Note de l'autrice : Vous avez voté, voici donc le chapitre en avance ! Bonne lecture.
Merci à Leniewolf à qui je ne peux pas répondre pour son gentil commentaire:).
Chapitre 12
A la grande surprise de Harry, Rogue avait accepté de lui apprendre à faire des boucliers défensifs. Bien sûr, le professeur avait toujours eu la réputation de vouloir le poste de professeur de Défense contre les forces du mal mais Harry était étonné de la tournure qu'avait pris les choses. En plus de cela, le Gryffondor nourrissait une certaine fierté à montrer au professeur qu'il réussissait à faire ce qu'on lui demandait. Quant à Rogue, il restait égal à lui-même : avare de compliments, impitoyable lorsqu'il devait répéter plus d'une fois la même chose et impénétrable dès que la leçon était terminée.
Après une semaine à pratiquer ces leçons privées, Harry savait désormais lancer un bouclier dès qu'il le souhaitait. Il lui fallait encore maîtriser la puissance. Parfois, il mettait tellement d'entrain dans sa formule que sa baguette finissait par dévier voire lui échapper des mains.
- Je vous ai déjà dit de ne pas hurler votre formule, grinça Rogue pour la troisième fois -ce qui était beaucoup trop. Et arrêtez vos grimaces !
- C'est parce que ça va vite, se justifia Harry essoufflé.
Le professeur lançait des sorts à toute vitesse et Harry devait les contrer. Rogue semblait s'ennuyer fermement et lançait les sorts de la même façon qu'il jetait les ingrédients par-dessus son chaudron : avec souplesse et sans difficulté. Cela renforçait l'impression d'Harry d'être maladroit et bourrin mais il faisait du mieux qu'il pouvait.
Se reposant quelques instants, les mains sur ses cuisses, Harry tentait de contrôler sa respiration. Il y avait un autre avantage à ses petites leçons : Harry n'avait jamais aussi bien dormi. Il se couchait de bonne heure et faisait des nuits complètes sans cauchemar. Son moral n'avait jamais été aussi haut et il n'aurait jamais cru que Rogue aurait pu participer au bien-être de sa santé mentale.
Il se doutait que le directeur de Serpentard voyait certainement un intérêt personnel dans ces leçons. Il ne pouvait pas faire cela par pure altruisme. Harry en était donc arrivé à la conclusion que le professeur ne voulait pas non plus d'une nouvelle explosion dans les cachots et qu'on n'était jamais trop prudent.
Il se redressa et se prépara à nouveau au combat mais le professeur rangea sa baguette dans sa manche.
- C'est terminé pour aujourd'hui, annonça-t-il.
- Oh, dit simplement Harry un peu dérouté, abaissant sa baguette.
Avait-il fait quelque chose de mal ? Le professeur jugeait-il son niveau insuffisant ?
- Il me semble que vous vous rendez chez les Weasley demain et je doute que votre valise soit déjà prête, dit Rogue d'une voix lente. Par ailleurs, vous savez comment réaliser un bouclier. Il ne reste plus qu'à vous entraîner lorsque vous serez de retour à Poudlard pour une maîtrise parfaite.
Harry s'apprêtait à répliquer mais le professeur avait déjà ouvert la marche, signe qu'il était inutile de discuter. Le professeur avait déjà été bien patient de lui apprendre à réaliser des boucliers. Si on avait dit à Harry au début des vacances que Rogue lui apprendrait à réaliser des boucliers, il aurait conseillé à cette personne d'aller voir un médecin au plus vite. Le Gryffondor avait plutôt pensé que Dumbledore aurait pu lui enseigner un tas de choses mais l'homme avait été occupé. Harry n'en voulait pas au directeur. Après tout, il n'aurait jamais dû rester à l'école.
Un soir, alors qu'il se rendait chez Hagrid, Harry avait surpris Dumbledore en train de discuter avec McGonagall. Un agent du ministère voulait rendre visite à Harry pour savoir comment il se portait et tout un tas d'autres choses qu'Harry n'avait pas vraiment saisies. Dumbledore avait assuré à McGonagall qu'il ne laisserait jamais Harry partir dans un orphelinat et une bouffée de reconnaissance pour Dumbledore avait envahi Harry. De loin, le directeur gardait un œil sur lui et il y avait quelque chose de rassurant et plaisant là-dedans.
Harry suivait distraitement le directeur de Serpentard. Généralement, la leçon durait jusqu'à l'heure du dîner et ils descendaient silencieusement dans la Grande Salle. Harry racontait alors sa journée à Dumbledore et McGonagall - lorsqu'ils étaient présents - ainsi qu'à Hagrid. Le professeur Rogue restait majoritairement silencieux ou échangeait quelques mots à voix basse avec directeur.
Cette fois-ci, il était encore tôt pour aller manger et Harry s'apprêtait à tourner au prochain couloir pour se rendre dans la salle commune de Gryffondor quand une question lui brûla les lèvres. Il s'arrêta brusquement et observa son professeur qui descendait les escaliers.
- Monsieur ?
Le professeur de potions se tourna lentement, visiblement irrité et impatient.
- Qu'y a-t-il Potter ?
- Est-ce que vous savez qui sera notre prochain professeur de Défense contre les forces du mal ? demanda Harry avec la légère inquiétude que le professeur l'envoie paître.
- Je vous ai déjà dit que je ne vous répondrai pas, rembarras Rogue d'un ton sec. Vous le saurez dans à peine une dizaine de jours. Je suppose que vous pouvez faire preuve de patience et survivre d'ici là.
- Mais si jamais j'ai des questions sur la Défense contre les forces du mal, est-ce que je pourrai venir vous les poser ?
Harry n'était pas sûr que sa demande soit très intelligente et il tortilla ses doigts machinalement, attendant que le professeur lui offre une réponse. Rogue savait faire beaucoup de choses. Harry avait appris bien plus en quelques jours qu'en une année scolaire.
- Vous pouvez toujours essayer, répondit Rogue d'une voix menaçante avant de lui tourner le dos et s'en aller d'un pas rapide.
Harry soupira. Les Serpentard étaient définitivement des êtres à part mais Harry se demanda si parfois, ils ne faisaient pas un peu exprès de faire peur...
.
Harry fourra son dernier pull dans sa malle avant de la refermer d'un geste sec. Il était fin prêt pour retrouver son meilleur ami et passer sa semaine chez les Weasley. Un mélange d'excitation et de crainte s'anima en Harry.
Toute son appréhension s'évapora lorsque le père de Ron, Mr Weasley, vint chercher Harry avant le dîner. L'homme avait le front dégarni, les cheveux roux et un air bienveillant qui mit immédiatement Harry en confiance. Pour la première fois, Harry allait découvrir où vivait Ron et il avait hâte d'y être. Après quelques échanges cordiaux entre Mr. Weasley et McGonagall, ils se dirigèrent vers le bureau d'Albus Dumbledore, absent en ce jour de grand départ. Excité comme une puce, Harry se saisit de la poudre de cheminette. Dumbledore lui avait déjà tout expliqué quelques semaines plus tôt et si Harry avait été impressionné, il avait encore plus hâte d'essayer.
- Qu'est-ce que je dois dire ? demanda Harry avant d'entrer dans l'antre de la cheminée.
- Le Terrier, c'est là où nous allons. N'oublie pas de parler bien fort mon grand, répondit Mr Weasley avec gentillesse. Sors au moment où tu verras Ron.
Harry hocha la tête, un peu inquiet et prononça la destination d'une voix forte. Le tourbillon qui l'aspira surprit Harry. Tournant sur lui-même dans un grondement assourdissant, Harry s'efforça d'ouvrir les yeux mais les flammes vertes qui dansaient autour de lui lui donnèrent mal au cœur… Continuant de tourner, tourner, tourner... Harry n'avait qu'une hâte, qu'il arrive à destination. Finalement, il atterrit la tête la première sur un sol en pierre froide, le cœur au bord des lèvres.
Deux paires de mains le saisirent sous les aisselles pour le relever et Harry mit un temps avant que sa tête ne cesse de tourner.
- Harry ! s'écria une voix qu'il aurait reconnu entre mille.
Ron Weasley se tenait devant lui, un sourire rayonnant et une mine amusée. Les personnes qui l'avaient aidé à se relever n'étaient autre que Fred et Georges, les frères aînés de Ron.
- Hé bah mon vieux, t'as une sale mine ! On pourrait croire que tu vas vomir l'intégralité de ton déjeuner…
- Enfin Fred, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de parler de nourriture à Harry dès maintenant, lança Georges taquin.
- C'est dommage maman avait préparé un magnifique poulet rôti.
- Taisez-vous tous les deux ! lança une voix féminine. Harry mon chéri viens ici, je suis si heureuse d'enfin te rencontrer !
Harry qui luttait contre la nausée se tourna vers Mrs Weasley et ne put échapper à l'embrassade qu'elle lui administra. De petite taille, les cheveux roux, la femme avait cependant une force qu'Harry n'aurait jamais soupçonné. Elle le pressa contre elle et, extrêmement gêné, il crut qu'il allait étouffer dans sa poitrine.
- Maman ! s'exclama Ron les oreilles rouges.
- Oh pardon ! Nous sommes heureux de te voir ici Harry. Bienvenue chez nous !
Au même moment, Mr Weasley apparut et Harry fut un brin vexé de voir qu'il était le seul à s'être totalement étalé sur le sol. Mrs Weasley se dirigea vers son mari tout en ordonnant à Fred et Georges de monter la malle de Harry dans la chambre de Ron. Harry était à deux doigts de refuser mais les garçons s'attelaient déjà à la tâche. Rouge d'embarras, Harry se tourna vers Ron qui lui souriait de toutes ses dents.
- Bienvenue ! Je te montre la maison ?
Harry opina du chef, heureux de se mettre en mouvement.
C'était la première fois qu'il entrait dans une maison de sorcier. Harry se rendit alors compte qu'il était dans la cuisine. Tante Pétunia aurait fait une attaque tant un joyeux désordre régnait dans la pièce. Petite et encombrée, une table et des chaises en bois brut occupaient le centre de la pièce. Une pendule accrochée au mur avait une seule aiguille et autour du cadran s'affichait diverses inscriptions comme "Heure de nourrir les poulets", "Tu es en retard" ou "Heure du thé". Une grande marmite chauffait et maintenant que sa nausée était apaisée, Harry se délectait de la bonne odeur de poulet. A côté de l'évier, un poste radio diffusait une émission nommée "Salut les sorciers".
Ron invita Harry à prendre les escaliers et à chaque porte, annonçait à qui appartenait la chambre. Au moment où ils arrivèrent au deuxième étage, une petite fille aux cheveux roux sortait de la salle de bain. Les cheveux encore humides et en robe de chambre, la fillette poussa un cri avant de se mettre à rougir violemment et s'en aller à la vitesse d'un vif d'or.
- C'est Ginny, elle a passé l'été à parler de toi, dit Ron. Juste ici c'est la chambre de Percy, il est resté enfermé là-dedans tout l'été. Fred et Georges essayent de percer le mystère de ce qu'il peut bien trafiquer. Au dernier étage, c'est ma chambre, viens !
Les garçons grimpèrent les marches à toute vitesse et Harry poussa un cri d'admiration lorsqu'il entra dans la chambre de Ron. C'était comme entrer à l'intérieur d'un volcan. Tout était orange, le plafond épousait la forme du toit et il fallait se baisser pour atteindre le lit de Ron. Un lit d'appoint avait été installé. Les murs de la chambre étaient habillés d'un tas d'affiches avec des sorcières et mages aux robes oranges et tenant des balais. Harry pût y lire "Canon de Chudley".
- C'est ton équipe de Quidditch préférée ?
- Oui ! Ils sont neuvième au championnat, dit Ron qui affichait un air anxieux.
Harry enjamba des cartes qui étaient éparpillées sur le sol et observa par la petite fenêtre le jardin qui s'étendait à perte de vue. Une bande de gnomes se battaient en contrebas.
- Bon c'est un peu petit mais on pourra aller jouer au Quidditch demain, dit Ron.
- C'est la plus belle maison que je n'ai jamais vue! s'exclama Harry.
A ces mots, Ron rougit jusqu'au sommet des oreilles.
.
Les vacances chez Ron passèrent à la vitesse de la lumière. Harry n'avait jamais aussi bien mangé, Mrs Weasley s'assurait toujours qu'il prenne deux fois de chaque plat. Un soir, Harry crut même qu'il allait être malade d'avoir trop mangé.
Mrs. Weasley avait exigé que les garçons dégnoment le jardin à l'exception de Percy qui travaillait énormément dans sa chambre.
- Tu parles ! avait lancé Fred. Il astique juste sa baguette pendant qu'on se tape tout le sale boulot et comme c'est un fayot, maman n'y voit que du feu.
Harry avait donc fait connaissance avec les gnomes, des petits êtres assez perfides qui revenaient sans cesse pourrir les légumes du jardin. La petite sœur de Ron, Ginny, passait son temps à éviter Harry qui essayait de faire bonne figure.
Quelques jours avant la rentrée, la liste des fournitures scolaires furent reçue. Hermione avait prévenu par courrier qu'elle se rendrait sur le chemin de traverse avec ses parents le mercredi qui arrivait et c'est ainsi que les Weasley s'accordèrent également sur cette date. Mr Weasley trépignait tellement d'impatience à l'idée de rencontrer les parents de la jeune fille afin de satisfaire sa soif pour le monde moldu que Mrs Weasley finit par élever la voix pour qu'il se calme. L'homme avait eu le bon goût de rentrer la tête dans les épaules mais dès qu'elle eut le dos tourné, Mr Weasley envoya un clin d'œil à Harry, le regard brillant de joie.
Ils prirent donc la poudre de cheminette et Harry confirma qu'il n'aimait pas du tout ce moyen de transport. Le chemin de traverse grouillait de monde et ils eurent le plus grand mal à trouver Hermione et ses parents.
Finalement, après de longues minutes de recherche, la jeune fille à la chevelure si particulière leur fît de grands gestes. Mr Weasley sautait presque de joie, ne lâcha plus les parents d'Hermione et leur proposa d'aller boire un verre. Une fois les présentations faites, le trio se décida à se rendre à Gringotts. Harry devait récupérer un peu d'argent pour acheter tous les livres nécessaires et quelques nouveaux vêtements.
- On se retrouve chez Fleury et Bott, lança Mrs Weasley, Ginny sur les talons.
- Je ne sais pas comment on va faire pour payer tous les nouveaux livres, dit Ron en observant à nouveau la liste des fournitures scolaires.
- Ne t'inquiète pas pour ça Ron, dit Georges. On se retrouve plus tard !
Les jumeaux disparurent dans la foule, rejoignant leur ami Lee Jordan. Une fois leur passage à Gringotts et les bourses pleines de gallions, le trio se dirigea vers Madame Guipure. Ils avaient tous grandi et avaient besoin de nouvelles tenues pour Poudlard. Tandis qu'ils faisaient la queue, Hermione ne cessait de s'enthousiasmer concernant les livres à acheter.
- Pour tout dire, j'ai déjà lu Randonnée avec les trolls et Voyages avec les vampires l'an dernier, dit Hermione, mais notre nouveau professeur à l'air d'être un grand admirateur ou admiratrice de Gilderoy Lockhart. Je le comprends, c'est un très grand sorcier qui a accompli des choses extraordinaires.
Harry échangea un regard perplexe avec Ron qui haussa les épaules d'un air nonchalant. Il était vrai que plus de la moitié des livres à acheter étaient écrits par ce fameux Gilderoy Lockhart mais Harry n'en avait jamais entendu parler.
- Tu n'aurais rien entendu pendant que tu étais à Poudlard sur notre nouveau professeur de Défense ? demanda Ron curieux.
- Non, j'ai demandé à Rogue mais il n'a pas voulu me répondre, lâcha Harry sans réfléchir.
- Rogue ? s'étonna son ami les sourcils levés. Tu voulais te faire assassiner sur place ou quoi ?
- Non, dit Harry qui sentit ses joues chauffer sans trop savoir pourquoi.
Il ne savait pas trop s'il voulait raconter ses séances avec le professeur et encore moins de quoi elles découlaient. Parler de l'explosion du chaudron suite à l'échec de sa mission, de sa crise de nerfs puis de ses supplications pour apprendre à faire un protego parfait auprès du professeur de potions avait quelque chose d'humiliant.
- D'ailleurs, il y a eu des choses suspectes chez lui ? ajouta Ron qui ne semblait pas s'apercevoir du malaise de Harry.
- Pas vraiment non.
Harry aurait aimé en parler à Ron et Hermione mais il avait peur d'être jugé, surtout par le premier. Ron était très arrêté sur ses idées et si Hermione aurait sans nul doute été ravie pour les leçons particulières, Ron aurait été moins enthousiaste. Pire, il allait sûrement lui dire des choses que Harry essayait de reléguer loin dans sa tête. Il n'avait pas envie d'entendre que Rogue se servait peut-être de lui. Pendant les après-midis, Harry avait presque trouvé un certain réconfort à apprendre des choses et ne pas être seul toute la journée. Il ne voulait pas que ce sentiment soit gâché par des choses moins plaisantes.
- Je crois qu'on devrait voir ce qu'il se passe cette année à Poudlard, dit Hermione. Je suis certaine que rien de grave n'arrivera et que ce pauvre petit elfe n'avait plus toute sa tête. Je me suis d'ailleurs renseignée sur les conditions des elfes de maison et…
Harry décrocha de la conversation, ses pensées voyageant sur les derniers jours qu'il avait passé à Poudlard et la visite de Dobby qu'il avait totalement oubliée. Le temps était passé très vite et comme il travaillait beaucoup sur ses boucliers, l'avertissement de Dobby était passé à la trappe. Rogue n'avait pas non plus eu un comportement qui puisse apporter le moindre soupçon à Harry.
Bien sûr, l'homme avait été froid avec lui, se contentant de lui donner des conseils de façon sèches et impatientes mais il n'avait rien fait pour attaquer Harry alors qu'il aurait eu tout le loisir de le faire. A cette pensée, Harry se rendit compte qu'il s'était donné tout entier au professeur et que si l'homme avait voulu l'assassiner, il n'aurait eu aucun mal à le faire.
Réprimant un frisson, Harry entra enfin dans la boutique et Mrs Guipure put enfin prendre ses mesures. Elle murmura qu'il n'avait pas beaucoup grandi. Harry se vexa légèrement à cette remarque et encore un peu plus quand elle lui suggéra de manger davantage.
.
Une heure plus tard, la majorité des achats réalisés, le trio se dirigea chez Fleury et Bott. Une foule compacte attendait devant et une excitation palpable se faisait sentir.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Hermione.
Ron, le plus grand des trois, se leva sur la pointe des pieds afin de trouver la cause de cette agglutination. Ce fut cependant une sorcière à peine plus âgée qu'eux qui leur répondit.
- Gilderoy Lockhart est en dédicace pour son livre Moi le magicien !
La lueur fanatique dans ses yeux inquiéta Harry qui jeta un regard paniqué à Ron. Hermione poussa un glapissement de joie.
- Mais c'est fantastique ! On va pouvoir le rencontrer !
A bien y regarder, la foule était majoritairement composée de femmes et jeunes filles. Le sorcier-libraire à l'entrée tentait de calmer les ardeurs des admiratrices de plus en plus survoltées.
- Comment est-ce qu'on va faire pour entrer ? grogna Ron. On veut juste nos livres !
Harry ouvrit le chemin, se faufilant à travers la foule et ses amis le suivirent sur les talons. Ils réussirent à se glisser à l'intérieur de la librairie et Harry marmonna au libraire qu'ils attendaient leurs parents à l'intérieur. Il joua sans difficulté de son air enfantin pour faire craquer le libraire totalement débordé. Il y avait parfois des avantages à être petit.
A l'intérieur, une longue file s'étendait sur toute la longueur du magasin où au bout Gilderoy Lockhart signait ses bouquins. Saisissant à la va vite leurs livres, le trio joua des coudes pour rejoindre les parents de Ron et Hermione. Ginny Weasley se mit de nouveau à rougir violemment lorsque Harry lui adressa un sourire mais il fît comme s'il n'avait rien remarqué.
- Ah vous voilà ! C'est de la folie, dit Mrs Weasley. On va bientôt pouvoir le voir…
Mrs Weasley tapotait ses cheveux et affichait un sourire particulièrement niais. Ron paraissait embarrassé. Un brin amusé, Harry observa Gilderoy Lockhart tandis que la file d'attente se réduisait.
L'homme était entouré de ses propres photos qui adressaient des clins d'œil à la foule. Blond, le regard bleu myosotis, l'homme lançait des sourires plus charmeurs les uns que les autres.
Lorsque ce fut enfin leur tour, un petit homme qui photographiait Lockhart bouscula Ron en grognant de dégager.
- C'est pour la Gazette du Sorcier ! dit-il pour justifier son geste.
- Ce n'est n'est pas une raison pour bousculer les gens ! grinça le roux en frottant son pied.
Gilderoy Lockhart avait assisté à la scène et se redressa, les yeux ronds puis bondit de sa chaise :
- Harry Potter ! s'exclama-t-il.
Harry aurait aimé se réfugier dans un trou de souris. L'intégralité des regards étaient tournés vers lui et un silence régnait dans la pièce. Quelques chuchotements s'élevèrent puis l'homme attira Harry vers lui sans rien demander. Harry vira cramoisie lorsque Lockhart lui serra la main avec vigueur pour le photographe sous les applaudissements nourris de la foule.
- Fais un beau sourire Harry, toi et moi nous allons faire la une ! dit Lockhart, un sourire étincelant accroché au visage. Mesdames et messieurs, c'est un moment exceptionnel pour vous annoncer une grande nouvelle !
L'air théâtral du sorcier ne dit rien qui vaille à Harry qui lança un regard paniqué à ses amis. Ron semblait partagé entre le fou-rire et l'horreur tandis qu'Hermione souriait à pleines dents, visiblement ravie pour Harry.
- En effet, lorsque le jeune Harry est venu ici aujourd'hui chez Fleury et Bott, il ne se doutait pas qu'il repartirait avec la collection complète de mes ouvrages que je lui offre !
La foule se mit à applaudir à nouveau. Harry ne souhaitait absolument pas de traitement de faveur mais ne put rien dire et offrit un sourire gêné à l'homme.
- Par ailleurs, ajouta-t-il en demandant le silence avec sa main, j'en profite pour vous dire que Harry Potter et ses camarades auront le plaisir de partager les cours de Défense contre les forces du mal avec moi cette année ! Et oui, je vais découvrir les joies de l'enseignement cette année à l'école de sorcellerie Poudlard.
Tandis que les salves d'applaudissements reprirent de plus belle, Gilderoy Lockhart remit les livres dans les bras de Harry avant de lui donner une bourrade amicale dans son dos. Harry titubait sous le poids des livres et se dépêcha de s'échapper.
Il retrouva Ginny qui attendait dans un coin de la librairie, son nouveau chaudron à ses côtés. Harry mit tous les livres à l'intérieur.
- Tiens je te les donne, dit-il, j'achèterai mes propres exemplaires.
Avant même que la sœur de Ron ne puisse répondre, une voix résonna derrière lui.
- Ça a dû te faire plaisir hein Potter ! Le célèbre Harry Potter ! Il ne peut même pas entrer dans une librairie sans faire la une des journaux !
Drago Malefoy se tenait désormais devant lui, le regardant avec mépris et colère. Et pour la première fois, Ginny ouvrit la bouche en la présence de Harry. Se redressant de toute sa taille, elle envoya un regard assassin à Malefoy.
- Fiche-lui la paix ! dit-elle.
- Oh comme c'est mignon Potter, tu t'es trouvée une petite amie, se moqua-t-il de sa voix nasillarde. T'as choisi plus jeune cette fois-ci, dit-il dans un sous-entendu à peine dissimulé.
Ginny vira écarlate et Harry leva les yeux au ciel d'un air blasé tandis que Ron et Hermione arrivèrent au même moment.
- Tiens tiens, Malefoy, cracha Ron en l'observant comme s'il n'était qu'un vulgaire insecte. Qu'est-ce que tu fiches ici ?
- C'est plutôt moi qui devrait poser cette question tu ne crois pas ? ironisa Malefoy. Vous avez assez d'argent pour vous payer tous ces bouquins ?
Ron lâcha ses livres dans le chaudron de Ginny, aussi écarlate que cette dernière, prêt à refaire le portrait de Malefoy. Harry et Hermione eurent le réflexe d'attraper Ron par la veste avant qu'un drame ne se produise dans la librairie. Harry avait déjà bien eu assez de photos pour la journée.
Au même moment, Mr Weasley apparut.
- Ron ! Ah vous êtes ici ! Les enfants on y va c'est de la folie ici !
- Tiens, tiens, tiens, Weasley père.
C'était Mr Malefoy, le père de Drago. Les cheveux longs et aussi blonds que son fils, Harry comprit de qui Drago tenait le sourire narquois et l'air hautain. L'homme observait Mr Weasley avec un tel mépris que ça en devenait embarrassant. Il avait posé la main sur l'épaule de son fils tandis que l'autre tenait une canne où une tête de serpent trônait en guise de pommeau.
- Lucius, dit Mr Weasley d'une voix froide en hochant la tête dans un salut.
- Vous avez beaucoup de travail au ministère Arthur, lança Mr Malefoy, avec toutes ses perquisitions...J'espère qu'ils vous paient vos heures supplémentaires au moins ? Mais si j'en juge par l'état de ceci, je dirai que non.
Mr Malefoy avait plongé sa main dans le chaudron de Ginny et avait saisi un ouvrage d'occasion, tout racornit.
- A quoi bon déshonorer la fonction de sorciers si on ne vous paye même pas bien pour ça ? demanda-t-il.
Cette fois-ci, Mr Weasley vira au rouge mais garda la tête haute.
- Nous n'avons pas la même notion de ce que doit être l'honneur d'un sorcier Malefoy.
- C'est certain, répliqua Mr Malefoy avant de se tourner vers Mr et Mrs Granger qui observaient la scène avec appréhension. Vous fréquentez de drôle de gens… Je ne pensais pas que votre famille pouvait tomber encore plus bas…
Harry ne vit rien venir. Mr Weasley avait bondi sur Mr Malefoy dans un grand bruit métallique. Un tas de bouquins tombèrent à la renverse. Fred et Georges encouragèrent leur père d'une voix forte tandis que le libraire appelait au calme. Ce ne fut que lorsque Mrs Weasley s'interposa que le père de Ron reprit contenance.
Mr Weasley avait la lèvre fendue tandis que Mr Malefoy arborait un œil au beurre noir. Furieux, il tenait encore le livre de Ginny entre ses doigts. Il lui jeta le volume avec hargne.
- Tiens jeune fille, prends ton livre ! Ton père ne pourra jamais rien t'offrir de mieux.
Il se redressa et attira Drago contre lui avant de partir d'un pas pressé.
.
Le soir venu au Terrier, tout le monde ne parlait plus que de la bagarre entre le père Weasley et le père Malefoy.
- C'était tellement drôle de voir ce livre lui tomber sur le coin de la tête, s'exclama Fred d'une voix amusée.
- Ce n'est absolument pas drôle, grinça Mrs Weasley en resservant une portion de purée à Harry. La famille Malefoy est très puissante, il n'est jamais bon de se mettre à dos ces gens-là. Ils ont beaucoup de pouvoir et peuvent faire beaucoup de dégâts.
- Mais tu as vu ce qu'il a dit sur les parents d'Hermione, dit Ron agacé.
- La violence contre la bêtise ce n'est pas une solution Ron, dit Mrs Weasley. Bravo Arthur, vraiment ! Qu'a dû penser Gilderoy Lockhart en voyant cette bagarre ?
- Tu plaisantes maman ! dit Fred. Il était très content, il a même demandé au journaliste de la Gazette du sorcier s'il pouvait parler de la bagarre dans son reportage. Il a dit que ça serait une très bonne publicité pour lui.
- Ça suffit, lança la matriarche.
Mr Weasley gardait le silence mais Harry fut certain de voir un sourire victorieux lorsque Ron évoqua pour la troisième fois de la soirée les blessures de Malefoy père.
La fin des vacances passèrent à la vitesse de la lumière. Harry et Ron jouèrent au Quidditch avec les jumeaux la majorité du temps lorsque Mrs Weasley ne leur demandait pas de faire quelques corvées.
Harry avait passé des vacances exceptionnelles et il ne put s'empêcher d'être jaloux de Ron. Il était entouré d'une famille joyeuse et aimante et même si Harry n'irait plus jamais chez les Dursley, jamais il ne pourrait goûter à la joie d'une famille. Désormais il était tout seul.
Le dernier soir avant la rentrée, Mrs Weasley prépara un repas digne des grands festins de Poudlard. Elle avait même préparé une tarte à la mélasse et Harry s'en servit trois fois pour la plus grande joie de Mrs Weasley. Les jumeaux avaient apporté des pétards et ils explosèrent dans un feu d'artifice de couleurs sous les applaudissements de la famille. Même Percy accorda un sourire face aux pitreries des jumeaux.
Le lendemain matin, tout le monde se leva aux aurores. Pourtant, entre les différents passages à la salle de bain, le petit déjeuner et descendre les malles, un retard monstre s'accumulait. Tout le monde se bousculait dans les escaliers et Mrs Weasley affichait une mine sévère, particulièrement après le conflit entre Fred et Ginny qui accusait ce dernier de lui avoir pris son journal intime. La jeune fille le retrouva sous son lit quelques instants plus tard. Mr Weasley chargeait les malles dans sa voiture dans un casse tête pour tout faire rentrer convenablement.
Harry se demanda un instant comment toutes les valises et l'intégralité des passagers pourraient rentrer mais Mr Weasley semblait avoir ensorcelé la voiture. Il fit promettre à Harry de ne rien dire à Mrs Weasley. Ravie d'être dans la confidence, Harry s'installa sur la banquette arrière tandis que Ginny et Mrs Weasley montait à l'avant.
Tout le monde était fin prêt à partir que Ginny cherchait frénétiquement dans son sac à dos.
- Mon journal intime !
- Encore ! s'agaça Mrs Weasley.
La fillette sortie en trombe et revint quelques instants plus tard, visiblement soulagée.
- Plus personne ne sort désormais et si vous avez oublié quelque chose, que vous avez envie de faire pipi ou que vous avez oublié de mettre votre pantalon, c'est trop tard ! cria Mrs Weasley. Arthur, en route !
Il était moins le quart lorsqu'ils arrivèrent à King's Cross. La troupe courait pour atteindre la voie 9 . Percy fut le premier à franchir les barrières suivi des jumeaux. Mr et Mrs Weasley, concentrés sur leur benjamine qui allait à Poudlard pour la première fois, traversèrent la barrière avec elle.
- Très bien, allons-y, dit Ron.
Harry et Ron se mirent à courir à toute vitesse. Les barrières se rapprochaient de plus en plus et Harry ferma les yeux.
- AAAARRRRGHHHH !
Ils s'écrasèrent droit devant, Harry tomba à la renverse tandis que Ron avait fait un soleil par-dessus son chariot. Hedwige poussa un cri de fureur et Croûtard couina de peur.
Par Merlin, pensa Harry, la barrière ne s'était pas ouverte.
NDA : Et voici ce nouveau chapitre ! Qu'en dites-vous ? Alors je sais, peu de relation Severus/Harry mais c'est pour mieux savourer plus tard mon enfant. Et vous vous doutez bien qu'avec la connerie que nos deux meilleurs amis vont faire, l'accueil sera chaleureux ! Cela ne pouvait pas être si facile, désolée !
On se retrouve le 10 septembre pour le chapitre 13. En attendant, j'attends vos retours (pour rappel, mon seul salaire et je réponds toujours ! ;)).
