Précisions : Comme je suis très lente, et que j'ai eu des difficultés à écrire ces deux dernières années pour des raisons ne dépendant pas de moi, cette fanfiction a pris beaucoup de retard…
J'ai donc décidé de commencer à publier le chapitre 19 même si il n'était pas terminé. Voici donc la première partie.
Pour information, je republie toutes les fics de l'univers dans la même série sur le site Archive of your own.
Bon sinon, un petit clin d'œil à Hermione Granger et Draco Malfoy à la fin !
Chapitre 19
Le garçon à la salamandre
(partie 1)
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Erwin McAlistair faisait partie de ces gens bons car incapables de s'imaginer la configuration mentale pouvant pousser à commettre le mal, ne s'étant jamais trouvé, par caractère et par concours de circonstances, dans l'une de ces configurations.
Cela lui donnait une vision de la vie certes partielle, mais une sagesse empreinte de pureté à nulle autre pareille, car s'il ne s'était jamais aventuré dans le domaine du crime par lui-même, il était plein de curiosité pour tous les aspects de l'être humain, les étudiant sans nécessairement en épouser le point de vue.
Le comportement moral était pour lui d'autant plus naturel que son contraire lui était inconcevable. De nombreuses fois on avait tenté de le corrompre, en lui proposant de l'argent ou des faveurs particulières, mais toujours on s'y était cassé les dents. Et certains se plaisaient à dire qu'il y avait plus de noblesse dans le comportement de ce gentleman que dans les veines de la Reine d'Angleterre.
Mais l'intransigeance, qui était pour lui imprégnée de facilité, l'avait amené sur les chemins de la dureté et du renoncement.
La morale, qui lui avait fait prendre l'habitude de repousser et renoncer aux désirs malvenus, si insignifiants soient-ils, avait fini par inscrire en lui ce réflexe de se contenter de peu et de vivre non pour lui-même, mais pour protéger les autres. Aussi, il avait fini par ne plus chercher à prendre les plaisirs même tout à fait moraux. Et le fait de rechercher le bonheur pour lui-même lui semblait véritablement vain, voire égoïste.
McAlistair était ainsi le fonctionnaire parfait, le bras droit que le destin avait construit sur mesure pour Bartemius Croupton.
Il vivait seul avec son fils, qui n'était pas de lui. Et l'on disait que s'il ne s'était jamais marié, c'était parce qu'il était toujours resté fidèle à son amour de jeunesse.
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Lucius Malfoy eut un air à la fois amusé, moqueur et affectueux.
« Je me souviens de toi au début de l'année, tu étais tout petit et tout... »
Mais Severus dut avoir l'air blessé, car Lucius Malfoy ne termina pas sa phrase et détourna les yeux pour regarder du côté de la fenêtre.
Ils rentraient en train jusqu'à Poudlard, car Malfoy n'avait pas voulu utiliser le tapis à nouveau. La lumière du soleil tomba sur le côté de sa tête alors qu'il regardait à la fenêtre, et le reflet qu'ils prirent, une luisance argenté mais non dure, un peu mate et brumeuse, lui rappela le moment où Narcissa leur avait fait ses adieux. Elle était venue jusqu'au quai de la gare, avec une sorte de robe victorienne qui lui montait jusqu'au cou. Ses cheveux étaient défaits et retombaient en de longues et épaisses ondulations sur les épaules gonflées de sa robe. Ses longs cils étaient courbés vers lui, tout comme le velouté de sa joue. Elle l'avait embrassé, et il avait respiré son parfum à la fois sucré et trop entêtant. « Merci pour tout, Severus. » Et elle l'avait ensuite repoussé en posant ses mains gantées sur ses épaules. Alors, Severus avait vu que Lucius, par dessus son menton qu'il avait encore plus levé que d'habitude, regardait sa montre de manière ostensible et agacée. Severus s'était rendu compte, en une révélation effrayée, que Lucius avait fini par avoir avec Narcissa ces regards épisodiquement irrités qu'il avait également avec lui. Et pourtant, tout en contemplant les beaux cheveux et les beaux vêtements de Narcissa qui lui disait au revoir, il se disait tristement qu'elle et Lucius se ressemblaient tant et qu'ils étaient faits l'un pour l'autre.
Lucius tourna de nouveau la tête, reprenant sa position de départ, et le scrutant cette fois, les yeux plissés. Un mouvement d'une rapidité inattendu : son regard lui perça le ventre. Car cette fois il ne l'évitait plus des yeux et n'avait plus l'air agacé : c'était un vrai contact. Et comme il s'était tenu, pendant une grande partie du voyage, avachi dans son siège, le bassin en avant, avec une sorte de nonchalance arrogante pleine de relents sexuels, Snape eut alors l'impression qu'il y avait en lui quelque chose de réellement diabolique. L'idée de Macnair qu'il fût un sournois empoisonneur pratiquant le vaudou sur d'innocentes victimes ne lui sembla plus si improbable. Il était bien ce « démon » dont Gwénolé avait parlé. Puis d'un coup, le visage de Lucius changea totalement d'expression, ses yeux se déplissèrent, et il eut le visage de quelqu'un qui vient de recevoir une blessure physique grave et qui éprouve une insupportable douleur.
« Lucius, tu vas bien ? », s'enquit Severus.
« Oui, ne t'inquiète pas », répondit-il, et il s'essuya le visage avec le mouchoir brodé qu'il avait sorti de sa veste.
Severus se retourna. Il y avait une fille brune juste derrière la porte du compartiment, avec un chignon et une natte qui pendait le long de son oreille. Elle était très pâle, de cette pâleur pleine de santé qui est celle de la jeunesse fatiguée, et se trouvait de profil, ce qui faisait ressortir sa pommette, avec une légère touche de rose qui courait jusqu'à sa tempe couverte par la tresse. Mais elle ne resta là, dans le couloir, que quelques secondes.
Lucius tenait toujours son mouchoir sur son visage. Il murmura : « Je... »
Severus tendit l'oreille.
« Je suis... »
Il baissa son mouchoir ; son visage et l'intérieur de ses yeux étaient rouges. Il pleurait.
« J'ai tellement mal, Severus. J'ai tellement mal que j'ai envie de mourir. »
La bouche du plus jeune, frappé de confusion, se crispa. Puis il se reprit et dit : « Tu la reverras bientôt. Juillet n'est pas si loin. »
Lucius eut l'air étonné de ces paroles, et cette surprise sembla stopper l'autre flux d'émotions qui s'était ranimé.
« Mais de quoi parles-tu ? »
De quoi parles-tu ?
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L'adolescent aux cheveux noirs restait dans l'encadrement de la porte du dortoir, regardant Lucius de dos, qui finissait de défaire sa valise. Mais ni la large surface de son dos couverte de laine grise, ni la fine couche de cheveux rasée au sommet de sa nuque blafarde, qui bougeait de gauche à droite, ne lui révélaient quoique ce soit sur ce qui se passait vraiment dans sa tête.
Severus baissa les yeux de moitié.
« Lucius, Alan Jodorowsky te regardait bizarrement quand nous avons monté les escaliers. »
« Normal. Avec cet article qui dit qu'Angus a été assassiné, il doit croire que c'est moi qui l'ai tué. Ridicule... »
Tu fais mine de prendre cela à la plaisanterie, pensa l'autre, mais quelque chose me dit que nombreux sont ceux qui vont croire que c'est toi qui l'as tué...
« Ce qui m'inquiète plus », reprit Lucius, « c'est la demi douzaine de beuglantes que j'ai reçu dans mon casier pendant les vacances... Et elles sont de mon père... Je crois que je vais directement les jeter. »
« Tu n'as pas peur qu'il te déshérite ou quelque chose dans le genre? »
« Pas pour l'instant. Par contre il va sûrement me couper les vivres pour un bon bout de temps. Je vais faire un tour à la bibliothèque... Tu viens ? »
« Euh... Non. J'ai quelque chose à faire », répondit Severus en touchant quelque chose dans sa poche.
« Ok. »
L'adolescent avait conservé dans une petite fiole les cristaux blancs légèrement transparents qu'il avait trouvés répandus sur le sol dans le Manoir Russell, et c'est cela qu'il gardait dans sa poche. Il remonta des cachots pour aller frapper au bureau de Bhima agni, le professeur de potion et directeur de Serdaigle.
« Entrez. »
Severus poussa la porte, pour pénétrer dans une pièce plutôt vaste. La partie gauche de la salle ressemblait au bureau de n'importe quel professeur, avec une table couverte de paquets de copies et de livres en tout genre, des étagères croulant sous les dossiers. La partie droite, en revanche, ressemblait davantage à un laboratoire, meublée qu'elle était d'un vieil évier sale et de trois comptoirs assemblés en T, dont deux supportaient un nombre ahurissant de bouteilles de verre remplies ou vides, d'éprouvettes, de flacons étiquetés. La partie laboratoire donnait sur une cheminée dans l'âtre fumait une sorte de petit alambic en cuivre, devant lequel Agni était assis, ressemblant à quelque divinité de la forge.
Ayant entendu la porte se refermer, il se tourna vers son visiteur.
« Bonjour, M. Snape. Avez-vous passé de bonnes vacances ? »
« Oui », marmonna l'élève. « Merci Monsieur. »
« Alors, qu'est-ce qui vous amène? »
« Hé bien, Monsieur, pendant les vacances... J'ai ramassé plusieurs substances trouvées ici et là... Pour mon loisir personnel... Et il y en a une que je n'arrive pas à identifier. »
Il tendit à son professeur la fiole qui contenait les cristaux. Agni la prit dans sa main, la fit tourner légèrement pour observer les cristaux.
« Vous permettez ? »
Severus hocha la tête.
Le Maître des Potions ôta le bouchon de liège, prit un cristal du bout des doigts et le posa quelques instants sur sa langue.
« Si c'est ce que je pense », dit-il, « ça devrait être rapide. »
Il versa la moitié des cristaux dans une éprouvette, puis le contenu (liquide) d'un flacon sur ces cristaux. Un précipité se forma.
Severus s'était approché. Devant son air interrogateur, Agni jugea inutile de prolonger le suspens.
« Chlorure de sodium », déclara-t-il.
« Hein ? »
« C'est du gros sel. »
Severus fronça les sourcils, étonné. Il s'attendait à quelque chose de bien plus spectaculaire.
« Où avez-vous trouvez ça ? », demanda Agni, constatant cette surprise.
« Chez quelqu'un… »
« Qui ? »
L'élève trouva étrange qu'il demande tant de détails. Il afficha un prétexte pour se retirer, puis courut rejoindre Lucius pour lui faire part de sa découverte.
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Severus ne s'attendait pas à voir le Préfet-en-chef débarquer dans la salle commune de Serpentard, et se ruer sur Lucius Malefoy, brandissant une lettre sous son nez.
« C'est toi, ça ? »
Lucius, l'air détaché et légèrement dédaigneux commença par dire qu'il n'avait rien à faire ici, qu'il enlèverait dix points à Serdaigle, puis lut le contenu de la lettre à haute voix. Cela fut rapide. Il n'y avait qu'une seule phrase, que le Sang Pur lut les sourcils haussés.
Tu es le prochain.
Et de répondre en rendant la lettre.
« Désolé mais ce n'est pas moi. Tu devrais t'adresser à Dumbledore. »
Il se laissa tomber sur le fauteuil en cuir qui était derrière lui. Jodorowsky le contourna pour venir se poster devant lui.
« Tu me prends pour un idiot en plus, Malefoy ? Maintenant je sais qu'Angus ne s'est pas suicidé. Je sais que tu me hais. A part toi, je ne vois pas qui pourrait m'envoyer ça. »
« Il y a plein de gens qui pourraient l'envoyer. Pourquoi moi. »
« Oh, ce n'est pas la première fois que tu menaces les gens et que tu fais le corbeau. Souviens-toi en Quatrième. »
« Je te croyais au-dessus des rumeurs... Pourquoi restes-tu devant moi ? Tu veux un autographe ? »
« Je ne suis pas un de tes fans. Tu ne m'impressionnes absolument pas. »
Pourquoi Severus eut l'impression qu'il lui jetait un rapide coup d'oeil en prononçant cette phrase ?
« Toi, Snape ? »
Par Merlin. Il ne s'était pas trompé.
« Comment fais-tu pour traîner avec ce type ? Ton père était Moldu ! Et lui aussi est Sang-Mêlé ! »
Il désignait Gabriel Sanchez.
« Mon père était une ordure », répondit Severus.
Lucius rit.
« Et moi qui te mettait sur un piédestal... Enfin le genre de piédestal sur lequel peuvent se trouver les gens dont la mère a pour métier de récurer les toilettes des autres à mains nues. Mais en fait, tu es comme tout le monde. Tu as peur de mourir. Tu n'es qu'un lâche. »
Personne ne vit les yeux du Serdaigle s'écarquiller, la lettre de ses mains tomber, son poing droit s'élever... Personne n'en eut le temps.
A peine vit-on Alan Jodorowsky se pencher en avant, et Lucius Malefoy tomber à la renverse en entraînant son fauteuil dans sa chute, frappé à la mâchoire.
« Voilà ce que je peux faire avec mes mains nues », se contenta de conclure le fils de Moldus.
Severus Snape aida Lucius à se redresser, tandis que d'autres élèves s'approchaient.
« Tu ferais mieux de déguerpir », lança Gabriel Sanchez au Serdaigle.
« Lucius, tu vas bien ? », demanda Severus, un bras passé autour de son épaule.
L'aristocrate ne répondit pas, se tenant la mâchoire. Bellatrix venait de descendre et se glissa derrière les piliers, son regard allant de Jodorosky à Lucius.
« Je vais en parler à son directeur », finit par bredouiller Malfoy.
Sans doute conscient qu'il n'aurait pas dû aller jusque là, le Serdaigle ne répondit pas. Il jeta un bref coup d'oeil aux Serpentards qui se trouvaient autour de lui, puis se dirigea ers la sortie.
Lucius le suivit du regard, puis finit par s'exclamer : « Tu sais… Un jour, je te dirai quelque chose, et tu tomberas de si haut que tu ne pourras jamais te relever ! »
« En matière d'ignominie, il n'y a plus rien qui pourrait m'étonner venant de toi », se contenta de répondre Jodorowsky, avant de disparaître derrière la muraille.
« Quel connard », siffla Lucius.
« Tu ne devrais pas trop parler je crois… »
Bellatrix s'approcha, le visage inhabituellement amène.
« Qu'est-ce qui s'est passé Lucius ? »
« Ce taré a débarqué ici en prétendant que je lui avais envoyé une lettre de menace. Je ne comprends pas pourquoi il m'en veut à ce point. On dirait qu'il fait une obsession maladive sur moi. »
Cette phrase pleine de mauvaise foi fit se froncer les sourcils snapiens.
« Ne t'inquiète pas », répondit Bellatrix Black avec douceur. « Nous sommes tous témoins qu'il t'a frappé. Il sera convoqué devant le directeur et il va déguster. J'espère qu'ils vont enlever au moins 100 points à Serdaigle. »
« Il faut que j'aille à l'infirmerie. Je crois qu'il m'a cassé la mâchoire. »
« Lucius, s'il t'avait cassé la mâchoire, tu ne pourrais plus parler », rétorqua Pimprenelle Diggory.
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à suivre
