Diri-chan : Le chapitre de demain devrait te soulager un peu... Mais juste un peu XD
77Hildegard : En fait, c'était la première fois où Harry assistait à une séance vomito de Drago. La veille, il s'est rendu compte qu'il n'avait pas de tenue de rechange, aujourd'hui, il réalise qu'il n'a pas non plus de serviette de toilette... Donc, oui, il commence à comprendre qu'il y a un soucis XD
Bon, pour le moment, il semble loin d'avoir saisi l'ampleur du problème :,)
L'île d'Azkaban était minuscule. A peine plus grande, en réalité, que le château qui l'ornait.
Au Sud, une grève de pierres volcaniques s'enfonçait en pente douce vers la mer sombre et glaciale. Un quai de basalte la fendait impitoyablement en deux, et rejoignait un embarcadère en bois grisâtre pourrissant. Les rares joncs qui étaient parvenus à s'installer et à survivre étaient beiges, cassants, et grinçaient dans le vent.
A l'Ouest et au Nord, la marée et les intempéries avaient patiemment et tyranniquement chassé le moindre caillou, et s'efforçaient désormais de grignoter et de déchausser les rochers les plus gros. Des tombes avaient été creusées par magie dans la roche. Certaines étaient centenaires et recouvertes de débris et de genêts rachitiques. D'autres étaient plus récentes. Certaines semblaient avoir été pillées, et les noms gravés qui les surplombaient étaient les derniers témoins de l'existence de leurs brefs propriétaires.
Dans ce cimetière reposait Gregory Goyle, à moins que son corps n'ait été arraché de terre comme certains. Drago ignorait dans quelle allée il se trouvait, car son père avait refusé qu'il assiste aux funérailles, et il ne voulait pas le chercher, trop effrayé à l'idée de trouver une tombe vide.
A l'Est, davantage protégé des intempéries, la plage était plus grande et s'étalait sur une bonne cinquantaine de mètres. Une étroite lande de terre survivait, protégée des violentes tempêtes marines par les murailles solides du château. C'était ici que les albatros nichaient, dans des abris de guano, de branches sèches et de brindilles.
Potter insista pour montrer à Drago un bébé albatros. Il fallut s'approcher lentement et prodiguer à la mère moultes compliments et promesses pour qu'elle accepte de mauvaise grâce de laisser apercevoir son hideuse progéniture. La chose était minuscule et obèse, avec une espèce de duvet noirâtre et sale, et un bec disproportionné qui semblait avoir été enfoncé de force au milieu d'un visage ingrat, stupide et fatigué. Au final, il ressemblait davantage à un boursouflet victime d'un maléfice que d'un oiseau.
Potter encensa l'animal comme s'il s'agissait du plus superbe des Ethonans, et complimenta la génitrice qui roucoula de plaisir avant d'écraser à nouveau le poussin sous son poids.
Drago et Potter descendirent la bande de terre en prenant garde à ne pas abimer la moindre plante ayant réussi à s'accrocher, escaladèrent les larges rochers noirs et rugueux, et s'installèrent sur l'un d'eux pour observer l'étendue d'eau qui s'étirait à perte de vue. L'embellie de la nuit courait encore, et le ciel était terne mais clair et la mer d'huile noire.
Drago ne savait pas trop à quoi il s'était attendu : Il pensait que cet ersatz de liberté hors du château serait une félicité, ou du moins, qu'il lui procurerait des émotions à moitié aussi fortes que celles qu'il avait ressenties en revoyant le ciel après trois ans à l'imaginer, mais le décor n'éveillait absolument rien en lui. C'était comme s'il avait été débranché.
Il voulut aller tremper ses pieds nus dans l'eau, mais n'osa pas demander cette faveur au Directeur. Il se contenta de ramener contre son torse ses genoux cagneux et de maintenir sa robe serrée autour de lui pour résister au froid. Ses cheveux laissés en liberté voltigèrent autour de son visage selon les velléités du vent.
« Est-ce que ça va, maintenant ? demanda finalement Potter.
– Oui. » Ce n'était pas vraiment un mensonge, et c'était de toute évidence la réponse attendue et espérée.
« Tu as froid.
– Ça va.
– Tu as froid, Malfoy, tu claques des dents. »
Drago haussa les épaules. Oui, il avait froid. Sa robe était neuve mais légère, et l'on était encore en plein hivers. Il se frictionna les bras et rentra ses mains dans ses manches pour les protéger un maximum des bourrasques marines, mais ça ne changerait pas grand-chose.
« Ce que t'es chiant, putain… » Potter ôta sa cape et la passa sur les épaules du prisonnier grelotant. C'était la deuxième fois qu'il effectuait ce geste, et Drago se souvenait des plaisanteries virilistes qu'il avait échangées avec Weasley à ce propos. Certainement espérait-il un compliment sur sa prodigieuse résistance au froid, et sur l'imposante paire de testicules que cet exploit présupposait. Drago ne voyait pas comment formuler les choses de façon à ne pas trop laisser paraître son dédain, aussi garda-t-il le silence.
« Est-ce que ça va mieux comme ça ? » demanda Potter avec une nuance d'avertissement dans la voix.
Drago se mordilla les lèvres. Ni Oui ni ça va n'étaient des réponses suffisantes. Un haussement d'épaules était trop vague ou trop impertinent.
« Malfoy… gronda Potter.
– Je ne sais pas, expliqua nerveusement Drago, ce que tu veux que je réponde.
– Juste la vérité, bon sang !
– Et bien, la vérité, c'est que ça va ! »
Ils se considérèrent quelques secondes en silence. Pour une fois, Drago ne voulut pas mettre l'homme qui lui faisait face en porte-à-faux, et il détourna le regard pour observer de nouveau la mer.
« Quand tu fais ça, grogna Potter, j'ai qu'une envie : c'est de t'arracher cette robe à la con et te baiser jusqu'à ce que … Rah ! » Il ne termina pas sa tirade d'avertissement. Depuis le début de la promenade, il trimbalait le verre d'eau qu'il avait ramené à Drago, et il le jeta enfin hargneusement à la mer. Celle-ci éclata sous l'impact, puis avala l'objet comme elle avait prévu d'avaler tout le reste.
Drago n'avait jamais sérieusement envisagé le fait que Potter puisse cesser de le violenter pendant une semaine complète. Il prit une profonde inspiration avant de répondre :
« Et bien, fais donc ce dont tu as envie, Potter… »
Il sentit le regard venimeux et lubrique et ferma les yeux. Une main se posa sur son cou, et il se laissa doucement glisser sur le dos sous la pression. Quand il fut parfaitement allongé, la main se promena sur son visage, caressant les paupières, les pommettes, le nez pointu, puis s'attarda sur les lèvres. Drago ouvrit la bouche et deux doigts se faufilèrent entre ses dents, semblant imiter une langue fourchue. Drago les embrassa comme il en avait l'habitude, puis, sachant parfaitement ce qu'on attendait de lui, écarta intelligemment les jambes : Suffisamment pour que Potter puisse glisser ses doigts humides en lui, mais pas trop pour qu'il puisse facilement lui arracher son boxer.
Les doigts quittèrent sa bouche, et il se crispa légèrement en appréhendant le prochain contact.
« Tu comptes vraiment te laisser faire. »
Drago resta encore quelques secondes sur le qui-vive avant que le manque d'initiative de Potter ne le fasse à nouveau ouvrir les yeux. Celui-ci était allongé sur le flanc face à lui, mais il fixait l'horizon, un air renfrogné sur le visage…
Drago, confus, voulut éclaircir les choses :
« Est-ce que tu veux que je me débatte ? » Ce n'était pas tout à fait aberrant compte tenu de ce qu'avait été leurs relations jusque-là. Peut-être Drago avait-il été trop soumis. Peut-être Potter l'avait-il choisi lui en particulier, à cause de leur passif et en espérant plus de répondant.
« Non, grogna Potter en réponse. Je vais attendre. J'ai encore ma fierté. »
Drago n'était pas sûr que laisser la pression et la frustration s'accumuler rende les choses davantage supportables. Il pouvait peut-être négocier. Dix jours au lieu d'une semaine d'abstinence, mais en conservant les baisers et les fellations, par exemple. Ils seraient tous les deux gagnants. D'un autre côté, il semblait un peu ridicule de faire le difficile alors que Potter n'avait finalement aucune raison de tenir sa parole, fierté mise a part. Qui ne tente rien… « On pourrait peut-être… commença-t-il.
– Ne bouge pas. »
Quelque chose dans le ton fit se dresser le duvet sur les bras de Drago. Le regard de Potter était fixé sur un point précis dans l'eau et ses sourcils avaient pris une inclinaison méfiante et attentive. Malgré l'avertissement, Drago ne put résister au besoin de redresser au moins son visage afin de voir ce que l'autre regardait.
Il y avait une tête qui émergeait de l'eau. Un crâne noir et lisse, qui ressemblait à celui d'un phoque ou d'un mammifère marin de ce genre, mais les yeux étaient étranges et effrayants : Peut-être légèrement trop grands, ou rapprochés, fixés sur eux, mais surtout, étonnamment humains, avec une forme d'amande et la sclère blanche bien visible, contrastant violemment avec l'iris parfaitement noir. L'expression était vorace et cruelle.
L'animal, ou l'être, ou la chose, ne s'effraya pas d'avoir été remarquée. Elle serpenta lentement dans l'eau jusqu'à atteindre un rocher plat qui s'enfonçait dans la mer à une quinzaine de mètres de Potter et Drago.
Ce dernier frissonna et demanda à voix basse, et bien qu'il connût déjà la réponse :
« C'est un phoque ?
– C'est une Selkie, murmura Potter en réponse. Elle a débarqué ici quand les Détraqueurs sont partis. Je ne l'ai jamais vue d'aussi prêt. »
La chose émergea de l'eau, et il était en effet difficile de la confondre avec un animal : La forme – à l'exception de ces yeux dérangeants – était celle d'un phoque ordinaire… Mais sa façon de se déplacer ressemblait davantage à celle d'un félin aux aguets ou d'un serpent sur le point d'attaquer. Ses « bras » se déplaçaient avec grâce, comme ceux d'une danseuse, et le reste de son corps suivait en ondulant étrangement.
Elle s'approcha sans cesser de garder son regard avide rivé sur les deux Sorciers.
« Il est avec moi », annonça finalement Potter à voix claire quand la créature ne fut plus qu'à trois ou quatre mètres.
La Selkie les observa un moment sans plus bouger, puis elle se tordit sur le côté et se laissa glisser à nouveau dans l'eau, ou elle plongea sans provoquer une seule éclaboussure ni aucun bruit, faisant à peine se troubler l'eau. Son crâne émergea à nouveau quelques brasses plus loin, toujours tourné vers eux. Elle fit quelques aller-retours comme pour jauger les Sorciers, puis plongea de nouveau silencieusement, et s'éloigna.
Drago se redressa enfin franchement et la chercha nerveusement des yeux « Je croyais que les Selkies véritables avaient disparu…
– La Magizoocologie marine n'est pas ce qu'il y a de plus infaillible.
– Est-ce qu'elle est dangereuse ? » Drago entendit la pointe aigüe de panique dans sa voix. Il avait toujours détesté et craint les créatures magiques, mystérieuses et nuisibles.
« Pas pour moi. Elle n'a pas le droit de s'en prendre à ceux qui ont une baguette.
– Et les autres ?
– Les autres ne sont pas supposés se promener sur la plage », répondit Potter d'un ton détaché. Il réajusta distraitement sa cape qui avait légèrement glissé des épaules de Drago « Mais oui, elle est puissante et elle a faim, alors elle peut être dangereuse. »
Le prisonnier tourna vivement la tête vers le Directeur et s'écria, de façon presque hystérique : « Pourquoi tu ne l'as pas tuée, alors ?! »
Potter émit un reniflement amusé en le considérant narquoisement : « Parce que ce n'est pas une créature maléfique ou malfaisante. Elle chasse pour se nourrir, c'est tout. Je ne vais pas exterminer tout ce qui pourrait t'inquiéter.
– Est-ce que c'est elle qui déterre les corps ? insista Drago en pensant au petit cimetière et aux tombes violées
– Probable, oui », répondit Potter après un hésitation. Il replaça une mèche de cheveux qui s'était collée aux lèvres de Drago. « Encore une fois, elle se nourrit. C'est la nature. Il vaut mieux qu'elle déterre des cadavres plutôt qu'elle ne coule des navires. Et elle en serait capable.
– Et ça, ce n'est pas une créature maléfique, pour toi ?! »
Drago était pétrifié, écœuré, répugné. Il imaginait la créature creuser la roche avec ses pattes griffues, en extraire le corps encore souple de Grégory et le déchiqueter avec ses dents acérées, balançant ses entrailles à la mer pour repaître les crabes et les poissons et ne laissant au final qu'un squelette démembré et blanchi…
« Pas plus que les vautours, les hyènes ou les mouches, soupira Potter. Tu ne crains rien, tu as bien vu que je n'ai même pas eu besoin de la menacer. »
Drago n'en revenait pas que ce prétendu héro ne voit pas le problème.
« Et les albatros ? explosa-t-il enfin. Elle va n'en faire qu'une bouchée !
– Regarde toi, ricana Potter. Monsieur Les-hiboux-sont-sales-et-bruyants qui s'inquiète pour les mouettes depuis qu'il a vu un bébé.
– Tu… » Le sous-entendu était absolument ridicule, tellement ubuesque que Drago se retrouva sans voix. Il avait pourtant des centaines d'arguments, allant de la nécessité absolument fondamentale à ce que les créatures dangereuses restent confinées dans les zones dédiées, à la banale sécurité des gardiens, ou encore à la probabilité effrayante à ce qu'une créature aussi puissante puisse se reproduire ou amener ses congénères dans son territoire de chasse et jusqu'à ce que leur nombre ne surpasse celui des humains.
Autre chose bloqua les mots dans sa gorge : Potter ne le regardait plus. Souriant, satisfait, il regardait de nouveau l'horizon, et se caressait distraitement les lèvres avec deux doigts à la peau légèrement fripée. Les doigts qu'il avait glissé dans sa bouche plus tôt. La bouche avec laquelle il avait vomi tripes et boyaux moins d'une heure plus tôt.
C'était absolument répugnant.
« Quoi ? demanda Potter en surprenant son regard.
– Rien, grinça Drago de mauvaise humeur.
– Tu veux rentrer ? »
Non, était la réponse correcte. Peut-être également celle espérée.
« Oui », était la réponse comportant le moins de risques, et celle que prononça Drago.
Selon le wiki et les Animaux Fantastiques, les Selkies existent dans l'univers HP... Mais ce sont, en gros, des sirènes d'eau douce...
J'ai préféré respecter le folklore des Shetlands (En plus, Azkaban est censé être plus ou moins dans cette zone-là) et garder donc ce principe de femmes qui revêtent des peaux de phoque pour noyer et dévorer les marins.
Et pour essayer de respecter à peu près le lore, je pars du principe que les Sorciers s'y connaissent à peine mieux en fonds marins que les Moldus :D
