Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien.

Un plus petit chapitre aujourd'hui, en espérant que ça vous plaise.

Bonne lecture :)


Le bruit du moniteur cardiaque emplissait la chambre d'hôpital d'un rythme régulier et rassurant. Pourtant, il n'apaisait en rien l'angoisse qui enserrait la poitrine de Clarke. Assise sur une chaise trop rigide, elle fixait le visage de Lexa, immobile, endormi sous l'effet des sédatifs. Ses doigts entouraient doucement la main froide de la brune, comme si elle pouvait, par ce simple contact, l'empêcher de sombrer à nouveau.

Lexa était vivante. Mais à quel prix ?

L'attente avait été insoutenable. Chaque seconde où elle était restée sans nouvelles, où elle avait craint que Lexa ne se réveille jamais, lui avait paru être une éternité. Elle aurait voulu dire que maintenant que Lexa était stable, l'angoisse s'était envolée, que tout irait mieux. Mais ce n'était pas vrai.

Lexa allait se réveiller. Et alors, il faudrait affronter la suite.

Dans l'ombre, Clarke n'avait pas remarqué la présence de Luna, silencieuse. Depuis l'arrivée des secours, Clarke n'avait eu d'attention que pour Lexa. Elle n'avait pas cherché Luna, ne lui avait pas demandé comment elle allait. Pourtant, elle était là, elle aussi. Elle avait trouvé Lexa, elle avait appelé les secours, elle avait veillé, tout comme Clarke. Mais à cet instant, elle n'était qu'une spectatrice oubliée.

Et cela lui faisait mal. C'est pour cela que Luna était partie sans que Clarke ne le remarque.

Le matin commençait à poindre derrière les fenêtres lorsque Lexa ouvrit enfin les yeux. Cela faisait des heures que la blonde attendait que son amie se réveille.

Clarke sentit immédiatement un mouvement sous ses doigts et redressa la tête, retenant son souffle.

« Lexa ? »

Les paupières de la brune papillonnèrent, ses iris vertes cherchant à s'accrocher à la réalité. Pendant un instant, Clarke vit la panique dans son regard, la confusion. Puis, l'expression de Lexa changea.

« Costia…» Murmura-t-elle, d'une voix brisée.

Le cœur de Clarke se serra douloureusement. Elle serra un peu plus fort la main de Lexa.

« Je sais… Je sais que c'est difficile. Mais je suis là, Lexa. On va surmonter ça, ensemble. »

Lexa se rendit compte des choses, elle était en vie.

Un poids immense s'abattit sur elle à cette seule pensée. La douleur n'était pas seulement physique, elle était écrasante, une chape de plomb sur ses épaules. Elle aurait dû partir. Elle aurait dû être avec Costia.

« Tu m'as fait une peur terrible, tu sais… » Tenta Clarke, espérant faire un peu parler son amie.

Lexa détourna le regard. Elle ne voulait pas entendre ça. Elle ne voulait pas de la douleur de Clarke, ni de sa présence. Pas parce qu'elle ne l'aimait pas, mais parce qu'elle ne voulait pas de ce monde. Elle voulait retourner à celui où Costia était encore là, où elles s'étaient retrouvées, même pour un instant.

Ce rêve… Était-ce seulement un rêve ? Elle sentait encore la chaleur de la main de Costia dans la sienne, le vent caressant son visage dans ce parc aux souvenirs heureux. Tout semblait si réel… jusqu'à ce que ça ne le soit plus. Jusqu'à ce qu'elle comprenne la vérité et qu'elle soit brutalement ramenée ici. Pourquoi vivre un tel moment intense, un tel moment de bonheur pour, au final, souffrir de nouveau ? Quel était l'intérêt de ce rêve ? Elle voulait y retourner, retrouver son amour perdu et ne plus la lâcher. Pourquoi Costia ne l'avait pas retenu ? Pourquoi avait-elle insisté pour la laisser seule à nouveau ?

Lexa ferma les yeux. Elle ne voulait plus penser. Elle voulait dormir et retrouver Costia en paix. Et Clarke accepta ce silence.


Les jours qui suivirent furent une lente descente dans le silence.

Lexa avait été autorisée à quitter l'hôpital après quarante-huit heures d'observation. Clarke l'avait ramenée chez elle, Bien entendu, Clarke avait rangé et nettoyé la chambre, ne laissant aucune trace de cet événement tragique survenu.

Lexa n'avait pas protesté. Pas parce qu'elle était d'accord, mais parce qu'elle n'avait pas la force de s'opposer à quoi que ce soit. Elle se laissait porter.

Elle mangeait à peine, dormait mal. Les cauchemars la réveillaient en sursaut, tremblante, la respiration coupée par l'angoisse. Elle revoyait Costia, encore et encore. Elle n'avait pas revécu un rêve étrange semblant à celui qu'elle avait eu à l'hôpital. Tous ses rêves n'étaient seulement que des souvenirs. Jamais la mort de Costia n'était prononcée, jamais cette mort ne l'a ramené dans le monde réel. Mais d'autres fois, elle revivait la douleur et la perte. Costia l'appelait, tendait la main vers elle, et elle ne pouvait pas la rejoindre.

Alors elle se murait dans le silence.

Clarke tentait d'engager la conversation, de lui parler, de la rassurer. Mais Lexa ne répondait que par des hochements de tête, des gestes vides. Elle était là, physiquement, mais son esprit était ailleurs, coincé entre le passé et un présent qu'elle ne voulait pas affronter.

Et Clarke s'inquiétait. Elle veillait sur elle du mieux qu'elle pouvait, surveillant qu'elle mange, qu'elle prenne ses médicaments. Elle refusait de la laisser seule trop longtemps.

Mais en faisant cela, elle ne voyait pas ce qui se passait autour d'elle.

Elle ne voyait pas Luna qui s'éloignait.

Luna, qui n'essayait même plus de cacher son changement d'attitude.

Elle était devenue froide, distante. Elle parlait peu, se contentait de répondre lorsque Clarke s'adressait à elle, mais ses mots étaient vides d'émotion, mécaniques. Elle ne cherchait plus le contact, ne posait plus la main sur celle de Clarke lorsqu'elles se croisaient dans la maison. Et dans le lit, c'était chacune de son côté sans aucun geste tendre.

Une semaine après leur retour de l'hôpital, Clarke retrouva Luna dans le salon. Elle s'assit à côté d'elle et tenta d'engager la conversation, mais Luna lui répondit à peine.

« Tu veux me dire ce qui ne va pas ? » Demanda Clarke, soupçonnant déjà la réponse.

« Je suis fatiguée, Clarke. »

« Fatiguée de quoi ? »

« De ça. De tout ça. » Luna croisa les bras.

Clarke fronça les sourcils.

« Luna, Lexa est en deuil. Elle a besoin de nous. Elle a failli perdre la vie. Elle est en détresse, on ne peut pas la laisser ainsi. Pas après avoir déjà perdu Costia. »

« Elle a besoin de toi. »

Le ton de Luna était amer, tranchant. Clarke sentit un malaise grandir en elle.

« Je ne comprends pas… »

« Non, Clarke. » Luna se leva, la regardant avec une douleur dans les yeux.

« Tu ne veux pas comprendre. »

Et elle partit se coucher, laissant Clarke seule avec son incompréhension.

Lexa, elle, s'enfonçait un peu plus chaque jour.

Les bruits de la maison, les voix de Clarke et Luna, les lumières tamisées du salon… tout lui semblait lointain, étouffé sous le poids de son propre esprit. Elle errait entre les murs, une ombre silencieuse, passant de longues heures enfermée dans la chambre.

Quand elle fermait les yeux, elle revoyait Costia. Elle revoyait son sourire, ses yeux brillants d'amour et de tristesse à la fois. Elle l'entendait lui dire qu'elle devait aller mieux, qu'elle devait continuer à vivre. Mais comment était-ce possible ? Comment pouvait-elle continuer alors qu'elle avait entrevu ce qu'elle voulait le plus au monde, avant d'en être cruellement arrachée ?

Clarke essayait. Clarke lui parlait, la poussait à s'ouvrir, mais Lexa ne trouvait pas les mots. Elle ne voulait pas les trouver.

Luna, quant à elle, s'effaçait.

Elle voyait bien comment Clarke veillait sur Lexa, comment toute son attention était tournée vers elle. Il n'y avait plus de place pour autre chose. Plus de place pour elle.

Les repas étaient silencieux. Clarke lançait des regards inquiets à Lexa, lui demandait si elle voulait autre chose, si elle avait besoin de parler. Mais jamais elle ne regardait Luna de la même façon.

Luna ne disait rien.

Elle se contentait d'observer, de sentir cette distance grandir entre elle et celle qu'elle aimait.

Et Lexa, malgré son état, le sentait aussi. Mais elle était trop mal pour réfléchir à ce qu'il se passait vraiment.

Elle surprenait parfois le regard de Luna sur elle, un regard empli de quelque chose qu'elle n'arrivait pas à définir. Du ressentiment ? De la douleur ? Elle ne savait pas. Elle n'avait pas l'énergie de le savoir.

Clarke, elle, ne voyait rien. Depuis leur discussion, la situation n'était pas débloquée.

La tension dans la maison était devenue presque palpable. Clarke l'ignorait ou refusait de le voir, préoccupée par Lexa, mais Luna, elle, la ressentait à chaque instant.


Ce soir-là, après deux semaines dans cette situation, Clarke décida de parler avec Luna. Elle était fatiguée de tout ça. Il fallait qu'elle sache.

Luna ne lui adressa même pas un regard quand elle vint s'asseoir à ses côtés.

Clarke soupira, passa une main dans ses cheveux, puis s'approcha lentement.

« Tu es toujours distante. »

Aucune réponse.

« Luna… Si quelque chose ne va pas, parle-moi. Nous n'avons pas reparlé de notre dernière discussion. » Clarke tenta de capter son regard.

« Tout va bien, Clarke. »

La réponse était trop rapide, trop froide. Clarke sentit un frisson d'inquiétude la traverser.

« Non, ça ne va pas. » Elle cherchait le regard de son amante.

« Je te connais. Je vois bien que tu es… ailleurs. Que tu m'évites. »

Luna laissa échapper un rire sans joie et se passa une main sur le visage.

« Je ne t'évite pas, Clarke. »

« Alors, c'est quoi ? » Insista Clarke, sa voix tremblante d'incompréhension.

« Si quelque chose ne va pas, je veux qu'on en parle. Qu'est-ce que tu voulais dire la dernière fois ? »

Luna ferma les yeux un instant, prenant une longue inspiration. Elle n'avait pas envie de parler. Elle savait où cette conversation allait les mener. Mais Clarke ne lâcherait pas l'affaire. Elle sentait que ce soir, elle ne pourrait plus rien retenir et qu'elle allait tout avouer.

« Tout tourne autour d'elle. »

Clarke cligna des yeux, surprise.

« Lexa ? »

« Oui, Lexa. » Luna tourna enfin la tête vers elle, son regard sombre et fatigué.

« Depuis qu'elle est ici, depuis ce qu'il s'est passé, c'est comme si plus rien d'autre n'existait. Comme si moi… » Sa voix se brisa un instant.

« Comme si moi, je n'existais plus. »

Clarke sentit son cœur se serrer.

« Luna… ce n'est pas vrai. »

« Vraiment ? » Luna laissa échapper un rire amer.

« Tu ne m'as même pas regardée, Clarke. Pas une seule fois. Quand elle était à l'hôpital, quand le médecin est venu nous dire qu'elle allait s'en sortir… tu es entrée dans sa chambre sans un mot. »

Clarke ouvrit la bouche, mais Luna continua, sa voix tremblante :

« J'étais là, Clarke. J'ai appelé les secours, j'ai attendu avec toi, je suis restée à tes côtés. Mais tu ne m'as pas vue. Tu ne m'as pas regardée une seule fois. »

Clarke secoua la tête, ses yeux brillants d'émotion.

« J'étais inquiète pour elle. Elle a failli mourir, Luna ! »

« Et moi, alors ? » Luna se leva brusquement, reculant d'un pas.

« Est-ce que tu t'es seulement demandé comment je me sentais ? Ce que je ressentais en te voyant complètement absorbée par elle ? »

Clarke se leva à son tour, le cœur battant.

« Ce n'est pas une compétition, Luna ! »

« Non, ce ne l'est pas. » Luna croisa les bras, sa voix se faisant plus froide.

« Mais avoue-le, Clarke. Tu ne peux pas t'empêcher de toujours la choisir. »

Clarke sentit son souffle se couper.

« Ce n'est pas vrai… »

« Si, ça l'est. » Luna secoua la tête, le regard brillant de tristesse.

« Et peut-être que c'est ça, le problème. Peut-être que j'ai toujours été celle en trop. Avant même qu'on se mette ensemble, tu avais Lexa en tête. Peut-être que tout ceci, nous deux, ce n'était qu'un passe-temps, qu'un leurre. »

Clarke sentit une douleur sourde l'envahir.

« Non, Clarke. Je ne sais plus. » Luna baissa les yeux, secouant légèrement la tête.

Le silence s'étira entre elles, lourd et pesant.

Puis, sans un mot de plus, Luna attrapa sa veste et se dirigea vers la porte.

« Luna… où tu vas ? » Demanda Clarke, sa voix tremblante d'inquiétude.

« J'ai besoin de prendre l'air. »

Clarke voulut la retenir, lui dire qu'elles pouvaient arranger ça, qu'elle ne voulait pas la perdre. Mais elle savait aussi que, pour la première fois, les mots ne suffiraient pas.

La porte claqua doucement derrière Luna, laissant Clarke seule dans un silence assourdissant.

Quelques heures plus tard.

La maison était plongée dans le silence. Clarke dormait dans sa chambre et Luna n'était toujours pas rentrée. Lexa, elle, fixait le plafond de sa chambre, incapable de trouver le sommeil. De la douce musique sortait de ses écouteurs, la plongeant dans un état de transe.

Un frisson lui parcourut l'échine sans raison apparente.

Elle tourna la tête vers la fenêtre. La nuit était claire, la lumière de la lune projetant des ombres dans la pièce. Une brise légère faisait bouger les rideaux, créant des formes éphémères sur les murs. Elle retira ses écouteurs et le silence vint.

Son souffle se coupa brutalement.

Une silhouette, debout près de la porte.

Son cœur s'emballa, ses mains se crispèrent sur les draps. Elle voulait parler, appeler Clarke, mais aucun son ne sortit de sa gorge.

La silhouette ne bougeait pas.

Elle était là, immobile, dans la pénombre.

Puis, lentement, un pas.

La lumière de la lune effleura son visage.

Lexa sentit son sang se glacer.

Costia.

Son cœur manqua un battement. Impossible. C'était impossible.

Et pourtant, elle était là. Ses yeux sombres fixaient Lexa avec une intensité troublante, son expression indéchiffrable. Était-ce réel ? Un rêve ? Une hallucination née de son esprit brisé ?

Lexa ouvrit la bouche, mais aucun mot ne vint.

Puis, en un battement de paupières, la silhouette disparut.

La pièce était vide.

Lexa resta figée, son corps tremblant violemment sous le choc. Elle était sûre de ce qu'elle avait vu.

Costia était là. Ou alors…

Elle devenait folle.