Chapitre 16
- Alors tu crois que Rogue finira un jour par t'offrir des bonbons?
- Ne sois pas stupide Ron ! s'énerva Hermione. Le professeur Rogue a toujours pris soin de Harry seulement il le montre de façon un peu étrange.
- Tu parles ! Il n'a fait que s'acharner sur lui en première année !
- Et il est plutôt gentil cette année, répliqua Hermione.
Harry laissa ses deux amis se disputer concernant Rogue. Adossé contre la paroi d'une des cabines des toilettes des filles, il se demandait sérieusement s'il avait bien fait de parler de la visite de Dobby et de Rogue la nuit dernière.
Hermione jeta quelques ingrédients à la volée dans la potion de polynectar tout en arguant auprès de Ron que Rogue était bienveillant avec Harry.
- Bienveillant ! s'exclama Ron les yeux ronds. Non mais est-ce que tu t'entends parler Hermione ? Cet homme est peut-être un peu moins horrible avec Harry cette année mais il n'est pas non plus du genre à le chouchouter comme il peut le faire avec Malefoy et tous les Serpentard !
- Arrêtez de vous disputer, soupira Harry. Je pense juste que Rogue est plus gentil avec moi depuis qu'il sait que je sais pour ma mère. Il a dû se passer quelque chose dans sa tête comme un sentiment de culpabilité…
- C'est une piste, murmura Hermione. Après tout, s'ils ont été amis, les souvenirs sont sûrement réapparus.
- Moi je pense qu'il faut rester méfiant, dit Ron.
Harry hocha la tête. De toute façon, ce n'était pas seulement pour ça qu'il était inquiet. Après tout, un adulte qui prenait soin de lui, Rogue ou non, était toujours agréable. En revanche, les choses risquaient de mal tourner pour lui d'ici quelques jours.
- Le professeur McGonagall est venue me parler avant que je vous rejoigne, lâcha-t-il d'une voix qu'il souhaitait la plus détachée possible. Une personne du Ministère de la Magie va venir me voir. Je n'ai pas trop compris mais comme je n'ai plus de tuteur, c'est à eux de faire le travail de savoir si je vais bien.
Hermione arrêta son geste et abaissa sa main sur sa cuisse, observant Harry d'un air grave. Ron cessa de jouer avec sa baguette cassée, attendant la suite.
- McGonagall m'a dit que la personne sera là pour s'assurer que tout va bien pour moi, ajouta-t-il face au silence de ses amis.
- Tout se passera bien, dit Hermione en reprenant son geste. Chez les moldus, des agents du gouvernement s'assurent que les enfants sans parent grandissent correctement. Ce doit être la même chose dans le monde des sorciers. J'irai me renseigner.
Harry haussa les épaules d'un air nonchalant. Il savait bien cela, ces personnes étaient venues deux fois quand il vivait chez les Dursley. La première personne avait posé beaucoup de questions à Harry lorsqu'il avait six ans. Il avait eu tellement peur de dire une bêtise qu'il en avait fait des cauchemars la veille. Mais Tante Pétunia l'avait tellement briefé qu'il connaissait encore par coeur le discours qu'il devait réciter. La seconde fois, il avait huit ans et l'agent du gouvernement avait préféré discuter du merveilleux jardin de sa tante plutôt que de s'inquiéter de Harry. Elle avait conclu que des gens comme les Dursley ne pouvaient pas maltraiter un enfant.
Mais qu'en était-il des sorciers ?
Et surtout, qu'allaient-ils décider pour l'été prochain ? Si seulement les Weasley pouvaient l'adopter, tout cela aurait été plus simple… Les deux semaines au Terrier avaient été les plus belles vacances de sa vie !
- Je pense qu'ils vont vouloir me mettre à l'orphelinat, lâcha Harry.
- Mais non Harry ! Il y a un tas de famille qui voudraient t'adopter !
- Ils veulent juste m'adopter parce que je suis le Survivant comme ils disent, répondit-il dans une grimace.
- Et si tu venais vivre à la maison ? proposa Ron d'une voix excitée d'avoir trouvé cette idée.
Le cœur de Harry s'emballa aussitôt et il répondit dans un grand sourire que ce serait génial. Merlin qu'il était soulagé que Ron veuille bien de lui comme un frère. Tandis que les garçons rêvaient d'une vie fraternelle au Terrier et préparaient déjà des plans pour piéger Fred et Georges, Hermione leur signala qu'il fallait retourner à la salle commune avant qu'on ne s'inquiète de leur absence.
- La potion doit reposer trois heures, j'y retournerai tout à l'heure, dit-elle alors qu'ils empruntaient les escaliers menant à la tour de Gryffondor.
- Cette Mimi Geignarde fait froid dans le dos, dit Ron.
Harry éclata de rire, se souvenant comment le fantôme était apparu alors qu'ils rangeaient le matériel de potion. Hermione expliquait pourquoi personne ne se rendait dans ces toilettes. Et pour cause ! Un fantôme ayant la particularité de pleurer excessivement et d'être un peu trop sensible hantait les lieux. Tout le monde la nommait Mimi Geignarde.
Harry ne pensait plus du tout à la visite du Ministère de la magie quand il pénétra dans la tour de Gryffondor.
- Mais c'est quoi cette foule ? s'exclama Ron.
Un attroupement d'élèves s'était formé devant le panneau des annonces. Une excitation palpable se faisait sentir. Le trio chercha à en savoir plus mais il était impossible de voir l'objet de cet enthousiasme.
Ron, le plus grand des trois, se mit sur la pointe des pieds mais ce fut vain. Finalement, agacé, Harry se faufila à travers la foule presque accroupie. Il y avait du bon à ne pas être grand. Un couple de sixième année recula, laissant enfin la visibilité à Harry.
Club de Duel par Gilderoy Lockhart
Première leçon ce vendredi
Venez nombreux !
Il joua des coudes pour retrouver Ron et Hermione.
- Je ne sais pas si cela sera une bonne chose étant donné le contenu de ses cours, dit Ron.
Harry s'apprêtait à entendre Hermione répliquer que Lockhart était un sorcier incroyable mais il s'aperçut que cette dernière fronçait les sourcils, observant quelqu'un au loin. Suivant son regard, il vit Ginny assise près de la fenêtre, les yeux rougis.
Hermione prit la main de Harry et de Ron afin de s'approcher de la fillette qui sursauta en les voyant arriver.
- Ginny, est-ce que tout va bien ? demanda maladroitement Ron.
Ginny secoua la tête avec vigueur. Harry comprit qu'elle faisait tout pour éviter son regard et il hésita à partir. Seule la main ferme d'Hermione dans la sienne l'en empêcha.
- C'est à cause de Colin n'est-ce pas ? demanda Hermione d'une voix douce. Je sais que vous êtes ami, moi aussi je serai mal à ta place mais il ne faut pas que tu t'inquiètes, il reviendra rapidement à lui.
Ginny gardait les lèvres hermétiquement closes, au bord des larmes. Légèrement mal à l'aise, Harry regarda au loin. Plusieurs personnes s'apercevaient que la jeune Weasley était bouleversée et quelques curieux s'approchaient de plus en plus. En tête, Parvati Patil et Lavande Brown.
- Est-ce que ça va Ginny ? demanda la première. Si jamais tu as des cauchemars ou que tu souhaites te protéger des attaques, il y a des sixièmes années qui vendent différentes amulettes.
Mais l'agglutination autour de la benjamine des Weasley ne semblait rien arranger. Elle s'était mise à se frotter les tempes comme pour chasser une migraine et Harry comprit qu'elle essayait de gérer sa respiration qui devenait de plus en plus difficile.
- Ok ça suffit maintenant, Ginny a besoin d'air, dit Harry d'une voix ferme.
La rousse eut un hoquet de surprise et Harry tourna les talons afin de ne pas la mettre encore plus mal à l'aise.
- Je te laisse gérer, murmura-t-il à Hermione qui le laissa partir, tu es bien plus douée.
Quelques minutes plus tard, les deux jeunes filles montaient ensemble dans leur dortoir. Ron proposa une partie d'échec avec Harry qui accepta volontiers. C'était bien plus facile que de consoler une fille bouleversée.
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La semaine se déroula normalement si ce n'est qu'un nombre grandissant d'élèves achetaient des amulettes et autres gri-gris pour se protéger. Neville portait sur lui un oignon vert malodorant depuis plusieurs jours au point où certains élèves ne voulaient plus s'asseoir à côté de lui en classe.
- Les gens ne comprennent pas que j'ai autant de risque que les autres d'être attaqué, expliqua le garçon au visage lunaire lors du dîner.
- Mais qu'est-ce que tu racontes, dit Ron, tu es un Sang-Pur !
- La chatte de Rusard a été attaquée car Rusard est un Cracmol et tout le monde sait que j'en suis presque un, dit-il bougon.
- Non c'est faux Neville, tu es un bon sorcier, dit Hermione.
Le garçon rougit jusqu'à la racine de ses cheveux. Il essaya maladroitement de répondre des remerciements.
- De toute façon, on a tous un peu de sang moldu en nous, compléta Ron. C'est vraiment stupide ces histoires de Sang-pur ! Et puis c'est pas comme si la consanguinité posait de sérieux problèmes... On a l'exemple parfait avec Crabbe et Goyle !
Les deux garçons étaient effectivement en train de manger leur plat comme des gorets à tel point que Crabbe ne tarda pas à s'étouffer avec un os de poulet. Violet, il ne dut son salut qu'à l'aide d'un garçon brun de deuxième année à l'air toujours sombre,Théodore Nott, qui lança un sort sur la gorge de son camarade.
L'intégralité des deuxièmes années de Gryffondor étaient écroulés de rire. Seule Hermione haussa un sourcil de dépit et se replongea dans ses notes de cours.
Cette même journée, le professeur Mcgonagall vint rappeler aux élèves de s'inscrire sur la liste pour ceux qui restaient pour Noël.
Quelques heures plus tard, Hermione apparaissait dans la salle commune, les joues rougies par l'effort d'avoir couru.
- Un problème avec la potion ? demanda Harry soudain inquiet.
Hermione secoua la tête par la négative.
- Je revenais des toilettes des filles lorsque j'ai entendu Parvati et sa sœur Padma discuter des vacances de Noël. J'ai écouté et devinez qui reste ici pour les vacances ? Malefoy !
- Ça se confirme alors ! Malefoy est plutôt du genre à rentrer chez lui pour les vacances de Noël, dit Ron qui nourrissait Croûtard avec des restes de gâteaux.
- Tout à fait et si on arrive à lui faire avouer pendant les vacances de Noël, ce sera tout gagné pour nous.
- La potion sera bientôt prête ? demanda Harry qui sentait l'excitation le gagner.
- Il manque encore la branchiflore et…
- On a cours de potions demain ! coupa Ron, impatient. On doit jouer le tout pour le tout !
Harry opina du chef soudain inquiet et coupable de voler dans la réserve du professeur. Lui qui avait été plutôt bon avec lui. S'il se faisait prendre, leur relation allait en pâtir violemment. Mais c'était un risque à prendre.
Ainsi, le lendemain matin, le trio élabora un plan. Hermione se proposa pour aller fouiller dans la réserve de Rogue pendant que Ron et Harry feraient exploser un pétard dans un chaudron.
Comme à son habitude, Harry s'installa à côté de Ron et ils commencèrent à travailler silencieusement sur leur potion d'enflure. Ron serrait dans son poing un pétard posé sur sa table, prêt à attaquer.
Lorsque Rogue se leva pour inspecter les chaudrons, Harry donna un coup de coude à Ron qui s'exécuta immédiatement et balança le pétard dans le chaudron de Goyle. La détonation provoqua un tumulte qui souleva la poussière de tout le cachot. Harry se baissa sous sa table afin d'éviter de justesse le liquide qui explosa à travers la pièce. Le cri d'effroi de Pansy Parkinson rivalisa avec celui de Lavande Brown qui tentait de se cacher le visage dont le front gonflait de plus en plus.
- SILENCE ! ÇA SUFFIT ! rugit Rogue tout en agitant sa baguette pour réparer les dégâts.
Harry tenta de ne pas éclater de rire lorsqu'il vit que le nez de Malefoy avait tellement gonflé qu'il en était courbé par le poids.
En un rien de temps, Rogue se dirigea vers le chaudron de Goyle et en sortit le pétard.
- Si je découvre qui a fait ça, je le renvoie de Poudlard sur le champ !
Harry se retint de lever les yeux au ciel face à cette menace mais lorsque le professeur passa à côté de lui, il prit soin de baisser le regard, feignant d'épousseter sa robe. Il sentit Hermione revenir à sa table et lorsqu'il releva la tête, elle lui adressa un discret clin d'œil.
- Le cours est terminé ! Ceux qui ont été éclaboussés, approchez que je vous donne un antidote.
Harry ramassa ses affaires à la vitesse de la lumière, pressé de s'échapper des cachots.
Le trio marcha dans un silence suspect plusieurs minutes avant que Ron se mette à ricaner doucement. Soudain, ce ne fut plus tenable et Harry pouffa de rire à son tour.
- T'as vu la tronche de Malefoy ? demanda Ron.
Harry explosa de rire. Bientôt, ils étaient tous les trois adossés sur le mur de la cour, se tenant les côtes à force de rigoler.
- Dans quelques jours, la potion sera prête et on pourra tout faire avouer à Malefoy, dit finalement Hermione en s'essuyant les yeux.
- Si Rogue réussit à lui réparer son énorme nez, répliqua Ron.
Harry repartit aussitôt dans son fou-rire, incapable de garder son sérieux.
- Qu'est-ce qui est si drôle ici ?
Harry se retourna et échappa un cri de surprise. Puffet se tenait droite comme un i, l'air impassible. Ses cheveux blonds encadraient son visage maigre et froid.
- On n'a plus le droit de rire maintenant ? s'emporta Ron sur la défensive. Même en récréation il faut que les serpents viennent nous embêter !
- Méfies-toi du ton que tu emploies, Weasley, répliqua Puffet en plissant des yeux.
- On se détend avant notre prochain cours tout simplement, tempéra Harry. Comment vas-tu Eléonore ?
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler par mon prénom, dit Puffet d'une voix plus calme tandis que Ron était pris d'une quinte de toux. En tout cas, je voulais te dire qu'il y a une Gryffondor de première année qui pleure dans la serre. Je crois que c'est ta sœur Weasley.
Sans un mot, Ron se dirigea vers la serre. Hermione remercia Puffett avant de suivre Ron qui était déjà loin.
- Tu n'y vas pas ? demanda finalement Puffet en voyant qu'Harry n'avait pas bougé.
- Je pense que Ron et Hermione sont plus aptes à faire parler Ginny si elle a un problème, déclara Harry.
- Comment ça ?
- Je ne sais pas, elle est toujours gênée en ma présence et n'ose jamais me parler. Je pense que je la mets mal à l'aise. Pourquoi est-ce que tu rigoles ?
- Pour rien, répondit Puffett avec un geste nonchalant de la main. Même si elle ne te parle pas, je suis certaine qu'elle sera contente de te voir. Fais-moi confiance, ajouta-t-elle avec une assurance telle que Harry fut sur le point de s'exécuter immédiatement. Mais avant que tu y ailles, je voulais savoir comment tu allais Potter ?
Harry eut la soudaine impression d'avoir reçu un cognard en pleine tête. Il n'était pas sûr d'avoir entendu correctement la question tant le ton employé par Eléonore était détaché et froid.
- Bah je vais bien, répondit Harry sur la défensive. Pourquoi est-ce que tu me poses cette question ?
- Parce que tu t'es pris un cognard à ton dernier match de Quidditch et que personne ne fugue par plaisir. C'est au mieux un besoin d'attention, au pire un appel à l'aide. Et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis préfète, expliqua-t-elle en pointant son doigt sur son écusson accroché à sa poitrine d'un air fier. C'est mon rôle de m'assurer du bien-être de mes camarades.
- Mais…
- Peu importe, coupa-t-elle alors que Harry s'apprêtait à argumenter qu'il n'était pas un élève de Serpentard. Tu sais que tu peux venir me voir si tu as besoin.
Sur ces paroles, la jeune fille tourna les talons laissant un Harry légèrement déboussolé. Secouant la tête pour remettre ses idées en place, Harry courut jusqu'aux serres. Il n'eût pas à chercher bien longtemps, Hermione et Ron sortaient de la serre en présence de Ginny et d'une autre élève qu'Harry n'avait jamais vu.
A peine plus grande que Ginny, la jeune fille était coiffée de deux nattes d'un blond sale. Elle avait accroché sa cravate aux couleurs de Serdaigle à l'intérieur de ses cheveux. Ses yeux étaient écarquillés et elle semblait totalement ailleurs. C'était pourtant elle qui s'adressait à Ginny d'une voix rêveuse.
- Ne t'inquiète pas Ginny, il y a en ce moment des invasions de nargoles et c'est pour cela que tu es toute chamboulée.
- Oh Harry ! s'exclama Hermione, visiblement enchantée de le voir. On te cherchait.
Arrivant à leur hauteur, Harry s'aperçut que la jeune fille le fixait sans retenue tandis que Ginny gardait les yeux rivés sur le sol.
- Est-ce que ça va aller Ginny ? demanda Ron. Tu es avec ton amie… Euh ?
- Luna Lovegood, répondit Ginny alors que la dénommée Luna continuait de fixer Harry. Oui ça va aller, ajouta-t-elle.
- Toi tu es Harry Potter, lâcha la blonde.
- Je sais, répondit Harry un brin agacé qu'on le fixe de la sorte.
Ron s'apprêtait à éclater de rire mais Hermione lui donna un violent coup de coude dans les côtes afin de l'arrêter immédiatement.
- On va y aller, dit Hermione avec douceur à l'attention de Ginny. Merci Luna pour ton aide.
Hermione semblait tout aussi mal à l'aise en présence de la blonde mais elle lui adressa un sourire poli. Luna fixa Hermione comme s'il lui était poussé une deuxième tête puis posa sa main sur le bras de Ginny.
- Bon allons-y, dit finalement Hermione.
- Un peu bizarre cette Luna, dit Ron une fois qu'ils furent suffisamment loin. C'est étrange que les autres Gryffondor ne soient pas avec ma sœur et que seule une Serdaigle l'aide.
- Si elle est capable de faire du bien à Ginny, c'est le principal et peu importe la maison à laquelle elle appartient, dit Hermione.
Harry ne put être que plus d'accord et ses pensées voguèrent vers Puffett et Rogue.
oOo
Lorsqu'arriva la journée d'ouverture du Club de Duel, les élèves furent intenables. Les Serpentard habituellement dociles n'avaient pas hésité à poser un tas de questions.
Severus avait feint de ne rien savoir. Qu'elle allait être leur surprise quand ils verraient leur directeur de maison débarquer en tant qu'assistant !
En réalité, le maître des potions était tout autant impatient que les élèves. Merlin qu'il avait hâte de désarmer Lockhart comme l'ignare qu'il était. Il n'en ferait qu'une bouchée…
Et plus que tout, il avait hâte de voir Potter à l'œuvre. Les petites leçons qu'il avait données au gamin quelques mois plus tôt manquaient presque à Severu, particulièrement lorsqu'il se retrouvait face à des élèves incompétents comme Londubat.
Dumbledore avait demandé à ce qu'il garde un œil sur l'enfant mais cela était particulièrement difficile ces derniers jours. Avec la nouvelle attaque, les professeurs devaient passer leur temps à surveiller les couloirs, renforcer régulièrement les défenses de l'école -alors que tout le monde savait que si le monstre existait, celui-ci demeurait dans l'enceinte de l'école-, gérer les plaintes et inquiétudes des parents et bien évidemment continuer à faire tout ce qu'ils faisaient déjà auparavant. Severus n'avait pas le temps de veiller sur Potter.
Bien sûr, il l'observait beaucoup dès qu'il en avait l'occasion et depuis quelques jours, le maître des potions était certain que le gamin-qui-fouine-partout avait monté un plan avec ses deux acolytes.
Severus connaissait particulièrement ce regard et cette attitude. Par dessus tout, Weasley-benjamin ne restait jamais plus d'une demi-heure à table et sautait parfois même le dessert. Quelque chose se tramait… Et Severus sentait que les ambitions de ces garnements étaient loin d'être innocentes.
Plus que cela, le maître des potions était quasiment sûr que le coup de l'explosion du chaudron de Goyle venait de ce trio infernal.
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La Grande Salle grouillait d'élèves. Les grandes tables avaient disparu et une grande estrade était installée au milieu de la salle. Severus avait installé plusieurs sorts autour de cette dernière tandis que Lockhart paradait comme à son habitude. La sécurité des gamins lui importait peu.
Le suivant de près, le directeur de Serpentard put savourer les regards tantôt fiers des élèves de Serpentard et tantôt effrayés des autres. Potter avait une expression qui combinait les deux émotions mélangées.
L'impatience le gagna pendant tout le discours inutile de Lockhart. Lorsqu'ils se mirent enfin en position, Severus retroussa ses lèvres et il put sentir frémir l'assistance. Merlin que c'était galvanisant…
Il leva sa baguette, ce pantin cochait au moins quatre erreurs de positionnement, prit sa respiration, il allait ne faire qu'une bouchée de cet imposteur :
- Expelliarmus !
Il y avait été un peu fort. Lockhart voltigea à travers la salle et atterrit lourdement au bout de l'estrade. Severus inclina la tête, remerciant ses élèves qui l'applaudissaient avec vigueur.
- Bravo professeur Rogue ! lança Lockhart qui avait réussi à se relever, la coiffure soudainement bien moins parfaite. C'était un excellent sortilège de défense mais bien évidemment j'avais tout de suite deviné ce que vous alliez lancer ! Si j'avais voulu, je vous aurais contré immédiatement.
Severus fusilla l'homme du regard et pour une fois, Lockhart perdit de sa superbe et proposa de passer au duel d'élèves.
- Très bien, de la pratique.
Il se dirigea rapidement pour former les binômes. Il allait être intéressant de voir comment Puffett, si douée en sortilèges et dont la baguette contenait une combinaison intéressante de ventricule de dragon et de bois de houx, allait se débrouiller face à Giselle Dumont cette élève de Poufsouffle possédant une baguette au bois de Séquoia.
Severus s'amusait comme un fou à combiner les différents duos mais il garda à l'œil Potter. Il voulait stimuler le gamin. Rien de mieux que de le confronter à son pire ennemi.
Après tout, n'avait-il pas lui-même inventé ses meilleurs sortilèges lorsqu'il s'imaginait les utiliser sur James Potter ?
Dans un sourire glacial qui prévenait Potter de ne pas le contredire, il appela Malefoy.
- Mr Malefoy, vous vous mettrez avec Potter. Voyons voir si vous êtes capable de faire toutes les grandes choses qu'on dit de vous. Vous Granger, vous irez avec Bulstrode.
Potter se décomposa. Visiblement, il avait du mal avec la motivation made in Serpentard. Pouvait-il arrêter de tout prendre mal ?
Rogue passa à côté de lui et hésita un court instant. Puis finalement :
- Faites comme cet été et vous n'en ferez qu'une bouchée.
Potter trébucha sous la surprise et manqua presque le top départ du duel.
Severus ne put détacher ses yeux du gamin. Comme toujours, il avait une position impeccable. Malefoy manquait de loyauté et démarra avant mais Potter roula sur le côté pour éviter le sortilège.
Le maître des potions ressentit une certaine frustration de voir le gamin éviter les sortilèges ou lancer uniquement des sorts d'attaque que Severus levait à chaque fois que le duo était bloqué. A croire qu'il ne lui avait rien appris !
Finalement Potter lança enfin un bouclier. Et quel bouclier ! Certes, le gamin avait hurlé le sortilège à tel point que les groupes autour avaient cessé de se battre. Le sort de Malefoy ricocha et lui revint en pleine face. Le gamin fut frappé d'un sortilège de rire et il s'écroula au sol, incapable de respirer.
Severus aida Malefoy à se débarrasser du maléfice puis observa autour de lui. C'était le chaos complet. Un nuage vert avait explosé au loin, Finnigan crachait du sang tandis que Weasley s'excusait penaud et pire que tout : Granger et Bulstrode se battaient à même le sol.
Lockhart arriva en premier pour séparer les jeunes filles.
- Jeunes gens s'il vous plaît ! Nous sommes ici pour apprendre à se défendre. Je vous demande d'uniquement désarmer votre adversaire. Par ailleurs Potter… Quel bouclier vous nous avez fait là ! Je parie que vous avez puisé dans mes livres.
Potter était aussi rouge qu'un souaffle. Son regard s'ancra dans celui de Severus qui comprit immédiatement ce que le gamin-qui-ouvre-trop-sa-bouche allait dire.
- Nous sommes ravis de savoir que vos apprentissages sont assimilés par les élèves, déclara-t-il d'une voix sèche. Maintenant, reprenons.
Les duels recommencèrent. Par souci d'équité, Severus fit le tour des élèves. Il avait parfois honte des élèves de sa maison… Comment se faisait-il que Crabbe et Goyle aient pu atterrir à Serpentard ? Ces gamins ne savaient rien faire de leur dix doigts et n'avaient strictement rien dans le crâne.
Soudain, le silence tomba dans la salle. Des élèves silencieux ? Jamais bon signe.
Un goutte de sueur glacée roula le long de sa colonne vertébrale lorsqu'il entendit un sifflement qu'il aurait reconnu entre mille. Lentement, il se retourna pour être sûr d'entendre correctement.
Il vit d'abord le serpent qui ondulait délicatement sur le sol, droit vers un élève de Poufsouffle, Finch-Fletchley. Levant lentement les yeux, son regard s'arrêta sur Potter.
Le gamin parlait au serpent. Sa langue roulait naturellement sur son palais d'un ton glacial. L'assistance était pétrifiée. Potter s'approchait du serpent qui lui s'approchait encore plus de Finch-Fletchley. Que faisait-il ? Était-ce encore un épisode bis de ce qui s'était passé dans son bureau avec la potion des Jugson ?
La voix de Potter se fit encore plus polaire et Severus frissonna à nouveau avant de reprendre contenance.
Il pointa sa baguette sur le serpent afin de le faire disparaître. Il s'apprêtait à revoir le regard froid et hostile de l'été mais il tomba face à un gamin complètement perdu.
Il voulait le prendre avec lui, là tout de suite et lui poser un tas de questions mais cela ne pouvait pas se faire.
- La leçon est terminée.
Personne ne chercha à le contredire et la salle se vida rapidement sous les murmures des élèves. La rumeur commençait à enfler… Évidemment, tout le monde allait croire que Potter était l'héritier de Serpentard.
Mais cela était impossible. Potter ne partageait absolument pas les idées de Salazar Serpentard. Ce n'était qu'un enfant même pas encore adolescent.
- Lockhart, je vous laisse remettre les tables en place, dit-il sans se retourner.
Il suivit le trio de loin. Il entendait des mots. Weasley particulièrement… Ainsi, Potter ne savait même pas qu'il parlait une autre langue.
- Potter ! lâcha-t-il d'une voix sèche. Avec moi !
Le gamin s'apprêtait à répliquer mais il lui attrapa le bras afin de le traîner jusque dans une salle de classe vide.
- Arrêtez donc de trembler comme cela je ne vais pas vous manger !
- Je n'ai pas fait exprès ! s'emballa-t-il aussitôt.
- Je sais.
Cette réponse eut le mérite de faire taire Potter.
- Félicitations pour votre bouclier.
Il fallait l'amadouer pour commencer. Mais tenace, Potter eût pour seule réaction un froncement de sourcil. Soupirant, Severus proposa une chaise à Potter et il s'installa en face de lui.
- Depuis quand parlez-vous aux serpents ? Potter répondez-moi ! ajouta-t-il en voyant que le gamin baissait les yeux.
- J'en sais rien ! Depuis toujours ! Une fois j'étais au zoo et j'ai lâché un python sur mon cousin Dudley.
Le self-control du maître des potions le sauva d'un éclat de rire nerveux. Merlin, il se ramollissait !
Mais au moins c'était une bonne chose, le gamin n'était pas possédé. Encore une fois, il attirait juste les ennuis comme un aimant… Restait à savoir de quelle façon ce gosse réussissait à parler aux serpents... Certainement un don d'un lointain ancêtre. James Potter devait certainement se retourner dans sa tombe.
- Comment va votre bras ?
- Mieux, ronchonna Potter.
Décidément, ce gosse était intenable.
- Vous pourriez vous montrer un minimum courtois lorsque votre professeur s'adresse à vous, siffla Severus.
- Pourquoi est-ce que vous m'avez mis contre Malefoy ! explosa finalement Potter les joues rouges. C'est lui qui a lancé le serpent et maintenant tout le monde va croire que je suis l'héritier de Serpentard !
- Est-ce si grave ? demanda Severus dans un haussement de sourcil moqueur.
- Pour vous certainement pas mais pour moi oui !
- Ah bon et pourquoi ?
- Parce que c'est faux ! Et puis vous vous seriez heureux d'être l'héritier de Serpentard puisque vous appartenez à cette maison alors que moi non. C'est logique !
- Weasley et Granger semblaient pourtant savoir que vous ne l'êtes pas, poursuivit Severus qui eut la soudaine impression d'être Albus Dumbledore tant son ton était calme.
- Et les autres élèves alors ? Ils vont encore parler sur moi !
- En quoi l'avis des autres est important ?
- Mais… Mais…
Potter se tortillait sur sa chaise, incapable de répondre.
- Vous savez que vous êtes innocents, ce doit être suffisant pour vous. Les bruits de couloir ne doivent pas vous atteindre. Vous valez mieux que ça. Dans quelques années, vous serez certainement l'un des plus grands sorciers de tous les temps quand ils seront à se demander s'ils réussiront leurs ASPIC. Alors peu importe le regard des gens. Et si vous avez le pouvoir de parler aux serpents, n'ayez pas honte. C'est un don que peu de sorciers possèdent. Il n'y a rien de mal à être extraordinaire, bien au contraire.
- C'est facile à dire, marmonna Harry.
- Mais tu comprendras un jour.
Le tutoiement et le ton paternel étaient passés tout seul et Severus se raidit immédiatement prêt à nier qu'il avait été aussi familier avec l'enfant. Mais Potter était bien trop concentré sur ce qu'il venait de se passer lors du Club de Duel pour s'en rendre compte.
- C'est vrai que j'ai pu parler avec des serpents. Pendant l'été… Quand je suis partie dans la forêt… Un serpent m'a aidé à me cacher.
Le gamin leva les yeux dans une lenteur excessive, presque effrayé.
- Il était gentil avec moi. A vrai dire, tous les serpents qui m'ont approchés sont gentils avec moi.
Sans un mot de plus, Potter se leva pour sortir. Il s'arrêta, la main sur la poignée de la porte.
- Il suffit d'apprendre à les connaître.
Le gamin sortit de la pièce mais Severus le rattrapa rapidement.
- Harry !
L'enfant se retourna doucement. Severus soupira de soulagement en voyant que personne ne l'avait vu appeler le gamin par son prénom. Ne savait-il plus mettre les distances ? Particulièrement avec le fils de James Potter ! Mais voilà le problème. C'est que l'enfant devenait de plus en plus le fils de Lily à ses yeux. Encore plus troublant, il était de plus en plus juste Harry.
- Méfie toi quand même, certains serpents peuvent être vénéneux.
- Ne vous inquiétez pas professeur, je sais repérer ceux qui ont bon cœur.
Le sourire entendu du gamin scia le maître des potions sur place.
Comment en était-il arrivé là ?
