NDA : Bonjour tout le monde,

Comme prévu le chapitre 7 !

Bonne lecture tout le monde et on se retrouve le 1er juillet !


Chapitre 7

Severus Rogue comptait à voix basse. C'était un excellent exercice pour calmer ses nerfs. Observant sa potion bouillir, il ajouta du crin de licorne lorsqu'il atteignit les trente secondes. Le liquide prit aussitôt une couleur ambrée comme convenu. Satisfait de son génie naturel pour l'art des potions, il se calma quelque peu.

Sa dernière discussion avec le directeur l'avait mis en rage. L'homme était rentré tard dans la nuit mais Severus Rogue l'avait attendu de pied ferme. Maintenant qu'il avait eu sa classe d'été comme il le souhaitait, que la majorité des différentes potions étaient prêtes pour l'infirmerie, il devait trouver une solution pour rentrer chez lui à l'Impasse du Tisseur.

Hors de questions de faire la nounou pour Potter.

Le professeur Rogue en était presque venu à supplier le vieil homme de renvoyer le gamin chez son oncle et sa tante ou l'envoyer chez les Weasley pour le reste de l'été. Un de plus ou un de moins dans cette famille ne changerait pas grand chose… Mais pour tout un tas de raisons obscures Dumbledore avait refusé.

Le maître des potions avait eu beau discuter, argumenter, tempêter, rien à faire pour convaincre le directeur. De plus, Dumbledore avait clôturé la discussion en rappelant que Harry avait une punition à honorer avec le professeur pendant deux semaines.

Comment cet homme était-il déjà au courant ? Severus Rogue n'en avait aucune fichtre idée mais cela lui avait coupé le sifflet. Il tenta de reporter cette punition à la rentrée sans grand espoir. Severus Rogue savait reconnaître lorsqu'il avait perdu. Dumbledore avait ensuite ajouté que le gamin resterait au moins jusqu'à la fin du mois de juillet à Poudlard. Bien évidemment, la présence de Severus Rogue était plus que souhaitable. Pour la sécurité du Survivant, cela allait sans dire. Pour enfoncer le clou, Minerva n'était pas de retour avant plusieurs jours. Severus devait donc garder un œil sur le Survivant. Non pas qu'il ne l'ait pas déjà fait durant l'année mais il espérait pouvoir profiter de sa solitude chérie et de ses potions.

Severus Rogue agita trois fois sa baguette au-dessus de son chaudron et la potion se mit à frétiller. Se passant une main sur le visage, il s'installa à son bureau. Le devoir de Potter reposait en évidence. Quelques efforts avaient été réalisés, il fallait l'admettre. Au bout de trois nouveaux essais, c'était la moindre des choses. On était cependant encore loin d'un niveau "effort exceptionnel". Il était temps que cet enfant sorte de sa bulle. Le brosser dans le sens du poil ne servirait à rien et Dumbledore ne semblait pas le comprendre. Pourtant, il connaissait tout aussi bien la prophétie concernant le Survivant.

La prophétie… Severus Rogue avait réussi à la ranger loin dans le fond de sa tête mais avec la révélation de l'amitié que le maître des potions avait entretenu avec Lily au Survivant, un tas de choses étaient revenues à la surface. Notamment la prophétie.

Un jour, Harry Potter devrait tuer le plus grand mage noir du monde sorcier.

Un rire nerveux s'échappa de la gorge du professeur. L'enfant allait droit vers la mort. Et ce n'était pas le comportement impétueux du garçon qui rassurait Rogue. Rayant une phrase mal construite qui trahissait un manque de maîtrise de la part du Gryffondor, Severus Rogue souffla. Ses ruminations se coupèrent au moment où la cheminée s'alluma dans des gerbes vertes. A l'intérieur des flammes se dessinait le visage d'Albus Dumbledore.

- Oh Severus, je me doutais que vous ne dormiez pas, dit le professeur Dumbledore. J'ai besoin de vous urgemment.

Severus Rogue réprima une réplique acerbe. Il comptait justement aller se coucher mais visiblement, cela devait attendre. Le bureau du professeur Dumbledore était tel que Severus Rogue l'avait quitté quelques heures plus tôt. Cependant, une personne se tenait en face d'Albus Dumbledore.

Arthur Weasley, l'air épuisé et les cheveux typiquement roux décoiffés, se tenait droit et adressa un sourire poli à Severus Rogue qui ne répondit pas.

- En quoi puis-je vous aider ? demanda le professeur de potions pressé d'aller dormir.

- Comme vous le savez Severus, commença le directeur sans préambule, Arthur Weasley doit mener plusieurs perquisitions concernant les objets moldus détournés. Les membres du Ministère ont trouvé ceci chez la famille Jugson.

Le professeur Dumbledore leva à l'aide de sa baguette une carafe en verre contenant un liquide bleu. Avant même que le directeur ne poursuive son discours, Severus Rogue sentit la magie noire pulser depuis la carafe. Pourtant, une âme non initiée pouvait rapidement tomber dans le piège qui se présentait là… Le liquide appelait à être bu. Il paraissait doux et sucré. Une odeur délectable s'échappait onctueusement de la carafe. Seul un nez comme celui de Severus Rogue était capable de sentir l'arrière odeur âcre et empoisonnée.

- Je reconnais ce regard, s'amusa Dumbledore. Nous avons besoin d'un expert en la matière tel que vous Severus. Il faudrait décomposer toute la potion pour prouver qu'il y avait intention de nuire.

- Avant la fin août si possible, ajouta Arthur Weasley dans un sourire contrit.

Ben voyons, pensa Severus Rogue avec amertume. Il pointa sa baguette vers la carafe et attira l'objet vers lui avant de l'entourer d'un sort de protection pour s'en saisir.

- Vous croyez que vous pourrez y arriver ? demanda Weasley père. Si besoin, je peux voir avec d'autres collègues qui…

- Aucun de vos collègues ou autres cornichons du Ministère n'est aussi doué que moi en potions Weasley, coupa Severus Rogue d'une voix froide. Je m'en charge.

Dumbledore eut un sourire amusé comme s'il assistait à une pièce de théâtre tandis que Weasley rougissait subitement. Ne souhaitant pas s'attarder plus longtemps, Severus retourna dans ses cachots. Avant de partir, il entendit distinctement le directeur assurer à Weasley qu'il allait adorer être challengé sur cette potion. Severus roula des yeux, agacé qu'Albus Dumbledore le connaisse aussi bien.

oOo

Harry se réveilla d'excellente humeur. Il était enfin en vacances et un weekend tranquille se présentait à lui. Les évènements de la veille étaient déjà loin dans son esprit et il descendit au déjeuner avec l'espoir de recevoir enfin un courrier de ses meilleurs amis.

- Fais gaffe à ne pas te faire renvoyer du seul foyer qui te reste Potter sinon tu seras bon pour l'orphelinat ! lança Malefoy en quittant la Grande Salle au moment où Harry arrivait.

- Ne t'abaisse pas à ça Drago, résonna une voix derrière eux alors que Harry était prêt à dégainer sa baguette.

Puffett se tenait contre un mur, l'air ennuyé. Ses affaires étaient déjà prêtes, une petite malle reposait à ses pieds.

- Eleonore, tu sais bien que c'est juste une petite taquinerie, lança Malefoy d'un air maladroitement charmeur qui fit grimacer Harry de gène.

- Non c'est immature, répliqua-t-elle.

Harry avait l'impression d'être soudainement devenu un pot de fleur assistant à une conversation entre Serpentard qu'il n'aurait jamais dû voir. Malefoy haussa les épaules et se dirigea vers les cachots. C'était la première fois que Harry voyait Malefoy s'adresser à quelqu'un sans avoir l'air excessivement hautain. Le fait que la jeune fille soit plus âgée et Serpentard devait indéniablement y jouer.

- Merci, dit Harry.

- Je n'ai rien fait, répondit-elle avant de se mettre à se ronger l'ongle de son pouce.

- Quand même…

- Bon qu'est-ce que tu veux Potter ? coupa-t-elle agacée. Mon père ne va pas tarder à arriver, je n'ai pas le temps de faire la conversation.

- Tu as été la plus gentille avec moi cette semaine. Sans toi ça aurait été encore plus nul, dit Harry.

- Je suppose que je dois bien le prendre, répondit-elle sarcastique. Bon allez, je vais déjà passer mes vacances avec toute ma famille qui prête littéralement serment à Helga Poufsouffle tous les soirs, ce n'est pas pour avoir des bons sentiments avant l'heure. Va manger, ordonna-t-elle d'un geste impatient de la main.

- Ta famille prête serment à Helga Poufsouffle ? demanda Harry les yeux ronds.

La jeune fille éclata d'un rire moqueur et Harry se sentit légèrement vexé. Les Serpentard étaient des personnes difficiles à suivre… Dire qu'il avait failli être envoyé là-bas… Heureusement, il était un Gryffondor, un vrai.

- Et puis je n'en démords pas, tu aurais du gagner ce stupide challenge, ajouta Harry en croisant les bras sur son torse.

- Je n'ai jamais eu besoin d'un chevalier servant Potter, répliqua-t-elle en le regardant droit dans les yeux. Toi-même tu viens de le dire, ce challenge était stupide. Je connais ma valeur et je n'ai pas besoin de récompense pour le savoir. Tu comprendras quand tu seras plus grand.

- D'accord, d'accord, se rembrunit Harry.

Qu'est-ce qui lui passait par la tête de vouloir sympathiser avec une Serpentard ? Les membres de cette maison ne semblaient connaître que le sarcasme, les attaques et la méchanceté. Harry dansa sur ses pieds avant de finalement se diriger vers le petit déjeuner. A sa surprise, la voix de Puffett résonna à nouveau derrière lui.

- Si ça peut te rassurer, Rogue m'a offert un livre sur les grandes potions du VIIème siècle. Bien mieux qu'un nécessaire à balais si tu veux mon avis.

Harry se retourna brusquement à s'en faire un claquage, étonné. Puffett lui adressait un petit sourire satisfait d'avoir mouché Harry.

- Et même Turpin et Court ont reçu quelque chose de la part du professeur, ajouta-t-elle. Tu vois qu'il peut être juste. D'ailleurs la prochaine fois, évite de chouiner comme un enfant de trois ans que la vie est injuste. Ça décrédibilise ton image. Enfin, pour ce que les Gryffondor ont à faire de leur image…

- Wahou, le professeur Rogue est donc généreux ! se moqua Harry ignorant la pique sur sa colère de la veille. Faut faire gaffe, la générosité est plutôt une qualité chez les lions.

- C'est ça, dit-elle avec cette fois une véritable pointe d'amusement. Si demain Rogue t'offre un cadeau, tu pourras toujours appeler Ste Mangouste.

Bien que Harry n'avait aucune idée de ce qu'était Ste Mangouste, il éclata franchement de rire. Une vision de Rogue lui offrant un cadeau paraissait tout à coup hilarante. Pourquoi pas Rogue sourire et le consoler après un cauchemar aussi ?

- Bon allez le Survivant, va donc manger, ça ne te fera pas de mal, dit Puffett.

- Je m'appelle Harry, répondit-il. Je peux t'appeler Eleonore ?

- Certainement pas ! lança-t-elle outrée.

Le fou-rire d'Harry reprit de plus belle. Il était sûrement encore trop tôt pour faire ami-ami avec une personne de Serpentard mais Harry eut subitement l'infime espoir que rien n'était perdu avec Puffett.

Son moral monta à nouveau en flèche lorsqu'il vit Hedwige installée sur un banc, attendant visiblement son maître. Il l'appela d'une voix forte et la chouette fonça vers lui. Elle tenait à la patte une enveloppe. Harry reconnut immédiatement l'écriture de Ron. Débordant de joie, Harry s'installa devant son assiette et se saisit d'un toast qu'il enfourna dans sa bouche. Il déchira avec précipitation le papier pour lire la lettre de son ami. Allait-il juger l'amitié de Rogue et Lily ? Un peu inquiet, Harry débuta sa lecture en entamant un deuxième toast.

Harry,

Je n'en reviens pas… T'as dû être chamboulé. Ta mère et Rogue ? Alors qu'il a été un mangemort, un partisan de Tu-Sais-Qui ? C'est vraiment bizarre. En tout cas, s'ils ont été amis, il y a forcément un moment où ils ne l'ont plus été… Je veux dire, ta mère ne serait pas restée ami avec un mangemort !

Honnêtement, je ne pense pas que tu pourras obtenir des informations concernant ta mère auprès de Rogue. Enfin je veux dire… c'est Rogue quoi ! Mais je pense que si tu veux connaître des choses sur tes parents, il vaut mieux demander à Dumbledore.

De ce que j'ai compris, le directeur est très occupé. Si tu veux mon avis, je crois que le Ministère est débordé. Ils font de plus en plus de perquisitions car le ministre veut montrer qu'il maintient la paix (ça c'est mon frère Bill qui le dit). Moi tout ce que je sais, c'est que mon père est épuisé par le travail et malgré tout, on ne gagne pas plus d'argent !

J'ai tout de même une bonne nouvelle, mon père voit régulièrement le professeur Dumbledore et une surprise devrait bientôt arriver… Je n'en dis pas plus !

A bientôt,

Ronald

Le sourire jusqu'aux oreilles et soulagé comme jamais, Harry croqua dans un nouveau toast avant de relever la tête. Hagrid et Dumbledore discutaient joyeusement. Turpin et Court se levaient de table et Rogue le dévisageait froidement. Se rendant compte qu'il mâchait la bouche ouverte et qu'il était à moitié affalé sur sa table, Harry se redressa, la tête haute. Rogue prit une dernière gorgée de thé avant de prendre congé. Dumbledore lui marmonna quelque chose que seuls les deux hommes pouvaient entendre.

Harry promena son regard vers Hagrid et lui adressa un sourire. Le demi-géant se leva et s'approcha de Harry.

- Alors Harry, comment vas-tu ce matin ? J'étais inquiet que tu ne viennes pas hier soir ?

- Oh pardon Hagrid, s'excusa platement Harry qui avait totalement oublié son rendez-vous de la veille avec le demi-géant. Je suis désolé, je me suis endormi et…

- Ne t'inquiète pas va, coupa Hagrid en tapotant l'épaule de Harry qui faillit recracher son thé au même moment. J'étais inquiet que tu ne sois encore parti dans la forêt interdite. Mais le professeur Rogue s'est assuré que tu sois bien à l'intérieur du château.

Harry cligna des yeux plusieurs fois. Il espérait grandement que le professeur n'était pas venu dans la salle commune et encore moins dans son dortoir. Peut-être pouvait-il s'assurer que Harry était présent dans le château avec un sortilège ? Merlin, si le professeur l'avait vu dormir, la honte était totale. S'imaginer aussi vulnérable aux yeux de ce professeur n'était absolument pas rassurant.

- Alors Harry, que fais-tu aujourd'hui ?

Se sentant coupable des nombreuses fois où Harry ne s'était pas rendu chez Hagrid, le Gryffondor proposa d'aider son ami avec son potager. Le sourire du demi-géant valait tout l'or du monde et Harry se sentit revigoré pour le reste du weekend.

Ainsi, les deux amis se dirigèrent vers la cabane de Hagrid. L'homme lui donna des gants et un tablier pour qu'il évite de se salir. Puis, il lui donna un produit à asperger sur les plantes pour faire fuir les limaces.

- Surtout tu mets bien sur les racines ! expliqua-t-il.

Harry hocha la tête, s'empara du lourd pulvérisateur et commença son travail alors que le soleil montait haut dans le ciel.

- C'est une belle journée, lança Hagrid, j'espère que tes amis pourront venir à la fin du mois pour ton anniversaire et qu'il fera toujours aussi beau. Vous pourrez jouer au Quidditch !

Harry lâcha le pulvérisateur et se tourna avec précipitation vers Hagrid qui rempotait une plante.

- Mes amis vont venir pour mon anniversaire ? demanda Harry qui n'en croyait pas ses oreilles.

Les yeux écarquillés, Hagrid garda la bouche ouverte, signe qu'il avait fait une énième boulette .

- Je n'aurais pas dû dire ça...

Mais Harry explosa de bonheur, lançant son poing en l'air et éclata d'un rire ravi. Il débuta une danse de la joie avant que Hagrid ne se lève et se place devant lui. Harry ne voyait même plus le soleil et il releva la tête vers Hagrid. Le demi-géant avait un air sérieux sur le visage.

- Pour cela il faut que tu te tiennes à carreau ! Rien n'est sûr, prévint-il. Et puis… Hum… Si tu pouvais éviter de dire à Dumbledore que tu le savais déjà quand il annoncera la nouvelle…

- Ne vous inquiétez pas Hagrid, rassura Harry le sourire jusqu'aux oreilles.

- J'ai appris que Rogue t'a puni, continua-t-il faussement sévère, essaye de rester cordial et poli avec lui.

Harry grogna un semblant de réponse et retourna à ses pulvérisations. Sa joie était quelque peu retombée. S'imaginer tous les soirs de la semaine en punition comme s'il était en retenue avec Rogue n'avait rien de réjouissant. Harry hésitait franchement à aller voir Dumbledore pour lui demander si cela ne pouvait pas être reporté à la rentrée mais il savait que c'était perdu d'avance. De toute façon, Harry ne se sentait pas particulièrement en position de demander quoi que ce soit au directeur. L'homme était déjà bien gentil de laisser Harry rester au château et ne pas l'envoyer à l'orphelinat le plus proche.

Il faudrait prendre son mal en patience… Mais pour le moment, il était avec Hagrid et même si l'homme lui faisait attraper d'énormes vers pour fertiliser sa terre, Harry était le plus heureux du monde.

Plus tard dans le weekend, Harry reçut une réponse d'Hermione. Cette dernière était plus posée quant à la révélation que Harry lui avait faite concernant l'amitié entre le maître des potions et sa mère. Elle expliquait en long et en large à quel point les maisons étaient ridicules et qu'on passait sûrement à côté de belles rencontres. Aussi, elle ajoutait qu'il ne fallait pas être étonné que Lily Potter ait pu être amie avec Severus Rogue mais qu'il y avait une part de déterminisme social qui les avait séparé avec le temps. Harry n'était pas sûr de tout comprendre mais il était quasiment sûr que James Potter avait un rôle important dans cette histoire de fin d'amitié.

Cependant, depuis son dernier conflit avec le directeur de Serpentard, Harry savait pourquoi le professeur le haïssait. C'était toujours triste de savoir qu'on était la cause de la tristesse et la haine d'une personne mais c'était mieux que l'ignorance.

Harry profita de son premier jour de la semaine pour voler sur le terrain de Quidditch. Rusard hurla lorsqu'il mit de la terre séchée dans le hall et Peeves y ajouta son grain de sel en hurlant par-dessus la voix du concierge.

Déjà en retard pour sa punition, Harry monta rapidement à sa tour pour déposer ses affaires et redescendre dans les cachots. Détalant à toute vitesse dans les couloirs, Harry fit un dérapé lorsqu'il arriva devant la porte. Essuyant son front, le Gryffondor s'apprêtait à frapper à la porte lorsqu'il entendit la voix de Dumbledore. Posant doucement l'oreille contre le battant en bois, il tenta d'identifier la conversation.

- Il me faudra un peu plus de temps professeur, résonna la voix de Rogue.

- Je vous fais confiance, répondit Dumbledore. Faites cependant attention à vous, la magie noire est toujours surprenante.

- Ne vous inquiétez pas pour moi.

Même d'ici, Harry reconnut le sarcasme et l'irritation dans la voix de Rogue. Le directeur ne sembla pas s'en inquiéter puisqu'il poursuivit la conversation d'une voix trop basse pour que Harry ne distingue quoique ce soit.

Râlant intérieurement, Harry frappa trois coups secs. La porte s'ouvrit aussitôt et Harry comprit que Rogue venait de l'ouvrir d'un geste de la baguette qu'il rangeait à l'intérieur de sa robe. Harry avança lentement vers le duo qui continuait de parler à voix basse. Puis, Dumbledore se tourna finalement vers Harry, un grand sourire sur le visage.

- Harry ! Comment s'est passé ton week-end et ta journée ?

- Bien professeur, répondit le garçon gardant un œil sur un Rogue visiblement irrité.

- Très bien très bien, répondit-il. Et bien je vous laisse alors.

Harry aurait voulu demander à Dumbledore quand est-ce qu'il pourrait se voir mais le directeur avait déjà disparu. Rogue était penché sur ses notes, semblant avoir oublié Harry. Le Gryffondor ne tomba pas dans le piège de fuir à toutes jambes, le professeur saurait le retrouver et le pendre au lustre pour cet affront. Il observa alors les différents bocaux qui peuplaient l'étagère à sa droite. L'un d'eux contenait des pétales de Lys. Une mélancolie venue de nulle part frappa Harry de plein fouet. Ron avait raison, il était chamboulé par la découverte sur sa mère.

Harry leva finalement la tête lorsqu'il entendit le professeur se lever et planta son regard dans celui de Rogue.

- Alors Mr. Potter, dit-il d'une voix lente. Avez-vous quelque chose à dire en ce début de séance ?

Harry fronça les sourcils, ne comprenant pas où voulait en venir le professeur. Il se contenta alors juste de secouer la tête par la négative. Le professeur lui lança un regard noir et montra du menton une caisse rempli de bocaux qui se trouvait derrière Harry.

- Nettoyez-les, dit-il simplement.

La tension logée dans les épaules de Harry s'échappa immédiatement. Il y avait bien pire comme punition. Harry attrapa la caisse et se dirigea aussitôt vers les lavabos. Prenant soin de ne pas toucher les différents liquides suspicieux encore présents dans certains bocaux, Harry débuta sa tâche délicatement. C'était évidemment pénible. Harry aurait préféré être dans son dortoir lisant le dernier Quidditch Magazine ou remplissant les jeux en dernière page de la Gazette du sorcier mais il avait fait bien pire. Laver les draps de Dudley lorsqu'il avait bu trop de sodas la veille par exemple.

- Cela n'est ni fait ni à faire Potter, claqua la voix de Rogue derrière lui au bout d'une demi-heure.

Harry sursauta, il n'avait pas entendu l'homme arriver. Le mépris se dégageait tellement de Rogue que Harry suivit le regard du professeur. Les bocaux qui séchaient lui paraissaient pourtant correctement lavés. Harry avait fait comme Pétunia demandait à chaque fois. Laisser tremper avec de l'eau bien chaude, savonner et laisser sécher. Perdu, Harry chercha ce qu'il avait mal fait.

- Les bocaux doivent être essuyés, expliqua finalement le professeur Rogue comme si Harry était le dernier des idiots. Je vous ai mis des torchons ce n'était pas en guise de décoration !

Harry se saisit du torchon et se dépêcha de s'exécuter. Si jamais Rogue disait au professeur Dumbledore que son comportement laissait à désirer, la visite de Ron et d'Hermione allait tomber à l'eau. Reposant avec douceur les bocaux pour ne pas faire trop de bruit (Oncle Vernon détestait lorsque Harry faisait claquer la vaisselle), Harry continua sa tâche jusqu'à ce que tout soit parfait. Fier de lui, il se retourna, cherchant le professeur des yeux. L'homme était toujours absorbé par ses notes et cela éveilla sa curiosité.

- Puis-je savoir ce que vous trafiquez ? demanda le professeur sans lever les yeux de son parchemin.

- J'ai terminé.

Le professeur leva les yeux et reposa sa plume. Harry observa silencieusement Rogue inspecter les bocaux. En y réfléchissant, c'était tout bonnement ahurissant de l'imaginer ami avec sa mère. L'homme se retourna dans un mouvement ample, ses robes volant élégamment autour de lui. Le regard chargé de déplaisance, il inspecta Harry de haut en bas.

- Avez-vous quelque chose à dire ?

Comme au début de l'heure, Harry secoua à nouveau la tête. Que voulait donc le professeur à la fin ? Harry ne savait même pas s'il le menaçait ou s'il attendait réellement quelque chose de la part du Gryffondor. C'était un coup à tourner en bourrique. Il aurait l'air bien malin à la rentrée s'il perdait totalement la tête à cause de Rogue.

- Dans ce cas, disparaissez et revenez demain à la même heure ! claqua la voix dangereusement menaçante de Rogue.

Les jours qui suivirent se ressemblèrent en tout point. Harry passait son temps entre le terrain de Quidditch et le potager de Hagrid. Ensemble, les deux amis commencèrent à récolter les premières tomates de la saison. La chaleur se faisait de plus en plus sentir au fur et à mesure des jours et Harry hésita plus d'une fois à patauger dans le lac. Il préférait cependant attendre Ron et Hermione pour ce genre d'activités. Harry s'imaginait déjà avec ses amis à se noyer mutuellement et faire les meilleures batailles d'eau que Poudlard ait connu.

Harry commençait à rêver franchement de leur venue. Les retenues avec Rogue se déroulaient correctement. Malgré les piques régulières du professeur, Harry n'explosait jamais de colère et restait stoïque, frottant juste un peu plus rapidement les bocaux. Les deux derniers jours avaient été calmes, Rogue étant inspiré par ses notes.

Le vendredi soir, Harry fila comme à son habitude dans les cachots pour sa dernière punition de la semaine. La fraîcheur des lieux rendait l'endroit presque agréable. La chaleur avait été intense durant la journée, si bien que Harry était resté à l'intérieur de la Cabane de Hagrid à écouter des histoires incroyables de dragons des montagnes.

Les portes étaient déjà ouvertes lorsqu'il arriva. Par acquis de conscience, Harry frappa pour annoncer sa venue. Le professeur leva simplement les yeux de ses notes. A y regarder de plus près, Rogue semblait épuisé. Des cernes se dessinaient sous ses yeux noirs et sa peau paraissait encore plus pâle qu'à l'ordinaire. Harry souhaitait presque plaisanter en rappelant à l'homme que le soleil était radieux à l'extérieur et qu'il devrait y faire un tour mais il tenait à la vie. Se levant de sa chaise, Rogue recommença le même manège que les autres jours.

- Avez-vous quelque chose à dire ? demanda-t-il d'une voix qui transpirait l'agacement.

C'était à croire qu'il attendait que Harry dise quelque chose de mal pour le punir jusqu'à la fin de ses jours. Harry secoua la tête par la négative et Rogue haussa les sourcils d'un air las. Harry avait l'impression d'être un abruti fini et c'était probablement ce que pensait le professeur.

Sans plus attendre, le Gryffondor se dirigea vers les bocaux et débuta sa corvée. Seuls les bruits de plume et de vaisselles déchiraient le silence. Il s'appliqua à correctement essuyer les bocaux. Le professeur avait souvent quelque chose à redire à ce niveau là… Cette fois cependant, lorsque Harry eut terminé, Rogue se leva et ne fit aucune réflexion. Harry savoura cette victoire d'un sourire qu'il masqua par un visage neutre.

Puis Rogue recommença à nouveau cette litanie :

- Avez-vous quelque chose à dire ?

Le professeur observait Harry d'un air menaçant. Les lèvres pincées, l'homme semblait réellement attendre quelque chose mais Harry était incapable de comprendre quoi. A priori, il faudrait puiser en la force de Godric Gryffondor pour comprendre ce que voulait le serpent qui lui servait de professeur.

- Je ne sais pas, tenta finalement Harry.

La langue du professeur claqua et Harry sût que c'était une mauvaise réponse. Cette fois-ci, Rogue paraissait furieux. Harry ne comprenait vraiment pas ce qu'il avait pu dire ou faire. Il se contenta donc d'attendre que le courroux du professeur explose enfin, déçu de potentiellement voir ses retrouvailles avec ses meilleurs amis lui passer sous le nez.

- Plus arrogant que vous, on meurt, cracha le professeur.

Harry sentit ses joues rougir sous l'insulte. Pour une fois, il n'avait strictement rien fait. Totalement désorienté, Harry essaya de trouver ce que le professeur voulait. La dernière fois qu'il avait provoqué sa colère, le professeur lui avait dit de se tenir tranquille et… de présenter ses excuses.

Harry resta pantois quelques secondes. Le professeur le regardait avec dédain. Harry était à deux doigts de faire demi-tour. Cependant, il ne voulait pas que le professeur croit qu'il était complètement mal élevé car s'il le croyait alors il penserait que Lily l'avait mal élevé. Et Harry ne souhaitait pas qu'on pense du mal de sa mère. Se rappelant qu'il était un Gryffondor, Harry s'éclaircit la gorge.

- Je m'excuse…

- On ne s'excuse pas soi-même, coupa le professeur sèchement.

- Veuillez accepter mes excuses, se corrigea Harry aussitôt. Je n'aurais pas dû me comporter de la sorte après la remise du prix.

- Reconnaissez-vous que Mr Malefoy méritait cette récompense ?

- Oui, mentit Harry.

- Oui ? répéta Rogue qui ne semblait pas du tout le croire.

Harry soupira. Lily Potter méritait qu'on lui fasse honneur. Harry planta courageusement son regard dans celui de son professeur, rempli d'animosité.

- Il méritait puisqu'il a utilisé les connaissances de l'année passée, expliqua Harry d'une voix calme.

Le professeur Rogue observa Harry plusieurs secondes silencieusement. Bien évidemment, ce n'était pas assez. La véritable colère ne se situait pas réellement dans le soi-disant manque de fair-play d'Harry. Cette fois-ci, Harry baissa les yeux sur ses chaussures, ne pouvant garder la tête haute. Il avait beaucoup trop honte à chaque fois qu'il y pensait alors l'évoquer devant Rogue... Harry s'éclaircit à nouveau la gorge.

- Je vous demande pardon pour ma mère professeur, débita Harry d'une voix qui se chargea en émotion malgré lui. Je suis… Hum… désolé si elle n'a pas pu rester en vie. Vous avez perdu une amie à cause de moi et je sais que j'aurais beau laver tous les bocaux de Poudlard, cela ne la ramènera pas à la vie. Excusez-moi aussi d'avoir évoqué votre amitié avec elle, j'ai compris que vous ne souhaitez pas en parler et je ne le ferai plus. Je… Hum… suis désolé d'avoir provoqué sa mort.

Harry se rendit compte qu'il se tordait les doigts. Les oreilles bourdonnantes et n'entendant pas de réaction du professeur, Harry tourna les talons. Il faisait soudain très chaud et son cœur tambourinait à toute vitesse dans sa cage thoracique. Harry ne savait pas s'il avait bien fait mais voyant qu'on ne le rattrapait pas, Harry courut à toute vitesse jusqu'à sa salle commune.

Une fois à son dortoir, Harry soupira, soulagé.


NDA : Par cette chaleur, à défaut d'une piscine, arrosez-moi de reviews !