Chapitre 42
Le lundi matin, Harry et Ron se levèrent juste à l'heure pour leur premier cours de la journée. La veille, ils avaient discuté si longtemps sur le Tournoi des Trois Sorciers qu'ils n'avaient pas vu l'heure tourner.
- Ah vous voilà ! lança Hermione tandis qu'ils descendaient les marches de leur dortoir. Je vous ai pris des toasts. En route ! On a cours dans la serre numéro neuf. Est-ce que vous savez que les cours vont nous préparer à nos BUSEs pour l'an prochain ? On ne doit pas accumuler des lacunes.
Harry s'empêcha de grogner face au débit de paroles matinal de son amie. Ron ne se gêna pas pour lui faire remarquer que ce qu'elle disait n'avait aucun sens.
- Mais qui va accumuler des lacunes ? Tu es une excellente élève et Harry et moi sommes loin d'être en fin de classement.
- C'est ça ! Reposez-vous sur vos lauriers. Et si tu rencontres des difficultés pour tes devoirs, faudra pas venir chouiner !
- Ouais et…
- Pitié, est-ce que vous pouvez la boucler ? coupa Harry d'un ton sec. Sérieusement, il n'est même pas huit heures du matin. Merci Hermione pour les toasts mais si c'est pour venir nous enquiquiner, la prochaine fois abstiens toi. Et toi Ron, arrête de toujours répliquer.
- Oh c'est bon, marmonna l'intéressé à voix basse.
Hermione envoya un regard assassin à Harry mais plus personne ne prit la parole jusqu'à ce qu'ils arrivent dans le parc du château.
Là, ils retrouvèrent Dean Thomas et Seamus Finnigan et firent le chemin avec eux jusqu'aux serres. L'ambiance s'apaisa un peu. Hermione et Seamus échangèrent sur le dernier article de la Gazette du Sorcier concernant des vols de chaudron sur le Chemin de Traverse tandis que Dean et Ron eurent un débat passionné sur l'absence de tournoi de Quidditch cette année. L'annonce avait été faite la veille par le professeur McGonagall dans la salle commune de Gryffondor. Harry resta en retrait, bien conscient qu'il avait réagi de façon un peu trop violente quelques instants plus tôt.
Heureusement, le cours de Botanique fut intense et prenant.
- Vous allez vous mettre par groupe de deux ou trois et vous munir de vos gants en peau de dragon, déclara le professeur Chourave. Qui peut me dire quelles sont ces plantes en face de vous ?
Harry jeta un coup d'œil à la dite plante qui, selon lui, ressemblait davantage à une énorme limace noire.
Neville Londubat, comme souvent, leva la main en premier. Harry sentit Hermione s'abstenir de faire de même, comme pour laisser leur camarade briller.
- C'est un Bubobulb, expliqua Neville d'une petite voix.
- Très bien Mr Londubat. Connaissez-vous ses propriétés ?
- Cette plante possède des propriétés curatives.. Euh… Contre l'acnée, expliqua Neville d'une voix hésitante et les joues rouges. Mais le pus qui en est extrait doit absolument être dilué.
- Exactement Mr Londubat ! C'est pour cela que vous devez vous munir de vos gants si vous ne voulez pas vous retrouver les mains couvertes de cloques. Dix points pour Gryffondor.
Neville devint encore plus rouge et un sourire gêné s'empara de son visage. Hermione envoya un pouce en l'air à son camarade qui, s'il le pouvait, aurait pu se liquéfier sur place.
- Je crois qu'il craque pour toi, Hermione, marmonna Ron dans un rire.
- N'importe quoi, chuchota-t-elle. Il n'a juste pas confiance en lui.
Harry observa le petit manège de Neville qui ne cessait de jeter des coups d'œil à la jeune fille et, bien que peu expérimenté dans le domaine, il ne put que constater que Ron avait certainement raison.
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C'est avec grande hâte que Harry, Ron et Hermione se rendirent à leur cours de Défense contre les forces du Mal en fin de matinée.
Le professeur Maugrey était avant tout un excellent Auror, réputé dans son domaine. La plupart des élèves se trouvèrent impressionnés et n'en menèrent pas large lorsque l'homme entra dans la pièce.
Ce n'était pas seulement sa jambe de bois et son visage déchiré, au point où il lui manquait un bout de nez et un œil, qui le rendaient sensationnel. Son charisme naturel et son attitude imposante lui conféraient une présence qui envahissait toute la pièce.
- On raconte qu'il a rempli toutes les geôles d'Azkaban, chuchota Parvati Patil à Lavande Brown.
- Uniquement la moitié, précisa le professeur dans un affreux sourire.
Parvati se ratatina sur sa chaise dans un sourire mal à l'aise.
- J'entends tout, je vois tout et j'analyse tout, déclara l'homme à l'assemblée. Je pourrais faire de vous d'excellents sorciers si vous travaillez dur. Certains le savent déjà, je suis un ancien Auror et je me suis mis en disponibilité pour vous enseigner cette matière qu'est la Défense contre les forces du Mal. Vous avez eu un bon professeur l'an dernier mais je tiens à vous préciser que cette année, l'exigence sera encore plus haute. Vous devez être prêt à ce qui vous attend dehors !
Hermione se tourna vers Harry et Ron, leur adressant un regard lourd de sens. Harry haussa les épaules, puéril.
- Bien ! lança l'homme d'un ton bourru. Pour commencer cette première séance, nous allons rentrer dans le vif du sujet concernant la magie noire. J'aurais bien fait une démonstration mais je ne suis pas taré à ce point, contrairement à ce qu'on peut dire sur moi. MÉFIEZ-VOUS DES RAGOTS !
Il avait hurlé la dernière phrase au point où Neville sursauta si violemment sur sa chaise qu'il en fit tomber son livre.
Pansy Parkinson s'esclaffa mais ravala vite son rire lorsqu'elle vit le professeur s'approcher d'elle.
- Cette jeune demoiselle au rire si délicat, veut-elle bien me dire son nom ?
- Pansy Parkinson, monsieur, déclara l'intéressée soudainement moins fière.
- Parkinson… Hmmm.
Le professeur se redressa et fit les cents pas. Dans la salle, on n'entendait plus que le claudiquement de sa jambe de bois sur le parquet.
- Miss Parkinson saura-t-elle me dire combien de sortilèges impardonnables existent dans le monde magique ?
Le regard de Parkinson balaya rapidement la salle avant de se fixer à nouveau sur celui du professeur. Le temps de réponse sembla trop long pour le professeur qui se redressa et ouvrit les bras.
- Alors ? Quelqu'un ?
Quelques mains timides se levèrent. Harry ne préféra pas se faire remarquer et garda sagement ses bras croisés sur sa table.
- Oui, Miss ?
- Granger, monsieur, déclara Hermione d'une voix plus aiguë qu'à l'ordinaire. Il y a trois sortilèges impardonnables.
- Tout à fait ! beugla le professeur. Tentez de les utiliser et c'est un aller-simple pour Azkaban ! Qui peut me dire quels sont les sortilèges en question ? Oui ? Monsieur ? Dites votre nom, bon sang !
- Weasley ! glapit Ron qui avait trouvé le courage de lever la main. Il y a le sortilège de l'Imperium.
- Ah ça ! Sachez que ce sortilège a donné beaucoup de fil à retordre au Ministère de la Magie !
Une craie entra en lévitation et se mit à écrire toute seule sur le tableau noir. Harry avait assez d'expérience avec Severus pour savoir que c'était le moment de prendre des notes sans qu'on le lui demande.
- L'Imperium est un sortilège qui pousse la personne visée à devenir le pantin de celui qui a jeté le sort. Autrement dit, celui qui jette le sort prend le contrôle du corps de la cible. Il est possible de combattre ses effets mais seule votre force mentale peut vous sauver de ce pétrin. Et cela n'est pas donné à tout le monde, croyez-moi. La formule est : Impero. Ce sortilège est interdit depuis 1717. Lors de la première guerre, du temps de Vous-Savez-Qui, beaucoup ont déclaré avoir agi parce qu'ils étaient sous l'influence d'un Imperium. Mais comment reconnaître ceux qui mentent ? Je vous le demande ! RESTEZ VIGILANTS !
Encore une fois, Neville sursauta. Le professeur balaya la salle du regard de son œil fou.
- Pourquoi certains n'ont-ils pas encore pris de notes ?
La classe s'agita et le professeur n'eut pas à se répéter. Niveau autorité, Maugrey rivalisait aisément avec Severus et McGonagall.
- Qui connaît le deuxième sortilège. Oui, monsieur ?
- Londubat, déclara Neville.
Entendre Neville participer en Botanique n'avait rien d'étonnant mais en Défense contre les forces du Mal ? Harry posa sa plume et se tourna vers son camarade. Plusieurs personnes l'observaient avec surprise, particulièrement les Serpentard qui voyaient le garçon comme un être stupide demi-cracmol. Neville était régulièrement la cible de quolibets à ce sujet.
Dean Thomas envoya un sourire d'encouragement au garçon qui se tortilla sur sa chaise.
- Euh… Il y a le sortilège Doloris.
Le professeur resta silencieux un instant et lorsqu'il prit la parole, cette dernière fut plus calme que jamais.
- Exactement Mr. Londubat. Comme chacun d'entre vous aura pu le deviner, ce sortilège engendre une douleur insupportable au point où le plus courageux des sorciers pourraient supplier qu'on le tue. Son incantation est Endoloris. Merci Mr. Londubat. Dernier sortilège ?
Harry s'étonna que le professeur ne s'attarde pas plus longuement sur le sortilège. Il fit semblant de prendre des notes, peu enthousiaste à l'idée que l'on évoque le dernier sortilège. Il le connaissait déjà… Severus lui avait déjà fait un résumé des Impardonnables et de la fine limite entre un bon sortilège d'un mauvais.
- Personne ?
Harry fit semblant de lire ses notes, incapable de lever la tête.
- Il s'agit du sortilège de la Mort. Avada Kedavra. Il vous tue instantanément. Une seule personne à ce jour a réussi à s'en sortir et elle se trouve dans cette pièce.
Harry sentit les regards braqués sur lui. Il hésita un instant à feinter un évanouissement puis il repensa aux paroles de Severus. Il ne devait pas avoir honte de lui. Il avait le choix : fuir ce qu'il était ou embrasser son histoire.
Alors, il leva la tête et plongea son regard dans celui du professeur. Puis, il balaya la salle du regard. La plupart des Serpentard fuyaient son regard. Mais pas Drago Malefoy.
Le garçon l'observait droit dans les yeux. Harry y lut de la jalousie, de l'envie et… C'était bien enfoui… Comme de la curiosité.
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Alors que Harry et Ron s'accordaient à dire que le cours du professeur Maugrey avait été passionnant, Hermione ne savait pas vraiment quoi en penser.
Bien sûr, l'homme appliquait le programme à la lettre mais il avait une façon brutale d'aborder les choses.
Tout au long du cours, il avait rappelé à quel point il fallait être vigilant et que le danger pouvait se trouver n'importe où, même auprès de vos proches.
Hermione était loin d'être naïve et savait bien que son expérience parlait. Mais tout de même… Harry avait-il besoin d'entendre ce genre de chose ?
Depuis fin juillet, la jeune fille s'inquiétait au sujet de son meilleur ami. Elle n'était pas dupe et voyait bien qu'il gardait la tête haute pour ne pas sombrer. Mais l'air de rien, quand Harry croyait que personne ne l'observait, son regard vert si pétillant se voilait d'une inquiétude qu'Hermione détestait.
Pour leur dernière heure de la journée, Hermione se trouva enfin en tête à tête avec Harry. Depuis la rentrée, ils n'avaient pas eu un seul moment tous les deux. Elle savoura donc leur promenade qui les menait au cours d'Etude des anciennes Runes. Ils étaient les deux seuls Gryffondor de leur promotion tandis que les Serpentard étaient majoritaires.
A leur habitude, ils restèrent en retrait jusqu'à ce que le professeur Babbling leur ouvre la porte.
La petite sorcière n'avait pas perdu son sourire depuis l'an dernier. Elle invita les élèves à s'installer rapidement et àouvrir leur manuel sur les hiéroglyphes et logogrammes magiques.
L'ambiance studieuse apaisa aussitôt Hermione. Dans la salle de Runes, une immense bibliothèque parcourait les murs. Les tables rondes étaient suffisamment grandes pour y étaler les différents parchemins.
- Ce semestre, dans le cadre de la préparation de vos BUSEs de l'an prochain, vous allez travailler par groupe de deux pour la traduction d'un sortilège égyptien. Non seulement vous devrez traduire mais aussi réaliser une présentation orale à vos camarades sur votre méthodologie de recherche et évidemment la traduction du sortilège dans notre langue. Chaque duo aura une traduction différente. C'est pourquoi j'ai décidé des groupes selon vos capacités.
Un murmure général de mécontentement s'éleva dans la salle. Le professeur, comme à son habitude lorsqu'il y avait trop de bruit, croisa les bras sur son torse et attendit le silence. Quelques secondes plus tard, elle reprit la parole :
- Je fais cet exercice depuis des années et tout se passe pour le mieux. Il n'y a aucune raison que votre promotion fasse exception à la règle. Inutile de venir à la fin de l'heure me demander de changer de partenaire.
- Statistiquement, ça nous laisse combien de chances pour qu'on soit ensemble ? marmonna Harry à l'oreille de Hermione.
- Pas beaucoup.
Si Babbling choisissait les duos par niveau, il était certain que Hermione ne serait pas avec Harry… Plus qu'à espérer que Harry comme elle se retrouve avec un élève de Serdaigle ou Poufsouffle. Mais là encore, les statistiques ne jouaient pas en leur faveur.
Hermione fit courir son regard sur ses camarades quand un regard s'accrocha au sien. Elle sentit ses joues chauffer de gêne. Leur dernier échange avait été particulièrement étrange… D'ailleurs, ils avaient discuté du classement de la promotion et de qui serait en tête…
Sentant son estomac tomber comme une pierre, le jeune fille faillit soupirer de désespoir.
Théodore Nott était le meilleur élève de la promotion, après Hermione. Il excellait en Runes.
C'est donc sans surprise qu'elle attendit la sentence. Et vu le regard du Serpentard, ce dernier pensait la même chose.
Babbling annonça les duos du semestre tout en distribuant les sujets :
- Parkinson avec Turpin… Ann-Perks avec Goldstein… Granger avec Nott… Greegrass avec Li… Vous pouvez d'ores et déjà changer de place, merci.
Hermione se leva, envoyant à Harry un regard désespéré. Il répondit par un sourire voulant dire "bonne chance". Sourire qui se transforma en grimace douloureuse lorsqu'il entendit le nom de son partenaire :
- Malefoy avec Potter.
Hermione s'inquiéta sérieusement lorsqu'elle vit que Harry ne bougeait pas d'un pouce. Malefoy non plus ne semblait pas décidé à changer de place jusqu'à ce que Zabini le force à se lever.
Le corps droit et raide, le garçon semblait se rendre à l'échafaud. Harry fixait le blond, la main sur la baguette, comme prêt à attaquer au moindre mouvement hostile.
- Il ne va pas mourir ton petit ami, tu peux te détendre, résonna une voix à ses côtés.
Elle en avait presque oublié son propre partenaire semestriel. Nott avait grandi et ses cheveux avaient poussé.
- Ce… Ce n'est pas mon petit ami…
Hermione n'avait jamais eu une grande confiance en elle. Mais Théodore Nott avait le don de la déstabiliser par ses bizarreries. La jeune fille secoua la tête et se concentra sur le sujet de leur devoir. Elle écarquilla les yeux à la lecture des premières lignes. Quel challenge !
- N'est-ce pas ? lança Nott comme s'il avait lu dans ses pensées. C'est du niveau de fin de cinquième année, facile. Elle ne pouvait mettre que toi et moi sur ce devoir.
Hermione ne manqua pas le ton satisfait et prétentieux dans la voix de Nott. Au moins, il ne lui crachait pas au visage qu'elle était indigne par son sang d'être placée à ses côtés…
L'heure de cours passa étonnamment vite. Le garçon travaillait autant qu'Hermione et ils réussirent à se répartir les tâches de travail aisément.
Ce ne fut pas le cas pour Harry qui sortit de la salle les joues rouges de colère.
- Je le hais, je le hais, je le hais !
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Ron qui les attendait au bout du couloir.
Hermione expliqua rapidement la situation au roux qui accompagna aussitôt la colère de Harry avec la sienne.
- Mais quel genre de prof fait ça ? s'exclama-t-il. Elle veut voir sa salle de classe en lambeaux avant la fin du semestre !
- C'est ce qu'il finira par se passer ! Malefoy ne m'a pas laissé en placer une ! Alors qu'il sait qu'on doit travailler ensemble ! Severus me tuera si je n'ai pas la moyenne dans cette matière.
- Pourquoi ne vas-tu pas demander à ce qu'il fasse pression sur Babbling pour que tu sois avec Hermione ?
Hermione sentit ses joues chauffer. L'heure n'avait pas été si terrible avec Nott. Elle se sentait même pousser vers le haut avec le garçon, tout en apportant un plus. Académiquement parlant, c'était vraiment intéressant. Mais évidemment, pour le bien-être de Harry, elle pouvait mettre ça de côté et rester avec son meilleur ami.
- J'y vais de ce pas ! lança le brun.
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Severus soupira de soulagement lorsque les derniers élèves de sixième année sortirent de son cours. Ils étaient plutôt bons, il ne prenait de toute façon en classe que les élèves ayant obtenu un Optimal à l'épreuve de BUSE, mais la reprise lui semblait plus épuisante que les années précédentes.
Il avait beaucoup de choses à penser et malgré son organisation toujours impeccable, il savait qu'il lui faudrait un temps avant d'avoir son rythme de croisière.
Les vingt-cinq minutes de récréation lui laissèrent le temps de savourer un thé bien chaud. A peine s'adossait-il à son siège de bureau que Harry entra en trombe dans la salle de classe.
Severus prit sur lui pour ne pas crier mais ne cacha pas son regard chargé de mécontentement.
- Il faut que je change de partenaire ! Aide-moi !
Les yeux exhorbités de colère, le Survivant semblait revenir tout droit d'une séance de torture.
Les neurones de Severus s'activèrent et il se rappela à quel point sa collègue était joueuse avec les élèves de quatrième année. Les élèves de sa maison n'osaient jamais venir pleurer dans ses robes mais il avait ouïe dire que dans les autres maisons, certains ne se gênaient pas.
- Je vois que le professeur Babbling a attribué les groupes de travail.
- Elle m'a mis avec Malefoy ! Pitié, fais quelque chose ! Je ne peux pas travailler avec lui pendant un trimestre entier.
- Le professeur Babbling est tout à fait compétente pour dénicher les meilleurs partenaires de travail. Mr Malefoy et toi avez le même niveau en Étude des Runes, c'est comme ça. Il fallait davantage travailler si tu voulais être avec quelqu'un d'autre.
- Ce n'est pas juste ! grogna Harry. Avec Hermione, j'aurais été bien mieux…
- Tu te caches derrière Miss Granger, coupa Severus. Je sais qu'elle repasse plusieurs fois derrière vos devoirs, à toi et Mr Weasley. Ne me regarde pas comme ça, tout le monde le sait. Tu apprendras à travailler seul, c'est très bien. Je te rappelle que tu as réussi à travailler avec Mr Malefoy lors de votre retenue l'an dernier.
Harry dansa sur ses pieds, les joues rouge de colère. La fierté l'empêchait de se mettre à genoux mais ce n'était pas l'envie qui lui manquait.
Severus posa sa tasse de thé et se leva.
- Compte-tenu de ton état, c'est un moment parfait pour un exercice rapide d'Occlumancie.
Le maître des potions pensa que l'adolescent refuserait mais après une grimace étouffée, Harry opina du chef, détendant ses épaules.
- Bon d'accord.
L'homme chassa de son esprit ce sentiment de culpabilité qui l'envahissait à chaque fois qu'il observait Harry se comporter comme un Survivant. Depuis fin juillet, jamais le jeune garçon ne s'était plaint de ce qu'il avait à affronter. Il travaillait d'arrache-pied sans dire un mot. Cela en était à la fois effrayant et fascinant. Severus admirait ce gamin et plus le temps passait, plus il espérait trouver une solution pour que Harry ressente le moins de dégâts possible dans cette guerre.
Voilà que la chauve-souris des cachots se prenaient à rêver et à espérer. Une part de lui savait que tout cela relevait de l'utopie. Et pourtant, c'était aussi ce qui le maintenait debout.
Le duo s'échappa dans les appartements. A peine installé, Severus plongea dans l'esprit du gamin sans crier gare.
C'était éthiquement discutable mais malheureusement indispensable. L'homme tenait cependant à respecter l'intimité du garçon au maximum. Il ne pénétrait jamais dans son jardin secret afin de leur éviter un moment gênant pour l'un comme pour l'autre.
La journée du gamin défila devant ses yeux. Harry essaya de le repousser avec plus ou moins d'habileté. Severus plongea droit sur la raison de la colère du Survivant. Colère qui ne l'aidait pas à se concentrer.
- Allez, concentre-toi, encouragea-t-il.
Un métronome résonna dans la tête de Severus mais il poursuivit son chemin dans l'esprit du garçon.
Drago Malefoy, installé aux côtés de Harry dans la salle de Runes, écrivait sur son parchemin.
- T'es au courant qu'on doit travailler ensemble ?
- Certes, Potter, mais ça sera chacun pour soi.
- Ce n'est pas ce qu'a demandé le professeur.
- Au pire, je ferai aussi ta partie. Tant que tu me fiches la paix. Faut toujours que tu prennes trop de place.
La colère de Harry redoubla d'intensité. Impétueuse et tumultueuse, le Survivant sembla perdre pied. Une part de Severus aurait aimé arrêter la séance mais c'était du pain béni en guise d'entraînement. Quand il s'agissait de contrôler sa peur, Harry se débrouillait très bien. Mais lorsqu'il s'agissait de colère…
- Trop de place…Trop de place… Trop de place…
Les mots de Drago résonnait dans l'esprit de Harry ouvrant une brèche de souvenir. Severus s'y engouffra.
- Non ! grogna Harry dans une lutte acharnée.
Le métronome revint en force mais la panique s'associait à la colère, empêchant Harry de prendre le dessus pour contrôler ses émotions.
- Tu peux y arriver Harry, enferme tes émotions, vas-y…
Malgré les encouragements, Severus ne ménagea pas le garçon et se retrouva dans un lointain souvenir.
Seul, attablé à la table de la cuisine, Harry mangeait une tartine de beurre. Du haut de ses cinq ou six ans, il croquait dedans comme un affamé. Sa tante entra dans la pièce, le regard sévère.
- Dépêche-toi !
Le petit bonhomme s'exécuta et soudain ses yeux s'écarquillèrent. Il plaqua sa main sur la bouche avant d'en ressortir une petite dent de lait.
- Tante Pétunia ! J'ai perdu ma dent !
- Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ? cracha la femme sans lever les yeux de son évier. Tu réclames une pièce c'est ça ? Petit ingrat !
Severus sentit les émotions de ce petit garçon : la peine et l'incompréhension.
- Soit heureux d'être ici et d'avoir un toit sur la tête ! Tu prends déjà assez de place comme ça, ce n'est pas pour en plus t'offrir des cadeaux !
- STOP ! hurla Harry.
Il repoussa Severus qui aurait pu résister mais qui lâcha prise et sortit de l'esprit du garçon.
Harry se réfugia sur le canapé, la tête baissée.
- Désolé, marmonna-t-il.
Severus lui tendit une fiole contre le mal de tête sans trop savoir quoi dire. Cette Pétunia… Il aurait dû la tuer lorsqu'il en avait eu l'occasion à l'époque !
- Ce n'est rien, dit-il finalement. Moi aussi mon père me disait que je prenais trop de place.
Harry se raidit mais ne releva pas la tête. Severus parlait rarement, voire jamais, de son enfance. Si auparavant ce mutisme s'expliquait par le déni de son passé, c'était désormais la pudeur qui le freinait.
Seul Harry pouvait le faire sortir de sa zone de confort.
- C'est faux, ajouta-t-il. Tu ne prends pas trop de place.
- Je n'en suis pas si sûr, marmonna Harry l'air abattu. Je m'en fiche de ce que pense Malefoy mais je n'aime pas entendre ça. Je n'ai pas besoin qu'on me le dise.
- Drago Malefoy est simplement jaloux de toi.
Cette fois, Harry releva la tête, surpris.
- Mais jaloux de quoi ? Ça n'a aucun sens !
- Tu as des amis fidèles et fiables, tu as du pouvoir, les gens t'admirent et en plus de ça, je suis devenu ton tuteur alors que j'étais le seul à tout lui laisser passer.
- Alors franchement, je ne vois pas où est-ce que j'ai du pouvoir et ensuite, l'admiration dépend toujours du moment de l'année et n'est jamais fiable. Parfois les gens m'adorent et la semaine d'après, ils me détestent.
Severus lâcha un petit rire.
- Le revers de la médaille mon garçon.
- Je n'ai jamais rien demandé !
- Je le sais. Et toi aussi tu le sais. C'est ce qui compte. Il faut que j'y aille, mon prochain cours va commencer. Tu te débrouilles de mieux en mieux en Occlumancie.
Harry se leva et haussa les épaules.
- J'aimerais être aussi fort que toi.
- On ne peut pas être excellent partout, tu as d'autres qualités et on saura les mettre à profit le moment venu.
Le garçon opina du chef et Severus se sentit un peu plus léger. Harry s'appuyait de plus en plus sur le maître des potions mais aussi sur les adultes qui l'entouraient. Severus lui avait répété plusieurs fois qu'il pouvait compter sur les adultes autour de lui et qu'il n'était pas seul. Il y avait un clan de résistance, l'Ordre du Phénix, et peut-être même que ce dernier s'agrandirait avec le temps.
En l'absence de preuves concrètes du retour du Seigneur des Ténèbres, il était difficile de recruter.
Severus ouvrit la porte menant à sa salle de classe et tomba nez-à-nez avec un blond aux yeux bleus. Lui aussi avait drôlement poussé cet été.
- Tiens donc ! Qu'est-ce qui vous amène Mr Malefoy ?
- Je viens vous faire part d'un souci que je rencontre en cours d'Études des anciennes Runes et je…
- Inutile de continuer, coupa Severus, je n'interfère pas dans les binômes décidés par le professeur Babbling.
- Laisse tomber Malefoy, on va devoir travailler ensemble, lança Harry qui se tenait derrière Severus.
Le maître des potions ne manqua pas le masque de colère qui habilla quelques instants le visage du blond.
- Mettez-y du vôtre l'un comme l'autre. Vous avez déjà réussi à le faire. Mr Potter, restez calme et Mr Malefoy, n'oubliez pas que la diplomatie est une qualité qui fait honneur à la maison Serpentard. Maintenant, dehors, j'ai cours avec mes quatrièmes années ! conclut-il tandis que la cloche sonnait.
NDA : J'ai une bonne excuse pour ce jour de retard : elle se trouve actuellement à téter mon sein et a à peine 30h de vie sur cette terre ! Je le sentais que ce petit bébé arriverait plus tôt d'où ma prévoyance ! J'espère que ce retard vous aura fait savourer ce chapitre.
À ce propos :
JE SAIS, j'ai joué sur les clichés haha. Mais les clichés ça aident à donner des coups de boost parfois ! J'espère que ce chapitre vous a plu ainsi que le petit flash back enfance de notre Survivant préféré.
Bon si je publie avec à peu près 5h de sommeil accumulés sur ces trois jours dans les pattes, pas d'excuses pour ne pas laisser un commentaire !
La suite arrivera le 19 juillet.
