Emilie Narya - je dirais que c'est plutôt une mauvaise idée, mais je voulais montrer que Drago était capable de faire confiance
(Aux mauvaises personnes)
77Hildegard - repas en tête-à-têêêêête :D
(Moi, parfois, je m'agace X,D)
En passant - au moins, il ac fait passer le son avant le reste, cesser déjà ça XD
Price est... moins pire que ce que j'avais prévu pour être honnête (moins subtil... je voulais vraiment faire un pervers narcissique, mais je me suis loupée sur son introduction...
ENJOY
Potter avait choisi le dimanche.
Et Drago avait attendu l'heure fatidique dans un mélange d'agacement, de soulagement et de résignation. L'émotion maîtresse variait en fonction des jours et parfois même en fonction du moment de la journée.
Il avait de nouveau rompu avec Kieran Price : ce dernier s'était permis d'insulter son père devant lui. Et puis il s'était excusé le soir même, et à nouveau, ils formaient un couple uni. Drago lui avait parlé de sa « thérapie cognitive et comportementale », mais avait omis de mentionner les séances de groupe avec Wihelma Vine et Medwin Welbert. Nouvelle rupture, nouvelle réconciliation. Ils étaient de nouveau la cible de paris plus stupides les uns que les autres et Drago savait que la pression pesant sur son amant ne tarderait pas à le faire craquer, encore une fois.
À chaque nouvelle séparation, il entendait les bruits de couloirs : Kieran Price vantait la gentillesse et la tendresse de Drago, louait son intelligence et sa beauté, regrettait simplement sa fragilité… C'était comme s'il parlait de quelqu'un d'autre, mais il semblait si abattu et sincère que Drago s'en émeuvait et se sentait capable de lui pardonner à peu près tout.
S'il n'y avait pas eu la certitude, fermement ancrée en lui, que le problème venait bien davantage du lieu plutôt que de leurs personnalités et sentiments, il aurait baissé les bras depuis longtemps.
Nguyen avait accepté sa lettre de démission un air poliment surpris sur le visage et un index tapotant sa lèvre au rythme lent d'un battement de cœur.
« J'ai bien peur d'avoir du mal à vous suivre, Monsieur Malfoy. Vous n'avez jamais officiellement travaillé pour moi. Vous n'avez signé aucun contrat et n'avez jamais touché le moindre salaire. Vous m'aviez déjà informé de la cessation de votre activité à mon service. Pourquoi vouloir à ce point officialiser les choses ?
– Je n'avais pas prévu que vous désireriez la lire en ma présence, avait ronchonné Drago. Je tenais à vous exprimer ma gratitude pour votre accueil et votre tolérance. »
Nguyen avait observé le parchemin un moment en silence, puis l'avait glissé dans le classeur contenant les comptes-rendus de leurs entrevues.
« J'apprécie votre politesse. Autre chose ?
– Je vous ai déjà causé beaucoup de tracas. Je suis venu nettoyer et ranger les affaires que vous m'aviez prêtées et mettre en ordre ce que je n'aurai pas la possibilité de terminer.
– Parfait. »
Potter était arrivé en avance – sans doute une première dans sa vie –, avait dressé la table pour deux, et avait même amené un calepin, un bloc de parchemin, un set de plumes et un dossier quelconque, comme s'ils s'étaient mis d'accord sur le sujet à aborder lors de cette entrevue. Il l'attendait devant la porte, et même sa tenue – cape d'intérieur aux armes du château et chemise repassée – semblait avoir été étudiée pour montrer sa bonne volonté. Ses cheveux étaient bizarres, comme s'il avait essayé de les aplatir un peu. Le Glamour sur ses cernes était presque irréprochable. Si Drago ne l'avait pas cherché, il ne l'aurait pas trouvé.
Drago observa tout cet attirail en cherchant un reproche à lui faire et une raison de reporter l'épreuve. Critiquer son sourire stupide aurait été cruel.
Il entra finalement et s'assit. Potter entama un geste et Drago l'admonesta aussitôt :
« Laisse la porte ouverte, s'il-te-plaît.
– Tu sais que tout le monde va venir nous espionner, souligna Potter en obéissant tout de même et en le rejoignant à table.
– Et bien ça empêchera peut-être quelques quiproquos. Nous n'avons rien à cacher », trancha Drago.
Drago souleva la cloche qui protégeait son repas et découvrit un menu ordinaire de dinde et de haricots.
« Déçu que j'ai respecté tes consignes ? se moqua Potter en prenant place à ses côtés et en révélant le contenu de son propre plateau.
– Surpris, plutôt. Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? répliqua Drago en désignant d'un coup de menton le dossier mystérieux qui trônait au milieu de la table.
– Aucune idée. J'ai pris des trucs au hasard pour t'impressionner. C'était en haut de mes piles, ça doit être récent. »
Drago enfourna une bouchée de haricots pour empêcher ses lèvres traitresses de sourire.
« Nous devons parler des travaux de l'aile Ouest, indiqua-t-il après avoir avalé.
– On aura pas le temps pour les réparations extérieures cet été, d'après Palmer. Mars prochain, au plus tôt. On va mettre des cellules temporaires au rez-de-chaussée cet hiver, et ça permettra de… »
Drago mangea lentement, posa des questions, et fut agréablement surpris de constater que Potter avait révisé son sujet, et qu'il le connaissait même très bien. Il répondait la bouche pleine une fois sur deux, mais le spectacle n'était pas totalement rebutant. Au moins ne perdaient-ils pas de temps.
« Quand penses-tu pouvoir t'occuper de désensorceler la chambre d'Ekrizdis ? demanda-t-il, au bout d'un moment.
– Cet hiver, vu que c'est pas pressé, répondit Potter en sauçant son assiette de l'index. Il y aura une bonne partie des Bâtisseurs en pause, et ce sera plus facile avec moins de distractions.
– Combien de temps est-ce que ça te prendra ? »
Drago prenait des notes en écoutant les réponses de Potter, et cela lui permettait de ne pas avoir à le regarder. Il remarqua que la répartie n'avait pas fusé aussi vite que les précédentes, mais garda une attitude posée pour éviter tout soupçon.
« Au moins plusieurs semaines, lâcha finalement Potter. Il va me falloir deux ou trois jours pour analyser, lister et contourner les maléfices, et y aura surement pas mal de recherches ensuite pour les neutraliser. C'est de la vieille magie. »
Potter laissa passer quelques secondes, puis ajouta :
« Pourquoi ?
– Simple curiosité.
– Est-ce que tu… Hum. Est-ce que… »
Ne pas réagir à ce bafouillage aurait été suspect. Drago leva la tête pour le dévisager.
« Est-ce-que tu voudrais qu'on fasse ça ensemble ? »
Drago fronça les sourcils, surpris, et Potter s'empressa de poursuivre, comme s'il avait été pris en faute :
« Pense pas que je suis contre ! Au contraire ! Nan, tu sais quoi ? C'est même une super bonne idée. On a qu'à faire comme ça. »
C'était l'occasion parfaite pour avouer sa faute.
« Cet hiver, tout de même ?
– Quand tu veux. Enfin, pas cette semaine, mais tu connais mon emploi du temps. Vaut mieux éviter la nuit et les équinoxes. Et la fin du mois. À part ça…
– Je vais vérifier ton emploi du temps et passer commande de quelques amulettes protectrices.
– J'ai jamais compris l'intérêt de ce genre de grigris…
– Tant mieux pour toi, Potter. À ce propos, où en es-tu de la commande de cet Attrape-Rêves ?
– Par Merlin… J'ai pas le temps pour ça. »
L'occasion parfaite, mais à raison d'une dizaine de pages par jour, il pourrait terminer sa lecture du carnet d'Ekrizdis largement avant l'hiver. Il pouvait aussi décréter d'une date ultime pour rendre l'ouvrage au Directeur d'Azkaban et l'inscrire dans son calendrier. La technique semblait efficace jusqu'ici.
« Quand ce sera fait, nous pourrons déposer un dossier de constatation de non présence maléfique. Cela nous permettra de réduire les primes de risque des employés à la baisse.
– On a une Selkie, des Kraken et des typhons. Ça suffira pas ?
– Tu voudrais conserver les primes ?
– Si je leur sucre leurs primes, en deux semaines ils me montent un syndicat.
– Le revenu net pourrait rester le même si… »
La discussion dura un peu plus longtemps que Drago ne l'avait prévu, au point que Potter se fit monter un café des cuisines. Quand la tasse fut vide et froide, il admit enfin qu'ils avaient fait le tour des sujets à aborder. Drago se leva et rassembla ses papiers tandis que le Directeur faisait craquer ses épaules en étirant ses bras au-dessus de son crâne.
« Ça va, toi, en ce moment ? »
Potter s'était montré étonnamment professionnel et respectueux durant les deux heures qu'avait duré ce repas, et Drago décida que cet effort valait récompense.
« Très bien.
– Et à propos de ce dossier-là ? On pourra en parler quand ? »
Drago fronça les sourcils en constatant que le papier que lui désignait Potter était le bon de commande – vide – accompagnant les catalogue des nouveautés musicales de chez Bruméandre. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler le système de notation de leur relation que Potter avait mis en place et supposer que les commères qui circulaient par hasard dans le couloir méritaient peut-être cette précaution.
« Toujours samedi.
– J'ai tout fait comme tu m'as dit, négocia Potter avec la moue excessivement blessée d'un enfant.
– Tu as bien travaillé, admit Drago en ricanant. Il n'empêche que je ne m'en occuperai pas avant samedi. »
La grimace de Potter se modifia à peine quand il passa du minaudage à la déception réelle.
« Disons vendredi, abandonna Drago. Vendredi, vingt-trois heures cinquante-neuf. Tu préfères ça ? »
Un sourire immense et victorieux lui répondit.
« Bonne journée, Potter.
– Et celui-ci ? »
Drago était presque sorti de la pièce. Sitôt que son nez avait franchi la limite de la porte, il vit deux capes s'enfuir à l'angle du couloir en ricanant. Il jura, conscient que de nouvelles histoires ne tarderaient pas à circuler sur son compte, déformant les faits pour les rendre plus croustillants.
Il se retourna et constata que l'émouvante lèvre boudeuse était de retour, surplombant le même bon de commande que précédemment, mais sur lequel était désormais écrit en grande lettres majuscules et tordues « Price ? »
Ils s'étaient rabibochés la veille et vus le matin même. Drago passait ses matinées à s'ennuyer ferme loin du laboratoire. Il relisait le même roman moldu pour la troisième fois dans des salles inconfortables, toujours proches du lieu d'exercice de l'architecte, et toujours rigoureusement à l'écart de sa propre cellule. Leur relation, à cet instant précis, était de cette teinte de pénombre qui suit les arc-en-ciel flamboyants des retrouvailles et précède la noirceurs des disputes.
« Jeudi ?
– Tu m'avais déjà dit jeudi la dernière fois, accusa doucement Potter.
– C'est que je connais mon travail et sais de quoi je parle, supposa Drago en haussant les épaules. Au revoir, Potter. »
Ce simulacre de relation dura trois semaines. Trois semaines durant lesquelles Drago donna tout ce qu'il avait de bonne volonté pour que les choses se déroulent sans encombre. Trois semaines à hocher la tête, trois semaines à s'entraîner, seul et à l'abri, à prononcer un prénom qui ne sortait pas naturellement, trois semaines à attendre des disponibilités qui ne venaient pas, à se trouver soulagé quand elles ne venaient pas, trois semaines de ruptures violentes et de rabibochages charnels … Trois semaines à comparer cette épreuve à celle de la salle sur demande pour se convaincre qu'il était capable d'y parvenir.
Et à la fin de chaque semaine, ce déjeuner d'affaires. Potter était sage comme une image, laissait la porte ouverte, restait professionnel jusqu'à ce que Drago décrète la fin de la séance et se lève. Alors il se permettait deux ou trois questions personnelles. Et Drago, un peu pour le féliciter, un peu pour le remercier, et un peu malgré lui, s'attardait une minute de trop.
Un soir, après qu'ils se soient envoyés en l'air, Drago encouragea Kieran Price à sortir ses ciseaux et la petite tondeuse électrique qu'il utilisait sur son menton. Il s'assit en tailleurs sur le sol, nu, et regarda les longues mèches claires tomber l'une après l'autre. À la fin, l'architecte fit apparaître un petit miroir auquel Drago n'accorda pas un regard, occupé qu'il était à passer ses doigts contre sa nuque presque rasée.
« De quoi j'ai l'air ?
– Ça te va bien. Ça te rajeunit.
– Alors c'est parfait. Pas besoin de miroir. »
Et ils couchèrent ensemble, à nouveau.
Quand Drago regagna son propre lit, les mèches sur son front lui tombaient déjà dans les yeux. Le lendemain matin, ses cheveux atteignaient de nouveau le bas de ses omoplates, et le soir venu, lui arrivaient presque à mi-cuisse. Quand il sortit de son bureau, il croisa Potter dans le couloir qui avala sa salive en le reluquant comme s'il était une Vélane.
Ce dimanche-là, quand il quitta les lieux, Kieran Price l'attendait dans le couloir. Drago crut une seconde qu'une nouvelle dispute allait s'enclencher, mais l'homme se contenta de l'empoigner par les hanches, de presser son bassin contre le sien, et de l'embrasser avec une passion proprement indécente, à la limite même du rapport sexuel. Le genre d'exaltation capable de mettre Drago dans tous ses états. Ses mains se perdirent aussitôt dans les cheveux courts de son amant, cherchant désespérément à s'accrocher à quelque-chose, et son corps se tordit pour augmenter la surface de contact et compenser la différence de taille.
Quand leurs bouches se séparèrent, que Drago, essoufflé et hébété, pût de nouveau ouvrir les yeux, il se retrouva cloué sous un regard brûlant et possessif chargé de désir. À cet instant précis, il se sentit séduisant, précieux, beau… Rien n'avait plus d'importance que ce regard sur son corps.
Les iris noisette étincelèrent, puis sautèrent sur le côté. Drago retrouva ses esprits, tourna la tête, suivit le regard et trouva Potter qui venait de sortir à son tour et s'était figé dans son mouvement, un pied encore à moitié en l'air et les doigts crispés sur la poignée de la porte.
Et affreusement inexpressif.
Le contraste avec le sourire nonchalant qu'il exhibait quelques minutes plus tôt, quand il l'interrogeait sur ses goûts en matière de friandises, était saisissant.
« Potter…
– Oups, désolé, prétendit Kieran Price. Je ne savais pas que vous étiez là. »
Il n'avait même pas fait l'effort de mettre un peu de sincérité dans sa remarque. Tout portait à croire qu'il n'avait eu pour ambition que de provoquer Potter, et l'idée d'avoir participé à la mise en scène, bien plus que celle de s'être fait avoir, mit Drago hors de lui.
« Lâche-moi ! » cracha-t-il en le repoussant brutalement.
Il ne parvint pas à reculer de plus d'une paume. Les longues mains de Kieran Price se plaquèrent encore davantage sur ses reins et il se pencha en avant, obligeant Drago à se tordre en arrière.
« Quoi ? grogna-t-il ensuite. Ça t'embête qu'il nous voit ensemble ?!
– Bon Sang, lâche-moi ! » répéta Drago en cherchant à retrouver un équilibre et en poussant désespérément contre sa poitrine.
Il y eut une décharge de magie crépitante, le bruit de milliers de bulles qui éclatent, et Kieran Price et Drago furent brutalement séparés. Le premier tomba par terre tandis que le dos du second heurtait un mur. Drago n'eut pas le temps de réagir que Potter était était déjà contre lui, fumant presque, et s'époumonait contre Kieran Price :
« Il vous a dit de le lâcher ! »
Des langues de sa magie, chaudes, moites, épaisses, rampaient encore sur lui, et Drago se sentit vaguement comateux.
Il fit un pas de côté pour s'écarter de Potter, inspirer un air frais, puis grinça à son encontre :
« Potter. Casse-toi.
– Mais il t'a…
– Dégage ! Ça ne te regarde pas ! »
Ses yeux verts étaient passés en une seconde de la rage à la souffrance, mais Drago n'avait pas le temps de s'en soucier :
« Dimanche, Potter ! »
Les mots claquèrent comme s'il s'était adressé à un Elfe. Une foule d'émotions puissantes – la culpabilité en tête – le traversa d'un coup, mais Drago les repoussa et il garda une expression crâneuse et fermée à la discussion.
Le menton de Potter se contracta, les mâchoires s'agitèrent, la bouche s'ouvrit sur un mot qui ne fut pas prononcé, puis Potter recula et détourna le regard vers Price. Il eut un visible conciliabule avec lui-même, tendit un index pour prévenir on-ne-savait-qui d'on-ne-savait-quoi, un nouveau pas, un grognement…
Et puis Potter fit demi-tour et il s'en alla.
Son cœur battait trop vite, la tête lui tournait un peu. Mais s'il était resté, Drago lui aurait sauté dessus comme la dernière des chattes en chaleur.
