Bonne lecture !


Les coupures et les hématomes étaient cachés pour le moment, sous cette peau familière, mais pourtant encore étrangère, mais ils faisaient encore mal. Barty ajusta sa robe et leva la tête vers la mer, le cœur battant. Une pluie drue lui tombait sur le dos.

La journée avait été absolument désastreuse. Il avait été dupé par Lockhart – il l'avait cru quand il lui avait parlé de la salle commune de Serpentard jusqu'à ce qu'il ait repéré Potter qui se faufilait dans les toilettes – il avait été trop lent et avait laissé deux gamins de douze ans lui filer entre les doigts, il avait échoué à garder la connexion de l'Imperium sur l'autre garçon, il n'avait pas été capable de rouvrir la Chambre et par deux fois, il avait failli se faire avoir par les Aurors dans les toilettes et chez lui après qu'ils l'y aient traqué par la Cheminée.

Un Auror était mort et l'autre ne devait pas en être loin, donc il n'avait pas tout perdu, mais il n'avait pas eu l'occasion de réfléchir à ce qu'il allait faire de son père et il était probable que le troisième Auror l'ait déjà contacté. Et il regrettait de ne pas avoir tué Winky, mais elle avait toujours été bonne avec lui, même si elle allait sûrement changer d'avis quand son père lui raconterait tout. Le bateau fut secoué par une vague et Barty serra les dents.

Si ce n'était pas déjà le cas, ils allaient vite découvrir qui il était et son déguisement le plus utile – le visage de son père – deviendrait inutile. Aujourd'hui, c'était peut-être la dernière fois qu'il le portait. Il ne savait pas ce qui s'était passé entre Potter et son Seigneur ou comment son Seigneur s'en était sorti contre les Aurors. Barty savait seulement qu'il devait se montrer prudent désormais, qu'il aurait besoin d'aide.

C'était dommage qu'il n'ait pas pu faire sortir les Lestrange. C'était exactement le genre de personnes que son Maître pourrait utiliser, à son retour. Ils étaient loyaux, puissants et Barty et Bellatrix avaient toujours été ses favoris. Mais il avait été maladroit – ils avaient été maladroit – et ils seraient maintenant sous surveillance. Et ils n'étaient pas du genre à se contenter d'incertitudes. Ils n'auraient pas accepté ses ordres, ils n'avaient aucune patience et les attitudes irréfléchies leur feraient tout perdre s'ils ne se montraient pas prudents.

Non, Barty avait besoin d'un autre Mangemort, quelqu'un de prudent, de rusé.

Le bateau heurta la jetée de pierre et après qu'un jeune Auror ait sécurisé l'embarcation sous les yeux de son mentor, Barty débarqua en les remerciant discrètement et se dirigea vers la prison en empruntant le chemin habituel.

Dumbledore, vêtu d'une robe mauve, le dépassa en chemin. Barty se tendit, se demandant s'il avait eu vent de ce qui s'était passé à l'école, mais si c'était le cas, il n'avait visiblement pas fait le lien. Sans ralentir le pas, Dumbledore murmura un bonjour distrait et Barty poursuivit sans trop réagir, en le saluant brièvement en retour.


Harry ne pouvait s'empêcher de penser que d'une façon ou d'une autre, il finissait toujours à l'infirmerie. Cette fois, cependant, il n'était pas trop blessé. Un peu secoué peut-être et épuisé, mais Fumseck avait guéri la majorité des dommages. Et Ron semblait aussi plutôt en forme, traînant dans le coin avec une expression qui laissait entendre à Harry qu'il ne comptait plus jamais être mis à l'écart.

Ginny occupait le lit à côté de celui de Percy et était toujours si immobile et pâle quand ils s'étaient approchés que Harry avait eu peur d'avoir été trop lent. McGonagall se leva, la main sur le cœur, quand elle vit que Harry se tenait là. Mal à l'aise, Harry hocha la tête en la regardant – elle avait l'air au bord des larmes – et il étira le cou pour mieux voir Ginny. Il vit sa poitrine se lever et retomber à mesure qu'elle respirait et il sentit le soulagement se répandre en lui.

Ron essaya d'emmener Harry à l'endroit où se trouvaient Fred et George près du lit de Ginny, mais Harry l'en empêcha doucement, et Ron alla seul rejoindre ses frères. Harry resta en arrière pour leur laisser le temps de se retrouver et Patmol apparut derrière lui, finalement libéré. Mme Pomfresh l'avait bloqué à la porte et lui avait demandé ce qu'il croyait faire en faisant entrer une épée dans l'infirmerie. L'épée en question était maintenant appuyée contre le mur de l'infirmerie et Harry se demanda ce qu'ils étaient maintenant censés en faire.

« A nous deux. » dit Mme Pomfresh en fondant sur Harry.

Elle aussi avait des yeux rouges, mais son ton était aussi brusque qu'à l'accoutumée.

« Voyons voir ce que tu t'es fait cette fois-ci. »

Il la laissa le conduire dans l'un des lits et il attendit pendant qu'elle passait sa baguette sur lui. Il resta silencieux quand elle s'arrêta sur la nouvelle cicatrice de son dos. Patmol observa tout ce cinéma avec attention et Harry, qui avait espéré qu'ils n'en fassent pas toute une histoire, soupira.

« Je ne vois rien de méchant, déclara-t-elle après un moment, et Patmol pencha la tête. Cette cicatrice est là pour rester, je le crains, mais ça aurait pu être pire. »

Elle adressa un regard sévère à Harry et s'éloigna pour s'occuper de Ginny.

« Ça fait mal ? » demanda Patmol.

Harry secoua la tête. Il pouvait voir des centaines de questions dans les yeux de Patmol, mais il ne pensait pas qu'il les lui poserait ici.

« Ils évacuent quand même l'école ? » demanda Harry.

« Pour la semaine. »

McGonagall s'approcha de son lit, saluant Patmol d'un signe de tête. Son expression était étrangement chaleureuse quand elle se tourna pour regarder Harry.

« Après ces événements, nous nous sommes dit que c'était aussi bien, mais vous êtes tous attendus la semaine suivante pour la reprise des cours. »

L'ombre d'un sourire passa sur son visage.

« Après tout, les examens approchent et vous et M. Weasley avez tous les deux des retenues à faire. »

Harry ouvrit grand la bouche et McGonagall haussa un sourcil.

« J'espère que vous ne comptez pas protester, Potter, dit-elle. J'ai été clair la dernière fois en vous disant qu'une retenue avec moi était la meilleure des deux options. »

« Je sais. » murmura Harry.

C'était soit ça, soit du temps avec Lockhart. Patmol laissa échapper un drôle de bruit qui ressemblait à un rire étouffé.

« Je suis- heureuse de vous voir en bonne santé. Vous nous avez tous beaucoup- inquiété. »

Ses yeux se posèrent pendant un moment sur Patmol et Harry espéra qu'il n'avait pas fait de scène.

« Ginny ira bien, elle aussi ? » demanda-t-il, alors qu'elle commençait à s'éloigner.

« Pendant un moment- Quand nous sommes arrivés, Poppy n'a pas réussi à faire repartir son cœur, mais il a recommencé à battre, tout seul. »

McGonagall lança un drôle de regard à Harry et il se demanda si elle soupçonnait à quel point il était impliqué dans ce changement. Savoir qu'elle était passée si près de la mort fut presque suffisant pour arrêter son propre cœur.

« Mais maintenant ? » demanda-t-il.

« Maintenant, Poppy est optimiste, dit McGonagall en souriant légèrement. Molly et Arthur devraient bientôt arriver, mais je pense que Poppy voudra la garder ici pour la nuit. »

Elle tourna les yeux et repéra Rogue.

« Si vous voulez bien m'excuser ... »

Tandis qu'elle s'éloignait, Patmol sursauta et sortit son Sidekick. Il murmura le mot de passe et s'écarta du lit de Harry en le tenant près de son oreille. Ses yeux, en revanche, restaient fixés sur Harry, comme pour l'empêcher de bouger. Harry fixa ses mains en se demandant pourquoi les gens semblaient s'attendre à le voir disparaître maintenant. Tom et le Basilic faisaient partis du passé, donc il n'y avait plus rien à faire.

Le visage de Patmol perdit ses couleurs tandis qu'il parlait et Harry envisagea de se lever pour le rejoindre, mais Patmol leva une main tremblante et lui fit signe de rester là où il se trouvait. Même si Fred et George discutaient et que Mme Pomfresh s'occupait bruyamment de Ron, la fermeture du Sidekick de Patmol sembla bruyante.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda Harry.

Patmol se pinça l'arrête du nez.

« Il y avait un homme dans les toilettes qui nous a attaqué quand on a essayé de te rejoindre, dit Patmol. Marlène et deux autres Aurors l'ont poursuivi pendant qu'on descendait dans la Chambre, mais ça ne s'est pas bien passé. Robards vient de me dire qu'ils avaient envoyé d'autres Aurors pour les retrouver. »

Il était visiblement inquiet. Harry pouvait le dire à la façon dont il jouait avec son Sidekick et Harry pouvait aussi sentir de l'agacement … Peut-être parce qu'il n'avait pas été envoyé avec l'autre groupe pour les chercher ou peut-être simplement parce que les choses s'étaient mal passées. Cette humeur maussade et silencieuse rappela à Harry comment il était après Azkaban et après la potion du Détraqueur.

Ce fut une longue attente désagréable qui dura dix minutes, mais finalement, les portes de l'infirmerie s'ouvrirent et Harry et Patmol se retournèrent à temps pour voir Dumbledore entrer, avec Fumseck sur l'épaule et un Scrimgeour sinistre dans son sillage.

L'expression meurtrière de Dumbledore s'adoucit lorsque son regard tomba sur Harry et Patmol et s'adoucit encore davantage à la vue des Weasley, de McGonagall et de Mme Pomfresh près de Ginny. L'expression de Scrimgeour ne s'adoucit pas du tout en revanche, mais il leva la main quand il vit que Harry le regardait.

« Monsieur, dit Patmol en s'approchant de lui. Je n'avais pas réalisé- quand êtes vous- »

« Pas ici, répondit Scrimgeour. Le Directeur et moi-même devons discuter de certaines choses et nous avons tous les deux besoin de réponses. Ton garçon a été blessé ? »

Mais Harry n'entendit pas la réponse de Patmol, car sa vision fut obscurcie par une robe violette et une grande barbe argentée.

« Il semble que tu as la manie de ne pas écouter quand on te dit de ne pas te jeter dans la mêlée pour essayer d'arranger les choses, dit Dumbledore en haussant un sourcil. Et je ne peux pas dire que j'approuve- »

« J'avais Ron avec moi. Et nous n'avons eu ni le choix, ni le temps pour aller chercher de l'aide, dit Harry. Si nous avions attendu, Ginny serait morte et- »

« Et je ne peux pas dire que j'approuve, continua Dumbledore, un peu plus fort cette fois. Cependant, je frissonne à l'idée des conséquences si tu avais agi différemment. »

Dumbledore ne souriait pas, ses yeux ne pétillaient pas non plus, mais Harry pouvait sentir sa sincérité.

« Bravo. »

Harry s'était attendu à tout sauf à des compliments.

« Je n'étais pas tout seul, dit Harry, mal à l'aise. Sans Ron et Fumseck- »

Cette fois, Dumbledore esquissa un sourire, d'une façon qui fit comprendre à Harry qu'il était prévisible. Il resta silencieux, perplexe, et les yeux de Dumbledore pétillèrent.

« Si ça ne t'ennuie pas, Harry, Rufus et moi-même voudrions entendre ton récit des événements. Il s'est passé beaucoup de choses aujourd'hui- »

Et à cela, Dumbledore parut triste.

« -et ton point de vue nous aiderait à comprendre. »

Harry regarda derrière Dumbledore, à l'endroit où Scrimgeour attendait, visiblement impatient, et Patmol, visiblement tout l'inverse. Harry acquiesça lentement.

« Excellent. Mon bureau devrait être libre. »


Aussitôt que la porte du bureau de Dumbledore se referma, Scrimgeour se tourna vers Sirius, mais il avait d'abord lancé des regards d'avertissement vers Dumbledore et Harry. Dumbledore offrit un bonbon à Harry et celui-ci déposa l'épée sur le bureau avant d'accepter le bonbon et de s'asseoir face à Dumbledore.

« Ils ont fini chez Barty Croupton. » dit Scrimgeour.

Sirius haussa les sourcils. Même s'il se posait plein de questions, Sirius les garda pour lui. Scrimgeour était direct et doué pour expliquer rapidement les choses.

« L'homme – qui que ce soit – les y attendait. McKinnon – ils pensent qu'elle va s'en sortir- »

Le cœur de Sirius manqua un battement, puis au contraire, se mit à battre très vite.

« -et Proudfoot est un peu secoué, mais nos gars l'ont soigné quand ils sont arrivés. Hemsley est mort. »

Le cœur de Sirius s'arrêta vraiment cette fois et Harry leva brusquement la tête, montrant qu'il écoutait plus attentivement qu'il ne faisait mine de le faire.

« Il- »

Mais les mots restèrent coincés dans la gorge de Sirius. Hemsley avait été son partenaire, c'était un homme plutôt brusque, mais c'était quelqu'un de bien, quelqu'un de patient. Après tout, il avait réussi à former Brown. Et il avait eu des années difficiles après avoir perdu McDuff qui avait reçu le Baiser du Détraqueur avant le procès de Sirius …

Au moins, il est avec elle maintenant, pensa Sirius en se pinçant l'arrête du nez. Il leva les yeux vers Scrimgeour.

« Un sortilège Explosif, une vraie saleté. »

L'expression de Scrimgeour était impossible à lire, mais sa voix était particulièrement rauque.

« Quand nous aurons fini ici, j'aurais besoin de ton aide pour le dire à Brown. »

« Bien sûr. » réussit à dire Sirius, mais il ne savait pas comment ça allait se passer.

Brown avait un peu mûri cette année – il n'avait pas eu le choix – mais d'après Sirius, c'était toujours un crétin et il était sûr que le sentiment était partagé.

« Ils ont attrapé- »

« Non. L'homme a transplané avec l'aide de l'elfe de Maison de Croupton, donc j'ai demandé au Département des créatures magiques de le tracer et soit ça nous mènera à lui, soit ça nous indiquera l'endroit où ils ont atterri … Ils ont trouvé Croupton Senior dans la maison, mais il était incohérent, donc ils l'ont emmené voir un Guérisseur avant d'être interrogé … C'est un sacré bordel. »

« En effet, murmura Sirius. Mais si vous voulez mon avis, Croupton n'était pas dans son état normal depuis plusieurs semaines. Et il était là l'autre jour, quand Lestrange- »

« Nous obtiendrons des réponses, dit fermement Scrimgeour, et Sirius n'en doutait pas. Maintenant- »

Il se tourna et pointa Harry du doigt.

« Tu entendras sûrement Black parler de tout ça, donc je ne vois pas l'intérêt de parler en privé, mais si je me rends compte que tu en as parlé ou si j'entends une version différente de celle que je vais donné à la Gazette tout à l'heure, ça retombera de manière négative sur toi et sur Black. »

Harry hocha vivement la tête.

« Quant à vous, Dumbledore, je ne veux pas interférer. Nous ne nous immiscerons pas dans les affaires de l'école – à moins que vous ayez besoin de nous – mais j'attends la même chose en sens inverse pour ce qui est de mon service. »

Dumbledore se contenta d'agiter la main en direction d'une des chaises vides, mais cela sembla apaiser Scrimgeour. Il s'assit et Sirius s'assit à côté de lui, près de Harry.

« Du début, Harry, je pense. » dit Dumbledore.

Harry – qui avait toujours le visage noirci et la robe tâchée de sang et d'encre – sortit une boule de tissu noir ainsi qu'un livre à la couverture de cuir de sa poche, avant de poser ces deux objets près de l'épée.