10 octobre
L'amour de ma vie (Love of my life)
Platina & Simiabraz (Platine)
Simiabraz était, pour Platina, ce qu'elle avait de plus proche d'un cœur frère.
Ce n'était pas facile de décrire exactement ce qu'elle ressentait. Quand elle l'avait rencontré, elle avait douze ans et elle n'avait même pas encore spécialement été pressentie pour commencer un voyage initiatique. Elle était juste en train de faire des inconséquences avec Barry, son meilleur ami, et ce petit Ouisticram qu'elle avait pris en panique dans cette valise lui avait sauvé la vie.
C'était le Pokémon le plus adorable qu'elle avait jamais vu. Il était doté aussi d'un cœur pur, car tous les jeunes Pokémons de départ qui étaient donnés aux Dresseurs débutants étaient particulièrement doux, empathiques, patients, parce qu'ils devaient convenir à des gens encore un peu maladroits.
Ouisticram avait obéi à Platina, contre cet Étourmi, alors qu'elle n'avait pas de badges, qu'elle n'était rien. Peut-être parce qu'il avait bien vu qu'il était en danger lui aussi. Mais la jeune fille savait qu'il y avait eu une connexion entre eux dès le début et qu'ils savaient très bien ce que l'autre, le bébé Pokémon et la jeune humaine, devaient ressentir à ce moment-là.
Après avoir battu l'Étourmi, Platina avait félicité Ouisticram à grands cris pour sa victoire et il lui avait sauté dans les bras.
Il n'était pas censé être encore son Pokémon à ce moment-là, mais Platina avait fervemment espéré qu'ils n'auraient jamais à se quitter. En tout cas, pas trop longtemps… Peut-être que, même si le Professeur Sorbier ne voulait pas le lui confier, elle pourrait venir lui rendre visite de temps en temps ?
Heureusement pour Ouisticram et lui, le petit Pokémon l'aimait déjà. Le scientifique les vit, ces regards pleins d'amitié qu'ils posaient l'un sur l'autre, et il avait confié Ouisticram à Platina.
Elle avait eu plein d'autres Pokémons après lui. Plume l'Étouraptor. Luxray, Tritosor, Utopie la Givrali, Lucario qui était même né dans ses bras… et tant d'autres noms… et Machiavel le Giratina… Mais pourtant, ce n'était pas pareil qu'avec Simiabraz.
Le Pokémon et elle, ils avaient grandi ensemble, passant tous les deux à l'adolescence, puis à l'âge adulte tandis qu'ils traversaient ensemble la région de Sinnoh.
C'était ensemble qu'ils avaient dû apprendre à se débrouiller seuls, à monter des campements dans la nature pour se protéger du vent et de la pluie, à comprendre à qui ils pouvaient faire confiance, à s'acheter à manger et à le cuisiner, à s'orienter sur les routes avec une carte, à cohabiter avec d'autres Pokémons et savoir comment bien s'en occuper. Platina le portait souvent sur son épaule et elle lui demandait son avis sur la direction à emprunter ou comment mieux appréhender ses créatures.
Finalement, ils en étaient arrivés à se comprendre parfaitement l'un l'autre.
C'était pour ça qu'elle était devenue Maître de la Ligue et qu'elle l'était restée. Pas juste parce qu'elle faisait équipe avec un Pokémon légendaire, mais bien parce qu'elle était capable de tout affronter, avec son premier partenaire, et qu'il était toujours tout ce qui lui restait quand les situations étaient désespérées.
Personne, dans ce monde, ne pouvait mieux connaître Platina que Simiabraz. Elle aimait sa mère, bien sûr, ses amis, ses autres Pokémons, les amants qu'elle avait eus, et Simiabraz aimait sa compagne Lockpin et leurs petits Laporeilles, mais entre eux, c'était vraiment sur un autre plan de sentiments.
Ils avaient affronté toutes les catastrophes que Sinnoh avait connues et elles avaient été nombreuses ! Il n'y avait pas eu que la Team Galaxy quand Platina était adolescente, la région avait également été frappée par des débordements volcaniques venant des sous-sols, des tremblements de terre, des orages, des conflits dimensionnels qui s'étaient diffusés depuis Johto et Alola et bien sûr les traditionnels trafiquants de Pokémons rares, les villes de la région qui rencontraient parfois des intérêts contraires, les évolutions de philosophies.
Simiabraz avait été à ses côtés à chacune de ces épreuves.
C'était pour ça que, en ce jour lointain après leur premier départ pour le monde, il y avait soixante-dix ans, ils se tenaient tous les deux dans la véranda de la maison de la mère de Platina, à Bonaugure. La ville avait beaucoup changé, depuis le temps, et ils n'avaient plus grand-chose à faire au regard de leurs trépidantes aventures d'avant, mais ce « plus grand-chose » aussi, ils le faisaient côte à côte.
