Chapitre 41

La première journée de cours commença sur les chapeaux de roue. Comme le lui avait indiqué son tuteur la veille, la journée du vendredi débutait par deux heures de potions dès huit heures. Harry avait gardé l'habitude de se lever tôt durant les vacances, ce qui était loin d'être le cas de la majorité de ses camarades de classe.

Le maître des potions retira donc dix points à Gryffondor lorsque Seamus Finnigan piqua du nez sur sa table lors de la deuxième heure de cours. Evidemment, bien que Crabbe manqua de faire exploser son chaudron à plusieurs reprises - Théodore Nott rattrapant ses bourdes - Serpentard ne perdit aucun point.

Harry se surprit à ne pas être plus agacé que cela. Au contraire, cela ne lui faisait ni chaud ni froid de gagner ou non la coupe des quatre maisons. Quelle importance après tout ?

En revanche, le sujet qui passionnait tout le monde, y compris Harry, était le Tournois des Trois Sorciers.

Le professeur McGonagall demanda à Dean Thomas de ranger immédiatement le journal que le garçon avait trouvé dans les archives de la bibliothèque, traitant de tous les morts recensés lors des Tournois des Trois Sorciers. Le cours de Hagrid se déroula sans encombre, tout le monde étant bien trop occupé à gérer les Scroutts à Pétard, des créatures répugnantes dont il fallait observer le comportement alimentaire.

- C'est immonde ! On dirait des espèces de mi-homard mi-scorpion et re mi-homard derrière ! s'exclama Ron alors que le trio retournait au château pour leur dernier cours de la journée.

- Tu ne vas pas nous faire croire que ça te dépayse, Weasley !

Harry leva les yeux au ciel, reconnaissant cette voix traînante. A ses côtés se tenaient Crabbe et Goyle encore plus grand, plus gros et le regard encore plus vide que les années précédentes.

- Dégage Malefoy, lança Ron.

- Je ne comptais pas rester dans tes pattes, Weasmoche.

- C'est si difficile pour toi de nous ignorer ? intervint Harry, d'un air supérieur. Tu te rends compte que les deux benêts qui te servent d'amis ne comblent pas tous tes désirs donc tu t'accroches à nous, c'est ça ? Il s'agirait de grandir, Malefoy.

En un instant, Harry vit qu'il avait touché en plein cœur le blond sans trop savoir sur quel point exactement. Harry se contenta d'un sourire victorieux et de tourner les talons.

- Ne me tourne pas le dos, Potter !

Harry répondit par un geste grossier de la main avant de s'en aller, accompagné par un Ron hilare et une Hermione toute rouge.

- Il va te le faire payer, tu le sais, ça ? dit Hermione.

- J'ai déjà un ennemi à mes trousses, répondit Harry en haussant les épaules. Un de plus ou un de moins…

Le trio prit place dans la salle d'Histoire de la Magie et Ron sortit aussitôt un parchemin.

- Alors… Les équipes de Quidditch cette année…

- Vous n'allez pas recommencer ce jeu idiot quand même ! lança Hermione agacée.

Mais avant même qu'elle explique l'importance des études et d'écouter en classe, une bonne partie des Poufsouffle et Gryffondor se prirent aux jeux de "la création de la meilleure équipe de Quidditch".

- Victor Krum comme attrappeur ! Il a été incroyable lors de la dernière coupe du monde ! chuchota Ron.

Harry nota sur le parchemin le nom du joueur, tout à fait d'accord. A la fin de l'heure, ils n'avaient rien noté mais les deux garçons pouvaient se vanter d'avoir créer des amitiés naissantes avec plusieurs Poufsouffle.

La journée terminée, Harry profita du parc le temps de la récréation avant de rejoindre Severus aux cachots.

- Tu pars déjà ? s'étonna Ron.

- J'ai entraînement et ensuite musique. Je vous retrouve pour le dîner.

- Ah bon… D'accord. Tu nous raconteras ?

Harry opina du chef avant de détaler.

.

Il arriva pile à l'heure et Severus dirigea Harry dans le salon des appartements privés.

- Euh… On va s'entraîner ici ? s'étonna l'adolescent. On risque de faire de gros dégâts.

- Assieds-toi, déclara simplement le maître des potions.

Obéissant, Harry s'exécuta et attendit que son tuteur prenne la parole.

- Pour ce premier jour, on ne va pas s'entraîner, annonça-t-il.

- Quoi ? s'exclama aussitôt Harry. Mais on ne peut pas perdre de temps d'entraînement !

- Laisse-moi terminer, coupa le maître des potions. Avant que Miss Crescent arrive pour ta leçon de piano, on fera un peu d'Occlumancie. Pour l'entraînement au combat, on recommencera la semaine prochaine, lorsque la rentrée sera passée.

- D'accord.

Severus se redressa et croisa les mains, signe que la discussion était très sérieuse.

- J'aimerais que tu me rendes un service.

Étonné, Harry se retint de sourire. Fier, le maître des potions était plutôt du genre à tout faire tout seul. C'est pourquoi Harry se sentit quelque peu flatté.

- Oui, dis-moi.

- Je veux que tu m'apprennes le Fourchelangue.

Harry ne cacha pas sa surprise et écarquilla les yeux. Severus et lui n'avaient pas le même point de vue concernant sa capacité de parler la langue des serpents. Quand Severus voyait cela comme un don, Harry en mourrait de honte. Et encore davantage depuis qu'il savait pourquoi il pouvait parler aux serpents.

- Cela pourra nous être utile dans les prochains mois. On se débarrassera de l'horcruxe qui est en toi et tu perdras certainement ce don. Mais il pourrait nous être utile. Savoir, c'est maîtriser les choses.

Comme toujours lorsqu'on parlait de l'horcruxe en lui, Harry se sentit aussitôt nauséeux. Il détestait cette idée et faisait tout pour ne pas y penser, merci l'Occlumancie.

Et bien qu'il comprenait où Severus voulait en venir avec cet apprentissage, Harry ne voyait pas en quoi il pourrait être utile.

- Je ne me rends même pas compte lorsque je parle le Fourchelangue, je ne vais pas t'être d'une grande aide…

- J'avais pensé à t'offrir un serpent dans un premier temps mais je craignais que ce cadeau n'en soit pas un. Cependant, si Mr Malefoy a été en capacité de faire apparaître un serpent en deuxième année, je pense qu'il n'y aura aucun souci à ce que je fasse la même chose, dit-il, un brin sarcastique.

Peu enchanté, Harry haussa les épaules.

- S'il le faut…

L'oeil brillant d'une excitation nouvelle, le maître des potions frappa dans ses mains avant de se lever pour saisir un calepin et une plume.

- Commençons !

oOo

Si on avait annoncé à Eléonore Puffett qu'elle remettrait les pieds à Poudlard à peine deux mois après la fin de sa scolarité, elle aurait rigolé de bon cœur.

Pourtant, c'était bien devant les grilles du château qu'elle attendait. Elle avait tourné et retourné dans sa tête la proposition de Rogue. Mais les arguments du directeur de Serpentard avaient été si solides que ses envies de voyages aux Etats-Unis avaient été mises de côté. Après tout, comme disait sa mère, elle aurait bien le temps plus tard !

Alors qu'elle s'attendait à voir apparaître le grincheux Rusard, ce fut un tout autre homme qui pointa le bout de son nez.

Elle mit peu de temps à le reconnaître et la groupie en elle se sentit toute joyeuse. Sirius Black en chair et en os la salua et lui ouvrit la grille. Son sourire était encore plus beau que sur les photos et maintenant qu'il avait une dentition neuve et une coupe de cheveux propre, l'ancien prisonnier pouvait rivaliser avec les mannequins de Sorcières Hebdo.

Si l'homme n'avait pas près de quinze ans d'écart avec elle, nul doute qu'elle aurait pu en oublier ses différentes peines de cœur dans ses bras.

Elle balaya son côté fleur bleue et salua l'homme de façon aussi professionnelle qu'elle le put. Après tout, elle n'était plus une élève et son autorité allait se jouer dès maintenant !

- Tu peux m'appeler Sirius, déclara l'homme dans un sourire amical. Je ne suis pas un des professeurs et je milite pour que tout le monde se sente à l'aise.

Eléonore s'autorisa à rire et se détendre.

Evidemment, Poudlard n'avait pas changé mais malgré tout, ne plus être élève réveillait quelque chose d'indéfinissable pour la jeune femme. Peut-être l'idée d'une totale liberté…

- Alors comme ça, tu as décidé de prendre Rogue en tuteur pour ta maîtrise de potions…

- Il était mon ancien directeur de maison et c'est un excellent potionniste, répondit-elle avec grand sérieux. Il saura me guider, d'autant que j'ai pour ambition de devenir professeure de potions.

L'homme ne sembla pas s'émouvoir du ton de la jeune femme et éclata d'un rire grave.

- Alors là ! La plupart des élèves seront ravis, j'en suis certain ! M'enfin, tu dois avoir tes raisons de l'avoir choisi plutôt qu'un autre. Mon filleul s'est pris d'affection pour Rogue et vice versa. Au point où l'homme est devenu son tuteur.

Eléonore écoutait attentivement le sorcier alors qu'ils montaient les marches humides menant au château. Au loin, le soleil se couchait et Eléonore espéra honteusement qu'on l'invite au banquet de Poudlard.

- Tu dois le connaître, poursuivit Sirius Black, il s'agit de Harry Potter.

- Je le connais en effet et je l'apprécie beaucoup.

- Ah bon ? s'étonna l'homme. En même temps, ça ne m'étonne pas de Harry ! Il est bien plus ouvert d'esprit que moi au même âge. Jamais je n'aurais été ami avec un ou une Serpentard à l'époque. Sans vouloir t'offenser, hein !

Eléonore se prit au jeu et releva le menton, espiègle.

- Je ne suis pas d'accord ! Il me semble que la famille Black a été très longtemps adepte de la maison Serpentard.

- Et donc ?

- Je pense qu'il faut beaucoup d'ouverture d'esprit pour oser aller à Gryffondor.

- Ou de l'inconscience ! C'est plus mon genre, si tu veux tout savoir.

Ils pénétrèrent dans le château et le brouhaha des dernières heures de cours étouffèrent le rire de la jeune femme. Jamais elle n'aurait cru l'homme aussi accessible.

Une fois dans le couloir des cachots, le calme revint et Black reprit la parole :

- Cela nous fait donc un point commun.

- Lequel ?

- Oh, tu sais, j'ai été emprisonné longtemps à Azkaban mais je me souviens encore des noms des soi-disant grandes familles sorcières. Puffett… Vous êtes plutôt reliés à Poufsouffle par chez vous, n'est-ce pas ?

Eléonore opina du chef, désormais très à l'aise.

- Alors, j'imagine qu'il t'a fallu beaucoup d'ouverture d'esprit ou d'inconscience, ajouta-t-il dans un clin d'œil, pour choisir Serpentard comme maison.

- Très certainement, concéda-t-elle. Mais ce fut certainement plus facile pour moi que pour vous.

Elle n'ajouta pas qu'elle avait lu le compte-rendu du procès, disponible dans la Gazette du Sorcier, où toute la vie de Sirius Black avait été passée au peigne fin. Eléonore savait faire preuve de tact.

L'homme s'arrêta au bout du couloir et tendit la main à la jeune femme.

- Et bien dans ce cas, je pense que nous nous reverrons et que nous pourrons devenir amis. D'ailleurs, je t'en prie, pas de vouvoiement avec moi. Je te laisse ici, je commence à avoir des palpitations dès que je suis trop près de la salle de classe de la chauve-souris.

Eléonore ne répondit rien d'autre que par un fin sourire. Elle avait déjà cerné que l'homme ne détestait pas réellement Severus Rogue.

La salle de potions n'avait pas changé pour un sou : sombre et humide, Eléonore s'y sentait à sa place. Alors qu'elle s'attendait à trouver le maître des potions, elle tomba sur une jeune femme d'environ son âge qui se tenait au milieu de la pièce.

Les cheveux fins, châtains clairs, tressés en une longue natte, l'inconnue mit un certain temps avant de remarquer Eléonore.

- Oh bonjour, dit-elle enfin d'une voix douce.

Severus Rogue avait-il prit une assistante supplémentaire ? Ne faisait-il pas suffisamment confiance à Eléonore ? Voulait-il les mettre en concurrence ? C'était bien le genre de la maison ! Mais elle n'était plus une élève, il était hors de question que…

- Je suis la professeure de piano de Harry Potter. Je m'appelle Paloma Crescent.

- Ah. Oh ! Euh…

Combien de temps allait-elle passer pour une gourde, au juste ? Reprenant le contrôle d'elle-même, Eléonore afficha son plus beau sourire et s'approcha un peu plus de la jeune femme. Elle y découvrit des yeux bleus clairs et une peau blanche à en faire pâlir les Malefoy.

- Je suis Eléonore Puffett, la nouvelle assistante de Rogue. J'étais encore son élève l'an dernier. Tu… Je ne t'ai pas vu à Poudlard, on a l'air d'avoir le même âge pourtant. Est-ce que je me trompe ?

- J'ai suivi des cours avec un précepteur, répondit simplement Paloma. J'avais un goût avancé pour la musique et ma famille a préféré que je me concentre là-dessus.

Eléonore se contenta de cette réponse. Il n'était pas rare que des familles sorcières choisissent un précepteur plutôt que Poudlard pour leur progéniture. Surtout lorsqu'ils avaient des prédispositions et une appétence pour les choses "moldues". C'était le signe que Paloma était issue d'une famille noble mais ouverte d'esprit. Elles pourraient être de bonnes amies, pensa Eléonore avec joie. Depuis la fin des cours, elle perdait de plus en plus le lien avec ses camarades de promotion. Elle n'avait revu que deux amis au cours de l'été et ne risquait pas de les revoir de si tôt. En effet, les deux poursuivaient leurs études en Asie Centrale pour l'un et en Amérique du Sud pour l'autre.

- Il arrive souvent qu'ils prennent du retard mais ils ne devraient plus tarder, annonça Paloma en désignant du menton la porte des appartements privés du professeur.

Les deux jeunes femmes firent connaissance. Paloma avait vingt ans et jouait du piano, du violon et de la flûte traversière. Elle jouait pour l'Orchestre Magique du Royaume-Uni et donnait de temps à autre des cours de musique pour boucler ses fins de mois. Eléonore ne demanda pas de détails sur sa vie privée bien que l'envie ne manquait pas. Cependant, elle savait où mettre les limites quand il le fallait.

Tout ce dont elle était certaine, c'était que d'une manière ou d'une autre, Paloma ferait partie de sa vie.

.

- Eléonore ! s'exclama Harry lorsqu'il vit la jeune femme. Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

- Miss Puffett fera partie du corps enseignant cette année et m'apportera son aide pour la préparation des cours, déclara Rogue qui se tenait derrière Harry. Bonsoir Miss Crescent, je vous laisse avec Harry, je dois m'entretenir avec ma collègue.

Eléonore fut flattée que Rogue la prenne aussitôt au sérieux. C'était aussi le signe que s'il était dur avec ses élèves, il risquait de l'être encore davantage avec son assistante. Mais elle ferait l'affaire, parole de Serpentard !

- Est-ce que tu seras là tous les jours ?

- Tu auras tout le temps de discuter avec Miss Puffett plus tard, coupa Rogue. Miss Crescent t'attend.

Eléonore envoya un clin d'œil au quatrième année qui avait pris une maturité impressionnante. Certes, il avait grandi comme tous les enfants de cet âge mais il y avait quelque chose en plus… Son attitude était plus affirmée, comme s'il portait sur les épaules des responsabilités d'un homme de dix ans son aîné.

La première fois qu'elle avait rencontré le Survivant, elle avait trouvé l'enfant presque instable et fragile. Bien sûr, il masquait cela avec une force et une résilience que beaucoup d'adultes pouvaient envier. Cette fois, il y avait quelque chose de changé comme s'il avait pris conscience de ce qu'il était et de ce qu'il allait devenir.

Le maître des potions entraîna Eléonore dans son bureau et fit apparaître deux tasses de thé, un sucrier et un pot de lait. Ravie de pouvoir réchauffer ses mains encore froide, la jeune femme écouta attentivement le sorcier.

- Tout d'abord, je vous remercie de la confiance que vous m'accordez, déclara le maître des potions. Soyons clairs, je ne suis plus votre directeur de maison ni votre professeur. Vous êtes mon apprentie et j'aurais à coeur de vous enseigner les meilleures techniques de potionnistes qui existent. J'exige du travail mais je ne serai pas derrière vous pour vérifier si vous êtes à l'heure ou autre. En toute honnêteté, j'ai confiance en vous et vous avez toujours fait preuve d'une grande autonomie et de rigueur dans vos apprentissages. En revanche, puisque vous avez signé dans le contrat votre engagement pour m'appuyer sur mes cours, je ne tolérerai ni les retards, ni les faux-bonds.

Eléonore opina du chef. Elle connaissait la bête qui se tenait en face d'elle et ne tombait pas de haut. L'homme lui tendit son emploi du temps et Eléonore ne put empêcher son esprit critique de se réveiller. Comment un professeur pouvait-il assurer trente-quatre heures de cours en plus de la préparation de ces derniers et la correction des copies ? Sans parler du fait que, comme le professeur Rogue, certains devaient assurer des fonctions de directeur de maison !

Un jour, elle imposerait à Poudlard deux professeurs par matières principales !

- Je souhaite que vous soyez présente pour l'aide à la préparation de la salle de potion pour les cours des deuxièmes et premières années. Vous me seconderez lors des cours pratiques et j'y gagnerai certainement un peu d'apaisement. Vous savez à quel point les élèves ont une capacité d'attention réduite à cet âge. Lorsque je serai en cours théorique, vous observerez et pourrez prendre du temps pour avancer sur vos propres travaux. Est-ce clair ?

Eléonore posa sa tasse délicatement sur le bureau. C'était clair mais elle voulait plus. Cependant, on ne pouvait exiger quoique ce soit de Severus Rogue. Elle réfléchit donc bien à son discours avant de prendre la parole :

- Tout à fait, professeur. Je voulais savoir si, après un certain temps évidemment, je pourrai donner des cours aux élèves de première année ? Notamment pour la théorie.

Le visage impassible, le professeur prit son temps pour répondre, savourant son thé.

- Je pense que cela pourra se faire mais pas avant la fin du premier trimestre. Je tiens à donner des bases solides aux premières années et vous n'êtes pas encore prête à cela. M'observer en cours théorique sera très formateur pour vous, croyez-moi.

- Oui, bien sûr.

Eléonore se saisit de l'emploi du temps et le rangea délicatement dans son sac. Au loin, on pouvait entendre le son d'un piano, rendant l'atmosphère bien plus agréable et confortable.

- Le dîner va être servi. Le directeur pensait vous présenter officiellement à l'école comme mon assistante personnelle lors du banquet. Est-ce que cela vous convient ?

Surprise qu'on lui demande son avis à ce sujet, Eléonore répondit par l'affirmative avant de se lever. Joyeuse de se rendre dans la Grande Salle pour savourer le dîner de Poudlard, elle fut encore plus enchantée de s'installer à la table des professeurs.

La rentrée commençait bien.

oOo

Sirius emballa plusieurs pâtisseries dans une serviette avant de prendre la poudre de cheminette. L'odeur familière et agréable de la ferme l'accueillit et il mit peu de temps avant de trouver Remus, lisant la Gazette du Sorcier sur le canapé du salon.

Sans crier gare, le brun sauta sur le loup-garou qui étouffa un cri et le couvrit de baisers.

- Comment vas-tu Remus ? Tu m'as tellement manqué !

- Tu n'es parti que deux jours ! rigola Remus. Comment ça s'est passé ?

Sirius s'installa plus confortablement sur le canapé et observa le sorcier qui lui faisait face. Il avait l'air en forme. L'air frais de la campagne lui faisait du bien et les potions de Rogue étaient efficaces.

- Poudlard est l'endroit le plus magique qui soit, déclara-t-il. McGonagall m'a déjà chargé de travail. Je dois organiser les rondes des préfets et des professeurs chaque mois. J'ai été avec Hagrid en forêt pour renforcer nos protections et continuer le travail diplomatique avec toutes les créatures qui la peuplent.

- Y'a-t-il eu des attaques ? La Gazette du Sorcier dit que le braconnage continue d'augmenter. Tonks m'a confirmé que des animaux disparaissent mais impossible pour le Ministère de mettre la main sur un réseau.

- Poudlard est bien protégée et semble épargnée pour le moment. On reste attentif. Le Tournois des Trois Sorciers ne va pas me faciliter la tâche surtout quand tu vois qui est le directeur de Durmstrang…

- Dumbledore le gardera à l'œil. Fol l'Oeil aussi… Il dit que cet homme est un lâche et qu'il ne tentera rien. Mais dis-moi, qu'est-ce que c'est que cette histoire avec Harry et son malaise lors du festin ? Est-ce que c'était comme le soir de son anniversaire ?

Sirius avait informé le loup-garou par courrier sans trop s'étaler. L'ancien prisonnier s'apprêta à expliquer la situation lorsque la cheminée s'alluma, éclairant le salon d'une lumière verte pendant un court instant.

En voyant le sorcier en sortir, Sirius fronça les sourcils et envoya un regard déçu un Remus.

- Cache ta joie, Black, déclara Severus Rogue.

- Qu'est-ce qu'il fait ici ? lança Sirius à Remus sur un ton de reproches.

- La prochaine réunion de l'Ordre est dans un mois et je voulais faire le point sur la vision de Harry. Sirius, ajouta Remus d'une voix ferme, on doit associer Rogue à nos recherches sur les horcruxes.

- Dans ce cas, pourquoi ne pas inviter Dumbledore ?

- Je l'ai fait mais il était indisponible. Il suggère de venir vers lui dès qu'on aura des pistes.

- Ahem, excusez-moi mais je suis encore là, lança la chauve-souris.

- Je t'en prie, assieds-toi, déclara Remus.

Une jalousie sourde s'empara des entrailles de Sirius. Il avait prévu de manger du dessert avec Remus et se lover dans ses bras toute la nuit. A la place, monsieur faisait des ronds de jambes à Rogue !

Remus caressa délicatement la nuque de Sirius, l'intimant implicitement à se calmer. Et comme Sirius était faible dès qu'il s'agissait de Remus, il s'exécuta. Mieux, il se leva pour faire chauffer de l'eau et plaça les différents mets de Poudlard sur une assiette pour les servir sur la table basse.

Lorsqu'il revint avec les tasses chaudes, Severus expliquait à Remus en long et en large les évènements auxquels Harry avaient été confrontés la veille.

- Il a réussi à sortir de l'esprit du Seigneur des Ténèbres à temps et en même temps, ce qu'il a vu nous permet d'avoir un coup d'avance.

- Oui et non, objecta Remus. On sait que Vous-Savez-Qui finira par se montrer et on se doute qu'il prépare délicatement sa venue. Comme dit Dumbledore, il peut frapper à tout moment et on doit se tenir prêt.

- Harry a encore vu l'homme qui l'accompagne et qui semble être son bras droit. C'est une piste. Le problème étant que je ne parviens pas à le reconnaître lorsque je vais dans ses pensées. Le Seigneur des Ténèbres rassemblaient rarement ses adeptes tous ensemble, particulièrement ses plus grands sorciers. En plus de cela, l'homme porte toujours une capuche.

- Ah ça, on ne peut pas retirer l'intelligence du bonhomme quand il s'agissait de couvrir ses arrières, lança Sirius. C'est pour ça que vous portiez tous des masques ?

- Perspicace, Black.

Assumant son immaturité, Sirius haussa les épaules dans une grimace moqueuse. Rogue plissa les yeux tel le serpent qu'il était et Remus reprit aussitôt la parole afin d'éviter une explosion.

- Donc comme je le disais, Dumbledore veut qu'on avance sur nos recherches pour extraire l'horcruxe de Harry.

- Avez-vous conscience que le directeur de Poudlard ne croit pas une seule seconde en notre projet ? déclara le maître des potions d'une voix blanche.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demanda Remus, étonné.

- Selon le directeur, le seul moyen de détruire un horcruxe c'est la mort. Je l'ai vu dans son regard à l'instant même où nous avons évoqué le fait de nous en débarrasser.

- T'es paranoïaque Rogue ! s'exclama Sirius. Jamais Dumbledore enverrait Harry à la mort, il est attaché à ce gamin !

- Je n'ai jamais dit le contraire. Il a sûrement d'autres pistes, je n'en doute pas.

- Alors quoi ? On ne fait rien ? demanda Sirius sur les nerfs.

- Ai-je dit cela ? Je vous conseille juste de ne pas trop compter sur le directeur, c'est tout.

Bon sang ce que Rogue l'énervait dans ces moments ! Il sous-entendait que Dumbledore n'était rien d'autre qu'un manipulateur. Bien sûr, le directeur de Poudlard faisait preuve de beaucoup d'ingérence dans le monde magique mais heureusement ! Le monde sorcier était gangrené par des dirigeants avides de pouvoir et peu intéressés par le bien commun.

- En tout cas, coupa Remus, j'ai parcouru plusieurs ouvrages trouvés dans la bibliothèque du Square Grimmaurd. Molly Weasley m'a aidé à désenvoûter plusieurs livres et nettoyer ceux qui étaient infestés de magie noire. Rien que ça, ça me prend un temps fou. Pour le moment, je n'ai rien trouvé hormis un livre dont les runes sont si anciennes qu'il me faudra un petit temps pour tout déchiffrer.

- Très bien, dit Rogue. De mon côté, j'ai un contact en France à qui j'ai demandé de m'obtenir des ouvrages de potions et plantes possédant des propriétés animiques. Je la vois dans deux jours et elle me les fournira.

- Ouuuh ! "Elle" ?

- Sirius, t'es lourd…

- Olalala, si on ne peut plus rigoler… Bon et bien dans mon cas, j'ai pour objectif de fouiller la réserve de fond en comble.

- Tu te doutes bien que je l'ai déjà fait, Black.

- Ne sous-estime pas mon flair, Rogue ! D'ailleurs, mon flair me dit que la sorcière qui va te fournir en livres te fait de l'effet ! chantonna-t-il moqueur.

Rogue n'entra pas dans son jeu et se leva d'un bond, le corps raide. Sirius pouffa de rire et Remus lui donna un coup de coude.

- Je vais y aller si on s'est tout dit.

Une fois le maître des potions fut parti, Remus se tourna vers Sirius, mécontent.

- Qu'est-ce qu'on avait dit ? Que tu ferais des efforts avec lui !

- Rooh ça va ! Viens plutôt t'asseoir à côté de moi.

Malgré tout, le loup-garou s'exécuta et se lova dans les bras de Sirius qui plongea sa main dans la chevelure de son amant.

- Comment s'est passé ces deux jours ? demanda-t-il.

- J'ai vendu nos fromages de chèvres et je suis passé à la banque pour échanger nos sous. Autant dire qu'on n'est pas prêt de vivre la vie de gobelins.

- Je vais apporter un salaire à la fin du mois, ne t'en fais pas. Est-ce que tu as revu la petite vieille aux saucissons ?

La petite vieille aux saucissons était une femme que Sirius et Remus avaient rencontré sur le marché. A force, ils avaient sympathisé avec elle et ils leur arrivaient même de boire un pot avec elle avant de rentrer chez eux.

- Oui, on a bu un café. Elle m'a présenté ses copines du village, précisa Remus dans un rire. Je vais finir comme animateur du troisième âge.

- Un rôle que je te vois accomplir à la perfection ! s'amusa Sirius. Et pour ta mission pour l'Ordre ?

Les muscles de Remus se contractèrent sous l'étreinte de Sirius. Dumbledore avait donné pour mission à Remus de sympathiser avec les clans de Loup-Garou ou loup solitaire. Déjà à l'époque de la première guerre, Lord Voldemort avait vendu du rêve aux hybrides afin d'obtenir leur allégeance. Dumbledore était un homme stratège, tout le monde le savait, et il était logique qu'il veuille éviter un maximum de drame.

- J'avais pour idée de proposer aux loups-garous solitaires les potions de Severus. Mais pour ça, je dois identifier quels sont ceux qui vivent le moins bien leur lycanthropie car certains veulent simplement ne plus se cacher et vivre au grand jour.

- L'un n'empêche pas l'autre, dit Sirius. C'est le discours qu'il faut adapter. Il n'y a pas de honte à être un loup-garou et justement, des potions sont enfin mises en place pour accompagner la lycanthropie. Tu peux aussi dire que certaines personnes se battent pour que les loups-garous soient acceptés dans la société. Tu n'aurais pas les radicaux mais tu peux empêcher d'autres d'en devenir. Non ?

Remus ne répondit pas. Il se redressa et plongea ses yeux ambrés dans ceux de Sirius qui se sentit défaillir. Il n'eut pas le temps de dire quoique ce soit, Remus fondit sur lui dans une étreinte amoureuse.


Note de l'autrice : Et voilà pour ce chapitre qui, je le conçois, est un peu plus court que les autres mais il s'y passe quand même pas mal de choses !

Comme je l'ai dit précédemment, les chapitres sont publiés le 3e vendredi de chaque mois. Cependant, le mois prochain pourrait être très intense pour moi au point où je pourrai manquer de temps pour publier (non non, je ne me prépare pas pour les JO mais d'une certaine manière, c'est assez sportif également !). CEPENDANT, pour les personnes impatientes, le chapitre 42 sera forcément disponible sur Wattpad le 21 juin (vive la publication programmée ! On n'est pas prêt de l'avoir ici, déjà que les alertes mails ne marchent pas...).

Je vous dis donc au 21 juin ici ou ailleurs ou plus tard !