Mise au point tome 7 : ce chapitre a été écrit avant la parution des Reliques de la mort, donc il n'y est fait aucune allusion, toute ressemblance est accidentelle. La fic ne tiendra de toute façon pas compte de ce dernier tome, si vous l'avez lu vous devez savoir pourquoi. Pour plus d'infos sur le sujet, vous pouvez aller voir sur mon Live Journal.
Disclaimer : « Stairway to heaven » est une chanson de Led Zeppelin (1971).
Italiques : pensées de Severus.
Résumé des principaux points du chapitre précédent :
- Dans l'infirmerie, Sirius fait connaissance avec Magda, une jeune fille de Gryffondor qui a tenté de se suicider et qu'il avait sauvé. Elle lui en explique les raisons et s'étonne qu'il ne puisse pas voir le petit garçon en face d'elle (petit garçon qui ressemble fort à Angus enfant et qui avait déjà été vu par Remus et Severus au même endroit). Magda et Sirius deviennent amis.
- Sirius découvre également que McAlistair n'est pas un véritable Médipsychomage, mais un Auror chargé d'enquêter sur la mort d'Angus Russell. On ignore en revanche si Gwénolé est réellement un Médipsychomage ou un Auror lui aussi. Sirius informe James de ce qu'il a entendu.
- On a la confirmation par McGonagall qu'Angus Russell était le souffre-douleur de ses camarades en première année, et par Jodorowsky qu'il avait un problème de jambe, que Dumbledore réussit à soigner. McAlistair semble soupçonner Lucius Malefoy de l'avoir assassiné.
- La mère d'Angus a reçu un sortilège d'Oubliettes et en a oublié l'existence de son fils.
- Bellatrix, Rosier et Wilkes, tentent de se rapprocher de Severus (pour contrer l'influence Lucius ?) et Severus découvre l'étendue de leur racisme.
- Il croit devenir fou, que le fantôme d'Angus Russell entraperçu dans l'infirmerie n'est qu'une hallucination. Il demande à avoir un rendez-vous avec McAlistair, le Médipsychomage.
- Lucius est devenu préfet, et envoie Severus dans l'APADI, l'association de soutien scolaire de Jodorowsky pour le remplacer. Severus prend le bureau d'Angus et met la main dans son tiroir magique (ou il y a toutes sortes de choses).
- Gwénolé prépare un spectacle de marionnettes pour la kermesse de l'école qui arrive, et rappelle à Severus que l'anniversaire de Lucius est proche.
- La rumeur circule, propagée par Parkinson et Sanchez, les deux commères de Serpentard : on aurait vu (ou plutôt entendu) l'homo officiel de Poufsouffle s'envoyer en l'air dans les toilettes de Mimi geignarde avec un autre étudiant (mais qui ?).
- Enfin, Gwénolé et McAlistair découvrent qu'Angus possédait une poupée vaudou de Bellatrix, qu'il utilisait pour la rendre amoureuse de lui. Ils détruisent la poupée et désenvoûtent Bellatrix.
Rappelons-nous également :
- le Rêve Etrange que fit Severus dans le chapitre 6, avec Damien ;p sur la marelle.
- la plaisanterie favorite de Bellatrix, qui est de prétendre que Lucius est homosexuel. Mais ce dernier lui fait la cour, et a formellement démenti ses accusations.
- Severus trouve Gwénolé très ambigu avec son patron, qui lui lorgne plutôt sur Minerva, son ancienne condisciple.
- seuls Sirius et ses amis savent que McAlistair est un Auror. Severus l'ignore encore.
Notes pour ce chapitre : Le chapitre final de la deuxième saison de la fic ! Ceci est le premier sous-chapitre, sur deux.
There's a sign on the wall
But she wants to be sure
Cause you know sometimes words
Have two meanings
Chapitre 14
Stairway to heaven
(partie 1)
I
Le garçon qui stationnait devant l'entrée de la tour nord était d'une beauté à couper le souffle.
La pâleur glacée de ses iris grises enflammait le violent contraste entre la blancheur de sa peau et la noirceur bleutée de ses cheveux. Adossé contre le mur, il caressait négligemment le chaton explosé de sa bague tout en jetant des coups d'œil de part et d'autre, comme s'il attendait quelqu'un. Mais dans cette simple activité d'attente, son maintien n'était pas exempt de noblesse. Tout en lui transpirait l'élégance, et l'indolence, car oh oui que voulez-vous que tout cette beauté lui fasse. Tout cela pour lui n'existait pas. Cela n'existe que pour ceux qui regardent, la peur au ventre.
L'autre garçon que Sirius Black attendait ne faisait pas partie de cette race d'homme : il attendait un frère qui le regardait comme un frère. Et quand Sirius élevait ses grands yeux une certaine tension jusqu'alors muette dans son attitude remontait à la surface, quelque chose comme de l'amour.
Passant entre les longues ombres des arbustes, la silhouette souriante se dirigea vers lui. Sans résistance, Sirius sourit en retour, d'un grand sourire de chien heureux, dans cette lumière rasante du crépuscule qui le précipitait vers lui ; James Potter s'appuya de sa main droite sur le mur contre lequel il était adossé, et souffla dans son cou. Ils se mirent en route à l'intérieur des bois.
Il faisait frais mais beau. Sur les pelouses qui commençaient à reverdir, des filles avec des longs cils et des fleurs dans les cheveux s'étaient étalées avec des livres et des magazines. Un petit groupe avait apporté un transistor diffusant les derniers tubes américains. L'une d'entre elles vit arriver Sirius et leva la tête ; le soleil passa entre ses cils puis coula dans ses yeux et sur sa bouche charnue. « C'est le début de l'ère du Verseau Sirius. » Le jeune Black lui répondit par un clin d'œil, tendit son index et son majeur pour faire un V. Il n'était plus qu'à une centaine de mètres, embusqué derrière les fourrés épais comme une bête sauvage dans son trou.
« La vache quand même… Faut vraiment pas avoir de couilles pour s'asseoir dans la merde par peur d'être dérangé », déclara James Potter, le regard assombri.
« Je te l'ai dit, James, il est temps d'écraser définitivement ce ver de terre. Et pour ce faire il faut profiter de l'absence de sa garde rapprochée, et du Facho. »
« Le Facho ? C'est qui ça ? »
« Malefoy… »
« Ah oui… Chut. »
Assis dans l'herbe, Severus Snape était tranquillement en train de lire un magazine de potions. James et Sirius ne pouvaient voir que son dos, courbé, et l'arrière de ses cheveux gras. Un sourire de triomphe se dessina sur le visage de l'héritier Black, grimace qui ne parvint pas à l'enlaidir. Il plongea ses yeux dans les yeux de James, l'index posé sur la bouche. Il compta la mesure. Un, deux, trois… A deux, la proie s'était déjà retournée, comme mue par l'instinct de l'antilope qui a senti le lion s'approcher.
« Pott… ! »
Habitué à ce genre de situations, Snape avait déjà dégainé. Les deux partis allaient faire feu, quand une voix guillerette retentit, comme celle d'un bouffon qui jaillit de sa boîte.
« Ahahah ! Allons les enfants, vous êtes bien trop âgés pour mesurer la longueur de vos baguettes ! »
Un homme très grand qui portait un chapeau à larges bords s'était interposé ; une médaille dorée représentant le Mont-Saint-Michel flottait sur sa peau nue, dans l'échancrure de sa chemise.
« Le… Médipsychomage », bredouilla James.
Sirius demeura silencieux, jeta à son compagnon un regard de connivence – nous savons bien qu'il n'est pas plus Médipsychomage que nous.
« Alors comme ça », dit Gwénolé, « on a abusé d'Orange Mécanique ? »
« De quoi il parle ? », demanda James.
Sirius haussa les épaules. Severus ne cessait de lui jeter des regards de haine pure. Le Breton lui tapa dans le dos.
« Ça va Severus ? Je te cherchais tu sais... Mon chef n'est finalement pas disponible pour ton rendez-vous. Alors ça ne te dérange pas de le passer avec moi ? Tu n'as qu'à me suivre et venir au bureau tout de suite et nous déciderons d'une date. »
Severus n'avait aucune envie de subir à nouveau les discours de cet énergumène français, mais il préférait mille fois cela à la compagnie de Black et Potter.
-oOoOo-
Je ne comprends pas. Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
Severus se tournait et se retournait dans son lit, dans un état de demi-sommeil.
Quelque chose qui ne colle pas…
Il commença à sombrer, entendant la voix de Black qui scandait le nom de « Remus » sans pouvoir s'arrêter. Il revoyait les doigts de Potter.
Lucius… Lucius…
Oui, quand cette histoire avait-elle commencé ? Qui en était le héros, où était son passé, et où était son présent ? N'y avait-il jamais eu que cette scène, et les ouvertures qui permettaient de la percevoir, et la langue qui permettait d'en saisir les contours ?
N'y avait-il jamais eu que la faim, la faim répugnante, qui vous fait avaler ce qui vous dégoûte, qui vous enlaidit, vous rend malade, malade au point de vouloir vomir votre être tout entier… ? Alors il continuait à vider le sac, croquant les chips noires au goût de poisson les unes après les autres
« Qu'est-ce que tu manges, Snape ? Tu sais que c'est très mauvais pour la santé ? »
Severus releva la tête. Russell était en face de lui, en pyjama, sa baguette dans la main.
« Je… C'est Macnair qui me les a données. »
« Ce n'est pas comme ça qu'il faut se soigner, Snape, tu le sais ça ? »
Le préfet posa sa baguette sur son fauteuil, puis tendit à Severus un verre doré surgi de nulle part.
« Bois. »
Severus prit le gobelet d'or dans ses mains et but le vin.
« Te rappelles-tu la première fois où tu m'as vu, Snape ? Je passais dans un couloir avec les autres Serpentard de ma classe. Toi, tu ne voyais que des Grands un peu effrayants : le beau blond de service, un croque-mort espagnol, un médiocre au visage de pékinois, un têtard à lunettes et un Romain très Serpentard... Oui, tu as eu peur la première fois, mais tu ne t'en souviens même plus. Un peu plus tard, tu m'as revu à la bibliothèque, sous les traits d'un doux adolescent qui n'avait rien à voir avec le premier, et là, tu m'as presque aimé. L'inconnu possède tant de visages, Snape… Pourquoi les gens préfèrent-ils le connu ? »
« Parce qu'il est plus facile », murmura Severus.
« C'est un jeu, un escalier qu'il te faut gravir, niveau après niveau. Un escalier en forme de labyrinthe… »
« Mais… Ce n'est pas toi que j'avais vu dans mon autre rêve… »
« Non. »
« Alors qui était-ce ? Qui ? »
« Tu ne sais plus qui est qui, Snape ? Mais moi, je vais te dire qui cette personne était. C'est celui qui s'est fait dévorer par le serpent. »
« Le serpent ? Je dois me méfier du serpent ? »
« Non. Méfie-toi de toi-même Snape. Ne te laisse pas dévorer par le serpent. »
-oOoOo-
Lorsque Severus ouvrit les yeux, il ne vit que la courtine de son lit. Mais le rêve était encore en lui, cognant dans sa poitrine et oppressant sa respiration.
Le serpent…
Lucius était là, assis sur le rebord, fumant une de ses cigarettes magiques, les yeux scintillant comme les traînées d'étoiles de la nuit claire.
« À quoi tu rêves ? »
Il souriait légèrement.
Severus se redressa. Son long cou et son torse semblaient prisonniers de sa chemise blanche, tant il avait grandi. Le sommeil et l'émotion avaient élargi ses yeux, sur lesquels retombaient ses cheveux noirs. Il était presque beau à cet instant précis.
Lucius baissa les yeux, puis de sa main libre, remonta un peu le plaid sur le ventre de son camarade.
« Ce n'était… qu'un rêve stupide », répondit Severus, troublé par ce geste. « Quelle heure est-il ? »
À nouveau Lucius baissa les yeux.
« Six heures. Personne n'est encore réveillé. »
Severus regarda autour de lui. Les rideaux de droite étaient tirés. Ce devait être Lucius. Derrière lui, tout était sombre. On pouvait presque entendre la respiration de la nuit. Puis brusquement, le regard de l'adolescent devint fixe ; il venait de se rappeler un détail important.
« Au fait… Joyeux anniversaire. »
Le jeune Malefoy le regarda à nouveau, d'iris qui semblaient cette fois peu amènes.
« Tu connaissais la date ? »
« On me l'a dite. …Tu as quel âge maintenant ? »
« Dix-huit ans », répondit Lucius, le regard en biais. « Mais c'est seulement ce week-end.»
Severus se concentra sur ses membres engourdis.
« Maudit Black », souffla-t-il.
« Severus… Pour te remercier d'avoir pensé à mon anniversaire…»
Le rejeton Snape leva les yeux vers Lucius. Le regard du jeune homme blond brillait à nouveau ; il faisait même rosir le creux de ses joues. Il était si beau, si agréable à regarder… Severus aurait tant voulu lui dire, ou…
« Oui ? »
« Puisque tu es si fatigué… Maintenant que je suis préfet… J'ai le mot de passe. »
« Le mot de passe ? »
« Celui de la salle de bains privée des préfets. À cette heure-là il n'y aura personne. Profites-en, pendant que je repique un petit somme. »
Le jeune disciple prit ses affaires, descendit dans la salle commune encore engloutie dans l'obscurité. Seul l'aquarium de la murène luisait faiblement.
-oOoOo-
Severus ne se souvenait pas d'avoir jamais aimé son corps. C'était ce qu'il se disait alors qu'il faisait s'accroître la mousse autour de ses épaules frêles, si blanches qu'elles en avaient des reflets grisâtres.
« Angus venait souvent ici… Mais il n'était vraiment pas beau tout nu. »
Severus sursauta. D'où venait cette voix féminine ?
Une jeune fille de son âge (même s'il était difficile de lui donner un âge, comme c'était le cas pour Mme Pince) littéralement transparente flottait au-dessus de l'eau, à l'autre bout de la piscine. Elle s'approcha de Severus en grimaçant : - Un peu comme toi, tu vois. Tout maigre…Beurk !
- Et tu appelles tout le monde par son petit nom, fantôme ?
- Fantôme ! Fantôme ! J'ai un prénom ! Mais tout le monde s'en fiche du prénom de Mimi, pas besoin de prénom pour se moquer d'elle !
- Et qu'est-ce que tu viens de faire, sombre idiote ? Tu es bien comme Julius Baxter, tiens. A présent laisse-moi prendre mon bain en paix.
Mimi Geignarde demeurait immobile, le dévisageant avec un air blessé, ses petits yeux sombres semblant humides derrière ses lunettes.
- Quoi ? Tu n'as pas entendu ce que je viens de dire ?
- Ça ne te suffit pas que je sois morte !
- Et alors, j'aimerais être à ta place si tu n'avais pas eu l'idée saugrenue de rester à Poudlard, le pire endroit du monde sorcier.
Mimi ne répondit pas, comme si elle ne comprenait pas ce qu'il disait.
- Mais… Dis-moi, au moment où tu es… morte, tu étais… comme tu es maintenant ?
- Qu'est-ce que tu veux insinuer par là ?
- Non, je veux dire est-ce que lorsqu'on meurt on a forcément la forme qu'on avait à l'âge où on est mort ?
- Mais qu'est-ce que tu racontes ?
- Tu n'as jamais vu le fantôme d'Angus à 12 ans à l'infirmerie ?
- Angus Russell est devenu comme moi ?
- En quelque sorte.
- Tout nu ou habillé ?, s'exclama Mimi pleine d'espoir.
- Habillé bien sûr !
Mimi joint les mains et regarda le ciel.
- Oooh… Je me souviens de lui, à cet âge… Tout le monde était méchant avec lui, comme avec moi. "Déguerpis, sale boiteux ! T'habites dans une poubelle, comme un rat ? Tu te coiffes en te roulant dans la poussière, comme les vieux rats croûteux ? Sale rat ! Sale rat ! Sale rat !" …MON AME SOEUR !
Bon sang… Elle croit qu'elle s'est trouvé un copain !
Au moment où la morose Mimi disparaissait en s'évaporant comme de l'eau trop chauffée, une voix que Severus connaissait bien résonna dans la salle de bains, et des bruits de pas se firent entendre sur le carrelage.
« Tu es là Severus ? »
Lucius apparut, en uniforme ; il s'approcha de la piscine, mit un genou à terre et se pencha par-dessus la mousse. Tel le chien au sortir du bain, tout penaud d'être vu dans une situation où il se sent on ne peut plus mal à l'aise, Severus rabattit ses cheveux mouillés derrière ses oreilles, ce qui faisait d'autant plus ressortir son nez busqué. Lucius eut un petit rire étouffé.
« Il trouve mon visage comique », pensa tristement Severus.
- Mais dis-moi…, fit Lucius, ça fait drôlement envie de te voir là-dedans. Hé, ne rougis pas… On est entre mecs, non ? Je suppose que ça ne te dérange pas si je te rejoins.
Joignant l'action à la parole, il retira son pull sans manches. Quand il commença à ouvrir sa chemise, le cœur de Severus se mit à battre à toute vitesse.
- Entre amis, tout est commun, déclara Lucius en nageant vers le fond de la piscine.
Severus fut traversé par un trait de mélancolie à ces mots. Depuis combien de temps seulement connaissait-il vraiment Lucius ? Il revit le visage de ce dernier encore enfant sur l'ancienne photo de classe de la salle commune : oui, qu'est-ce que cela peut faire de voir grandir celui qu'on aime, peu à peu, pour devenir ce que Lucius était devenu ? Voir ses membres s'allonger de façon harmonieuse, sa voix devenir plus veloutée, son visage gagner en force, sans pour autant perdre sa finesse. Severus n'avait pu voir que la fin de cette évolution. Lucius avait quatre ans de plus que lui : quand il était arrivé à Poudlard, le petit blond était déjà le plus grand de sa classe. Mais, si seulement cela avait été le cas, s'il l'avait vu grandir… quel amour il en aurait ressenti, quelque chose d'inexprimable. Et soudain à cette idée, une douleur horrible le prit au ventre, comme un mauvais pressentiment, l'intuition de quelque chose d'atroce.
« Ça ne va pas ? »
Lucius était derrière lui et venait de croiser ses bras autour de son cou.
« Tu as l'air triste. »
J'ai toujours l'air moins triste que toi...
« Tu ne dis rien ? »
Severus sentait le contact de ses bras mouillés sur sa peau elle-même glissante, c'était étrange. Lucius ramena ses bras. On l'entendit activer les robinets.
« Je vais tous les épater avec mon magistère de potions, tu vas voir », déclara le blond.
Severus se retourna. Son camarade avait une grosse boule de mousse ressemblant à de la chantilly dans la main droite.
« C'est du shampooing », précisa-t-il en voyant l'air consterné de Severus.
Mais ce n'était pas le shampooing qui effrayait le plus Severus… A présent Lucius était face à lui. Il se rapprochait, enfonçant dans sa chair ses yeux clairs de gorgone, approchant son corps blanc comme de la neige glacée.
« Tu ressembles à une vélane », murmura Severus, paralysé, le corps comme morcelé par un désir immense, mais confus.
« Une vélane ? Tu trouves que j'ai quelque chose… de féerique ? »
Il se moquait de lui.
A cet instant, Severus sentit ses mains étaler la mousse sur ses cheveux. Le visage de Lucius était tout près du sien à présent. Il ne le dépassait plus que de quelques centimètres. Le regard de l'adolescent glissa sur son cou ni trop large ni trop fin, ses épaules athlétiques… Il se sentait rougir, cuire comme une brioche au centre d'un four.
« Alors, qu'est-ce que tu en penses ? », demanda Lucius en malaxant habilement le cuir chevelu de son cadet.
« … »
Ses doigts avaient tendance à descendre dans sa nuque. Rouge, incroyablement amolli, Severus était totalement désarmé, et une sensation familière commençait à émerger dans son bassin, une sensation qui annonçait d'habitude quelque chose de fort ennuyeux.
Les beaux yeux gris de Lucius étaient mi-clos, il avait ramené la tête de son cadet contre sa joue pour mieux la frictionner. Les yeux fermés, Severus respirait péniblement dans son cou, le visage rose. A présent Lucius ne se contentait plus de faire mousser le shampooing sur la tête de son ami, il en frottait également le haut de son dos fin et blanc. La fine rainure qui marquait la colonne, semblable à la vertèbre centrale des sardines, était animée par un mouvement faible, comme un animal souffrant.
Lucius le regardait étrangement en respirant péniblement. Severus eut un murmure qui ressemblait à un sanglot, tant le bas de son ventre le faisait souffrir. La bouche entrouverte, son blond camarade le pressa alors entièrement contre lui, comme s'il voulait l'apaiser ou se l'approprier. Mais à ce moment précis son regard sembla traversé par quelque chose, il tressaillit et le repoussa violemment, sortit immédiatement de l'eau et commença à se sécher. Cette fois c'était son visage qui était rose… de colère.
Severus sentit sa tête tomber en avant, infiniment honteux. Mais il ne pouvait même pas sortir de l'eau pour le suivre. Il se contenta de rejoindre le bord. Puis apercevant sa serviette, il la tira et se débrouilla pour sortir de la piscine, la taille déjà enveloppée dans l'épaisse serviette trempée.
- Lucius, attend !
Le fils Malefoy se retourna. Il avait enfilé son uniforme et peigné ses cheveux en arrière. Le pivotement de son profil et ses yeux bleus… Son corps ainsi voilé, il était presque davantage attirant que nu.
- Il n'est que sept heures, anticipa le jeune Malefoy. Tu as le temps…
Mais Severus ne pouvait pas le laisser partir avant d'avoir obtenu une explication. Pour rien au monde il ne voulait revivre les affres qu'il avait connu au mois de janvier, lorsque Lucius ne lui adressait plus la parole. S'armant de courage, il demanda :
- Tu es fâché contre moi ?
Lucius parut d'abord surpris de cette franchise. Puis il le considéra froidement, mais cela ne dura qu'une poignée de secondes. On eut dit maintenant qu'il souffrait, mais non de sa propre douleur.
Tendant le bras, il posa sa main sur la joue pâle de Severus, la caressant légèrement.
- Bien sûr que non, que je ne suis pas fâché contre toi. …Pourquoi le serais-je ?
à suivre
