Note de l'Autrice : Bonjour, bonsoir ! Et voilà, nous touchons la fin du premier trimestre 2024, il est donc grand temps de vous présenter ce premier chapitre de la partie 3. Je ne vais pas m'étendre en bla-bla mais simplement vous informer que je vais publier pour le moment une fois par mois : le troisième vendredi de chaque mois. Mon EDT est chargé (et le sera encore plus d'ici quelques mois) et je préfère vous assurer un rythme plus lent mais régulier que de vous planter dans trois mois. Dès que l'histoire est complète de mon côté, je publierai un chapitre par semaine !

Bonne lecture et au 19 avril !

Correction par Livia Tournois.


Partie 3

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Chapitre 39

Les vacances d'été avaient filé comme l'éclair.

Après la renaissance de Voldemort, Albus Dumbledore avait discuté avec Severus et Sirius. Pendant ce temps, Remus avait aidé Harry, Ron et Hermione à rassembler leurs affaires. Severus avait exigé que Harry rentre à Inverness où les protections étaient solides et en place.

Une fois l'entretien terminé avec le professeur Dumbledore, Severus et Sirius étaient sortis du salon les mines sérieuses. Harry avait demandé où était le directeur de Poudlard mais ce dernier avait déjà pris la poudre de cheminette.

Severus arborait un masque d'impassibilité mais son teint pâle trahissait sa nervosité. Sirius quant à lui, n'avait même pas cherché à cacher ses émotions. Il avait observé Harry, le regard grave et triste. Puis, il l'avait pris dans ses bras, le serrant de toutes ses forces.

- Il y a autre chose c'est ça ? avait demandé Harry.

Depuis l'affrontement avec le Basilic en deuxième année et l'expérience de mort imminente qui s'en était suivi, Harry savait que quelque chose de plus grave se tramait.

Alors Severus avait pris la parole sur un ton robotique.

- Est-ce que tu te souviens de ce qu'il s'est passé lors de ta deuxième année à Poudlard dans la chambre des Secrets ?

- Oui, avait répondu Harry en réprimant un frisson.

- Nous avons fait des recherches toute l'année à ce sujet et le professeur Dumbledore a trouvé la réponse dans ce lien qui t'unit au Seigneur des Ténèbres.

La voix de Severus avait flanché à cet instant mais les expressions sur son visage ne bougeaient pas. Sirius observait tour à tour Harry puis Severus, prêt à prendre la parole. Mais le maître des potions avait poursuivi :

- Il s'avère que Tu-Sais-Qui avait pour objectif de devenir immortel. Il a toujours craint la mort et il a cherché dans la magie la plus noire qui existe une façon de tromper la faucheuse. Cependant…

Severus était si bouleversé que l'inquiétude d'Harry, déjà bien installée, était montée en flèche. Mais il n'avait plus le temps d'être un petit garçon. Ces courts instants d'insouciance étaient révolus.

- Je viens déjà de voir l'horreur, Severus. Rien ne pourra davantage me blesser.

Severus avait ouvert la bouche, le regard chargé de peine, cherchant ses mots. Sirius avait alors pris la parole, s'approchant de Harry :

- Tu-Sais-Qui a déchiré son âme pour rester vivant. C'est pour cela qu'il a survécu cette nuit du 31 octobre. Parce que d'autres morceaux de son âme se baladaient ailleurs. On peut enfermer son âme dans n'importe quoi et n'importe qui. On appelle cela des horcruxes.

- Black ! avait rugit Severus, les joues rouges de colère.

- Il n'y a pas quarante solutions pour le lui annoncer !

- M'annoncer quoi ? avait coupé Harry avant que les deux hommes ne se sautent à la gorge.

Ils s'étaient retournés d'un mouvement commun vers Harry.

Et alors Severus avait ordonné à Harry de s'asseoir. Puis, il lui avait tout déballé.

L'information était montée au cerveau mais Harry s'était senti comme anesthésié. Comme s'il le savait déjà au fond de lui.

Sirius avait argué aussitôt qu'il mettrait tout en place pour le libérer de ce poids. Qu'il ne devrait pas affronter tout, tout seul. Severus était d'accord avec ça.

Harry était resté de marbre. Il s'était levé puis avait demandé à rentrer à Inverness. Il avait simplement dit au revoir à ses amis. Hermione avait bien tenté de le prendre dans ses bras mais le Survivant s'était faufilé.

Dès le lendemain, Harry avait demandé à ce que les entraînements reprennent.

- Ce serait bien qu'on aille voir la psychomage, non ? avait suggéré Severus.

- On s'entraîne.

Et jour après jour, du matin au soir, Severus entraînait Harry sans relâche.

Sans crier gare, le mois de septembre arriva et la rentrée avec.

oOo

Drago Malefoy avait toujours eu une relation privilégiée avec sa mère. Il se sentait aimé, chéri et en sécurité avec elle. Il pouvait tout lui dire. Il n'avait jamais eu peur de lui exposer ses craintes, ses peines, ses joies et ses envies.

Les relations avec son père étaient bien plus complexes. Il se savait aimé par Lucius Malefoy. Il montrait son affection comme un homme de sa condition : en apportant la sécurité financière et physique au foyer.

Il pouvait être dur avec Drago mais c'était toujours par amour. Pour que la lignée Malefoy demeure grande et pure. Pour que leur place dans la société sorcière reste privilégiée.

Drago mourrait d'envie d'en savoir plus sur les rouages que son père mettait en place pour maintenir son statut. Mais aux yeux de Lucius, Drago ne semblait être encore qu'un petit garçon.

- Il fait cela parce qu'il t'aime, lui disait souvent sa mère lorsque Drago se plaignait de ne pas pouvoir assister aux rencontres entre Lucius et ses anciens camarades de Poudlard.

Le mois d'août avait été le théâtre d'un grand nombre de visites au Manoir. Parfois, Drago entendait son père s'énerver lors de ces entretiens. Le plus souvent, il y avait les pères de Vincent, Gregory, Théodore ou encore Pansy. Ce jour-là, seul le père de Pansy se trouvait entre les murs du manoir.

Lorsqu'on frappa à sa porte, Drago se leva aussitôt, le cœur battant à tout rompre. Allait-on enfin lui proposer d'assister à ces entretiens avec son père ?

Une tête brune passa par l'entrebâillement de la porte.

- J'étais certaine que c'était ta chambre !

- Pansy ?! s'exclama Drago les yeux ronds. Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Ton père t'a emmené avec lui ?

Alors ça c'était le pompon ! Comment une fille de quatorze ans pouvait-elle accompagner son père ?

- Il ne m'a pas emmené, j'ai pris la poudre de cheminette. Nos réseaux sont connectés pour quelques heures. Sympa ta chambre ! C'est un poster de Kquewanda Bailey que tu as là où je rêve ?

Sans gêne, la jeune Serpentard s'approcha du bureau où un poster de la gardienne de l'équipe de Jamaïque arrêtant un souaffle en pleine lancée était accroché sur le mur.

- Qu'est-ce que tu veux ? demanda Drago, agacé.

Pansy reposa son attention sur le blond. Elle avait coupé ses cheveux. Et elle avait grandi. Beaucoup grandi. En troisième année, Pansy et lui avaient échangé quelques baisers. Drago l'avait surtout fait pour ne pas être le dernier à embrasser une fille. Et puis, l'expérience était toujours agréable avec Pansy.

La jeune fille l'observa d'un regard déterminé, sournoise.

- Tu ne m'as pas écrit de lettre.

Drago éclata d'un rire froid avant de secouer la tête.

- Comme si tu en attendais une de moi.

- J'en sais rien… On est plus ou moins ensemble non ?

- Non.

La brune sembla blessée un court instant avant de hausser les épaules, nonchalante. Drago se dirigea vers son lit pour s'y asseoir et il invita Pansy à prendre place.

Puisqu'elle était là…

- Est-ce que tu sais ce qu'il se passe avec nos pères ? Je ne les ai jamais vus autant ensemble, demanda-t-il.

- Je voulais aussi te parler de ça, répondit-elle.

Dans ce genre de moment, Pansy paraissait brillante. Elle jouait souvent les idiotes à Poudlard mais c'était une jeune fille bien plus maligne qu'elle n'y paraissait. Elle était première de promotion chez les filles à Serpentard et cinquième toutes maisons confondues. Avec cet air sérieux et cette nouvelle coupe de cheveux qui n'était pas sans rappeler celle d'Eléonore Puffett, elle avait l'air d'avoir facilement trois ans de plus. Cela ne dérangeait pas Drago. Bien au contraire.

- J'ai entendu mon père parler avec ma mère hier soir, poursuivit-elle. Ils ne s'aiment plus depuis plusieurs années et je suis presque certaine qu'ils n'ont jamais échangé une conversation plus de dix minutes tous les deux. Mais hier soir, il a dit qu'il devait voir ton père parce que des choses étaient sur le point de changer. Il…

Elle sembla hésiter, se mordit la lèvre inférieure. Elle jeta un coup d'œil à Drago, comme pour juger s'il était digne de confiance. Il s'approcha d'elle, leur jambe se touchant presque. Cela fut suffisant pour qu'elle se dévoile un peu plus.

- Il a dit qu'il faudrait probablement qu'on se prépare à me changer d'école.

- Te… Te changer d'école ? Mais pourquoi ?

- Ecoute je n'en sais rien mais il avait l'air vraiment sérieux. Ma mère était totalement flippée et il l'a rassurée, lui rappelant que ça ne durerait pas pour toujours. Juste le temps qu'on revienne, je cite : au bon vieux temps.

Drago avala sa salive, choqué. L'un comme l'autre savait très bien ce que cela signifiait. Le bon vieux temps voulait dire : un monde sorcier sans né-moldus, les aristocrates sorciers au sommet, des privilèges pour les sang-purs. Il y avait aussi toute une partie légendaire comme quoi, les sorciers ne se cacheraient plus et vivraient en maître sur le monde. Drago le savait, il ne s'agissait que d'un fantasme pour les plus crédules. Mais un fantasme qui marchait très bien sur énormément de familles sorcières, même lorsqu'elles étaient sang-mêlés. C'était le meilleur moyen de les faire adhérer aux idées conservatrices.

- Il se passe quelque chose d'important, tu le vois aussi bien que moi, dit Pansy dans un souffle.

- Cela allait bien arriver un jour où l'autre, non ?

Pansy hocha la tête, l'air grave.

- Est-ce que… Est-ce que tu crois qu'on sera à la hauteur ? demanda-t-elle d'une petite voix. Si mon père veut me cacher, c'est probablement parce qu'il me croit incapable d'aider…

Drago pinça les lèvres, comprenant que trop bien ce que Pansy ressentait.

- Ils ont peut-être leurs raisons, répondit-il sans trop y croire.

Ils restèrent silencieux quelques instants. Puis, Drago sentit les doigts de Pansy caresser les siens. Il ne leva même pas la tête, observant juste les doigts fins et les ongles parfaitement manucurés de la jeune fille.

- Est-ce tu voulais me parler d'autre chose ? chuchota-t-il.

- Pas vraiment parler non, rigola-t-elle.

Drago glissa son regard sur les jambes nues de la jeune fille, sa jupe courte, son chemisier blanc qui laissait apparaître ses sous-vêtements de façon indécente, ses lèvres charnues et rosées. Puis, il plongea ses yeux dans ceux de Pansy. Il sut que cette fois, ce baiser n'aurait rien à voir avec ceux qu'ils avaient échangés ces derniers mois.

Et après tout, si cette expérience qu'il s'apprêtait à vivre lui permettait de paraître plus adulte aux yeux de son père, c'était bon à prendre.

Il fonça droit vers la jeune fille, se laissant emporter par ses hormones, dans un baiser passionné.

oOo

Au Terrier, l'été fut particulièrement étrange aux yeux de Ron.

Installé à son bureau, il tentait d'écrire pour la troisième fois sa lettre à destination de Harry.

Depuis la crise qu'il avait eue, annonçant le retour du plus dangereux mage noir de tous les temps, Ron n'avait reçu aucune réponse à ses courriers. C'était à en devenir fou ! Il avait cherché des informations auprès d'Hermione qui lui avait répondu que c'était la même chose pour elle. Harry était injoignable.

Et Ron ne savait plus quoi en penser.

Harry était son meilleur ami. Il voulait l'aider et lui apporter tout son soutien. Mais la communication semblait tellement rompue qu'il appréhendait son retour à Poudlard.

Par ailleurs, il se tramait des choses étranges.

Dumbledore en personne s'était rendu au Terrier début août. Bill et Charlie étaient venus. Le soir, ses frères aînés partaient avec leur père.

Avec l'aide dès jumeaux et de Ginny, Ron avait essayé d'en savoir plus mais leur mère restait de marbre.

Le benjamin des Weasley s'était alors peu à peu renfermé dans sa chambre. Il y passait le plus clair de son temps.

Ron froissait à nouveau un parchemin quand Ginny frappa à la porte avant de pénétrer dans la chambre.

- On va faire un match avec Fred et George, tu viens ?

- Non merci.

- Ron… Tu devrais sortir, ça te fera du bien.

- Va-t-en Ginny.

Mais la jeune fille avança un peu plus dans la pièce pour faire face à son frère.

- Je sais que ces dernières semaines ont été compliquées pour toi mais…

- Non tu ne sais rien Ginny. Tu n'es qu'une gamine. Fiche moi la paix.

- Arrête de me parler sur ce ton ! Ce n'est pas de ma faute si Harry ne répond pas à tes lettres !

- Cela n'a rien à voir avec Harry ! répliqua-t-il en se levant d'un bond. Si tu ne vois aucun problème à ne rien faire ici alors qu'on a un mage noir qui rôde dans la nature, ce n'est pas mon souci.

Cette fois, les oreilles de Ginny prirent une couleur rouge vif. Elle fronça les sourcils et croisa les bras sur sa poitrine.

- Comment oses-tu tenir de tels propos ? Tu n'es pas le seul à être inquiet Ronald ! Dois-je te rappeler ce qui m'est arrivé en première année ?

- Et dois-je te rappeler que je suis venu à ton secours ? beugla-t-il à son tour.

- MAIS QU'EST-CE QU'IL SE PASSE ICI ?

Leur mère se tenait sur le pas de la porte, l'air furieux. Derrière elle, se tenaient Charlie et Bill. Habituellement, dans ce genre de moment, Ron avait tendance à s'écraser. D'abord parce que sa mère se trouvait être intimidante quand elle le voulait et ensuite parce qu'il n'aimait pas paraître immature devant ses deux grands frères. Mais la frustration accumulée ces dernières semaines l'empêcha de prendre sur lui.

- EST-CE QU'ON PEUT ME FICHER LA PAIX ? s'entendit-il dire dans une explosion d'exaspération.

Charlie fut le premier à réagir. Il lui attrapa le bras avec fermeté pour l'entraîner à l'extérieur.

- On va parler toi et moi, dit-il d'une voix ferme.

Une fois à l'extérieur, Ron se dégagea avec violence de son frère. Il atteignait presque la taille de Charlie désormais mais il était loin d'avoir sa carrure musclée et imposante. Ses cheveux souples tombaient sur ses oreilles et son air tranquille lui assurait une prestance que Ron lui enviait à cet instant. Jamais il ne pourrait être à la hauteur pour participer à la résistance.

Toute colère disparut, Ron baissa la tête, penaud.

- Je suis désolé, marmonna-t-il.

- Pas si vite.

Charlie l'arrêta d'un bras dans un geste doux alors qu'il s'apprêtait à retourner à l'intérieur de la maison.

- Marchons un peu.

Abattu, Ron ne trouva pas la force de confronter son aîné. Ils avançèrent au fond du jardin sans un mot. L'air frais fit redescendre la pression et lorsque Charlie s'appuya contre la rambarde en bois, les bras croisés sur son torse, Ron l'imita.

Charlie avait toujours été cette force tranquille au sein de la fratrie. Athlétique, préfet et libre comme l'air, Ron en faisait régulièrement son modèle. C'était Charlie qui avait appris les échecs à Ron et le jeune homme s'adressait toujours à lui d'égal à égal. C'est pourquoi à cet instant, le benjamin se sentit stupide et particulièrement immature.

- Désolé d'avoir parlé comme ça à maman.

- Ce sera à elle qu'il faudra le dire, pas à moi, répliqua Charlie. Qu'est-ce qu'il se passe ? Cela ne te ressemble pas d'être insolent envers maman et de crier sur Ginny.

Ron secoua la tête. Il aurait aimé expliquer à quel point il se sentait inutile et seul. Il aurait aimé dire qu'il avait peur que Harry l'ait rejeté. Il aurait aimé faire comprendre à quel point la situation était frustrante de voir ses frères aînés participer à des réunions secrètes alors que lui-même avait déjà fait et vu beaucoup. A la place, il souffla :

- Harry ne répond pas à mes lettres. Et personne ne m'informe de ce qu'il se passe.

Charlie ne se moqua pas, au grand soulagement de Ron. Cela l'encouragea à poursuivre dans la confidence :

- Ça me fait mal de voir qu'il m'ignore.

Rien que de le dire, Ron sentit sa gorge se serrer brusquement. Il se concentra sur sa respiration, essayant de maîtriser ses émotions.

- Tu sais Ron, je ne pense pas que Harry t'ignore, dit finalement Charlie lorsque le silence se fit long. Je l'ai rencontré quelques fois mais je sais que c'est un bon garçon et un ami fidèle. Tu devrais essayer de voir les choses autrement. C'est ce que je fais avec les dragons.

Ron ne put empêcher un sourire amusé. Il fallait toujours que son frère rapporte tout aux dragons !

- Parfois, on est tellement autocentré qu'on ne voit pas l'évidence. Réfléchis à ce qu'à vécu Harry le mois dernier. Tu étais aux premières loges, qu'as-tu remarqué ?

- Il était terrorisé, répondit Ron. Je ne l'avais jamais vu aussi impuissant.

- Il a dû voir des choses horribles cette nuit-là. Et tu en sais assez pour savoir que Tu-Sais-Qui est un être abominable.

- Mais avant Harry me disait tout ! s'agaça Ron.

- Avant quoi ?

- Avant qu'il se retrouve sous la houlette de Rogue ! lâcha-t-il de but en blanc.

Charlie se redressa, l'air satisfait. Ron se sentit affreusement coupable. Harry avait le droit d'avoir une famille et qu'un adulte s'occupe de lui. C'était injuste d'en vouloir au professeur Rogue.

- Enfin… Je veux dire…

- Tu as toujours aimé rendre service, coupa Charlie. Depuis tout petit, tu es celui qui aide maman dès qu'elle en a besoin et qui prend soin des autres lorsqu'ils sont malades parfois jusqu'à ignorer tes propres besoins. Ce n'est pas ça qui fait ta valeur, Ron. Il faut que tu acceptes que parfois, les gens ont besoin d'espace, de temps et que ce n'est pas contre toi. Harry essaye probablement de te protéger à sa façon.

- Mais qu'est-ce que je peux faire alors ?

- Soit juste un ami. Le Ron de d'habitude qui rigole, qui se plaint des cours et qui commente les derniers matchs de Quidditch. Quand tu seras prêt, et je t'en donne ma parole, je t'embarquerai avec moi dans cette guerre mais pour le moment, contente toi d'être un adolescent. Harry aura besoin de normalité cette année.

- Une année normale à Poudlard n'existe pas, objecta Ron dans un rire.

Mine de rien, il était soulagé. Charlie savait trouver les bons mots et qu'il partage sa sagesse rendait Ron heureux.

- Je ne devrais pas te le dire mais… Il est fort probable que cette année soit en effet encore grandiose.

- Hein ? Qu'est-ce que tu sais ?

Charlie observa le Terrier, les yeux plissés par les rayons du soleil.

- Le Ministère n'en fait qu'à sa tête et il se peut qu'il se passe des évènements extraordinaires à Poudlard… Et pour ne rien te cacher, on aura besoin de moi.

- Dis-m'en plus !

- J'en ai déjà trop dit et maman va me tuer si je lâche un mot de plus. Je suis persuadé qu'elle est capable d'entendre notre conversation d'ici.

Ron grimaça puis jeta un œil vers la fenêtre de la cuisine. Leur mère s'affairait devant la cuisinière.

- De toute façon, je dois aller m'excuser

- Au fait, lâcha Charlie avant de pénétrer dans la maison, pas un mot à Ginny sur ce que j'ai dit.

Son frère lui envoya un clin d'œil complice et Ron se sentit bien plus léger.

oOo

Après une journée épuisante, Severus Rogue aurait aimé se glisser directement dans ses draps. Mais l'idée même de se coucher tôt relevait désormais du fantasme.

Il observa la bâtisse londonienne qui se dressait devant lui. On pouvait sentir la magie noire émaner de chaque pierre.

Mrs Weasley s'était déjà proposée pour nettoyer le Square Grimmaurd.

Quelle drôle d'idée d'établir ses quartiers ici ! Mais Severus devait le reconnaître : c'était un des endroits les plus difficilement repérable.

Lorsque le maître des potions pénétra dans la demeure sombre et poussiéreuse, des voix s'élevaient déjà dans la cuisine.

Severus franchit d'un pas rapide le couloir et s'installa à sa place habituelle, en bout de table dans le coin à droite. Alastor Maugrey avait décrété dès la première réunion qu'il s'installerait à côté de lui, comme par pure provocation.

Albus Dumbledore se trouvait en bout de table, à l'opposé de Severus. À la droite du directeur, Remus Lupin grattait déjà du papier et Sirius Black se balançait sur son tabouret tel le gamin insolent de quinze ans qu'il avait toujours été. En face de lui, Nymphadora Tonks jouait avec ses mèches de cheveux qu'elle avait colorées en violet, signe qu'elle était de bonne humeur. La longueur de sa chevelure était suffisamment importante pour savoir que si quelqu'un l'appelait par son prénom, elle ne s'énerverait que légèrement.

Dans un léger brouhaha, pénétra le clan Weasley suivit par Kingsley Shacklebolt, auror de renom, et Hestia Jones.

La femme prit place non loin de Severus dans un sourire poli. S'installait-elle toujours à ses côtés parce qu'elle avait pitié de voir le maître des potions isolé ou parce qu'elle voulait prouver qu'elle lui accordait sa confiance ? Severus réfléchissait si profondément à la question qu'il en loupa le début de la réunion. C'est le ton bourru et franc de Maugrey qui le sortit de ses pensées.

- Moi ce que j'aimerais comprendre c'est pourquoi votre troisième fils nous a encore fait faux-bond ce soir ? grogna le sorcier à l'intention des parents Weasley.

- Il a énormément de travail au Ministère de la Magie, expliqua aussitôt Molly Weasley.

Mais n'importe quelle oreille aiguisée devinait que la sorcière cachait elle-même son agacement.

Severus savoura l'instant, observant la scène.

- Vous voulez que je vous dise, poursuivit Maugrey à l'adresse de l'assemblée, ce Percy Weasley n'est pas encore assez mûr pour faire partie de l'Ordre. Lui-même a plusieurs fois remis en cause le retour de Vous-Savez-Qui et il ne sait pas encore sur quel pied danser. Il est beaucoup trop fidèle au ministère et il finira par nous trahir !

Le clan Weasley se mit aussitôt à pousser des cris outragés, Remus secouait la tête de gauche à droite, Black souriait comme un idiot bienheureux et le reste de l'assemblée resta de marbre.

Severus se garda de dire quoique ce soit.

Dans le genre paranoïaque, Maugrey en était un beau. Mais pour le coup, il visait juste lorsqu'il évoquait le comportement de Percy Weasley. Son ambition le rongeait. Et Severus ne put penser qu'en étant à Serpentard, Weasley numéro trois aurait appris à gérer cette partie de lui et à l'assumer pleinement. A la place, on avait là un gamin incapable d'assumer ses choix sans pour autant renier une part de lui-même. Ainsi, il ne venait que rarement aux réunions de l'Ordre, donnait très peu d'informations alors qu'il avait une place de choix auprès du Ministre de la Magie et remettait même en question la venue du Seigneur des Ténèbres.

Voilà pourquoi, aux yeux de Severus, les très jeunes n'avaient pas leur place dans ce combat.

Les éclats de voix se firent plus intenses lorsque Albus Dumbledore tapa trois fois sur la table à l'aide de sa baguette. Immédiatement, le silence régna.

- Merci beaucoup, déclara-t-il après avoir sondé de ses yeux bleus chaque membre autour de la table.

Le vieil homme se leva et se mit à faire les cents pas.

- Alastor, je connais votre méfiance et votre façon de voir les choses, reprit-il d'une voix calme. Mais ici, nous ne pouvons pas nous observer comme des ennemis. Percy Weasley est un jeune homme plein de bonnes intentions. Il se cherche encore mais le mettre de côté ne fera que le mener vers une voie qu'il regrettera plus tard. Je lui en ai sûrement demandé trop pour le début. Kingsley, je compte sur vous pour décharger Percy Weasley.

- Bien, monsieur le directeur, déclara le sorcier de sa voix de baryton.

- L'incident est clos. Remus, l'ordre du jour ?

- La protection des élèves pour leur trajet à Poudlard, en particulier celle de Harry Potter, et enfin Alastor et Tonks doivent nous faire un point de la semaine sur l'espionnage des Mangemorts connus.

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A la fenêtre de la cuisine, Sirius Black tirait sur sa cigarette artisanale dont Severus ne voulait surtout pas connaître le contenu. Les yeux rouges, l'air détendu de l'ancien évadé et l'odeur fleurie qui se dégageait ne laissaient planer aucun doute sur la légalité du produit.

- C'était une bonne réunion, déclara Black.

- Si on exclut le fait que la mère Weasley lançait des regards noirs à Maugrey toutes les cinq minutes, c'était une bonne réunion, déclara avec sarcasme le maître des potions.

- Maugrey est un gros maboul. Il est toujours sur ses gardes, incapable de faire confiance à qui que ce soit.

- Il a ses raisons. Par ailleurs, le fils Weasley n'y met pas vraiment de bonne volonté. Bien sûr, je comprends le gamin, ajouta Severus précipitamment face au regard outré de Black. Croire Albus Dumbledore sur parole concernant le retour du Seigneur des Ténèbres n'est pas simple. Il a fallu quelques magouilles des anciens mangemorts pour que Shacklebolt et Jones se joignent à nous.

- Dumbledore nous a demandé de ne plus parler de ça, lança une voix vers la porte d'entrée de la cuisine.

Sur le pas de la porte, Remus Lupin se tenait droit comme un i. Il tenait entre ses mains une petite bourse d'argent qu'il tendit à Severus. Le maître des potions avait concocté des potions revigorantes après pleine lune et venait tout juste de les placer sur le marché.

- On fait ce qu'on veut, répondit Black d'un ton puéril avant de désintégrer son mégot avec sa magie et de fermer la fenêtre.

- Je t'ai déjà dit d'arrêter de fumer cette bêtise.

- Cela me détend, minauda l'autre en s'approchant du loup-garou.

Comme s'ils étaient seuls et que Severus n'était plus qu'un pot de fleur, Black saisit la taille du sorcier et l'observa d'un œil dégoulinant d'amour.

- Tu sais bien que sinon, j'ai du mal à dormir.

- Pitié, attendez au moins que je sois parti !

Réprimant un frisson, Severus rangea son pécule dans la poche intérieure de sa cape et se dirigea vers la porte d'entrée.

- Oh arrête ! On sait bien que tu adores ça ! lança d'un ton taquin Black.

Severus envoya un regard noir à l'homme qui s'en amusa de plus belle.

- Allez, c'est pour rire, très cher maître des potions. Va falloir t'y faire… Je pars à Poudlard avec toi et tu devras me supporter toute l'année !

Severus leva les yeux au ciel, dépité.

Il n'avait pas besoin qu'on lui rappelle qu'au milieu de tous les différents métiers qu'auraient pu trouver Black, ce dernier avait décidé de remettre les pieds à Poudlard.

Il le savait : cet homme n'était sur terre que pour lui faire vivre un enfer.

Et si seulement cela se limitait à sa seule présence…

Le Ministère de la Magie avait prévu un évènement beaucoup trop légendaire à Poudlard pour que Harry Potter ne s'y retrouve pas mêlé à un moment ou à un autre…

Cette année scolaire allait être longue. Très longue.