Chapitre 31
Depuis plusieurs jours, Harry se réveillait en nage, victime de cauchemars plus effrayants les uns que les autres.
Il ne voulait pas inquiéter le maître des potions qui avait déjà beaucoup à faire. Harry le voyait très occupé et même si l'homme lui accordait toujours un weekend sur deux, il préférait ne pas sursolliciter son tuteur pour des bêtises.
D'autant que Harry pouvait gérer les choses.
D'abord, il se savait en proie à des cauchemars parce que les Détraqueurs lui avaient mené la vie dure. Mais ces créatures étaient maîtrisables. Lupin savait le faire.
Un peu avant les vacances de Noël, Harry prit son courage à deux mains à la fin du cours de Défense contre les forces du Mal.
Après tout, l'homme était cordial, juste et souriant avec lui. Pourquoi le rejetterait-il ?
Harry s'approcha du bureau de Lupin, l'estomac tordu par l'appréhension et avec la nette impression de trahir le professeur de potions.
- Oh Harry ! lança le professeur quand il l'aperçut, relevant le nez de son sac. Tout va bien mon garçon ?
- Oui, merci professeur.
- Je suis navré que vous ayez perdu lors de votre match de Quidditch. Vous êtes très bon sur un balai.
- Si seulement il n'y avait pas eu les Détraqueurs ! lança Harry dans un sourire désabusé.
- En effet. Mais sachez qu'ils ne sont pas près de revenir. Je crois bien ne jamais avoir vu le professeur Dumbledore aussi en colère.
Harry hésita avant de poser la question qui lui martelait la tête depuis des jours :
- Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'ils me font cet effet là ? Est-ce que je suis…
- Rassurez-vous Harry, cela n'a rien à voir avec une quelconque faiblesse.
Harry se sentit soulagé et détendit ses épaules. Malgré tout, la crainte de les revoir persistait. Harry se retint de danser sur ses pieds. Un rayon hivernal traversa la salle, éclairant le visage fatigué et ridé du professeur. Dire qu'il avait le même âge que son tuteur était assez déroutant.
- Les Détraqueurs comptent parmi les créatures les plus répugnantes qui existent sur terre. Ils se nourrissent du désespoir et de la tristesse. Lorsqu'ils sont près de vous, ils aspirent toute la joie, le bonheur pour ne vous laisser que vos pires souvenirs. Leur but est de vous rendre comme eux, des êtres sombres dépourvus d'âme.
- Lorsque je suis près d'eux… J'entends ma mère qui crie. Je crois que…
Harry s'arrêta brusquement, la gorge nouée. Le professeur amorça un mouvement, comme pour le prendre par l'épaule mais se ravisa.
Harry savait très bien pourquoi.
Aussi bien qu'il savait pourquoi il en parlait à cet instant à son professeur de Défense et non à son tuteur.
Severus Rogue aurait été aussi triste que lui et se serait certainement inquiété plus que de raison. Lupin n'avait jamais franchi le pas pour apprendre à le connaître lorsqu'il était chez les Dursley. Il n'avait jamais cherché à savoir où il était et s'il allait bien.
Harry ne lui en voulait absolument pas.
Parce que malgré tout, Lupin dégageait une bonté et une bienveillance telle que Harry lui savait une raison valable pour ne pas l'avoir visité petit.
- Pourquoi sont-ils entrés pendant le match ?
- Ils commencent à avoir faim. Dumbledore refuse de les laisser pénétrer dans l'enceinte de l'école. Avec ce match, l'excitation, les émotions exacerbées… Ils n'ont pas pu résister. Pour eux, c'était comme un festin.
- Azkaban doit être un endroit horrible.
- Effectivement. La prison est une île où les Détraqueurs se nourrissent chaque jour des condamnés. Les prisonniers sont enfermés dans leur propre tête, incapable de réfléchir posément.
- Pourtant, Sirius Black a réussi à s'échapper.
Le cartable de Lupin glissa de son épaule et tomba par terre. Il se baissa aussitôt pour le ramasser. Ses mains tremblaient. Il reprit rapidement contenance.
- En effet. Black a trouvé un moyen de s'en sortir. Normalement, les Détraqueurs vident les sorciers de leurs pouvoirs…
- Alors comment est-ce que vous arrivez à les faire fuir ?
- Il y a des sortilèges puissants.
- Vous pourriez me l'apprendre ?
- Oh… Vous savez Harry, je ne suis pas un spécialiste, bien au contraire.
- Vous avez réussi à faire partir le Détraqueur et vous avez aidé à les faire fuir lors du match de Quidditch. Je veux savoir me défendre d'eux.
Le professeur soupira et le regarda dans les yeux. Harry envoya toute sa détermination au visage du professeur. Lupin sembla hésiter.
- Je ne les aime vraiment pas, ajouta-t-il. Lorsque… Vous vous souvenez de ce cours avec l'épouvantard… Si vous ne vous étiez pas interposé…
- Il me semblait que c'était évident, dit Lupin. Je pensais que l'épouvantard prendrait la forme de Vous-Savez-Qui.
- Au début j'ai pensé à lui mais ensuite, je me suis souvenue de ce Détraqueur dans le train et…
Les mots moururent sur ses lèvres.
- Je vois, murmura le professeur. Ce qui vous fait le plus peur est la peur elle-même. C'est une preuve de sagesse. Bon… Très bien, dit-il enfin. Mais ce sera à la rentrée. Je dois me reposer, je suis en train de tomber malade.
- Merci monsieur. Je… hum… voulais vous dire que je sais pour…
Le visage du professeur se vida de son sang. Harry tenta un sourire compatissant.
- Enfin je sais que vous étiez ami avec mon père et ma mère. Davantage mon père. Je sais aussi que vous n'étiez pas très ami avec mon tuteur mais hum… enfin voilà.
Harry vira cramoisi, incapable de savoir pourquoi il avait avoué cela au professeur. Il ne devait pas être très content non plus puisqu'il réajusta sa cravate avec nervosité.
- Oh ! Oui en effet. Vous ressemblez beaucoup à votre père. Physiquement, ajouta-t-il. Vous avez les yeux de votre mère et sa détermination à toute épreuve, compléta-t-il dans un rire bas.
- Est-ce que… hum… ça vous pose problème que Severus Rogue soit mon tuteur ? demanda Harry sans réfléchir.
Le professeur de Défense analysa Harry. Pour la première fois, il eut l'impression d'être détaillé au peigne fin par l'homme.
- Bien sûr que non, Harry, dit-il d'une voix douce. Severus Rogue s'occupe très bien de vous et je suis heureux de savoir que vous ayez quelqu'un sur qui compter.
Un poids immense s'échappa de ses épaules et Harry rigola de soulagement.
Parce que si Lupin n'avait plus rien contre Rogue, sûrement que James Potter, de là où il était, acceptait aussi la situation. Du moins, Harry l'espéra de toutes ses forces.
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Le jeudi qui arriva se trouva également être le jour où il revit son ami le chien en tête-à-tête. Ce matin-là, Ron et Hermione avaient un cours de Divination.
La pluie qui tombait sans cesse depuis trois jours avait laissé place à un ciel lactescent, laissant présager les premières neiges.
Harry avait pour projet de rendre visite à Hagrid mais le demi-géant était absent. Le Gryffondor s'apprêtait à rebrousser chemin lorsqu'il vit au loin Malefoy et sa bande. Peu désireux de se retrouver seul au milieu d'un nid de serpents, Harry prit un détour aux abords de la forêt.
Un aboiement l'arrêta et il plissa les yeux pour trouver la grosse masse noire aux yeux jaunes. Lorsqu'il l'eut découvert, Harry jeta un œil sur le parc avant de pénétrer en toute discrétion dans les sous-bois.
- Reviens par ici !
Mais le chien ne semblait pas être de cet avis. Il sauta, tourna sur lui-même et s'enfonça dans le bois avant d'aboyer à l'adresse de Harry.
- Hého ! Je n'ai pas le droit d'aller dans la forêt normalement !
Le chien continua d'aboyer et sauter sur ses pattes, balançant sa grosse queue avec joie. Ses yeux paraissaient lui dire "allez viens ! Tu ne risques rien". Harry s'enfonça un peu plus dans le bois dans un sourire blasé.
- Non mais vois-tu ce que tu me fais faire ! Wahou !
L'animal l'avait mené au pied d'un magnifique pin sylvestre. Le chien s'y coucha, invitant silencieusement Harry à le rejoindre.
- Alors tu es bien ici ? Tiens. J'avais prévu des biscuits pour les donner à Hagrid mais il n'est pas là aujourd'hui.
Le chien renifla les scones avant de les avaler tout rond, ce qui provoqua l'hilarité de Harry. S'appuyant et s'installant à son aise contre la souche d'arbre, Harry laissa le chien poser sa tête sur sa cuisse. D'un geste machinal, il lui caressa le sommet du crâne et l'animal échappa un grognement de plaisir.
- Il faut que je te raconte tout ce qui s'est passé depuis la dernière fois.
Et ainsi, pendant une heure, Harry lui exposa toutes ses peines, ses doutes et les derniers évènements. L'attaque de Sirius Black, sa défaite lors de son premier match de Quidditch de la saison et la destruction de son Nimbus 2000.
- Tout ça, c'est à cause des Détraqueurs, accusa-t-il dans un frisson de terreur. Quand ils approchent, ils me rendent malade et je finis par m'évanouir. Cela fait bien rire cet idiot de Malefoy. J'entends ma mère hurler, appeler au secours et je crois que c'est la nuit où elle a été tuée.
Comme à chaque fois qu'il évoquait les effets que lui provoquaient les Détraqueurs, une boule lui enserra la gorge. Le chien quant à lui l'écoutait attentivement. Du moins, Harry essaya de s'en convaincre car ça lui faisait un bien fou de discuter sans être jugé. Il verbalisait des choses qu'il n'avait jamais vraiment saisies lorsque le chien était présent.
- Mais les choses vont aller mieux, se reprit-il. Le professeur Lupin a accepté de m'apprendre le sortilège du Patronus pour faire fuir les Détraqueurs !
Le chien se redressa et inclina la tête sur le côté, les oreilles hautes.
- On commencera à la rentrée. J'ai hâte ! En revanche, je n'ai pas encore osé le dire à mon tuteur.
Harry fit une grimace et le chien reposa sa tête sur sa cuisse dans un souffle qui aurait pu être interprété comme "qu'est-ce qu'on s'en fiche ?".
- D'une certaine manière, je me sens un peu coupable parce que je sais qu'ils n'étaient pas amis Lupin et lui, expliqua-t-il. Mais tu sais, Lupin m'a dit que ça ne lui posait pas de problème et je me dis que mon père ne m'en aurait pas voulu non plus. Je ne sais pas vraiment à quel point ils se détestaient mais je sais que c'était au moins comme Malefoy et moi. Et puis, quoiqu'on en pense, Severus Rogue peut parfois être rancunier. Je vois bien comment il regarde Lupin. Mais j'ai confiance en ce professeur de Défense contre les forces du Mal. C'est la première fois que j'ai un aussi bon professeur d'ailleurs. Si tu voyais comme il est doué !
Le chien fixait Harry avec attention. Le Gryffondor laissait libre court à ce flot de paroles qui se déversait sans qu'il réfléchisse.
- J'aimerais juste en savoir un peu plus sur mon père parfois.
Harry soupira. En réalité, il se sentait tiraillé entre les sentiments qu'il éprouvait pour le professeur de potions, qui se rapprochait clairement d'une relation père/fils, et du sentiment de trahison qu'il ressentait lorsqu'il conversait avec un proche de son père.
Le chien lui lécha la main, le réconfortant à sa façon.
- Tu es bien loin de tous ces problèmes toi, n'est-ce pas ? dit-il en se relevant. Je dois y aller, j'ai un cours de Sortilèges dans quelques minutes. Dis-donc, c'est ici que tu vis ?
Le chien confirma dans un aboiement rauque.
- J'essayerais de t'apporter un peu de nourriture la prochaine fois. A plus tard !
oOo
Albus Dumbledore rédigeait ses mémoires en toute discrétion.
Personne ne le savait.
Pas même Minerva, certainement pas le Ministre et pas encore Severus.
Le chronomètre accélérait depuis que Harry Potter avait pénétré dans le monde des sorciers.
L'heure du dîner approchait et cela faisait plusieurs jours que le directeur ne s'était pas rendu dans la Grande Salle.
Bouclant d'un sortilège complexe le petit coffre refermant le carnet en cuir de dragon qu'il avait commencé à noircir depuis plusieurs mois, Albus soupira de fatigue.
La patience était mère de sûreté. Et pourtant, les choses n'avançaient pas assez vite à son goût.
Voldemort savait pertinemment que Harry était désormais entouré d'un autre grand sorcier en la personne de Severus Rogue.
Si l'on pouvait s'en réjouir, ce ne fut pas le cas d'Albus.
Ses plans avaient changé et il devait s'adapter.
Les choses iraient plus vites, la violence du Seigneur des Ténèbres serait décuplée et les dégâts allaient être conséquents, peu importe le camp.
Combattants, résistants, zone grise, la mort filerait bientôt partout.
Albus Dumbledore persistait donc à creuser la vie de Tom Jedusor et le puzzle se mettait progressivement en place.
Pour autant, ni Severus, ni Harry n'étaient prêts à en savoir davantage pour le moment.
Les souvenirs qu'il avait récupéré venant de l'elfe de maison des Smith tendaient vers quelque chose de particulièrement inquiétant.
Mais Albus Dumbledore était le pilier du monde sorcier.
Il le pensait sans prétention aucune.
Et comme un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, Albus Dumbledore l'acceptait.
Pénétrant dans la Grande Salle vibrante des rires des élèves et du bruit des couverts, un mince sourire se dessina sur son visage. C'était pour ça qu'il se battrait toujours pour le bien.
La vie, la joie et l'insouciance des sorciers en devenir.
Il observa le ciel magique quelques secondes espérant qu'un hibou arrive à ses pieds. Il attendait avec impatience des nouvelles de son vieil ami et ancien collègue Horace Slughorn. L'homme était difficile à contacter et pourtant, s'il y avait une personne qui pouvait avoir des informations sur Tom Jedusor, c'était bien Horace.
Un hibou transperça le ciel magique mais il suffisait de voir ce qu'il tenait dans ses pattes pour savoir qu'il n'en était pas destinataire.
Harry Potter attrapa de justesse le balai empaqueté. Déjà une multitude de Gryffondors s'amassaient autour du Survivant, poussant des cris de joie et de victoire.
oOo
- C'est magnifique Harry !
Harry rapprocha son nouveau balai vers son torse. Les yeux d'Olivier Dubois brillaient d'une joie proche de la démence. Harry lui-même n'y croyait toujours pas et avait fui la Grande Salle en compagnie de Ron et Hermione.
Pour autant, Olivier qui avait manqué l'évènement avait retrouvé Harry, le souffle court et les yeux ronds comme des tasses, incapable d'en croire la rumeur.
- J'ai dit à tout le monde de se taire, ça va faire un effet de dingue lorsqu'on affrontera Serdaigle au prochain match ! Est-ce que tu sais qui te l'a envoyé ?
- Voilà justement le problème, intervint Hermione qui n'avait pas dit un seul mot depuis que le paquet était arrivé.
Alors que Ron, Neville et les jumeaux avaient fait savoir leur joie à l'idée que Harry posséda un Éclair de Feu, Hermione était restée songeuse. Puis, elle avait ostensiblement froncé les sourcils lorsque Harry avait signalé qu'il n'y avait même pas un mot accompagnant le présent.
- En quoi est-ce un problème ? attaqua immédiatement Ron. Harry est le meilleur attrapeur de Poudlard et désormais, il sera invincible avec un tel balai ! La coupe est pour nous cette année !
Olivier Dubois cria de joie et Harry sourit franchement, déjà enthousiaste à l'idée de prendre sa revanche lors du prochain match - à condition de ne plus croiser de Détraqueur.
Hermione quant à elle haussa les épaules, laissant à penser qu'elle était au-dessus de ça. Olivier laissa le trio à ses affaires, informant qu'il devait préparer ses bagages, les vacances de Noël débutant le lendemain.
S'installant sur le canapé en face de la cheminée, les garçons débutèrent une partie d'échecs tandis qu'Hermione lisait un livre. Une dispute faillit éclater lorsque Pattenrond pénétra dans la Salle Commune, l'air fier et la queue en l'air. Hermione soupira, furieuse, et alla enfermer l'animal dans son dortoir.
Lorsqu'elle redescendit, elle déclara qu'elle allait en salle des professeurs.
- Je parie qu'elle va demander des devoirs supplémentaires pour les vacances, ricana Ron.
- Pari tenu, souria Harry. Échec !
Quelques minutes plus tard, Ron déplaça plusieurs pions et avant que Harry comprenne la manœuvre, son ami remportait une nouvelle victoire. Loin de s'en vexer, le Survivant proposa une partie de bavboules. La Salle Commune était quasiment vide de ses élèves, la plupart s'activant à faire leur valise.
L'arrivée de Severus Rogue chez les lions ne passa donc pas inaperçue.
Harry sentit que les choses allaient être compliquées lorsqu'il vit qu'Hermione Granger se tenait aux côtés de son tuteur.
Les joues roses et l'air désolé, elle suivait l'homme qui dégageait une aura dangereuse. Ses robes claquaient derrière lui et Harry déglutit.
Il n'avait rien fait, mais il avait ce sentiment presque instinctif qu'il allait être déçu de cette rencontre.
Les yeux du maître des potions se posèrent sur les bavboules, les livres éparpillés, la station radio qui hurlait un rock sorcier et enfin, sur l'Éclair de Feu.
- C'était donc vrai. Merci Miss Granger.
Harry tenta un sourire timide.
- J'ai reçu ce cadeau, expliqua-t-il.
- Miss Granger m'a informé qu'il n'y avait pas de carte ni une quelconque signature informant l'identité du destinataire ?
Harry lança un regard noir à son amie. La jeune fille leva le menton comme pour signifier qu'elle savait ce qu'elle faisait.
- Oui mais…
- Mais rien du tout. Tu aurais dû immédiatement signaler que tu avais reçu un paquet anonyme. Dois-je te rappeler les évènements de l'année dernière ?
Harry coula un regard vers Ginny Weasley, installée contre une fenêtre et qui ne perdait pas une miette de l'échange. Ses joues prirent aussitôt une couleur rouge vif mais la jeune fille ne baissa pas le regard.
- C'est différent, tenta-t-il.
- Ah bon ? Et en quoi ?
- Vous n'allez pas me le confisquer quand même ? demanda Harry d'une voix désespérée.
- Le temps de faire les vérifications nécessaires. Donne-le moi.
- Est-ce que le professeur McGonagall est au courant de ce que vous faites ? demanda Ron, les bras croisés sur son torse.
Severus Rogue tourna lentement son visage vers Ron qui dansa sur ses pieds, bien moins sûr de lui. Le maître des potions fusilla le garçon du regard.
- C'est elle-même qui m'a demandé de me charger de cela, déclara-t-il d'une voix doucereuse. Et cette insolence vaudra cinq points en moins à Gryffondor.
Harry retint un frisson de justesse.
- On ne va pas y passer la nuit, le balai s'il te plait.
Harry soupira et prit cette merveille de technologie sorcière dans ses mains une dernière fois, le regard triste. Il n'avait certainement pas envie d'entrer dans un conflit devant les quelques élèves présents dans la pièce.
Satisfait, Severus se saisit de l'objet.
- Ne trainez pas trop tard, ajouta-t-il avant de partir.
Ce fut comme si la pièce respirait à nouveau. Ron réagit en premier et se tourna vers la jeune fille. Hermione se tenait devant eux, l'air désolée.
- Pourquoi est-ce que tu as fait ça !
- Je te rappelle que Sirius Black est dehors ! On n'accepte pas des objets sans savoir d'où ils viennent. Tu le sais très bien, se défendit-elle.
- Ce n'était pas à toi de le faire, déclara Harry avec froideur. Pourquoi faut-il toujours que tu te comportes en parfaite rapporteuse ?
Hermione lâcha un hoquet de surprise. Face aux regards furieux de ses amis, elle secoua la tête, les lèvres pincées et s'échappa dans son dortoir.
Harry et Ron pestèrent contre la jeune fille jusque tard dans la nuit.
Les vacances de Noël furent moroses.
Harry et Ron restaient fâchés contre Hermione. La neige se mêlait à la pluie et Harry ne trouva pas le chien à l'endroit habituel. Ron semblait soulagé de ne pas voir l'animal qu'il considérait toujours comme l'incarnation du Sinistros. Pourtant, il aida Harry à prendre de la nourriture pour le déposer au pied du pin Sylvestre.
Heureusement, les vacances de noël furent l'occasion tant espérée pour Harry de s'entraîner avec son tuteur. Chaque matin, Harry retrouvait le professeur dans la salle désaffectée après le petit déjeuner.
Ce fut plus difficile qu'au début, Harry avait appris une nouvelle combinaison de sortilège : protego, stupefix, expelliarmus. Le problème étant que Harry ne parvenait absolument pas à maîtriser le sortilège de stupéfixion. Une fois sur deux, il échouait. Alors, il trouvait des parades mais le professeur le faisait recommencer encore et encore. De plus, le mannequin envoyait des sortilèges afin que Harry lance son charme du bouclier.
Il devait penser à mille choses à la fois, quelle combinaison de sorts employer, comment bouger, la souplesse du poignet, ne pas hurler les sortilèges… Il finissait les entraînements épuisé. Il aurait aimé jeter l'éponge plus d'une fois mais il en était hors de question. Sirius Black l'attendait dehors. Voldemort reviendrait un jour. Il ne pouvait pleurer sur son sort. Heureusement, il avait le meilleur duelliste à ses côtés. L'homme était dur mais ô combien puissant.
Lorsque le maître des potions lui montrait les combinaisons, les sortilèges semblaient glisser dans les airs. Severus Rogue ne faisait plus qu'un avec l'environnement. C'était comme si tout lui appartenait et qu'il pouvait faire exploser le château d'un simple mouvement de la main s'il l'avait voulu.
Et lorsque Harry l'observait, il savait qu'il était entouré de la meilleure personne qui soit pour lui.
Ron était curieux concernant les entraînements. Un soir, alors que Harry plongeait dans les bras de Morphée après une matinée d'entraînement intensive qui l'avait laissé groggy toute la journée, Ron l'avait réveillé avec une question sortie de nulle part :
- Il ne t'apprend pas des sortilèges de magie noire hein ?
Harry s'était redressé dans son lit, fronçant les sourcils pour essayer d'apercevoir son ami à travers la pénombre.
- Mais qu'est-ce que tu racontes enfin !
- Ne le prend pas mal ! se défendit Ron. Après tout, il sait mieux que quiconque comment vaincre les Forces du Mal et il n'hésite pas à utiliser la magie noire quand c'est nécessaire, tu ne peux pas le nier !
Harry frissonna, le souvenir du Feudeymon lui revenant en pleine tête. Reposant la tête sur son oreiller, un ange passa avant qu'il reprenne la parole :
- Il ne m'apprend pas de sortilège de magie noire. Au contraire. Il m'apprend des combinaisons de sortilèges.
- Ah ouais ?
L'intérêt de Ron était palpable. Et plus Harry expliquait comment se déroulaient les entraînements, plus il sentait l'envie de Ron de se joindre à eux. Mais pour le moment, Harry préférait savourer ses entraînements en solitaire avec son tuteur.
De la même façon que l'année précédente, Yule fut organisé par le professeur de potions. Il y avait moins d'élèves et Harry invita Ron avec plaisir. Les deux garçons restèrent ensemble durant l'intégralité de la soirée. Eléonore était malheureusement absente mais Harry pensa à lui envoyer une carte pour Noël.
Le soir du Réveillon, Harry dîna avec les différents élèves et professeurs présents. Il ne savait plus trop s'il devait se rendre aux appartements ou dormir dans sa tour.
Il en voulait encore au professeur de potions de lui avoir pris son magnifique cadeau. Au fond de lui, il savait pertinemment que c'était normal mais il n'arrivait simplement pas à se raisonner.
Hermione demeurait silencieuse et restait en présence des quelques élèves de cinquième année de Serdaigle. Visiblement, la promotion des aigles de cinquième année avait décidé de se motiver à travailler leurs BUSEs pendant les vacances de Noël pour la plus grande fierté du professeur Flitwick. Le petit homme avait en conséquence décoré le sapin de la Grande Salle de façon encore plus exceptionnelle que l'année précédente.
- Plutôt que de faire des décorations, il ferait mieux de se dépêcher d'analyser ton balai, marmonna Ron, l'air bougon.
A la fin du festin, Harry traîna un peu.
En réalité, il aurait aimé que Ron dorme dans ses appartements. Après tout, le garçon l'avait invité plusieurs fois chez lui et il voulait lui rendre la pareille. Il jeta un coup d'œil coupable à Hermione mais celle-ci l'ignora royalement. Des anges firent tomber des paillettes sur ses épaules et, repensant aux paroles de Ron, une vague de colère envers Hermione écrasa toute culpabilité envers la jeune fille.
- Hmm Ron ? Ça te dit de venir chez moi ?
Ron fronça les sourcils.
- Chez toi ?
- Dans mes appartements ? On pourrait jouer dans ma chambre avec mes jeux de société. En plus, il y a un garde-manger plein de sucreries.
Harry se sentit rougir, inquiet que son ami lui rigole au nez. Mais Ron lui adressa un sourire rayonnant.
- Si ton tuteur ne compte pas m'étrangler ça me va !
- Plaît-il Mr Weasley ?
Ron et Harry se retournèrent brusquement vers le professeur de potions qu'il croyait en pleine discussion avec Dumbledore. Lourde erreur, l'homme avait les oreilles partout.
- J'ai invité Ron pour la nuit dans nos appartements. C'est d'accord ?
L'espace d'un instant, Harry crut que le professeur de potions allait envoyer le duo sur les roses puis, il hocha simplement le menton avant de reprendre sa discussion avec le directeur de Poudlard.
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Lorsque Hermione Granger pénétra dans la Salle Commune de Gryffondor, seul le feu crépitant l'accueillit. Elle avait passé une soirée intéressante en compagnie des Serdaigle qui travaillaient d'arrache-pied afin de réussir leurs BUSEs.
Simplement, le trop plein de sérieux avait fini par la rendre quelque peu anxieuse, bien trop habitué aux blagues de Ron et au rire cristallin et communicatif de Harry qui allégeait considérablement les repas.
Le trou dans son estomac qui était constamment présent depuis quelques jours se réveilla. Triste et en colère, Hermione attendit plusieurs minutes que les garçons arrivent. Elle entendit leurs rires bruyants avant même de les apercevoir.
Elle voulait s'expliquer avec Harry. Lui faire comprendre qu'elle avait parlé au professeur de potions pour le protéger et non pas pour le pénaliser.
Les rires s'arrêtèrent brusquement et Ron marmonna quelque chose à Harry avant de passer devant Hermione sans un regard et monter à toute vitesse dans son dortoir. Harry resta planté devant le feu, observant partout autour de lui et évitant soigneusement Hermione.
Prenant son courage à deux mains, la jeune lionne s'approcha de son meilleur ami, le cœur battant.
- Harry…
Le regard sombre que lui envoya le Survivant la fit frissonner. Il prenait de plus en plus de mimiques de son tuteur. Heureusement, il lui en fallait plus pour la faire taire.
- Je n'ai pas voulu te causer du tort, Harry. J'ai fait ça pour ton bien.
Dans sa tête, ses explications se voulaient plus claires mais ce furent les seuls mots qui lui vinrent. Cela ne semblait pas suffisant pour Harry qui se ferma et croisa les bras sur son torse.
- Tu n'avais pas à te mêler de ça Hermione, répliqua Harry. Je suis assez grand pour gérer les choses sans que tu ne viennes faire la mère poule.
- Tu es injuste Harry…
- Je suis injuste ? s'exclama Harry dans un rire jaune.
Il n'était plus le petit garçon chétif et peu sûr de lui que Hermione avait rencontré dans le train. En quelques mois, Harry avait pris de l'assurance.
- Le Quidditch est la seule chose qui me rend heureux et qui me fait tout oublier. Et tu m'as arraché ça. C'est toi qui est injuste, Hermione.
Ron toussa, signalant sa présence.
Les yeux embués de larmes, Hermione aperçut que le roux portait un sac sur ses épaules.
Elle comprit que ce soir, elle dormirait seule. Elle explosa dans un sanglot bruyant lorsque les garçons s'en allèrent sans un mot.
Pattenrond s'approcha d'elle et se frotta contre ses jambes.
- Heureusement que tu es là, marmonna-t-elle.
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Hermione n'était pas du genre à s'apitoyer sur son sort. Le lendemain matin, elle ouvrit ses cadeaux, heureuse de voir que ses parents avaient vu juste dans l'achat de livres tous plus passionnants les uns que les autres. Elle aimait regrouper l'Histoire moldue et l'Histoire sorcière. Particulièrement la période antique et moyenâgeuse où sorciers et moldus vivaient ensemble.
Elle trouva également les présents de Harry et Ron qui lui avaient acheté des cadeaux avant leur dispute. Les cadeaux de ses amis lui réchauffèrent les entrailles et l'espoir d'une réconciliation prochaine la motiva pour la journée.
Elle avait pour objectif de boucler ses derniers devoirs et de rendre visite à Hagrid.
La bibliothèque regorgeait de Serdaigle. Ne souhaitant pas être oppressante auprès des cinquièmes années qui avaient gentiment répondu à ses questions la veille, la jeune fille se contenta de les saluer et de se rendre à la table donnant vue sur le parc. Elle pourrait ainsi voir si les garçons se rendaient chez le demi-géant. Pour le moment, elle ne voulait pas les croiser et préférait les laisser revenir d'eux-mêmes.
Elle ouvrit donc son cahier d'Arithmancie et se mit à travailler sans relâche jusqu'à l'heure du déjeuner.
Mais à son grand désarroi, Ron et Harry demeurèrent froids avec Hermione. Ils lui adressaient de temps en temps la parole mais cette ambiance pesante commença à miner le moral de la jeune fille.
Un après-midi, alors qu'il n'y avait que deux Serpentard dans la bibliothèque - Théodore Nott qui lui lança un regard intense et un cinquième année - Hermione se rendit chez Hagrid.
L'odeur du bois sec et la cheminée crépitante lui réchauffèrent le cœur. L'homme lui offrit du thé et des biscuits à s'en casser les dents. Elle en laissa un tremper dans sa boisson fumante tout en posant un tas de questions sur l'examen des BUSEs en Soins aux Créatures Magiques. Hagrid répondit de bon cœur puis eut un rire bruyant.
- Mais enfin Hermione, rappelle toi que ce n'est que dans deux ans ! Tu as bien le temps d'être prête et j'suis sûr que t'y arriv'ras.
Hermione lança un sourire ému au demi-géant.
- J'imagine que tu n'peux pas poser toutes ces questions d'vant Ron et Harry ?
- C'est toujours plus compliqué c'est vrai, accorda Hermione dans un sourire.
- Alors vas-tu me dire pourquoi es-tu v'nue me voir toute seule ?
Hermione plongea son regard dans celui de son professeur de Soins aux Créatures Magiques. Il se tenait droit dans son siège, attentif et l'air quelque peu inquiet.
Touchée par la bienveillance de Hagrid, Hermione cligna des yeux plusieurs fois et finit par hausser les épaules.
- Harry et Ron ne me parlent plus. Ils m'en veulent d'avoir dit au professeur Rogue que Harry avait reçu un balai volant.
Le fait de l'exprimer à voix haute rendit Hermione bien malheureuse. Le menton tremblant, elle préféra croquer dans le biscuit ramolli.
Une lourde main s'abattit sur son épaule. Hagrid, accroupi, se tenait en face d'elle.
- Tu as eu raison de faire ça Hermione. Harry et Ron ne se rendent pas compte du danger que représente Sirius Black. Ils r'viendront !
Soupirant mais ravalant ses larmes, Hermione offrit un sourire à son ami qui tentait tant bien que mal de la réconforter. Certes, elle avait certainement un affaissement de la colonne vertébrale mais au moins, elle ne se sentait plus totalement seule.
Le lendemain dans l'après-midi, Hermione sentit le regard de Harry peser sur sa nuque à chaque fois qu'ils étaient dans la même pièce. Devinant aisément que Hagrid avait touché deux mots aux garçons, la jeune fille préféra laisser Harry et Ron s'approcher.
Elle avait aussi remarqué que les garçons n'avaient pas commencé leurs devoirs alors que la rentrée approchait. Elle se fit violence pour ne pas se mêler de leurs affaires et s'échappa là où elle ne trouverait jamais ses amis, à savoir la bibliothèque.
Cette après-midi là, des Serdaigle travaillaient avec intensité et deux Poufsouffle de septième année faisaient des allers et venues dans les rangées de livres.
Agacée par leurs mouvements, Hermione changea de table et s'installa au fin fond de la bibliothèque.
Cachée au fond des étagères de livres, tout proche de la réserve, trônaient quelques tables rarement utilisées. Elle avait terminé ses devoirs dès la première semaine des vacances. Mais les cours d'Arithmancie la passionnaient tellement qu'elle se régalait à faire et refaire les exercices du manuel. Son esprit était posé, vidé, apaisé. Elle posait ses calculs, griffonnait et s'amusait de tomber juste. S'il y avait une erreur, elle prenait tout autant de plaisir à chercher la solution. Elle pouvait y passer des heures.
Seule, elle s'attela alors à ses exercices dans un calme rompu uniquement par sa plume griffant le parchemin.
Bientôt, il n'y eut plus que des chiffres autour d'elle. Plus de Harry et Ron en colère après elle, plus de solitude, plus de parents qui lui manquaient, plus d'angoisse à l'idée de réussir ses examens. Juste des chiffres, des calculs, des résolutions de problèmes.
Elle terminait de rédiger la vie de Herbert Varney, particulièrement fière de son calcul, quand du mouvement autour d'elle la poussa à relever la tête.
Sa bulle de bien-être éclata aussitôt pour laisser place à une angoisse vicieuse.
Elle préféra ne pas bouger.
S'il fallait noter que le fond de la bibliothèque était un endroit de repli stratégique pour travailler, c'était aussi un lieu à l'abri des regards. Place de choix pour un harcélement discret ou les rencontres amoureuses.
Compte-tenu que Théodore Nott se tenait face à Hermione, il était fort à parier que sa présence était motivée par autre chose que se faire les yeux doux.
Le visage émacié, fin, presque androgyne, Nott la fixait sans retenue. La biographie d'Herbert Varney encore en tête, Hermione ne put s'empêcher de constater que les yeux sombres et sa peau pâle du Serpentard lui donnaient un air vampiresque.
Mal à l'aise, elle n'osa pas bouger. Elle savait sa baguette près d'elle, il lui suffisait de tendre la main. Elle pourrait ainsi se sentir un peu plus en sécurité.
Le garçon sembla lire dans ses pensées et son regard coula vers le bureau sur lequel elle avait éparpillé ses notes pour s'arrêter sur sa baguette avant de revenir lentement sur Hermione.
Réfléchissant à toute vitesse, la Gryffondor maîtrisa la panique qui menaçait tantôt. Nott était seul et elle était excellente en sortilège. Le garçon se débrouillait en classe, c'était même l'un des meilleurs. Cependant, il aurait été stupide de l'attaquer de cette façon. Reprenant son souffle, elle attrapa sa baguette d'un geste souple, la serrant aussitôt contre sa poitrine. Elle envoya un regard équivoque au Serpentard. Il n'y eut rien de la part de Nott. Peut-être seulement une contraction des mâchoires. Hermione n'en fut pas certaine. Le garçon avait déjà disparu dans les rayons.
Jamais Ron et Harry ne lui avaient tant manqué depuis leur dispute.
La peur au ventre, elle rangea ses affaires avec précipitation et retourna dans la tour de Gryffondor, tanière confortable et rassurante.
oOo
La rentrée des classes arriva bien trop rapidement au goût de Harry. Il avait adoré ses vacances de Noël. Elles auraient été parfaites sans sa dispute avec Hermione. Même Ron commençait sérieusement à regretter la présence de la jeune fille, particulièrement parce qu'il n'avait pas avancé sur ses devoirs.
Hagrid lui avait également remonté les bretelles à lui et Ron sous prétexte qu'ils n'étaient pas gentils avec Hermione.
Harry savait pertinemment que le demi-géant avait raison et la culpabilité l'avait rongée. Cependant, cette dite culpabilité se disputait à la rage d'avoir perdu son balai. Il avait tenté d'approcher Hermione mais la lionne pouvait se montrer impressionnante lorsqu'elle se trouvait blessée.
Tel un mur de glace, Harry ne savait pas par quel moyen l'approcher.
- Pourquoi cette mine basse ?
Severus Rogue l'observait d'un air blasé touillant son thé dans le sens des aiguilles d'une montre comme un métronome parfaitement réglé.
- Rien…
- Tu devrais commencer à t'installer, Paloma Crescent ne va pas tarder.
Harry haussa les épaules mais s'exécuta, traînant des pieds. Il aurait préféré faire un tour au terrain de Quidditch avec son Éclair de Feu.
Il n'osait demander quand il pourrait récupérer son balai et certainement pas auprès de Severus Rogue. L'homme avait toujours été très mauvais joueur lorsqu'il s'agissait de Quidditch.
Harry ouvrit son piano, posa la partition sur laquelle il avait travaillé et qu'il maîtrisait. Paloma serait heureuse. A cette pensée, une boule de joie sautilla dans le creux de son estomac. Il aimait bien faire plaisir à sa professeure de piano.
- Au fait Harry, le professeur McGonagall m'a dit que tu pourrais aller la voir après ta leçon de piano. Je crois qu'elle a quelque chose à te donner… Ou plutôt te rendre.
- Mon Eclair de Feu ? demanda Harry dans un cri exalté.
L'expression du visage du maître des potions était partagée entre l'amusement et l'agacement. Il se contenta de hausser les épaules, énigmatique, et de s'en aller.
Après tout, Harry jouait pour la maison rivale et il n'était certainement pas ravi de voir l'attrappeur de Gryffondor en possession d'un aussi beau balai.
La cheminée crépita et Paloma apparut. Une longue tresse sur le côté reposait sur son épaule. Cela la rendait encore plus douce qu'à l'ordinaire.
- Bonjour Harry.
Finalement, les choses n'allaient pas si mal.
.
Le professeur Mcgonagall ne rendit pas le balai à Harry immédiatement mais assura qu'elle avait bon espoir. Harry soupçonna sa directrice d'avoir voulu faire peur à Rogue. Harry ne manqua pas le sourire joyeux qu'elle avait lorsqu'elle s'installa à la table des professeurs dans la Grande Salle.
Les élèves étaient revenus en fin d'après-midi. Un brouhaha régnait, chacun montrant ses différents cadeaux, échangeant des sucreries et bavardant joyeusement. Du bon bruit comme Harry les aimait.
Hermione discutait avec Parvati Patil et Lavande Brown. Harry ne manqua pas le regard que la jeune fille lui lança.
- Ron, lança-t-il dans un coup de coude. Tu ne crois pas qu'on devrait parler à Hermione ? Je veux dire…
- Ouais…
Ron semblait tout aussi penaud.
A la fin du repas, ils se dirigèrent vers Hermione. Ron légèrement derrière Harry qui appela la jeune fille alors qu'elle sortait de la Grande Salle. Hermione s'arrêta, surprise. Elle attendit que les garçons la rejoignent, en bas des marches.
- Salut, dit Harry maladroitement.
- Salut, répondit la jeune fille qui croisa les bras sur son torse.
Harry offrit un sourire à la lionne dont le visage se dérida quelque peu.
- Avec Ron, on voulait s'excuser. On a été un peu loin et j'ai dit des choses méchantes. Désolé.
Hermione pinça les lèvres et observa ses pieds quelques instants avant de redresser la tête, sa force de caractère pétillant dans son regard.
- J'ai fait ce qui était juste et je ne vais pas m'excuser pour ça.
Harry sentit la colère affluer dans ses veines mais la main de Ron sur son épaule le dissuada de dire quoique ce soit. Hermione se détendit aussitôt.
- Cependant, je reconnais que j'aurais pu m'y prendre autrement. Peut-être te prévenir et ne pas faire ça derrière ton dos. Je n'avais pas envie de parlementer et te convaincre. Cela ne se reproduira plus.
- Bon les gars, je crois que chacun a fait un pas vers l'autre, déclara Ron. On peut passer à autre chose ! Il faut d'ailleurs que je vous raconte comment hier soir Percy s'est retrouvé affublé d'un déguisement de bonhomme de neige avec des carottes dans les narines.
Harry éclata de rire et Hermione, un fin sourire aux lèvres, leva les yeux au ciel mais était clairement amusée. Aussi vite, le visage de la jeune fille se ferma.
Elle regardait derrière Harry et Ron. Mais lorsque Harry se retourna, il ne vit qu'un groupe de Serpentard se rendant dans les cachots.
- Tout va bien ? demanda-t-il aussitôt.
Hermione afficha un sourire tendu et opina vigoureusement du chef.
.
Les cours reprirent sous un froid glacial.
Le cours de Soins aux créatures Magiques, bien qu'à l'extérieur, fut particulièrement joyeux. Hagrid avait décidé d'allumer un feu de joie plein de salamandres. La classe consista à ramasser du bois sec et des feuilles pour entretenir les flammes pour la plus grande joie des reptiles qui se délectaient à courir et sauter sur le tas de bûches brûlantes.
Harry jeta plusieurs fois un œil vers la forêt, espérant apercevoir son chien mais il ne montra pas son museau. Il espérait qu'il ne souffrait pas du froid et au fond de lui, Harry savait que c'était un chien particulièrement intelligent.
Le cours de Défense contre les forces du Mal combla de joie Harry qui avait hâte de revoir Lupin. Olivier Dubois avait mis la pression à Harry la veille et il voulait apprendre à se défendre contre les Détraqueurs aussi vite que possible.
- Ah oui, dit Lupin lorsque Harry vint le voir à la fin du cours. Seize heures jeudi soir, ça vous convient ? La salle d'Histoire de la Magie devrait être suffisamment grande… Il faut que je réfléchisse à la façon dont nous allons nous y prendre. Je ne peux pas faire venir un véritable Détraqueur pour nous entraîner…
- Ce sera parfait !
Rogue avait un cours avec les deuxièmes années à cette heure-ci. Harry n'avait toujours rien dit à son tuteur. Il savait pertinemment que Rogue le prendrait mal. Rien que d'y penser, Harry avait une boule au ventre. Il le dirait une fois qu'il saurait lancer ce sortilège.
- Tu ne trouves pas qu'il a toujours mauvaise mine ? Et il a été absent plusieurs fois depuis le début de l'année, demanda Ron sur le chemin de la Grande Salle où il se rendait pour dîner. Qu'est-ce qu'il a à ton avis ?
- Cela me semble évident ! lança Hermione d'un air supérieur.
- Bah dis nous ! lança Ron, piqué au vif.
Hermione ouvrait à peine la bouche qu'elle fut aussitôt bousculée par Gregory Goyle.
- Pousse toi de là Granger !
Le garçon, qui pesait bien le poids du trio réuni, était suivi de Malefoy et Crabbe. Hermione avait déjà sorti sa baguette, ses yeux lançant des éclairs. Aussitôt, Harry et Ron furent positionnés à ses côtés. Le reste des élèves s'agglutinaient autour des deux trios rivaux.
- Est-ce que vous voulez vraiment recommencer la petite bataille de la rentrée et vous prendre la peignée du siècle ?
- Fais gaffe Weasley ! lança Malefoy. Arrêtez de croire que le couloir est à vous.
Harry sentit son sang ne faire qu'un tour, il était prêt à lancer un maléfice lorsqu'une voix aiguë retentit derrière lui.
- Malefoy ! Potter !
- Eléonore ! lança Harry dans un sourire.
La jeune fille avait le visage dur et fermé.
- Rangez vos baguettes avant que j'aille faire un rapport aux Directeurs de maison.
- Que se passe-t-il ici ?
- Manquait plus que lui, marmonna Ron en rangeant sa baguette.
Percy Weasley jouait des coudes pour s'approcher. Lorsqu'il vit Eléonore, il lui lança un regard interrogatif.
- Ils étaient sur le point de se battre.
- Cinq points en moins chacun, lança Percy à l'adresse du groupe.
- Hein ! s'exclama Ron sous les protestations des élèves.
Harry vit nettement la moue de désaccord d'Eléonore mais la jeune fille ne contesta pas.
- Tout le monde va manger maintenant ! beugla Percy.
- Qu'est-ce qu'il m'énerve ! grinça Ron qui se laissa tomber sur le banc.
- Je suis sûr qu'Eléonore ne nous aurait pas retiré des points, lança Harry qui se saisit d'un pain pour le mâchouiller avec colère. Et j'en ai marre de Drago et sa bande. D'ailleurs, il ne t'a pas fait mal ? demanda Harry à l'adresse d'Hermione.
- Ça va, répondit-elle. Je suis certaine qu'on sera les seuls lésés et qu'ils vont retrouver rapidement leurs points perdus, ajouta-t-elle en lançant un regard à la tablée des serpents.
Harry hocha furieusement la tête. C'était même certain. Il commençait à les comprendre de mieux en mieux les serpents. Nul doute qu'Eléonore trouverait un moyen de retrouver les points retirés.
- On devrait leur donner une bonne leçon ! continua Ron.
- J'ai une idée, proposa Hermione avant même que Harry ne rebondisse sur les paroles de Ron.
Le trio échangea des regards complices avant de se sourire.
.
Le jeudi après-midi, comme convenu, Harry se rendit dans la salle d'Histoire de la Magie. Lupin l'attendait déjà. Habillé de guenilles comme à son habitude, l'homme paraissait un peu moins fatigué que le jour de la rentrée. Une grande caisse en bois se tenait sur son bureau.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Harry.
- Un épouvantard. Il prendra la forme d'un Détraqueur et il fera moins de mal qu'un vrai. On pourra s'entraîner en toute sécurité.
Harry opina du chef, cachant son appréhension du mieux qu'il le put. Le professeur Lupin lui adressa un sourire confiant et sortit sa baguette. Harry l'imita.
- Ce qu'on va faire aujourd'hui est un acte de magie très avancé. Certains sorciers ne parviennent jamais de leur vie à lancer ce qu'on appelle un Patronus. On est au-delà d'un niveau de premier cycle.
- Comment ça marche ?
- Lorsque le sortilège se déroule normalement, vous verrez apparaître un Patronus qui fera bouclier entre vous et le Détraqueur.
Finalement, c'était comme un Protego se dit Harry.
- Le Patronus représente une force positive. Il donne à manger au Détraqueur : la joie, l'espoir, le désir de vivre. En revanche, le Patronus ne peut pas ressentir le désespoir comme nous les humains. Ainsi, le Détraqueur ne peut pas lui faire de mal.
- A quoi est-ce que ça ressemble ?
- Il change de forme selon chaque sorcier. Vous pourrez le faire apparaître en prononçant une incantation et vous vous concentrerez sur un évènement heureux. Avez-vous un souvenir ?
Harry réfléchit à toute vitesse. De toute évidence, ses souvenirs avec les Dursley n'étaient pas des plus joyeux. Finalement, il pensa à son premier vol sur un balai. Il opina du chef et Lupin poursuivit :
- Répétez après moi : Spero Patronum.
- Spero Patronum, répéta Harry. Spero Patronum.
- Êtes-vous bien concentré ?
- Oui, répondit Harry en pensant de toutes ses forces à son premier vol en balai. Spero Patronum… Spero pato… non… Spero patronum, Spero patronum…
Quelque chose jaillit de l'extrémité de sa baguette, comme une fumée argentée.
- Vous avez vu ? s'exclama Harry avec joie. Ça a marché !
- Bravo. Etes-vous prêt à essayer sur un Détraqueur ?
- Oui.
Harry essaya de se concentrer à nouveau, mais quelque chose d'autre essayait de détourner son attention. Si jamais il entendait la voix de sa mère ? Non ! Il ne devait pas penser à ça ! Ou peut-être que si ?
Lupin ouvrit la caisse.
Aussitôt, un Détraqueur s'éleva lentement, son râle froid, sa main putréfiée et luisante serrant sa cape. Plusieurs bougies vacillèrent et s'éteignirent. Une vague glaçée se déversa sur Harry.
- Spero patronum, hurla Harry. Spero patronum ! Spero patronum !
Harry se sentit happer par le brouillard blanc et le sol se déroba sous ses pieds. Au loin, la voix de sa mère, plus puissante que jamais, résonna dans sa tête.
- Non pas Harry ! Je vous en supplie… Je ferai ce que vous voudrez…
- Pousse-toi, idiote, allez, pousse-toi…
- Harry !
Harry revint brusquement à la surface. Il était étendu sur le plancher et les bougies étaient de nouveau allumées. Harry se confondit en excuses tout en se redressant. Lupin lui donna un Chocogrenouille.
- C'est normal de ne pas réussir du premier coup.
- C'est de pire en pire, marmonna Harry. Cette fois ce n'est pas seulement ma mère que j'entendais… Il y avait aussi Voldemort.
Lupin semblait encore plus pâle que d'habitude.
- On peut arrêter si…
- Non ! Je veux y arriver !
Lupin offrit un doux sourire à Harry.
- Très bien… Dans ce cas, essayez un souvenir encore plus fort.
Harry replongea en première année, lorsque Gryffondor avait gagné la coupe des quatre maisons. Oui, ça c'était un superbe souvenir !
- Prêt ?
- Prêt, répondit Harry.
Il essaya de chasser de son esprit toute l'angoisse qui menaçait d'exploser. Lupin souleva le couvercle et une fois de plus, le froid glacial se répandit dans la pièce. La main putréfiée du Détraqueur se tendit vers Harry qui hurlait le sortilège.
Le brouillard blanc s'insinua dans son esprit, le paralysant et bloquant la respiration de Harry. Il entendit la voix d'un homme. Il criait, la panique se devinant clairement dans son ton :
- Lily… Lily ! Prends Harry et va-t-en ! C'est lui ! Cours ! Je vais le retenir !
Quelqu'un qui trébuchait… Une porte qui s'ouvrait à la volée… Le gloussement d'un rire suraiguë…
- Harry ! Harry… Réveillez-vous…
Harry mit un temps à comprendre ce qu'il faisait, allongé par terre avec le professeur Lupin qui lui donnait des petites tapes sur les joues.
- J'ai entendu mon père, dit-il. C'est la première fois que j'entends sa voix… Il a essayé d'affronter Voldemort pour que ma mère puisse s'enfuir avec moi…
Dans un geste machinal, Harry croisa ses bras dans une étreinte désespérée. Chamboulé, groggy, il se rendait à peine compte des mots qui sortaient de sa bouche. Soudain, il s'aperçut que des larmes étaient mélangées à sa sueur et il fit mine de lacer ses chaussures afin de les essuyer et reprendre contenance.
- Vous avez entendu James ?
Harry ne répondit rien, observant avec intensité son professeur. Les cernes de l'homme semblaient s'être creusées davantage.
- C'était un homme courageux. Il aurait tout fait pour vous protéger et que vous soyez en sécurité.
- Même que je vive chez Rogue ? demanda Harry dans un souffle.
Cette question lui brûlait les lèvres depuis des semaines. Le professeur Lupin grimaça et se releva, tendant la main à Harry pour qu'il passe sur ses pieds. La poigne de l'homme était ferme et bien plus forte que Harry n'aurait pu le penser.
- Qu'est-ce que Rogue vous a dit ? demanda-t-il d'une voix calme.
- Il ne m'a rien dit si ce n'est que vous n'étiez pas réellement ami. Je vois bien qu'il essaye de cacher son animosité. Pour moi, ajouta-t-il dans un souffle.
- Harry, comme je vous l'ai déjà dit avant les vacances, ce qui compte c'est que vous soyez heureux et en sécurité. Rogue vous apporte-t-il cela ?
- Oui.
Harry avait répondu sans hésiter une seconde. Il n'avait jamais été autant en paix que depuis que Rogue l'avait pris sous son aile. Mais depuis quelques semaines, une culpabilité sourde s'immisçait dans ses veines.
- C'est ce qui comptait pour James. Je suis certain que de là où il est, il apprécie de vous voir en sécurité. C'était un homme bon. Harry, regardez-moi s'il-vous-plaît.
Harry s'exécuta. Percutant son regard vert contre celui, marron ambré, de son professeur.
- James est toujours en vous. Vous ne le trahissez aucunement. Et il aurait voulu que vous viviez pleinement votre vie. James a toujours aimé vivre. Il vivait pour faire des farces. On était toute une bande, les Maraudeurs. Bon sang, qu'est-ce qu'on a pu rire à cette époque !
Un poids s'échappa des épaules de Harry et un sourire de soulagement se dessina sur son visage.
Il eut envie d'éclater de rire. Après sa rencontre avec le Feudeymon, Lily lui avait bien dit de faire confiance à Rogue. Si son père n'avait pas voulu de cela, il serait certainement apparu.
- En ce qui concerne ce sortilège, je pense que l'on va s'arrêter pour le moment. C'est un sortilège bien trop complexe pour…
- Non monsieur ! Je veux y arriver. Je vais réussir ! Il est hors de question que les Détraqueurs reviennent pendant que je joue mon match contre Serdaigle. Et on doit absolument gagner.
Harry pensa au jour où il avait quitté les Dursley et étonnamment, son souvenir dériva vers le jour où Rogue lui avait promis de le prendre sous son aile…
- Prêt ? demanda Lupin sans enthousiasme.
Le coffre s'ouvrit à nouveau. Le froid glissa jusque sur Harry. Les voix commençaient à résonner dans sa tête
- SPERO PATRONUM ! SPERO PATRONUM !
Harry mobilisa la sensation de joie qu'il avait eu le jour où il avait trouvé sa famille à Poudlard et plus précisément auprès du professeur Rogue. La discussion avec Lupin l'avait couvert de joie. C'était presque facile.
Cette fois, les cris furent comme brouillés. Il les entendait de loin. Harry voyait toujours le Détraqueur qui s'immobilisa tout à coup. Alors, une immense gerbe argentée jaillit de sa baguette. Il se sentait prêt à tomber mais il tint bon.
Soudain, Lupin surgit devant lui et lança un Riddikulus bien placé à l'épouvantard qui retourna dans sa caisse.
Le Patronus de Harry se volatilisa. Les jambes tremblantes, Harry se laissa tomber sur la chaise la plus proche.
- Bravo Harry !
Harry eut à peine le temps de sourire qu'on ouvrait la porte à grand fracas. Severus Rogue pénétra dans la pièce, imposant, la baguette levée et le visage fermé.
Harry se remit debout si vite que sa tête tourna violemment.
- Qu'est-ce que tu lui fais ? attaqua le maître des potions envers Lupin qui avait levé ses deux mains en l'air.
- Rogue enfin !
- Arrêtez ! lança Harry, s'interposant entre les deux professeurs. Je vais bien. Le professeur Lupin m'apprenait le sortilège du Patronus.
Harry aurait pu lancer un seau d'eau glacé en pleine tête à son tuteur qu'il n'aurait pas fait une tête différente. L'homme abaissa sa baguette d'un coup, l'incompréhension se lisant sur son visage.
- De… Quoi ? Comment ça ?
En un instant, ses émotions étaient impénétrables, comme s'il avait repris contrôle de lui-même et que ça ne le touchait absolument pas. Harry, au contraire, savait très bien que c'était certainement le moment où il fallait trouver au mieux ses mots.
- Je… J'avais demandé au professeur Lupin de m'apprendre le sortilège. Je ne veux plus m'évanouir à chaque fois que je recroise un Détraqueur, expliqua Harry les joues rouges.
- Tu as réussi ?
La surprise empêcha Harry de répondre. Il s'attendait à de la colère voire une punition. Lupin en profita pour prendre la parole :
- Il a réussi haut la main.
Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir le regard plein de reproches que lança Rogue à Lupin.
- Aucun de vous deux n'a jugé bon de m'avertir de ce petit entraînement ?
Harry se ratatina sur lui-même, mal à l'aise.
- Désolé, dit Harry.
Severus se passa une main sur le visage.
- Je te cherchais partout, je me suis inquiété, c'est tout. File dans la Grande Salle ou il ne restera plus rien à manger.
Harry ne demanda pas son reste et s'en alla en courant à toutes jambes.
oOo
- Tu fais chier Rogue !
Maintenant que le petit était parti, les insultes fusaient depuis plus de cinq minutes. Et cette fois, Lupin se rebellait.
- Tu n'as pas à me prendre Harry sans mon autorisation.
- Il voulait apprendre le sortilège du Patronus, j'ai simplement fait mon devoir de professeur de Défense !
Rogue éclata d'un rire froid.
- Il est sous ma responsabilité !
- Arrête donc avec cette possessivité maladive. T'as perdu Lily à cause de ça, évite de reproduire la même chose avec Harry.
- La ferme, craqua-t'il en sortant sa baguette.
Lupin fit la même chose. Cette sensation d'être de nouveau des adolescents fut loin d'être agréable. C'était même ridicule, lui susurrait une petite voix.
- Je me préoccupe de son bien-être, c'est tout.
- Tu aurais accepté que je lui enseigne ce sortilège ? lança Lupin d'un ton faussement amusé. Je sais que tu te méfies de moi.
Le ton de Lupin s'était adouci et Severus resta d'autant plus sur ses gardes. Serrant sa prise sur sa baguette, il recula de quelques pas.
- Mais bon sang Rogue, tu ne vois pas que Harry n'a pas besoin d'une guerre inutile ! Je t'ai déjà demandé pardon. On a été stupides quand on était jeune et toi aussi. Mais ne crois-tu pas que pour le bien-être de Harry, on ferait mieux de mettre nos griefs de côté ?
- Si tu veux cela, tu dois me tenir au courant des choses que tu comptes faire avec lui. Cela implique de lui apprendre un sortilège de second cycle ! Ce n'est pas toi qui va le récupérer épuisé ce soir. Si je n'avais pas su cela…
- Arrête de chercher des excuses ! coupa Lupin en abaissant sa baguette, comme si la dispute était vaine et qu'il était au-dessus de ça. Tu es juste blessé que Harry m'ait choisi pour lui apprendre le sortilège, c'est tout.
- N'importe quoi ! cracha Severus piqué au vif. On n'en a pas terminé !
Lupin engageait un mouvement pour partir. Il se positionna face à Severus, l'air blasé et fatigué.
- Arrête Rogue, soupira-t-il. On n'a plus quinze ans. Je m'engage à te tenir informé si cela se reproduit. Désolé si ça t'a blessé.
Il ne prit pas la peine de lui lancer un sortilège pour l'arrêter et laissa Lupin s'échapper. Les mâchoires serrées au point de presque s'en casser les dents, Severus fonça dans ses appartements. Il concocterait potions jusqu'au bout de la nuit pour se calmer et oublier les mots du loup-garou.
Sur son chemin, tous les élèves s'écartèrent avec des regards effrayés. Il savait pertinemment que dans ce genre de moment, il faisait peur à tout le monde.
Cela faisait-il effet sur Harry malgré le temps passé ensemble ? Harry avait-il eu peur de lui au point de demander une leçon auprès de Lupin plutôt que lui ? Si c'était le cas alors…
- Harry ? demanda-t-il en pénétrant dans le salon.
Le garçon était installé sur le canapé, près de la cheminée, un oreiller serré contre lui. Il avait le regard grave et épuisé.
- Je préfère qu'on mange ensemble.
La crainte et la culpabilité qui se dessinaient sur le visage de Harry fit fondre la colère de Severus. Il soupira et s'installa à côté du garçon. Un ange passa avant que Severus ne prenne la parole :
- Je ne suis pas fâché contre toi. Je veux juste comprendre pourquoi tu ne m'as pas demandé de t'apprendre ce sortilège. Harry, tu peux me parler.
Le Gryffondor sembla hésiter et cela blessa d'autant plus le professeur de potions. Il le saisit alors par les épaules le plus doucement possible. Le courage se lut dans les orbes verts du garçon.
- Vous avez beaucoup de choses à faire. J'ai préféré demander à mon professeur de Défense.
Severus aurait pu s'en satisfaire. Mais il était un Serpentard et le serpent savait toujours qu'il fallait creuser pour avoir le fond de vérité qui flottait au fond de nous.
- Il y a autre chose. Harry parle-moi, je ne vais pas me fâcher.
- Je…, commença-t-il avant de s'humidifier les lèvres comme pour chercher ses mots, je voulais apprendre avec lui. Parce qu'il a connu mon père et parce que je sais que c'est un homme bien. Je n'osais pas vous demander car vous êtes toujours occupé et inquiet. Je savais que si je vous disais que j'entendais ma mère crier lorsqu'un Détraqueur était dans le coin alors vous vous seriez inquiété pour moi. Et je ne veux pas ça. Je veux que vous soyez bien.
Severus demeurait figé et Harry ne semblait plus pouvoir s'arrêter.
- J'ai confiance en Remus Lupin. C'est un homme bon et juste avec nous. En classe, il nous apprend un tas de choses. Et je sais qu'il y a des évènements qui me dépassent mais je pouvais me rapprocher de lui et un peu de mon père. Et puis, il m'a rassuré. Il m'a dit que James Potter n'aurait pas été fâché que je reste avec vous. Qu'il voulait mon bien-être. Et je sais qu'il dit la vérité car j'ai aussi entendu mon père…
- Quoi ?
- Quand on s'est entraînés tout à l'heure… Le Détraqueur… Il m'a fait entendre la nuit où… Enfin vous savez quoi.
Harry baissa les yeux. Il se rendit compte à quel point son garçon semblait abattu et affecté. Une colère envers le loup-garou monta en lui. Elle redescendit aussitôt lorsqu'il vit que Harry reniflait.
- Je me sens vide. Je suis partagé à l'idée d'écouter à nouveau leurs voix et de lancer correctement un Patronus. Maintenant, je sais le faire…
- Je comprends, répondit sincèrement Severus.
Il s'approcha un peu plus du garçon et l'entoura délicatement d'un bras. Harry s'affaissa doucement contre lui.
- La vérité c'est que j'aurais préféré t'apprendre le sortilège. Mais tu as tout à fait le droit de demander à un autre professeur.
- Il ne vous déteste pas, vous savez.
Severus ferma les yeux. Il était parfois douloureux de voir que les autres avançaient plus vite. Il devait se rendre à l'évidence, Remus Lupin avait réellement fait un bond en avant depuis leur adolescence. Lui en semblait totalement prisonnier à certains moments.
- Je préfère juste que tu me préviennes si tu comptes faire d'autres leçons avec lui, c'est tout.
Severus devait cependant se rendre à l'évidence. Si Lupin portait allégeance à Black, il aurait eu tout le loisir de prendre Harry et de le lui donner.
- En plus, il faut bien que je fasse une meilleure impression au prochain match de Quidditch. Pas sûr que si vous connaissiez cette motivation vous m'auriez aidé ! Vous soutenez Serpentard coûte que coûte !
Si Severus ne pouvait pas voir le garçon, il entendit parfaitement l'amusement dans sa voix. Il s'écarta de lui, ébouriffa sa tignasse et se leva pour se diriger vers la cuisine.
- Bien sûr que je t'aurais appris le sortilège ! Cela ne changera rien au fait que Serpentard est toujours premier du classement.
- Attendez de voir la raclée qu'on va mettre à Serdaigle ! On va remonter en flèche, lança Harry en se levant à son tour.
- J'attends de voir.
- D'ailleurs, je voulais savoir… Vous savez si je vais récupérer mon balai ? Sinon, est-ce qu'on pourra en choisir un ensemble ?
Le cœur de Severus se réchauffa instantanément et il fit apparaître des plats sur la table. Ce genre de moment était particulièrement agréable. Lui-même n'avait que rarement goûté à ces moments de paix dans son enfance.
- Je pense que tu récupéreras bientôt ton balai. Si le professeur Flitwick trouve un maléfice dessus, on aura le temps d'en commander un autre.
Harry sembla rassuré et se dépêcha d'aller chercher les couverts pour installer la table.
Ce soir-là, Harry fut bavard et ils parlèrent longuement. Harry, bien que fatigué, semblait détendu.
- Le couvre-feu est passé, déclara Severus en regardant sa montre.
- C'est pas grave, je vais dormir ici.
Harry se leva et sans même que Severus s'en aperçoive, le garçon avait foncé dans ses bras dans une étreinte brève.
- 'nuit !
Note de l'Autrice : J'espère que ce chapitre a su réveiller en vous tout un tas d'émotions. Comme vous pouvez le constater, on est sur une partie 2 très douce (pour le moment car la vie n'est pas un long fleuve tranquille).
Pour les personnes que ça intéresse, je tente de terminer la rédaction du chapitre 37 cette semaine et 38 qui sera le dernier de la partie 2 avant la fin juillet * agite les pompons pour moi-même *. Ce qui nous pousse à une fin de partie 2 fin septembre. Après ça, je me tâte à faire une pause de publication de trois mois puis un chapitre une fois par mois ou une pause de six à huit mois (selon l'avancement) et publication toutes les deux semaines. Bien évidemment, lorsque j'aurais tout écrit, ce sera un chapitre par semaine car aucun intérêt de vous faire attendre ! Je vous tiendrai évidemment au courant. Vous êtes plus de 300 à lire l'histoire, c'est juste fou donc je vais tout faire pour garder un rythme régulier.
Sinon vous, comment allez-vous avant cette période estivale ? Quels sont les moments que vous préférez ? Qu'est-ce que vous aimeriez voir plus ? Qu'avez-vous hâte de découvrir ? Il y a des nouveaux points de vue notamment Remus précédemment mais aussi Hermione pour ce chapitre ! Est-ce que ça vous plait de voir d'autres personnages et leur façon d'appréhender le monde sorcier ?
On se retrouve le 12 juillet où je publierai depuis mes vacances donc si ça traîne un peu à arriver, c'est normal.
