NDA : Cher tout le monde, on se retrouve pour le 5ème chapitre. J'ai eu un grand plaisir à l'écrire et j'espère que vous trouverez autant de bonheur dans cette lecture même si la joie est encore loin d'animer nos chers personnages !

Pour information, j'ai également publié un OS cette semaine "Arsonist's Lullaby", un pré-Poudlard Severus/Harry qui moulinait dans ma tête donc n'hésitez pas à aller le lire pour patienter jusqu'au prochain chapitre !

CEEEEPENDAAAAAANT, "Sonate d'un enfant roi" reste mon écriture prioritaire et que j'avance bien dessus (bon pas trop cette semaine en réalité mais l'histoire est bien ancrée dans ma tête et mon cœur). Je vous confirme un rythme de publication jusqu'au 20 décembre si mes calculs sont bons et ça c'est chouette ! Il ne me reste plus qu'une poignée de chapitres à écrire pour la fin de la Partie 1.

Trêve de mondanités, voici le chapitre 5 !


Chapitre 5

Severus Rogue avait toujours eu un talent particulier pour soigner ses entrées.

Il savait que son nez beaucoup trop grand et ses cheveux désespérément gras étaient loin d'être des atouts mais Rogue avait appris avec le temps que tout était dans l'apparence. Un regard, une réplique, un geste. L'apparence et la prestance. De la prestance, Lily en avait. C'était un rayon de soleil. Pas seulement dans sa vie à lui, adolescent perdu et maltraité par son alcoolique de père, mais aussi pour n'importe quelle personne qui croisait la route de Lily Evans. Son sourire, sa joie de vivre et sa paix intérieure ne lui faisaient jamais défaut. Cela ne la rendait que plus belle, et Merlin ce qu'elle était belle.

Severus Rogue avait beaucoup appris d'elle. Il savait qu'il ne pourrait jamais avoir cette joie de vivre en lui que Lily possédait. En revanche, c'est avec elle qu'il avait appris à s'imposer. A sa façon. Le silence dans sa classe, l'écoute attentive des autres alors qu'il élevait à peine la voix et les regards effrayés dès qu'il haussait simplement un sourcil, c'est à Lily qu'il le devait. Il devait tout à Lily.

Même lorsqu'il commença à planter des couteaux dans le dos. Il avait trahi la seule personne qui avait de la valeur à ses yeux. Mais qui d'autre avait-il à trahir ? Là aussi, lorsqu'elle avait été blessée par ses mots affreux et qu'elle ne l'avait pas pardonné, elle respirait la lumière tandis que lui sombrait peu à peu dans les ténèbres. Comble de l'ironie, c'est ainsi que sa réputation s'était étoffée et que désormais le monde se retournait sur son passage comme il l'avait rêvé.

Ainsi, Rogue avait toujours eu un talent particulier pour soigner ses entrées.

Les portes se fracassèrent dans un brouhaha qui fit couiner de mécontentement le phénix perché sur l'épaule de son propriétaire. Albus Dumbledore ne sursauta pas, comme s'il s'attendait à l'arrivée du maître des potions et une bouffée de fureur alimenta la colère qui palpitait dans les veines de ce dernier.

- Severus, souhaitez-vous vous asseoir ? proposa le professeur en montrant le siège devant son bureau.

Oubliant sa baguette, Severus Rogue donna un coup de pied brutal dans le siège qui bascula dans un fracas. Le professeur observa le siège quelques instants puis replaça son regard bleu sur celui furieux du professeur.

- AVEZ-VOUS PERDU LA TÊTE ? explosa le professeur de potions dont la magie crépitait autour de lui, prête à exploser. Comment… COMMENT AVEZ-VOUS PU DIRE A POTTER QUE…

- Que quoi Severus ? coupa le directeur d'une voix calme. Je n'ai rien dit de compromettant. Votre secret est toujours bien gardé avec moi.

- Que lui avez-vous dit ? demanda le professeur d'une voix menaçante.

- Rien concernant l'amour que vous avez pu porter à Lily.

- NE DITES PAS LES CHOSES COMME CELA ! hurla à nouveau Rogue, le cœur battant à tout rompre.

Ô qu'il aurait pu étriper le directeur à l'instant même...

- Les choses étaient ce qu'elles étaient, vous éprouviez de l'amour et je vous le répète, il n'y a jamais rien eu de plus beau en vous.

- Arrgh ! balaya Severus d'un geste rageur. Vous aviez promis…

- J'ai promis de ne pas dévoiler cette partie de votre histoire et je l'ai fait, dit Dumbledore d'une voix douce.

- ALORS COMMENT SE FAIT-IL QUE POTTER ME SIGNALE QUE JE CONNAISSAIS SA MÈRE ? COMMENT SAIT-IL POUR LES POTIONS ! NE MENTEZ PAS ! s'écria avec impatience le maître des potions, tentant de contenir sa magie avec tant de mal qu'une douleur à la tête commença à le lancer.

- J'ai juste trouvé un moyen de le motiver pour le reste de la semaine, s'expliqua le professeur dans un sourire compatissant. Il ne sait rien de plus que ce que je lui ai dit à savoir que sa mère avait un don pour les potions et que vous étiez amis durant votre jeunesse. Rien de plus, ajouta le professeur en insistant sur les derniers mots.

Rien de plus, se répéta Severus la mâchoire tellement serrée qu'il en avait des contractions dans le cou. C'était une catastrophe. Pas seulement que le gamin soit au courant, cela, il pouvait toujours nier. Mais désormais, tout lui revenait en pleine face. En parler rendait les choses réelles. Ces choses enfouies depuis des années comme une vieille potion qu'on laisse mijoter et sur laquelle on met un couvercle. On sait qu'elle est là mais on ne la regarde pas et peu à peu, on n'y fait plus attention. Sauf que, indéniablement, la potion finit par refaire surface.

Ce moment était donc arrivé. Lui qui pensait révéler les secrets au moment de sa mort. Peut-être dans une mort pleine de rédemption où il aurait fourni toutes les informations au Survivant par exemple. Il aurait regardé ses yeux une dernière fois, juste pour que les yeux de Lily reste à jamais gravés en dernière image. Les choses auraient dû se passer de cette manière.

Cela lui apprendrait à vouloir se la jouer mélodramatique.

Et maintenant quoi ? Qu'allait-il pouvoir faire ? Le gamin allait lui poser tout un tas de questions auxquelles il n'avait pas envie de répondre. Son histoire avec Lily était la sienne. Et le vert des yeux de Lily pouvait être aussi chargé d'espoir, le Survivant n'obtiendrai rien. Il se le jura aussitôt. Tout cela expliquait le comportement étrange du gamin… Dumbledore ne rendait service à personne en distillant des informations de la sorte.

Une douleur lui pinça le thorax. Culpabilité, analysa-t-il. Cela faisait des années qu'il avait réussi à l'endormir pour qu'elle ne prenne pas toute la place. Quelques mots avaient suffit pour que le détonateur s'enclenche. Lily était morte par sa faute. Il y avait une prophétie. Un orphelin qui devrait affronter un jour le plus grand mage noir de tous les temps. Et c'était de sa faute.

Toutes ses émotions lui revinrent en pleine face comme un raz-de-marée.

Inspirant de grandes goulées d'air, le professeur prit sa tête dans ses mains, tentant de se reprendre le plus vite possible. La mort de Lily le submergeait à nouveau comme au premier jour où il avait appris sa disparition. La haine envers le gardien du secret des Potter, envers James qui n'avait pas su protéger Lily, envers le Seigneur des Ténèbres, envers Dumbledore qui habituellement maîtrisait tout, et surtout envers lui-même. Lui, Severus Tobias Rogue. Monstre, traître, Mangemort, à nouveau traître et enfin perdant. Puisque dans le fond, c'était de sa faute. La tristesse face au gouffre de solitude qui s'était emparé de lui sans crier gare lui revint en pleine face. Lui qui croyait s'en être sorti…

En septembre, lorsque Potter était arrivé, ses barrières mentales avaient vacillé mais juste un peu. Le gamin ressemblait beaucoup trop à feu Potter pour être totalement déstabilisé. Au contraire, la haine avait nourri et préservé sa santé mentale.

Et voilà que Dumbledore foutait tout en l'air avec ses conneries.

- Severus...

La voix du directeur semblait lointaine.

Le professeur des potions se dégagea de la main posée sur son épaule d'un mouvement brusque. Il inspira trois fois, ferma les yeux et les rouvrit. L'émotion qui l'avait traversé était maîtrisée. Pour le moment. Les apparences étaient plus ou moins sauvées. Un peu plus et il s'effondrait par terre, pleurant comme un petit enfant. Il s'échappa du bureau, vidé.

oOo

Salut Harry,

Je n'ai pas eu le temps de répondre à ta lettre plus rapidement, maman nous a obligé à dégnommer le jardin avec Ginny.

Cela paraît effectivement étrange cette histoire de classe d'été maintenant que tu en parles. Essaye de voir de plus près ce que traficote ce serpent. De mon côté, je fais tout pour te sortir de là. J'ai demandé à maman hier pour que papa puisse écrire au directeur afin que tu viennes à la maison. On attend une réponse au plus vite ! Peut-être que si papa croise Dumbledore au ministère, il pourra lui toucher deux mots. Mais en ce moment, il est très occupé avec tout un tas de perquisitions à faire. D'ailleurs tu sais quoi ?! Je l'ai entendu dire à maman qu'il allait bientôt perquisitionner les Malefoy ! Peut-être pour ça que son père a envoyé son fils ici à Poudlard, histoire de le protéger de toutes ses magouilles.

En parlant de Malefoy, vraiment navré pour votre bagarre. C'est vraiment un sale type. Mais l'idée de t'imaginer lui refaire le portrait me fait hurler de joie. J'aurais aimé être là pour voir ça !

Je te tiens au courant pour que tu viennes à la maison,

Ronald

Harry rangea soigneusement dans son tiroir le courrier de Ron qui était arrivé alors qu'il entrait à peine dans son dortoir. Hagrid devait certainement l'attendre pour le thé mais la motivation de Harry était au plus bas.

Trop de choses s'étaient déroulées durant cette simple journée et le Gryffondor était juste lessivé. Allongé sur son lit, le regard dans le vide, Harry réfléchissait. Le professeur de potions avait l'air hors de lui. Harry s'attendait presque à le voir débarquer d'une minute à l'autre pour le tuer. Visiblement, ce n'était pas une bonne idée de tenter de discuter avec le professeur. Harry soupira douloureusement et prit son oreiller pour hurler dedans. Qu'avait-il imaginé ? Parfois il ne réfléchissait vraiment pas… Le professeur allait sûrement lui en vouloir jusqu'à la fin de sa vie.

Au moins, le courrier de Ron lui avait un peu remonté le moral. Leurs derniers courriers avaient dû se croiser et Ron allait certainement lui répondre bien rapidement quand il découvrirait l'amitié de Rogue et la mère de Harry. Au moment d'écrire, Harry avait énormément douté quant à la pertinence de révéler ce secret à ses amis. Mais le Gryffondor ne pouvait pas garder cela pour lui. C'était beaucoup trop intense et choquant. Ron et Hermione étaient les deux seules personnes à qui il pouvait parler de tout.

Harry se tourna sur son flanc pour regarder le ciel à travers la fenêtre. La tour de Gryffondor possédait une ambiance bien spéciale lorsqu'il n'y avait plus personne. Plus calme mais dont la magie semblait pulser dans les parois des murs de pierre. Songeur, les pensées du garçon voguèrent vers ses parents. Il en savait si peu sur eux. Tante Pétunia ne lui disait jamais rien à leur sujet et il avait rapidement compris qu'il ne fallait pas poser de questions.

Le ciel gronda, prémisse d'un orage d'été et Harry sursauta, sortant momentanément de ses préoccupations. Au moins, il n'aurait pas besoin de justifier à Hagrid son absence. Peu à peu, alors que la pluie martelait les vitres et que le tonnerre jouait sa plus belle mélodie, Harry sentit ses paupières devenir lourdes. Son esprit erra vers sa mère. Il la voyait sourire, rire et danser autour de lui. Puis, il se retrouva subitement avec elle. Sa main était dans la sienne et elle l'obligeait à tourner avec lui.

- Allez tourne Harry, danse, danse ! Regarde comme tu es beau mon fils !

Une boule de chaleur se propageait dans le corps d'Harry. Un bien être comme il n'avait encore jamais connu. C'était doux, paisible et réconfortant. Amour. Harry voulait rester avec sa mère, dans ce songe, pour toujours. Et alors qu'il tournait avec elle, il savait que rien ne pouvait lui arriver. Sa gentillesse illuminait les traits de son visage et Harry se sentit sourire dans son sommeil.

- Reste près de moi maman, dit-il à sa mère.

- Toujours Harry, toujours, lui répondit-elle en s'arrêtant de tourner et en caressant doucement son visage.

oOo

A la mort de Lily, plus rien n'avait eu de sens pour Severus Rogue. Et à chaque fois qu'il pensait naïvement qu'il ne pourrait pas avoir plus mal, un nouvel événement arrivait, enfonçant le clou un peu plus.

D'abord, le jour où Lily avait refusé de lui pardonner, à juste titre, suite à l'insulte qu'il avait proféré à son encontre. A chaque fois qu'il y pensait, il se flagellait mentalement. Il avait eu assez d'années pour mariner. Lily était entièrement dans son droit de refuser ses piètres excuses égoïstes. Lorsqu'il sût qu'il l'avait perdu, il avait cru que son cœur ne fonctionnerait plus jamais correctement. Mais après tout, il se rassurait en se disant que le temps ferait les choses.

Avec une idiotie à faire pâlir les familles Crabbe et Goyle réunit, Severus Rogue avait cru que rejoindre le pouvoir montant permettrait à Lily de le remarquer à nouveau. Le Severus de quinze ans était un être hautement prétentieux et abruti. Combien de fois lui avait-elle dit qu'elle détestait la magie noire ?

Puis, Lily s'était mise avec James Potter. Son ennemi de toujours. Sur les milliards d'hommes de cette planète, il avait fallu que Lily tombe dans les bras de James Potter. La colère avait pris le pas sur la tristesse mais il avait vu Lily heureuse, il avait vu Lily sourire et rire. Même James l'avait abandonné à ses jeux puérils puisque ses yeux n'étaient portés que vers Lily. Alors il s'était consolé de cette manière, en gardant le sourire de Lily accroché à son esprit tout en voyant les choses évoluer pour lui, pour sa carrière et sa grandeur en devenir. Le mage noir était hautement impressionné par ses talents. Le monde entier le verrait un jour. Lily la première.

Ensuite, tout s'était accéléré. La prophétie qu'il avait rapporté au Seigneur des Ténèbres, l'horreur de découvrir que ce monstre avait vu en Harry Potter son égal, la peur de perdre la seule personne sur cette planète qui méritait de rester en vie. Honte supplémentaire lorsqu'il pensait à cette période de sa vie, il avait proposé de donner l'enfant en échange de la vie de Lily. Voyant que c'était chose perdue, il avait rampé vers Dumbledore. Il avait écrasé ses propres rêves de gloire et de grandeur.

Alors que jusqu'à cet instant tout valait le coup pour un peu de pouvoir, il s'était rendu compte que rien ne valait la vie de Lily. Ni la reconnaissance du plus grand maître de magie noire que Severus n'avait jamais rencontré, ni le pouvoir, ni les honneurs. Pour Lily, il mettait toutes ses chances à la poubelle. Son ambition l'avait perdu et l'avait entraîné dans la spirale infernale de l'obscurité. Et c'est Lily, aussi éloignée de lui qu'elle pouvait l'être, qui lui avait permis de retrouver la lumière. C'était toujours Lily.

Lily, Lily, Lily.

Il n'avait jamais été aussi minable et inquiet, aux pieds de Dumbledore. Mais il avait de l'espoir.

Espoir écrasé dans l'œuf. Lily était morte et il avait cru qu'il n'aurait jamais aussi mal de sa vie. Il pensait mourir d'une minute à l'autre. Le cœur pouvait-il s'arrêter de chagrin ? Il l'avait souvent souhaité. Et parfois, il voulait que cette douleur dure éternellement.

Parce que c'était un rappel à sa bêtise. Parce que ça lui permettait de ne jamais oublier Lily et à quel point il l'aimait.

Dumbledore avait brandit la protection du survivant sous le nez de Severus telle une bouée pour ne pas sombrer. Le directeur lui donnait une raison de rester ici. Le mage noir reviendrait un jour… Un leitmotiv qu'il avait tant entendu. Il avait fait jurer à Dumbledore de ne rien dire.

Et désormais, alors que tous ses souvenirs remontaient à la surface, Severus Rogue se sentait envahi et étouffait purement et simplement. Dumbledore avait ouvert cette vieille cicatrice avec une lame brûlante et il en sortait toutes ces émotions dégueulasses que Severus Rogue avaient tenté de garder à l'abri pendant toutes ces années.

Devant son verre de whisky-pur-feu, le maître des potions tournaient dans tous les sens les paroles et actes d'Albus Dumbledore ces derniers jours. Quel était son but ? Pourquoi révéler cette information au Survivant ? La gorgée de liquide ambré brûla la gorge du professeur mais il en prit une seconde rapidement. Une migraine lui martelait les tempes.

À la mort de Lily, Severus Rogue s'était mit à boire pour oublier. Il allait dans des bars à Inverness en plein cœur des quartiers moldus et buvait. Parfois, une femme accompagnait sa descente. Cela se terminait à chaque fois sur le capot d'une voiture, dans un hôtel miteux ou dans les toilettes mêmes du bar. Il déversait sa tristesse, sa hargne et son désespoir dans ses conquêtes d'un soir. Il faisait bien attention à ce que la femme ne ressemble pas à Lily. Mais c'était une précaution inutile. Lily était unique.

Ce soir-là, le professeur se contenta juste de boire. De boire et d'augmenter les doses.

oOo

Il faisait encore nuit lorsque Harry ouvrit les yeux. Pendant un instant, il avait presque oublié pourquoi une boule d'angoisse se logeait dans son estomac. Tout lui revint d'un coup. Sa mère, Rogue, l'amitié entre eux, la colère de Rogue quand il lui avait dit. Et puis toutes les questions qui tournaient dans sa tête au moment où il s'était endormi.

Harry se redressa dans son lit, encore groggy de sa nuit. Il s'était endormi tout habillé. Il jeta un coup d'œil à l'extérieur du château. La vue sur le parc était apaisante. Il ne pleuvait plus et le silence était déchiré uniquement par sa respiration. Jetant un coup d'œil à sa montre, Harry pesta. Il n'avait plus du tout envie de dormir mais il était beaucoup trop tôt pour se rendre au petit déjeuner.

Il décida de descendre dans la salle commune où il pourrait toujours feuilleter le dernier Quidditch Magazine. Mais c'était sans compter ses pensées qui se remirent à mouliner à l'instant même où il fut complètement et définitivement réveillé. Ce fut à nouveau le bal des questions : pourquoi sa mère et Rogue étaient amis ? Pourquoi Rogue n'avait jamais parlé de Lily à Harry ? Pourquoi Rogue détestait Harry ? Cela avait-il à voir avec la mort de Lily ? Est-ce que Rogue lui en voulait que Lily ce soit sacrifié pour lui ? Y avait-il un bouton pause dans le cerveau ?

Quand le ciel bleu s'éclaircit, en plus d'avoir mal au ventre, un douleur lui transperçait le crâne et les yeux. Un mal être grandissant en lui, Harry préféra s'allonger en chien de faïence sur le canapé, se demandant s'il allait être malade. Il devait sûrement avoir besoin de sommeil. Mais il ne devait pas dormir, le petit déjeuner commençait bientôt… Harry essaya de se concentrer sur ce qui habituellement l'empêchait de s'assoupir.

C'est cependant toujours lorsqu'on veut lutter contre le sommeil que l'on devient le plus gros dormeur de la terre.

- Potter levez-vous ! Vous avez un dortoir pour dormir ! Pas étonnant que vous vous réveillez aussi tard si vous prenez le canapé de votre salle commune pour votre lit !

Harry ouvrit les yeux avec difficulté. Il ne s'étonna même plus de ne pas être aussi paniqué d'entendre la voix de son professeur de potions. Si son mal de tête avait disparu, le nœud dans son estomac était toujours présent. Frottant ses yeux, Harry se redressa prudemment, n'osant pas regarder son professeur de potions.

- La séance a commencé depuis deux heures déjà, claqua le professeur, dépêchez vous de venir. Je ne suis pas censée être votre réveil matin ! Maudit Dumbledore qui ne peut pas venir de lui-même voir si son protégé est réveillé, bougonna-t-il pour lui-même.

Le professeur de potions était déjà loin et Harry resta assis quelques secondes, ses yeux dans le vague fixant la cheminée. Il aurait aimé rester dormir. Pour une fois qu'il avait un sommeil sans rêve… Harry s'étira et après un rapide passage à la salle de bain, descendit jusqu'aux cachots.

Cette histoire de challenge lui était totalement sortie de la tête. Maintenant, il savait que c'était fichu pour lui. Il n'avait jamais pu rendre son devoir de vacances comme Rogue l'exigeait puisque Malefoy lui avait saboté ses chances. Un élan de colère s'abattit en supplément de la fatigue sur les épaules de Harry. Il détestait Malefoy. Vivement la fin de la semaine.

- Excusez-moi pour le retard, dit Harry poliment en passant à côté du bureau de Rogue qui préparait une potion.

Harry se sentait lent et groggy ce matin-là et il resta plusieurs minutes à observer la salle. Tout le monde travaillait silencieusement. Les chaudrons n'étaient pas allumés. Le challenge avait-il été annulé ? Était-ce de sa faute ?

Le maître des potions coupa court à ses pensées et se posta devant son bureau.

- Avez-vous pu avancer sur votre devoir ? demanda-t-il.

- Non monsieur.

- Je suppose que nous n'obtiendrons rien de plus alors ?

Harry leva les yeux pour regarder le professeur. L'homme le regardait de son air sombre habituel. Rien n'avait changé, pensa Harry.

- Bien, dit le professeur en faisant apparaître un parchemin. Voici votre problématique, vous avez la même que Mr. Malefoy. Vous avez jusqu'à samedi matin.

Harry, les mains sous son bureau, observa longuement son parchemin sans parvenir à mobiliser son attention sur la problématique qui était sous ses yeux. Le professeur avait filé aussi vite qu'il était apparu.

Puffett écrivait frénétiquement, raturait et marmonnait toute seule. Elle semblait être prise dans une transe qui rappelait sans mal Hermione. Les deux garçons discutaient entre eux et semblaient s'apporter une aide mutuelle. Manifestement, cela ne semblait pas poser problème au professeur de potions. Ce dernier était penché vers Malefoy, pointant de son doigt fin des paragraphes du livre que le blond avait ouvert. Harry chassa rapidement ce pincement au cœur, de peur d'identifier d'où cela venait.

Harry relut cinq fois son problème imposé sans réussir à se concentrer. De façon tout à fait impulsive, Harry se dirigea vers Puffett. La jeune fille leva les yeux vers lui puis se remit à son travail. Harry resta planté à côté d'elle.

- As-tu besoin de quelque chose ? demanda-t-elle finalement d'un ton qui trahissait l'ennui.

Harry répondit par un simple grognement. Il avait juste besoin de se dégourdir les jambes.

- Charmant, répondit-elle. J'ai besoin de prendre ces araignées vivantes, dit-elle en pointant du menton le bocal qui grouillait d'araignées, tu seras gentil de m'en donner.

- T'as peur ? demanda Harry d'un ton moqueur.

Il eut en réponse un regard noir et Harry leva les yeux au ciel avant de se saisir du bocal et plonger la main dedans.

- T'en veux combien ? demanda-t-il.

- Trois, jette-les dans le chaudron quand je te le dirai.

Harry vit nettement le frisson de dégoût qui traversa la jeune fille. D'humeur taquine, Harry se mit à sourire.

- Pour quelqu'un qui veut être prof, tu risques d'avoir du mal si tu as peur des araignées.

- Eh bien j'aurais des assistants, répliqua-t-elle d'une voix sèche avant d'allumer son chaudron. Maintenant.

Elle se recula lorsque Harry s'approcha avec les araignées qui tentaient de s'échapper. Harry les observa se noyer dans l'eau brûlante.

- Pauvres bêtes, murmura-t-il.

- Tu plaisantes j'espère ? Ce sont des animaux du diable, grimaça-t-elle.

-Pourquoi tout le monde déteste autant les araignées ? demanda Harry les sourcils froncés. Ce sont des bêtes incomprises. Oh Merlin, je parle comme Hagrid !

A la grande surprise de Harry, Puffett éclata de rire. Ainsi, les Serpentard avaient un sens de l'humour… Harry resta les yeux ronds, observant la jeune fille se reprendre et secouer la tête pour se remettre à son travail.

- Ce que je déteste chez ces bêtes, c'est que tu les vois et l'instant d'après elles disparaissent. A croire que ça les amuse, reprit-elle le plus sérieusement du monde. Tiens, donne moi le veracrasse s'il te plaît. Pas avec les doigts comme ça ! Utilise la pince.

Harry roula des yeux et prit précautionneusement l'ustensile pour attraper le mucus.

- Je fais quoi ? demanda-t-il tenant la pince à deux mains.

- Dans le chaudron. Ensuite, j'imagine ces bestioles revenir pour m'attaquer dans mon sommeil ou pire entrer dans ma bouche alors que je dors.

Cette fois, ce fut Harry qui éclata de rire, secouant la tête devant tant d'imagination. La jeune fille lui adressa un regard dédaigneux. De toute évidence, la susceptibilité de la sixième année était assez développée. Ne souhaitant pas se faire une ennemie, Harry parla sans réfléchir.

- Les araignées ne peuvent rien te faire pendant ton sommeil, je peux te l'assurer. J'en avais trois dans mon placard chez mon oncle et ma tante.

- Oui mais quand elles sont dans le placard, elles y restent. Je te parle des araignées qui sont juste dans le coin de ta chambre et qui cinq minutes plus tard ont disparu.

Harry se sentit rougir violemment, le cœur faisant une embardée. Il avait vraiment parlé sans réfléchir. Personne ne savait pour son placard sous l'escalier dans lequel il avait vécu pendant des années. Personne à part Dumbledore. Voilà qu'il lâchait l'information à une parfaite inconnue, Serpentard de surcroît. La jeune fille avait visiblement le don de dénouer les langues sans que l'on s'en rende compte. Heureusement, elle était à nouveau concentrée sur ses notes et ne semblait pas constater le malaise de Harry.

- Bon...Euh, j'y vais, bafouilla Harry.

Harry descendit du tabouret sur lequel il s'était perché et retint un glapissement lorsqu'en se retournant il tomba sur le professeur. Les bras croisés sur le torse, ses longues capes lui donnant l'apparence d'une chauve-souris le toisant de haut, le professeur inspectait Harry d'un œil suspect.

- Je n'ai rien fait ! se précipita de dire Harry qui se rendit compte à l'instant où ses paroles franchissait ses lèvres qu'il avait tout l'air d'un coupable.

Un rictus mauvais habilla l'air sombre du professeur. Harry maintint son regard dans celui du maître des potions. Les billes noires du professeur semblait le sonder.

- Potter m'aidait à préparer ma potion, résonna la voix de Puffett qui coupa court au contact visuel entre le professeur et Harry.

- C'est ce que j'ai vu, répondit Rogue d'une voix lente. Retournez à votre place Potter.

Harry s'en alla sans un mot et le professeur se concentra sur son élève de sixième année. La boule au creux du ventre de Harry se réinstalla inconfortablement. Vivement la fin de ce stage, songea le Gryffondor en saisissant son parchemin. La volonté de réussir ce challenge était inexistante. Pas même l'espoir de McGonagall ni l'envie de gagner le coffret de Quidditch ne réussirent à motiver Harry.

Il y avait comme quelque chose de cassé à l'intérieur de lui depuis la veille. Toutes les questions qui tournaient dans sa tête l'empêchaient de se concentrer sur autre chose. Il était vidé de toute énergie. De toute manière, Rogue continuait son favoritisme envers les autres élèves.

Frottant son visage, Harry se saisit du papier que le professeur avait déposé plus tôt sur son bureau et lut la consigne :

Un enfant a avalé du poison. La potion anti-poison semble ne faire effet qu'à moitié. Trouvez une solution.

- Est-ce que c'est une blague ? ronchonna Harry d'un air bougon.

Il ne connaîtrait jamais la réponse. Harry croisa les bras sur son bureau, posa son menton sur ses mains. Il suffisait d'attendre que l'heure passe. Puffett lui lança un regard noir, l'intimant de se mettre au travail mais Harry lui tira la langue de façon totalement immature.

Cependant, il ne put lambiner bien longtemps, le professeur se dirigeait droit vers lui quelques minutes plus tard.

- Redressez-vous immédiatement, gronda Rogue. Pourquoi n'avez-vous rien commencé ?

- Je n'y arrive pas, répondit Harry entre ses dents.

- Vous n'avez même pas essayé. Cessez votre arrogance et votre fainéantise. Mr Malefoy a déjà une piste.

Évidemment vous l'aidez depuis tout à l'heure, fut tenté de répliquer Harry. Tenant tout de même à sa vie, Harry se dirigea vers la bibliothèque du fond de la classe d'un pas traînant et prit le premier bouquin qui lui tomba sous la main. Plantes et autres fleurs pour potions.

En ouvrant la première page, Harry regretta d'avoir choisi cet ouvrage. Le chapitre portait sur le Pétunia. Gé-nial. Il balaya la page et lut que la fleur était instable voire contradictoire et que l'intention du sorcier était plus importante que la fleur elle-même lorsqu'elle était utilisée dans une potion. Harry ricana sous cape. Cela ressemblait bien à sa tante. Tantôt adorable envers son mari et son fils, tantôt haineuse envers Harry. Il se rappelait encore des lèvres pincées de sa tante lorsqu'il s'approchait d'elle.

Sentant le regard de Rogue sur sa nuque, Harry se saisit de sa plume et prit des notes au hasard. Il n'aurait plus qu'à dire qu'il avait cherché dans cet ouvrage mais qu'il n'avait rien trouvé de plus et tant pis pour le coffret de Quidditch.

oOo

Si Potter n'avait pas été présent dans la pièce, le tableau aurait été parfait. Des élèves investis et motivés dans leur travail, des chaudrons qui commençaient à bouillir les uns après les autres et le silence. Que demander d'autre ?

De toute évidence, Potter faisait semblant de travailler. Severus l'avait vu piquer du nez plusieurs fois sur son livre puis reprendre des notes comme si de rien n'était. Si cet enfant avait passé une aussi mauvaise nuit que lui, c'était normal qu'il ne veuille que dormir. Mais un peu de tenue n'était pourtant pas si compliqué à avoir, non ?

On ne pouvait définitivement rien attendre des Gryffondors. Suffisait de voir comme le gamin s'était mis à son aise quelques minutes plutôt. Un vrai Potter ! Il discutait avec Puffett comme s'il avait été les meilleurs amis du monde. Un instant, le professeur eut crainte que le Survivant n'embête son élève et s'était approché discrètement, l'oreille tendue. Étonnamment, Potter discutait de façon tout à fait civilisée et ne semblait pas prompt à quelconques moqueries ou vantardises. Non pas qu'il en ait douté mais après tout, il était le fils de James Potter.

Cet enfant était tout de même étrange… Quelle était cette histoire de placard et d'araignées ? Pourquoi le gamin avait eu l'air subitement inquiet ? Quelle bêtise pouvait-il cacher ? Était-ce pour cela qu'il ne voulait pas se rendre à Privet Drive ?

Les pensées du maître des potions s'évaporèrent d'un coup lorsque des cris résonnèrent.

- C'est à moi ! Fiche moi la paix et dégage de là !

- Tu n'es pas censé tout garder pour toi Potter !

Dans un soupir exaspéré, le professeur de potions s'avança en deux enjambés vers le lieu du conflit. Drago Malefoy se tenait face à Harry Potter. Lorsqu'il pensait à tenue et prestance, Potter était à cet instant l'échantillon de ce qu'il ne fallait pas faire. Tremblant de tous ses membres, le gamin était rouge de colère et semblait sur le point d'exploser. Malefoy quant à lui, avait croisé les bras sur son torse et attendait visiblement la réaction et le soutien d'un adulte.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demanda finalement Severus.

- C'est lui ! s'écria Harry immédiatement. Il me pique mon livre sans même me demander !

- Tu ronflais sur ta table ! répliqua Malefoy.

- C'est faux !

- Ça suffit ! claqua la voix du professeur et les garçons la bouclèrent immédiatement.

Severus Rogue arracha des mains le livre que Potter tenait fermement contre lui. En voyant le titre, il ne put s'empêcher de froncer les sourcils.

- Tenez Mr Malfoy, vous retournerez cet ouvrage dès que vous aurez terminé.

Le Serpentard se saisit aussitôt du bouquin et s'en alla.

- J'étais en train de lire ! s'exclama Potter la voix tremblante de rage.

- Non, vous dormiez, répliqua le professeur.

- Mais juste avant je lisais !

Sérieusement ? Pensait-il pouvoir se défendre de cette façon ? Severus Rogue s'apprêtait à répliquer un sermon bien senti mais le Survivant le pris de cours.

- C'est injuste ! dit-il d'un ton accusateur en tapant du pied tel un enfant de deux ans. J'essaye de bien faire et Malefoy m'a arraché le livre.

- Je ne veux pas entendre vos pleurnicheries. Vous aviez ce bouquin depuis une heure, vous devez le partager. Je sais que c'est sûrement difficile à admettre dans votre petit monde où tout tourne autour de vous mais c'est ainsi.

Merlin merci, Severus Rogue avait d'excellents restes de son passé d'espion sinon il aurait certainement reculé de plusieurs pas en voyant l'expression du gamin. Des yeux verts lançant des éclairs de fureur, des pommettes rouges de colère et surtout cette moue désabusée. Le portrait craché de Lily.

- Je pense qu'une pause est de mise, finit par lâcher le maître des potions sans lâcher des yeux Potter qui semblait être en proie à une humeur dangereuse. Potter, reprenez-vous, je n'ai pas envie d'avoir la moitié de mon laboratoire en ruine.

A son grand étonnement, le Gryffondor chercha à contrôler ses émotions. Voilà qui était bien. Peu à peu, la magie qui émanait de Potter reflua doucement et Severus put tourner le dos à l'enfant.


NDA : Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Pensez-vous que Ron trouvera une solution pour que Harry se sauve de cet enfer ? Pensez-vous que Rogue va finir par s'ouvrir prochainement ou bien plus tard ? Harry va-t-il résoudre le problème de Rogue et gagner le coffret ? Dites-moi votre théorie, même la plus farfelue, j'ai besoin de rire !