Récemment, en revoyant les premiers épisodes de Twin Peaks (qui a tué Laura Palmer ?), et des images de Bandersnatch (dans lequel le héros ressemble physiquement beaucoup à Russell), je me suis soudain dit que je ne pouvais pas laisser cette (très vieille) fanfiction sans fin, étant donné le temps que j'y avais passé et l'affection que j'avais pour les personnages. Surtout qu'il reste au final peu à écrire proportionnellement à ce qui précède et que j'avais un plan assez précis de la fin. Ce serait dommage de laisser un m... suicide irrésolu.

Et je m'y suis remise ! Je suis en train de corriger les chapitres précédents (je suis autour du chapitre 8), j'ai commencé à écrire de nouvelles scènes, et voici la suite du chapitre 19, constitué à 99% de scènes déjà écrites il y a une dizaine d'années et qui dormaient dans le fichier. Sur Archive of our own, je posterai le chapitre en un seul bloc quand il sera terminé, histoire d'avoir une version « propre » sur ce site-là.


Chapitre 19 – partie 3/?


On apprit bientôt que Dumbledore avait décidé de retirer à Alan Jodorowsky le titre de Préfet-en-Chef, après qu'il eut frappé Lucius Malefoy.

« Lucius, pourquoi m'as-tu dit que c'était mauvais, qu'il y ait du sel devant la porte du Manoir Russell ? » demanda brusquement Severus de sa voix veloutée, alors que son aîné se félicitait du dénouement de l'affaire.

« Je ne sais pas... Pour rien », se contenta de répondre Lucius, au grand agacement de Severus.

Jodorowsky, de son côté, ne semblait pas regretter son geste.

« L'Heure est grave. Nous ne devons pas baisser la tête devant les partisans de Voldemort et ses idées. »

« Tu te trompes de combat, à mon avis », dit l'un de ses amis, lui aussi d'origine moldue. « Ce conflit nous obscurcit les yeux d'oppositions fantoches, pour mieux nous cacher le seul conflit ayant une véritable réalité : la lutte des classes ! »

Le jeune Sirius n'eut pas un air ovin, mais bovin.

« Mais les Mangemorts, ils ne sont pas plus dangereux que les Capitalistes ? » demanda-t-il candidement.

L'ami d'Alan Jodorowsky le regarda avec un vague dégoût.

« Humm », fit l'ex Préfet-en-chef. « Ce que Rick cherche à t'expliquer, Sirius, c'est que la lutte contre Voldemort n'est qu'une lutte provisoire, qui ne doit cependant pas occulter l'autre lutte, celle qui perdure par-delà les remous superficiels de l'Histoire. »

« Ce n'est pas ce que j'ai dit... » corrigea Rick. « Et si je comprends bien, tu insinues que Voldemort n'est pas l'homme de main de la Bourgeoisie et qu'il agit seul ? »

« C'est ce que je tends à penser en ce moment, en effet », répondit Alan.

« C'est ce que dirait un social-traître... » dit Rick.

« T'es sérieux, là ? »


Severus Snape était trop occupé à aider Lucius Malefoy à sa mise au point de la Potion de Gloire pour suivre l'actualité des dissensions intellectuelles chez les Serdaigle.

Et Mai vint enfin, avec son abondance de feuilles vertes et de parfums entêtants.

Le jeune Serpentard savait que Lucius se rendait souvent dans son cachot pour ouvrir le coffret d'argent aux motifs marins qu'il avait reçu comme présent du Roi de la Forêt Enchantée.

Après avoir été obsédé par la fée blonde pendant des semaines, c'était à présent la Perle qu'il se plaisait à contempler, sa sphère parfaite, la douce lumière qui en émanait. Il avait véritablement à son égard le regard à la fois vague et avide des amoureux.

« Si tu veux mon avis, c'est le plus beau joyau que la Terre ait jamais créé. »

« Dis plutôt la mer. Mais si j'avais été toi, j'aurais plutôt choisi de l'or ou des livres. »

« Ne dénigre pas mon choix sans savoir. Tu ne te rends pas compte à quel point cet objet est unique. C'est la seule perle de cette espèce qui soit au monde. Il n'en est pas de plus grande. »

Et il avait pour cette perle les précautions et les colères d'un homme jaloux. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'il délaissait Severus. Ils étaient devenus un véritable couple d'amis. Personne ne s'étonnait plus de les voir ensemble. Encore que "couple" fût un terme inadéquat, étant donné qu'Avery constituait la troisième pièce de leur alliance. Ce dernier fréquentait toujours Bellatrix, quoique Lucius ne manquait pas de le mettre en garde contre ses initiatives et son manque de prudence. Un jour, par exemple, il dit à Severus qu'il était persuadé que c'était Bellatrix et sa clique qui avaient envoyé la lettre de menace que Jodorowsky avait reçue.

« Tu n'y étais pour rien, alors ? »

« Puisque je te le dis ! »


II

Les branches longues des saules frissonnaient sous la bise venue du Nord. L'eau sombre de l'étang tremblait légèrement. Abîmée dans sa contemplation ; Lady Russell ne bougeait pas, non plus que le Détraqueur qui l'accompagnait. Un nouveau frisson – les ondulations brunes de ses cheveux se soulevèrent ; les larmes coulèrent sur ses joues pâles. Elle fit un pas, puis deux, jusqu'à la lisière de la rive. Le bas de sa robe était déjà mouillé. Les joncs étaient entourés de vase et de plumes magnifiques. Les cris des oiseaux et des batraciens étaient exquis. Un autre pas, et ses pieds étaient dans l'eau. Le Détraqueur restait immobile, sur la rive. Un autre pas. L'eau de mai est encore froide. Encore un peu. Elle a de l'eau jusqu'aux genoux. Encore un autre pas... Ce sera bientôt fini.


« Elle est morte ! » s'exclama Walden Macnair, entre deux bouchées de brioche.

« Qui ça ? » demanda Snape en prenant place à table pour le petit-déjeuner.

« La mère de Russell ! » répondit son camarade. « Elle s'est suicidée ! C'est écrit là. »

Il lui tendit son exemplaire tout neuf de la Gazette du Sorcier, ouvert à la rubrique nécrologique.

« Décès de Firinne Russell le 10 mai 1975 », lut Severus. « Cause du décès : suicide par noyade. »

« C'est moche », apprécia Rosier.

Macnair, qui s'était courbé vers Severus, revint soudain dans sa position initiale. Severus s'aperçut que Lucius Malfoy venait d'arriver. Il s'assit en face de lui.

« Vous regardez les nouvelles ? » demanda-t-il en se saisissant du broc de café toujours chaud.

« La mère de Russell est morte », dit Severus.

Le café tomba à côté de la tasse.

« Merde ! » pesta l'aristocrate, se saisissant d'une serviette pour éponger les dégâts.

Evan Rosier eut la présence d'esprit de sortir sa baguette pour régler le problème.

« Merci », marmonna Lucius.

Puis il se resservit du café, cette fois sans accident.

« Ils sont sûrs qu'elle s'est suicidée ? » demanda-t-il ensuite, d'une voix étrange.

« Je ne sais pas », dit Severus.

Il lui tendit le journal.

« Alors c'est la fin de la maison Russell », déclara sombrement Lucius en prenant connaissance de la courte note. « Son dernier membre est décédé. »

Macnair tourna un regard à la fois suspicieux et implorant vers son camarade de classe du même âge.

« Ce n'est pas moi ! » s'énerva Lucius. « Tout le monde croit que j'ai envoyé cette lettre de menace à Jodorowsky, et maintenant, j'aurais tué la mère d'Angus ? C'est ridicule. Et puis je me trouvais ici, de toute façon. »

« Personne ne te soupçonne à Serpentard », bredouilla Macnair.

Intérieurement, Severus riait jaune.

« C'est un drame, tout de même », déclara soudain Rosier. « Ce n'est pas la première famille à s'éteindre durant ces dernières décennies. Et là ça en fait presque deux d'un coup. On va vraiment finir par se faire complètement bouffer par les enfants de Moldus. Dans un siècle il ne restera plus rien de notre monde et de nos traditions. »

Il désigna vaguement de la main la table voisine, où se trouvaient Salinger, Jodorowsky, Magda et Sirius, et leurs looks si peu sorciers.

« Et il y a les Traîtres, en plus, comme Sirius Black. Qui collaborent avec l'envahisseur. »

Wilkes n'avait rien dit pendant toute la discussion. Soudain, il sortit de sa réserve.

« Tu ne m'avais pas dit qu'une de tes grand-mères s'était marié avec un Russell ? »

« Si. Athénaïs Rosier. La mère de Bonimentus Russell. »

« Du coup, tu vas peut-être hériter de leur manoir. »

« Je n'avais pas pensé à ça... »

« Je ne comprends pas, Evan », dit alors Severus d'une voix pénétrante. « Tu refuses l'influence des Impurs, et pourtant tu t'inspires d'eux quand il s'agit du son de ta mandoline. »

« C'est juste de la musique », répondit l'aristocrate. « Et puis je n'ai rien contre les Moldus à la base… Tant qu'ils restent à leur place. Oui, chacun sa place ! On ne peut pas se mélanger sans faire de dégâts. On est trop différents. Dès qu'on tente de cohabiter avec eux, ils essayent de nous faire cramer. »

« Normal que tu penses cela », dit Pimprenelle Diggory en s'asseyant à côté de Wilkes. « On te bourre le crâne depuis que tu es né. »

Puis elle se tourna vers Malefoy.

« Au fait, Malefoy, les professeurs ont désigné qui allait être Préfet-en-chef suite à la destitution de Jodorowsky. »

« Alors ? » s'enquit Lucius, qui parvenait mal à cacher son espoir.

« Ils m'ont désignée moi », répondit la jeune fille. « Tu ne croyais tout de même pas qu'ils allaient te choisir, après ce qui s'est passé ? »

« Pétasse », murmura Rosier.

Mais Lucius ne dit rien. Il se détourna d'elle et but son café, les yeux dans le vide. Quand il l'eut fini, son regard était devenu vitreux.

« C'est fou, on dirait qu'il va pleurer de jalousie », chuchota Macnair dans l'oreille de Severus.


à suivre


N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez, je me démotive facilement... (le temps qu'il m'a fallu pour m'y remettre en témoigne) ça me changera de l'avalanche de spams de soi-disant artistes en quête de pigeons à plumer.