Chapitre 1

"Dans les brumes de Paris"

Hermione Granger n'avait jamais imaginé que ses études de politique sorcière la mèneraient jusqu'à Paris, en plein cœur de la vie académique sorcière française. Après avoir passé des années dans l'atmosphère féerique mais étouffante de Poudlard, elle avait échangé le vieux château contre les bâtiments élégants et modernes de la Sorbonne sorcière. C'était un changement radical, mais une partie d'elle aspirait à cette rupture avec son passé.

L'automne s'installait doucement sur la capitale, couvrant les rues pavées d'un tapis de feuilles rouges et dorées. Paris semblait murmurer des secrets à chaque coin de rue, et Hermione aimait se perdre dans cette ville vibrante, où la magie et la culture moldue se mêlaient avec une harmonie unique. Les cafés regorgeaient d'étudiants en écharpes, les librairies vendaient des grimoires anciens cachés derrière des étals de littérature classique, et même l'air avait une odeur particulière, mêlant la fumée des cheminées à celle des marrons grillés.

Pourtant, malgré la beauté de la ville et la stimulation intellectuelle de ses études, Hermione ressentait un vide persistant, une ombre qui l'accompagnait depuis la fin de la guerre. La paix qu'elle avait espérée n'était jamais venue. Peut-être, pensait-elle parfois, que ce genre de paix n'existait pas pour ceux qui avaient tant perdu.

C'est un jour d'octobre, alors qu'elle sortait de son bâtiment de cours, que tout bascula. Elle traversait la place centrale de l'université, enroulée dans son écharpe pour se protéger du vent frisquet, lorsqu'elle aperçut un visage parmi la foule. Un visage qu'elle aurait reconnu entre mille.

Elle s'arrêta net, son souffle coupé. Là, à une trentaine de mètres, un homme avançait avec une démarche calme et imposante. Sa silhouette élancée, sa posture rigide, ce profil qu'elle connaissait trop bien... Hermione sentit un frisson glacé parcourir son échine. Non... c'est impossible.

Severus Snape.

Le nom résonna dans son esprit comme un coup de tonnerre. Son cœur s'emballa, battant si fort qu'elle avait l'impression que tout le monde pouvait l'entendre. Elle cligna des yeux, espérant que l'image disparaisse. Mais l'homme était toujours là, avançant parmi les étudiants moldus, vêtu d'un manteau noir élégant et d'un pantalon ajusté, bien loin des robes austères de Poudlard. Ses cheveux noirs, autrefois gras et indisciplinés, étaient courts et soigneusement coiffés. Son teint, autrefois blafard, avait une apparence plus saine. Il était presque méconnaissable, et pourtant... c'était lui.

Hermione sentit ses jambes vaciller. Elle se tourna précipitamment, tirant sa baguette d'un geste fébrile. Le sort de Désillusion murmuré, elle disparut instantanément, se fondant dans l'environnement. Ses pensées tourbillonnaient dans son esprit : Comment ? Pourquoi ? Il est mort. Je l'ai vu mourir...

Elle resta figée un instant, le regard fixé sur lui. Puis, comme poussée par une force qu'elle ne comprenait pas, elle se mit à le suivre. Ses pas étaient légers, précautionneux, tandis qu'elle traversait les rues animées derrière lui. Son cœur battait à tout rompre, mais une étrange fascination l'empêchait de reculer.

Pendant plusieurs jours, Hermione répéta cette filature, incapable de s'arrêter. L'homme fréquentait des lieux qui n'avaient rien à voir avec l'image qu'elle avait de Snape. Il passait des heures dans des librairies moldus, lisant des ouvrages de philosophie et de poésie. Elle l'avait vu acheter un café à emporter, marcher le long de la Seine, et même entrer dans une boutique de vêtements élégants. Tout en lui était différent, et pourtant, chaque détail la convainquait un peu plus qu'il s'agissait bien de lui.

Un soir, alors qu'elle arpentait les ruelles pavées du 18e arrondissement, elle le vit entrer dans un bar de jazz. L'ambiance tamisée, les volutes de fumée bleutée, et les notes langoureuses d'un saxophone formaient un tableau presque irréel. Hermione hésita un instant, mais la curiosité l'emporta. Elle entra à son tour et s'assit au bar, feignant l'indifférence.

L'homme était là, à une table près de la scène. Il portait un col roulé vert de gris et un pantalon en chino, un style à la fois simple et raffiné. Hermione, les cheveux coupés court et lissés, espérait que son apparence méconnaissable suffirait à la protéger d'un éventuel regard perçant. Mais il ne semblait pas remarquer sa présence. Il sirotait un verre de vin, ses gestes calmes et mesurés, et semblait absorbé par la musique.

Hermione sentit une vague de confusion l'envahir. Comment peut-il être si... normal ? pensa-t-elle, incapable de réconcilier cette image avec l'homme qu'elle avait connu.

Quelques jours plus tard, sa filature prit une tournure encore plus étrange. Elle le vit entrer dans un vidéoclub pour adultes. Hermione resta pétrifiée, ses joues brûlant d'embarras. Elle recula précipitamment, ses pensées brouillées par une gêne qu'elle n'arrivait pas à expliquer. Pendant plusieurs jours, elle cessa de le suivre, troublée par ce qu'elle avait vu.

Mais au bout de trois mois, la curiosité finit par reprendre le dessus. Elle murmura à nouveau le sort de Désillusion, déterminée à obtenir des réponses. Ce jour-là, il traversa le 6e arrondissement, un quartier calme et cossu, avant d'entrer dans un vieil immeuble haussmannien. Hermione monta les escaliers derrière lui, utilisant un léger sort de Lévitation pour ne pas faire craquer les marches.

Lorsqu'il ouvrit la porte de son appartement, elle se glissa rapidement derrière lui, retenant son souffle. L'intérieur la surprit immédiatement. Elle s'attendait à un lieu austère, sombre, presque sinistre. Mais l'appartement était chaleureux, décoré avec goût. Des étagères remplies de livres bordaient les murs peints de couleurs apaisantes, et un vieux gramophone jouait doucement un air de jazz. L'odeur du bois de cèdre et d'un thé épicé flottait dans l'air.

Et puis, elle le vit se baisser pour caresser un chat roux ébouriffé. Hermione sentit sa gorge se serrer en reconnaissant Pattenrond. Elle resta figée, incapable de comprendre ce qu'elle voyait. Le chat frotta sa tête contre la main de Snape, qui esquissa un sourire presque imperceptible.

Mais avant qu'elle ne puisse analyser davantage, la porte se referma lourdement derrière elle. Une onde de magie envahit la pièce, et Hermione sentit un puissant sort de protection s'activer. Son cœur s'emballa. Elle était piégée.

C'est alors qu'une voix glaciale et empreinte de sarcasme brisa le silence.

— "Insupportable Miss-je-sais-tout, ne soyez pas impolie jusqu'à ne pas retirer vos chaussures chez moi."

Hermione déglutit, figée par le choc. Severus Snape se tenait là, ses yeux noirs fixant les siens avec une intensité qu'elle n'avait jamais oubliée.