Désolée pour la publication hyper tardive ! Le site était down ce matin, et je n'y repense que maintenant...

Eilys : Je saaais ToT Je pensais avoir du temps pour écrire dans les trasnports, mais je réussis jamais à me remettre dans le bain suffisament lontemps pour écrire plus de 200 mots... Mais ça va le faire ! je vais ptete avoir bientot mes lundis de libre !
(ceci dit, la Selkie, elle kiffe quand Drago va pas bien : son odeur est plus divertissante :D)

En passant : Ah, ça fait plaisir, ça :D On m'a dit que le coup des sourires, c'était un peu déjà vu, mais c'est parfois dans les vieux chaudron qu'on fait les meilleures potions, pas vrai ?!


« Tout à l'heure, j'aurais pas autant de temps que d'habitude vu que je dois passer voir Shacklebolt. Il y a plusieurs Japonais autour du Ministère, mais j'imagine qu'aucun n'aura de poisson aussi frais que celui que te ramène ta Selkie, alors je ne sais pas trop… Ils font aussi des brochettes, mais j'ai entendu dire que ce genre de bouffe, c'était pas ''vraiment'' de la cuisine Japonaise… Du coup, je sais pas si t'aimerais. Sinon, un Sénégalais vient d'ouvrir pas trop loin non plus, mais je sais pas trop ce qu'il vaut. Les tarifs sont franchement bas alors je me méfie. Ceci dit, je suis curieux : Pour le coup, j'y connais franchement pas grand-chose en cuisine Africaine… Je pense partir là-dessus. Ils ont beau pas être chers, il y avait de la queue, la dernière fois, et au moins, ils font des desserts. »

Drago observait les lignes qui apparaissaient sur la page.

Les mots se succédaient rapidement, mais les phrases mettaient longtemps à s'enchainer, comme si Potter utilisait une Plume à Papote. Il couchait sur le papier ce qui lui passait par la tête sans filtre, sans réfléchir.

Les travaux allaient enfin commencer. Quatre mois de retard.

La semaine précédente, un premier groupe d'architectes et de maîtres d'œuvre avaient été invité à passer une journée sur l'île, et Drago avait dû suivre leurs déplacements et leurs investigations avec Potter et Mullan, afin de prendre des notes et d'effectuer des calculs.

Quatre mois de retard et quelques dizaines de milliers de Gallions supplémentaires à prévoir.

Shacklebolt avait moins rechigné à porter la main au portefeuille, cette fois. Il faut dire qu'il avait été témoin direct de la dernière attaque du Détraqueur, et avait pu constater l'importance et l'intérêt du chantier.

Quand Drago avait pu consulter les documents de prévision des travaux, il avait vu rouge, et il s'était rendu dans le bureau du Directeur.

« Potter, es-tu complètement stupide ou simplement cruel ?! »

Il avait levé les yeux, surpris de le voir débarquer et d'être agressé ainsi.

« Pardon ?

– Il est noté ici, et Drago avait agité la feuille incriminée, que tu comptes commencer par la rénovation du Corridor 1 ?!

– C'est le plus insalubre, s'était doucement justifié Potter.

– On s'en fiche que ce soit le plus insalubre ! Ce n'est pas le plus urgent ! »

Le Corridor 1 était celui des détenus non-humains. Les loups-garous, les goules, le vampire… Tout ce petit monde n'avait pas besoin de vivre dans le luxe, et pourtant, ils disposaient déjà de cellules individuelles, de sanitaires privés, de repas apportés à leur porte…

Pendant ce temps, les détenus du Corridor 3 s'entassaient à quatre ou cinq par cellule, et la promiscuité apportait violence et maladies.

« On sait tous que tu adores les hybrides, Potter, mais ça suffit. Tu es humain. Tu dois t'occuper en priorité des humains.

– Les Loups-Garous sont humains, eux aussi, avait fait observer Potter.

– Tu parles… »

Drago avait ricané, et Potter avait paru blessé.

« Pourquoi tu crains tellement les Loups-Garous ?

– Je ne les crains pas, je les exècre. Fais commencer le chantier par le Corridor 3.

– Non. On va commencer par les sous-sols, et par le Corridor 1.

– Potter… avait menacé Drago sans trop savoir comment finir sa phrase.

– Pourquoi tu voudrais commencer par le Corridor 3 ? Ton père n'y est même plus… »

Parce qu'il restait les Lestrange, Macnair, Rockwood, Goyle, Dolohov, Yaxley… Parce que certains étaient de sa famille, parce que tous étaient capables de le faire payer au centuple sa trahison, parce qu'il risquait d'en croiser plusieurs sur le chantier, parce qu'il existait une possibilité qu'il doive un jour y retourner…

« J'accepterai de coucher avec toi si on commence par le Corridor 3. »

Potter l'avait regardé avec ses yeux globuleux et en ouvrant et refermant la bouche comme un poisson hors de l'eau.

« Non… avait-il marmonné.

– Trois fois, avait précisé Drago.

– Non.

– Cinq fois.

– Drago, je suis amoureux de toi. Je t'aime. J'ai aucune envie de coucher avec toi si tu le fais juste pour obtenir un truc en échange.

– Potter…

– C'est non, Drago. Et si tu avais vu de tes yeux dans quelles conditions ils vivent, tu serais d'accord avec moi. »

Potter l'aimait, mais pas au point de renier ses principes, et Drago ne savait pas trop quoi en penser. Sur le moment il avait été outré. À présent, l'idée avait un il-ne-savait-quoi de rassurant. Potter l'aimait, et il n'en voulait pas qu'à son corps. Potter l'aimait pour les sourires qu'il lui avait adressés.

Ses yeux retombèrent sur le papier de l'agenda :

« Elle m'avait demandé mon dessert préféré, et moi, j'étais là : '' Un dessert préféré ?! Vous croyez que j'ai souvent eu l'occasion de gouter un dessert en habitant avec Dudley Dursley ?! Non, Madame, je m'estimais chanceux quand je pouvais finir ses yaourts natures allégés ! '' (parce qu'à un moment, ma tante Pétunia a dû le mettre au régime) Du coup, j'ai réclamé de la tarte à la Mélasse et tout le monde a cru que j'adorais ça, alors que »

Les trois quarts de la page étaient noircis par son écriture brouillonne, et peu de place restait disponible pour y inscrire quelque chose d'utile. Les phrases continuaient d'apparaître à un rythme effréné. Drago soupira, trempa sa plume dans l'encre, et écrivit sous la dissertation de Potter :

« Tu devrais raconter ça à ta psy. »

Après quelques secondes, de nouveaux mots apparurent sous les siens :

« Je savais que tu étais en train de lire. » Suivit le dessin d'une petite tête binoclarde et souriante. Encore quelques secondes, et la magie anima le visage qui lui prodigua un clin d'œil.

Drago soupira. Animer un dessin était facile. Le faire sur un objet déjà ensorcelé l'était beaucoup moins, et sans doute Potter n'en était-il même pas conscient. À n'importe qui d'autre, il aurait fallu une ou deux heures afin d'assouplir le sort de duplication et éviter que le papier ne se consume sous trop de magies combinées.

Un nouveau mot : « Alors ? »

Sans trop y penser, Drago griffonna un petit éclair sur le front du visage souriant et compléta la masse de cheveux désordonnés… Et puis, au bout d'un moment, il ferma les yeux, expira l'air de ses poumons, et en le regrettant déjà, écrivit : « S'il y a de la queue et que tu es pressé, le Sénégalais n'est peut-être pas une bonne idée. »

Ensuite, il ferma l'agenda et se remit au travail.

Il avait tout de même réalisé l'antidote – on ne laissait pas des ingrédients de bonne qualité se perdre –, mais ne l'avait jamais utilisé. À quoi bon ? Potter était honnête. Potter était amoureux de lui. Drago l'avait été, et l'expérience l'avait rendu heureux. Aujourd'hui, il ne restait rien de ces sentiments en lui, mais Drago y croyait.

Il en avait parlé avec Nguyen lors de ses séances psychologiques individuelles, et puis il avait de nouveau évoqué le sujet devant Wihelma Vine et Medwin Welbert pendant un rassemblement des Amnésiques Anonymes.

L'infirmier avait fini par se prendre d'intérêt sur les techniques de soin moldues. Une nouvelle lecture l'avait convaincu que Drago vivait la perte de ses souvenirs et de ses sentiments comme un deuil, et qu'il lui fallait passer par sept étapes avant d'être tout à fait guéri. Choc, déni, colère, marchandage, résignation… Drago en était à la sixième phase, celle de l'acceptation. Nguyen n'avait pas voulu lui révéler l'intitulé de la septième étape. À l'en croire, le savoir fausserait le résultat de l'expérience.

Il lui avait de nouveau parlé des viols qu'il avait subis. Il n'avait toujours pas réussi à prononcer le mot, mais il était parvenu à citer des noms. Cinq noms. Ceux qu'il avait déjà donné à Potter il y a une éternité de cela, avec le sien en dernière position. Ça n'avait pas aidé à le faire se sentir mieux, mais encore une fois : Dix séances étaient nécessaires avant d'espérer un résultat, et ce n'était que la deuxième fois qu'il abordait le sujet.

Wihelma l'avait convaincu de revenir participer aux cours de Patronus. D'après elle, une preuve tangible que le bonheur était toujours à portée. Il ne s'y rendait qu'une fois par semaine, l'après-midi où Potter n'était pas là et où Runcorn prenait la relève en tant que professeur. Dès la première fois, il avait réussi à produire un nuage de fumée argentée, et s'était effectivement senti quelque peu rassuré par cette apparition. Il était de nouveau en compétition avec Moïrine NiDaïre, l'Irlandaise, et la cible des paris de l'ensemble des Surveillants. Ils n'étaient pourtant pas les seuls à être bloqués à cette étape – D'ailleurs, Wihelma et Medwin Welbert ne s'en sortaient pas mieux que lui – mais c'était apparemment plus amusant de suivre leur affrontement à eux, peut-être parce que certains espéraient une revanche du prisonnier.

Johnson, en revanche, avait quitté le groupe des débutants : Depuis le Patronus Chimérique qu'il avait réalisé avec sa mère, il maîtrisait le sort aussi bien que Potter lui-même. Le petit coq à la queue immense et trainante qu'il invoquait brillait comme une étoile, obéissait à chacun de ses gestes, et était même capable de chanter.

Ce jour-là, le jeune Sorcier avait reçu de sa vieille mère une boite remplie de sablés au citron qu'elle lui avait ordonné de partager avec ses « camarades » et en particulier avec le « pauvre petit Malfoy » dont elle désirait des nouvelles. Ce n'était pas la première fois, et Drago fustigea mentalement la vieille femme : Les bonnes manières lui imposaient de lui rendre la pareille en lui faisant livrer une quelconque boîte de chocolats, et il aurait préféré que son salaire serve à des fins plus utiles.

Il n'avait plus peur des Surveillants.

Il ne savait pas trop si c'était une bonne chose : La méfiance amène la sécurité, après tout. C'était toutefois confortable de ne plus sursauter au moindre bruit, de ne plus trembler devant chaque regard scrutateur, de ne pas s'obliger à analyser chaque geste ou chaque intonation de voix…

Les quatre Surveillantes aux ordres de la Major Mullan se chamaillaient pour libérer leur emploi du temps et pouvoir participer aux cours de Patronus en même temps que lui. Toutes tenaient à être celle qui le ferait de nouveau « croire en l'amour ». Les hommes surjouaient la jalousie et la vexation.

Il avait fini par prendre conscience de ce substitut de sérénité que la gente féminine lui offrait, et s'était rappelé Ginny Weasley et Fleur Delacour, alors à elles aussi, il avait écrit. La première lui avait donné des nouvelles de Carrow, qui, de son côté aussi, était devenu la coqueluche des membres de son équipe de Quidditch. La seconde l'avait grondé comme s'il avait fait exprès de perdre la mémoire :

« Je ne m'imagine pas qu'un sort puisse me priver de l'amour que j'éprouve pour mon Bill adoré. Il aurait fallu que le Patronus m'arrache aussi une partie de mon âme, la moitié de ma vie. Es-tu sûr que tu n'as pas un peu laisser ce Patronus te prendre tes souvenirs pour cesser de souffrir ? »

Non, il n'était plus sûr de rien.

À la fin du cours, il se rendit dans les appartements du Directeur.

Il avait encore deux bonnes heures devant lui, puisque celui-ci était incapable de rentrer à l'horaire prévu, et il les passa à ranger de nouveau. C'était plus fort que lui : Les étagères qu'il avait organisées, la bibliothèque bien ordonnée, avec les livres parfaitement alignés, la table d'acajou qu'il s'était embêté à lustrer… Cet appartement n'était pas à lui, mais il s'était attaché à un état des lieux irréprochable.

Il était occupé à trier le contenu du frigo quand il entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Il eut à peine le temps de se relever que Potter se tenait déjà dans l'encadrement de la kitchenette et le regardait, essoufflé, les yeux exorbités, la bouche entrouverte comme un idiot.

« Qu'est-ce que tu fais ? demanda Potter

– Tu vois bien… » marmonna Drago.

Il rassembla les denrées périmées qu'il avait trouvées et les jeta sans ménagement dans la poubelle. Et puis il fit volte-face pour retourner au salon, et Potter eut un sursaut en arrière pour le laisser passer, comme si Drago était un Scrout à Pétard… Quoi que si ça avait été le cas, Potter serait probablement venu le papouiller, au contraire.

« Tu veux recommencer à faire le ménage ? demanda Potter en le suivant maladroitement. Si c'est une question d'argent, on peut revoir ton salaire à la hausse. Ou alors, tu peux commencer ta journée de travail plus tôt et…

– Non, Potter. Je suis simplement incapable de manger au milieu d'une décharge. Et puisque tu ne sembles pas capable de t'occuper de ton rangement toi-même… »

Potter ne répondit pas, et Drago avisa le sac en papier qu'il avait posé sur la table. Le lion vert, jaune et rouge qui l'ornait laissait peu de place au doute : C'était le restaurant Sénégalais qui l'avait finalement emporté. Il en sorti plusieurs barquettes en cartons qu'il commença à répartir sur la table.

« Tu veux manger avec moi ? »

Drago ne se donna pas la peine de répondre. Ça aurait ajouté la honte à la crainte.