Chapitre 13

Petite Maladresse

Le silence était dés plus total. Lui-même ne provoquait aucun son. Son cœur battait aussi fort qu'un tambour contre sa poitrine mais seul lui perçut le bruit jusqu'à ses oreilles. Il marchait sur un long tapis qui n'avait pas de bout. Il avançait à l'aveugle ; le noir était maitre du couloir. Le jeune homme avait peur d'allumer sa baguette pour éviter de réveiller les tableaux neutres. Donc il se contenta de progresser avec les mains devant lui afin d'éviter de se prendre un des deux murs.

Il jouait également avec son ouïe et son odorat à l'affût du moindre bruit et odeur qui serait suspect. Il était actuellement vulnérable et en plus il ne voyait pas la sortie de cette galerie sans fin. S'il échouait, aucun élève ne serait au courant de sa situation et il en décevrait plus d'un. Surtout que plusieurs personnes comptaient sur lui. Il devait faire une simple sortie à la recherche d'autres fuyards qui s'étaient cachés dans l'école et si possible, trouver des babioles utiles. Bien qu'il soit en cinquième année, il ne connaissait pas toute l'école et beaucoup d'endroits depuis qu'il était partit étaient inconnus à ses yeux.

Personne ne pouvait dire qui il était. S'il était brun, blond, roux ou autre, ou encore petit, grand, gros, maigre et même si c'était un garçon ou une fille. Il gardait l'anonymat au complet. Mais sa silhouette qui était bien distincte était celle d'un jeune homme, grand et maigre. La couleur de ses cheveux ? On ne pouvait pas la voir, ni sa peau ni ses vêtements.

L'adolescent faisait des pas léger sur le tapis et à chaque fois qu'il posait un pied au sol, il redoutait de réveiller les tableaux qui pour la plupart ronflaient grossièrement. Il ne savait pas de quel côté ils se trouvaient, du sien ou des adversaires ? Il fallait être prudent.

Il souffla. Ses mains tremblaient ainsi que sa baguette. D'un coup, il la lâcha tellement qu'il était stressé.

Et merde !

La situation était déjà assez complexe et il fallait qu'il se permette d'égarer son arme. Il s'accroupit comme un canard et se mit à tâtonner à l'aveugle le tapis à la recherche de son bout de bois personnel. Il se mit à perdre l'équilibre et tomba sur son postérieur. Des larmes montèrent aux yeux et deux gouttes réussirent à s'évader pour couler le long des joues et disparaître dans sa bouche à moitié ouverte. La peur s'emparait de lui, la mort l'attendait à n'importe quel moment et par sa maladresse, il était à présent vulnérable.

Il ne trouva pas sa baguette mais sentit un mauvais pressentiment. Le jeune homme cessa tout mouvement et le tapis commença à vibrer. Quelqu'un s'approchait de lui et c'était également une personne assez sous tension. L'être qui s'avançait vers lui marchait doucement, preuve qu'il s'attendait à voir quelqu'un ou quelque chose surgir.

L'adolescent qui était assis au sol même perdit courage de retrouver son arme et s'aida de ses pieds et mains pour reculer contre le mur. L'impact fit trembler un mur et également des tableaux qui s'y trouvaient accrochés. Il crut avoir réveillé l'un d'eux suite à une insulte le visant mais se n'était qu'un simple mot sortit d'une bouche d'un vieil homme qui dormait, sûrement un automatisme à chaque secousse.

Il ne patienta pas longtemps, la forme humaine s'avançait de plus en plus. Il serra des poings, prêt à sauter sur son adversaire et le ruer de coups, assez pour s'emparer de l'arme et de mieux se défendre. En espérant que son ennemi ne soit pas si doué que lui en combat de rue moldue.

Sa respiration s'accéléra de plus belle, quelques mètres et il y allait avoir contact. La silhouette se stoppa net. L'adolescent ne sut pourquoi mais s'attendait à bouger au moindre bruit douteux. Il devait y avoir une douzaine de pas entre les deux jeunes hommes et pourtant ils ne se voyaient pas.

Soudain le pire arriva.

- Lumos !

Il fut aveuglé, la couleur de ses cheveux se fit voir ; il était brun. Il ne comprit pas tout ce qui se déroulait et cacha ses yeux de cette lumière qui le brûlait. Sans réfléchir il s'élança sur son agresseur et réussit à l'enlacer par la taille pour le faire tomber. Surpris, le jeune homme blond avec la baguette lâcha prise de celle-ci pour se concentrer sur son agresseur. Il donna un coup de poing directement dans la mâchoire avant de faire un bond en arrière pour mieux identifier son ennemi. La lumière qui sortait du bout de bois commença à se dissiper. Il ne prit pas la peine de voir où elle avait chuté pour distinguer son assaillant mais la luminosité n'étant pas assez forte, il ne put le voir. Le noir redevint maître des lieux.

Les deux individus ne bougèrent plus jusqu'à que l'un d'eux passe à l'action. Ils ne voyaient rien et la plupart des coups furent donnés dans le vide. Mais certains firent mouches sur quelques endroits comme la tête, les jambes et le ventre. En moins de deux minutes ils s'écroulèrent sur le sol, toujours conscients mais un peu sonnés. Chacun chercha de son côté sa baguette.

Certains tableaux s'étaient réveillés et avaient tenté de voir quelque chose en silence, mais en vain.

Les deux adolescents étaient d'un côté différent du couloir et cherchaient sans cesse à l'aveugle leur arme. Par chance celui de droite en trouva une et lança automatiquement un Lumos sur son adversaire. Par grande surprise, c'était le blond qui avait réussi. Son adversaire était un élève de Gryffondor plus précisément Seamus Finnigan le maladroit. Il avait un filet de sang qui pendait le long de son cou et ses cheveux étaient en bataille. Il était vêtu d'un pull-over rouge et d'un pantalon marron. Il possédait également un sac à dos chargé.

La baguette que possédait le blond était bien la sienne et Seamus mit du temps à voir qui c'était : Drago Malefoy. Qu'est-ce qu'il faisait ici ? C'était un Mangemort ? Non, il l'avait vu rester dans le groupe de la Résistance lors du recrutement de Rogue dans la Grande Salle. Alors c'était un ami, un fuyard comme lui ?

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda sèchement le Serpentard.

Le brun regarda autour de lui, sa baguette n'était qu'à quelques centimètres de sa main droite. Il hésita un instant pour la prendre mais malgré la menace de son camarade il se leva et s'en empara pour la ranger dans sa poche.

- Je peux te poser la même question, fit-il en essuyant du pouce le sang au niveau des lèvres.

Des individus dans les tableaux se cachèrent les yeux, la lumière du Lumos les avait réveillés et ils étaient à présent de mauvaise humeur. Certains même lancèrent des jurons visant les deux écoliers.

Drago toujours aussi méfiant prenait en cible l'adolescent face à lui.

Seamus comprenant qu'il n'aurait pas de réponse, reprit :

- Lors de la fuite de l'école, certains on put transplaner et s'échapper avec ceux qui ne pouvaient pas.

Drago acquiesça de la tête, il s'en souvenait parfaitement.

- Et bien le reste qui ne pouvait pas, c'est divisé en de multiple groupes dans les différentes parties de l'école, je suis avec l'un d'eux eux composé d'une demie douzaine de jeunes. On a trouvé refuge dans... Les toilettes, dit-il en baissant la tête comme si c'était un péché. J'ai tenté une sortie pour trouver de la nourriture et s'il y avait d'autres fuyards pour résister.

Le Serpentard eut un léger sourire puis il baissa sa baguette. Décidément sa mission allait être un peu plus rapide.

Seamus massa ses poings. Il s'était fait mal en frappant Drago au niveau des côtes pourtant ce dernier n'avait pas de grimace de douleur, il n'avait sûrement rien ressenti.

- Il faut trouver les autres et savoir comment ils vont. On va récupérer Poudlard, avertit Drago.

Ce fut au tour de l'autre jeune homme de sourire.

- Tu comptes y arriver seul ?

- Non, le Quartier Général de la Résistance se terre dans la Salle sur Demande.

Les yeux de Seamus devinrent humide de bonheur. On était venu le sauver, lui et les autres. Il allait s'en sortir, ou du moins avait beaucoup plus de chance de survivre. Mais quand Drago avait dit ''On va récupérer Poudlard'', il se sentit moins heureux, même triste. Il allait devoir se battre. Sauf que lui, il s'en foutait de l'école et de ses professeurs cinglés, il voulait rentrer chez lui, voir ses parents qui ne devaient pas être au courant de ce qui se manigançait ici.

Il eut soudain la gorge sèche mais il parvint à articuler :

- Il faut aller en cuisine.

- Pour ton ventre ? ricana Drago.

La nourriture était le centre des pensées du Gryffondor et sur le mot ''ventre'' celui-ci se mit à gargouiller. Les deux jeunes hommes se mirent à rire malgré la situation. Seamus se plia en deux et quelques secondes après s'étira pour répondre :

- Oui et non ; j'ai entendu des Mangemorts parler entre eux sur la cuisine où il y avait une forte résistance d'élèves accompagnés d'elfes de maison.

Des elfes de maison ? Avec quoi se battent-ils ? se demanda mentalement Drago en imaginant les petites créatures armés de casseroles et de poêles.

Il passa une main sur son visage, retirant une partie de la transpiration qu'il possédait et la secoua en l'air. Une dizaine de gouttelettes s'envola en l'air pour tomber et se fondre dans le tapis. Il expliqua par la suite qu'il fallait se faire discret pour aller en cuisine et il éteignit sa baguette. Ils avaient déjà eu de la chance qu'on ne les avait pas entendus lors de leur bagarre et discussion, il fallait préserver cette aubaine le plus longtemps possible.

Les deux adolescents partirent vers un côté qui semblait être celui qui menait en cuisine, toujours en ayant leur bras fouettant l'espace autour d'eux afin de ne pas se cogner l'un sur l'autre ou les murs.