Note de l'Autrice :

Réponse à Elia : Merci pour ta review. Il reste encore deux chapitres avant la fin de cette partie. J'espère ne pas te décevoir ! Je suis aussi contente d'avoir Sirius qui entre dans la partie ! Bonne lecture et à bientôt.

Bonne lecture tout le monde, plus que deux chapitres avant la fin de la partie 2... Tic tac. Ici un chapitre assez détente et feel good. Rien que du Severitus !


Partie 2 - Chapitre 36

Assis sur sa malle, Harry bouclait le dernier ceinturon avec la sensation satisfaisante du devoir accompli.

Les résultats des examens étaient arrivés la veille. Harry, Ron et Hermione passaient en quatrième année sans difficulté.

Severus avait rapidement félicité Harry au détour d'un couloir mais il était trop ronchon pour s'épancher : Gryffondor avait gagné la coupe des quatre maisons pour la troisième année consécutive.

- J'ai demandé à ce que vous veniez pour la semaine de mon anniversaire, déclara Harry à Ron.

- Est-ce que t'es sûr que Rogue ne changera pas d'avis ? Il avait l'air au bord de la syncope hier soir quand la Grande Salle s'est colorée en rouge et or.

Harry éclata de rire à ce souvenir avant de mettre son sac sur son dos et de rejoindre Hermione qui attendait en bas des marches.

Le trio salua plusieurs camarades de Gryffondor avant de se rendre aux calèches. Sur le chemin, ils croisèrent Neville qui tenait dans un pot une plante gluante aux feuilles desséchées.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Ron.

- De la valériane ! Susan Bones m'a dit que je ne serai jamais capable de la remettre sur pied. J'ai pris les paris, déclara Neville dans un sourire.

- Ma parole Neville, c'est qu'elle te drague Bones !

- Mais pas du tout, bafouilla le garçon au visage lunaire dont les joues se teintaient de rouge.

- Ron, ce que tu peux être lourd quand tu t'y mets, soupira Hermione. Qu'as-tu prévu pour tes vacances Neville ?

- Je vais rendre visite à une tante dans le Yorkshire. Et vous ?

- On espère voir Harry chez Rogue !

Neville frissonna.

Si le maître des potions s'était montré moins humiliant avec les élèves, il n'en restait pas moins sévère et dur avec les étudiants en difficulté. Parfois, Harry se demandait pourquoi l'homme gardait son poste de professeur… Il n'avait rien de pédagogue. Du moins, pour les potions.

Severus avait promis à Harry un entraînement intensif pour les vacances. Ils avaient encore un enchaînement de sortilèges à travailler et l'homme lui avait promis tout un programme sans en dire plus.

Et puis, il y avait le procès de Sirius qui approchait. Compte-tenu des éléments, l'affaire Black-Pettigrow regroupait plusieurs chefs d'accusation et les deux anciens amis étaient jugés en même temps.

Pettigrow pour la trahison des Potter en tant que partisan de Voldemort, fuite et assassinat de douze moldus. Sirius pour s'être échappé d'Azkaban en tant qu'Animagus non déclaré.

Hermione passait son temps à éplucher les articles de loi et s'offusquait des moyens employés pour arrêter les sorciers. Ces derniers soirs, Harry comme Ron avaient eu droit à une argumentation complète sur l'absence de Droit des Sorciers dans le monde magique.

- Tu viens avec nous dans le Poudlard Express ? demanda Neville. Je croyais que vous ne viviez pas loin de Poudlard.

- Mon tuteur est de surveillance dans le train, expliqua Harry. Il m'a dit qu'on devait passer à Londres récupérer quelques ingrédients pour ses potions.

Une fois installés dans leur compartiment, ils discutèrent de ce qu'allait être la quatrième année à Poudlard. Neville devenait de plus en plus pâle lorsque Hermione assura qu'il y aurait bien plus de devoirs et que les professeurs se montreraient plus exigeants.

- Tu exagères, déclara Ron d'un ton nonchalant. Mes frères m'ont dit que ce n'était pas plus difficile que les autres années.

- Je ne crois pas que ce soit le discours de Percy, contra Hermione d'un ton sec.

Sauvé par le gong, Harry aperçut Luna et Ginny dans le couloir. Il ouvrit la porte du compartiment et les invita à les rejoindre.

Luna était gênante mais cela avait pour conséquence d'éviter toutes disputes entre Ron et Hermione. Assis sur les genoux de cette dernière, Pattenrond bailla à s'en décrocher la mâchoire lorsque les deux jeunes filles prirent place de part et d'autre de l'animal.

- Il est vraiment mignon ce chat, déclara Luna. Il ne serait pas à moitié fléreur à tout hasard ?

Ron grimaça mais ne dit rien. Après tout, il n'avait plus aucun intérêt à détester ce chat. L'animal se mit à ronronner et Ginny se dérida, riant de voir cette boule de poil se tordre dans tous les sens à la recherche de la moindre caresse.

- Il a l'air très intelligent, dit Luna.

- Oh mais il l'est, dit simplement Hermione.

- C'est grâce à lui qu'on a pu prouver que Sirius Black était innocent, compléta Ron.

Les deux amis échangèrent un regard lourd de sens. A cet instant, seul le trio pouvait se comprendre. Par cette simple phrase, Ron faisait la paix définitivement avec Hermione.

- Quand aura lieu le procès ? demanda Neville.

- Lundi prochain, répondit Harry la bouche-sèche.

- Tout se passera bien, déclara Ginny, le regard déterminé et un sourire confiant. La Gazette du Sorcier et Sorcières Hebdo sont du côté de Sirius Black.

- J'aurais bien aimé que d'autres journaux se mouillent un peu plus, avoua Harry.

Sorcière Hebdo parlait davantage de la beauté passée de Sirius Black que de son procès à venir. La Gazette du Sorcier restait factuelle et remettait peu en cause les erreurs passées du Ministère de la Magie.

- Mon père va publier un article sur Sirius Black dès demain, déclara Luna les yeux rêveurs. Et il compte suivre le procès heure par heure. Je vais d'ailleurs l'accompagner. On a une théorie sur le fait que Sirius Black est en réalité le bassiste des Bizzar's Sister depuis des années.

Luna avait dit cela avec tellement d'aplomb que Harry en restait coi quelques instants. Le visage d'Hermione se figea, Neville observa ses pieds et Ginny se mit à rougir, signe évident qu'elle retenait un fou-rire. Ce fut lorsque le regard de Harry croisa celui de Ron que les deux garçons se mirent à rire.

Luna ne comprit pas l'hilarité des garçons et se remit à caresser le sommet du crâne de Pattenrond.

- En tout cas, mon père n'est pas d'accord avec le traitement qu'a reçu Sirius Black, poursuivit-elle. Aucun procès et un envoi illico à Azkaban. Il n'est pas le seul. Heureusement, ce ne sera pas la même chose pour Pettigrow. Il aura le droit à un véritable procès. Ce qui est dommage, c'est qu'il sera sûrement condamné au baiser du détraqueur.

- Je te demande pardon ? aboya aussitôt Ron.

Luna releva la tête doucement, ses grands yeux globuleux le dévisageant d'un air impassible. Harry aussi sentait la colère monter.

- Il a le droit à un procès comme n'importe quel être humain, déclara-t-elle d'une voix calme. Mais quel est l'intérêt de lui infliger le baiser du détraqueur ?

- C'est à cause de lui que mes parents sont morts, déclara sèchement Harry.

- Et il a certainement commis un tas d'horreurs du temps où il était du côté de Tu-sais-qui ! ajouta Ron.

Les yeux de Luna se posèrent tour à tour sur Ron et Harry. Ses yeux bleus semblaient vouloir dire qu'il était étrange qu'ils ne comprennent pas son point de vue.

- En quoi le Ministère est-il meilleur s'il utilise des créatures aussi sombres que les détraqueurs pour faire justice ?

- On s'en fiche ! Il mérite la mort ! lança Harry.

Finalement, il n'aurait jamais dû faire venir les filles dans le compartiment. Luna le décevait à cet instant.

- Je comprends Luna, déclara finalement Hermione. Ne me regarde pas comme ça, Harry ! Bien sûr que dans le fond, je veux que Pettigrow meurt. Mais est-ce réellement la justice si on finit par commettre les mêmes crimes ?

C'était particulièrement étrange de voir Luna et Hermione en accord sur quelque chose. Ginny s'éclaircit la gorge et se leva pour attraper son sac à dos.

- Si on faisait une partie de cartes explosives ? demanda-t-elle.

Neville hocha la tête aussitôt. Puis finalement, tout le monde accepta, saisissant cette porte de sortie bienvenue.

Harry suivit le mouvement pour faire bonne figure mais il ne réussit pas à se débarrasser de cette sensation d'injustice : lui, il devrait tuer Voldemort. Il devrait salir son âme. Que ce soit juste ou non.

oOo

Le Poudlard Express s'approchait de Londres lorsque Eléonore Puffett termina son rapport auprès de Severus.

Il était fier d'avoir choisi Puffett en tant que préfète et ravie de voir qu'elle avait rendu honneur à la maison Serpentard lorsqu'elle avait été désignée comme préfète-en-chef. Elle s'était montrée travailleuse, rigoureuse, serviable et stricte.

- La voie de l'enseignement vous est toute tracée, Miss Puffett, assura le maître des potions. Quand commencez-vous votre formation de potionniste ?

- A la rentrée d'octobre. En attendant, je vais un peu travailler et découvrir d'autres pays. Je pensais me rendre en Ouganda et en Russie.

- Excellent choix, déclara Severus.

Lui-même avait passé un peu de temps dans ces pays. Les compétences en potion variaient selon les sorciers et davantage selon les cultures. La Russie et l'Ouganda possédaient une bonne réputation dans le domaine.

- Avez-vous trouvé un maître pour votre formation ?

Puffett se redressa, bien droite, et secoua la tête d'un air indécis.

- J'ai reçu deux propositions : Horace Slughorn et Jason O'dair. Je dois rendre ma décision avant fin août.

- Ce sont deux bons potionnistes. Vous aurez certainement plus d'opportunités avec O'dair qui s'est installé à New-York depuis plusieurs années et qui travaille pour toute l'Amérique. Horace Slughorn est de la vieille école et reste très technique. Cependant, je n'ai jamais eu à me plaindre de manquer de liberté lorsqu'il était mon maître. Si je peux me permettre, j'aimerais vous suggérer quelque chose. Le choix final vous revient et vous aurez tout le temps de la réflexion.

- Je vous écoute, dit la jeune fille la voix tremblante.

- Compte-tenu du fait que vous souhaitez devenir professeure de potions, j'aimerais vous proposer d'être mon assistante. Pour cela, il serait plus simple si votre maître est Horace Slughorn. Je le connais bien et il ne sera pas contre cette idée.

- En quoi est-ce que ça consiste ?

- Je comptais vous faire venir dans un premier temps les mardis et mercredis matins, exposa Severus. J'ai deux heures avec les premières années. Il vous faudra préparer la classe avant qu'elle ne commence et accompagner les élèves dans les tâches pratiques lorsqu'il y en aura. Au début, je serai toujours avec vous et je souhaite peu à peu vous laisser la main. Qu'en dites-vous ?

- Je m'en trouve flattée, dit la jeune fille, les joues rouges. Je… Je pense que c'est faisable.

- Vous avez le temps pour prendre cette décision.

Puffett, le regard déterminé, remercia Severus dans un hochement de tête avant de prendre congé.

Voilà une bonne chose de faite, pensa le maître des potions.

- Je ne savais pas que le grand Severus Rogue acceptait de lâcher du lest, lança une voix taquine.

- Lupin, salua Rogue.

Comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde, le loup-garou pénétra dans le compartiment et s'installa sur la banquette après avoir fermé la porte. Peu enclin à faire la discussion mais semblant ne pas pouvoir y échapper, Severus soupira intérieurement et attendit que l'homme parle.

- Je pense que tu as eu une excellente idée de faire cette proposition à Miss Puffett, dit-il. Mais franchement, Horace Slughorn comme maître ? O'dair est bien plus renommé !

- Depuis quand tu t'y connais en potions ?

- Depuis toujours ! D'accord, personne ne t'arrivait à la cheville à l'époque mais je m'en sortais plutôt pas mal dans cette matière. Du moins suffisamment pour savoir que Slughorn est talentueux mais est loin d'être un excellent transmetteur de savoir.

Il était vrai que l'homme préférait davantage la conversation que de fournir les clés pour être un maître des potions. Mais Puffett s'en sortirait. Elle n'était pas de ces élèves qui avaient besoin d'être guidés sur tout. Bien au contraire. Les indépendants faisaient bonne équipe avec Slughorn.

Et puis, Severus espérait que la jeune fille choisisse Slughorn plutôt qu'O'dair. O'dair allait lui prendre le chou afin de lui laisser Puffett quelques heures par semaine. Avec Slughorn, Puffett aurait plus de temps libre. Elle disposerait des capacités d'autonomie nécessaire dans son travail pour obtenir sa maîtrise de potion.

- Elle s'en sortira, dit-il pour couper court à la conversation.

- Je comprends que tu veuilles une assistante ceci-dit, poursuivit Remus Lupin. J'ai cru que j'allais mourir avant la fin de l'année. Je me demande comment s'en sort Minerva avec en plus son rôle de directrice de Gryffondor et sous-directrice de Poudlard. Un retourneur de temps, peut-être ? suggéra-t-il avant d'éclater de rire à sa propre blague. Ce serait franchement n'importe quoi.

- Ce n'est pas parce que je n'arrive pas à gérer mes heures en présentielles, se sentit obligé de préciser Severus. Je fais cela depuis des années et je m'en sors bien. Mais désormais, je vais devoir rendre les entraînements de Harry plus intensifs. Je n'ai eu que peu de temps à lui accorder cette année.

- Tu dis ça à cause du Patronus ?

- Mais non ! s'exaspéra Severus. C'est bien qu'il sache maîtriser ce sortilège et qu'il l'ai appris avec toi.

- Mais tu préfèrerais lui apprendre à ta manière, avoue-le. Tu as toujours été contrôlant dans ta façon de faire les choses.

- Je n'ai pas besoin de tes reproches.

Remus leva les deux mains en l'air dans un signe d'apaisement et observa par la fenêtre le paysage, peu décidé à quitter le compartiment, au grand damn du maître des potions.

- J'ai déposé ma démission, annonça finalement le loup-garou.

Severus le savait déjà mais ne dit rien, laissant l'autre s'épancher.

- Je pensais pouvoir tenir mais mon corps ne suit pas.

- Si tu te mets à chialer Lupin, je te sors d'ici à coup de pompe dans l'oignon.

L'homme écarquilla les yeux de surprise face à cette menace. Il fixa le maître des potions, cherchant à savoir s'il disait vrai puis éclata franchement de rire.

- Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle.

- Laisse tomber Rogue, répliqua Remus en essuyant une larme et reprenant son sérieux. Je vais devoir retrouver un travail. Cela va être compliqué pour moi mais cette année m'a permis de mettre un peu de sous de côté.

- Pourquoi est-ce que tu ne te mets pas à ton propre compte ? demanda Severus d'un ton qui laissait transparaître l'évidence. Tu ne pourras jamais conserver de travail avec ta condition et tes arrêts d'une semaine chaque mois.

- Ah oui, ce n'est pas bête.

- Evidemment ! dit-il d'un ton hautain parfaitement assumé.

Parfois, le monde lui paraissait bien passif. Pourquoi Lupin n'avait-il jamais pensé à cette éventualité ? Travailler à son compte lui aurait largement permis de vivre en toute liberté, selon son rythme et sans craindre de voir sa condition révélée.

Ce manque d'ambition l'agaçait profondément. Mais au moins, Lupin ne rejetait pas cette proposition.

- Je vais y réfléchir.

Cette fois, le regard de Lupin se perdit dans le paysage. Severus devinait aisément où voguaient les pensées de l'homme. Pas besoin d'utiliser l'Occlumancie pour cela.

Toutefois, il se sentit d'humeur à faire la conversation. Seulement parce que c'était la fin de l'année.

- Je suis certain que Black trouvera un travail dès qu'il sera innocenté, dit-il.

Remus leva la tête, les joues rouges, comme pris sur le fait d'un moment intime. Severus rigola intérieurement, amusé de voir le loup-garou se comporter comme un adolescent.

- Ah… Euh… Oui, bien sûr. Je ne me fais pas de souci pour lui.

- Oh non, loin de là. Ça se voit d'ailleurs.

Rubicond, Remus baissa les yeux sur ses chaussures.

- Je pense lui proposer une colocation lorsqu'il sera sorti de là…

Cette fois, Severus ne put s'empêcher d'afficher un sourire moqueur. Franchement, il avait parfois du mal à se dire que l'homme en face de lui avait trente-cinq ans.

- Tu comptes lui dire qu'il n'y aura qu'une chambre pour deux ou pas ?

Remus releva la tête avec brutalité, terrorisé. La respiration courte, il hésitait visiblement à tuer Severus sur le champ ou lui offrir tout ce qu'il voulait tant qu'il se taisait.

Severus quant à lui se contenta de sourire franchement, un brin moqueur et blasé.

- Arrête ton cinéma Lupin. Je le sais depuis bien longtemps.

- Et t'as jamais rien dit ? s'étonna le loup-garou. Tu étais pourtant du genre à te saisir de toutes les opportunités permettant à l'un d'entre nous de couler, non ?

Severus envoya un regard sombre en guise de réponse. Il n'avait à l'époque rien tenté sur ce terrain. D'abord parce que ce n'était pas aussi clair que maintenant. Lui-même trop épris de Lily, il voyait mal l'amour chez les autres. Et puis, Sirius passait son temps au bras d'une jolie brune à l'époque.

- En tout cas… Si ça pouvait rester entre nous… Pour le moment.

Severus grogna en guise d'accord. Il n'en avait en réalité rien à faire de ces histoires. Il avait bien plus important à penser : l'entraînement de Harry au combat, l'Occlumancie, les potions à préparer, les recherches sur "ce truc gluant" dans l'âme de Harry…

L'enseignement des potions avait été un tremplin et un garde-fou dans ses années sombres. Mais Poudlard demeurait l'endroit de l'enfance et du passé. Il s'en rendait compte maintenant qu'il avançait et que le futur, aussi terrible qu'il pouvait s'annoncer, lui ouvrait d'autres perspectives d'avenir.

C'est pour cela qu'il acceptait sans mal que Puffett reprenne les rênes sur quelques cours. Et au-delà de Harry, cela l'arrangeait plus qu'il ne pourrait l'avouer : il avait un mal de chien à apprécier les élèves les plus jeunes.

Le train ralentit et arriva à Londres. Severus et Remus se chargèrent de vérifier les compartiments. Hormis une cape oubliée, il n'eut rien à signaler.

Comme convenu, Harry attendait sur le quai. Entouré des Weasley et des Granger, Severus approcha, le pas raide, peu enclin à faire des ronds de jambes avec les autres parents.

Cependant, ce fut étonnamment facile puisqu'il n'eut pas à faire la conversation. Mrs Weasley était un moulin à paroles, surexcitée de retrouver ses enfants.

Severus coula un regard vers Harry. Le sourire jusqu'aux oreilles, il saluait ses amis une dernière fois au milieu de la cohue générale.

Le quai grouillait de parents serrant leurs enfants contre eux. Au loin, Severus aperçut les Malefoy qui enlaçaient leur fils unique. A la voie 9 ¾, tout le monde était égal. Pour la première fois, le maître des potions comprenait les lettres des parents réclamant davantage de vacances pour leur progéniture.

Lucius Malefoy observa Severus, le menton haut, l'air hautain. Le maître des potions ne se démonta pas et maintint son regard. L'un comme l'autre furent interrompus au même moment. L'un par Drago, l'autre par Harry.

- On y va ? demanda-t-il, impatient.

Severus opina du chef, salua la marmaille et transplana avec Harry dans le quartier de Leicester.

La zone de transplanage se trouvait dans la cour arrière d'un pub. Severus fit apparaître un sac à dos minuscule de sa poche. D'un coup de baguette, le sac reprit sa forme normale et Severus put en sortir des vêtements moldus. Harry observa la scène les yeux ronds. Le maître des potions le fit descendre de son nuage et lui demanda d'aller se changer dans les cabines disponibles au fond de la cour.

- Tu as encore grandi, déclara Severus en voyant que le pantalon de Harry était juste à sa taille. Allons-y !

- Où va-t-on ? demanda le garçon lorsqu'ils sortirent du pub miteux.

- Nous allons dîner avec mon associée, Alma Hardi, expliqua Severus. Elle me fournit en ingrédients pour mes potions. Son cousin Asmar sera là également. Désolé de t'imposer un dîner d'affaires un peu barbant.

- Oh non, ça m'intéresse de faire ça avec toi, dit Harry naturellement.

- Dans ce cas, si le monde des affaires t'intéresse, c'est une bonne chose que tu viennes. Nous allons faire le point sur le contrat avec la maison Branchiflore.

Harry secoua la tête dans un petit rire.

- Ce n'est pas tant le monde des affaires qui m'intéresse, c'est juste de passer du temps avec toi, répéta-t-il.

Severus en perdit son vocabulaire, peu habitué à ce qu'on lui dise qu'on appréciait sa compagnie. Ils marchèrent en silence jusqu'au point de rendez-vous. Alma et Asmar attendaient devant les portes du restaurant. L'homme fumait une cigarette et discutait avec la sorcière qui plissait du nez à chaque fois qu'il envoyait une bouffée de fumée dans l'air.

Alma les aperçut au loin et leur fit un petit signe de la main, dans un sourire solaire. Le pas léger, Severus présenta Harry aux deux français.

Ni Alma, ni Asma n'eurent un comportement excité à l'idée de rencontrer le Survivant. Ils le traitèrent comme n'importe quel adolescent.

Asmar pouvait impressionner du fait de sa large carrure et ses yeux sombres mais il adressa un clin d'œil bienveillant à Harry, lui posa un tas de questions sur ses cours et ce qu'il aimait faire en dehors de l'école. Ils discutèrent tous si facilement qu'au moment où les plats apparurent, ce rendez-vous professionnel n'en portait plus que le nom.

- Alors si je comprends bien, vous travaillez à la fois dans une école moldue et à la boutique ? demanda Harry, impressionné.

- C'est cela. Je n'ai jamais été friand de cet apartheid entre les sorciers et les moldus. Je trouve qu'on apprend beaucoup dans les deux mondes et je ne vois pas l'intérêt de rester figer sur un seul d'entre eux.

Severus sirota son vin blanc, réfléchissant aux paroles de l'homme. S'il avait depuis longtemps abandonné l'idée que les sorciers étaient supérieurs aux moldus - l'avait-il réellement pensé ?- il ne se voyait pas particulièrement quitter le monde magique, même à temps partiel.

- Avez-vous apprécié nos échantillons de tête de coquelicots ? demanda Alma Hardi tandis que Harry continuait de poser tout un tas de questions à Asmar.

- Ils sont excellents, déclara Severus. Avez-vous fait quelque chose de spécial ?

- J'ai ajouté de l'essence de valériane en guise de fertilisant, expliqua-t-elle. Je pensais que cela pourrait vous être utile pour vos potions. Compte-tenu du fait qu'elles tournent souvent autour de l'apaisement…

Severus émit un bruit amusé et secoua la tête.

- En effet, admit-il. En réalité, j'ai commencé à travailler avec cette plante pour créer une potion d'apaisement instantanée de la douleur psychique.

Il ne manqua pas l'éclair d'étonnement sur le visage de la sorcière. Elle prit une gorgée d'eau en haussant les sourcils avant de prendre la parole :

- La douleur psychique ne doit-elle pas être affrontée pour avancer ? demanda-t-elle finalement, le jugement se distinguant dans sa voix.

- Bien sûr que si, répondit-il, un brin sur la défensive. Mais dans le cas de grande détresse, elle pourra toujours être utile.

- Il pourrait y avoir des abus…

- Comme pour toutes les potions et sortilèges.

Alma Hardi fit une petite moue. Severus avait constaté ce tic lorsque la femme réfléchissait.

- Ce n'est pas faux.

Engaillardi, Severus remit son nez dans son assiette, savourant son poisson fumé.

- Il n'empêche que j'estime préférable d'affronter sa santé mentale avec une thérapie plutôt que des potions. Même si elles peuvent aider.

Severus aurait pu lui répondre qu'il n'en avait rien à faire de ce qu'elle pensait, mais c'était une partenaire financière alors il se contenta d'hocher la tête. Et puis, cette Alma Hardi avait au moins la particularité d'être intéressante.

oOo

Harry et Severus quittèrent les français à une heure avancée de la soirée. La fatigue commençait à se faire sentir mais lorsqu'ils transplanèrent, Harry ne reconnut pas Inverness.

Un vent tiède et iodé fouetta son visage. Surpris, il ouvrit grand les yeux. En face de lui, les étoiles et l'océan ne formaient plus qu'un.

- Mais…

- Tu mérites des vacances, non ?

Les joues douloureuses tant il souriait, Harry s'empêcha de sauter de joie.

- Bienvenue à Brighton.

Harry poussa une exclamation qui trahissait son émotion, sa joie et sa fascination. Il quitta la zone où ils avaient atterri - dans un renfoncement d'un bâtiment - et avança sur la promenade, la bouche entrouverte.

On entendait davantage les vagues qu'on ne les voyait mais cela suffit à Harry.

Il voyait la mer pour la première fois.

C'était beau et apaisant.

Il sentit Severus le rejoindre et poser une main sur son épaule. Mais Harry ne pouvait pas détacher les yeux de l'océan et des centaines d'étoiles qui se reflétaient sur l'eau.

- Tu auras toute l'occasion d'admirer cette étendue d'eau pendant cette semaine, Harry. Nos bagages nous attendent à l'hôtel.

- L'hôtel ? s'exclama Harry en se tournant si vite qu'il entendit son cou craquer.

Les yeux du professeur brillèrent d'amusement.

- Préfères-tu dormir à la belle étoile ?

Harry secoua la tête dans un rire puis Severus les dirigea vers le Drakes Hotel non loin de la zone d'atterrissage. Si Harry ne se formalisa pas sur l'aspect moldu du lieu, il fut bouche-bée devant tout ce luxe.

Le réceptionniste les conduisit dans leur chambre respective. Harry n'en croyait pas ses yeux et se pinça plusieurs fois pour être certain qu'il ne rêvait pas. Dans la chambre, spacieuse et confortable, un immense lit trônait au milieu de la pièce. Les murs blancs et crèmes rendaient le tout chaleureux et moderne au milieu des meubles anciens remit au goût du jour.

A côté de la fenêtre, une porte menait à la chambre de Severus, rendant les deux pièces communicantes.

- Comment nos valises sont-elles arrivées jusqu'ici ? demanda Harry en observant sa malle de voyage.

- Oublies-tu que tu es un sorcier ? répondit Severus qui avait sorti sa baguette pour jeter des sortilèges autour de la porte de Harry. J'ai demandé à des elfes de Poudlard d'acheminer nos affaires ici.

- Mais c'est un endroit moldu, dit bêtement Harry en s'asseyant sur le lit, observant son tuteur marmonner des incantations.

- Il suffit d'un enchantement et le tour est joué, les elfes ne sont plus visibles par les moldus. Ils les voient comme des humains. Fianto duri.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- J'assure nos protections. Repello Inimicum.

Il termina son incantation d'un mouvement circulaire avec sa baguette dans un crépitement magique. Puis, l'homme se tourna, les mains sur les hanches.

- J'aimerais que tu ranges tes affaires avant d'aller te coucher. Une douche ne serait pas de trop. Pour demain, tu pourras dormir autant que tu le souhaites mais sache que le petit-déjeuner est servi jusqu'à dix heures.

- Est-ce que tu pourras me réveiller ? demanda Harry sans réfléchir. Je veux dire, pour qu'on aille au petit-déjeuner ensemble.

Harry se sentit rougir, la sensation d'être un petit garçon demandant l'attention de son père. Mais Severus le fixa simplement un quart de seconde avant d'hocher la tête en signe d'accord.

- Au moindre problème, ma chambre est à côté, tu n'hésites pas. Bonne nuit.

De bonne humeur, Harry rangea ses vêtements dans l'armoire prévue à cet effet puis fila prendre une douche relaxante.

Cette nuit-là, il dormit comme un loir.

.

La journée suivante fut marquée par les premières vacances de Harry à la mer. Il tentait de ne pas montrer son excitation mais il ne pouvait empêcher d'afficher un sourire qui rendait ses joues douloureuses.

Sans grande surprise, Severus n'était pas du genre à se prélasser pendant des heures au bord de l'eau. Harry suivit sans broncher son tuteur au Royal Pavilion où ils visitèrent le musée. L'homme savait rendre les choses intéressantes, lui indiquant ça et là qui était un sorcier ou une sorcière sur les peintures et plaçant toujours une anecdote reliée au monde sorcier.

A la fin de la visite, Harry eut l'impression d'avoir appris bien plus en une matinée sur l'histoire sorcière qu'en trois ans avec le professeur Binns. Puis, après un déjeuner sur le pouce, ils se promenèrent au cœur de la ville avant de faire un saut au musée d'histoire naturelle. Là encore, Severus mit en exergue tout son savoir. Si l'homme était bien plus passionnant qu'en cours de potions, Harry se garda bien de le dire.

Il y avait beaucoup de familles, d'enfants et d'adolescents dans cette grande zone. Harry s'y sentait bien. Comme tout le monde. Au milieu des moldus et avec Severus, il n'était plus que juste Harry. Comme l'été précédent, les gens les prenaient pour père et fils.

C'était facile et plaisant à imaginer. D'autant que le professeur avait abandonné ses immenses capes noires pour une tenue sobre de moldu. Il n'avait plus rien du professeur terrorisant et aigri. Du moins, la plupart du temps.

Alors qu'ils dînaient au restaurant de l'hôtel, Harry prit son courage à deux mains pour remercier son tuteur dans un souffle :

- Merci pour ces vacances.

Severus offrit un mince sourire puis inclina la tête sur le côté, comme à chaque fois qu'il faisait parler ses émotions positives.

- Ce n'est que le début. Je ne suis pas friand de la plage mais si tu le souhaites, on peut y aller le matin lorsqu'il y a moins de monde.

- Comptes-tu te baigner ? demanda Harry amusé et un brin moqueur.

Le professeur lui envoya un regard blasé.

- Ai-je une tête à me baigner ?

Harry éclata de rire et Severus secoua la tête, franchement amusé.

Ils se rendirent donc le lendemain à la plage. Sans grande surprise, le maître des potions n'avait même pas daigné mettre un maillot de bain. Visiblement, un pantalon en lin et une chemise blanche était le maximum de ce que pouvait faire le professeur en termes de folie vestimentaire.

L'émotion grandissante, Harry se tut jusqu'à ce qu'il pose les pieds sur le sable.

La plage était quasiment vide de monde et l'eau s'étendait à perte de vue. Non loin, la jetée était calme, les manèges encore à l'arrêt. Le chant des mouettes et le battement régulier des vagues auraient presque pu bercer Harry s'il s'était allongé dans le sable.

Une fois bien installé, il abandonna le professeur qui se plongeait déjà dans un livre, pour rejoindre l'océan.

Ses pas s'enfonçaient dans le sable jusqu'à ce qu'il atteigne le bord des vagues. Vivifié par la fraîcheur de l'eau, Harry se fit violence pour avancer. Lorsque l'eau atteignit son ventre, il poussa un cri de surprise et resta les bras en l'air quelques secondes, incapable d'aller plus loin. Finalement, une vague plus haute que les autres le mouilla totalement.

Nager dans la mer était bien différent que de nager dans un lac ou une piscine. N'ayant jamais eu de réel cours de natation, Harry avait pour technique de battre des pieds la tête sous l'eau afin d'avancer. Cependant, il se retrouva bien vite à contre-courant, luttant et se fatiguant pour avancer.

- Reviens dans la zone de baignade ! cria le maître nageur perché sur son siège de surveillance.

Il tenta de mettre un pied au sol mais avala la tasse à la place. Cherchant son air, une vague glacée lui fouetta le visage. Harry entendait les cris du maître nageur, l'intimant de retourner dans la zone surveillée mais plus il tentait d'avancer, moins il y arrivait. Horrifié, les poumons douloureux, il agita ses bras à toute vitesse au point de lui brûler les muscles.

- Harry viens par là !

Tournant la tête, il vit Severus les pieds dans l'eau, lui tendant la main. Son pantalon était trempé. Harry s'approcha alors du bord, se trouvant bien stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt et réussit à se saisir de la main de son tuteur.

- Ça va ?

Pris d'une quinte de toux, Harry répondit par un pouce en l'air tout en cherchant sa respiration. Severus paraissait furieux et Harry s'apprêtait à se confondre en excuse lorsque l'homme se retourna et fonça droit vers le maître nageur qui avait daigné descendre de son siège.

- CELA VOUS DÉRANGERAIT DE FAIRE VOTRE TRAVAIL ? hurla-t-il.

- Il était en dehors de la zone de…

- ET ALORS ? VOUS VOYEZ BIEN QU'IL AVAIT DU MAL A Y RETOURNER !

- De toute façon monsieur, si votre fils ne sait pas nager à son âge, ce n'est pas mon problème mais le votre, s'emporta l'autre d'un ton sec.

Harry arrêta son tuteur de justesse, posant sa main sur son bras. Il reconnaissait ce mouvement entre mille. Severus l'utilisait souvent lorsqu'il n'avait pas sa baguette à portée de main et qu'il souhaitait allumer un feu ou attirer un objet. Et Harry connaissait suffisamment son tuteur pour savoir que le maître des potions comptait bien lancer un petit sortilège au maître nageur.

- Allons-nous en, dit le professeur d'une voix blanche.

Ils rangèrent leurs affaires et se dirigèrent vers l'hôtel en silence. C'est une fois dans l'ascenseur que Harry, ne supportant plus ce silence, craqua :

- Je suis vraiment désolé. Je ne pensais pas que ce serait si difficile de nager dans l'océan.

Une affreuse boule chargée d'humiliation et de tristesse se logea dans sa gorge. Il préféra regarder ses pieds, attendant que les reproches tombent.

Severus le força à le regarder. Son regard était franc et déterminé.

- Ce n'est pas de ta faute, d'accord ? C'est la mienne.

- Hein ? Mais non !

L'ascenseur s'ouvrit. Severus entraîna Harry dans sa chambre. Une fois la porte fermée, Harry comprit que son tuteur jugeait le moment opportun pour une réelle discussion.

- Harry, étais-tu déjà parti à la mer avant aujourd'hui ?

- Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?

- Réponds à ma question, s'il-te-plait.

Harry se contenta de secouer la tête de gauche à droite. Severus pinça les lèvres, contrarié.

- Je suis désolé !

- Arrête avec ça ! Ce n'est pas toi qui est en cause ! J'aurais dû le savoir !

Cette fois, Harry eut envie de rire. Severus avait-il perdu la boule ?

- Mais bien sûr que non tu ne pouvais pas le savoir ! Je…

- J'ai fait l'erreur de penser que tu avais déjà eu des leçons de natation mais évidemment ton oncle et ta tante n'ont jamais jugé bon de te payer ce genre d'activités, comme ils ne jugeaient pas bon de t'emmener en vacances !

Severus fulminait contre Vernon et Pétunia. Mais Harry ne voulait pas le voir dans tous ses états à cause d'eux.

- Mais ce n'est rien…

Plutôt que d'apaiser les choses, Severus sembla encore plus en colère.

- Non Harry ! Ce n'est pas rien ! Tu avais le droit à une enfance comme les autres, tu avais le droit de faire des activités comme les autres, le droit à une vraie chambre, un vrai lit et des vrais cadeaux. Tu entends ? Ils n'avaient pas le droit de te traiter de la sorte.

Pendant un instant, Harry se demanda si le professeur n'allait pas fondre en larmes. Non pas que cela le gênait mais il savait que le maître des potions ne s'en remettrait jamais de craquer ainsi.

Cependant, Severus se reprit, inspirant longuement et passant la main sur son front. Puis, il déclara d'une voix blanche :

- Je vais arranger tout ça d'accord ? Tu dois savoir parfaitement nager pour éviter ce genre de désagrément.

- Ok, déclara Harry en réalité peu enchanté.

L'idée d'avoir des cours de natation avec un maître nageur qui lui hurlait dessus ne lui vendait pas du rêve. Mais Severus avait certainement raison, cela faisait partie de son éducation.

- Bon, dit Severus calmé, que dirais-tu d'aller sur la jetée de Brighton et de profiter des attractions ?

- Sérieux ? Mais oui ! Vous allez faire les manèges avec moi !

- Hors de question mais je te regarderai.

Harry cria de joie, lançant le poing en l'air. Puis, sans crier gare, enserra son tuteur contre lui, respirant cette odeur de vétiver propre au maître des potions. L'homme parut surpris et resta figé un moment avant de dire :

- Dis donc, que me vaut l'honneur d'être enlacé par Potter ?

- Merci, merci, merci !

Harry sentit la main de son tuteur lui ébouriffer le crâne, signe que l'homme n'était plus en colère.

oOo

Qu'avait-il pris à Severus d'accepter de se rendre au parc d'attractions de la jetée de Brighton ? Il n'en avait aucune fichtre idée. Il aurait du proposer à Weasley de venir pour cette journée afin de lâcher les deux adolescents dans cette zone bondée de monde, de sucre et de cris.

Attaqué par toutes ces lumières et cette effervescence, le maître des potions se contenta de s'installer sur un banc, gardant un œil sur Harry qui tentait manège sur manège. Comment faisait-il pour ne pas être malade ? Severus ne voulait même pas le savoir. Il était déjà assez bien occupé à se demander comment il avait atterri sur une plage de Brighton à s'occuper d'un gamin qu'il considérait comme le sien. Et lorsqu'il se penchait sur la question, le tourni qui le prenait au corps était aussi efficace qu'un grand huit.

Lorsque Severus jugea que Harry avait fait suffisamment de tours, il lui fit signe de la main. Harry vint sans broncher, les joues rouges et le regard surexcité.

Dire que c'était la première fois que le gamin vivait tout ça était déroutant… Il comprenait mieux pourquoi Dumbledore l'avait envoyé par monts et par vaux lors des vacances d'été suivant la mort de Lily. Assurer le soft-power de la communauté magique, redorer son image, ne pas sombrer et s'occuper l'esprit… Tout cela n'était rien à côté de vivre de vrais moments de vie. Des moments qui faisaient grandir, qui permettaient de voir que le monde était vaste et qu'on était peu de choses sur terre. D'une certaine manière, Dumbledore lui avait fourni les clés pour ne pas ruminer le passé. Severus ne s'en rendait compte que maintenant.

Lui non plus n'avait jamais vu la mer avant un âge avancé. Et si sa mère essayait de l'emmener à des fêtes foraines ou des spectacles à côté de chez eux, Severus n'avait jamais été confronté à la culture, les théâtres, les musées… Lily l'avait emmené quelques fois. Mais Harry n'avait jamais rien eu de tout ça. L'excluant encore un peu de plus des autres enfants de son âge et d'une vie ordinaire.

Severus proposa à Harry de prendre un déjeuner et le garçon accepta avec joie. Depuis quelque temps, il paraissait manger le double de son poids. Ils allèrent donc au restaurant du parc. Maintenant qu'il était à l'aise financièrement, le maître des potions n'allait pas s'empêcher de vivre.

Harry dévora un hamburger, des frites et une glace supplément chantilly.

Lorsqu'en sortant du restaurant, il courut vers une attraction qui mettait la tête à l'envers, Severus l'arrêta :

- J'aimerais éviter un autre drame avant ce soir, déclara-t-il.

- Je ne vais pas être malade, j'ai l'habitude avec le Quidditch ! Je suis capable de faire plusieurs tonneaux après manger sans vomir !

- Je ne préfère pas prendre le risque.

Harry haussa les épaules et chercha du regard les choses à faire. Le parc était minuscule et ils pourraient bientôt rentrer à l'hôtel. Severus avait plus que hâte, il détestait cet endroit. Par ailleurs, un monde fou commençait à affluer.

- Est-ce que je peux essayer le stand de tir ? demanda Harry.

Severus accepta d'un hochement de tête.

Un jeune homme à peine sorti de l'adolescence, des boutons d'acnés lui couvrant le visage, dormait à moitié sur sa chaise et marmonna que trois essais coûtaient cinq livres, la main déjà tendue.

- Ah…, dit Harry déçu, dans ce cas…

- Ne sois pas ridicule, dit Severus sortant un billet de sa poche pour le coller dans les mains de l'homme.

- Vous devez toucher une cible. Une cible, un lot au choix.

- Cool ! Je vais jouer pour le baladeur CD.

Des figurines ressemblant aux animaux de la ferme se déplaçaient de gauche à droite sous une musique assommante et désagréable. S'installant pour viser, sa moue de concentration habituelle sur le visage, Harry tira une première fois. Il loupa une poule de justesse. Sans se démonter et déterminé, il manqua de peu un renard.

Severus observait cette scène d'un œil distant, un brin aigri. Mais Harry s'amusait comme un fou, concentré comme jamais. Il tira une dernière fois. Cette fois, la balle atteignit sa cible, une grenouille ayant perdu sa coloration, abîmée par les rayons du soleil. Cependant, elle ne tomba pas.

- Oh, dit Harry surpris et déçu. Pourquoi est-ce que ça n'est pas tombé ? Je l'ai touché.

- Désolé, si ce n'est pas tombé, ce n'est pas gagné ! dit l'autre d'une voix traînante.

Ce gamin était une tête à claques ! C'est à peine s'il regardait le jeu, préférant plutôt compter ses billets.

- Attendez, attendez, intervint Severus. Il a touché la cible, il devrait avoir le lot !

L'autre soupira, comme s'il devait expliquer la même chose pour la quinzième fois de la journée.

- Monsieur, commença-t-il en se levant, vous voyez la grenouille là-bas ? Vous voyez comme elle n'est pas explosée ? Et vous savez ce que ça signifie ? Ça veut dire… Que vous n'aurez pas le baladeur CD ! dit-il en détachant chaque mot. Votre petit garçon saura s'en remettre ! Pas vrai petit coeur ? se moqua-t-il.

Severus sentit son sang faire un tour. Il sortit un nouveau billet et le colla dans les mains de l'autre.

- Très bien. Mon tour.

Il n'eut pas besoin de sortir sa baguette, il se saisit d'un fusil et visa un taureau. Au même moment, il souffla, envoyant sa magie brute de façon instinctive mais précise quant à la destination. La balle explosa le taureau mais pas seulement. Elle traversa l'intégralité du stand au point de transpercer ce dernier.

Le jeune homme était figé et plusieurs passants poussaient des cris impressionnés.

Severus ne s'en formalisa pas, posa le fusil d'un geste brusque sur les genoux de l'employé qui semblait cloué à sa chaise.

- Ex-plo-sé, susurra le maître des potions d'un ton sarcastique, presque chantant.

Il attrapa ensuite le baladeur CD que souhaitait Harry et lui tendit avant de quitter les lieux. Un mouvement de capes classe et stylé aurait été le clou du spectacle mais il dut se contenter de maintenir la tête haute d'un air supérieur. Harry le suivait, ouvrant son cadeau et chantonnant que c'était vraiment "trop génial".

.

Le soir venu, une fois Harry au lit et Severus dans sa chambre, un hibou vint frapper à la fenêtre. Un courrier signé Hestia Jones lui était adressé. Il parcourut la lettre et la rangea délicatement dans sa valise.

Pour le moment, Harry comme lui étaient en vacances.

Il lut la Gazette du Sorcier. La moitié du journal se consacrait au procès de Sirius Black et Peter Pettigrow qui débutait dès le lendemain et prévoyait de se tenir sur une semaine. Du reste, les articles se limitaient aux différentes sélections de Quidditch, d'un nouveau magasin sur le Chemin de Traverse et d'une nouvelle crise des Centaures réclamant plus d'espace ainsi qu'une demande de surveillance plus accrue contre le braconnage.

Severus était ravi d'avoir mis Harry à l'abri de tout cela. Il méritait d'être en vacances, au calme et se reposer de l'année qu'il avait passée. A Inverness, il aurait mouliné, angoissé et supplié d'assister au procès. Il savait bien que le garçon demanderait à lire les articles de la Gazette mais il aurait au moins l'esprit occupé toute la journée.

Severus travailla tard dans la nuit sur les têtes de coquelicots que lui avait offertes Alma Hardi. Cette femme avait de l'or dans les doigts et savait sublimer les plantes. Une sorcière douée, talentueuse, un brin rentre dedans mais ô combien déterminée pour parvenir à ses fins. Elle était une excellente collaboratrice.

Et sur ces pensées, Severus s'endormit comme une masse.

.

La semaine défila à une telle vitesse que le maître des potions en oublia presque son organisation millimétrée. Cependant, après une visite de l'Aquarium, il ordonna à Harry de faire ses bagages puisqu'il partait le lendemain dans la soirée.

- Je ne trouve pas ma bande-dessinée, déclara Harry en pénétrant dans la chambre de Severus.

- Je n'ai pas la capacité de troisième œil, déclara Severus en pliant ses vêtements pour le lendemain, impatient de remettre ses longues robes noires.

Harry soupira et chercha tout autour de lui. Le maître des potions se fit violence pour ne pas envoyer Harry dans sa chambre. Il savait pertinemment que l'adolescent cherchait surtout à gagner du temps pour ne pas faire ses bagages.

- Oh, la Gazette du Sorcier est arrivée !

Harry se précipita sur le journal avant que Severus ne puisse l'en empêcher. Toute la semaine, Harry avait suivi avec attention le procès Black-Pettigrow. Cette fois-ci, il aurait aimé que Harry oublie un instant son parrain.

Le visage du Gryffondor perdit ses couleurs. Il dansa d'un pied sur l'autre, se racla la gorge puis releva finalement ses yeux verts, brillants d'inquiétude. Severus prit les devants :

- C'était la défense de l'avocat de Pettigrow aujourd'hui, c'est normal qu'il cherche à trouver des circonstances atténuantes.

- Ils disent que Sirius avait une emprise sur Peter ! s'exclama Harry. Qu'il a eu besoin de trouver un échappatoire ! Mais quel échappatoire ? De rejoindre un homme qui voulait zigouiller tous ceux qui ne suivent pas ses idées racistes ? Cela n'a aucun sens ! Ils disent que Sirius le malmenait et faisait de lui ce qu'il voulait ! Et ils mélangent tout ! Il parle de son évasion en tant qu'Animagus non déclaré et que c'est la preuve qu'il n'est pas blanc comme neige ! C'est dégueulasse ! N'ont-ils pas honte d'avoir une telle défense ?

- C'est pour eux le meilleur moyen de dire que Peter Pettigrow n'était pas foncièrement du côté du Seigneur des Ténèbres.

- Dans ce cas ils n'ont qu'à dire qu'il avait peur !

- C'est une défense qui a déjà été tentée et qui ne marche pas.

Severus se retint de dire qu'il pensait que la stratégie de la défense était particulièrement efficace. D'autant que des anciens élèves de Poudlard pouvaient confirmer que Black avait l'ascendant sur Pettigrow. Le rat suivait la bande. Il l'avait rejoint un peu plus tard que le trio. Tout le monde le savait à Poudlard. Pettigrow manquait d'amour-propre et d'estime de lui-même. Sirius était tout le contraire.

Et la plèbe n'aime pas les populaires.

Le monde préfère les outsiders avec lesquels ils peuvent s'identifier puis se comparer. Les outsiders rassurent, les populaires font peur. Une idée politiquement inacceptable et pourtant si réelle aux yeux de Severus.

Il y avait cependant un hic dans la défense de Pettigrow et pas des moindres : la défense de Black.

- Lis jusqu'au bout, déclara Severus d'une voix calme.

Harry soupira et s'exécuta à voix haute :

- Demain, ce sera au tour d'Albus Dumbledore d'assurer la défense de Sirius Black. Hein ? Mais comment est-ce que c'est possible ? Dumbledore a le droit de faire ça ?

- Albus Dumbledore a tous les droits, répondit Severus. En principe, les choses devraient bien se passer.

Harry opina du chef mais Severus vit bien que le garçon partait loin dans son esprit, emporté par l'angoisse.

Le maître des potions tenta de changer les idées de Harry en l'occupant au maximum. Entre les valises à faire et le dîner, la soirée passa rapidement. Et si l'angoisse du Gryffondor était palpable, Severus essaya de ne pas trop s'en inquiéter.

Comme il fallait se lever aux aurores le lendemain, l'homme envoya l'adolescent au lit suffisamment tôt. Lui-même se coucha bien vite, le dernier magazine de Potions pour tous dans les mains. Il parcourait un article élogieux à son égard lorsqu'il entendit une agitation dans la chambre à côté.

Severus tendit l'oreille, attentif. Lorsqu'il entendit Harry tousser, le maître des potions se leva et ouvrit la porte. Il s'attendait à voir Harry en pleine crise de somnambulisme mais ce fut tout le contraire. Le Survivant avait le regard bien vif et semblait être le point d'ouvrir la porte. Comme il avait le teint pâle et la mine fatigué, Severus l'interrogea immédiatement :

- Quelque chose ne va pas ?

- Rien de grave mais je suis un peu malade, expliqua Harry. Est-ce qu'il vous reste de la potion pour les nausées ?

- Rentre et assieds toi.

Severus l'observa d'un œil expert. La respiration courte et des mèches de cheveux collés sur le front, il se demanda un instant si le gamin n'avait pas de fièvre. Pour faire bonne mesure, il prit les constantes de l'enfant d'un geste de baguette.

- Tu n'as pas de fièvre ni d'infection. Où as-tu mal ?

- En vrai un peu partout, répondit Harry en se massant l'estomac. Je ne me sens pas bien. Mon coeur bat trop vite…

Avant même que Severus ne puisse le rassurer sur son état, Harry courait jusqu'aux toilettes les plus proches pour renvoyer le contenu de son estomac. Le maître des potions lui tendit un verre d'eau. Affalé sur le sol, Harry s'en saisit sans dire un mot, la main tremblante.

- Ce n'est rien de grave, tu fais juste une crise d'angoisse.

- J'ai plutôt l'impression que je vais mourir en fait, dit Harry. C'est la première fois que ça me prend comme ça.

- L'angoisse aime surprendre, répondit Severus en tendant une fiole. Tiens, prends ça pour dormir un peu.

- Est-ce que Sirius va s'en sortir ? demanda Harry.

- Je ne sais pas, avoua-t-il. Mais pour le moment, on ne peut qu'attendre. Tu ne peux pas contrôler les choses.

Il savait que Harry aurait préféré entendre des paroles plus rassurantes mais Severus ne savait pas y faire pour mentir de la sorte.

Il aida Harry à se relever et retourner à son lit. Il laissa la porte de sa chambre entrebâillée, juste au cas où. Mais à peine était-il lui-même dans son lit qu'il entendait déjà la respiration lente et ensommeillée de Harry.

La nuit fut courte.

Severus entendit Harry se lever plus tôt que prévu. Lui-même ne pouvant plus dormir, il proposa au garçon de quitter les lieux. Au moment du check-out, le maître des potions se félicita intérieurement d'avoir enfin les moyens d'aller dans d'aussi beaux lieux et de l'offrir à Harry.

Il avait presque la vie de monsieur tout le monde. La normalité qu'il avait tant rêvé lorsqu'il était plus jeune puis rejeté avec aigreur lorsqu'il avait compris qu'il ne pouvait plus l'attendre. Et c'était bon de partager ce semblant de normalité avec un fils de cœur.

Cependant, il était temps de partir et d'affronter la dure réalité qui les attendait. Malgré la potion de sommeil, Harry avait mal dormi. Les cernes autour de ses yeux le trahissaient. La ride d'inquiétude barrant son front et ses yeux verts reflétant son angoisse persuadèrent Severus de faire un détour.

L'enfant était tellement dans sa bulle qu'il ne dit rien et ne réagit qu'au moment où ils se retrouvèrent sur la plage.

Le jour n'était pas encore levé. Au loin, la lune brillait encore et transperçait le ciel bleuté. Severus se mit pieds-nus et Harry l'imita sans un mot. Ils avançèrent d'un pas lent mais franc, comme les battements de deux cœurs à l'unisson.

Le sable était froid et fin sous leurs pieds.

Arrivés suffisamment proche de l'océan, Severus s'installa en tailleur et, encore une fois, Harry l'imita.

- Ferme les yeux, dit-il.

Le garçon inspira puis s'exécuta.

- Ressens le sable autour de toi, hume l'odeur qui t'entoure, écoute l'océan. Chaque vague est rythmée comme un métronome.

Severus se tut, observant son protégé. Peu à peu, la tension dans ses épaules s'évapora et sa respiration s'apaisa.

- Reste concentré, dit Severus au bout de quelques secondes. Je veux que dans ta tête, tu joues ce menuet de Bach que tu connais par cœur, en rythme avec les vagues.

Les doigts de Harry qui étaient posés sur ses cuisses se mirent à bouger.

Pour la première fois, Harry Potter avait l'air d'un parfait Serpentard.

Son visage n'était plus que concentration. Un novice aurait dit froideur. Mais non. Son esprit ne faisait plus qu'un avec ce qui l'entourait. Vide de toutes pensées parasites, d'angoisse et hermétique aux potentielles attaques extérieures.

Bien sûr, le maître des potions aurait pu pénétrer dans la tête du Survivant en un instant et faire voler en éclat les protections. Mais il optait pour la douceur.

La première étape était que Harry sache vider son esprit correctement.

Et tout ce qu'il avait mis en place depuis presque une année payait ses fruits.

- Tu peux revenir doucement mais prends ton temps.

Harry resta immobile quelques secondes avant d'ouvrir les yeux.

- J'ai eu l'impression de flotter pendant un instant. Mais je me sens mieux. Moins angoissé.

- C'est un exercice qui te préparera à l'Occlumancie mais peut aussi te permettre d'affronter tes angoisses lorsque tu te sens trop submergé.

Au loin, des rayons roses et violets transperçaient le ciel, laissant apparaître les prémices des rayons du soleil.

Ils savourèrent ce spectacle sans dire un mot pendant de longues minutes. Les nuages semblaient flotter au-dessus de l'eau dans un ballet séducteur. On aurait dit des danseuses en tutus roses.

Severus n'avait rien vu de si beau depuis bien trop longtemps. Son protégé paraissait tout aussi subjugué. Dans un geste tendre et protecteur, Severus passa un bras autour des épaules de l'enfant.

Ils devaient partir mais il aurait été indécent de briser ce moment.

Puis, lorsque le soleil se dévoila enfin, chassant les dernières ébauches de la nuit, Severus soupira de bien-être.

- J'aimerais rester ici toute ma vie, dit Harry.

- Je n'aurais pas dit non, avoua la maître des potions du bout des lèvres. Mais nous devons y aller.

- Je sais.

Mais ils restèrent encore comme cela quelques secondes. Severus avait attendu ce moment toute la semaine. Il était temps de parler sérieusement à Harry :

- Pas facile tout ça, n'est-ce pas ?

Harry secoua simplement la tête de gauche à droite, comprenant parfaitement ce que "tout ça" impliquait.

- Je pense que ce serait bien que tu vois quelqu'un pour discuter et parler de tes angoisses et de tout ce que tu traverses. Parler des Dursley aussi…

Il sentit Harry se raidir sous son bras mais s'il s'attendait à un non catégorique, il n'en fut rien.

Il poursuivit alors :

- Hestia Jones a un contact qui pourrait nous aider. Une psychomage. Afin que tu te sentes un peu mieux.

- Je ne suis pas sûr d'avoir besoin de tout cela. Et puis, je n'ai pas vraiment le temps de penser aux Dursley ou à mes angoisses. Enfin, je veux dire qu'on a un tas de choses bien plus importantes à régler comme l'arrivée prochaine de Vol… Tu-sais-qui.

Pourtant, Severus reconnut l'hésitation dans la voix de Harry. Ce genre d'hésitation qui disait "oui, peut-être que j'ai besoin qu'on m'aide un peu. Peut-être que j'ai besoin de parler à quelqu'un".

- Cela n'engage à rien. C'est simplement pour te soulager, que tu gères tes angoisses et tes doutes. Que tu maîtrises la colère qui te surprend parfois toi-même.

- Oui mais…

Harry tordit ses doigts et pinça les lèvres, hésitant.

- Mais quoi ? Dis moi Harry.

- Je ne vais pas savoir quoi lui dire au psychomage. Est-ce que… Est-ce qu'on pourrait y aller ensemble ? Au moins la première fois.

Severus ébouriffa la tignasse du gamin et opina du chef. A vrai dire, peut-être que cela lui ferait aussi du bien…

Harry sourit de toutes ses dents, rassuré.

Ils quittèrent les lieux et transplanèrent jusqu'à Inverness.

.

Il fut agréable de retourner à la maison. Harry s'effondra sur le canapé et y dormit presque toute la matinée.

Au moment du déjeuner, Hedwige pénétra dans le salon, la Gazette du Sorcier dans les pattes.

Le cœur de Severus manqua un battement. Le journal avait déjà été livré. Il s'agissait donc d'une édition spéciale. Et il n'était pas utile de se nommer Merlin pour comprendre de quoi cette édition traitait.

Le verdict concernant Pettigrow et Black avait été prononcé.

Harry aussi avait compris. Son teint pâle ne laissait place à aucun doute.

Severus s'empara du journal et lut les gros titres, la bouche sèche et les mains moites.