Theodore ouvrit difficilement un œil, ses paupières encore alourdies par le sommeil. Il se frotta les yeux, observant les alentours. Il ne reconnaissait pas cette chambre, est-ce qu'il avait décidé de dormir à l'hôtel la nuit dernière. Du bruit à sa droite lui fit tourner la tête pour tomber sur le dos ferme d'un homme, il farfouillait dans son armoire et ne tarda pas trouver un t-shirt avec des gribouillis dessus que Theodore n'arriva pas à identifier. Lorsqu'il se retourna et qu'il vit son masque noir, blanc et or, les souvenirs de la veille lui revinrent.
Il se souvenait de tout, le bal, l'inconnu, la danse, les feux d'artifices, le lit, la douche, encore le lit, le sexe, les baisers, la baignoire. Plus il regardait l'homme se mouvoir et plus les souvenirs lui revenaient. Theodore ne savait plus où se mettre. Ce n'était pas son premier coup d'un soir, mais jamais encore il ne s'était comporté d'une telle façon et il n'arrivait pas à s'en remettre. «Je me suis comporté comme une chienne en chaleur» piqua-t-il un fard.
«Oh tu es réveillé. Désolé, j'ai fait trop de bruit?» sourit l'homme, il fit le tour de lit et se pencha pour embrasser ses lèvres. «Je vais préparer le petit-déjeuner, je te l'apporte quand c'est prêt. Si tu veux te changer, je t'ai préparé des vêtements de rechange.»
Theodore ne sut que répondre, préférant s'enfoncer sous la couette, rouge comme une écrevisse. Bon sang, il allait mourir de honte, il ne pouvait pas rester ici. Il se précipita hors du lit, les jambes flageolantes. Cet enfoiré l'a vraiment essoré jusqu'à l'os! Theodore attrapa la pile de vêtements en essayant par tous les moyens de ne pas regarder le lit. Il n'avait vraiment pas besoin de continuer à se rappeler des évènements de la veille.
Pourtant un problème de taille se présenta lorsqu'il fut près, baguette à la main et bien déterminé à fuir à tout prix. Il était à l'étage et son amant dans la cuisine en bas des escaliers. Il n'avait rien vu de la disposition de la maison mais il ne pouvait pas prendre le risque de croiser l'homme. Ce serait encore pire de se faire prendre en train de prendre la poudre d'escampette.
Soudain, une idée lui vint. Theodore s'approcha de la fenêtre et observa l'extérieur. C'est bien ce qui lui semblait, il n'était qu'au premier étage et le porche se prolongeait juste en dessous de lui. Il pourrait facilement sauter, mais cela ferait du bruit. Il jeta un coup d'œil à sa baguette. «Vive la magie»
Ni une, ni deux, il se lança un sortilège d'amortissage et créa une bulle de silence autour du point de chute. Une minute plus tard, Theodore courait en dehors des barrière de transplanage et disparu jusqu'à l'appartement qu'il avait décidé de louer en attendant de trouver mieux. Ce serait plus facile de trouver une maison ou un appartement en étant au Royaume-Uni plutôt qu'aux Etats-Unis. En tout cas, il l'avait échappé belle!
«Je dois absolument parler à Draco.» gémit-il en enfonçant sa tête dans l'oreiller de son canapé, toujours aussi rouge de honte.
XXXXXXXX
«J'espère que tu aimes le jus de fraise, je n'ai plus de jus de … Theodore?»
Harry posa le plateau sur la table de nuit et alla toquer à la salle de bain. Aucune réponse ne venant, il poussa la porte. La pièce était vide.
«Theodore!» appela-t-il plus fort mais aucune réponse ne vint. Il jeta un coup d'œil à la pièce et ne fut pas surprit de découvrir la fenêtre grande ouverte.
«Quel petit con.» soupira Harry, défait.
Il jeta un coup d'œil à son plateau, toute envie de manger ayant disparu. Il ne comprenait pas pourquoi Theodore était parti en douce. Harry avait eu l'impression que la nuit dernière lui avait plu à lui autant qu'à lui et même Theodore avait plus ou moins sous-entendu que ce ne serait pas que du sexe. Il avait dit vouloir découvrir qui il était, donc ça sous-entendait forcément un deuxième rendez-vous non?
«Ou alors, il sait qui je suis?» paniqua Harry.
Il retourna toute la pièce mais il ne trouva aucun indice. Il n'y avait aucune photo, aucune lettre, aucun hibou avec du courrier dans les parages, Alors, il aurait compris tout seul une fois les idées claires? C'était possible, Harry ne pouvait pas exclure cette possibilité. En réalité c'était même très probable.
C'était blessant. Il ne s'était pas imaginé que Theodore réagirait ainsi. Harry imaginait de la surprise, peut-être un peu de déception ou de la colère dans le pire des cas, mais certainement une ignorance aussi froide. Il aurait au moins pu prendre la peine de l'engueuler pour avoir voulu jouer avec lui, ça aurait été la moindre des choses après la nuit qu'ils avaient passée ensemble. Bon sang, il s'était confessé des dizaines de fois en une seule nuit. Theodore aurait au moins pu prendre la peine de le rembarrer non? Il était tellement cruel. Et pourtant, Harry n'arrivait toujours pas à l'oublier. Il voulait avoir de ses nouvelles, savoir s'il allait bien, s'il n'était trop courbaturé.
«De toute façon, j'ai l'habitude d'être un cas désespéré, non?» rit ironiquement Harry. «Ca ne change rien, au final.»
Harry soupira profondément. Il attrapa un croissant et se mit en route. Il n'aurait qu'à dire à Kreattur de manger la part de Theodore s'il en avait envie. Il ne le ferait certainement pas, mais ça valait toujours le coup de demander. Il jeta un coup d'œil à sa montre, il avait encore du temps avant de devoir partir au travail. Harry allait demander des nouvelles à Draco, il saurait certainement ce qu'il s'est passé, lui.
Lorsqu'il croisa le regard moqueur de son ami, Harry sut que son air de chien battu devait lui dire tout ce qu'il avait besoin de savoir. Il allait certainement en parler pendant des mois mais il devait savoir. Pour Theodore, il pouvait bien mettre sa fierté de côté. Harry n'en fut pourtant pas si sûr en découvrant Blaise les attendant dans le petit salon préféré de Draco. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il fallait trois salons dans une maison, mais Harry avait entendu assez de fois l'explication pour savoir qu'il ne comprendrait pas cette fois-ci non plus. Alors il ne posa pas la question, s'affalant dans le canapé en face des deux Serpentards.
«Alors, cette soirée avec Theo? Il t'a planté? Il est parti sans toi, n'est-ce pas? Je t'avais dit qu'il n'en avait rien a faire de toi.
- Merci pour ton soutien Draco.» cracha Harry, amer.
Pourquoi était-il venu chercher du réconfort chez cet enfoiré de nouveau? Ah oui, parce qu'il était le seul à savoir qu'il était gay. Visiblement il savait bien gardé un secret vu la tête que Blaise tirait. Ça ne dérangeait pas vraiment Harry qu'il sache, après tout il avait garder ce même secret pour Theodore pendant les dix dernières années. Il lui faisait confiance, Zabini était peut-être une grande gueule mais pas un fourbe. Enfin, pas tout le temps et pas pour ce genre de chose. A part ça, il restait un Serpentard.
«Theodore était là hier? Il ne m'a même pas dit bonjour!» s'insurgea Blaise.
« Ca c'est parce que Harry a du le faire flipper avec sa déclaration d'amour et il a du se barrer en courant par peur de ce psychopathe.»
Harry lui lança l'oreiller qui maintenait jusque-là sa tête droite dans la face de Draco. Résultat, le voilà à fixer cette tapisserie murale immonde. Franchement pourquoi mettre un portrait de Salazar Serpentard à son plafond. Draco était vraiment tordu comme type.
«Ou alors, Theodore était trop occupé à se tordre de plaisir dans mon lit toute la nuit pour ne serait-ce qu'avoir le temps de penser à vous deux.
- Quoi?» firent en cœur les deux Serpentards, Draco en renversa presque sa tasse de thé. «Mais alors c'est quoi cette tête de déterré?
- Il s'est barré au réveil par la fenê n'ai même pas pu lui faire goûter mes cookies.» chouina Harry.
Blaise soupira, se frottant le front. Ça faisait beaucoup d'informations à traiter d'un seul coup. Il ne savait plus où donner de la tête. Harry Potter était gay. Harry Potter était amoureux d'un de ses meilleurs amis. Harry Potter était amoureux d'un ancien Mangemort. Harry Potter s'était tapé le dit meilleur ami et enfin, Harry Potter s'était fait jeté par lui. Il était sur le cul.
« Il n'y a qu'une seule solution, t'es un mauvais coup Harry.» trancha-t-il après une longue minute de silence, coupant Harry et Draco dans une de leurs nombreuses disputes journalières.
«Impossible.
- Tellement confiant.» grimaça Draco, inconscient qu'il agissait généralement de l'exacte même façon.
«Alors ce serait quoi?
- Je crois qu'il sait qui je suis.»
Les deux Serpentards clignèrent des yeux, sidérés.
«Tu ne lui as pas dit?» s'offusqua Draco, au bord de la syncope. Il n'en revenait pas, ce Gryffondor était vraiment un enfoiré de première. Comment pouvait-il faire ça à son innocent Theo, c'était inadmissible. C'était sûr, il avait dû trouver une excuse à deux balles pour le convaincre de coucher avec lui dans ses conditions. Il avait juste envie de tirer son coup coute que coute cet enfoiré.
«Ce n'est pas que je ne voulais pas, mais ça n'avait juste jamais l'air d'être le bon timing. Au début c'était juste pour attisé son intérêt et qu'il reste jusqu'au feu d'artifice et après ça il s'est pris au jeu et de fil en aiguille je n'ai juste pas pu.»
Harry se frotta le visage, las. Il s'était mis tout seul dans la merde, ça ne servait à rien de se morfondre maintenant. Il n'avait plus qu'une seule chose à faire de toute façon, essayer de convaincre Theodore de lui donner une seconde chance, même si ça ne semblait pas gagné.
«Mais quand même, c'est étrange qu'il ne t'es pas reconnu direct.» songea Blaise, perdu dans ses pensées.
«Selon lui, Harry Potter est un nain de jardin.» grogna Harry, toujours pas remis d'avoir été appelé mignon de tous les qualificatifs que Theodore aurait pu lui donner.
«Pas ça, mais … hmph.»
Draco venait de donner un coup de pied dans les côtes de Blaise. Cet idiot avait failli griller le secret de leur ami. Ce dernier sembla soudaine réaliser ce qu'il allait dire, perdant quelques couleurs.
«Pas besoin de faire ces têtes, je suis déjà au courant.» soupira Harry, il n'avait l'impression de ne faire que ça ce matin.
«Tu sais?
- Il me l'a dit. Quand j'ai fait de la magie à côté de lui, il m'a appelé Potter. Sur le coup je me suis dit qu'il m'avait reconnu à cause d'un truc que j'ai dit ou fait, mais non. Theodore a dit que ma magie lui ressemblait mais pas tant que ça, qu'il avait juste confondu sur le coup de la surprise. Il semblait persuadé que je n'étais pas Potter, alors je pensais lui dire ce matin, pendant le petit-déjeuner. Mais il s'est barré avant ça et je suppose qu'à tête reposée et pas avec moi le faisant jouir, il a fini par assembler les pièces du puzzle.
- Tu sais Harry, plus tu vieillis et plus tu parles comme un vieux pervers.» grimaça Draco, dégoûté par tant de grossièretés. «Enfin, c'est quand même bizarre. Theo a reconnu Pansy en arrivant à Poudlard alors qu'il ne l'avait pas vu depuis nos quatre ans, pareil pour cette fille de beau bâton qui a commencé à travailler avec lui aux Etats-Unis il y a deux ans. Il est nul pour les noms et les têtes, mais les magies, il ne les oublie jamais. Il aurait dû te reconnaître au premier regard.
- Je cache ma magie généralement, il ne l'a senti qu'une fois qu'on était chez moi et que je l'ai relâché.» indiqua Harry, intrigué par l'avis de Draco.
Il ne connaissait pas bien ce don et n'avait pas eu le temps de faire ses recherches sur le sujet avant de venir ici. Il allait devoir rendre visite à Hermione ce week-end s'il ne trouvait pas de livres intéressants sur le sujet d'ici là. Ce don ressemblait presque à une malédiction, se devait être éprouvant de toujours avoir les sens emplis d'information non désiré.
«Tu caches ta magie.» fit ébahi Draco. «Ce n'est pas possible si tu n'es pas toi-même magico-sensible. Theo dit que même un Cracmol a ses propres traces de magie.
- Je n'en sais rien moi, je le fais juste.
- Pourquoi?» Blaise semblait atterré. «Faire ça, c'est juste prévenir tous les gens sensibles à la magie que tu es un dangereux psychopathes. Il n'y a qu'eux pour vouloir cacher leurs traces.»
Harry se tritura les doigts, il n'en avait eu aucune idée. Pas étonnant qu' à leur rencontre Théodore tremblait comme une feuille et fuyait son regard. Certainement que sans l'aval de Draco il n'aurait même pas osé lui parler.
«Ron dit que ma magie met mal à l'aise les gens. Quand on était à Poudlard ça allait encore, mais après la bataille de Poudlard, ma magie s'est débridé. Ça a mis du temps à se stabilisé et apparemment ça devenait difficile de rester avec moi dans une pièce fermée quand j'ai eu vingt ans, je pense. Ron ça allait parce qu'il était habitué, mais nos collègues s'étaient plus compliqués. C'est vraiment devenu difficile à gérer quand j'ai dû rester éloigné de Hermione pendant sa grosse. Juste rentrer dans leur appartement ça la rendait malade. C'est là que j'ai commencé à la brider et maintenant c'est devenu un automatisme.»
Harry détourna le regard se reconcentrant sur le portrait de Salazar. Il n'aimait pas les regards de ses amis. Draco avait de la pitié, c'était évident. De toutes les personnes, ce n'était certainement pas de lui dont Harry voulait en recevoir. Il n'en avait pas le droit, sa vie était toute aussi pathétique que la sienne. Blaise lui, c'était étrange, il semblait triste pour lui et pourtant, il y avait cette lueur de savant fou qui brillait au fond de ses yeux. Il voulait comprendre, l'étudier. Mais Harry ne le laisserai pas faire, parce que lui savait bien d'où sa magie oppressante provenait et il ne tenait pas à ce que quiconque d'autre ne le sache.
«Fais voir.»
Evidemment, la curiosité avait pris le pas sur la pitié. Harry jeta un coup d'œil à Blaise, il sut aussitôt que Zabini ne le laisserait pas en paix avant de l'avoir vu de ses propres yeux. Harry hésita mais jugea qu'il valait mieux satisfaire sa curiosité tout de suite et la tuer dans l'œuf. Sinon, Blaise risquait de le tanner pour les dix prochaines années.
Alors doucement Harry laissa filer sa magie, la laissant s'écouler le long de son bras pendant dans le vide. Il la sentait s'écraser sur le sol, comme du goudron se répandant sur le sol, s'incrustant dans chaque fissure du carrelage anthracite, s'agglutinant dans les poils du tapis bouteille et collant les pieds de ses amis sur le sol, les empêchant de se mouvoir sans sentir cette prise sur leur corps qui les rendait lent et pâteux. Blaise lui lança un regard l'air de dire «tout ça pour ça?» et l'égo de Harry se chargea de faire le reste. Lentement, il leva le bras vers lui, sa magie fusa sur Zabini, l'enveloppant dans un cocon glacial. Harry se laissa choir sur le canapé, laissant sa magie fuir mais ne lui donnant plus aucune indication particulière, elle n'avait qu'à vaquer et profiter de sa rare liberté.
«Harry!
- Hm?
- Il suffoque!» s'alarma Draco.
Harry fut aussitôt sur le qui-vive, rappelant à lui chaque once de magie traînant dans la pièce. Les fenêtres s'ouvrirent en grand, laissant l'air frais envahir le salon. Draco le dévisageait avec crainte, soutenant Blaise qui toussait comme un dément à ses côtés. Ce n'était pas nouveau, Malefoy avait toujours été un trouillard, effrayé par plus fort que lui. Harry haussa les épaules, quittant son canapé.
«On dirait que ma magie t'aime bien, elle ne sait pas se mettre de limite, désolé pour ça, j'aurai dû faire plus attention.» Harry attrapa sa robe d'Auror, la gardant autour du bras. Il faisait trop chaud pour la mettre avant même d'arriver au bureau. «Ah et plus besoin de vous inquiéter pour Theodore. Je n'y avais pas pensé hier soir, mais s'il est magico sensible, ça dû être un enfer de passer la nuit avec moi. Juste s'il vous appelle, prévenez-moi, juste pour me dire s'il va bien.
- Harry attend!» tenta Draco, mais c'était peine perdue.
De toute façon, Harry ne croirait pas un mot de ce qu'il dira parce Draco aussi pensait ainsi. Si eux avaient été terrifié par la magie de Potter, ce devait être encore pire pour Theodore. Il se sentait désolé pour lui. Visiblement Theodore avait déjà décidé de tourner la page, mais ce ne serait pas le cas de Harry, parce que Harry n'avait jamais réussi à tourner la page.
«ça va Blaise?
- Oui, oui niquel. J'ai juste l'impression qu'un troupeau d'Hypogriffe vient de me passer dessus mais à par ça, ça va.» râla Blaise, toujours aussi douillet.
«Tu penses qu'il a raison?
- Je ne sais pas, mais ça ne paraît pas délirant. Theodore va ressentir ça à chaque fois que Harry utilisera sa baguette magique, pas juste quand il perd le contrôle. Il est peut-être doué pour la cacher, mais ce n'est pas pareil entre des gens comme toi et moi et Theodore.
- Je suppose que tu as raison. Mais c'est quand même frustrant, ça va faire dix ans qu'il attend, peut-être même plus et c'est injuste que ça se finisse comme ça.
- Dix ans? Il est vraiment accro, la galère.»
Les deux amis soupirèrent, faisant du tri dans les feuilles qui s'étaient éparpillés sous l'effet du vent. Ils furent tirés de leurs pensées par les flammes illuminant la cheminée.
«Salut les gars.
- Théodore!» s'exclamèrent ses amis en se précipitant devant la cheminée. «Alors, raconte?
- Je n'ai pas le temps, il faut que je passe au bureau ce matin. Mais est-ce que ça vous irait de boire un verre ensemble ce soir?
- On peut se rejoindre au Fire Peacock? Vers 20h?
- 20h30.» intervint Draco.
«Parfait pour moi! A ce soir alors
- Theo attends!
- Oui Draco?»
Theodore fit ce truc qui le rendait adorable et qui faisait craquer tout le monde, penchant la tête sur le côté comme un petit chiot. Mais Draco ne craquerait pas, ils savaient tous les deux de quoi il voulait parler et il ne laisserait pas Theo fuir cette conversation.
« Tu sais, c'est vraiment un type bien. Alors si tu dois le rejeter, fais-le en face à face, ce n'était pas correct de partir comme ça.
- Il te l'a dit?
- Oui.»
Theodore se tritura les doigts, l'air terriblement gêné.
«On peut en reparler ce soir?
- Evidemment.» soupira Draco, il n'y avait rien d'urgent de toute façon.
«Pourquoi ça ne peut jamais être simple dès que Harry Potter est dans la balance?» soupira Draco lorsque l'appel prit fin.
Blaise lui tapota l'épaule, se voulant réconfortant mais pensant exactement la même chose.
«On verra bien ce soir.»
XXXXX
Harry était d'une humeur massacrante. Il avait fait semblant de ne pas entendre, mais il avait très bien entendu l'Auror Fensick prévenir tout l'étage qu'il ne fallait pas aller dans le bureau du chef aujourd'hui. Habituellement, Harry prenait un malin plaisir à le torturer toute la journée en lui demandant les tâches les plus ingrates possibles pour se venger. D'où un simple subordonné osait lui retirer le plaisir d'enguirlander ses subalternes? Mais aujourd'hui, c'était différent. Il ne voulait voir personne et personne n'oserait entrer sauf en cas d'extrême urgence.
Enfin ça, ce fut pour la matinée. En après-midi, la plupart de ses lieutenants étaient sur le terrain pour une grosse descente dans l'Allée des Embrumes. Il avait voulu les accompagnés mais Robards avait radicalement refusé, arguant que la mission était déjà suffisamment risquée pour ne pas ajouter des morts à cause de ses méthodes trop explosives. Lui qui comptait se défouler sur d'immondes crapules, le voilà à remonter les bretelles des petits nouveaux. Franchement, un capitaine qui s'occupait de former les recrues, on n'avait jamais vu ça.
«Tressy, au pied! Tu sais pourquoi je t'appelle?
- J'ai raté la cible, monsieur.
- Et t'en es fier en plus?» Son ton était froid, glaçant, il n'avait pas assez d'énergie pour se mettre en colère. C'était certainement mieux, sinon il minerait complètement le moral des nouveaux. «On dirait que t'as pas compris l'exercice.
- Je suis désolé, monsieur.» fit le garçon tremblotant.
«Je te le répète une dernière fois, la balle t'es censé la récupérer avec ta magie, pas lui courir après.
- Je suis désolé, monsieur.
- Je t'ai demandé d'être désolé peut-être?»
Tressy déglutit, priant Merlin de ne pas reculer par instinct de survie face au regard assassin de son supérieur, il détestait qu'on brise les rang.
«Non, monsieur.
- Récupère la balle.» Harry soupira, ce crétin était un crétin de première qualité, même Ron n'était pas aussi idiot en première année. «Tressy j'ai dit avec votre magie!»
Le garçon se stoppa net, tremblotant.
«Qu'est-ce que vous regardez, vous n'êtes pas mieux!» cria Harry, faisant sursauter ses subordonnées. «Puisque vous aimez courir après une balle comme des chiens, je vais vous traitez comme tel. Assis!»
Harry eut un petit rire en les voyant réellement se mettre assis. Etait-il aussi idiot qu'eux à l'époque? Suivre n'importe quel ordre sans réfléchir, c'est aussi ce qu'on lui avait appris. Mais il y avait des limites tout de même.
«Debout! Couché! Assis! Couché.» Harry alla même jusqu'à se planter devant un garçon blond qui lui faisait atrocement pensé à Draco. «Donne la chien.»
Il rougissait de frustration exactement comme Draco également, tellement satisfaisant. Cet enfoiré avait osé le traité avec pitié, il allait lui montrer ce qu'il en coute.
«Cinq tours de terrain!Bien maintenant que vous êtes bien épuisé, concentrer vous sur les battements de votre cœur. Ressentez les veines palpitez, vos temps qui cognent.» Harry fit une petite pause, les laissant se focaliser sur l'exercice. «Juste à côté de votre cœur se trouve la source de votre magie, son noyau. Ressentez-le palpiter au même rythme que votre cœur pompe votre sang. Lorsque vous l'aurez trouvé, vous avancerez d'un pas. On attendra que tout le monde réussisse pour continuer, si vous le perdez ensuite, vous reculerez dans le rang des perdants. Vous êtes des perdants?
- Non sir!»
Harry s'adossa au mur, observant ses élèves. Il ne se souvenait pas que cet exercice soit si dur. Enfin, il n'était peut-être pas le meilleur exemple. Au même âge, sa magie dégoulinait de son corps et c'était presque difficile de l'ignorer. Enfin, de ce qu'il avait compris, sa magie avait tendance à entrer en conflit avec celles des autres élèves et au final, ce fut un mal pour un bien. Tout le monde avait fini par progresser plus rapidement. Tiens, ça lui donnait des idées.
«L'entraînement se termine dans vingt minutes, et vous n'êtes que six à avoir réussi. On va passer à l'étape supé vais provoquer votre magie, elle va exploser dans tous les sens et ça va faire mal alors serrez les dents.»
Les quatre recrues restantes frissonnèrent d'effrois. Pour que le capitaine dise que ça va faire mal, c'est que ça n'allait pas être de la tarte. Soudain ils sentirent une force froide et piquante s'abattre sur eux. Les six élèves ayant réussi les observèrent avec incompréhension, ne comprenant pas pourquoi leurs visages se tiraient en des expressions de souffrance. Puis une première explosion se fit, le garçon blond tomba à genoux, le souffle haletant.
«C'est bien Postaf, vous ressentez cette énergie qui vous brûle de l'intérieur, c'est votre magie qui cherche à fuir face à la mienne. Ne la laissez pas faire, concentrez-vous dessus et contenez-la.» indiqua Harry s'avançant déjà vers le futur élève à réussir l'exercice.
«Il semblerait que nous finissions pile à l'heure.» fit-t-il satisfait lorsque sa montre indiqua 20h sur sa montre. «Vous avez une heure pour vous douchez et vous préparez, je vous attends au Fire Peacock pour 21h30.
- Mais capitaine, on est en semaine.» se plaignirent ses élèves en cœur.
- Je vous ai peut-être demandé votre avis.» grinça Harry. «C'est moi qui paie.
- Dans ce cas…
- On ne peut pas refuser!» s'écrièrent les jumeaux de la bande.
A chaque fois qu'ils les entendaient compléter les phrases l'un de l'autre, Harry ne pouvait s'empêcher de penser à Fred et George. Ce n'était peut-être pas plus mal que Ron ait quitté les rangs, il n'aurait pas supporté cela. Harry observa ses recrues partir au pas de courses en direction des douches. Cet entraînement l'avait un peu détendu et au moins s'il n'entendait pas des choses satisfaisantes ce soir, il n'aurait pas à boire seule. C'était injuste d'utiliser ainsi ces jeunes gens, mais Harry s'en moquait pas mal à cet instant.
«Bon, moi aussi il faut que me prépare.»
Harry quitta rapidement l'académie des Aurors, transplanant chez lui pour prendre rapidement une douche et enfiler autre chose que son uniforme. Il était un ancien Gryffondor et pourtant même lui trouvait ça absurde d'habillé des policiers en robes rouges. Enfin, il n'avait pas le temps pour penser à ça pour l'instant. Comme prévu, il arriva cinq minutes en avance au bar. Il alla directement à la place qu'il avait réservé, recevant rapidement une chope de bière, comme à son habitude. De toute façon, il connaissait parfaitement les habitudes de Draco, il s'installerait à la troisième table le long des fenêtres et dos à la porte, Blaise prendra la banquette en bout de table et Theodore la dernière. Harry avait déjà réservé la table derrière lui, au moins il pourrait facilement écouter leur discussion.
Visiblement, Blaise et Theodore était en retard puisque Draco fut le premier à passer la porte. Comme prévu il s'installa à la troisième table. Harry se félicita de sa prévoyance en demandant à Kreattur de lui lancer un sortilège de dissimulation en attendant les trois compères. Au départ il avait juste voulu attendre dos à leur table, mais ça aurait l'air suspicieux un gars seul avec une casquette sur la tête occuper une table seule. Heureusement que Kreattur était toujours prêt à lui rendre un petit service… en échange de quelques bibelots Black évidemment.
Heureusement pour sa tension, Harry n'eut pas à attendre bien longtemps, Theodore et Blaise arrivant à seulement deux minutes d'intervalle peu de temps après. Il avait du mal à tenir en place. Il savait que ce qu'il faisait été mal, mais il n'arrivait pas à se retenir. Il n'avait aucun droit d'espionner Theodore, mais s'il devait se faire jeter Harry voulait au moins connaître la raison réelle, pas juste ses spéculations paranoïaques.
«Alors, tu vas nous raconter ou pas?» s'agaça Draco au plus grand bonheur de Harry qui lui aussi en avait marre d'attendre dans ce silence oppressant. Pour une fois qu'ils avaient des points communs.
«Je ne peux pas le dire.» gémit Theodore, enfouissant ses mains dans son visage, ou du moins Harry l'imaginait, de ce qu'il avait observé la veille.
«QUOI? Tu vas parler oui!» Draco était vraiment comme un gamin capricieux.
« Je ne peux pas, c'est trop gênant. Il me faut au moins un verre avant ça. Miss, un Martini, un Whisky pure feu et trois shoots de Vodka!
- Théo, tu es sûr de toi, tu ne tiens même pas l'alcool.
- Il me faut au moins ça.» affirma-t-il dépité.
Harry était un peu choqué, qui pouvait bien être ivre dès trois verres d'alcools? ça n'avait aucun sens. Mais vu l'inquiétude de Draco et Blaise, son amant n'était vraiment pas un bon buveur. Harry eut un petit rire, c'était agréable d'en apprendre plus sur son Theodore sans avoir besoin d'y passer des jours d'investigation. Bon, ça restait du stalking mais c'était déjà un grand pas… enfin selon lui.
«Les mecs, j'ai fait la giga bourde.»
Visiblement Theo était prêt à parler moins de quinze minutes après leur arrivée.
- Comment ça?
- Vous vous souvenez ce gars à ton bal hier soir?
- Oui, plus ou moins.
- Je sais que vous le connaissez, ne faites pas genre.» bouda Theodore.«Bref, je disais… ah oui, il y avait ce gars. Ben comme un con, je lui ai proposé d'aller chez lui et là je ne vous fais pas un dessin. Un Apollon le gars, je n'ai jamais vu ça. Même vous deux, vous faites taches à côté.
- Merci pour le compliment.» râla Draco, Theodore préféra l'ignorer.
«Et au lit, par Merlin c'était la meilleure nuit de ma vie, alors qu'on n'a même pas couché ensemble. C'étaient juste des préliminaires et merde, il est doué en tout! Pourtant je ne suis pas vierge, vous le savez hein?
- Arrête de dire des trucs bizarres comme ça, on dirait que tu parles à tes exs.»
Theodore fit une petite grimace dégoûtée, se demandant à quoi servait ses amis s'ils l'interrompaient avec des réflexions aussi stupides.
«Je ne sais même plus combien de fois j'ai joui, quatre fois je crois… ou cinq peut-être. Ça compte jouir sans sperme?»
Harry éclata franchement de rire, remerciant Kreattur pour ses sortilèges de dissimulation. Punaise, lui qui était si prude face à lui dans un lit le voilà à déballer toute sa vie sexuelle avec juste quelques verres d'alcool. Harry devait absolument lui faire boire un verre ou deux un de ces quatre, ça promettait d'être incroyable au lit.
«C'est possible ça au moins?» fit Blaise, sceptique.
«Ouai, je te jure, c'était juste incroyable. Mais je crois que le mieux, c'était sa magie, je n'en ai jamais vu une comme ça. Il l'a à peine relâché que bam, je ne pouvais plus que penser à ça. C'était incroyable. C'est fou qu'en étant magico-sensible, je n'ai jamais pensé à faire ça avec mes partenaires et lui il le sait depuis dix minutes et vlan l'idée de génie.»
Harry s'amusait bien, Theodore parlait vraiment de façon informelle une fois ivre. Il se demandait s'il le vouvoierait toujours où s'il passerait au tutoiement dans ce cas.
- Bon on a compris, il est bon au lit et elle est où la gaffe?
- C'est que la dernière fois que j'ai éjaculé, ben je… je me suis lâché. C'est tellement la honte… snif… je ne pourrai jamais le revoir… snif… Je fais comment pour lui faire face moi?
- Tu t'es lâché?
- J'ai pissé, Draco. Tu pourrais faire un effort pour me suivre quand même.
- Et il en a dit quoi lui?» tenta-t-il de faire abstraction de cette information qu'il aurait préféré ne pas savoir.
- Il n'arrêtait pas de dire que j'étais fantastique. Mais bordel, j'ai pissé dans son lit et sur lui en plus. Et tout ça, juste à cause de sa magie et d'une branlette. On n'a même pas encore couché ensemble que je fais ça. La honte totale, il doit me prendre pour un détraqué. C'est sûr qu'il m'en veut, il en faisait trop.» geignit Theodore, le visage plongé dans ses mains. Ses rougeurs étaient clairement visibles et personne n'était dupe, ce n'était pas à cause de l'alcool. «Dites les gars, vous l'avez vu ce matin n'est-ce pas? Comme vous saviez que j'étais parti en secret.»
Les deux amis s'échangèrent un regard. Draco avait tendance à bien trop rapidement râler quand il s'agissait de Potter, donc c'est Blaise qui prit la parole.
«Il était vraiment triste parce qu'il a vraiment aimé passer du temps avec toi hier soir. Il pensait que tu le détestais par ce qu'il avait fait quelque chose de mal.» Il préféra ne pas dire que Harry pensait qu'il avait découvert son identité et qu'il s'était enfoui, ça ne ferait qu'effrayer Theodore. «Tu sais, il a une magie assez puissante et généralement elle met les gens plutôt mal à l'aise. Il nous a dit que comme tu étais magico-sensible, ça ne servait à rien de te forcer à essayer de l'aimer. En fait, avant que tu n'en parles avant on pensait la même chose.»
Theodore releva subitement la tête, le visage atterré.
«Mais qui peut bien penser un truc pareil?
- En fait, absolument tout le monde.» soupira Draco, choqué d'apprendre que ce n'était pas ça qui avait rebuté Theodore. «C'est pour ça qu'il la cache.»
«Donc si on résume bien, c'est le meilleur coup de ta vie, tu aimes beaucoup sa magie et il a été gentil avec toi. Donc tu ne vas pas mettre fin à cette relation?» voulut confirmer Baise.
«Non! J'étais juste gêné… Attends une minute, mais s'il pense que je le déteste, il ne va pas recontacter? Et moi, je ne connais même pas son nom.
- Ne t'inquiète pas, on lui parlera.»
Theodore sembla vraiment soulagé. Il frissonna en sentant quelque chose le frôler. Pourtant il n'y avait personne autour d'eux, c'était étrange. C'est seulement en voyant une trace de magie qu'il comprit. Son inconnu était là et l'avait certainement entendu. Oh mon dieu, il était encore plus gêné qu'avant. Mais d'un autre côté, si l'homme était là, alors il n'y avait plus de malentendu.
«Je vais aux toilettes.»
Draco sursauta face à son geste brusque. Mais Theodore n'y fit pas attention fonçant à la suite de son inconnu.
«Je ne pensais pas tu allais me suivre.» ronronna une voix grave à son oreille, des bras chauds s'enroulant autour de sa taille. «Tu m'as manqué.
- On s'est vu hier.» s'amusa Theodore.
«Et on aurait aussi pu passer la matinée ensemble si quelqu'un n'avait pas sauté par la fenêtre de ma chambre.
- Je suis vraiment désolé pour ça.J'ai paniqué et de fil en aiguille, je n'ai rien trouvé de mieux à faire.» rougit Theodore, redevenant timide face à cet homme imposant.
«Ce n'est pas grave, tu ne t'es pas blessé au moins?» Theodore nia touché par sa sollicitude. «Ferme les yeux.»
Il obéit, se laissant guider lorsque Harry le tourna dans ses bras pour lui offrir un baiser langoureux. Punaise, Theodore ne se reconnaissait pas. Ils avaient fait des galipettes toutes la nuit et pourtant un simple baiser réussissait à l'exciter si peu de temps après. Il avait l'impression d'être un collégien en pleine puberté.
«Au fait, il faut qu'on mette quelques petites choses aux claires.» teint Harry, le serrant dans ses bras, callant son menton sur son épaule pour qu'il ne puisse pas le voir. «Déjà, tu ne t'es pas pissé dessus, mais tu as squirté. C'est totalement différent et tu n'as aucune raison d'avoir honte.
- Ce n'est pas un truc de fille ça?
- Pas seulement. Si on stimule le sexe d'un homme après l'éjaculation pour le garder dur et bien ça fini par arriver, surtout si on s'attarde sur son gland.»
Il faisait vraiment chaud dans ces toilettes, Theodore n'en pouvait plus.
«On est obligé d'en reparler?
- Oui, c'est important de mettre les choses au clair. Tu sais, le safe word qu'on a mis en place, ce n'est pas pour faire joli. Si tu ne l'utilises pas, je ne peux que penser que tu aimes aussi ce genre de chose. Je ne le ferai plus si ça te dérange tellement. Je suis désolé si ça a été un mauvais moment pour toi.
- Ce n'est pas ça.»
Theodore enfouit son visage contre son torse, il avait l'impression que les trois verres qu'il venait de prendre s'était totalement dissipé, le laissant seul avec sa gêne.
«Qu'est-ce que c'est alors?
- J'étais juste gêné. J'ai fait ça dans ton lit, ce n'est pas propre et je me sentais juste désolé.»
Harry eut un petit rire, ne faisant qu'accentuer sa gêne.
«Ce n'était pas de l'urine, c'est totalement propre. Et même si ça avait été le cas, ce n'aurait pas été grave.» Il déposa un baiser dans sa nuque, se serrant un peu plus contre Theodore. «Donc ce n'était que de la gêne, ça me soulage.
- Désolé de t'avoir inquiété.
- Il n'y a pas de soucis. S'il y a quelque chose qui te tracasse, tu pourras toujours m'en parler Theodore, je ne pourrai jamais te juger sur tes sentiments. Si un jour, tu veux retenter l'expérience, on pourra le faire dans la salle de bain.
- Il y avait quelque chose d'autre dont vous vouliez parler?» changea très peu discrètement de sujet Theodore.
«Oui, en effet, juste deux. Je te promets de toujours être honnête envers toi. Si je dis que j'aime quelque chose, c'est que c'est le cas. Si je te dis que tu es magnifique, c'est pareil. Je n'aime pas quand tu te déprécies ainsi, je n'en faisais pas de trop, je pensais tout ce que je t'ai dit hier soir. Je ne te demande pas d'en faire de même, tu n'as aucune obligation envers moi mais personnellement je tiens à le faire.
- Je crois que je comprends.» hocha Theodore pourtant peu à l'aise avec l'idée qu'on l'appelle magnifique. «Et la deuxième chose?
- Ah oui. Aujourd'hui, c'est la deuxième fois qu'on se rencontre. Je ne te laisserai plus qu'une seule chance pour me reconnaître. A la quatrième, on se verra à visage découvert.
- Mais pourquoi? Tu n'aimes pas ça?
- Ce n'est pas ça. Mais je ne veux pas que notre relation se développe sur des non-dits. Je crains aussi que le jour où tu me reconnaisses, tu ne veuilles plus de moi.
- Mais non je…
- Theodore, c'est une possibilité.» le coupa Harry, le serrant un peu plus fort. «Si ça doit arriver, il vaut mieux que ça arrive le plus tôt possible avant que tu ne puisses éprouver quoi que ce soit envers moi. Tu ne crois pas?
- Et toi?
- Moi?» fit Harry, sincèrement surpris par sa sollicitude. «Moi, je suis déjà fichu depuis longtemps.» rit-il malgré la tristesse de la situation.
Punaise qu'il était pathétique à courir après un amour vieux de dix ans, c'était ridicule. Et pourtant, il ne pouvait rien faire d'autre que de s'y accrocher.
«Je t'aime Theo, je ne veux pas que tu en doutes.»
Harry l'attira dans un nouveau baiser, bien plus doux cette fois-ci.
«Je vais y aller, j'avais prévu quelques trucs ce soir, je ne pensais pas te croiser ici, c'est dommage.» Harry se faisait honte, et dire qu'il avait juré d'être toujours honnête envers lui. «En fait, ce n'était pas un hasard. J'ai entendu ta conversation ce matin avec Draco et Blaise. Je voulais juste connaître la raison pour laquelle tu allais me jeter et essayer le plus d'argument possible pour te faire changer d'avis. Mais visiblement ça n'était pas utile.
- Idiot.» rit Theodore, pourtant touché par sa sincérité. «Draco et Blaise doivent m'attendre.
- Je t'enverrai un hibou.» lui promit Harry, il embrassa une dernière fois sa joue avant de quitter les sanitaires.
Il se faufila jusqu'à l'extérieur du bar sans se faire voir de ses deux amis restés à table pour attendre Theodore. Il se glissa dans une ruelle à côté du bar pour retrouver son sac qu'il avait abandonné là plus tôt. Il en tira quelques vêtements de rechange et se sentit vraiment comme un pervers à se déshabiller dans un endroit aussi insalubre. Mais Theodore ne devait vraiment pas le reconnaître. Il mit quelques gouttes d'un parfum que Hermione lui avait offert deux Noëls précédent et enfila sa paire de lunettes, retirant ses lentilles. Il changea un peu sa coiffure, retirant sa cire à l'aide de sa baguette et remit toutes ses affaires dans sa cachette. Harry jeta un coup d'œil à sa montre, il avait encore vingt minutes à attendre avant l'arrivée de ses juniors. Il avait donc le temps de s'en griller une, peut-être même deux ou trois finalement.
«Capitaine, vous êtes en avance!» s'écria Tressy.
Harry les salua de la main, faisant disparaître son mégot d'un geste de la main. Il s'incrusta au centre du groupe, tentant de cacher au mieux sa magie malgré le stress qui faisait tambouriner sa poitrine. Il se faufila au centre du groupe, rapidement inclus dans la conversation malgré son peu de loquacité. Ses recrues en avaient l'habitude. Devant eux, il n'avait pas besoin de surjouer, parce qu'il était leur supérieur et qu'ils n'attendaient rien de plus de lui que d'être un bon professeur. Avec eux, il se sentait le même qu'en la présence de Draco, il n'attendait rien de lui et il ne pourrait jamais le décevoir pour qui il était, puisqu'il se haïssait depuis l'enfance et avaient déjà vu tous les mauvais côtés l'un de l'autre.
Harry prit une profonde inspiration en entrant dans le bar, feignant la surprise lorsque les yeux de Blaise se posèrent sur ce nouveau groupe bruyant. Il sentit le regard de Draco le suivre lorsqu'il passa devant lui, il tourna légèrement la tête et lui fit un signe de la main, mais ne s'arrêta pourtant pas. Evidemment, il eut à peine le temps de se commander une bière que son ami s'était déjà précipité à ses côtés.
«Allez faire une partie de billard, je vous rejoins dans cinq minutes.» autorisa-t-il ses subordonnés à s'éloigner.
- Qu'est-ce que tu fais là?» chuchota furieusement Draco, zieutant dans la direction de Theodore. Il était clair qu'il ne croyait pas en un hasard.
«Mon pote de beuverie m'a laissé en plan et je n'avais pas envie de boire seul ce soir.»
Draco détourna le regard, se sentant coupable. Depuis un an, Harry et lui avait l'habitude de se rendre dans ce bar tous les jeudis soir pour se plaindre de leurs collègues et amis respectifs. Ce lieu était le lieu de rencontre parfait pour eux, pas assez huppé pour que Harry se sente inconfortable et trop bien entretenu pour que Draco refuse de poser ses fesses sur les banquettes comme celles crasseuses du Chaudron Baveur. Ils étaient trop différents pour réussir à tomber sur un autre compromis et le Fire Peacock était devenu leur lieu de rendez-vous hebdomadaire. Finalement, ça semblait logique de se rencontrer ici, si on voyait les choses sous cet angle.
«N'empêche, quel heureux hasard.» ne lâcha-t-il pas le morceau.
«Draco, tu penses vraiment que je serais venu ici si j'avais su que tu es là avec lui.
- Evidemment que c'est quelque chose que tu pourrais faire.
- Il connait ma magie et rencontrer une deuxième personne qui arrive à la cacher va juste lui donner encore plus de doute. Enfin, s'il ne sait pas déjà qui je suis.» soupira Harry, se souvenant que le matin même il avait dit douter de cela.
«Il ne sait pas.
- Il va bien?» fit semblant de s'inquiéter Harry, comme s'il ne connaissait pas déjà la réponse.
«Oui, ne t'inquiète pas…» Draco semblait hésiter à ajouter quelque chose, alors Harry ne le coupa pas. «Tu devrais le recontacter, il n'a aucun moyen de le faire lui.
- Tu es sûr?» mima-t-il l'inconfort, se frottant la nuque. «Il avait plutôt l'air de ne plus jamais vouloir me revoir ce matin.
-Oui, j'en suis sûr.»
Harry plongea son regard dans celui de Draco, vérifiant s'il était vraiment sincère ou s'il voulait juste le réconforter. C'est ce qu'il aurait fait normalement, même s'ils savaient tous deux que Malefoy était bien la dernière personne chez qui il pourrait trouver du réconfort.
«C'est juste un énorme compromis, il ne te déteste pas.
- Je le ferai, dans ce cas.» soupira Harry, déridant son front.
«Je te laisse, ce serait bizarre que je m'éloigne trop longtemps.
- Je dois les rejoindre de toute façon, je ne veux pas qu'une dispute éclate si je ne suis pas là pour les canaliser.»
Draco jeta un coup d'œil aux collègues de Potter, un rouquin avait pris par le col le petit blond de la bande.
«On dirait bien.» pouffa-t-il, tapotant une dernière fois l'épaule de Harry avant de retourner à sa table, une bouteille d'un whisky surement hors de prix et trois verres dans les mains.
«C'était qui le gars avec qui tu parlais, un ami à toi? Tu aurais pu l'inviter s'il est seul.» fit Theodore, curieux.
Blaise faillit recracher sa gorgée, se retenant avec peine de ne pas éclater de rire. Si Theodore savait, il ferait tout pour éviter Potter à cause du matin même. Il le connaissait, son ami avait beau dire qu'il n'était pas contre revoir son mystérieux amant, il n'était pas encore prêt à le rencontrer de sitôt.
«Il est avec ses collègues.»
Theodore tourna la tête, remarquant effectivement que l'homme avait rejoint un groupe de jeune près du billard. Il était dos à lui et pourtant, quelque chose semblait familier chez lui mais il ne saurait mettre le doigt dessus.
«Je le connais?» voulut-il confirmer.
Draco hésita. Mentir n'était pas un problème, il était un Serpentard après tout. Mais Theodore lui en voudrait plus tard quand il saurait la vérité. Et puis, il allait bien devoir découvrir la vérité un jour, tant pis si ça se ferait ce soir. De toute façon Harry avait dit avoir voulu le faire le matin même.
«Oui, c'est Potter.»
Theodore écarquilla les yeux, la mâchoire tombante. Il se retourna, observant cet homme dont pourtant il ne voyait que le dos. Il ignora Blaise qui était presque plié en deux de rire sur sa table, l'alcool ne lui réussissait pas beaucoup mieux qu'à lui. Theodore se tourna plutôt vers Draco qui tentait tant bien que mal de cacher son propre amusement.
«Arrête de te moquer de moi, c'est qui?
- Je suis sérieux Theo, c'est Potty.
- Je ne te crois pas!» cria Theodore, ses yeux ne cessant de faire des allers-retours entre Draco et ce présumé Harry Potter.
Il comprenait mieux pourquoi son inconnu avait ri en l'entendant appeler Harry Potter un homme petit. Ils devaient bien faire la même taille à quelques centimètres prêts. S'il avait eu cette information plus tôt, il aurait vraiment pu croire que son inconnu était Saint-Potter. Heureusement que Theodore était sensible à la magie, ça lui avait évité une sacrée honte. Il se ressemblait pas mal entre le rire et les iris émeraude en passant par leurs façons de parler et d'aimer faire des baises-mains. Ça portait un peu à confusion.
«Est-ce que Potter a de la famille?
- Tu sais bien qu'il est orphelin.» leva un sourcil Draco, doutant soudainement de l'état d'alcoolisation de son ami.
« Je le sais bien, mais il n'aurait pas un cousin ou quelque chose comme ça?
- Pas à ma connaissance, pourquoi?
- C'est juste qu'il ressemble pas mal à la personne que j'ai rencontrée hier soir. Même si on enlève les traits physiques, leurs magies sont assez similaires, comme celle de vos mères et les vôtres par exemple. Alors je me suis dit que ça pouvait être un membre de sa famille. Ce serait quand même un gros indice. Vous êtes certains qu'il n'a pas de cousin du côté de sa mère qui pourrait être un Né-Moldu?
- En tout cas, s'il en a un, même lui n'est pas au courant.
- Vous êtes vraiment si proche que ça? Il n'en parlerait pas à n'importe qui, vu qui il est.
- Comment ça?» demanda Blaise.
«C'est une célébrité, afficher publiquement qu'il a de la famille va juste pousser les journalistes vers une autre personne.»
Blaise lui accorda facilement ce point, pourtant Draco n'en démordit pas, c'était impossible.
«Au fait, depuis quand vous êtes si proche tous les deux? Tu ne m'en as jamais parlé.» bouda Theodore.
Draco haussa les épaules, il n'en avait lui-même aucune fichue idée. Franchement, lui et Potty, amis? C'était hilarant avec le recul. S'il disait ça à son lui de seize ans, il se jetterait certainement un vilain sort pour faire une blague de si mauvais goût.
« Ça s'est fait tout seul, je suppose, comme Blaise et Ginny sont ensemble maintenant.
- On dirait que j'ai vraiment loupé pas mal de chose en dix ans.» soupira Theodore.
Il avait l'impression de déparquer dans un pays inconnu alors que pourtant c'était bien rentrer chez lui qu'il désirait tant faire. Plus rien n'était pareil. Blaise avait une femme et des enfants, Potter et Draco étaient amis, Potter avait pris vingt centimètres voir peut-être même un peu plus, son père était derrière les barreaux, ses cousins ne lui envoyaient plus de hiboux depuis des années et ses collègues de bureau étaient de parfaits inconnus pour lui. Il n'avait personne ici hormis ses deux amis et ils avaient leurs propres vies. C'était triste de réaliser que Theodore avait plus de raisons de rester aux Etats-Unis plutôt que de rentrer au pays. Peut-être que finalement, ça n'avait pas été son meilleur choix.
«Ne déprime pas Theo, nous on est toujours les mêmes, non?» le réconforta Blaise, lui faisant un clin d'œil complice.
Theodore n'osa pas lui dire qu'au contraire, il n'avait plus rien à voir avec le Zabini de dix-huit ans qu'il avait quitté et qui ne pensait qu'à faire la fête et draguer des jolies filles. Mais il n'osa pas, ne voulant pas gâcher l'ambiance. Il savait que ce sentiment n'était que passager et que d'ici quelques semaines il se sentirait à nouveau comme à la maison dans cette nouvelle vie. Pourtant, cette pensée n'arrivait pas à le réconforter autant qu'il l'aurait espéré.
Theodore attrapa le verre que lui tendait Draco et en but deux longues gorgées. Il devait se changer les idées, ça ne servait à rien de se morfondre, ce n'était pas son genre. Ses amis ne firent pas de commentaire, Draco se contentant de remplir une nouvelle fois son verre. Ce n'était pas très sérieux, ils étaient en semaine après tout. Mais avec une petite potion, il n'aurait au moins pas à souffrir d'une gueule de bois au travail.
«Au fait, tu as une idée de qui est ton mystérieux petit-copain.
- Je sais très bien que vous le connaissez, pas besoin de vous moquez de moi.» râla Theodore.
«Je suis juste curieux.» haussa des épaules Blaise.
«Je suis totalement perdu. Au début, je pensais à un Serpentard comme il portait du vert, mais ça n'y ressemble pas. Il est totalement honnête avec ses sentiments et dit des trucs vachement effrontés la plupart du temps. Donc je pense pour Poufsouffle, peut-être Gryffondor mais dans ce cas je ne comprends vraiment ce qu'il pouvait bien me trouver quand on était encore à Poudlard. Il a l'air riche, mais il portait un costume Moldu alors ça ne doit pas être un héritier surtout qu'il vit dans une maison plutôt classique. Ou alors peut-être un sang-mêlé qui serait plus proche de la famille de non-Sang-Pur. Il a une magie puissante, donc ce devait être un bon élève ou au moins en pratique. Il a pas mal de cicatrices donc soit il a participé activement à la guerre donc il serait un peu plus âgé que nous ou alors il a un métier dangereux. Il m'a dit que nous n'étions pas amis à l'époque, donc ça explique pourquoi je ne peux pas reconnaître sa magie, mais quand même ça reste bizarre. Ça voudrait dire qu'on ne sait jamais parler avant hier, c'est étrange.
- En gros, tu es totalement perdu.» soupira Blaise. «Si on enlève cette histoire de magie, tu n'as vraiment aucun soupçon.»
Theodore hésita. Il se sentait un peu stupide de dire ses théories farfelues. Mais bon, il avait besoin de mettre ses idées au clair et avec un peu de chance ses amis feront une bourde et lui donneraient un indice.
«Au début, je me suis dit que ça pourrait être lui avant même de confondre leurs magies.» avoua-t-il tout bas, le visage rougi par la gêne.
«Tu veux dire Potter?»
Theodore hocha timidement de la tête, se sentant de plus en plus stupide.
«Ils ont quelques points communs, comme je l'ai dit. Mais je n'y ai pas pensé sérieusement, comme je pensais que Potter faisait toujours 1m70. Franchement, si je n'étais pas magico-sensible j'irai directement lui demander si c'est lui ou non. Je me taperai certainement la honte de ma vie mais au moins j'aurai eu ma réponse.
- Qu'est-ce qui t'empêches de le faire? Tu pourrais aller le voir.»
Theodore jeta un regard noir à Draco, ne le remerciant pas pour cette idée stupide. Ils savaient tous deux que ce n'était pas Potter, son ami voulait juste le pousser vers une humiliation pure et dure.
«Ça n'a pas l'air si stupide.» approuva Blaise à son plus grand désarroi. «Ne me regarde pas comme ça, je suis sérieux. Si t'y réfléchis bien, soit c'est ton inconnu et le tour est joué. Soit ce n'est pas lui mais tu peux toujours tenter ta chance avec lui. C'était ton crush à Poudlard alors peut-être que tu as encore une chance. Il n'y a pas de mauvais côté.
«Mon quoi?» s'insurgea Theodore, livide.
«Tu t'imaginais vraiment qu'on ne s'en était pas rendu compte? Pansy avait même lancé un pari sur la date de votre mise en couple vu comment il te faisait du rentre-dedans.
- Il n'a jamais fait ça et de toute façon je ne l'aimais pas du tout. C'est Saint-Potter bon sang, à quoi vous pensez?»
Punaise, Theodore ne savait pas qu'il avait été si transparent. Lui qui avait attendu cinq ans de plus pour faire son coming-out, il se sentait vraiment stupide.
«C'était plutôt évident après votre baiser au nouvel-an.
- On était sous le gui Draco, on n'avait pas le choix.» se défendit tant bien que mal Theodore, se sentant de plus en plus vulnérable.
«Vous aviez totalement le choix.»
Theodore lança un regard si perdu à Blaise qu'il se sentit obligé de s'expliquer.
«Tu ne savais vraiment pas que Potter n'était pas soumis aux barrières lancées sur les branches de gui?» Theodore nia, complètement perdu. «Il y avait tellement de filles qui faisaient exprès de le piéger que McGonagall a dû l'immuniser. S'il l'avait voulu, il aurait juste pu partir. Tout le monde le savait.
- Et comment j'aurai pu le savoir puisque c'est vous deux qui êtes censés me raconter ce genre de ragot.» s'énerva Theodore, n'en croyant pas ses oreilles. «De toute façon, il ne me draguait pas, vous vous faites des idées.»
Blaise et Draco soupirèrent de concert, se lançant un regard qui disait clairement «tu lui dis ou je le fais?» Theodore passait de l'un à l'autre, complètement perdu.
«Il s'asseyait à ta table pour faire ses devoirs dans la bibliothèque quand tu étais seul.
- Il n'y avait plus de place de libre.
- Il nous doublait en potion pour pouvoir se mettre en duo avec toi.
- C'est vous qui étiez toujours ensemble comme Weasley et Granger et on était tous les deux seuls à la fin.
- Il t'a offert des chocolats à la Saint-Valentin.
- Il en avait reçu tellement et il ne voulait pas les jeter.
- Alors que son meilleur ami est Ronald Weasley?» rit franchement Draco. «Il avait une poubelle de table à sa droite et il serait venu jusqu'à la table des Serpentards pour s'en débarrasser? Réfléchis Theo, il en pinçait totalement pour toi.
- On peut continuer si tu veux. Il y en a des centaines des exemples.» renchérit Blaise.
«Non, c'est bon. J'en ai assez entendu pour ce soir.» trancha Theodore en finissant son verre d'une traite.
Il se leva pour rejoindre le comptoir et payer sa part, ses amis se marrant comme des baleines derrière lui. C'est en patientant pour que le barman finisse avec son client que Theodore finit par balader son regard sur la pièce. Il tomba presque immédiatement sur Potter, comme s'il l'avait cherché inconsciemment. D'ici, il pouvait voir son profil et bon sang, il comprenait pourquoi il avait été nommé sorcier le plus sexy de Grande-Bretagne cinq fois d'affilés. Theodore ne lisait pas ce genre de magazines mais Draco l'avait suffisamment bassiné avec ça pour s'en souvenir. Son ami n'arrivant pas à se remettre du choc de n'être que sixième à l'époque dans le classement. Apparemment, il était remonté quatrième il y a trois ans et l'une des raisons étaient qu'un acteur s'était retiré du milieu et que Potter avait lancé un procès pour l'usage d'une photo privé par le magazine sans son accord.
Leurs regards se croisèrent et un frisson remonta le long de sa colonne. Theodore n'y pouvait rien, c'était plus fort que lui: comment ne pas comparer Potter et son inconnu alors que leurs regards étaient si semblables. Il se sentait horrible, ayant l'impression de tromper l'homme qui l'attendait depuis dix ans maintenant en reluquant ainsi ce qui était désormais un parfait étranger. Ils n'avaient jamais été amis et désormais Potter n'était même plus un camarade de promo. C'était du passé, il fallait qu'il se le mette dans le crâne. Ses amis avaient torts, jamais quelqu'un comme lui pourrait un jour s'intéresser à un Nott, lui précisément d'entre tous.
Theodore reporta son attention sur le barman, le hélant. Il paya rapidement sa part, fuyant le bar. Cette soirée ne l'avait pas du tout aidé à y voir plus clair, bien au contraire. Il était encore plus confus désormais! Ses amis étaient vraiment des veracrasses. Il n'avait pas imaginé leurs retrouvailles ainsi et il s'en serait bien passé. Theodore doutait de plus en plus à réussir à découvrir par lui-même l'identité de son inconnu. Tant pis, il n'aurait qu'à attendre le quatrième rendez-vous dans ce cas.
C'est l'esprit embrouillé que Theodore s'endormit avec grande peine ce soir.
XXXXXXX
Theodore soupira, s'adossant contre le mur de l'ascenseur. Son rendez-vous avec le juge Pekford avait traîné en longueur et il quittait le Ministère à heure de pointe. La cage se remplit rapidement si bien que deux étages plus haut il se retrouvait coincé contre la paroi. C'est en levant les yeux de ses chaussures qu'il remarqua un homme en robe pourpre à l'autre bout de l'ascenseur, juste devant la porte. Il n'y avait aucun doute, il s'agissait bel et bien de Harry Potter. Il voyait à peine son profil à travers la petite foule, mais ça ne faisait aucun doute.
Maintenant qu'il le regardait d'un peu plus prêt, Theodore le trouvait changer. Ce n'était pas seulement sa taille. Mais Potter avait une barbe désormais et son regard semblait bien plus dur qu'à l'époque de Poudlard. Il discutait à voix basse avec un de ses collègues et la discussion semblait sérieuse vu sa mine grave. Pourtant Potter ne laissait rien de cette gravité, le visage de marbre. Il lui ressemblait quand il avait fait son entrée à Poudlard. A l'époque Theodore craignait de se faire des amis et de voir tous ses secrets étalés au grand jour. Son expression impassible était son armure. Il se demandait bien ce qui avait pu arriver au Survivant en dix ans pour qu'il change autant, lui qui était si bruyant et joyeux dans les couloirs de Poudlard.
Potter sembla jeter un coup d'œil vers le sol avant de claquer la langue. Il sortit sa baguette et lança un tempus, l'heure s'affichant dans les airs. Visiblement il avait oublié sa montre, s'amusa Theodore. Pourtant l'amusement fut de courte durée. Ce filament de magie qui échappa à Potter, il la connaissait par cœur désormais.
Potter était son inconnu!
Theodore avait la tête qui lui tournait et il avait l'impression que le monde s'effondrait sous lui. Ce n'était pas possible, non, il refusait d'y croire. Potter n'aurait jamais fait ça. Il était le Survivant, l'Elu, le Sauveur! Il n'avait pas le temps pour jouer à de tels jeux avec un ancien Mangemort. Ça ne faisait aucun sens, Theodore s'enfonçait dans un brouillard de doutes qui ne semblait pas avoir de porte de sortie.
Il avait besoin d'air, tout de suite. Il tenta bien de transplaner, complètement en panique mais les barrières du Ministère l'en empêcha. A peine les portes de l'ascenseur s'ouvrirent qu'il se jeta à l'extérieur, la tête basse pour que Potter ne puisse pas le reconnaître. Theodore fonça vers les cheminées et baragouina sa destination. Il ne sut par quel miracle mais il finit à bon port, s'échouant sur le tapis de son salon.
Il ne savait plus que penser, les pensées tourbillonnant dans son esprit.
«C'est impossible. C'est impossible.» répétait-il en boucle.
Et pourtant plus il y pensait et plus ça avait du sens. Tout s'expliquait! Le baise-main, l'observer à distance à Poudlard, ils n'étaient pas amis, son côté bien trop franc et effronté pour être autre chose qu'un Gryffondor, le feu d'artifice demandé à Draco pour leur première rencontre, les iris émeraude, les cicatrices et sa manie de cacher sa magie c'était parce qu'il était un fichu Auror, le rire si familier, ses tenues Moldues, être riche à l'extrême et pourtant vivre si simplement. C'était du Harry Potter et lui, il n'avait rien vu. Non, il s'était voilé la face. Il n'avait pas voulu y croire.
Theodore se sentait tellement stupide, trahi. Potter avait dû bien se marrer pendant tout ce temps, à lui tourner autour et lui faire croire qu'il y avait quelqu'un qui l'attendait. Ça avait été trop beau, si beau que Theodore aurait dû savoir que ça n'était pas vrai. Potter était un enfoiré de première, il le savait bien pourtant. Il avait haï les Serpentards pendant sept ans, mais Theodore n'aurait jamais imaginé que sa haine dure si longtemps. Et lui, il s'était fait avoir comme un bleu. Tellement pathétique.
Il ne sut combien de temps il resta prostré sur le sol, mais lorsqu'un hibou toquant à la fenêtre le sortit de ses pensées, Theodore peina à tenir sur ses jambes ankylosées. Il réussi avec peine à atteindre la fenêtre, essuyant ses joues humides d'un revers de manches.
«Bonjour Theodore,
J'espère que tu vas bien en cette belle journée. La mienne n'a qu'un seul point noir, tu me manques terriblement.
Voudrais-tu me rencontrer ce soir si tu as du temps libre? J'ai reçu des framboises et des fraises de la mère d'un ami. Je crois me souvenir avoir dit aimer les fruits rouges. Je pourrais faire une tarte pour le dessert, qu'en penses-tu?
Freyja va certainement rester un peu avec toi en attente de ta réponse. Elle a l'air un peu sévère, mais elle est en réalité un vrai cœur d'artichaud.
En espérant recevoir de bonnes nouvelles,
Ton inconnu.»
Theodore éclata de rire, se tordant nerveusement en avant. En tout cas, cet enfoiré savait comment écrire pour qu'il lui tombe dans les bras.
«Des framboises et des fraises, c'est vraiment comme ça que tu comptes m'avoir Potter?» grogna-t-il, retournant déjà le parchemin pour griffonner sa réponse.
«Bonjour,
Je suis désolé mais j'ai déjà des plans pour ce soir. Mais j'aimerai beaucoup goûter à cette tarte ce week-end si ça te va.
Theodore.»
C'était un peu froid mais il ne s'imaginait pas rentrer plus longtemps dans son jeu tordu. C'était logique que Potter lui propose un rendez-vous aussi précipitamment. Ils étaient censés se rencontrer le lendemain. Le rendez-vous avait été pris à la dernière minute mais la secrétaire du bureau des Aurors n'avaient pas trouver de dates qui convenaient la semaine suivante. Certainement que Potter craignait qu'il découvre la vérité en le rencontrant en personne et que Theodore pique un scandale sur son lieu de travail. Et puis, il avait dit qu'il lui dirait la vérité au quatrième rendez-vous, le faire au bureau ne devait pas être dans ses plans.
«Il va voir cet enfoiré, je vais l'humilier devant tous ses collègues.» ricana méchamment Theodore, fixant le papier à la patte du petit hibou.
Elle tenta bien de lui picorer les doigts pour lui réclamer une caresse, mais Theodore n'était pas d'humeur. Ce n'était pas la faute de ce hibou, mais il avait peur de lui briser le crâne tant faire du mal à Potter le soulagerait à cet instant.
Il avait une vengeance à préparer, il n'avait pas le temps pour ses broutilles. Theodore se dirigea vers son dressing. S'il devait humilier Potter, il devrait au moins porter la tenue la plus coûteuse de sa garde-robe. Il ne le laisserait pas s'en tirer comme ça.
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«Monsieur Potter vous attend.» sourit la secrétaire, ne s'offusquant pas de sa mine sombre.
Elle toqua trois coups à une porte au fond du couloir avant de l'ouvrir. Theodore la remercia d'un hochement de tête en la dépassant. Il était un peu frustré, Potter étant un capitaine il avait un bureau personnel et sa secrétaire refermant la porte derrière lui, ils étaient seuls. Tant pis pour l'humiliation publique.
«Monsieur Nott, un plaisir de vous rencontrer.» sourit Harry, pourtant Theodore n'était pas dupe, il était mal à l'aise.
Potter quitta son bureau pour l'accueillir et lui tendre sa main. Mais Theodore ne prit pas la peine de la serrer, la rejetant d'une tape.
«Ça te fait marrer?»
Potter perdit toute couleur, l'air complètement perdu.
«Alors, tu sais?
- Oui, je sais.» claqua Theodore.
«Je suis désolé, je ne voulais pas que notre première rencontre officielle se passe ainsi. J'imaginais un cadre un peu plus… propice.»
Theodore fulminait, cet enfoiré ne voyait-il donc pas qu'il n'en avait rien à faire d'où ou comment le rencontrer à visage découvert.
«Tu es désolé? Ça te va bien de dire ça après t'être foutu de moi comme ça!» craqua-t-il, la colère faisant trembler ses épaules. Ses ongles s'enfonçaient dans ses paumes tant il était en colère, mais Theodore se moquait royalement de se blesser à cet instant. «J'espère que je t'ai bien fait rire, que j'ai valu la peine de perdre ton temps avec moi. C'était fun de me mettre dans ton lit, de me faire supplier comme une chienne en chaleur? Ça doit être le graal pour un Gryffondor, tes copains ont apprécié l'histoire?
- Attends, attends, de quoi tu parles?» s'alarma le Survivant, tentant de lui attraper la main pour le calmer.
Mais Theodore ne se laissa pas faire, reculant d'un pas. Alors cet enfoiré allait nier jusqu'au bout. Il n'allait même pas assumer. Il ne savait pas à quoi il s'attendait.
«Ne t'avise même pas de me toucher, enfoiré. Putain, je me sens tellement minable. Comment j'ai pu penser que quelqu'un d'aussi parfait puisse exister et qu'en plus, il veuille de moi. Tellement pathétique.»
Non, ce n'était pas ce qu'il voulait dire. Theodore ne voulait pas craquer, il voulait l'insulter jusqu'au bout. Mais c'était trop dur, il n'y arrivait pas. Il ne voulait pas lui montrer à quel point il l'avait blessé et en même temps, Theodore n'arrivait pas à le cacher.
«Tu m'as fait croire à tellement de choses! J'étais prêt à t'offrir mon cul et toi, tu pensais qu'à ton jeu stupide. Tu m'as humilié et moi je m'en foutais royalement parce que je pensais que ce n'était vraiment pas grave de faire des choses aussi … aussi humiliante si c'était toi. J'y ai cru et je me sens tellement con. Va te faire foutre Potter!» hurla-t-il, au bord des larmes.
Theodore tourna les talons, prêt à tout laisser en plan, cet enfoiré, son interview, la victime qu'il était censé défendre et pour qui ces informations étaient importantes. Pour le moment, il voulait juste se trouver n'importe où sauf ici. Mais la poigne de Potter sur son poignet l'en empêchant, lui faisant faire face à son cauchemar une fois de plus.
«Désolé, désolé.» baragouina Potter en lui lâchant le bras. «Tu ne veux plus que je te touche, désolé. Juste, est-ce qu'on pourrait discuter. Je ne sais pas ce qu'on t'a dit mais ce n'est pas du tout ce que tu crois.
- Pas besoin de me raconter quoi que ce soit. Je suis un Serpentard, je sais reconnaître un connard manipulateur quand j'en vois un.»
C'était faux, le plus vile des mensonges. Theodore n'avait jamais su juger les gens et c'est pourquoi il se retrouvait blessé encore et encore. Cette fois-ci ne faisait pas exception.
«Je suis désolé si je t'ai donné cette impression, mais je suis vraiment sérieux à ton propos Theodore.
- Je t'interdis de dire mon nom.» grinça Theodore, refusant de penser à toutes ces fois où cet immonde personnage l'avait appelé ainsi lors de leur étreinte charnelle.
«Désolé, je ne le ferai plus. Je voulais vraiment te dire la vérité, vraiment. Mais ça semblait bien te plaire le premier soir, alors je comptais le faire le lendemain matin. Mais tu es parti et dans les toilettes du bar, ça semblait stupide de le faire à ce moment-là. Et tu disais vouloir le découvrir par toi-même et je voulais te faire plaisir. C'est pour ça que je t'ai proposé ce rendez-vous supplémentaire. Mais hier, je voulais vraiment te le dire mais tu ne pouvais pas et je ne savais plus quoi faire. Je suis tellement désolé, j'aurai dû te le dire tout de suite.»
Potter parlait vite et mâchait la moitié de ses mots, comme s'il craignait de ne pas avoir le temps de dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Il n'avait pas tort, Theodore avait envie de tout sauf d'entendre ses excuses minables.
«Laisse tomber Potter, plus besoin de jouer au gentil. Je ne me ferai pas avoir une deuxième fois.» claqua Theodore, la voix aussi tranchante qu'un poignard. «Je dirai à un collègue de venir faire cette fichue interview. Je dirai que je n'ai pas réussi à rester de marbre face au Saint Survivant. Qui pourrait faire face à une telle star sans trembler de peur.» se moqua Theodore, l'ironie tordant son expression colérique.
«Non, attends. Je vais appeler un collègue, il pourra t'en dire autant que moi.»
Harry ne lui laissa pas le temps de répondre, le dépassant déjà.
«Pourquoi faire ça?» ne put que demander Theodore alors qu'il était déjà à moitié hors de son bureau.
«Ce serait mauvais pour ton image devant tes collègues.» fut la seule réponse de Potter.
«Enfoiré.» grogna-t-il, n'en revenant que Potter joue encore au héros et au martyr dans cette situation. «Il aurait dû devenir acteur, pas Auror.» marmonna Theodore dans sa barbe.
Comme Potter l'avait promis, il revint cinq minutes plus tard en compagnie d'une Aurore aux cheveux blonds et aux visages parsemées de taches de rousseur.
«Brittany, je te présente Theodore Nott. Il est l'avocat de Miss Reiners, il aurait quelques questions sur le dossier. Je compte sur toi pour lui répondre au mieux. Monsieur Nott, voici la lieutenant Schaffer, c'est elle qui s'est occupé de l'enquête sur le terrain. Elle sera certainement plus à même de vous aider que moi-même. Bien je vous laisse, vous pouvez utiliser mon bureau. Le dossier est posé dessus.
- Et vous chef?
- J'ai une urgence, je te laisse gérer. Vous pouvez prendre votre temps, je ne pense pas que je repasserai par ici aujourd'hui.»
Schaffer sembla un peu sceptique mais ne contredit pas son chef. Ce devait être rare qu'un capitaine soit appelé en urgence ainsi avant même de passer par ses lieutenants. Harry ne s'attarda pas plus, déguerpissant en vitesse à travers les couloirs du Ministère. Theodore ne fit rien pour le retenir, acceptant facilement le siège que l'Auror lui pointait. Il travaillait désormais, il penserait à tout cela plus tard.
