NOTE DE L'AUTRICE : Bonjour tout le monde ! Tout d'abord, désolée pour le retard d'une journée. J'ai tout simplement oublié de publier hier. Entre le boulot, le COVID qui m'a attrapé et la sortie de Stranger Things, j'ai zappé... Mais comme les lectures se font plutôt le samedi, j'espère que vous n'y verrez aucun incovénient.
Voici le chapitre 8 ! Profitez bien et commentez !
Chapitre 8
De toute évidence, Harry Potter possédait le pouvoir caché de sidérer les gens. Severus Rogue était rarement pris de court mais le Survivant avait fait fort. Le regard rivé sur la porte qui avait engloutie le Survivant quelques secondes plus tôt, Severus demeurait cloué sur place.
Bien évidemment, il avait attendu depuis le début de la semaine que ce gamin arrogant présente ses excuses pour son comportement. En revanche, s'il avait été un tant soit peu soulagé que Potter finisse par comprendre ses attentes, il était abasourdi par ce qui s'en était suivi. Les mots tournaient à mille à l'heure dans son esprit sans qu'il ne parvienne à faire le tri.
Je suis… Hum… désolé si elle n'a pas pu rester en vie.
Le cœur de Severus tambourina furieusement contre ses tempes.
Vous avez perdu une amie à cause de moi.
Une douleur ancienne longtemps enfouie remonta à la surface et le frappa à l'estomac.
Je… Hum… suis désolé d'avoir provoqué sa mort.
Severus attrapa la chaise la plus proche et s'affala dessus, plongeant sa tête entre ses mains tremblantes. L'image que le gamin avait de lui-même était terrifiante. Par Merlin, Severus aurait aimé que les paroles de l'enfant ne soient qu'une tentative de manipulation. Mais il n'y avait rien de tout ça. Il était obligé de l'admettre. Les mots du garçon transpiraient l'honnêteté, la naïveté et la crainte. Et Severus était totalement ébranlé par les mots qui résonnaient encore dans sa tête.
...à cause de moi...à cause de moi...à cause de moi…
Cela n'aurait jamais dû se passer comme ça. Severus Rogue n'avait probablement jamais autant détesté Dumbledore qu'à cet instant. Si le directeur n'avait pas joué les grands divulgateurs, tout ceci ne se serait jamais produit.
Le maître des potions accusa le coup en se mordant les joues jusqu'au sang. Il n'avait pas envie de ressentir la moindre responsabilité envers le Survivant autre que celle de vérifier de loin qu'il restait en vie et ne prenait pas de risques inconsidérés.
Et maintenant quoi ? Devait-il expliquer à un enfant de même pas douze ans que la mort de ses parents et surtout celle de Lily n'était pas de sa faute ? Parce que Lily aurait voulu qu'il le fasse. Et Dumbledore savait que Severus aurait ce chemin de pensées. Dumbledore… Savait-il à quel point la culpabilité rongeait cet enfant ? Pire, en jouait-il délibérément afin de mettre un grand plan à exécution ?
Une bouffée de colère envahit Rogue. Que cherchait Dumbledore ? Était-ce une punition ? Le mettre face à ses responsabilités quant à la prophétie révélée quelques années plus tôt ? Severus souffrait déjà bien assez. Voulait-il que Severus accomplisse la besogne d'apprendre au gamin qu'il devrait un jour affronter le mage noir ? Mais dans ce cas, pourquoi ne pas aller directement au but plutôt que de passer par un tas de ruses ?
Le souffle court, le maître des potions rassembla sa concentration pour remettre ses idées en place. La perspective de se sentir mal pour le fils de James Potter rendait la situation totalement absurde.
Il commençait à voir clair dans le jeu de Dumbledore et il était hors de question de lui donner ce qu'il voulait. On ne pouvait pas forcer les gens à s'apprécier. Offrir une protection au fils de Lily, Severus pouvait le faire. Et il devait le faire. Pour sa conscience et se racheter. Rassurer le gamin sur ses doutes et ses angoisses que Dumbledore aurait déjà dû prendre en charge était un pas que Severus ne franchirait jamais. Plutôt mourir.
En bon Serpentard qui se respecte, Severus Rogue resta enfermé tout le weekend dans ses appartements afin de fuir toutes les émotions contraires qui le traversaient. La raison officielle reposait sur l'avancement de ses recherches concernant la potion récupérée chez les Jugson. Officieusement, il n'avait envie de croiser ni Dumbledore, ni Potter.
Malgré tout, il prit un réel plaisir - que Lily aurait jugé malsain - à découvrir les différentes nuances de magie noire qui avaient été imbriquées pour créer cette potion. Le maître des potions était encore loin d'avoir terminé son rapport et cela lui maintint l'esprit occupé.
Mais le lundi soir arriva bien trop vite à son goût et Potter se pointa à l'heure. Le langage corporel du garçon indiquait qu'il était tout aussi dépité de se trouver en présence du professeur. Habitué aux tâches de la semaine précédente, le gamin se dirigea automatiquement vers les caisses de bocaux.
- Pas ce soir Potter, s'entendit dire Severus.
L'enfant s'arrêta net, masquant difficilement une appréhension dans son regard.
- Je crois que vous avez plusieurs devoirs d'été à faire et il ne me semble pas que vous les ayez déjà commencé. Etant donné que vous semblez obstiné à baigner dans votre médiocrité et que je n'obtiendrai rien de plus de votre devoir de potions, je vous invite à débuter vos autres devoirs d'été.
Le Survivant ne cilla même pas sous l'insulte et resta les bras ballants, dévisageant le professeur comme s'il lui était poussé une deuxième tête.
- Vos cabrioles intempestives dans les airs ont-elles eu raison de vos derniers neurones Potter ?
Cela fit réagir l'enfant qui secoua la tête précipitamment. Puis, le regard fuyant, Potter dansa sur ses pieds. Severus détestait ce genre de comportement. Secouer le gamin pour qu'il se tienne droit et regarde dans les yeux traversa l'esprit du maître des potions qui se reprit à la dernière seconde. A la place, il haussa un sourcil de façon menaçante.
- Je n'ai pas mes affaires avec moi, lâcha finalement le Survivant.
- Hé bien allez les chercher ! s'agaça le professeur avant de retourner à ses notes. Et ne vous avisez pas de traîner en chemin.
Potter ne se le fit pas dire deux fois. A peine dix minutes plus tard, le Gryffondor était présent, son sac de cours avec lui et les joues rougies d'avoir visiblement couru. Severus n'eut pas la force de rappeler à ce garnement qu'on ne courait pas dans les couloirs et retourna à ses notes. Il entendit Potter s'installer à une table et dévisser son encrier. A son grand soulagement, le Gryffondor ne posa aucune question et se mit à travailler.
L'heure se déroula silencieusement. Lorsque Severus s'apprêta à congédier le Gryffondor, celui-ci le prit de cours en s'approchant avec hésitation vers son bureau. Severus Rogue lui adressa un regard l'intimant de fuir. Cela eut l'effet contraire -stupide Gryffondor- car l'enfant se redressa et s'avança d'une démarche plus assurée.
- Que voulez-vous ? pesta le professeur.
- J'ai terminé mon devoir de Défense contre les forces du mal, répondit Potter qui eut le bon goût de paraître gêné tout en tendant son parchemin.
Severus Rogue s'apprêtait à envoyer Potter paître chez les strangulots quand plusieurs questions se bousculèrent dans sa tête. D'abord, comment se faisait-il que le gamin avait un devoir de défense contre les forces du mal à rendre alors que le professeur Quirrell avait disparu de la circulation avant d'avoir le temps de donner des exercices à ses étudiants ? Ensuite, le gamin était-il aussi doué dans cette matière que ces collègues s'évertuaient à le dire ? Severus opta pour le pragmatisme.
- Il ne me semble pas que le professeur Quirrell vous ait donné un devoir de Défense contre les forces du mal.
- Le professeur McGonagall nous a donné des devoirs en bonus à ce sujet, expliqua le Survivant dans un haussement d'épaules qui irrita le maître des potions. Elle nous a demandé de travailler cette matière.
La petite vipère, pensa Rogue. C'était déloyal de faire avancer ses étudiants dans cette matière. On parlait souvent du manque de fair-play des Serpentard mais les autres maisons n'étaient pas en reste, exemple ici même. Les Serpentards assumaient davantage leur esprit compétitif. Mais tout le monde savait que Chourave laissait des plantes dans la salle commune des Poufsouffles afin que ses petits blaireaux puissent travailler et découvrir les joies de la botanique et que Filius Flitwick donnait des cours particuliers tous les samedis soirs à ses élèves. La directrice de Gryffondor voulait se la jouer plus maline que les autres mais c'était sans compter la naïveté de ses lionceaux.
A priori, Potter ne semblait pas voir où était le mal. Arrachant des mains le parchemin toujours en l'air, Severus Rogue se fit un plaisir de préparer une attaque bien senti sur le manque de rigueur du gamin. Il ne pouvait pas avoir terminé correctement en si peu de temps.
Le devoir consistait à répondre à des questions de niveau première année. Rien d'incroyable. Severus grimaça en observant à quel point les attentes étaient beaucoup trop basses concernant cette matière. Titulaire du poste, les premières années auraient déjà vu les sortilèges de désarmements et de protections basiques. Au moins théoriquement.
- Développez la question numéro sept, dit-il en lui rendant son devoir.
- C'est tout ? s'étonna sincèrement Potter.
- Étant donné le peu de choses qu'on vous a demandé cette année, oui c'est tout. Pas de quoi vous en vanter, ajouta Severus pour couper court au sourire du gamin. Si j'avais été à la place de Quirrell, vous auriez eu bien plus de parchemin à rendre.
Potter eut le bon goût de reprendre une expression sérieuse et de retourner à sa table pour se remettre au travail. Severus hésita à lui rappeler que l'heure était passée mais il ne pouvait se résoudre à arrêter un élève sur sa lancée. Pour une fois que Potter était studieux et silencieux… Malgré quelques bâillements que l'enfant dissimula avec difficulté, Severus ne put s'empêcher de constater que Potter savait faire preuve de rigueur. Comme quoi, il était capable de mieux faire. Les élèves comme lui étaient encore plus agaçants aux yeux de Severus. Les difficultés, il pouvait comprendre même s'il ne faisait pas dans la charité mais la fainéantise et les capacités gachées pouvaient mettre le directeur de Serpentard dans une colère noire.
Potter était affalée sur sa table, sa main tenant sa tête et sa bouche marmonnant pour lui-même lorsqu'il écrivait. Une chaleur désagréable se logea dans les entrailles de Severus, le propulsant vingt ans en arrière. L'image de Lily se superposa à celle du Survivant. Elle avait aussi ce tic de marmonner lorsqu'elle écrivait un mot compliqué ou qu'elle voulait être certaine de ce qu'elle écrivait. Cela avait tendance à importuner Severus, particulièrement lorsqu'il était plongé dans un livre. Son agacement ne demeurait jamais bien longtemps. Souvent, Lily relevait les yeux et lui adressait une moue contrite pleine d'excuses silencieuses. Son énervement fondait alors comme neige au soleil. Et merde… Le Survivant possédait aussi cette mimique.
Non, ce n'était pas exactement le même sourire. Celui-ci était pétri d'embarras. Mais le fantôme de Lily se reflétait sur son visage et Severus avait de plus en plus de mal à l'ignorer. Pourquoi ne pouvait-il pas juste voir James Potter, son ennemi de toujours ? Cela aurait été beaucoup, beaucoup plus simple.
- Euh... J'ai terminé monsieur, déclara Potter en tendant à nouveau son parchemin.
- C'est bon, coupa froidement Severus. Je ne suis pas votre professeur de défense. Vous le montrerez au remplaçant.
- Vous savez qui sera le nouveau professeur ? demanda avec curiosité Potter.
- Même si je le savais, je ne vous le dirai pas, rembarra Severus. Maintenant disparaissez !
Le Gryffondor hocha la tête, fourra ses affaires dans son sac qu'il passa sur son dos. Severus croyait être enfin tranquille lorsque l'enfant s'arrêta sur le pas de la porte et se retourna. Merlin…
- Merci de m'avoir aidé pour le devoir, lança Potter qui paraissait lui-même étonné des mots qui sortaient de sa bouche.
Au grand soulagement de Severus, le Gryffondor n'attendit pas de réponse et se sauva. Le monde ne tournait définitivement pas rond.
Le reste de la semaine se déroula de la même manière. Severus passait son temps dans son laboratoire pour avancer sur ses différents travaux aussi bien personnels et professionnels. Le soir, le Survivant s'installait docilement et silencieusement pour se mettre à travailler. Le garçon avait un don pour se faire oublier. Cela s'ajouta à la longue liste des évènements déstabilisants que Severus traversait.
Potter ne termina cependant pas ses autres devoirs aussi rapidement que celui de Défense contre les forces du mal. Par ailleurs, le Gryffondor ne semblait pas non plus avoir hérité des dons en sortilèges que sa mère possédait.
A la fin de la semaine, Severus intima au gamin de s'entrainer à lancer certains sortilèges. L'enfant avait la chance d'être à Poudlard, il pouvait utiliser la magie sans se faire repérer. Severus lui avait rappelé non sans froideur qu'il pouvait donc faire autre chose que de passer ses journées à voler sur un balais. Potter l'avait regardé d'un air blasé, le visage rougit par les coups de soleil. Le lendemain pourtant, Severus aperçut le gamin dans le parc, lançant des sortilèges de lévitation sur les rochers autour du lac.
Severus avait pour objectif de rester tout le week-end enfermé dans son laboratoire et d'aller faire un tour sur le chemin de traverse afin d'acheter différents ingrédients. Il aurait pu les faire livrer mais la perspective d'aller faire un tour à l'extérieur était plus que bienvenue.
Minerva - rentrée d'Ouganda la veille - passa l'intégralité du dîner à s'émerveiller de son voyage.
- Est-ce qu'il y a beaucoup d'autres écoles de sorciers dans le monde ? demanda Potter qui était tellement subjugué par le récit du professeur qu'il avait à peine touché à son repas.
- Il y a onze grandes écoles officielles, déclara Minerva.
- Dément ! lança Potter.
Minerva pinça des lèvres face à la familiarité de l'enfant mais Severus vit nettement l'amusement dans les yeux de sa collègue. Dumbledore, silencieux jusqu'alors, se pencha vers Severus pour échanger à voix basse.
- Pétunia a envoyé un courrier concernant la fin de tutelle de Harry, déclara-t-il solennellement.
- Que voulez-vous que j'y fasse ? demanda Severus qui s'était pourtant raidit de stupéfaction quelques secondes.
Alors Pétunia rompait réellement la tutelle ? En quel honneur ? Qu'est-ce que Potter avait bien pu faire pour se mettre autant à dos sa famille ? Certes, Pétunia était loin d'être une sainte, Severus en avait été témoin mais comment les choses avaient-elles pu aller aussi loin ? Avait-elle été à ce point vexée ? Etait-ce un test pour que le gamin revienne de lui-même ?
- J'aimerais que vous rendiez visite à Pétunia, répondit avec calme Dumbledore.
Seule la maîtrise parfaite de ses émotions permit à Severus de ne pas recracher son hydromel.
- Rendre visite à Pétunia ? répéta-t-il d'une voix qui se voulait égale. Pourquoi n'y allez vous pas vous-même ?
- Je pense que l'échange sera certainement plus concluant si vous y allez, expliqua mystérieusement Dumbledore.
- Je ne comprends pas votre objectif, lâcha finalement Severus d'une voix irritée. Minerva ne peut-elle pas y aller ? Après tout, elle est la directrice de Potter.
- En effet, mais vous connaissez Pétunia mieux que personne. Cette tourte est vraiment délicieuse, nos elfes se dépassent de jour en jour.
- Alors quoi ? s'agaça le maître des potions. Je suis censée la convaincre de récupérer Potter ?
- Vous verrez par vous-même, répondit simplement Dumbledore. Je suis certain que vous saurez faire le nécessaire. Un peu de tourte ? proposa le vieil homme en tendant le plat vers Severus qui répondit par un regard noir.
A son grand soulagement, Potter se leva pour certainement rejoindre le terrain de Quidditch. Il avait à peine touché à son plat. A croire que la nourriture était gratuite pour lui… Ingrat. Le maître des potions ne s'attarda pas sur ses ruminations et ne mâcha plus ses mots.
- Comptez-vous me donner un rôle qui n'est pas le mien Dumbledore ? Ma patience a des limites.
- Allons Severus, je souhaite le meilleur pour Harry. Faîtes moi confiance, ajouta le directeur en l'observant derrière ses lunettes en demi-lune.
Severus rongea son frein pour ne pas exploser. Il détestait être pris dans les machinations du directeur, quelque soit son plan. Que ce soit pour le plus grand bien ou celui du Survivant, il voulait rester loin de tout ça.
- Si vous souhaitez tant que cela le meilleur pour Potter, commencez déjà par vérifier qu'il aille au lit suffisamment tôt, botta en touche Severus avec hargne.
- Que dites-vous Severus ? se mêla Minerva qui reposa sa fourchette d'un air inquiet.
- Votre Survivant somnole la journée et même si travailler sur ses devoirs ne l'enchante pas, seul un aveugle ne verrait pas les cernes qui se dessinent sous ses yeux, débita Severus. Mais bien évidemment, rien n'est de trop pour Potter n'est-ce pas ? Après tout, si un enfant de onze ans veut veiller jusqu'à pas d'heure, je suppose qu'il est libre de le faire ?
- Je n'apprécie pas vos sous-entendus Severus, répondit Minerva d'un air sévère et Severus eut l'impression d'être de nouveau son élève mais n'en montra rien. Lorsque je suis ici, je m'assure tous les soirs que Potter soit au lit à une heure convenable.
- Vous semblez oublier que le garçon peut faire preuve d'une grande persuasion, répliqua Severus d'une voix un peu plus forte. Il peut vous tromper rien qu'en clignant des yeux !
- Severus ça suffit ! tonna Minerva. Cessez de confondre Harry avec James. Harry est un bon petit, respectueux et…
- Et qui fugue au point de bloquer la moitié du corps enseignant à Poudlard ? coupa Severus.
- Nous ne savons pas ce qui a pu se passer dans la tête de Harry ce jour-là mais n'oubliez pas ce qui s'est passé avec Quirrell il y a quelques mois, clama Minerva la tête haute.
- Oh mais nous pouvons parler de cela aussi, s'emballa Severus.
Désormais, tout ce qu'il avait à reprocher au gamin était prêt à se déverser droit sur Minerva. Comment se faisait-il que Potter ait pu entraîner ses amis à la recherche de la pierre philosophale sans que Minerva ne le voit ? S'il avait été un élève de sa maison… Non, Severus ne préféra pas s'engager sur ce terrain là.
- Vous n'allez rien faire du tout, coupa Dumbledore d'une voix calme mais non sans autorité. Harry a une très bonne capacité de résilience, c'est l'une de ses plus grandes qualités. Je vous demande aussi de vous reprendre Severus. Minerva a raison, il n'est pas James. Il est temps d'avancer à ce sujet. Il est pour le moment en sécurité ici. Cependant, j'ai besoin que vous vous rendiez chez les Dursley au plus vite afin de régler cette question de tutelle.
- Très bien, cracha Severus en se levant brusquement.
oOo
Alors que le mois de juillet mourrait, le professeur Dumbledore convia Harry dans son bureau. Le directeur l'accueilli avec des biscuits et du thé. Le sourire chaleureux du vieil homme l'apaisa. Ses yeux bleus le scrutaient et au bout d'une minute extrêmement longue, Dumbledore prit la parole.
- J'ai plusieurs choses à t'annoncer Harry, dit-il d'une voix douce.
Harry croqua dans un des biscuits et laissa le sucre fondre sur sa langue, attendant que le directeur poursuive.
- Il s'avère que tu es désormais sous la tutelle du service de la protection de l'enfance du Ministère de la magie. Tu ne seras plus obligé de retourner chez ton oncle et ta tante, expliqua Dumbledore avec douceur.
Harry avala tout rond son morceau de biscuit. Le sentiment de vide, propre à ce qu'il avait ressenti dans l'infirmerie après sa fugue, s'empara de lui. Bien sûr, il était soulagé de ne plus retourner chez les Dursley mais devenir une pupille du Ministère rappela à Harry à quel point il était seul.
Il eut l' impression étrange que Dumbledore sondait son esprit. Gêné, le Gryffondor gigota sur sa chaise et bu une gorgée de thé.
- Je te dois la vérité Harry, poursuivit Dumbledore. Comme je te l'ai déjà expliqué, ta tante a toujours été une protection pour toi. Aussi, le foyer des Dursley devait être à tes yeux ta maison et ton point d'ancrage. Cependant, lorsque tu es parti fin juin et les mots que tu as prononcés, tu t'es détaché de ce foyer. C'était de la magie puissante, ajouta-t-il avec tranquillité.
- J'ai ressenti quelque chose d'étrange dans l'infirmerie, dit finalement Harry. Comme si quelque chose s'arrachait de mon corps.
Dumbledore pointa du doigt Harry, le regard pétillant.
- C'est exactement cela Harry ! J'ai souhaité attendre la fin du mois avant de voir si tu pouvais changer d'avis mais de toute évidence, il est temps de passer à autre chose même si j'espère que tu pourras nouer une relation plus apaisée avec ta tante d'ici quelques années.
Harry haussa des épaules et reprit une gorgée de thé. Il se fichait d'avoir une relation apaisée avec sa tante. Il ne voulait plus rien à voir avec les Dursley.
- Qu'est-ce qu'ils ont dit ? Les Dursley, précisa Harry.
- Le professeur Rogue a été recueillir la signature de ta tante.
- Rogue ? s'exclama-t-il, un brin paniqué.
Imaginer Rogue chez son oncle et sa tante rendait la situation complètement irréelle. Qui avait été le plus antipathique ? Qui avait été pris d'une colère froide le premier ? Qui avait tué qui ? Par quel miracle aucun mort n'était à déplorer ?! Harry sentit le fou-rire nerveux pointer le bout de son nez et il se mordit les lèvres pour ne pas le laisser éclater.
- Le professeur Rogue, corrigea Dumbledore de sa voix calme. Il a pu échanger les différentes formalités et il a obtenu la signature de ta tante.
Sur ces mots, le directeur présenta un parchemin où Harry lu "abandon de tutelle" puis, plus bas, la signature de Pétunia, ainsi que celle de Severus Rogue et une représentante du Ministère. Tout le monde semblait avoir trouvé un terrain d'entente sans que ça tourne au meurtre.
- C'est marrant, dit Harry d'une voix pensive.
- Qu'est-ce qui est marrant Harry ? s'étonna le professeur Dumbledore sans se départir de son sourire.
- Pétunia déteste la magie et Rogue déteste… Et bien à peu près tout, répondit Harry après un instant de réflexion. Rien ne pourrait laisser imaginer qu'ils ont beaucoup de points communs et pourtant ils en ont au moins un.
- Ah ? encouragea Dumbledore.
- Les deux me détestent, expliqua Harry dans un sourire ironique. En plus, c'est exactement pour la même raison.
- Quelles raisons Harry ?
Cette fois, Dumbledore avait perdu son sourire et seule la curiosité crépitait dans ses yeux. Harry ne savait pas trop s'il devait répondre. En réalité, il n'y avait rien de grave - au contraire, l'ironie de la situation l'amusait plus qu'autre chose- et il ne voulait pas que le directeur s'inquiète pour lui. Cependant, le regard de Dumbledore était si intense qu'il ne put éviter la question.
- Ma mère, répondit finalement Harry de but en blanc. J'ai bien réfléchi et je sais aujourd'hui que Rogue me déteste car ma mère s'est sacrifiée pour moi. Il est certain que ma tante me déteste pour cette même raison.
- Oh Harry, soupira le directeur en secouant la tête.
- Monsieur, ce n'est rien, ajouta avec précipitation Harry.
Il ne voulait pas que le directeur commence à le consoler. Harry ne se sentait aucunement blessé. Il n'avait aucun attachement, ni pour sa tante, ni pour Rogue.
Fort heureusement, le directeur se redressa, son regard bleu rivé par-dessus l'épaule de Harry qui se retourna par curiosité. Le professeur Rogue se tenait dans l'encadrement de la porte. Harry avait l'impression d'être dans un de ces films d'horreur que Dudley adorait regarder en cachette. L'aspect fantomatique du professeur ne laissait en rien deviner s'il avait écouté la conversation entre Harry et Dumbledore. Priant pour que le professeur n'ait rien entendu, Harry se tourna vers Dumbledore, implorant silencieusement de prendre congé.
- Oh Severus, j'allais justement expliquer à Harry que ses amis allaient venir lui rendre visite demain, dit Dumbledore, un léger sourire accroché au visage.
La présence de Rogue empêcha Harry de sauter de joie. Il se contenta d'un sourire reconnaissant. Dumbledore hocha la tête avant de reprendre.
- Tes amis resteront quelques jours avec toi, expliqua-t-il. Je sais que tu souhaiterais te rendre chez ton ami Ronald immédiatement mais tu dois rester à Poudlard. Cependant, je suis certain que Mrs. Weasley sera ravie de t'accueillir quelques jours à la fin du mois d'août. Tu pourras y faire tes achats de rentrée. Maintenant si tu veux bien Harry, je dois m'entretenir avec le professeur Rogue.
Harry se leva et remercia le directeur avant de tourner les talons. Rogue dévisagea Harry de haut en bas lorsqu'il passa à côté de lui. Réprimant un frisson, Harry courut rendre visite à Hagrid pour lui annoncer la bonne nouvelle. Ron et Hermione seraient là pour son anniversaire ! Le jour de ses onze ans était jusqu'à maintenant le plus beau jour de sa vie mais son prochain anniversaire allait certainement le détrôner.
oOo
La veille, Severus transplannait à Privet Drive. Dumbledore lui avait donné toutes les informations nécessaires. Une employée du Ministère devait le retrouver. Il n'eut pas à la chercher bien longtemps.
Hestia Jones avait été une de ses camarades de Poudlard. Quelques années plus jeunes, elle avait évolué à Serdaigle. De Sang-Pur, la femme semblait avoir fait un effort surhumain pour s'accoutrer à la mode moldue. En vain. Elle portait une robe violette longue par-dessus un jean vert beaucoup trop grand. Surtout, elle devait mourir de chaud. Elle portait en plus un lourd manteau noir en laine.
Severus était à deux doigts de lui suggérer de le refermer. Au moins, elle n'aurait pas eu l'air d'une décérébrée. Severus s'était contenté d'un ensemble noir simple. Sans ses longues capes noires, il perdait assurément en prestance. C'est pourquoi il durcit immédiatement son regard et se composa d'un masque froid sur son visage.
Cela ne sembla pas émouvoir la petite sorcière qui s'approcha d'un pas assuré vers Severus, un sourire de convenance accroché au visage. Elle avait gardé les mêmes traits de l'époque de Poudlard. Ses yeux étaient d'un vert clair - pas aussi profonds que ceux de Lily - et ses cheveux bruns ondulaient sur ses épaules frêles.
- Bonjour Rogue, dit-elle une fois à sa hauteur. Êtes-vous prêts ? La famille est à l'intérieur, ajouta-t-elle en pointant du menton une des maisons.
Severus observa alors son environnement. Son enfance lui sauta à la gorge. C'était typiquement le même style de résidence où avait grandi Lily. Des maisons toutes plus semblables les unes aux autres. Seuls les jardins permettaient aux habitants d'exprimer leur identité. C'était le genre d'endroit où vivait les familles standards : un père donnant beaucoup trop d'importance à son travail pour ce que c'était mais qui avait un crédit à rembourser et une mère ménagère qui observait son monde derrière son rideau pour combler son ennui en attendant que ses enfants rentrent de l'école. Le rêve.
Les Dursley semblaient vouloir se distinguer des autres en faisant de leur devanture l'endroit le plus fleuri. Tout cet entretien donna presque la nausée à Severus. Cela paraissait si faux. Il se dégageait un sentiment d'hypocrisie, de secret et de mensonge. Un peu comme lorsque sa propre mère se rendait chez sa famille avec Severus et faisait comme si tout allait bien. Elle ne disait pas que son moldu de mari buvait comme un trou et les battait à la moindre contrariété. Elle ne disait pas qu'elle était malheureuse. Elle ne disait pas qu'elle n'en pouvait plus de la vie.
Severus durcit ses barrières mentales, ne souhaitant pas se faire happer aussi facilement par ses sentiments. Sans attendre, il avança vers la demeure des Dursley. Sa mission première était de convaincre la tante du gamin de revenir sur sa décision.
Pétunia n'avait pas changé. Les cheveux blonds, l'air hautain et le cou infiniment long, elle laissa entrer Severus et Jones sans un mot.
La maison était impeccable et cela confirma le sentiment premier de Severus.
- Il n'y a aucune photo de Harry Potter, chuchota Jones pour Severus alors qu'ils pénétraient dans le salon.
Force était de constater que la brune avait raison. Il y avait tout un tas de photos encadrées mais elles ne représentaient qu'un enfant qui semblait abuser de son pudding. Le gamin ressemblait à un cochon portant une perruque blonde. Réprimant une grimace, Severus attendit que Pétunia les invite à s'installer. En vain.
Elle entama la conversation sans préambule, droite et raide comme la justice.
- Dumbledore m'a dit que je dois signer des documents. J'aimerai ne pas perdre de temps.
Severus sentit Jones sortir un parchemin à ses côtés mais il l'arrêta d'un geste de la main.
- Il faut savoir que cette décision sera définitive, dit-il d'une voix extrêmement lente en espérant que la blonde imprime l'information. Il n'y aura plus aucun retour en arrière.
- J'ai bien lu les conséquences, Dumbledore m'a déjà tout envoyé, dit-elle d'une voix sèche.
L'air de Pétunia ne trompait pas. Severus entra à peine à la surface de l'esprit de la femme, juste pour s'assurer que la cause était déjà perdue. Il y vit alors la résolution et le soulagement de ne plus avoir Potter dans sa vie. L'échange visuel se rompit lorsque la porte d'entrée claqua.
- Pétunia ! résonna une voix d'homme. J'ai déposé Dud' chez son ami. Est-ce que les fous sont déjà arri…
L'homme ne termina pas sa phrase. C'était nul doute le mari de Pétunia. Il ressemblait au gamin sur les photos, en plus vieux et plus gros. Il semblait prêt à exploser (à cause de son obésité morbide ou de colère de voir des étrangers dans son salon, Severus n'aurait su le dire).
- Bonjour Mr. Dursley, lança Jones d'un air poli. Nous commencions tout juste à vous exposer les conditions.
- NOUS LES CONNAISSONS LES CONDITIONS ET NOUS NE VOULONS PLUS DE CE MONSTRE CHEZ NOUS ! IL A FINIT PAR COMPRENDRE QU'ON NE VOULAIT PAS DE LUI ALORS MAINTENANT VOUS VOUS CHARGEREZ DE CE MONSTRE ! IL S'ÉPANOUIRA PARFAITEMENT AVEC TOUS LES DÉGÉNÉRÉS DE VOTRE ESPÈCE ! explosa-t-il, le visage cramoisie de rage.
Hestia Jones affichait une mine outrée et il ne fallut pas plus d'un quart de seconde avant que Severus prenne le contrôle de la situation avant que cela tourne au vinaigre. Il sentait la magie emplie de colère rayonner autour de la représentante du ministère. Depuis quand était-il négociateur ?
- Je me doute que Potter a dû vous en faire voir des vertes et des pas mûres mais on se doit de vous faire signer les documents, dit-il d'une voix dangereusement calme.
Le cachalot qui servait d'oncle au Gryffondor se tourna vers lui. Il l'observa avec mépris mais il perdit de sa superbe dès que Severus accrocha son regard dans celui de l'homme. Severus jubila intérieurement. C'était toujours un plaisir d'écraser quelqu'un d'un simple coup d'œil. N'oubliant pas sa mission première de convaincre l'oncle et la tante de reprendre le gamin, Severus mit de côté la moralité et entra dans l'esprit de l'homme. S'il y avait une minuscule brèche pour les faire changer d'avis, Severus allait s'en saisir.
Cela dura à peine quelques secondes. La haine que ressentait Dursley pour son neveu frappa Rogue. Qu'avait donc fait le gamin ? Son arrogance avait-elle été jusqu'à un point de non-retour ? Il chercha alors des souvenirs se rapportant à Potter. Le gamin faisant la vaisselle et la cuisine, le fils Dursley coincé derrière une vitre au zoo à cause de Potter, c'était une première piste… Avait-il martyrisé le fils Dursley de la même manière que son père pouvait le faire avec les plus faibles à Poudlard ?
Severus chercha alors de ce côté. Mais le fils Dursley était loin d'être en reste. Le cousin qui frappe Potter, qui pique une colère pour manger le dessert de Harry et Dursley père qui ordonne à Potter - pâle comme un linge- de donner sa part, le cousin à son anniversaire et Harry qui se prend un coup de canne pour perdre au jeu de la chaise musicale. Et encore et toujours ce sentiment de fierté qui envahit Dursley père lorsque la gamin martyrise Potter.
Déstabilisé et déboussolé, Severus chercha désespérément quelque chose à reprocher à Potter. Il vit Potter, certainement un an plus tôt, demandant s'il allait avoir un uniforme. Son oncle et sa tante le rabaissant et lui rappelant qu'il prendrait les vieux vêtements de Dudley.
Potter avait toujours des vêtements trop grands. Severus pensait qu'il souhaitait se donner un style comme son père le faisait à l'époque avec ses cheveux.
Puis, il vit Potter sous la poigne de son oncle, jeté avec rage dans… Un placard ?! Le même placard sous l'escalier qu'il avait vu dans le couloir de la maison. L'homme lui hurlant qu'il n'aurait rien à manger.
Les araignées ne peuvent rien te faire pendant ton sommeil, je peux te l'assurer. J'en avais trois dans mon placard chez mon oncle et ma tante.
Oh non.
Merde.
Ce n'était pas possible.
Severus en avait assez vu. A peine sortie des pensées de l'oncle, le maître des potions le bouscula et se dirigea avec rapidité dans le couloir. ll ne pouvait pas y croire. Il entendit à peine la plainte de Dursley père et les appels étonnés de Jones. Se dirigeant vers l'escalier, il ouvrit la porte en dessous.
Avec horreur, il découvrit un matelas à peine plus épais qu'un gros tapis. Severus avait l'impression d'être dans un monde parallèle.
- On a donné la seconde chambre de Dudley ! dit Pétunia avec précipitation, manifestement effrayée.
Elle était moins stupide qu'elle en avait l'air. Pétunia semblait très bien se souvenir de ce dont Severus était capable.
- Que se passe-t-il ? demanda Jones les sourcils arqués d'incompréhension.
- Ils le faisaient dormir là-dessous, grogna Severus.
- ON A JAMAIS DEMANDÉ À L'AVOIR AVEC NOUS ! s'emporta à nouveau l'oncle de Potter.
Une colère sourde envahit le professeur de potions. Il avait envie d'étriper l'homme qui ressemblait soudainement beaucoup trop à son propre père. Un moldu sans valeur. Ses vieux démons refirent surface. Voilà pourquoi Severus avait voulu rejoindre un clan qui souhaitait mettre les sorciers au-dessus de tout. C'était une facilité dans laquelle il était tombée la tête la première. Cela avait causé sa perte. Et celle de Lily. Et Potter avait grandi ici.
Il ne pouvait pas l'accepter. Toutes ses certitudes éclataient en mille morceaux. Des pensées contradictoires et paradoxales envahirent son esprit et Severus les rangea au fond de son crâne.
- Je pense qu'il serait préférable de signer les papiers et s'en aller, déclara Jones d'un air dégoûté.
Severus hocha la tête, se concentrant pour ne pas tout envoyer bouler. Trop d'émotions le traversaient. Lui-même avait de la colère envers Potter qui ressemblait beaucoup trop à son père. Mais là, il ne savait plus quoi penser. Il n'avait qu'une envie : retourner dans ses cachots et travailler, travailler et travailler.
Il entendit à peine Jones lire à voix haute l'abandon de tutelle. Severus signa, l'esprit coupé du monde.
Hestia Jones tenta d'entamer la conversation avec lui lorsqu'ils sortirent. Il l'ignora et transplanna sans un mot. Serrant le parchemin contre lui, il le fournit à Dumbledore, toujours silencieusement.
Bien évidemment, le directeur ne dit rien, comme s'il s'y attendait. Les mots prononcés quelques jours plus tard refirent surface.
Je souhaite le meilleur pour Harry. Faîtes moi confiance…
Severus ne préféra pas creuser immédiatement ce sujet. Il vola presque jusque dans ses cachots et s'enferma à l'intérieur.
Il dormit à peine cette nuit-là. Dès qu'il fermait les yeux, Severus voyait le visage effrayé de Potter dans son placard. Dumbledore savait-il que l'enfant avait été traité de cette manière ? Comment avait-il pu laisser passer ça ? Lui qui favorisait tellement le Gryffondor à Poudlard. Severus se sentait impuissant face aux sentiments qui le tiraillaient. Lui-même avait bousculé Potter et ne lui avait fait aucun cadeau. Mais il pensait que tout cela était excusable. Potter semblait tellement ressembler à James Potter. Dumbledore avait tenté de lui dire plusieurs fois que c'était faux. Severus n'avait jamais pensé à quel point. Il voulait juste rétablir l'équilibre. Un enfant gâté ne donnait jamais rien de bon. Certes, Potter était arrogant, insolent mais il n'était pas gâté. Cette simple constatation remettait tout en cause. Et surtout, qu'aurait dit Lily en voyant son fils traité de la sorte par sa propre sœur ?
Le coup de grâce arriva le lendemain même.
Severus avait tous les éléments pour faire arrêter les Judson. Ces dernières découvertes l'avaient remis d'aplomb et avait boosté son égo. La potion n'était rien d'autre qu'un élixir poussant n'importe quel moldu à le boire puis le pousser à exécuter quiconque n'était pas sorcier. Fort heureusement, cette potion n'était jamais tombée entre des mains dangereuses. Souhaitant présenter ses résultats au directeur, Severus s'était pointé devant le bureau. La porte était ouverte et il surprit malgré lui Potter et le directeur échanger sur la fin de la tutelle.
Sa bonne humeur s'évapora en un instant.
La conversation était d'une intensité rare. Dumbledore ne semblait pas l'avoir remarqué. Il était à deux doigts de manifester sa présence lorsque son nom franchit les lèvres du Survivant.
- ...je sais aujourd'hui que Rogue me déteste car ma mère s'est sacrifiée pour moi. Il est certain que ma tante me déteste pour cette même raison.
La certitude de ce gamin était déconcertante. Severus n'entendit pas la réponse du directeur mais il vit clairement l'air triste derrière ses lunettes. Il aurait voulu insulter le Gryffondor et lui dire d'arrêter de vouloir faire pleurer dans les chaumières. Sauf que la franchise qui résonnait sur les murs du bureau ne put le résoudre à faire preuve de mauvaise foi. Potter était stupide. Comme si la mort de Lily était de sa faute… Le fautif était Voldemort. Et Severus.
Le directeur prononça son nom et Potter se retourna à s'en décrocher la nuque. Son regard était effrayé. Et pour la première fois, la toute première fois, Severus vit Potter d'une toute autre manière : un enfant. Il observa le garçon se lever et traverser la pièce.
Il sentit le regard brûlant de Dumbledore sur sa nuque. Pendant un instant, une conversation silencieuse s'opéra entre les deux hommes. Dumbledore prit finalement la parole :
- Harry est quelqu'un de profondément bon Severus, il ne mérite pas cela.
Severus resta muet. Harry ne mérite pas cela. Quoi donc ? D'être traité comme un paria par sa famille ? Des bâtons dans les roues que Severus s'était évertué à mettre en place pour endurcir ce gamin qu'il croyait pourri gâté ? D'être le Survivant ? D'être l'élu d'une prophétie qui le mènerait tout droit à la mort ?
Ces effluves de sentiments et de questionnements traversèrent Severus comme des coups de poing. Tous ses sens criaient au danger. Il n'avait plus du tout envie de parler. Le serpent voulait retourner dans son trou. Immédiatement. Il tourna alors les talons et s'échappa.
NDA : Difficile pour notre maître des potions d'accepter une réalité qui le dérange dans ses certitudes... Mais il commence doucement à ouvrir les yeux. Si vous avez aimé ce chapitre - ou pas - n'hésitez pas à me laisser un commentaire ! Vous êtes beaucoup à me lire mais j'ai peu de retours en comparaison aux nombres de lecture !
On se retrouve le 16 juillet !
