez pas pour ça, je ne suis pas pressée. Et mon mari ne reviendra pas avant demain matin, il est sorti avec des amis. Donc il ne faut pas s'inquiéter qu'il arrive non plus, nous sommes tranquilles. Mais je pense que vous pourriez m'appeler Clarke. Docteur Griffin est un peu trop solennel, surtout si nous devons travailler pendant un certain moment ensemble.

— Parfait alors. Mais seulement si vous m'appelez Lexa également, alors.

Elles échangèrent toutes les deux un sourire avant de se remettre au travail. Clarke essaya de lister au mieux le personnel, commençant en priorité par les dirigeants. La blonde lui expliqua le fonctionnement de l'établissement, ce qui pouvait entrer et sortir sans problème. Le nom des personnes ayant accès aux médicaments les plus restreints, la liste de ceux qui avaient été volés.

L'heure avançant, Clarke proposa de commander à manger pour elles deux. La brune accepta à condition que ce soit elle qui règle la note.

— Sincèrement, je ne vois pas comment la drogue peut sortir sans que personne ne voit rien, Lexa.

La policière venait de noter tout ce que la chirurgienne avait pu lui dire, s'attardant sur des points qui lui paraissait un peu plus importants ou sensible.

— Ça ne me saute pas aux yeux non plus pour le moment. Ça pourrait être par les ambulances, mais ce serait assez risqué pour les trafiquants. Et les livreurs font entrer des choses mais ne ressortent rien en principe. Peut-être par les personnes qui font le ménage ? La drogue pourrait se trouver dans les sacs poubelles.

— L'hôpital fonctionne 24 heures sur 24, je ne pense vraiment pas que quelqu'un s'amuse à ne prendre le risque de sortir avec des sacs poubelle pleins de drogue…

La solution ne lui apparaissait pas et Lexa en était frustrée. Mais même si elle était une excellente enquêtrice, elle venait juste de commencer. Il paraissait normal qu'elle n'ait pas le résultat, n'ayant pas encore toutes les cartes en mains.

— On va trouver, Clarke. Ne vous en fait pas.

— Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?

Lexa reposa le document qu'elle était en train de relire une nouvelle fois et vient fixer son regard dans celui de la chirurgienne avec un sérieux implacable.

— Dans un premier temps, je tiens à vous rappeler que vous ne faites pas partie de la police. Vous n'êtes pas armée et ne pourrez pas vous défendre si quelqu'un apprend que vous pourriez le gêner. Pour l'instant, je veux que vous ne parliez plus à quiconque de vos soupçons, mis à part moi. A personne, pas même votre mari. C'est bien compris ?

La blonde hocha la tête alors elle continua.

— Laissez passer un peu de temps, quelques jours sans poser aucunes questions. Contentez-vous de faire votre travail et d'obéir aux ordres. Au moins le temps que les choses se tassent. Je veux trouver les responsables et arrêter tout ça, mais il est absolument hors de question de vous mettre en danger. Je ne veux pas que vous deviniez un dommage collatéral. Notez pour l'instant dans votre tête tout ce qui vous paraîtra suspect ou pouvant sortir de l'ordinaire. Je ne veux pas que vous preniez le moindre risque, Clarke. C'est bien compris ?

— Je vous le promets, répondit Clarke avec sincérité.

— Bien, voici mon numéro de téléphone personnel, je veux que vous le notiez. J'ai déjà le vôtre. Nous ne pourrons échanger que de vive voix, alors pas d'échange par SMS ou mail. Le mieux serait que nous puissions nous voir dans un endroit neutre et discret, assurez-vous d'être seule et appelez-moi pour nous puissions convenir d'un endroit et d'une heure pour nous rencontrer.

— C'est bien compris, Lexa.

Cette dernière se leva, rangeant les notes qu'elle avait prises et rassemblant ses affaires.

— Avant de partir, lui dit la chirurgienne. Montrez-moi votre bras, que je puisse m'assurer que tout va bien.

— Ce n'est pas nécessaire, Clarke, vraiment, répondit-elle.

— Lieutenant Wood, c'est un ordre de votre médecin.

Soupirant en levant les yeux au ciel, Lexa releva sa manche pour permettre à la blonde d'avoir accès à la blessure. Elle l'observa attentivement, avant de baisser délicatement la manche de la jeune femme.

— Tout va bien, vous semblez cicatriser très vite et la trace sera assez fine, déclara la maîtresse de maison. Et celle sur votre arcade ne se voit déjà presque plus.

— Je vous l'avais dit, Clarke, répondit la brune en levant les yeux au ciel une nouvelle fois avant d'ouvrir la porte à côté de laquelle elle se trouvait. Je vais faire des recherches, nous devrions pouvoir nous revoir d'ici environ deux semaines si rien de pertinent ne se passe. N'oubliez pas ce que je vous ai dit.

— Ce sera fait, Lexa. Ne vous inquiétez pas. A bientôt.

La jeune femme lui fit un sourire qu'elle lui rendit légèrement avant de passer la porte, se retournant vers la Griffin avant de rejoindre sa moto. La regardant fixement, encrant ses yeux dans ceux qui étaient bleus.

— Clarke, n'hésitez surtout pas à m'appeler. Que ce soit si vous trouvez quelque chose, ou si vous vous sentez en danger. Et je vous en prie, faite attention à vous.

Échangeant un dernier signe de tête, Lexa prit le chemin de sa moto dont elle actionna le moteur avant de mettre son casque.

C'était l'idée de son Capitaine et celle de la chirurgienne, mais elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour la jeune femme. C'était une civile, elle n'était pas préparée à tout ça. Mais Lexa ne pouvait pas infiltrer le groupe sans plus d'informations que ce qu'elle avait déjà. Informations que lui apporterait la blonde. Malgré tout, l'inquiétude était bien présente, surtout après ce qui était arrivé à Costia.

Dans un crissement de pneu qui résonnât dans la nuit noir, elle retourna chez elle.