Chapitre 27 : Confrontation

Dans l'obscurité qui enveloppait les rues de Londres, Lydia, impatiente, scrutait l'horizon. Lorsqu'elle aperçut la silhouette de Wickham approchant, son cœur s'emballa, balayant toute raison. Darcy et Elizabeth, témoins de cette scène, sentirent une vague d'inquiétude les submerger.

Wickham, remarquant la présence de Darcy, du colonel et d'Elizabeth, marqua un temps d'arrêt, son instinct lui incita de fuir. Mais Lydia courut pour le rejoindre en criant son nom, suivie de près par Elizabeth, Darcy et le colonel.

Wickham fit une courbette faussement innocente.

— Wickham, vous voilà enfin ! Prenez-moi avec vous, ces deux-là veulent m'empêcher de partir ! Emmenez-moi, Wickham ! s'exclama-t-elle.

Wickham remarqua les regards assassins de Darcy et d'Elizabeth qui se pointaient vers lui.

— Ms Lydia, que me racontez-vous là ? dit Wickham avec un sourire nerveux.

— Wickham ! Je suis prête à partir, je vous attendais depuis un moment. Il commence à se rafraîchir, allons partir maintenant !

Darcy, le corps tendu et les poings serrés, s'approcha de Wickham.

— Si vous osez partir avec elle, vous le regretterez amèrement, menaça-t-il. Je connais tous vos créanciers, Wickham. La mort de votre père ne vous a pas libéré de vos dettes.

— Vous ne trouverez nulle part où vous cacher, renchérit le colonel. Nous veillerons à ce que chaque centime soit remboursé.

— C'est exactement comme quand on était petit, Fitz ! contra Wickham en jouant nerveusement avec sa cravate. Vous et Richard vous êtes tous les deux contre moi, et vous preniez en partie un domestique. Ce n'est pas équitable. Trois contre un.

— Ce n'est pas du jeu Wickham. Nous avions tenté de vous diriger vers le droit chemin, ce qui était déjà peine perdu. Dites à cette jeune fille la vérité, sinon, je jure sur la tête de votre père que je vous fais regretter d'être né, dit Darcy.

— Arrêtez votre comédie Wickham, continua le colonel Fitzwilliam. Et cessez de vous jouer de cette jeune fille.

— Ne les écoutez pas Wickham ! De quoi ils se mêlent ! Ignorez-les et partons ! s'indigna Lydia.

Wickham réagit en se tournant vers Lydia.

— Vous n'êtes qu'une petite sotte !

— … Mais …Wickham…

— Croyez-vous qu'avec mes dettes qui s'amplifiaient, j'aurais encore pris une femme à ma charge ?

— Mais vous m'aviez dit que je vous plaisais !

— Ce n'était qu'un prétexte pour vous encourager à fuir.

— Mais vous voulez m'épouser !

Darcy leva les yeux au ciel.

— Avec une cible aussi facile que vous, j'ai voulu m'enfuir avec vous pour soutirer quelques profits… Mais vous vous êtes fait prendre et mon plan a foiré !

Les mots de Wickham frappèrent Lydia comme des coups de fouet, la faisant vaciller. Elizabeth s'approcha pour la soutenir.

Darcy allait dire quelque chose mais ce fut Elizabeth qui le devança :

— Comment osez-vous !? s'indigna Elizabeth en s'approchant de lui.

Lydia tremblait et Wickham sourit nerveusement lorsqu'il reçut un coup violent en pleine figure qui le fit tomber à terre.

— J'aurai dû le faire il y a longtemps, dit Elizabeth. N'avez-vous aucun respect ? Comment osez-vous profiter de l'innocence d'une jeune fille à ce point !?

— … Wickham ! s'exclama Lydia en s'accroupissant près de ce dernier.

Avec le nez coulant du sang, Wickham s'assit péniblement en prenant la parole avec un sourire d'auto-dérision.

— Ms Elizabeth, colonel, Darcy, vous ne m'avez pas compris. Il fallait bien que je lui dise quelque chose de convaincant pour l'éloigner de moi. Sans cela, elle m'aurait poursuivi dans toute la ville et on aurait passé toute la nuit. Laissez-moi tranquille, dit Wickham à en se tournant vers Lydia. Je ne m'enfuirai pas avec vous et je ne vous épouserai pas. Je ne suis pas un homme pour vous.

— Lydia, vous l'avez entendu ? Eloignez-vous de cet homme, dit Elizabeth.

Sur ce, Elizabeth prit Lydia pour la distancer de Wickham. Confuse, Lydia ne manifesta plus aucune résistance. Chaque battement de son cœur semblait résonner avec sa frustration. Wickham se leva avec effort et remit son chapeau qui était tombé par terre. Il se hâta pour quitter les lieux, sans un regard. Les quatre jeunes gens le regardèrent s'éloigner, et une fois qu'il ne fut plus dans leurs champs de vision, Lydia s'exclama :

— Tout cela c'est de votre faute ! Je vous déteste Lizzie !

Submergée par ses émotions, Lydia se précipita dans le carrosse pour laisser couler les larmes retenues depuis trop longtemps.

Darcy vit Elizabeth trembler, les bras croisés, et devina sans peine le cours de ses pensées. Il la comprenait, lui-même avait déjà aussi vécu la même expérience avec sa propre sœur. Il la prit dans ses bras.

— Mon Dieu, quelle honte ! chuchota Elizabeth. Pardonne-moi William, pour ma sœur, pour tout ce qui s'est passé. Si tu n'étais pas là avec le colonel, je ne sais ce qui aurait pu arriver avec cette entêtée. Je te remercie.

— C'est tout à fait normal, répondit Darcy. Nous sommes ensemble pour nous soutenir.

Les paroles de Darcy réchauffa le cœur d'Elizabeth.

— Mais c'est à moi de te demander pardon, Elizabeth. Pardonne-moi mon ange, lui dit-il en la regardant dans les yeux. Depuis le début, j'aurai dû dénoncer Wickham pendant qu'il était encore temps. Tout cela aurait pu être prévenu…

— Tu avais tes raisons, William. Et tu n'as pas à te sentir responsable des actes de Lydia.

Elizabeth, le colonel Fitzwilliam et Darcy ramenèrent Lydia silencieusement chez les Gardiner. À leur arrivée, la maison était plongée dans l'obscurité, mais la lumière d'une bougie apparut rapidement lorsque Mr. Gardiner ouvrit la porte. Son visage, d'abord marqué par la surprise, se teinta d'inquiétude à la vue de Lydia en larmes. Elizabeth prit les devants pour expliquer la situation.

— Mon oncle, il y a eu un incident avec Lydia et Mr. Wickham, commença-t-elle, sa voix trahissant sa propre fatigue.

Mr. Gardiner les fit entrer, et Mrs. Gardiner descendit en hâte. Ensemble, ils écoutèrent le récit des événements, leurs expressions passant de la consternation à la colère. Lydia fut placée dans sa chambre, emmitouflée dans une couverture sur son lit. Elizabeth ferma doucement la porte, et après avoir pris congé des Gardiner, elle partit avec Darcy et le colonel qui rentra chez lui.

Darcy et Elizabeth rentrent à leur tour à Darcy House. Le chemin du retour fut silencieux, les deux fiancés étant submergés par la fatigue et l'émotion. Arrivés à destination, ils s'introduisirent dans le salon et aussitôt, Elizabeth prit la parole avec hésitation.

— William ?

Darcy se tourna vers elle.

— Nous nous sommes dit des choses ce soir, dans le carrosse, je… Tu m'as confié tant de choses. Et j'aimerais à mon tour te dire que… je suis sincèrement désolée pour ce que Lydia a dit. Elle ne sait pas ce qu'elle raconte…

Darcy regarda Elizabeth avec douceur, sans dire un mot. Elizabeth soupira en levant les yeux vers lui, sans vraiment oser le regarder.

— Il y a longtemps, peut-être, j'ai été dupée par Wickham. Ce n'était qu'une illusion. J'ai appris à voir qui il est vraiment, et mes sentiments ont changé bien avant que je ne te connaisse mieux.

Elizabeth osa enfin fixer les yeux de Darcy, se rapprochant de lui :

— William, ce qui compte, c'est ce que nous ressentons maintenant. Je t'aime, William. Plus que je ne pourrais jamais l'exprimer. William, je… !

Darcy l'interrompit en posant doucement son index sur les lèvres d'Elizabeth, en lui répondant avec un petit sourire :

— Elizabeth, mon ange. Arrête, j'ai compris, murmura-t-il. Pourquoi tu t'épuises tant à t'expliquer ? Toi, moi, nous avons tous chacun notre passé. Et je ne t'ai pas demandé de te justifier. Calme-toi maintenant.

— Mais ce que Lydia a dit est tellement… gênant, après tout ce que cet horrible homme a fait à ta famille, et à ce qu'il aurait pu faire à la mienne…

— Heureusement, nous sommes intervenus à temps. Tout est fini, elle est à l'abri maintenant. Repose-toi maintenant. Il est très tard.

Pour toute réponse, Elizabeth prit le visage de Darcy entre ses mains et l'embrassa passionnément pour conclure leur conversation, les cocktails de la soirée ayant eu raison d'elle. Darcy répondit à son baiser et la serra contre lui. Ne pouvant plus résister, il la prit dans ses bras et la porta vers sa chambre. Elizabeth se laissa aller dans son étreinte, sentant l'amour et la confiance grandir entre eux.

Ce soir-là, dans l'intimité de leur chambre, Elizabeth et Darcy laissèrent leurs cœurs et leurs désirs s'exprimer pleinement. Ils commencèrent à se lier sur un plan plus intime. Puis Darcy attira Elizabeth contre lui, la retournant doucement sur le lit avant de la serrer tendrement dans ses bras. Les doux murmures de la jeune femme remplissaient discrètement la pièce. Elizabeth sentit des frissons la parcourir, les mains de Darcy posées sur ses hanches, suivant le rythme de leurs mouvements. Darcy avait longtemps rêvé de ce moment, admirant la grâce d'Elizabeth.

— Mon amour, c'est si bon... je t'aime, lui murmura Lizzie, sentant le plaisir la traverser.

Tout en continuant à l'aimer, Darcy se pencha pour parcourir la nuque et le dos de la jeune femme de ses lèvres. Lizzie frissonnait et se rapprocha encore plus de lui, s'abandonnant entièrement à son étreinte.

Les murs de la chambre furent témoins de leurs premiers ébats, scellant leur engagement d'une manière que seuls eux pouvaient comprendre. Le lit trembla sous l'intensité de leur passion, marquant le début d'une nouvelle étape dans leur relation. Darcy se laissa enfin aller à son désir, ravivé depuis leur échange de corps.

Elizabeth, touchée par les efforts de Darcy pour sauver sa famille du scandale, ressentit une gratitude pour l'homme qu'elle aimait. L'événement de ce soir avait révélé un autre caractère de Darcy. Cette expérience partagée les rapprocha encore plus, et Elizabeth se laissa emporter par une envie de l'aimer en retour.

Ce soir-là, après s'être assouvis de leurs désirs longtemps réprimés, Elizabeth et Darcy restèrent enlacés dans le lit, savourant la tranquillité de leur intimité.

Elizabeth regarda Darcy, les yeux pleins de tendresse. Ses épaules étaient tendues, et son regard, habituellement si assuré, semblait perdu dans des pensées lointaines. Il ressentit un mélange de satisfaction, de fébrilité et d'exaltation. Elizabeth lui caressa la joue.

— William, tu vas bien ?

Darcy prit une profonde inspiration, hésitant un moment avant de parler.

— Elizabeth, il y a quelque chose que je n'ai jamais partagé avec personne. Pas même avec toi.

Intriguée et inquiète, Elizabeth s'approcha encore plus de lui, ses yeux cherchant les siens.

— Tu sais que tu peux tout me dire.

Il baissa les yeux.

— Depuis que je suis enfant, j'ai toujours ressenti une immense pression pour être parfait et pour ne jamais montrer de faiblesse. Mon père m'a inculqué l'idée que la vulnérabilité était quelque chose à cacher à tout prix.

Elizabeth serra doucement sa main.

— Il est vrai qu'on ne se dévoile pas à n'importe à qui. Mais la vulnérabilité n'est pas une faiblesse, William. C'est ce qui nous rend humains.

Darcy hocha la tête.

— Je sais, mais c'est difficile d'y faire face après tant d'années. Parfois, j'ai peur de ne pas être à la hauteur.

— Que veux-tu dire William ?

— Je sais que je n'ai pas toujours été tendre avec toi par le passé. Admettre mes sentiments pour toi a été l'une des plus grandes épreuves de ma vie. Et je ne savais pas à ce moment-là que ce n'était que le début du long chemin qui m'attendait. Me déclarer à toi dans le Kent, c'était pour moi se dévoiler, me jeter dans l'inconnu et montrer ma vulnérabilité. Tu étais si belle, trempée par la pluie. J'étais terrifié, mais je savais que je ne pouvais pas vivre sans toi.

— J'ai été dure avec toi, William, dit Elizabeth en baissant les yeux. J'ai cru les mensonges de ce Wickham sans hésitation. Je m'en veux. J'ai aussi appris de mes erreurs.

Darcy lui prit sa main.

— Elizabeth, je ne t'en ai pas voulu longtemps. J'aurais dû te parler plus tôt pour t'expliquer la vérité. Tu sais, Elizabeth, j'ai apprécié que tu aies vidé ton cœur devant moi. Tes mots étaient durs, mais ils avaient une part de vérité. Cela m'a montré ton authenticité et ton honnêteté.

Elizabeth sentit son cœur se serrer à la vue de l'expression dans les yeux de Darcy. Elle se rapprocha encore, posant une main douce sur sa joue.

— William, tu es plus que suffisant pour moi. Tu es l'homme le plus courageux et le plus aimant que je connaisse. Et c'est cette vulnérabilité, cette capacité à te remettre en question qui te rendent encore plus précieux à mes yeux.

Darcy la regarda avec un doux sourire, quelques larmes roulant sur sa joue. Ils restèrent ainsi, enlacés, le cœur plus léger et trouvant du réconfort dans la présence de l'autre.


Deux jours plus tard, Mr. Bennet fut informé par lettre du scandale de Lydia. Son visage, habituellement impassible, se crispa à l'annonce des actions imprudentes de sa benjamine. Mrs. Bennet, quant à elle, fut prise de palpitations.

— Je vais à Londres, déclara-t-il. Je dois régler cette affaire moi-même et m'assurer que Wickham ne nuira plus à ma famille.

Pendant ce temps, Elizabeth, Jane et les Gardiner veillèrent sur Lydia. A son arrivée, Mr. Bennet prit la décision de la confier à la garde de sa tante Phillips.

— Il est temps que Lydia apprenne ce que signifie être une demoiselle respectable, déclara-t-il.

En parallèle, Mr. Darcy et le colonel Fitzwilliam mirent en œuvre un plan pour traduire Wickham en justice. Mais Wickham n'allait pas se laisser faire facilement, il élabora une contre-attaque de son côté.


Que va encore faire Wickham à votre avis ? Se débarrassera-t-on de lui un jour ? La suite dimanche prochain.