Clarke eut énormément de mal à reprendre une vie normale après l'agression dont elle avait été victime dans le monde virtuel, à tel point que le simple de faire de voir John lui rappelait qu'il était Fleimkepa et qu'il protégeait la Flamme et donc Lexa et son horrible attitude envers elle. Pendant une seconde, Clarke avait même été tentée de demander à Raven s'il n'était pas possible de reprogrammer la Flamme pour redonner à Lexa la douceur qu'elle lui avait connue, mais elle avait rapidement oublié cette stupide idée en se disant que le prochain Commandant n'avait pas à être au courant de la liaison que Wanheda avait entretenue avec Heda à l'époque. Alors même si c'était compliqué pour elle, elle préférait que Lexa regrette de s'être laissée aller avec elle plutôt qu'elle ne soit devenue faible.

.

— Clarke ?

La jeune femme releva la tête et regarda Roan.

— Désolée, dit-elle. J'ai laissé mon esprit vagabonder.

— Encore ? Écoute, je sais que c'est compliqué, mais tu dois mettre tout ça de côté, d'accord ? On sait ce qui s'est passé et tu n'avais pas le choix, c'était ça ou laisser ALIE détruire le monde.

— Le monde se détruira tout seul, répondit Clarke en secouant la tête. Les intentions d'ALIE étaient bonnes, elle voulait sauver l'humanité, mais elle s'y est mal prise.

— Surtout quand on sait que c'est elle qui a provoqué Praimfaya, grogna Roan.

Il quitta le canapé et Clarke soupira. La journée était terminée, Goran venait de partir et Derek n'allait pas tarder à rentrer. Deux semaines s'étaient écoulées depuis que Clarke avait confronté Lexa dans la Cité des Lumières et depuis, Roan passait encore plus de temps avec elle, et elle n'oubliait pas ce baiser qu'ils avaient échangé, dans la chambre où elle s'était réfugiée... Il n'avait cependant rien retenté depuis, se contentant d'être là.

— Au printemps prochain, nous prendrons la route, dit soudain le Terrien en revenant avec deux verres de vin. Goran a terminé l'itinéraire, nous en aurons pour au minimum huit à dix mois de voyage et quand nous serons de retour, nous aurons le nouveau Commandant et des dizaines d'autres en apprentissage dans nos bagages.

Clarke serra les lèvres et observa le vin dans son verre.

— Je serais absente pendant un an, peut-être plus, dit-elle alors. Je dois réfléchir à la personne qui va me remplacer pendant ce voyage. Tu aurais des idées ?

— Normalement, du moins jusqu'à que tu ne prennes la Régence, quand Heda s'absente, c'est Fleimkepa qui prend le relais.

— Ouais... J'ai vu ce que ça a donné avec Gaia... grimaça Clarke.

— John Murphy pourrait rester...

Clarke secoua aussitôt la tête.

— Pas question, le coupa-t-elle. John Murphy a une petite fille de bientôt trois mois qu'il n'a pas vue naître, il ne peut pas rester encore un an loin d'elle, c'est hors de question.

Roan grimaça et s'appuya contre le manteau de la cheminée allumée et observa la jeune femme avant de reporter son attention sur la fenêtre. Dehors, il pleuvait à seaux depuis trois jours et les gens préféraient rester au chaud chez eux, tout comme les habitants de la tour.

— Peut-être qu'un autre Natblida fera l'affaire ? demanda soudain le guerrier.

Clarke plissa un œil en le regardant. Elle haussa ensuite les sourcils et Roan se redressa.

— Elle ne voudra jamais, répondit Clarke en secouant la tête. Elle a fui son Conclave, elle... Je ne peux pas la mettre de force sur le trône des Terriens.

— Pas sur le trône de Heda, sur celui de Rijant, répondit Roan avec un haussement d'épaules. Luna a été entraînée pour devenir Commandant, elle sait ce qu'i faire, il suffit simplement de la convaincre de venir à Polis pour assurer la sous-régence pendant notre absence.

— Déjà essayer de la convaincre de devenir Heda a été la croix et la bannière et nous avons manqué finir noyés, alors... soupira Clarke.

La porte de la chambre s'ouvrit soudain et Derek apparut, suivit de Raven. Ils discutaient tous les deux avec bonne humeur et se figèrent quand ils remarquèrent que Clarke et Roan les regardaient.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Raven. Vous avez vu un fantôme ?

Les deux autres se regardèrent et Clarke hocha la tête à la question silencieuse de Roan. Le Terrien proposa ensuite à Derek une partie de lancer de couteaux et Raven s'étonna.

— J'ai rêvé ou vous avez échangé un truc en silence, là ? dit-elle en agitant l'index.

— Tu tombes très bien, Raven, viens par ici, j'ai un truc à te proposer, répondit Clarke en évitant la question.

— Un truc ? Quoi, un job ? rigola la brune.

— Précisément.

Raven perdit aussitôt son sourire et comme Clarke demeurait sérieuse, elle vint lentement s'asseoir en face d'elle.

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— Roan, je peux te poser une question ?

Roan décrocha ses couteaux de la cible en bois et regarda Derek.

— Quel genre de question ? demanda-t-il en revenant vers le garçon.

— Tu l'aimes bien, Clarke ?

Le Terrien haussa un sourcil puis esquissa un sourire.

— Oui, répondit-il. Mais je vois où tu veux en venir, fiston et nous en sommes loin.

— Pourquoi ? Si vous vous appréciez, pourquoi vous ne vous mettez pas ensemble ?

— Tu es si jeune, Derek, soupira Roan. Si c'était aussi simple... ajouta-t-il. Clarke n'est pas une Terrienne, elle n'a pas été élevée comme nos femmes et avec ça, elle a beaucoup souffert, dans sa tête surtout, de tout ce qu'elle a dû faire pendant les conflits qui ont émaillé le retour sur Terre des Skaikrus. Elle n'était pas aussi forte quand elle est arrivée, tu sais ? Elle était même surnommée « Princesse » par ses amis, de façon péjorative, bien entendu.

Derek s'étonna en silence. Il ne connaissait Clarke que depuis moins d'un an et il la connaissait donc forte, solide, imposante, qui faisait taire un homme deux fois comme elle simplement en levant une main...

— J'ai du mal à la voir comme une petite chose fragile, dit-il. Je veux dire, Wanheda, Rijant, rien qu'en la voyant, on réfléchit deux fois avant de parler, même moi je n'ose pas toujours lui parler et pourtant... c'est ma mère.

— C'est sans doute ce qui est encore pire, répondit Roan. Clarke s'est prise d'affection pour toi et tu le lui rends au centuple et votre relation est la même que celle d'une mère et de son fils... Je n'ai pas de problème à lui répondre si elle m'agace, mais au bout d'un moment, j'abdique, parce qu'elle est Wanheda, parce qu'elle est la Régente et qu'elle a tous les droits sur moi. Elle pourrait me chasser de Polis et me renvoyer dans mes neiges sans que je n'aie quelque chose à dire... Elle l'a déjà fait du reste...

Derek hocha la tête. Roan soupira.

— Pour en revenir à ta question, dit-il. Clarke est encore trop perturbée par son séjour dans la Cité des Lumières pour songer à quoi que ce soit avec moi. J'essaie de passer du temps avec elle, de lui montrer que je suis là, mais c'est tout, je n'irais pas plus loin, pas pour le moment.

— Quand vous serez sur les routes, peut-être ?

Roan haussa les épaules. Ce n'était pas qu'il n'avait pas envie de passer plus de temps avec Clarke, de faire évoluer leur amitié, mais elle n'avait pas le temps pour ça, elle avait des responsabilités et ses devoirs lui prenaient toutes ses journées du lever du soleil au coucher. Il n'y avait que le dimanche qu'elle s'autorisait à prendre quelques heures de plus le matin et Derek en profitait et la rejoignait dans son lit, comme tout enfant normal le ferait... Elle prenait ensuite un long bain et passait la journée à lire ou à traîner, avant de reprendre son rôle dès le lundi matin suivant...

— Tu crois qu'elle dit quoi à Raven ? demanda soudain Derek.

— Je pense que Raven va devenir la Régente des Terriens pendant que nous serons sur les routes, répondit Roan.

Le jeune garçon le regarda avec surprise.

— Raven ? Régente ? Mais... ?

— Je pense aussi contacter Luna et faire revenir Gaia, ajouta Roan. Officiellement, Raven prendra la suite de Clarke pendant son absence, mais Luna et Gaia seront là pour la seconder, la première pour tout ce qui est du ressort de Heda et la seconde, pour ce qui concerne les Prêtres.

— Elle va redevenir Fleimkepa ? demanda Derek en plissant le nez. Mais John... ?

— John va rentrer à Arkadia, retrouver sa femme et sa fille, et tu vas partir avec lui, comme c'était convenu.

Le garçon baissa le nez puis hocha la tête. Il n'avait absolument aucune envie de quitter Polis, mais depuis qu'il n'avait plus la flamme, si la majorité des gens semblaient observa une sorte de commisération le concernant, les autres affichaient des airs agressifs voir carrément hostiles et il remerciait Clarke de l'avoir autorisé à sortir en compagnie de Tylo...

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Au sommet de la tour, ce pendant...

— Tu as définitivement perdu la tête.

Clarke serra les lèvres. Assise dans le canapé, elle regarda Raven, campée sur son attelle qui semblait lui servir aussi de cale.

— Non, dit-elle en se levant. Je te fais confiance, nuance. Tu es capable de tout faire, Raven, la preuve, tu as réussi à m'envoyer dans la Cité des Lumières et à m'en ramener...

— Avec un électrochoc qui aurait pu te tuer ! persifla la brune. Je ne veux pas rester encore un an ici, je ne veux pas que des gens comptent sur moi pour leur dire comment vivre. Je suis venue avec Abby parce que tu avais besoin de moi, c'est tout ! Et regarde, elle est repartie trois semaines plus tard sans même que tu n'en soucie !

— T'es gonflée, je l'ai accompagnée jusqu'aux grandes portes, je lui ai dit au revoir ! répliqua la blonde. Écoute, il se trouve que j'ai encore besoin de toi, ajouta-t-elle. Je n'ai personne pour me remplacer pendant que je serais à la chasse au Natblidas et je te fais confiance...

— Alors reste ici et envoie Roan le faire à ta place.

Clarke secoua la tête. Raven lui fit alors face et leva les mains.

— Ce n'est pas chez moi ici, dit-elle. Je ne suis pas une Terrienne, on me regarde de travers à cause de ma jambe, certains pensent que je suis une Wastelander... Je vais rentrer à Arkadia avec toi quand vous partirez de Polis. Débrouille-toi pour te faire remplacer.

La blonde se mordit la lèvre et décida de dégainer sa méchante carte.

— Pourquoi voudrais-tu rentrer à Arkadia ? demanda-t-elle. Tu n'as personne qui t'attend, je me trompe ?

Raven sembla immédiatement enfler et elle serra les poings. Clarke détourna la tête en croisant les bras et la brune quitta l'appartement à grands pas raides. Elle bouscula Tylo dans le couloir, jura, puis s'en alla et le garde de Clarke passa la tête dans l'appartement.

— Va me chercher Aldric, dit alors la jeune femme.

— Oui, Wanheda, tout de suite.

Clarke avait bien remarqué que le Trishanakru n'était pas indifférent à son amie et réciproquement. Elle comptait donc sur leur amitié à tous deux pour qu'il la convainque de rester à Polis.

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Assise devant son établi, Raven était pensive. Elle avait quitté Clarke environ une heure plus tôt et avait bien du mal à comprendre pourquoi son amie avait pensé à elle pour la remplacer à la tête des Terriens pendant son tour du pays.

Reivon, tu es là ?

La brune sursauta et Aldric s'approcha.

— Je ne voulais pas te faire peur, je suis désolé, répondit le Terrien. Tu réfléchissais à la demande de Wanheda ?

— Elle t'en a parlé ? demanda Raven en pinçant les lèvres. J'imagine qu'elle pense que tu peux me convaincre, n'est-ce pas ?

— En effet, mais je ne te connais pas encore très bien et je ne sais pas trop par quoi tu as passé depuis ton arrivée sur la Terre, alors...

Raven posa sa main sur sa jambe abîmée et souffla par le nez. Aldric s'assit ensuite près d'elle et lui expliqua ce que Clarke lui avait dit, quelques minutes plus tôt.

— Elle semble te faire confiance... dit-il ensuite.

— C'est ce qui m'étonne, parce que depuis qu'on se connaît, elle et moi, je n'ai jamais vraiment été son amie... Elle a tué mon petit-ami, quand même.

— J'en ai entendu parler, répondit Aldric. Tu lui en veux encore ?

Raven secoua la tête.

— Non, parce que je sais maintenant qu'elle lui a sauvé la vie, en quelque sorte, mais de là à devenir la Régente des Terriens... ! Jamais je ne pourrais assumer ça toute seule, déjà qu'elle y arrive à peine...

— Oh, elle y arrive, répondit Aldric. Elle fait les choses à sa manière et ça fonctionne... Jamais Heda n'aurait fait ce qu'elle a fait pour nous sauver la vie, de toute façon, ajouta-t-il. D'une, parce que personne ne savait que ce qui contrôlait les miens était une entité informatique et de deux, parce qu'ils n'avaient aucune idée de comment l'atteindre...

Il se tut un instant et posa ses mains sur ses cuisses.

— Tu sais, chez les Trishanakrus, on te respecte plus que Wanheda, Reivon.

— Ah ? Et en quel honneur ? Je bidouille des codes et des ordinateurs et vous avez la technologie en horreur, grimaça la brune.

— Hm, disons que nous laissons croire aux autres ce qu'ils désirent croire, répondit mystérieusement le Terrien avec un sourire en coin.

Raven haussa les sourcils, surprise, puis soupira.

— Tout ça ne résout par le problème, dit-elle. Clarke a raison sur un point, même si ce n'était pas cool de sa part de le mentionner, mais je n'ai personne qui m'attend à Arkadia. Mais rester un an ici à diriger un peuple tout entier ?

Raven haussa les épaules.

— Tu ne seras pas toute seule.

Le Terrien pivota sur son tabouret et Raven tourna la tête. Roan entra alors dans le labo, observa les alentours puis reporta son attention sur Raven.

— Comment ça ? demanda-t-elle.

— Clarke te fait confiance pour la seconder en son absence, mais tu n'y connais rien et elle le sait, répondit Roan. C'est pourquoi nous allons quitter Polis, demain, direction la plate-forme pétrolière des Floukrus.

— Luna ? demanda Aldric.

— Luna, répondit l'Azgeda. Et Gaia.

Raven se redressa.

— Gaia ? répéta-t-elle. Mais je croyais que...

— Gaia va revenir à Polis et sera sous tes ordres, Raven, répondit Roan. Luna sera là pour te conseiller et Goran aussi. John Murphy va rentrer à Arkadia avec nous et Clarke va accéder à sa requête de faire de Seiden le nouveau Fleimkepa.

— Alors la Flamme va rester avec Seiden ? demanda Aldric.

— Non. Clarke l'aura sur elle. Il se peut que nous trouvions Heda pendant notre voyage, dans ce cas, il sera intronisé, puis nous rentrerons avec tous les autres Natblidas que nous aurons trouvés. D'ici notre retour, l'Académie sera certainement terminée, ainsi les enfants auront un endroit sain où vivre leur enseignement.

Raven hocha lentement la tête. Elle ne connaissait pas Luna et encore moins Gaia, du moins, elle avait entendu parler de celle-ci et de sa tentative foirée de prendre le contrôle des Terriens pendant le court « règne » de l'Azgeda, mais c'était tout.

— Je suis flattée, Roan, dit alors la brune. Mais je ne pense pas accepter. Je ne suis pas quelqu'un de public, je suis bien dans l'ombre de mes ordinateurs.

— Je comprends... répondit Roan. Je vais en parler avec Clarke et nous prendrons une décision en fonction de ton choix.

Raven opina, un peu surprise qu'il accepte aussi facilement et Roan tourna les talons. Aldric regarda alors la brune qui soupira en levant les yeux au ciel.

— Ne me regarde pas comme ça ! dit-elle en quittant sa chaise. Je suis une... mécanicienne, je ne suis pas un chef, je ne sais pas faire, je...

— Tu ne seras qu'une figure de chef, Raven, répondit Aldric en la suivant, faisant pivoter son tabouret. Et tu ne seras pas toute seule, Luna kom Floukru a été élevée depuis son plus jeune âge pour devenir Heda un jour, alors certes, elle a abandonné pendant son Conclave, mais elle a la formation qu'il faut. Quant à Gaia... Je suis assez de ton avis, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

— Si j'accepte, Seiden et Luna seront ce que John et Goran sont pour Clarke en ce moment, dit Raven. Mais je ne veux pas d'une femme aigrie qui attendra la première petite faille pour me doubler !

— Je suis d'accord, mais connais-tu Seiden ?

— Pas mieux, mais je connais John, ça me suffit, je sais qu'elle s'est entichée de lui mais qu'il l'a repoussée et que cela ne lui a pas plu.

Aldric opina. Un silence s'installa et Raven posa ses mains sur ses hanches, regardant le sol. Elle serra les lèvres, indécise, jeta un œil dans le couloir, puis soupira bruyamment.

— Ok, dit-elle alors. Très bien. Je vais garder le trône de Clarke au chaud pendant son absence. Mais j'ai des conditions.

Aldric sourit et hocha la tête. Il se leva et osa une chose qu'il n'avait pas encore osée, il prit la jeune femme dans ses bras et elle posa son front contre son torse. Elle sourit ensuite et recula.

— Je ne sais pas pourquoi tu n'es pas encore marié, toi, dit-elle. Mais je pense qu'elle loupe quelque chose.

Aldric rigola puis la jeune femme décida d'aller voir Clarke tout de suite avant qu'elle ne prenne des décisions qui pourraient aller à l'encontre de celle de Raven.

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Le lendemain, le départ pour la plate-forme des Floukrus se fit un peu dans la précipitation, car personne n'avait prévu que la Régente s'en irait. Goran fut désigné comme Régent pendant le temps de ce voyage qui devrait prendre environ une semaine et il avait déjà dans l'idée de donner quelques leçons rapides à Raven.

Le soleil n'était pas encore levé, mais dans les couloirs de la tour, les domestiques s'agitaient déjà.

Toc, toc

— Entrez. Ah, Roan, j'en ai pour une minute.

— Pas de soucis. Derek est prêt ?

Le jeune garçon sortit au même moment de sa chambre avec un sac en peau sur le dos.

— Bonjour, Roan !

— Bonjour, mon garçon. Donne ton sac. Tu as tout ce qu'il te faut là-dedans ?

— Oui, pourquoi ? Il manque quelque chose ? s'étonna Derek en regardant Clarke.

— Si tu as mis dedans tout ce que j'ai dit, alors non, répondit la blonde.

Elle repoussa le rideau de mousseline qui entourait son lit en fermant un sac en peau et sourit à Derek. Roan tendit la main et prit le sac de la jeune femme tandis qu'elle s'enroulait dans une épaisse cape en laine avec de la fourrure au col. Elle sortit ses cheveux et traversa la chambre en prenant quelques petites choses au passage qu'elle glissa dans ses poches et sa ceinture.

— Ah ! Goran ! dit-elle soudain comme le Conseiller apparaissait derrière Roan. Tout est prêt ?

— Oui, Wanheda, les chevaux vous attendent en bas. Soyez prudents et envoyez un oiseau quand vous serez arrivés.

— Oui, bien entendu, répondit Roan. Merci d'assurer l'intendance, Goran.

Le Trikru inclina la tête puis Clarke et Derek quittèrent la chambre, suivis de Roan. Ils descendirent rapidement jusqu'au rez-de-chaussée de la tour et trouvèrent John, Raven et Seiden près de trois chevaux harnachés pour un long voyage.

— Tu es aux commandes avec Goran, dit Clarke en regardant John. Je te fais confiance.

— Aucun soucis, répondit le jeune homme. Je ne ferais pas l'erreur de Gaia, ne t'en fais pas.

— J'espère bien ! s'exclama Clarke en rigolant. Toi, je ne t'épargnerai pas !

Rijant ! s'exclama Seiden.

— C'est une blague, Seiden, répondit John en posant une main sur son bras. Clarke ne me fera pas de mal, n'est-ce pas ?

— Pour que ta femme me tue ? Non merci !

Tout le monde rigola puis Clarke, Roan et Derek enfourchèrent leurs montures et quittèrent la ville alors que les premiers Terriens se réveillaient à peine.