L'automne arriva sur le château sans prévenir et le froid surpris tout le monde. La plupart des élèves tombèrent malades en ce mois d'Octobre et une queue s'étendait devant l'infirmerie afin que les garnements qui tombent malades au premier coup de froid puissent prendre de la pimentine. Bien sûr, Severus avait été appelé au pas de charge afin d'aider Pomfresh dans ses réserves.

Si seulement les directeurs de maison avaient été aussi précautionneux que lui, la moitié des élèves n'auraient pas eu les oreilles qui fument. Il avait expressément ordonné à ses préfets de veiller sur les plus jeunes afin qu'ils pensent à bien se couvrir.

Que ce soit pour des larmes ou un rhume, un Serpentard qui renifle ne faisait jamais bonne allure. On laissait le manque de grâce et d'élégance aux Gryffondor et aux Poufsouffle.

La pluie torrentielle martelait les vitres du château et le maître des potions fut ravi de rester dans ses cachots bien à l'abri. L'humidité se faisait cependant sentir et il dut redoubler de sortilèges pour que ses serpents se sentent à leur aise. Manquerait plus de recevoir une masse de courriers scandalisés par ses… anciens camarades de combat se plaignant que leur progéniture avait froid.

Ce mauvais temps était en phase avec le moral de Severus Rogue. Maussade, morne et gris. Ainsi, il affichait une mine mécontente et ne laissait rien passer auprès des élèves. Et plus Halloween arrivait, moins sa patience était solide. Une semaine avant la date fatidique de la fête des morts, douce ironie, Severus avait déjà fait pleurer une cinquième année de Serdaigle ainsi qu'un premier année de Poufsouffle. La force mentale était quelque chose qui se perdait…

S'installant à la table des professeurs, le maître des potions observa la Grande Salle. Halloween était la pire journée de l'année, surpassant Noël. Les Serpentard faisaient un peu trop de chahut à son goût mais ce n'était rien en comparaison avec les Gryffondor qui hurlaient littéralement de rire. Chaque année, Severus se demandait comment cela pouvait être possible de réussir à faire autant de boucan.

Manifestement, les jumeaux Weasley faisaient encore du grabuge et leur victime n'était autre que leur grand frère. Les décibels baissèrent légèrement - mais pas assez pour calmer la migraine qui pointait son nez - lorsque Minerva courut vers eux afin de leur faire ranger leurs feux d'artifices en forme de citrouilles géantes.

Potter souriait, ses épaules se soulevant au rythme de son rire discret en comparaison au benjamin des Weasley qui était écroulé de rire sur sa table.

- Ils vont me rendre dingue, se plaignit Minerva en revenant les joues rouges de colère.

Severus ne releva pas, se contentant de manger ses œufs brouillés et maudissant le bruit que les élèves faisaient dès le matin. L'heure tourna rapidement et les étudiants commencèrent à se rendre à leurs différents cours.

Severus ne put s'empêcher de constater encore une fois que Potter avait un appétit de moineau. Sous la pression du regard de Severus, le garçon leva la tête de son assiette. Ses yeux ne semblaient jamais avoir été aussi verts. Peut-être était-ce cet anniversaire funèbre qui éveillait des sentiments étranges. Toujours est-il que le sourire timide du gamin détabilisa totalement le maître des potions. Pourquoi fallait-il qu'il ressemble autant à Lily à cet instant ? La journée allait être longue…

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Les minutes passaient à la lenteur d'un escargot. Severus aurait pu profiter de son samedi pour travailler sur ses prochains cours mais cela était impossible. Les élèves étaient de plus en plus surexcités de voir le festin arriver et on lui avait demandé de faire régulièrement des rondes dans le château.

Severus dû retirer dix points à Serdaigle lorsqu'il aperçut deux élèves de septième année s'embrasser sans aucune pudeur derrière une tapisserie. Voilà pourquoi il détestait les ambiances de fête. Les jeunes ne pouvaient s'empêcher de parader et trouvaient visiblement l'occasion idéale de laisser s'exprimer leurs hormones bouillonnantes.

Arrivé au dîner, Severus lâcha tout son venin sans se priver.

- Ils ne savent pas se tenir et si même les Serdaigle s'y mettent, grinça-t-il entre ses dents alors qu'il se servait une part de tarte au potiron le soir du festin.

- C'est un moment idéal pour les élèves de relâcher la pression, déclara Dumbledore à ses côtés.

- Quelle pression ? répliqua-t-il. Ils sont en classe depuis seulement deux mois !

Où était donc Potter ? se demanda par la même occasion Severus en jetant un coup d'œil à la table des Gryffondor. Le gamin et ses amis n'avaient toujours pas pointé leur nez et Severus avait un très mauvais sentiment. Un an plus tôt, le trio infernal avait trouvé le moyen de se trouver nez-à-nez avec un troll des montagnes. Qu'allaient-il réserver comme surprise pour cette année ?

- Je sais que cette date ne vous rappelle pas que des bons souvenirs Severus, dit Dumbledore d'une voix basse.

Oh non, il n'allait certainement pas parler de cela maintenant ! Le maître des potions jeta un regard menaçant au directeur et pour une fois, l'homme ne chercha pas à provoquer une conversation au sujet de Lily. Au contraire, il se tourna vers Minerva et engagea la conversation concernant les feux d'artifices des jumeaux Weasley.

Severus soupira imperceptiblement de soulagement. Lily était décédée le soir d'Halloween et chaque année, à la même date, Severus se rendait compte à quel point il n'avait toujours pas fait son deuil. Toujours vive, la douleur lui enserrait la poitrine au point de suffoquer. Seule sa maîtrise pour l'Occlumencie lui permettait de garder une certaine prestance. Mais la culpabilité, la colère contre lui-même et le dégoût le rongeaient. Sans crier garde, de cette nuit où il avait entendu et rapporté la prophétie au Seigneur des Ténèbres lui martelait le crâne dès qu'il réfléchissait un peu trop. S'il pouvait remonter le temps, il aurait lancé un sortilège à ce Severus jeune et arrogant afin de lui broyer les jambes et l'empêcher de commettre cet acte irréparable.

L'ancien mangemort s'enferma dans un voile aussi noir que ses robes et quand le repas toucha à sa fin, il prit le temps pour quitter la Grande Salle.

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Severus sentit la lourdeur de l'air avant d'entendre les cris de Rusard. L'homme poussait des hurlements au point où il pressa le pas, suivant la majorité de ses collègues tout aussi inquiets. Seul Dumbledore semblait conserver un calme olympien.

Une foule était agglutinée dans le couloir. Quelque chose brillait sur le mur. Tracée en grosses lettres rouges, une inscription scintillait à la lueur des torches :

LA CHAMBRE DES SECRETS A ÉTÉ OUVERTE. ENNEMIS DE L'HERITIER, PRENEZ GARDE.

Son cœur tomba comme une pierre dans son estomac. Ce n'était pas possible. Cela ne pouvait être qu'une mauvaise blague. Mais ce qu'il vit en s'approchant un peu plus près tua dans l'œuf la théorie d'une mauvaise farce. Sous l'inscription gisait la chatte de Rusard. Voilà d'où venait la raison de ses hurlements. Dumbledore retira délicatement le chat tandis que Rusard, entre plusieurs sanglots, accusait - Severus suivit le doigt que pointait le concierge - Potter. Pour l'amour de Merlin, ce gamin allait-il passer une année sans être au milieu des problèmes ?!

Potter fixait le concierge avec crainte. Pâle et tremblant, le garçon semblait en proie à une angoisse palpable.

- Argus s'il vous plaît ! coupa le directeur après que Rusard eut accusé à nouveau sur Potter. Suivez moi, ainsi que vous, Mr Potter, Mr Weasley et Miss Granger.

Lockhart s'empressa de s'approcher, bousculant Severus par la même occasion.

- Mon bureau est juste à côté, Monsieur le Directeur. Si vous souhaitez l'utiliser…

- Merci Gilderoy.

Quelle lèche botte, pensa Severus. On disait des Serpentard mais les Serdaigle n'étaient pas mal dans le genre…

Sans hésiter un instant, Severus suivit Dumbledore et Minerva, la curiosité s'animant en lui. Dumbledore posa la chatte sur le bureau et tandis que Gilderoy Lockhart bavait des inepties sur la mort de l'animal, Severus observa Potter et ses amis.

Weasley grimaçait comme s'il regrettait de ne pas s'être enfuis à temps, Miss Granger se mordait les lèvres dans une mimique inquiète et Potter était plus pâle que jamais. Il fixait Rusard avec tristesse. Était-ce un aveu de culpabilité ? Mais par quel moyen Potter aurait pu faire cet acte ? Cependant tout laissait à croire que le trio avait quelque chose à voir avec cette affaire.

- Elle n'est pas morte Argus, dit finalement Dumbledore coupant court à la tirade de Lockhart que Severus assimilait de plus en plus à un imposteur, elle a été pétrifiée.

- C'est bien ce que je pensais, dit Lockhart.

Cet homme allait-il finir par la boucler ?

- Mais de quelle manière, je l'ignore, ajouta Dumbledore avec humilité.

- C'est à lui qu'il faut demander ! hurla Rusard en pointant du doigt Potter. Vous avez vu ce qu'il a écrit sur le mur !

- Aucun élève de deuxième année ne peut être capable de lancer ce genre de sortilège, dit doucement le directeur.

- Je vous dis que c'est lui ! insista Rusard, prêt à exploser. Il a vu… dans mon bureau… ce matin… Il sait que je suis un cracmol ! finit-il par dire.

- Ce n'est pas moi monsieur je le jure ! se défendit finalement Potter mal à l'aise. Je n'ai jamais touché à Miss Teigne et je ne sais même pas ce qu'est un cracmol !

- Menteur ! cria Rusard. Il a vu ma lettre de Vitmagic ! C'est lui, il faut l'arrêter !

Comment Potter s'était retrouvé dans le bureau du concierge, Severus l'ignorait et il y avait plus urgent. Il jugea que le moment était idéal pour intervenir. On tournait autour du pot et Potter en prenait plein la tête pour pas un rond.

- Si je peux me permettre Monsieur le directeur, je pense que Potter et ses amis se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment.

Potter semblait avoir avalé un souaffle de travers tant ses yeux étaient écarquillés. De toute évidence, la prestance était quelque chose qui lui échappait.

- Cependant, il ne me semble pas avoir vu Potter et ses amis au dîner, ajouta-t-il. Comment expliquez-vous cela ?

Le trio raconta alors une histoire abracadabrante sur une invitation qu'ils avaient reçu de la part du fantôme de Gryffondor pour fêter son anniversaire de mort.

Potter savait-il que cette date était aussi celle du décès de ses parents ? Visiblement non. Le gamin ne se comportait pas différement des autres jours. Non pas que Severus s'attendait à quoique ce soit.

- Et pourquoi n'êtes-vous pas retourné dans la Grande Salle après cette fête ? demanda-t-il d'une voix veloutée. Que faisiez-vous dans ce couloir ?

Weasley et Granger se tournèrent vers Potter. De toute évidence, quelque chose s'était passé.

- Parce que… Parce que…, balbutia le garçon.

Le gamin était en proie à un dilemme. Il ancra son regard dans le sien comme s'il cherchait là la réponse à toutes ses questions. Severus n'eut malheureusement pas le temps de lire dans ses pensées.

- Parce que nous étions fatigués et que nous voulions aller nous coucher.

- Sans avoir mangé ? Les fantômes servent-ils de la nourriture pour les vivants désormais ? demanda Severus, poussant le gamin dans ses retranchements.

Mais Weasley vint au secours de Potter.

- Nous n'avions pas faim, répondit-il alors que Severus pouvait entendre le ventre du garçon gargouiller.

Potter mentait. Quelque chose s'était produit et Severus voulait savoir de quoi il en retournait.

- De toute évidence, ils ne nous disent pas la vérité, dit lentement le maître des potions. Je suppose qu'une punition à la hauteur de vos mensonges pourrait vous délier la langue ? Monsieur le directeur, je pense que Potter ne devrait plus avoir le droit de jouer au Quidditch avant que…

- Et en quel honneur Severus ? demanda sèchement Minerva.

Il avait oublié que la directrice des lions était présente. C'était pourtant le seul moyen de faire avouer Potter et ses amis. Il suffisait de voir à quel point son regard brillait dès qu'il se dirigeait vers le terrain de Quidditch ou qu'une conversation tournait autour de ce sport.

Bien sûr, Severus se doutait que Potter et ses amis ne pouvaient pétrifier un animal mais il devait comprendre ce qui avait pu les mener droit devant cette scène de crime. Les enfants devaient parler et il en allait de leur sécurité. Et puis oui, Severus n'avourait jamais même sous la torture, mais quitte à punir le gamin, autant que ce soit profitable pour Serpentard. Il avait encore reçu une lettre le matin même concernant le prochain match.

- Il n'a pas pétrifié ce chat à coup de balais à ce que je sache ! Et nous n'avons aucune preuve de sa culpabilité, ajouta-t-elle.

Le directeur de Serpentard se tourna vers Dumbledore. Il fixait Potter avec intensité et seul Severus savait pertinemment ce que l'homme était en train de faire.

- Innocent tant qu'on n'a pas prouvé qu'il est coupable, dit-il finalement.

- Ma chatte a été pétrifiée ! protesta Rusard.

- Ne vous inquiétez pas, répondit Dumbledore d'une voix douce. Nous parviendrons à la guérir grâce aux plants de Mandragores que Mrs Chourave a réussi à obtenir. Dès qu'ils auront atteint la maturité, nous pourrons nous en servir pour préparer une potion qui ramènera Miss Teigne à la vie.

- Je m'en chargerai Monsieur le directeur ! intervint Lockhart. Après tout, je l'ai fait tellement de fois…

C'en était trop. Cet homme était imbuvable.

- Pardon mais il me semble que le maître des potions,ici, c'est moi.

Un silence gêné s'installa et Severus savoura l'instant.

- Vous pouvez partir, lança Dumbledore au trio.

Les gamins détalèrent plus vite que leur ombre.

- Albus, qu'est-ce que cela signifie ? demanda finalement Minerva.

Le directeur se mit à faire les cents pas, en proie à une réflexion.

- Je ne crois pas à la supercherie, dit finalement Dumbledore. Cependant, il est inutile de faire paniquer l'ensemble de la communauté sorcière à ce stade. Je pense que nous devons rester attentifs et précautionneux. Severus, ajouta-t-il en se tournant avec gravité vers le maître des potions, je pense qu'il serait sage de garder un œil sur Harry.

Severus s'apprêtait à contester mais il ravala ses mots à la dernière seconde. Il voulait savoir ce que Potter cachait et il allait saisir cette opportunité que Dumbledore lui offrait sur un plateau d'argent.

oOo

Installé dans son lit, le regard dans le vide, Harry avait fui les conversations enivrées et surexcitées de la salle commune de Gryffondor. Ron et Hermione lui avaient assuré qu'il avait bien fait de ne pas dire pour la voix qu'il entendait.

Avant l'attaque, la même sensation oppressante s'était emparée de lui lorsque cette voix à glacer le sang était apparue. Elle se déplaçait. Cela ne pouvait pas être le résultat d'une hallucination, il en était sûr.

Harry soupira, au moins Ron et Hermione le croyaient. Cette soirée était catastrophique. Cette journée était catastrophique. Entre l'entraînement de Quidditch sous la pluie glaciale, la visite chez Rusard après avoir été pris la main dans le sac à mettre de la boue sur le sol et la lettre qu'il avait aperçut malencontreusement et qui le conduisait à être suspecté d'un crime qu'il n'avait pas commis, Harry accusa le coup.

Dumbledore semblait le croire.

Rogue également.

Harry en était sûr. Simplement, l'homme avait tenté de les piéger. Certainement juste pour avoir le plaisir de l'humilier, Harry ne voyait pas d'autres solutions.

Mais qui pouvait bien avoir commis cet acte ? Harry et Ron avaient leur petite théorie… Drago Malefoy affirmait ses idées sur les Sang-Purs à qui voulaient l'entendre et n'hésitait pas à rabaisser tous ceux qui n'étaient pas de ces grandes familles. Hermione était un peu plus sur la réserve.

- Oh tu es là ! lança Ron en entrant dans la pièce, Croûtard tentant de s'échapper de sa poche. Fred et Georges nous ont apporté des sandwichs, tu en veux ? proposa son ami en tendant un petit sandwich au jambon.

- Pas faim, répondit Harry. C'est quoi un cracmol ?

- Un sorcier qui ne peut pas avoir de pouvoir magique, expliqua-t-il en enfournant un sandwich entier dans sa bouche. Un peu comme les enfants sorciers nées de parents moldus mais de façon inverse.

Un ricanement moqueur s'échappa des lèvres du roux.

- Ce n'est pas très gentil mais ça explique bien des choses, dit-il. On comprend pourquoi Rusard est aussi aigri maintenant. T'es sûr que tu ne veux pas descendre ? On a essayé d'amuser Ginny toute la soirée mais elle est très bouleversée par l'attaque. Elle a toujours aimé les chats. Si son idole vient la consoler, ça ira sûrement mieux.

- Arrête tes bêtises ! s'agaça Harry.

Il détestait sa célébrité. Ginny était gentille, bien qu'Harry n'ait jamais réellement pu échanger avec elle, mais elle ne savait rien de lui. Surtout, il n'aurait jamais su comment la consoler quand lui-même se posait tout un tas de questions.

- Tu n'as qu'à demander à Hermione, je suis certaine qu'elle est plus forte pour ce genre de choses, ajouta-t-il avant de se lever pour se mettre en pyjama.

- Tu parles ! Elle a fui dans son dortoir peu après toi disant qu'il fallait qu'elle lise quelque chose d'important. Elle avait cette lueur inquiétante dans les yeux, tu sais, quand elle devient complètement envahie par un sujet que le commun de mortel trouve ennuyeux à mourir.

Harry éclata de rire face à cette description. Il décida de ne plus penser à la voix pour ce soir. Il aurait bien le temps de s'en inquiéter plus tard…

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Il fallut plusieurs jours avant qu'Hermione ne daigne sortir la tête de ses livres. Elle passait le plus clair de son temps à la bibliothèque au point où Harry s'inquiéta même de savoir si elle pensait au moins à manger.

- Ça te va bien de me demander ça, dit-elle sèchement. Tu n'as encore rien touché à ton petit déjeuner.

- Je me rattraperai ce midi, répliqua Harry, j'espère qu'il y aura de la tarte à la mélasse !

- Ce n'est pas ça qui t'apportera tous les nutriments dont tu as besoin !

- Oh Hermione ! soupira Harry - que lui avait-il pris de s'inquiéter sur le régime alimentaire de son amie ? Puisque c'est comme ça je ne dirai plus rien, se vexa-t-il.

- Bon, qu'est-ce que tu voulais nous dire ? demanda finalement Ron pour couper court à la discussion.

- Est-ce que vous vous souvenez du cours de Binns lorsqu'il nous a expliqué pour la chambre des secrets ?

- Bah évidemment, c'était la première fois qu'on pouvait entendre une mouche voler tellement tout le monde était attentif !

Harry sourit à ce souvenir. Les quatre fondateurs, la dispute avec Salazar Serpentard et sa vengeance fourbe de cacher un monstre dans la chambre des secrets pour que son héritier termine le travail. Evidemment, cela avait renforcé leur soupçon sur Drago Malefoy.

- J'ai trouvé un moyen de débusquer l'héritier de Serpentard, dit-elle à voix basse. Je vous en parle à la fin du cours, ajouta-t-elle lorsqu'ils arrivèrent près de la porte de la salle de classe.

- Non mais Hermione ! grinça Ron. Tu ne peux pas nous vendre un truc comme ça et ne pas terminer tes explications !

- Mr Weasley ça sera cinq points de moins pour ne pas savoir vous comporter convenablement dans une salle de classe, siffla la voix onctueusement dangereuse de Rogue. Nous ne sommes pas dans un zoo et je ne donne pas cours à des babouins. Maintenant ouvrez vos livres à la page… 394.

Tout au long de la leçon, Harry sentit le regard brûlant du professeur sur lui. Il resta concentré sur son travail mais cela ne l'empêcha pas d'oublier plusieurs fois des éléments importants dans sa préparation de philtre de confusion. Heureusement, Hermione aida Harry et sa potion eut la couleur attendue à la fin de l'heure.

- Est-ce qu'on t'a déjà dit que tu étais une génie Hermione ? demanda Ron tandis qu'ils se rendaient au déjeuner. Sans toi, Neville, Harry et moi n'aurions pas pu rendre une potion convenable.

- Et autant vous dire que c'est plutôt rassurant pour ce qu'on s'apprête à faire. Suivez-moi ! ajouta-t-elle en se dirigeant vers une salle de classe abandonnée.

- Mais…

Harry fit un geste à Ron qui semblait dépité de retarder son déjeuner. Une fois la porte fermée, Hermione se tourna vers eux et s'installa sur une des tables. De la poussière vola autour d'eux et Ron fut pris d'une quinte de toux.

- Je n'avais pas prévu de manger de la poussière pour le déjeuner, râla-t-il.

- Est-ce que tu veux savoir mon plan oui ou non ? répliqua-t-elle d'une voix autoritaire.

Ron eut l'intelligence de se taire. Après une année passée auprès d'Hermione, il avait appris à ne pas la pousser trop loin… Du moins la plupart du temps.

- On t'écoute Hermione, ajouta Harry pour encourager son amie qui se radoucit immédiatement.

- Alors voilà, il y a fort à parier que l'héritier de Serpentard se trouve chez les serpents. Nous avons tous des doutes sur Malefoy et le meilleur moyen de lui sortir les vers du nez c'est de s'infiltrer chez eux.

- Avec la cape d'invisibilité ? demanda Ron qui tentait visiblement de faire bonne figure devant Hermione.

- Non Ron, pas avec la cape d'invisibilité, soupira Hermione un brin agacée. Il faut le faire parler. On va tout simplement se transformer en élève de Serpentard !

Ses yeux brillaient de joie mais ni Ron ni Harry ne semblaient convaincus.

- Comment faire ? demandèrent-t-ils d'une même voix.

- C'est là que mes compétences en potions vont entrer en jeu, répondit-elle en se penchant pour fouiller dans son sac et en sortir un énorme grimoire. Approchez !

Hermione tournait les pages tandis que les garçons s'installaient à ses côtés. Harry plissa les yeux pour lire le titre sur la page racornie.

- Polynectar, lut-il à voix haute. C'est une potion de transformation ?

- Exactement, on se transformera en élèves de Serpentard. Le professeur Rogue en a parlé au début de l'année. J'ai déjà tout lu dessus. Cela va être compliqué mais je suis certaine de pouvoir y arriver. En revanche, je vais avoir besoin de vous pour les ingrédients à attraper.

Harry voyait bien que par "attraper", Hermione voulait surtout dire "voler". La complexité de la potion donna des sueurs froides à Harry. Mais Hermione allait y arriver, elle était la meilleure. Ils avaient besoin de connaître l'identité de l'héritier de Serpentard. C'était indispensable. Et il était quasiment sûr que Malefoy était le coupable.

- On se fera passer pour Crabbe et Goyle, dit simplement Harry qui commençait à comprendre le plan.

- Exactement et je trouverai une fille à qui je peux piquer l'apparence.

- Pas Pansy Parkinson par pitié, grimaça Ron.

- Ce serait le plus logique, elle colle Malefoy comme une moule à son rocher.

Ron ricana et Harry pencha sa tête sur la liste des ingrédients dans un sourire quand un élément le choqua.

- Mais Hermione, il est écrit qu'il faut un mois pour brasser la potion !

- Je le sais Harry, dit-elle dépitée, mais c'est le seul plan que nous ayons.

- Espérons alors qu'il n'y ait pas d'autres attaques d'ici là, soupira Ron qui ne rigolait plus du tout. Quand est-ce qu'on commence ?

Hermione avait déjà réuni la plupart des ingrédients mais il manquait encore la branchiflore et l'essence de murlap. Le plus rapide étant d'aller piocher directement dans la laboratoire de Rogue. Harry ressentit une pointe de culpabilité qu'il chassa immédiatement. Pourquoi se sentirait-il coupable ? En guise de réponse, l'ombre de sa mère plana autour de lui mais il préféra l'ignorer.

- Au fait Hermione, comment as-tu eu le bouquin ? demanda-t-il.

- Oh et bien…

Hermione avait soudainement rougi jusqu'à la racine des cheveux. Visiblement, elle ne souhaitait pas trop en parler mais sous le regard insistant de ses amis, elle capitula.

- Je suis allée flatter Lockhart pour qu'il me donne ce livre…

- Ma parole Hermione ! Une vraie technique de Serpentard ! s'exclama Ron avant de rire à nouveau.

Hermione se détendit et sourit en retour avant de se mettre à marcher vers la sortie au plus grand plaisir de Harry qui sentait son estomac gargouiller.

- C'est important, dit-elle, et il aime beaucoup parler de lui. C'est très intéressant !

- Oh arrête Hermione ! soupira Ron d'un air dramatique.

- Et puis d'ailleurs, le choixpeau a hésité avec Serdaigle, pas Serpentard ! ajouta-t-elle comme s'il était important de le préciser.

- Mais je sais Hermione, c'était juste pour te taquiner ! Je sais bien que tu n'as rien d'une Serpentard. C'était même très intelligent ! Un truc de Serdaigle quoi !

Harry n'avait plus du tout faim. Il repensait à sa répartition. Le choixpeau avait longuement réfléchi et contrairement à Ron et Hermione, il avait hésité à placer Harry à Serpentard. C'est seulement parce qu'il l'avait supplié de ne pas l'envoyer là-bas qu'il avait finalement été envoyé à Gryffondor.

Qu'aurait-été sa vie à Serpentard ? Est-ce que malgré leur bonne entente dans le train, Ron serait resté ami avec lui ? Comment aurait-il fait dans le dortoir de Drago qui lui avait tant rappelé Dudley ce jour chez Madame Guipure ? Et surtout, comment aurait-il fait avec Severus Rogue comme directeur de maison ? Harry s'étrangla rien qu'à cette pensée et savoura encore plus sa présence chez les lions. Sa vie aurait été un enfer à Serpentard.

- Puis-je savoir ce que vous faites dans les couloirs au lieu d'être au déjeuner comme tout le monde ? lança une voix veloutée que Harry aurait pu reconnaître entre mille.

Le trio se figea et se retourna lentement pour faire face à un Rogue extrêmement suspicieux. Machinalement, Harry baissa les yeux.

- Nous nous rendions au déjeuner, répondit Ron.

- Faites attention à ne pas traîner dans les couloirs, susurra Rogue. Il serait dommageable de vous trouver encore au mauvais endroit au mauvais moment.

Harry planta son regard dans celui du professeur de potions. L'homme haussa un sourcil, attendant que Harry s'exécute. Il frissonna à nouveau en se figurant le professeur Rogue en tant que directeur de sa maison. Est-ce qu'il aurait eu un traitement de faveur comme tous les autres élèves de Serpentard ou sa haine aurait pris le dessus ?

En arrivant dans la grande salle et alors que les délicieuses odeurs de nourritures ravivaient sa faim, Harry mit de côté toutes ses questions. Après tout, Rogue aurait sûrement été égal à lui-même. Peut-être un peu moins injuste.

Jetant un regard au maître des potions, le souvenir des cours d'été se rappelèrent à lui. Plus particulièrement les "leçons" que le professeur lui avait donné lors des dernières semaines. Severus Rogue s'était montré dur et impitoyable. Pourtant, Harry avait réussi à former un bouclier.

Alors certes, l'homme n'était pas sympathique avec lui mais Harry n'en demandait pas tant. Severus Rogue lui avait appris quelque chose après lui avoir sauvé la vie.

Harry réalisa alors à quel point le professeur avait été bon avec lui. Une chaleur agréable se logea dans son ventre. C'était plaisant de savoir qu'un adulte puisse lui accorder de l'importance autrement que parce qu'il était le Survivant.

- Est-ce que tu veux des pommes de terre ? demanda Neville.

Sortant de ses pensées, Harry opina du chef dans un sourire. Finalement, il avait une faim de loup.